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Citations de Arthur Schnitzler (316)


Otto n’était-il pas homme à assumer la responsabilité de supprimer un égaré ? Son devoir de philanthrope ne lui commandait-il pas d’agir ainsi ? Robert n’en doutait pas, des médecins intelligents et généreux se résolvent plus souvent qu’on ne le suppose à de telles pratiques, même sans lettre de décharge comme celle qu’Otto avait entre les mains.
Mais les médecins ne pouvaient-ils pas se tromper ? Était-il inadmissible que l’un d’eux, subitement atteint de folie, traitât de dément un homme sain d’esprit ? Chacun n’était-il pas ainsi à la merci de l’autre ; les malades à la merci des bien-portants et ces derniers à la merci des malades ?

("L’appel des ténèbres", p. 53)
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Avec son frère, le lieutenant Höhnburg et quelques amis, il avait été aux courses puis avait dîné dans un restaurant bondé du Prater. (…) Chemin faisant, Otto confia à son frère que Höhnburg, leur ami commun, était sur le point de devenir fou, que nul encore ne s’en doutait, mais que sûr de son diagnostic, il prévoyait la mort du jeune homme dans un délai de trois mois. (…) Le jeune officier respirait la santé, la joie de vivre ; comment penser que dès cet instant son ami était irrémédiablement condamné, marqué par une atroce fatalité ? Robert cependant dut admettre les raisons médicales de son frère et dès lors la présence de Höhnburg, son comportement le remplirent d’effroi. (…) Quelques jours plus tard Höhnburg eut un accès de folie furieuse et dut être interné.

("L’appel des ténèbres", p. 51)
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Selon son habitude, Robert s’attarda dans son bain, puis s’enveloppant dans un rugueux peignoir blanc, il s’approcha de la glace. (…) Il allait se détourner satisfait de son examen, lorsqu’il vit dans le miroir terne un œil étrange qui se fixait mystérieusement sur lui. Aussitôt il se pencha en avant et crut observer que sa paupière gauche pendait par rapport à la paupière droite. Il eut peur, ferma les yeux, les rouvrit, essaya de faire manœuvrer ses paupières en s’aidant de ses doigts. Peine inutile : entre la gauche et la droite une différence subsistait.

("L’appel des ténèbres", p. 50)
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Quand le train quitta la gare, Robert demeura à la fenêtre de son compartiment. Impassible, il prenait congé de l’îlot que baignait une lueur grise teintée de rose, des vagues lointaines où le soleil disparu faisait flotter un reflet mauve. Le train haletait à travers des coteaux plantés de vignes desséchées, vers le pays du Karst, là-haut. Un long tunnel survint. Le paysage parut changé. À droite et à gauche les sommets des falaises se dessinaient sur le ciel nocturne, l’horizon conservait le souvenir de la mer, mais la mer elle-même était absente.

("L’appel des ténèbres", p. 47)
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Après avoir terminé ses bagages, Robert quitta sa chambre. (…) Il marcha sur la large jetée de pierre blanche qui s’avançait assez loin dans l’eau. Le petit vapeur clair, amarré sur le côté, semblait y faire la sieste. (…) Au nord, le détroit s’élargissait, annonçant la proximité de la mer. Il se découvrit pour sentir les chauds rayons du soleil, inspira profondément par la bouche pour avoir sur ses lèvres le goût de l’air salin et se réjouit de la douceur de l’atmosphère qui, dans cette île méridionale, gardait jusqu’en octobre sa caressante langueur estivale. Une curieuse sensation l’envahit : l’instant qu’il vivait appartenait au passé. (…) Aussitôt il lui sembla qu’il venait d’aliéner le présent. Le ciel, l’eau, la mer lui étaient devenus étrangers, froids, lointains. Un instant fleuri se flétrissait, stérile, abandonné.

("L’appel des ténèbres", p. 44-45)
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Mon Dieu, mon Dieu, je voudrais pouvoir parler à quelqu’un avant. – Si je me confessais ! Il en ferait des yeux le curé si je lui disais en terminant : « Au revoir, monsieur le curé, je rentre de ce pas et je vais me suicider !… » Si je m’écoutais, je serais capable de me jeter par terre et de pleurer… Pas permis une chose pareille !… mais ça soulage quelquefois de pouvoir pleurer…

("Le lieutenant Gustel", p. 33)
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Écrire des lettres ? À quoi bon et à qui ? Des lettres d’adieu ? – Il me semble que, quand on se tue, on prend assez clairement congé de tout le monde ! – Tout le monde s’aperçoit qu’on est parti pour toujours…

("Le lieutenant Gustel", p. 27)
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Qu’y a-t-il de vraiment vivant ? Le printemps au dehors, le soleil qui se répand sur mon tapis ou la brise embaumée de lilas qui souffle du jardin voisin et tous ces passants dont je ne me soucie pas. Je puis fermer les rideaux et le soleil sera mort… je ne veux plus entendre parler des hommes et les hommes ne seront plus. J’ai clos ma fenêtre, le parfum du lilas ne m’enivre plus et le printemps est mort.

