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Critiques de Annie Ernaux (2624)
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La Honte

Lu en 2016. Ma deuxième lecture de Annie Ernaux, et encore un sentiment mitigé. J'avais trouvé le texte parfois décousu, mais les émotions plus palpables et touchantes que dans "La place".

L'on retrouve une impression de récit miroir, l'auteure exprimant encore une difficulté à incarner ses souvenirs, à les croire vraiment réels à l'heure où elle les couche sur le papier. Surtout, une date marquante pour elle, un tournant, un avant et un après, la fin brutale d'une insouciante innocence (l'enfance), de confiance et de crédulité...
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La place

Lu en 2016. Premier livre de Annie Ernaux.

Un récit court, qui se lit facilement, plutôt fluide, qui interroge. Mais également un ensemble très dépouillé, d'une froideur un peu dérangeante.

L'auteure oscille entre révélations familiales très franches, intimes, et non-dits révélateurs. Le masque de la pudeur, pour étouffer cette honte (qui confine parfois au mépris) d'origines sociales modestes, le mal à se souvenir "convenablement" de son père...
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La place

♫Qui sait où c'est sa 𝓹𝓵𝓪𝓬𝓮 !?

Un camping, un palace

Un perrier en terrasse

Au comptoir un blanc-cass'

Faut-il rester de glace !? ♫

- François Morel - 2016 -

----♪---♫---🐄---🛒---🐄---♫---♪----

Elle regarde la mère

Sous les yeux de son père

Et l'enfant en elle se terre...

Sois heureuse avec ce que tu as

Faut pas péter plus haut qu'on l'a

A table, mieux valait se taire

Peur indicible du mot de travers

Ou commettre des impairs

Alors elle a recopié des phrases, des vers

Dans son vieux pardessus râpé

Il s'en allait l'hiver, l'été

Là où restait quelque humanité

Là où les gens savent encore parler

De l'avenir même s'ils sont fatigués

Il ignorait qu'un jour, elle en parlerait...

Et Juliette avait encore son nez

Aragon n'était pas un minet

Sartre était déjà bien engagé

Au Café de Flore,

y avait déjà des folles

Tous ces mots et ces phrases disent les limites et la couleur du monde où vécut son père, où Annie a vécu aussi,

Il lui fallait revoir sa Normandie...

Mais quand on a juste quinze ans

On n'a pas le coeur assez grand...

C'est fou c'qu'un crépuscule de printemps

Elle a connu des marées hautes et des marées basses,

Elle a rencontré des tempêtes et des bourrasques,

Chaque amour morte à une nouvelle a fait 𝓹𝓵𝓪𝓬𝓮

Décrire la vision d'un monde où tout coûte cher

Allo Papa Ernaux Annie et à 𝙉𝙊𝘽𝙀𝙇 manières...
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L'autre fille

Comme à son habitude, Annie Ernaux s'empare du registre de l'intime.

Il s'agit là d'une lettre à une grande sœur, jamais connue, morte à six ans.

Un tabou, ne jamais parler de ce drame, cette douleur, ce vide aussi.

De cette plume simple, sans fioriture, allant à l'essentiel, la romancière a attendu la disparition de ses parents pour aborder ce non-dit, cette perte qui lui a permis de naître.

Un témoignage à l'image des autres textes de l'auteure.

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La place

Après avoir reçu le prix nobel, je me suis dit qu'il fallait que je lise enfin un livre d'Annie Ernaux pour la première fois.



Roman autobiographique, Annie Ernaux évoque ici la mort de son père, et elle a souhaité lui rentre hommage à travers ce récit.



Fille d'un monde ouvrier, paysans, petits commerçants, Annie Ernaux a bénéficié de "l'ascenseur social" et est devenue une professeure reconnue, mariée à un intellectuel. On y voit ici la différence de classes en France, marquée par la déférence et la fierté que ses parents ont pu avoir vis-à-vis d'elle.



Au cours de cette courte lecture, j'ai trouvé qu'Annie Ernaux avait les mots juste - mais aussi distanciés - pour évoquer ces relations familiales si simples et complexes à la fois.



