AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Annie Ernaux (2624)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'autre fille

Commenter  J’apprécie          10
Les armoires vides

Souvenirs d’enfance, seule dans sa chambre d’étudiante, attendant que ce que la faiseuse d’ange lui a fait se passe. Denise a grandi dans la café-épicerie de ses parents. Enfant, c’était un endroit amusant, les bonbons, le sucre, les clientes du côté épicerie avec sa mère, les hommes qui boivent, souvent trop, du côté café avec son père. En grandissant, Denise va à l’école libre et réalise le décalage avec les filles de la ville, son langage et ses façons inappropriées. Elle se met progressivement, au travers de souvenirs de sa mère et de son père, à haïr ses parents. Annie Ernaux, dans son récit autobiographique, décrit très bien les rapports de classe et les normes sociales, en particulier en ce qui concerne la sexualité et la religion. Le texte est écrit de manière assez crue, particulièrement autour de ce qui a lien au corps, sexe, chair, liquides. Un récit intense.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
Commenter  J’apprécie          61
Passion simple

Mélange d'inspiration "fleur bleue", ce récit "à l'eau de rose" est également insipide sur le fond. On croirait lire une revue féminine ou un magazine de plage. Cependant, on sent bien que l'auteur est quelqu'un d'intelligent et qui sait écrire. Les membres du jury du prix Nobel ont certainement du fumer quelque chose qui ne donne pas envie.
Commenter  J’apprécie          91
La place

Raconter son père : c'est l'histoire de ce livre. Raconter l'histoire de cet homme peu bavard, de ce père tant aimé.

C'est avec ce livre qu'Annie Ernaux invente et théorise l'écriture plate, cette écriture qui lui est propre et pour laquelle elle "tourne le dos à l'art" et fait le choix de la justesse. Ecrire juste : c'est ainsi qu'il lui est possible de nous raconter son père. Et malgré la pudeur du récit, à la hauteur de la pudeur de l'homme, malgré l'économie de mots et de forme, le livre est terriblement émouvant.
Commenter  J’apprécie          10
Une Femme

Un roman d'Annie Ernaux qui m'a bouleversé. Une fille qui écrit sur la vie de sa mère, celle qu'elle incarna à ses yeux, ce qu'elle lui a transmis, celle qu'elle a appris à connaître durant son enfance, puis son adolescence et sa vie de jeune adulte. Des sentiments ambivalents comme les aléas de la vie, une mère qu'elle découvre au fur et à mesure de l'avancement de sa vie.

C'est un témoignage qui me touche par son authenticité, sans faux semblants ou souhait d'arranger la vérité.

On ne peut s'empêcher de conscientiser la représentation que nous avons de nos propres parents.

Marquant.
Commenter  J’apprécie          40
L'autre fille

Intéressé par le concept de transfuge de classe, j’ai découvert Annie Ernaux avec La place.

On y découvre sa vie, d’abord à la campagne puis dans un milieu qui n’était pas celui de ses origines.

Souvent, la question de ce qu’il fait la différence entre plusieurs membres d’une fratrie m’anime.

Dans ce court ouvrage Annie Ernaux offre une réponse : parfois on court après des ombres.

Est-ce cette sœur disparue qui lui donne cette force d’écrire?

Est-ce pour la faire revivre qu’elle écrit ?

Est-elle devenue cette femme par opposition à la personnalité de sa sœur ?

Devient -on ce qu’on dit de nous ?

Comment gère t’on l’absence ?

Le non dit ?

Se sont ces questions qui ont été soulevés lors de cette lecture.

L’autrice nous offre son témoignage en réponse, toujours éclairant.
Commenter  J’apprécie          00
La place

"La place" d'Annie ERNAUX, roman autobiographique, commence par la mort de son père pour faire un retour sur sa vie.

On suit la vie en Normandie de cet ouvrier devenu ténancier de café-épicerie afin d'améliorer la vie des siens et surtout de vouloir une vie meilleure pour ses enfants.