("Fleurs", p. 52)
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Oui, c’est une hantise ; il y a des revenants. Des objets morts font le simulacre de la vie. Lorsque des fleurs se fanent, se décomposent, ce n’est qu’un souvenir du temps de leur floraison, et les morts reviennent tant que nous ne les avons pas oubliés.

("Fleurs", p. 52)
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Je commence à admettre toutes sortes d’absurdités dont je me riais autrefois. Je comprends le dialogue de l’homme avec la nature, je comprends qu’on attende une réponse quand on adresse la parole aux nuages ou aux sources. Mon temps à moi ne se passe-t-il pas à fixer ces fleurs comme si elles devaient me parler ? Non, ce qui est pire encore, je sais qu’elles murmurent, qu’elles se plaignent sans cesse, même en ce moment, et que je suis près de les comprendre.

("Fleurs", p. 48-49)
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Un être n’est réellement décédé que lorsque se sont éteints tous ceux qui l’ont connu.

("Fleurs", p. 47)
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Quand je songe à des êtres aimés qui sont morts mon cœur ne se serre plus. La mort m’est devenue familière, elle se promène parmi nous sans nous vouloir de mal.

("Fleurs", p. 45)
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Je n’ai pas encore très bien réalisé qu’elle ne soit plus de ce monde, qu’on l’ait mise dans un cercueil et qu’on l’ait enterrée. Je ne ressens aucune douleur. Le monde m’a paru plus silencieux que de coutume aujourd’hui. À un moment précis j’ai compris que la joie et les peines n’existaient pas ; non, il n’y a que des grimaces de plaisir, des grimaces de chagrin. Nous convoquons notre âme pour nous voir rire ou pleurer.

("Fleurs", p. 44)
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J'aimerais assez me marier en Amérique, mais pas avec un Américain. Où alors je me marie avec un Américain, et nous vivrons en Europe. Villa sur la Riviera, escalier de marbre plongeant dans la mer. Moi, étendue nue sur le marbre...
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Le malheur est qu'on reste parfois sentimentalement attaché à des êtres, alors que, depuis longtemps déjà, la raison n'attend plus rien d'eux.
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Rien ne nous complique tant l'existence que de croire si souvent à des choses définitives... et de perdre du temps à nous reprocher une erreur, au lieu d'en convenir et de repartir simplement pour une nouvelle vie.
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La conversation devenait de plus en plus animée et elle revint finalement se poser sur Mademoiselle Else, Je lui demandai ce qu'il pensait de Dorsday et du marché qu'il avait proposé à la jeune fille. «Je me garderai bien de le juger, me répondit-il. Vous l'apprendrez sans doute vous aussi un jour à vos dépens, mais pour un homme sur le déclin, voir un corps dévêtu d'adolescente, c'est boire à la coupe même de Dieu. Je comprends qu'on soit prêt à toutes les bassesses, comme Dorsday, ou à toutes les turpitudes, comme mon Casanova, pour connaître cette ultime forme d'extase. Si le temps ne m'était pas compté, j'aimerais écrire un roman où des vieillards passeraient la nuit auprès de belles endormies. Vous l'ignorez encore, mais la vieillesse est la pire des disgrâces... »
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Toute la question est de savoir jusqu'où nous plongeons nos regards en nous-mêmes. Et quand, à tous les étages, toutes les lumières sont allumées, nous sommes en même temps coupables et non coupables, des lâches et des héros, des fous et des sages.
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Pourtant, comme la plupart du temps, la blessure aiguë de la douleur guérira plus vite que celle torturante et lancinante de la désillusion.
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Mais la compréhension n'a absolument rien à voir avec nos sentiments, presque aussi peu qu'avec nos actions. Elle ne nous protège pas de la douleur ni du dégoût. Elle ne conduit nulle part. C'est en quelque sorte une impasse. Une compréhension signifie toujours une fin.
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