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Critiques de Bernard Maris (77)
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Antimanuel d'économie : Tome 1

Bernard Maris me manque ! Il me manque pour lui, pour sa vision de l'économie. Il nous reste bien Frédéric Lordon, mais ce n'est pas pareil.

Il me manque pour son humour, sons sens du dialogue et celui du débat.

Un jour, j'ai découvert cet homme avec ce livre : l'anti-manuel d'économie (1 et 2). Et moi tout à coup, "l’ingénieur en informatique jésuite", de découvrir l'économie, de m'intéresser à l'économie et de comprendre les enjeux humanistes qui se cachent derrière la pensée unique de l'économie officielle, celle du néo-libéralisme.

Bernard Maris m'a éveillé à ce monde.

Il faudra que je parle aussi de Chomsky, le politologue !

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Houellebecq économiste

Découvrir que les romans de Houellebecq font références aux grandes théories économiques qui régissent notre monde... quelle découverte ! !



Il est assez clair qu'un écrivain qui plonge ses récits dans son époque va fatalement refléter les grandes tendances, les courants principaux, philosophiques, éthiques, psychanalytiques, sociologiques et économiques (pour n'en citer que quelques uns).



Houellebecq ne fait pas exception.



Mais c'est sans doute encore davantage fondamental chez Houellebecq. Il dépeint le mal-être, la dépression, le désespoir individuel... comme des contrepoints aux phénomènes de société. Et parmi ceux-ci, la lutte des classes, l'utilité/désutilité, les besoins, la "rationalité", l'offre et la demande, le libéralisme, la concurrence, le marché... sont des éléments inévitables, auxquels sont confrontés les héros de ses livres. Et Bernard Maris y voit une critique du libéralisme, un tableau présentant les dérives de la pensée économique appliquée à tout, régissant tout. C'est une façon de voir, mais je ne suis pas certain que Houellebecq le pense de la sorte. Si on en croit Bernard Maris, Houellebecq serait un mystique, adorateur de la femme, optimiste et gai-luron..



L'intérêt du livre de Bernard Maris (dont on regrette amèrement la disparition) réside principalement dans l'explication des théories économiques à la lumière des actions et interactions des personnages des livres de Houellebecq. Le reste du livre est assez pauvre. Car sur les 81 pages (dont environ 60 de texte utile) du livre, l'explication des théories économiques prend environ la moitié. Pour le reste, Bernard Maris se livre à une explication de texte, à une mise en perspective de la pensée de Houellebecq, à une gloserie justifiant la pensée de l'écrivain... aussi surprenantes que peu convaincantes... Je trouve qu'il faut rester "à sa place" (même si Bernard Maris en a occupé beaucoup).



Je retiendrai une nouvelle clé de lecture des livres de Houellebecq, via cet ancrage très particulier dans les théories économiques. Mais sans plus.
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Houellebecq économiste

Je me suis intéressée à ce livre parce que j'apprécie les chroniques économiques de Bernard Maris sur France Inter et que j'aime la littérature Houellecquiènne. Alors quand les deux de rencontre, ça donne envie d'aller voir.

L'auteur de « Houellebecq économiste » explique dans le prologue pourquoi il a voulu écrire ce livre : à l'origine, ce sont les thèmes chers au grand économiste Joseph Schumpeter révélés dans le grand roman d'amour « la carte et le territoire » (la fine analyse du travail, de l'art, de la création, de la valeur, du progrès, de l'industrie et de la « destruction créatrice »). Des thèmes d'ailleurs que l'on retrouve dans plusieurs romans de Houellebecq.

Bernard Maris organise son essai autour de 5 chapitres allant du règne de l'individu jusqu'à la véritable fin de l'histoire et la fin de l'espèce autrement dit l'au-delà du capitalisme. Ceux qui lisent Houellebecq s'y retrouveront.

Même si ce livre ne bouleverse pas notre pensée, il y a quelques passages intéressants comme les propos sur le libéralisme qui conditionne et incite les individus à consommer (du sexe notamment) en surfant sur la peur de vieillir et de mourir.