Ce récit est minimaliste avec une écriture trés froide, sans émotion apparente pour décrire cette vie. Mais n'y voyez pas un effet de genre mais la vraie réalité, crue, de ces parents après guerre en province.

Je ne suis pas normand, mais j'ai retrouvé plein de détails de mon grand-père jurassien et de sa relation avec mon père.



Dans ce roman trés court, à peine 100 pages, on s'attache à la vie de cet homme du terroir. Et on est forcé de s'interroger sur les rapports entre les personnes de classe différente même au sein de la même famille mais aussi sur les possibilités ou envies de sortir de sa classe sociale.

Pour moi, c'est le roman réaliste par excellence qui nous ramène à nos souvenirs de l'enfance.
Commenter  J’apprécie          70
La femme gelée

L'héroïne a trente ans, elle est désormais enseignante et s'est mariée. La famille s'est agrandie car le couple a deux enfants. Tout va bien en apparence dans sa vie. Son mari a fini ses études et il est à présent devenu cadre et gagne bien sa vie. Ils vivent à Annecy une jolie ville, dans un appartement agréable, pourtant, alors qu'elle a "tout pour être heureuse" elle se rend compte que jour après jour qu'elle prend de moins en moins de plaisir à vivre même si elle adore ses enfants et son travail. Son quotidien est une course permanente pour arriver à s'en sortir avec tout ce qu'elle a à faire. Son implication dans la vie domestique est trop forte (les courses, les enfants, les repas à préparer...), et se rajoute à son travail qui lui demande aussi des préparations et des corrections. De plus, son mari lui fait des reproches comme si elle n'en faisait pas assez, elle doit être parfaite alors qu'elle n'y arrive plus.

Dans les années 60, il fallait être une "superwoman". Mais elle se révolte en prenant conscience que les hommes ont tous les plaisirs, et les femmes si peu, alors qu'elle n'était en rien préparée à ça, ni par son éducation, ni par les figures féminines de sa famille. Sa mère lui a en effet toujours répété que par les études elle atteindrait la liberté mais elle, ce qu'elle vit mal, c'est la solitude et la surcharge de travail quotidien, c'est d'être une "femme gelée".

Au passage, l'autrice nous parle de son enfance, des années heureuses de son point de vue, malgré les punitions et les cris...et l'éducation rigide et simple qu'elle a reçue.

Ses parents étaient différents. Sa mère ne se laissait pas marcher sur les pieds. Elle avait beaucoup de responsabilité dans sa vie professionnelle puisqu'elle tenait un commerce. Elle lui a donné le goût de la lecture car elle aime lire et le goût des études. Son "père-enfant" comme elle aime l'appeler, faisait sa part en cuisinant, en s'occupant de sa fille qu'il adorait et cela était réciproque, il était tendre et aimant, émerveillé d'avoir une fille, affolé par ses retards, ses maladies, sa fragilité. Ses parents se partageaient donc sans problèmes, les différentes tâches domestiques ce qui surprenaient beaucoup ses copines de l'époque.

Alors bien entendu, rien ne la préparait à vivre ensuite une vie de frustration une fois mariée. Rien ne la prédisposait à devenir la femme qu'elle est devenue aujourd'hui.

Toutes les femmes de la famille ont été des femmes fortes, au caractère bien trempé, combatives et indépendantes.

Elle aussi va le devenir, bien malgré elle ! Pourquoi les femmes dans la grande majorité des cas sont celles qui ont renoncé à leurs rêves ?



Publiée en 1981, "la femme gelée" est le troisième roman d' Annie Ernaux si l'on considère les dates de publication.

Elle le dédie à "Philippe" son premier mari et père de ses deux enfants, alors que le couple est en plein divorce. Le thème central de ce texte écrit comme un journal intime, est bien celui de l'inégalité entre les hommes et les femmes dans notre société.

