Bistouri, pince, ciseaux… Et marteau… Disséquons ce qui attend le lecteur dans le nouveau Cédric Sire, après deux ans 1/2 d’attente. Sans rien dévoiler du détail des plaies et des chairs.
Une attente récompensée, avec ce thriller qui plonge notre regard dans la pénombre du Dark Web. Et de ce qui est un vieux « fantasme » du net, les vrais tortures et meurtres filmés pour le plaisir des plus pervers.
Un sujet bien connu, donc, mais le plat saignant proposé est à point. Relevé et enlevé.
Deux caractéristiques sautent très vite au yeux, dans ce pavé de 575 pages. Le coté carré, d’abord. L’intrigue est maniée avec dextérité et surtout une volonté affichée de cadrer le décor. L’aspect en lien avec les réseaux souterrains et la manière d’y accéder est documentée et minutieusement intégrée dans l’intrigue. L’écrivain ne survole pas seulement ce sujet important, il le détaille pour que le lecteur plonge vraiment dans les entrailles du web.
Les personnages, ensuite. Tout passe par eux, et leurs parcours suit des chemins de traverse, rendant le scénario plus étonnant qu’il n’y paraît. Des caractères atypiques qui donnent du sel à l’histoire (versé sur les meurtrissures). Avec une place prépondérante donnée aux femmes.
Voilà donc un thriller ultra-efficace, où la violence et la tension sont présentes à chaque page. L’auteur a fait plus gore par le passé, mais ce n’est vraiment pas une promenade de santé qui attend ceux qui oseront tourner les premières pages.
A l’image d’Estel Rochand, ex-flic, du genre écorchée vive, qui vit à travers les coups donnés et reçus ; à l’excès. Personnage assez énigmatique, autant pour le lecteur que pour elle-même.
L’autre versant de la médaille est incarné par Quentin Falconnier, un policier spécialisé en cybercriminalité aux méthodes parfois « limite », qui est convaincu que la fin justifie les moyens.
Cette enquête, autour de meurtres abjects filmés en direct, va les mener très loin, les pousser dans leurs pires extrémités. Jusqu’à la confrontation attendue, explosive, et plus inattendue qu’il n’y paraît.
Cédric Sire a vraiment soigné sa narration, à mon sens l’un de ses romans les plus percutants.
Exit le fantastique, le virage est entamé depuis quelques années déjà. Avec cet auteur, pas de crainte à avoir, les amateurs de sensations fortes en auront pour leur argent. Ce Sire 2.0 est décidément en forme, pour son grand retour.
La course poursuite se met en place. Rapidement on comprend que l’affrontement final devra passer par de nombreuses phases préalables. Souvent surprenantes, même si l’écrivain cherche avant tout à consolider les fondations de son intrigue, en entrecoupant de scènes d’action très cinématographiques.
Du sang (beaucoup) et des larmes seront versées au fil des chapitres. Le livre porte bien son nom. Avec les tripes posées sur la table, au sens propre comme au figuré. Les protagonistes se dévoilent et se découvrent jusqu’à l’intime, pelés couche après couche.
Si vous aimez les thrillers pêchus, à l’efficacité redoutable, à la violence qui laisse des traces sur les murs et dans les chairs, le nouveau roman de Cédric Sire est fait pour vous.
La saignée est une virée très noire dans ce que le Dark web propose de pire. Mais aussi une plongée dans les méandres d’âmes défigurées, qui ne cicatrisent pas.
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