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Antimanuel d'économie : Tome 1

Bernard Maris est tout à fait irrévérencieux. Ses participations à Charlie Hebdo l'attestent. Et pourtant son antimanuel est tout à fait sérieux. Tout à fait documenté et conçu pour faire réfléchir.

Je dirai que c'est le but principal de tout antimanuel qui se respecte : susciter l'interrogation. Point n'est besoin d'être d'accord avec les thèmes abordés, les thèses soutenues, les idées défendues... C'est l'idée même d'un antimanuel, son concept, qu'il faut soutenir. A l'instat de la démarche de Joseph Stiglitz ou de Paul Krugman qui déconstruisent les rouages économiques, ou des "Livres Noirs" qui entendent nous montrer la face cachée des choses.

Bernard Maris est économiste, sa thèse intitulée "Distribution personnelle des revenus : une approche théorique dans le cadre de la croissance équilibrée" montre qu'en 1975, il se souciait déjà du bien-être et de la distribution des richesses. De quoi inspirer le respect.

Son antimanuel d'économie est à la portée de tous. En matière de vulgarisation, c'est son penchant pour le journalisme, il n'a de leçon à recevoir de personne. Les idées sont claires, précises, et bien sûr orientées (personnellement je les trouve orientées "à juste titre", donc je ne trouve pas lieu de m'en offusquer). OK, cela reste de l'économie, donc il faut un peu s'accrocher (ce n'est pas du Barbara Cartland), mais nous sommes face à ce genre de livres dont on ressort plus intelligents. Et cela se mérite.
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Et si on aimait la France

Petit essai d'où se dégage un amour de la France et de son peuple, texte d'autant plus émouvant que l'on sait que l'auteur, chroniqueur chez Charlie Hebdo, devait mourir assassiné quelques jours après en avoir terminé la rédaction.

La première partie porte plus sur le passé de la France, un passé proche, celui du XXème siècle, celui de l'enfance et de la jeunesse de Bernard Maris. Nostalgie, souvenirs,...

Puis il s'attarde sur la France d'aujourd'hui, la France multicolore, multiculturelle, et ses difficultés à faire cohabiter un peuple divers et varié,tant par le niveau social, les origines, les cultures, les langues, les ambitions.

Pas de solution utopique, magique, mais des constatations sur des faits (politiques économiques, sociales menées durant ces dernières décennies) qui ont abouti à la situation actuelle, une fragile cohabitation de populations qui ne se connaissent plus vraiment.

Cette lecture a été l'occasion de discussions, de remises en question. Et c'est déjà pas mal.

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Et si on aimait la France

Publication posthume puisque Bernard Maris, économiste, a été tué lors de l'attaque contre Charlie-hebdo même s'il ne contribuait que de façon épisodique au journal.

Essai un peu fourre-tout sur les valeurs de la France. Il se veut optimiste et non nostalgique mais il l'est tout de même comme tous ceux de sa génération, j'ai l'impression (baby boomers nés après la guerre, et dans les années 1950, n'ayant pas connu la guerre et ayant vécu dans un pays encore traditionnel mais en pleine mutation).

Il évoque l'attachement à son pays, la galanterie, l'écriture, la littérature comme valeurs fondatrices. le paradoxe français : pays très divers et tourné vers l'unité (République Une et indivisible).

Il montre dans la deuxième partie que la France s'éloigne de ce modèle avec la montée du communautarisme, du séparatisme, de la plus grande importance prise par les questions ethniques sur la question sociale (vote populaire passé de l'extrême gauche au F.N). Il reprend longuement les thèses de Christophe Guilluy. Il analyse également les conséquences de l'étalement urbain sur les paysages "effroyable laideur du périurbain" et sur le mode de vie (distance résidence travail multipliée par deux depuis 1975).



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Houellebecq économiste

Lire et analyser l’œuvre de Michel Houellebecq par le prisme des principales théories économiques contemporaines, telle est la proposition alléchante du regretté Bernard Maris.