Sur le coup, je n'ai pas trouvé qu'elle prenait de la hauteur voire du mépris pour les "petites gens", contrairement à ce que j'ai pu lire dans beaucoup de critiques. Cependant, après avoir visionné certaines vidéos dernièrement de l'auteure, je me pose maintenant la question...
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Une Femme

Une femme

Annie Ernaux

récit

Folio, 1987, 106p





Voici un court récit sur la mère d'Annie Ernaux. Je ne sais si le terme de récit convient, ce n'est pas une biographie, sûr, peut-être le mot témoignage serait-il approprié, avec une approche sociologique et historique.

On remarquera qu'Annie Ernaux ne dit pas : Ma mère ou une mère, mais Une femme, parce que sa mère a eu une vie avant qu'elle-même naisse, et même a eu une vie individuelle et non pas celle seulement d'une mère nourricière ou protectrice. Elle ne donnera pas le prénom de cette femme.

le récit commence un peu à la manière de L'Etranger. C'est parce que sa mère est morte, qu'Annie Ernaux, d'abord sidérée, a eu la nécessité d'écrire sur elle, un peu pour l'avoir encore à elle, un peu aussi pour lui rendre hommage, un peu encore pour dire une femme de son époque, à savoir du début du siècle (1906) aux années 80.

La mère d'Annie Ernaux est une femme forte physiquement et mentalement, qui, contrairement à ses frères et soeurs, veut sortir de sa condition (faim, misère et pauvreté), s'élever, matériellement et spirituellement. Elle quitte sa condition d'ouvrière et acquiert un petit commerce qui la fait vivoter, elle et sa famille. Elle est contente que sa fille réussisse à l'école, encourage son goût pour la lecture, lit les livres qu'elle lit. C'est une femme curieuse. Elle a perdu une fille, l'aînée d'Annie, qu'elle idéalisa, Annie étant par comparaison une brise-tout, et son chagrin fut immense, ainsi que celui de son mari.

C'est aussi une travailleuse, qui se soucie d'avoir de quoi tenir le mois, et qui ne ferme pas le café-épicerie lors de la mort de son mari.

Elle sera atteinte de la maladie d'Alzheimer, et la dernière phrase qu'elle écrira est : Je ne suis pas sortie de ma nuit. Annie Ernaux tient le journal de la démence sénile de sa mère et lui donnera comme titre cette dernière phrase-là.

On n'a pas le lyrisme d'Albert Cohen quand celui-ci écrit sur sa mère dans le roman autobiographique le livre de ma mère. Ici, c'est un récit tout en retenue avec cette écriture plate voulue par l'autrice, qui montre la complexité d'une relation mère-fille, brosse le portrait d'une femme qui n'est pas dominée, et qui veut que sa fille ne soit pas moins bien que les autres, façon à elle de tenir sa place.

La Place, le livre qu'elle avait écrit sur son père à la mort de ce dernier, et pour lequel elle avait recherché une manière d'écrire, à la conjonction du familial et du social.

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Regarde les lumières, mon amour

Rédigées à la manière d’un journal et publiées sous la forme d’un roman très court, les observations d’Annie Ernaux sont des clichés instantanés, saisis au fil de ses déambulations dans les allées de l’hypermarché Auchan des Trois Fontaines de Cergy Pontoise, durant la période de novembre 2012 à octobre 2013. Tout est dit, ou presque, en quelques pages : la diversité sociale et ethnique de la clientèle, les techniques commerciales utilisées pour l’appâter, les dispositions des rayons et des étalages en constant bouleversement, etc…



La romancière nous confie les sentiments et les impressions que lui suggèrent les différents comportements humains au sein d’un centre commercial, lieu de passage et de brassage de toute une population où se côtoient quotidiennement des milliers de gens, aux origines diverses. Cet exercice littéraire, original et inédit, n’avait jamais fait l’objet d’une publication jusqu’à présent. Il suscitera, à coup sûr, l’intérêt des lecteurs et obtiendra l’assentiment des clients habituels des grandes surfaces.
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Passion simple