Je ne crois pas me tromper en disant que malgré les progrès effectués ces dernières années, ce roman autobiographique n'a pas pris une ride et que de nombreuses femmes même parmi les jeunes, s'y reconnaitront aisément.

C'est avec des mots simples que l'auteur nous offre ce beau récit, qui est quasiment une étude sociologique des années 60.

C'est une lecture féministe. Souvent, je repense à ce que je disais à mes copines dans les années 80 justement, quand elles se plaignaient du manque de participation de leur mari alors qu'elles travaillaient et n'arrivaient pas à mener de front vie professionnelle et vie au foyer. Sans entrer dans les détails personnels, je leur disais que c'était à elle de changer l'éducation de leurs garçons...mais à cette époque, elles-mêmes les maternaient trop, faisaient tout à leur place sans leur donner ni responsabilité, ni envie de devenir plus autonomes en ce qui concernait les choses matérielles.

En découvrant ce récit, les lecteurs pourront se questionner sur les avancées en matière de répartition des tâches, l'éducation des enfants, ce qu'on appelle aujourd'hui la "charge mentale"_ le travail domestique donc_ indispensable pour faire fonctionner la vie familiale.

On s'aperçoit très vite que l'émancipation des femmes a des limites, elles veulent travailler et certes les conjoints l'acceptent, mais rien ne doit changer pour autant dans leur vie, dans leur petit confort quotidien, dans leur liberté d'action. Les chiffres le montrent encore aujourd'hui, il n'y a aucune révolution dans la répartition des tâches quotidiennes, même si les jeunes générations partagent davantage c'est à la femme que revient toujours la plus lourde tâche à partir du moment où naissent les enfants.

Avec son style bien à elle, qui va droit au but, son écriture simple et sans fioriture, mais avec beaucoup de lucidité, et un certain recul qui rend ses propos universels, l'autrice nous offre encore une fois un texte très fort à lire et relire. J'ai aimé le relire. Ses doutes et ses interrogations sont très émouvants et ne peuvent que nous toucher.

Un roman autobiographique qui s'adresse donc à tous les femmes d'hier et d'aujourd'hui, jeunes ou plus âgées et à tous les hommes.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
Commenter  J’apprécie          211
La femme gelée

« Un seul mot : Désillusion



L'histoire d'une femme qui depuis gamine rêvait de faire de grandes choses et de sortie avec des garçons et qui finit par comprendre que tout ça ne fait pas rêver



C'est très intéressant de suivre la vraie histoire d'une femme dans les 50/60, de ses premières visions du monde à sa quasi-trentaine



Elle voulait suivre son étoile et devenir prof



Mais une fois mariée le rêve devient plus dur à réaliser ; la maison doit être entretenue, la table posée et au fil des années des bébés vient tout compliquer



À cette époque, c'est à la femme de s'occuper de tout, l'homme travaille et n'aura pas comme seul but de gagner de l'argent, se poser devant le journal et faire rire des enfants propres et éduqués



Mais elle se battra pour devenir ce qu'elle veut »



Note : 😶‍🌫️ / 20
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          20
L’atelier noir

Une plongée au cœur de la création. L'Atelier noir est un journal de travail, avec tout ce que cela comporte de passionnant et de frustrant.

Passionnant : être là, au plus proche du travail (alors) en cours, témoin des doutes, des questionnements, des pistes envisagées et parfois abandonnées.

Frustrant : être par moment exclue d'un questionnement abstrait sans le support du manuscrit dont il est question.

D'où l'envie de reprendre La Place ou Les Années pour essayer de comprendre ce dont il est question...
Commenter  J’apprécie          10
L'événement

Je pense que l'on est beaucoup à (re)lire l'évènement d'Annie Ernaux suite à l'inscription de l'IVG dans la constitution en France.

Effectivement, celle qui a eu le prix Nobel de la littérature a du, en 1963, faire appel tant bien que mal à une des fameuses faiseuses d'anges. Il faut comprendre qu'à l'époque, avant la loi de Simone Veil, cela ne se faisait pas, ni physiquement, ni moralement.