Avec une plume engagée, alerte, non dénuée d’humour, l’économiste qui raille l’économie et ses confrères nous invite à lire entre les lignes des romans et des poèmes de Houellebecq pour y découvrir là le principe de la destruction créatrice, souligner l’infantilisme des consommateurs, plus loin le règne absolu des individus avant de finir sur une méditation qui bien que lucide serait terriblement pessimiste, s’il ne posait pas la compassion ou la bonté comme bouée de sauvetage. L’exercice est non seulement intellectuellement stimulant mais aussi brillant et sensible.

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Houellebecq économiste

Etant données les circonstances tragiques liant l'auteur et le sujet de ce petit livre - l’assassinat du premier le jour de la sortie du roman du second le 7 janvier 2015 -, sa lecture ne peut que provoquer un petit quelque chose au niveau de la poitrine chez quiconque a plus d’humanité que de cynisme. Mais bien sûr tout cela n’est pas une raison pour ne pas en faire une (saine) critique.



Houellebecq économiste est un essai séduisant dans son principe, bien écrit et plutôt bien documenté pour un pamphlet. Mais qui m’a laissé sur ma faim sur l’essentiel : le fond de l’analyse économique de l’oeuvre houellebecquienne.



Le vrai souci ici est que Maris se fait plus royaliste que le roi en appuyant le propos antilibéral de Houellebecq, qui est chez lui, au sens du libéralisme économique - l'aspect qui intéresse ici Bernard Maris -, sans doute moins central que la critique de la pensée libertaire, et de la libération des moeurs et des normes sociales de manière générale. Cette pensée libertaire, si elle est implicitement évoquée au passage de la critique du consumérisme, n’est jamais distinguée en tant que telle dans cet essai. . Sans doute parce que Maris souscrit à la libération des moeurs... et donc “oublie” la critique du libéralisme sexuel chez Houellebecq, qui est pourtant centrale dans son oeuvre, dès Extension... et qui est clairement l’un des fils rouges de l’ensemble de ses romans. Alors vous allez me dire que le bouquin parle d'économie et pas de social... Ce à quoi je vous répondrai "Certes, mais le libéralisme au sens économique n'est jamais abordé séparément, comme un objet critiqué chez Houellebecq".



Bref, Bernard Maris fait une interprétation hémiplégique, de gauche, marxiste, donc économisante, de l’oeuvre de Houellebecq : sans doute de la même façon qu’un réactionnaire pourrait faire une interprétation hémiplégique de droite de son oeuvre en négligeant par exemple toute sa description du monde du travail, mais en insistant sur le fait religieux et une certaine vision conservatrice de la société.



On sent donc bien que Maris, au delà de Houellebecq, a en son agenda caché la volonté d’en découdre sur un mode quasi marxiste avec le capitalisme et le libéralisme. Alors même, rappelons-le, que Houellebecq est loin, malgré le titre de son premier roman, de défendre de près ou de loin des positions marxistes... ou des positions politiques quelles qu’elles soient ! Et si l'opinion de l'auteur lui-même est de plus en plus difficile à cerner au fil des romans, les opinions exprimées par ses personnages en matière d'économie deviennent aussi de plus en plus variées. Et j'ai bien du mal à voir dans les derniers romans de Houellebecq le marxisme sous-jacent relevé par Maris.



Au fil des pages apparait donc l’impression un peu gênante que l’oeuvre de Houellebecq se fait manipuler par Maris.



Nous ne sommes donc clairement pas face à un essai littéraire, mais "juste" économique, et surtout: économique-de-gauche-anticapitaliste. On aurait donc aimé, quitte à conserver ce parti pris - qui me parait comme vu plus haut au moins discutable - plus d’éléments soutenant l’affirmation que l’économie n’est pas une science, que tous les économistes dits libéraux (j’imagine qu’il entend par là “classiques”, “autrichiens”, etc.) sont des charlatans, qu’il n’y a pas de vérité en économie... Façon déguisée, évidemment, de considérer que l’économie ne peut être une discipline rationnelle, mais qui se fonde sur des valeurs, et se doit donc d’être soumise à la "volonté générale"... donc à l’Etat.