Décryptage d'une obsession d'une femme pour un homme : les rendez-vous, l'attente, les moments sans se voir et où il occupe ses pensées, tout son quotidien tourné vers lui pourtant largement absent... et puis la dissection toute aussi minutieuse de la manière dont elle va émerger, groggy, de cette passion. Récit d'événements de 1989/90, écrit en 1990, publié en 1991... et lu en 2024 : cette écriture très personnelle a pourtant valeur universelle. La magnifique adaptation cinématographique de Danielle Arbid la rendait contemporaine (2021) sans rien perdre de la force du récit, de la représentation de l'obsession.



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Le jeune homme

Décrypter ses expériences vécues, se repencher sur un texte écrit plusieurs années, voire dizaines d'années auparavant, mettre au jour des réflexions importantes sur ce que signifie la différence d'âge dans une relation, sur les difficultés matérielles d'un étudiant issu d'un milieu modeste, affirmer l'égalité (la femme étant la plus âgée dans cette histoire, l'assumer le revendiquer), revenir en écho là où elle a été opérée suite aux complications de son avortement clandestin... En quelques pages intenses, Annie Ernaux dit énormément, avec une belle intensité.
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L'événement

J’enchaîne les coups de cœur mais ce petit livre m’a profondément touché.



L’événement racontée par Annie Ernaux est d’une justesse terrible. Une écriture aride, des mots forts sans aucun passage superflu. J’ai été autant émerveillée que troublée par son « témoignage ».



Ce n’est pas dans mes habitudes - même au contraire - mais j’ai couru chercher un fluo et je me suis mise à surligner tout ce qui résonnait en moi dans le texte.



J’aimerais d’ailleurs vraiment pouvoir décrire l’admiration et la peine que m’a fait ressentir ce court livre. Mais aucun mot n’est assez fort pour le courage de cette femme - de CES femmeS - d’avoir eu à endurer cet événement dans les années 60.



Brillamment racontée et des phrases toutes aussi belles et résonnantes les unes que les autres.

L’événement fait référence à un avortement suite à une grossesse non désirée dans les années 60 - plus précisément en 1963. Annie Ernaux raconte sans enjoliver ce qu’elle a vécu. La difficulté pour une femme d’avorter et surtout l’isolement que la grossesse non désirée engendre. Ainsi que le manque d’empathie, la cruauté et l’incompréhension face à une femme qui souhaite « enfreindre la loi ».



C’est un très beau texte que je relirais à coup sûr.

Je ne m’étais jamais intéressée à cette femme, ni à ces textes jugeant son écriture universitaire. Je suis contente de ne pas être restée sur cette idée - à l’évidence fausse.

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Journal du dehors

Récemment j'ai eu l'occasion de visiter à Paris l'exposition consacrée à un choix de photos mises en relation avec des textes d'Annie Ernaux affichés comme s'il s'agissait de photos, à côté de celles-ci, dans des salles thématiques portant par exemple sur les magasins, les transports etc. La majorité ou la totalité des textes, que j'ai trouvé extraordinaires, sont extraits de cet ouvrage que je me suis empressé de lire de retour chez moi.

D'abord, c'est incroyablement écrit, chaque mot est à sa place c'est à la fois très fin et très puissant. Er puis, si Annie Ernaux peut agacer parfois, du moins c'est ce qu'il me semble parfois déceler, par sa posture de femme engagée et quelquefois excessive, en réalité on perçoit dans ce livre quelque chose d'unique, que je n'ai pas constaté souvent et en tout cas pas à ce point : une extraordinaire attention aux autres, à tous les autres, à la petite mamie qui fait ses courses, au jeune maghrébin qui traine en bas, à ce SDF qui a laissé un mot et qui est parti, à ces personnes anonymes qui ont écrit des graffitis. Mais ce qu'elle arrive à dire de ces scénettes est d'une puissance très singulière. Durant l'exposition les gens m'ont paru scotché par ces diamants bruts mis en relation avec de superbes photos, montrant la convergence des luttes entre certains streetphotographes et la grande romancière de Cergy-Pontoise.