En tant qu'homme j'ai été très touché par son mauvais accueil dans les hôpitaux ou par le médecin traitant. En tant que soignant, je ne vous cache pas qu'en off, il y a encore beaucoup trop de préjugés. J'essaie chaque jour de lutter contre en argumentant. Ici, il y a de quoi trouver justement pour combattre ceux qui ne comprennent pas encore, que parfois, on ne peut pas faire autrement.

Une pensée particulière outre-Atlantique où, dans certains états, il y eut un véritable retour en arrière, et puis, n'oublions jamais non plus les pays en voie de développement ou en guerre. Bref, la lutte continue.
Commenter  J’apprécie          100
Journal du dehors

J'ai apprécié cette autre facette de Madame Ernaux. Pour ceux qui prennent le métro ou qui connaissent la gare Saint-Lazare, ce sera un bond dans le passé avant l'arrivée du RER. Sinon, si vous êtes tout simplement un observateur du monde autour de vous, vous allez vous y reconnaître.

Annie est particulièrement touchée par les Sdfs qui se font de plus en plus nombreux. On reconnaît aussi quelques pensées qui ont été plus prolongées dans ses autres livres. Un livre idéal entre deux plus gros.

Une exposition se fait actuellement à la Maison Européenne de la photographie à Paris inspiré de ces pages, justement. A voir jusqu'en mai 2024.
Commenter  J’apprécie          10
La place

J'ai découvert Annie Ernaux très récemment, et avec La femme gelée, qui m'a plutôt marquée.

Cette fois c'est moi qui suis un peu "refroidie" dans ma nouvelle passion, avec La place. 😉



Tout le monde en fait grand cas, avec même des trémolos dans la voix... je suis restée un peu à côté !



Elle y parle de son père, soit. Avec amour, oui.

Et quelques incompréhensions, classique ! 😉



A la rigueur, je préfère rester avec le personnage que j'avais en tête dans La femme gelée.

Ça a au-moins le mérite de me donner plus d'indices sur sa vie à elle, aussi.



Sa "langue" est moins heurtée que dans l'autre roman, c'est un récit court et super accessible, mais je n'ai rien trouvé qui restera dans ma mémoire.



Pas grave, je tenterai un autre Ernaux prochainement ! 😊
Commenter  J’apprécie          122
La femme gelée

C'est maintenant qu'on brûle le patriarcat ?
Commenter  J’apprécie          10
Mémoire de fille

"Mémoire de fille" d'Annie Ernaux est le récit autobiographique d’une jeune fille en 1958.La narration est assez austère et distante , froide et fragmentaire. Cependant, Annie Ernaux offre une réflexion sur la mémoire, la sexualité des années 60 mais qui peut être encore d’actualité et le passage du temps, ce qui en fait une lecture intéressante pour ceux qui apprécient une exploration introspective.



Commenter  J’apprécie          10
La femme gelée

Dans ce texte autobiographique, Annie Ernaux parle d'une femme, professeure trentenaire, mariée et mère de deux enfants.



Elle revient sur le parcours de cette femme depuis son enfance en Normandie, sa jeunesse, l'élève modèle qu'elle était, l'adolescente et les questionnements qui l'accompagnaient. Puis arrive l'installation en ville, les études, la vie universitaire, les sorties, les premières relations, l'ambition.



Elle aspire à plus de liberté, d'autonomie et d'indépendance. Elle ne veut pas ressembler à sa propre mère mais recherche une liberté de penser et de choisir.



Puis arrive le mariage, la maternité, le monde du travail, le quotidien, la charge mentale.



“La femme gelée” est celle qui, comme beaucoup de femmes modernes, se perd dans cette vie routinière et ses habitudes, une vie posée, sans surprises. Les années passent et se ressemblent.



Dans ce livre publié en 1981, l'autrice dresse le portrait d'une génération de femmes et de sa condition. Il s'agit d'un livre féministe dans lequel elle compare le rôle des femmes de celui des maris et des pères dans une société en plein évolution.