Apprécions tout de même la jolie plume de Bernard Maris, qui fait de la lecture de ce petit livre un assez bon moment. Et d’ailleurs, n’est-ce pas là principalement ce que l’on peut attendre a minima d’un pamphlet dont on n’approuve pas la thèse ?
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Houellebecq économiste

Houellebecq économiste est le livre le plus stimulant de mes dernières lectures. L’économiste Bernard Maris (parmi les victimes de la tuerie de Charlie Hebdo) propose de relire les romans de l’écrivain Michel Houellebecq à travers une grille de lecture économique (tout en égratignant pas mal au passage cette discipline qu’il ne considère pas comme une science, ses prédictions s’avérant souvent fausses écrit il).



suite de la chronique sur mon blog...
Lien : http://www.chocoladdict.fr/2..
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Antimanuel d'économie, tome 2 : Les cigales

Un libre plaisant à lire, parlant d'économie sans se prendre la tête.


3 grandes parties que j'ai lu dans l'ordre de mes préférences :


Partie 1 :Pourquoi le capitalisme ?


Partie 2 : L'inventeur et le marchand


Partie 3 : L'économie sur le divan





Chaque chapitre est suivi de texte choisie qui approfondisse le sujet.
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Houellebecq économiste

Si vous êtes fan d'Alain Minc ou si vous êtes abonné à l'hebdomadaire Challenges passez votre chemin.

L'idée au coeur de l'ouvrage : Houellebecq a saisi notre triste univers quotidien cent fois mieux que tous les prix Nobel d'économie réunis. Une lecture très accessible (n'essaie à aucun moment d'être plus fin ou plus malin que le lecteur). 150 pages lues d'une traite en deux heures.



Peut-être un titre plus approprié serait Houellebecq anti-économiste car le romancier « utilise et détruit la pensée économique », il « vous vaccine contre l'économie.

Bernard Maris nous rappelle que les économistes ne se sont pas contentés de notions comme l'offre et la demande, le PIB, la courbe de chômage. « Un prix Nobel, Gérard Debreu, expliqua que le grand enjeu des sociétés tenait à la durée de vie des très vieux : fallait-il les débrancher plus tôt, pour faire des économies de Sécurité sociale, ou les maintenir à tout prix dans les limbes du trépas, pour créer des emplois de jeteurs de couches usagées ? » p 19. Ben, avec ce niveau du débat, c'est facile de les surclasser.



Quant à MH, grâce à ses antennes et à sa sensibilité, il capte l'air du temps, il anticipe les états d'âme de ses congénères – contrairement aux économistes.

Ce livre de Bernard Maris est une lumineuse diatribe, un génial pamphlet. Chapeau pour l'ironie mordante.



Extraits :

« Malthus avait raison. L'homme avait voulu épuiser la nature et il est mort épuisé. » p133



A place de la vie sociale, les économistes ne voient « qu'un univers de transactions généralisées' qui débouchera sur ce que déteste MH : le bonheur quantifiable ». P39



« Si la souffrance des héros de Dostoïevski est liée à la mort de dieu, celle des héros de Houellebecq naît de la violence perpétuelle du marché. » P48. Son personnage récurent n'est pas l'ouvrier, mais le cadre qui s'emmerde.

« L'incertitude et l'angoisse furent les meilleurs barreaux des camps. Bruno Bettelheim, survivant, [ ] se pose la question : comment, avec si peu de moyens, les gardiens arrivaient à maintenir l'ordre dans les camps ? Pourquoi [ ] n'y avait-il pas de révoltes ?

Et la réponse de Bettelheim est lumineuse, elle est la même de celle de Houellebecq pour la société de l'argent : les gardes n'avaient de cesse d'infantiliser les hommes en les maintenant perpétuellement dans l'incertain, le risque, l'indéterminé. Ils brisaient tout lien de causalité autorisant l'action. [ ] Tantôt une action était récompensée, tantôt la même action était punie. Observer et réagir, pour un prisonnier, devenaient impossible et, dès lors, l'instinct de conservation était impitoyablement brisé. Ne savoir que ce que ceux qui commandent vous autorisent à savoir est la condition du petit enfant ou de l'esclave ». p66



« Marx détestait Malthus, parce qu'il avait découvert la célèbre loi de la baisse tendancielle du taux de profit, liée à la concurrence. Au bout de la concurrence, le profit est nul. [ ] A la baisse tendancielle du taux du profit, ajoute MH, correspond la baisse tendancielle du désir : cette société ne sait plus comment attiser le désir, exciter le sens. » P125

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L'homme dans la guerre : Maurice Genevoix f..

