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Citations de Colum McCann (946)


Je me suis assis sur mon sac à dos, derrière la haie, à l’endroit où le vieux ne pouvait pas me voir ; j’ai observé le lent débit de la rivière et je l’ai observé, lui.

Même la rivière ne savait plus qu’elle était une rivière. Large et brune, quelques sacs plastique pris dans les roseaux, elle ne faisait plus le moindre bruit aux détours de son lit. Un morceau de cellophane s’était enroulé autour d’un des piliers du pont piétonnier. De l’huile flottait paresseusement à la surface, irisant l’eau dans le soleil de l’après-midi.

Et pourtant le vieux continuait à pêcher. La ligne s’est déroulée, accrochant la lumière, et la mouche s’est déposée doucement. Par de légers coups secs du poignet, il lui a imprimé quelques instants un mouvement tournant, il a baissé brusquement la tête après avoir lancé, il a retendu la ligne avec le moulinet et s’est frotté l’avant-bras.
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Chaque jour nos chants se teintaient de rouge et, à la vérité, comment nous le reprocher ?
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Aujourd'hui 16 juin 1961, nous déclarons par les présentes que NOUREIEV Rudolf Hametovitch, date de naissance 1938, célibataire, tatare, non affilié au Parti, ancien habitant d'Oufa, artiste du théâtre Kirov à Leningrad, et membre de cette troupe en tournée en France, a trahi la Patrie à Paris. Par ses absences en ville et ses retours tardifs à l'hôtel, NOUREIEV a violé le code de conduite des citoyens soviétiques à l'étranger. En outre, il a noué des liens étroits avec des artistes français, parmi lesquels des homosexuels connus. Malgré les avertissements qui lui ont été signifiés, NOUREIEV s'est entêté dans ses outrages. Il a donc été condamné par contumace, en novembre 1961, à sept ans de travaux forcés. Nous déclarons également que NOUREIEV Hamet Vassilievitch, qui désavoue publiquement et dénonce avec véhémence les actes de son fils, est autorisé à rester membre permanent du Parti.
Comité de la Sûreté à Oufa
Février 1962
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J’avais vu l’injustice partout. J’avais vu des gens dont la foi s’était brisée. J’avais vu un gouvernement abandonner ses citoyens et laisser les survivants ramasser les débris du naufrage. Des journalistes traités comme de simples poussières. J’avais vu certaines des choses les plus cruelles que des êtres humains peuvent s’infliger entre eux. Et pourtant, derrière tout cela, je savais qu’une ardeur et une bonté illuminaient encore le monde. J’avais rencontré aussi des êtres extraordinairement généreux et compatissants. J’avais aperçu des fissures dans le mur de la bureaucratie. J’avais découvert – et admiré – l’idée selon laquelle on pouvait être optimiste y compris face à la pire des réalités. Rester dans les ténèbres me paraissait lâche et mauvais. Avancer vers la lumière exigerait du courage. Il était beaucoup plus difficile d’être optimiste que pessimiste. L’optimisme existe en dehors de lui-même. Le pessimisme ne fait que se nourrir de lui-même.
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Une dernière pirouette dans l’entrée, et il était parti.
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C'était peut-être même plus simple, pensa-t-il, d'être un Palestinien à l'étranger que chez soi.
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Nous ne parlons pas de la paix, nous faisons la paix. Prononcer leurs prénoms ensemble, Smadar et Abir, est notre simple, notre pure vérité.
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Comme je le dis toujours, découvrir l'humanité de votre ennemi, sa noblesse, est un désastre; parce qu'il n'est plus votre ennemi, il ne peut plus l'être.
(p. 268)
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La balle qui tua Abir parcourut l'air sur quinze mètres avant de percuter l'arrière de sa tête, broyant les os du crâne comme ceux d'un petit ortolan.
Elle était allée à l'épicerie, acheter des bonbons.
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La morgue : le nom d’un bâtiment parisien, au début du XIXème siècle, où les cadavres des noyés de la Seine étaient disposés sur une plate-forme inclinée et soumis aux regards du public, parfois moyennant finance.
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Goethe disait que l'état d'esprit qu'inspirel'architecture se rapproche de l'effet produit par la musique - que regarder une chose revient à l'entendre. La musique est une architecture liquide, écrivit-il, et l'architecture est une musique fixée.
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Les jours durcissaient comme des pains : il les mangeait sans appétit.
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Les Mille et Une Nuits : une ruse de la vie face à la mort
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Le mot algèbre vient de l’arabe al-jabr, qui évoque la réparation des os cassés
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Nous, les Palestiniens, sommes devenus les victimes des victimes
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Quand vous êtes gamin, vous demandez toujours pourquoi. Mais les adultes oublient de demander pourquoi. Vous acceptez les choses , rien de plus.
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ça été le début d'une longue nuit noire et froide, qui est toujours longue et noire et froide, et sera toujours longue et noire et froide, jusqu'à la fin, quand elle sera encore noire et froide.
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A son retour de guerre, il dit à Nurit qu'il n'était pas sur d'être revenu chez lui en entier.
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Il y avait là une certaine arrogance mais, sur le fil l'arrogance était affaire de survie. C'était le seul moment où il pouvait totalement se perdre. Il se faisait parfois l'impression d'un homme qui voulait se détester. Se débarrasser de ce pied. De cet orteil. De ce mollet. trouver le lieu de l'immobilité. Cela tenait au vieux principe de la guérison par l'oubli. Devenir anonyme pour soi-même, se laisser absorber par son corps. Cependant les réalités se chevauchent : il voulait que l'esprit accompagne la chair jusqu'au cœur du bien-être.