Faisant cela elle fait preuve tout à la fois d'un engagement démocratique remarquable et incarné (car combien d'entre nous ont perçu ce qu'elle a perçu, combien prêtent une telle attention à tous y compris aux plus humbles ?), mais surtout c'est de la grande littérature.



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La place

Deuxième livre d'Annie Ernaux que je lis et encore un peu déçue.



Les thèmes abordés ont tout pour être intéressants. Elle nous parle de son entrée dans l'age adulte à un moment où l'ascenseur social n'était pas encore cassé et donc de son milieu d'origine plutôt populaire avec des parents qui sont passés d'ouvriers à commerçants et de son entrée dans la "petite bourgeoisie". Elle nous parle aussi de la vie se son père jusqu'au jour de sa mort.



Mais je trouve sa façon d'aborder cela assez maladroite. Le peuple qu'elle considère comme populaire, est juste représentatif de la majorité des français et des gens qui vivent dans la ruralité. C'est banal. Mais à la lire, on dirait qu'elle vient d'un monde étonnant, différent, et qu'elle se sent donc obligée de le dépeindre dans un livre. Je pense que son but est clairement de montrer qu'il y a une différence de classe et que pour le monde bourgeois, le monde d'où elle vient est vraiment en décalage. Sauf, qu'on ne peut pas la lire sans ressentir du mépris de classe et de la condescendance par rapport à ce qui est juste la normalité.



Sa plume est froide et distante (je pense que c'est son style car j'avais ressenti ça dans "Le jeune homme") et son récit est un peu décousu (elle passe assez vite d'une époque à l'autre, et c'est pas très agréable).

Même la partie sur la mort de son père n'a rien de vraiment touchant, c'est bien dommage, on a l'impression qu'elle ne ressent rien.



Je ne lui jette aucune mauvaise intention car je suis sure qu'elle a écrit cela dans un but de dénoncer les inégalités de classes, mais je dis juste que c'est mal fait et mal perçu.



Toutefois, c'est un livre court qui se lit vite et on ne s'y ennuie pas. Par contre on peut finir cette lecture avec un peu de colère envers le milieu bourgeois, c'était peut-être le but de ce livre.



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L'autre fille

Ce qui est bien avec Annie Ernaux c'est sa capacité d'analyse méticuleuse d'éléments réels de sa biographie, sans pour autant ennuyer le lecteur

Il s'agit dans ce petit bouquin d'une longue "lettre" à sa soeur inconnue, morte plusieurs années avant sa naissance, et dont l'existence lui fut théoriquement cachée par les parents.

La question posée: En quoi cette soeur qui n'a jamais eu pour elle la moindre existence a-t-elle pourtant impacté l'ensemble de sa destinée, à commencer par le positionnement de ses parents vis à vis de leur nouvelle "enfant unique".

Il y a beaucoup de remarques psychologiquement intéressantes.

Ce récit est peut-être un appel à l'indulgence vis à vis de nos parents, qui pour la plupart ont toujours fait ce qu'ils pouvaient et croyaient être mieux pour l'enfant qui un jour ou l'autre remet en cause la sincérité des sentiments de leurs géniteurs ...

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La femme gelée

"Depuis le début du mariage, j'ai l'impression de courir après une égalité qui m'échappe tout le temps."



Wow. La claque.



Je l'ai lu à voix haute tant le style d'écriture était chargé, lourd, monologue sans pause, presque aucune respiration.



Un récit qui fait froncer les sourcils, serrer la gorge, parfois sourire par le commun des souvenirs.



J'ai 28 ans, je suis maman de 2 enfants en bas âge. Suis-je une femme gelée ? Mes méninges carburent à toute vitesse.



Je le répète, une claque.