Une sublime mise en parallèle de deux grands auteurs, Ernst JÜNGER et Maurice GENEVOIS, qui surent être soldats dans des registres différents. Dans des camps opposés tant par les armes que par la pensée.



Des approches divergentes de l'homme mais une même convergence dans la conscience de la sublimation de l'Etre au combat, du dépassement de soi nécessaire en pareille situation, de la transcendance indispensable de sa propre individualité, de l'animalité qui habite le fond de l'homme et qui apparaît au grand jour au milieu du bruit et de la fureur.



Dans cet ouvrage Bernard MARIS nous rappelle parfois avec lyrisme que "Jünger chemine vers le travailleur et le surhomme, et vers l’avenir, Genevoix retourne aux paysans et à leurs paysages, ces paysans français qui ont vaincu l’ouvrier allemand, et, il faut le reconnaître, vers le passé. Genevoix n’aime pas les temps modernes. Le mot progrès le fait sourire ; et la technique ne le remplit d’aucune admiration.".



Et pourtant, bien des années après ces deux guerriers déposent les armes pour brandir leurs souvenirs, attachés à leurs camarades tombés glorieusement au combat. Avant de les rejoindre au royaume des ombres.



A lire !
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Souriez, vous êtes Français !

Pas rancunier, Dominique Seux, l'éditorialiste bien-pensant des Échos - et qui fut souvent gentiment brocardé par Bernard Maris -, a préfacé ce petit livre posthume de chroniques radiophoniques.



Car Bernard Maris adorait la radio, et il faut dire qu'il en maîtrisait les codes. Capable d'ironie, toujours lucide, grand vulgarisateur, et surtout, ennemi des idées reçues qu'il adorait démonter, avec clarté et simplicité.



Dans ces chroniques, il oscille en permanence entre colère et affection pour toutes ces catégories de français qui passent leur temps à gémir. Tiens, s'ils passaient seulement quelques mois dans la plupart des autres pays, cela les aiderait probablement à relativiser. En effet, contrairement à ce que l'on pense, la France est plus libérale que les Etats-Unis - très protectionnistes en pratique, le Japon, la Corée du Sud, le Royaume-Uni ou l'Allemagne, sans parler évidemment de la Chine. La France est le pays européen qui exporte le plus de capitaux, et qui en reçoit le plus de l'étranger.



Alors, il y a les patrons qui se plaignent des lourdeurs bureaucratiques... mais qui se gavent de subventions. On apprend ainsi que le CICE, le crédit d'impôt recherche supposé favoriser l'innovation, a surtout profité... à la finance, aux banques et aux assurances! Avez-vous remarqué récemment que votre banquier ou votre assureur vous ait proposé un service révolutionnaire? Pas moi, le dernier c'était la carte à puce, dans les années 80...



Pire, cet argent ne profite qu'aux grandes entreprises, celles-là même qui ne créent pas d'emploi, qui "optimisent" si bien leur fiscalité, alors qu'elles ont les moyens de financer leurs propres recherches. 65 milliards d'aide annuelle, et pour quel résultat?



Comment notre société traite-t'elle les jeunes? Un budget énorme pour l'éducation, mais 18% d'entre eux quittent l'école sans aucun diplôme. Avec des "contrats jeune", qui ne font que les stigmatiser davantage: ils n'ont donc pas droit à un contrat normal? Ben oui, les jeunes ne sont pas normaux, c'est bien connu. Égoïsme des adultes, qui veulent protéger leur emploi (l'égalité c'est bien, mais en commençant par soi-même). Ou alors, absence de dialogue social entre des élites cooptées et des syndicats bureaucratisés? Tiens, ces syndicats: que proposent-ils en termes d'actions de reclassement?



Et les hommes, les messieurs, qui touchent de belles retraites essentiellement grâce... au travail des femmes... lesquelles continuent à faire soit la double journée, soit sont condamnées au temps partiel, quand ce n'est pas les deux à la fois?