   Cela ressemblait à faire l'amour avec le vent. le vent qui complique tout, qui s'emporte, qui lentement se dédouble, nous contourne et revient. Et le fil était frère de la souffrance : il serait toujours là à lui étriller les pieds, à peser sur le balancier, lui élancer les bras, lui dessécher la gorge, cependant la joie dominait la douleur, alors qu'importe. Même chose avec le souffle. Que le câble respire, pour qu'il puisse s'effacer. La sensation de se perdre jusqu’au dernier nerf, jusqu'à la cuticule. C'était ça dans les tours. La raison flottait. Le temps disparaissait. Le vent soufflait et peut-être son corps le sentait-il dès avant sa naissance.

   Il avait commencé depuis longtemps quand les hélicos de la police sont arrivés. Deux moucherons de plus dans les hauteurs : pas de quoi s'affoler. Leurs battements conjugués semblables à une rupture de cartilage. Ils n'essaieraient pas de l'approcher, bien sûr. Ils n'étaient pas stupides à ce point, supposait-il. Il n'en revenait pas que les sirènes puissent couvrir tous les sons : c'était comme si elles s'écoulaient vers le ciel. Il y avait maintenant des dizaines de flics sur le toit, criant après lui, courant dans tous les sens. Tête nue, retenu par un harnais bleu, l'un d'eux se penchait dans le vide entre deux colonnes de la tour sud, le traitant d'enculé, putain sors de ce putain de câble, connard, magne toi le cul avant que je t'envoie l'hélico, on va t'arracher de là, tu m'entends, tête de nœud, dégage ! Et le fil-de-fériste pensait : " Mais en voilà un drôle de langage." Et d'ailleurs, comment attrape-t-on un funambule ? Souriant, il a fait demi-tour et remarqué d'autres agents, du côté opposé, plus calmes, courbés sur leur talkies-walkies. Il entendait presque les parasites. Non, il ne voulait pas se payer leur tête, il voulait simplement rester : sans doute ne pourrait-il jamais recommencer.

   Les cris, les sirènes, et les mornes sonorités du dessous. À laisser ronronner, fondre dans le bruit blanc. Le silence ultime qu'il cherchait était exactement au milieu, à trente mètres de chaque tour, et il fermait les yeux, immobile, sur un câble disparu, l'air de la ville dans les poumons.

  Des cris au mégaphone : 

   - On envoie l'hélico ! On envoie l'hélico ! Dégage !

  Il a souri : jamais ils ne le feraient.

   - Tout de suite ! C'est un ordre !

   Il s'est demandé si la mort se présentait ainsi, le monde et ses rumeurs dont on se détache si facilement.

   Il s'est rendu compte qu'il avait conçu le premier pas sans jamais imaginer le dernier. Donc finir en beauté. Se tournant vers le mégaphone, il a attendu un peu. Baissé la tête comme pour signifier son accord. Oui, il venait. Il a levé un genou. Sa silhouette noire est visible d'en bas. La cuisse bien haute pour souligner l'effet. Une arabesque avec la jambe. La marche du canard. Puis un pied après l'autre, ainsi de suite, machinalement, et enfin au pas de course, la plante bien au milieu du câble, les orteils de biais, le balancier le pus loin possible, jusqu'au rebord de béton. Jamais il n'avait couru si vite sur un fil.

   Le flic a dû reculer pour l'attraper. Il lui tombait dans les bras.

   - P'tit con, a-t-il dit, avec un sourire cette fois...
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N’importe qui peut raconter une grande histoire, mais tout le monde ne chuchotera pas à ton oreille un souffle de beauté.
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