Une très bonne lecture.


Lien : https://labibliothequedemarj..
Commenter  J’apprécie          150
La Honte

Dès les premières pages de cette auto-fiction, Annie Ernaux se confie sur un secret de famille bien gardé. Juin 1952. Son père a essayé de tuer sa mère. Acte isolé mais non moins traumatisant, ce non-dit la ronge depuis plus de 30 ans. Elle ne peut s'empêcher de s'interroger sur sa capacité à écrire une fois qu'elle aura livré l'indicible. Étrangement, l'événement n'est plus ou peu relaté dans la suite du texte mais reste omniprésent et particulièrement pesant. Elle tente de reconstituer son environnement : le café-épicerie de ses parents, ses années à l'école privée, explosion à Saïgon, etc. Par cet exercice, elle s'attelle à reformer le puzzle. Cette recherche dans ses souvenirs est l'occasion de se raconter et de raconter les siens, petits commerçants et anciens ouvriers. La honte, c'est celle qu'elle peut éprouver devant ses camarades de l'école privée mais aussi et surtout, le qu'en dira-t-on, tant craint des petites gens.
Commenter  J’apprécie          20
Le jeune homme

Tout d'abord, à moins d'être intéressé(e) par le sujet, je ne recommanderai pas l'achat de ce livre, qui coûte quand même 8 euros. Je l'ai trouvé, je ne l'aurais pas acheté, même si j'ai apprécié plusieurs de ses livres.



Certes, le récit se lit très vite : il s'agit d'une liaison personnelle avec un étudiant dans un moment de vacuité, durant lequel l'autrice voulait retrouver l'envie d'écrire. Donc pourquoi ne pas se servir de ce jeune homme qui la regardait comme une merveille, hein ? Ils ont trente ans de différence, mais le jeune homme rompt avec sa petite amie étudiante et s'engage dans cette relation amoureuse avec la femme mûre qui l'initie au sexe. J'ai nettement eu le sentiment qu'Annie Ernaux voulait avant tout frimer, montrer qu'elle avait été encore désirable et scandaleuse en ces années - le récit prend place en 1998-2000 alors qu'elle a 54 ans, il s'agit d'un souvenir sur lequel elle travaille en 2022. Elle aime à détailler les regards soit dégoûtés soit envieux lorsqu'ils paraissent en tant que couple, au restaurant, à la plage...



Annie Ernaux nous livre des instantanés de cette brève vie de couple, vie qui la renvoie à sa propre jeunesse en un jeu de miroirs, alors même qu'elle revit pour l'écrire sa terrible expérience de l'avortement (L'événement). Le fait d'écrire l'éloigne peu à peu du jeune homme, mais finalement là n'est pas l'essentiel. Elle sait comme personne décortiquer les détails quotidiens, ou encore des expressions utilisées, qui livrent une connaissance sociologique d'un milieu et d'une façon d'être dans ce milieu, qui ne devient consciente que par l'écriture. Elle revient inlassablement sur ses souvenirs, son enfance.



Ses questions et réflexions sur le temps qui passe, et l'image de soi qu'on donne aux autres en vieillissant, sont touchants et profonds. Mais je n'ai pu me départir d'une impression qu'il s'agissait d'un ouvrage de circonstance et qu'elle "faisait du Annie Ernaux". L'autrice est une grande écrivaine, ses textes sont enseignés au lycée, je ne suis donc pas vraiment déçue, mais c'est une lecture dispensable, et je ne trouve pas qu'elle donne une clé essentielle pour lire son œuvre - au contraire : c'est parce qu'on a aimé son œuvre qu'on peut appréhender ce livre.
Commenter  J’apprécie          95
La femme gelée

Que ce soit à travers le titre ou le résumé, "La femme gelée" d'Annie Ernaux m'a de suite attiré. Ayant adoré "La place" et "L'évènement", j'ai vite enchainé avec la lecture de ce roman pour continuer à découvrir le talent de cette autrice. Seulement, après quelques pages lues, ça a vite été la désillusion. Impossible de rentrer dans le roman et de m'intéresser aux propos de l'autrice. J'ai finalement décidé de l'écouter en audio car il me semblait impensable d'abandonner ce roman. Et ça a été une bonne idée !