Les politiques et autres hauts fonctionnaires, eux, sont les produits d'un système éducatif qui n'a plus rien de méritocratique. Les concours ne font que les préparer trop vite au seuil d'incompétence: comment cela pourrait-il les rendre courageux?



Une lecture aussi instructive que jouissive.
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Houellebecq économiste

Je découvre, malheureusement trop tard, la plume et l'esprit de Bertrand Maris dans cet essai consacré à notre société libérale mondialisée vue au travers de l'oeuvre de Michel Houellebecq.



L'auteur y fait référence à de nombreux économistes prestigieux et à leurs concepts dans une structure facile d'accès : l'individualisme, l'entreprise, les consommateurs, le travail et la fin de l'espèce.



Même si cet essai pourtant rédigé par un économiste n'a pas eu pour moi la même force qu'un essai de Jean-Claude Michéa avec lequel il partage pourtant quelques convergences au niveau des analyses tout en ayant une qualité d'écriture supérieure, il permet pourtant de redécouvrir certains romans de Houellebecq sous un angle nouveau et invite à s'aventurer dans la bibliographie de l'économiste.
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Antimanuel d'économie : Tome 1

Ce livre discute des principes de l'économie et discute du fait que les lois économiques sont tout sauf des lois scientifiques car ne se prêtant pas à l'observation. L'auteur prône un enseignement de l'économie qui raconte et explique les faits plutôt que de prétendre pouvoir prédire l'évolution de telle ou telle tendance. Il critique aussi la théorie dominante qui ne s'intéresse qu'à l'argent et à la production sans prendre en compte les ressources non renouvelables.

J'ai trouvé ce livre intéressant et accessible, même s'il allait un peu vite pour moi qui n'y connait rien dans l'enchaînement qui lui semble évident entre certaines causes et certains effets.
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Plaidoyer (impossible) pour les socialistes

Ce plaidoyer cache un réquisitoire féroce et implacable contre les socialistes et leurs contradictions.

Qui aime bien châtie bien.

C'est aussi un manuel d'économie pour les nuls, d'une clarté biblique. Les barbus bas du front ont assassiné le seul économiste sympathique, ludique et pas hermétique. Qu'ils moisissent dans leur paradis artificiel avec leurs quarante grains de raisin.



Cette relecture, sept ans après, après Hollande surtout, me donne un grand coup de mou.

Au delà de la fresque des occasions perdues qui ne reviendront plus, c'est un constat lucide et glaçant d'une défaite totale et définitive du socialisme.



Pauvre humanité... De profundis !
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Houellebecq économiste

Ce livre a eu une seconde vie.



Sa première vie creusait son sillon comme son auteur qui intervenait dans les médias avec un certain succès, les réparties de celui-ci dans les débats faisaient mouche, sa gouaille du sud emportait l'adhésion.



7 janvier 2015, Bernard Maris est assassiné par les bouchers islamiques. Houellebecq son ami qui vient de publier Soumission comme une ironie de l'histoire est en quelque sorte rattrapé par l'actualité. et son oeuvre présentée alors sera interrompue, et l'oeuvre de Bernard Maris en trouvera bénéfice



Ca fait drôle d'ailleurs de lire la bio de Bernard Maris et d'y voir : assassiné ! Comme si nous étions des siècles en arrière.



Et bien ce Houellebecq économiste va voir ses ventes décupler rendant ainsi hommage à son auteur.



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L'homme dans la guerre : Maurice Genevoix f..

J’ai hésité avant d’entamer ce livre. J’ai lu Genevoix, j’ai lu Junger je ne voyais pas trop l’intérêt d’une comparaison entre les deux. Et puis le charme Bernard Maris a opéré. Sa chaleur, sa lucidité, son érudition. Lu d’une traite
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Antimanuel d'économie : Tome 1

J'ai longtemps chicané pour savoir si je donnais trois ou quatre étoiles à cet "anti-manuel". Au final, ce sera la notation la plus basse, simplement parce que je n'arrive pas à m'attacher à ce livre, malgré d'indéniables et nombreuses qualités.