"[...] j'ai l'impression d'une vie encombrée à ras bord, pas la place d'y fourrer la plus petite goutte d'imprévu, la moindre curiosité."
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Les armoires vides

Dans Le schpountz de Marcel Pagnol, certains se souviendront peut-être de la scène où Irénée, le fils adoptif de l’épicier, celui qui n’est pas bon à rien mais mauvais à tout, déclare ceci : « Quand je me vois dans ce magasin, entre la morue sèche et le roquefort humide, eh bien, ça me donne mal au cœur. De discuter sur la qualité des pommes de terre avec Madame Leribouchon, qui veut toujours les payer un sou de moins, ça ne m'intéresse pas. Je ne suis pas né pour ça ».



Je pense aussi à John Fante qui, dans les compagnons de la grappe écrivait : « Mon paternel, ce sale con, arrivait à la maison en titubant et en empestant le vin, il beuglait : ferme la lumière, va te coucher, qu’est-ce qui te prend, bordel ! Car les livres étaient ma drogue, mon intoxication devenait inquiétante, et je n’avais presque plus rien de commun avec lui ».



Annie Ernaux, dans ce remarquable roman autobiographique aborde ce même sujet : la honte de ses parents, l’idée qu’à l’adolescence, on aspire à se hisser au dessus de sa condition, quitte pour cela à être très sévère et certainement très injuste vis à vis de ceux qui ont certainement fait de leur mieux pour vous élever.



Fille d’un cafetier et d’une épicière, Denise va s’investir dans les études pour fuir le milieu qu’elle exècre où elle entend les clients du café pisser dans la cour tandis qu’elle découvre Sartre et Camus et sa mère jurer à longueur de journée sur les clients à qui elle doit faire crédit.



« Je les haïssais tous les deux, j'aurais voulu qu'ils soient autrement, convenables, sortables dans le véritable monde ». Denise va en arriver à haïr ses parents pour ce qu’ils sont, des êtres incultes, grossiers, qui font du bruit en mangeant et qui se grattent les parties en grimaçant, puis à se haïr elle même de ne pas être gentille avec eux comme les autres filles avec leurs parents. Enfin haïr toute la boutique du troquet et de l’épicerie, des pèquenots, des soûlographes, haïr les bals musette, les films de Fernandel, les chansons de Luis Mariano, la religion et ses péchés mortels qui nous enferment dans un carcan, les mots comme biclou, bachot, l’école libre où les gosses sont tenus, les gens de la haute…



Pourtant ils sont fiers de sa réussite, le bac, l’université, ils n’y comprennent rien mais ils sont fiers, ils lui achètent des livres pour lui faire plaisir et elle, en guise de reconnaissance qui vomit sur eux tout son mal être.



Du café-épicerie d’Yvetôt au prix Nobel de littérature, on assiste en direct comme dans la place à la migration d’Annie Ernaux du milieu populaire vers le milieu petit-bourgeois. Et elle a l’honnêteté de nous livrer dans cette écriture plate qui la caractérise, sans fioriture, les sentiments qui l’animaient vis à vis de son milieu d’origine. Oui, on peut être choqué par ses propos, on peut la trouver très dure avec ses géniteurs mais elle ne sait pas faire semblant ou politiquement correct, c’est ce qui me plait chez elle.





Challenge Multi-Défis 2024.

Challenge Riquiqui 2024.



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La place

Ce récit autobiographique est prenant de par sa simplicité d'écriture. Des phrases fluides, courtes, factuelles donnant un réel élan au texte. Cependant, Quel est le but de ces mémoires ? Une description de son père et de sa mère qui montre le point d'ancrage de sa propre existence. J'ai hâte de lire d'autres œuvres de l'auteure.
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Écrire la vie

Il ne s'agit pas à proprement parler d'un livre, mais plutôt d'une juxtaposition de textes, sans chronologie, et dans laquelle figure La Place, un des plus fameux écrits d'Annie ERNAUX. C'est évidemment très bien écrit, on s'en serait douté, et chacun des textes reflète une image du passé de l'auteure. C'est parfois assez dur à lire (les visites à sa mère à la Maison de Retraite), parfois aussi le reflet quasi-reportage d'une époque révolue (son passage chez la faiseuse d'anges), parfois encore la description minutieuse de la vie dans une petite bourgade de Seine-Maritime, dans cette fameuse épicerie-café où elle a passé son enfance. Les phrases s'égrènent naturellement, tout au long de ces récits de vie. Mais au final, l'empreinte de la jeunesse semble indélébile et façonne à n'en pas douter l'état d'esprit et le caractère d'Annie ERNAUX tout au long de sa vie.
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Les armoires vides

Dans un récit sans concession Annie Ernaux évoque son enfance et son mépris croissant vis-à-vis de ses parents.