Dans "La femme gelée", Annie Ernaux nous parle de sa vision de la femme, à travers la vision qu'elle a de sa mère, des clientes de ses parents, de ses amies ou de ses femmes proches. Elle nous transmet ses attentes, ses idéaux à contre-courant avec son temps, sa soif de liberté et d'émancipation qui, peu à peu, se ternit au contact des hommes et, plus tard, de son mari.



Ce roman n'est pas mon préféré d'Annie Ernaux. Comme dit plus tôt, j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire. Pourtant c'est un roman qui reste puissant et qui m'a beaucoup plu sur le dernier quart. C'est un roman qui m'a révolté à certains passages et qui a chatouillé mon esprit féministe. On ressent le feu qui brule au sein de l'autrice et on a juste envie qu'elle prenne enfin sa liberté.



En conclusion, un roman prometteur mais assez inégal à mes yeux. Le début a été difficile mais la dernière partie remonte largement le niveau de ce roman aux effluves féministes.
Commenter  J’apprécie          23
L'événement

« D’avoir vécu une chose, quelle qu’elle soit, donne le droit imprescriptible de l’écrire. »

« Le véritable but de ma vie est peut-être celui-ci: que mon corps, mes sensations et mes pensées deviennent de l’écriture, c'est-à-dire quelque chose d’intelligible et de général, mon existence complètement dissoute dans la tête et la vie des autres. »

C’est plus de trente ans après avoir choisi et vécu un avortement, qu’Annie Ernaux, d’une écriture que je qualifierai de « clinique » nous fait le récit de ce passage de sa vie.

« Événement, épreuve, expérience humaine totale, de la vie et de la mort, vécue d’un bout à l’autre au travers du corps …. » comme elle l’écrit elle-même …

En utilisant son agenda et son journal intime de l’époque, elle « décortique » cet « événement » …. Oserais-je écrire « sans doute pour l’expulser définitivement ? »...

Parce qu’il s’agit bien de cela, en fait, utiliser l’écriture comme exutoire … verbaliser une bonne fois pour toutes pour espérer moins penser à ce qui a troublé, dérangé.

D'ailleurs elle dit qu'elle a fini de "mettre en mots", "réussi à effacer toute trace de culpabilité"...

L’écriture est suffisamment détachée pour que ni le misérabilisme, ni le voyeurisme n’aient leur place dans notre lecture.

Il n’en reste pas moins que le langage et la description de certaines scènes sont crus. Et je m’interroge … Annie Ernaux a-t-elle écrit ainsi par volonté d’être détachée ou parce que cette façon d’écrire s’est imposée à elle ?

Après avoir lu, il n’y a pas si longtemps « Qui touche à mon corps je le tue », je me suis retrouvée confrontée à la question de l’avortement, de la grossesse, des choix, de ces femmes en pleine détresse qui, à cette époque, n’avaient pas le « planning familial » et risquaient de mourir, seules dans leur coin …

Et revient, lancinante, cette question : « Vaut-il mieux avorter, abandonner un nouveau né, le garder et l’aimer mal ?... »

Que c’est beau la vie quand on est heureux de la donner, de l’offrir ….


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
Commenter  J’apprécie          63




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Annie Ernaux Voir plus

Quiz Voir plus

Connaissez-vous vraiment Annie Ernaux ?

Où Annie Ernaux passe-t-elle son enfance ?

Lillebonne
Yvetot
Bolbec
Fécamp

10 questions
294 lecteurs ont répondu
Thème : Annie ErnauxCréer un quiz sur cet auteur

{* *}