Fait rare dans le domaine économique : la clarté du discours et des notions. Loin de l'enfumage médiatique ou du babillage universitaire, la parole est les idées sont ici limpides, illustrées tant par des concepts mathématiques simples que par des anecdotes réelles. D'un point de vue esthétique, l'ouvrage est soigné, grâce aux multiples illustrations bien senties qui nous accompagnent tout au long de la démonstration.





Car il s'agit d'une démonstration, dans le but de démonter les assises idéologiques et médiatiques de l'économie de marché moderne ainsi que de ses multiples prophètes. Une louable intention, donc, couplée à la volonté de rendre cet anti-manuel abordable aux personnes qui se désintéressent tout particulièrement de "l'économie". La fin du livre amène une ouverture vers d'autres pratiques économiques, qui seront je le suppose traitées avec plus de profondeur dans le tome suivant de l'anti-manuel, consacré aux "résistant-es" et à leurs pratiques.





Bref, c'est du bel ouvrage ! Malheureusement je n'ai pas pris énormément de plaisir à la lecture. J'ai du y revenir souvent (sans pistolet sur la tempe non plus hein) et lire simplement par petites touches. A noter tout de même une riche collection de textes d'autres auteur-es, qui viennent illustrer les propos de chaque chapitre.
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Houellebecq économiste

Bernard Maris est décédé, assassiné lors de l'attentat qui a frappé la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.



Pour nous, qui sommes le grand public, la science économique se réduit pratiquement à trois noms : Adam Smith, Karl Marx, John Maynard Keynes. Le libéral, le communiste, le social-démocrate ; prenez deux extrêmes, déterminez leur milieu. Vous aurez toutes les nuances du prêt à penser de l’économie politique ; choisissez la couleur qui sied à votre teint. Le tour est joué.



N’attendez pas cela de Houellebecq économiste. Bernard Maris était un économiste qui n’aimait pas l’économie. Beaucoup de ses écrits témoignent de son aversion pour cette science (pseudoscience selon lui) à laquelle il a cependant consacré l’essentiel de sa vie universitaire puis de sa vie publique en la vulgarisant pour en dénoncer les travers.



Bernard Maris prévient ; « Faire de Houellebecq un économiste serait aussi honteux que d’assimiler Balzac à un psycho-comportementaliste » (p. 22). En effet, il ne s’agit ni d’élever l’économie à un genre littéraire, ni de dégrader un écrivain au rang d’un pseudo-scientifique. Il s’agit essentiellement de montrer comment en romancier qui sait marier son art à celui de l’essai, Houellebecq parle d’économie dans ses romans et sa poésie. Surtout, il veut montrer comment l’œuvre de l’écrivain constitue une violente charge contre la façon dont l’idéologie économique perverti les relations entre les hommes.



Bernard Maris a voulu relire Houellebecq au prisme de quelques auteurs classiques de l’économie. Ainsi Les Particules élémentaires, à la lumière de la pensée individualiste d’Alfred Marshall devient un roman qui dénonce le règne des individus. L’Extension du domaine de la lutte, éreinte le monde de l’entreprise. Avec John Maynard Keynes, Plateforme devient le roman de la consommation insatiable. Joseph Schumpeter et la théorie de la destruction créatrice permettent de lire La Carte et le Territoire comme une analyse de la création de valeur dans l’art et le travail. La Possibilité d’une île confrontée à la pensée malthusienne revient sur le mythe de la « Fin de l’Histoire ».



Cette lecture économique de Houellebecq par Bernard Maris n’a cependant pas oublié l’essentiel de cet œuvre. Un essentiel que bien peu de lecteurs semblent avoir vu – à moins qu’ils n’aient tout simplement méprisé ce détail : les romans de Houellebecq sont des romans qui affirment la valeur de la bonté. Peu d’écrivains redonnent aujourd’hui toute sa valeur à la bonté humaine. Que la plupart des lecteurs n’aient pas su le voir est une marque de notre époque. Que Bernard Maris aie été un lecteur sensible à cette marque discrète de l'oeuvre de Houellebecq voilà qui justifie - si besoin est - notre volonté de rendre hommage à sa mémoire.
Lien : http://www.pavillonblanc-col..
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