Issu d’un milieu modeste, Annie Ernaux a grandi dans le café-épicerie de ses parents à Yvetot en Normandie. Elle a côtoyé les effluves d’alcool, entrecoupées de mots d’argots et de manières rustres. L’ascension sociale et culturelle elle la découvre par l’école. Chaque année, ses réussites scolaires l’éloignent de ses parents et lui font prendre conscience de la réalité du milieu dont elle est issue.



A travers une écriture impulsive et nerveuse, Annie Ernaux livre un portrait dérangeant de ses parents. Par les mots, elle tente de s’affranchir de la honte qu’elle porte en elle.



Avec une écriture acerbe et tranchante, Annie Ernaux évoque une déchirure sociale. Si j’ai été moins emportée que par les autres oeuvres d’Annie Ernaux, ce premier récit d’une vérité criante et parfois cruelle ne peut laisser indifférent.
Lien : https://memoiresdelivres.fr/
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Mémoire de fille

C'est le premier livre d’Annie Ernaux que j'ai lu.

Au début de ma lecture, j'ai été émue par les épreuves de la jeune fille dans le livre, alors qu’à cette époque j'étais moi-même plongée dans ma propre tristesse, mais juste j’étais beaucoup plus chanceuse qu'elle.

J'admire beaucoup le courage d’Annie Ernaux. La tristesse « répétée » dans ce livre a suscité en moi une profonde émotion. Je croyais que Annie était l'une de mes auteurs préférées, mais avant d'avoir fini de lire, ma vie a connu de grands bouleversements, j'ai rencontré quelqu'un qui a changé ma vie et mon état d'esprit a commencé à changer aussi. Pendant cette période j’ai arrêté la lecture de ce livre, mais quand je l’ai repris , je ne m’identifie pas trop à elle. Peut-être parce que j'ai commencé à me libérer du passé. Ses phrases ne peuvent maintenant pas trop émouvoir profondément mon coeur. L’état mental de lecteur est aussi important pour une œuvre. Je peux pas prononcer…



Elle a voulu l’oublier cette fille. Et moi? je pense avoir réussi à l’oublier?

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L'événement

Nous sommes en 2024 et pourtant le recit d'Annie Ernaux sur son expérience de l'avortement en 1963 paraît encore si actuel dans ce qu'il dit de "violence faite aux femmes" dans une société.



C'est "une expérience vécue d'un bout à l'autre au travers du corps"  p 124,  qu'écrit  Annie Ernaux en 1999.

Trente sept ans après, elle explore sa mémoire ('mon corps, mes sensations,  mes pensées "), son agenda,  son journal intime pour faire surgir en écriture la "réalité", le réel, la vérité des"faits"...



Oh, que sa solitude de jeune femme étudiante dans l'"errance" à trouver un praticien, à être non soutenue par son compagnon,  à taire à ses parents, à vivre/assumer son avortement, à subir l'attitude de domination d'un médecin à l'hopital, m'a prise aux tripes .

J'ai ressenti physiquement cette lecture.





" J'ai fini de mettre en mots ce qui m'apparaît comme une expérience humaine totale, de la vie et de la mort, du temps ,de la morale et de l'interdit,  de la loi, une expérience vécue d'un bout à l'autre au travers du corps"  p 124



Annie Ernaux partage aussi dans des parenthèses son processus d'ecriture et c'est passionnant.

Elle recherche à retrouver le réel du moment passé et quand " ce cà", le " tout est là" est, elle l'écrit.

C'est pour cela que ses récits sont implacables de vérité. Et, c'est intime et politique.

Son ecriture est  " courage et acuité clinique "  disait le comité du Nobel en octobre 2022.







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