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Citations de Didier Decoin (535)


« Le douzième laveur de carreaux qui s’écrase en moins de six mois. Tous des Indiens. Je le croyais pourtant différents de nous autres, insensibles au vertige ? / Oui, ça se passe dans leur oreille interne. Maintenant, si ça se trouve, ils s’adaptent. Et ils en meurent. » (p. 13)
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C'est une longue histoire, dit Horty. Pour la comprendre, il faut que tu l'écoutes jusqu'au bout sans m'interrompre. Quand je te dirai qu'il pleuvait, il faudra que tu imagines la pluie. Pareillement, quand je te dirai qu'il faisait nuit, il faudra que tu essayes d'imaginer la pluie. Les mots sont si pauvres, ma petite.
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[...] mais elle n'a cessé de nous hanter - ''alors que c'est nous qui sommes sur le point de devenir des fantômes'', dit plaisamment Guila.
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Et j'avais acheté pour l'occasion de nouvelles chaussures: un acte quasi sacrificiel à mes yeux, tant je tiens pour absurde de dépenser des fortunes pour des souliers destinés à frayer parmi les crottes de chiens et les crachats qui étoilent les trottoirs.
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Mais la jeune femme ne manifestait aucune curiosité pour les autres facettes de l’œuvre de Tchékhov : sans qu’elle pût s’expliquer pourquoi, La Cerisaie suffisait à la combler. Plus elle voyait représentée cette fausse comédie qui était en réalité une vraie tragédie, plus elle rejoignait l’opinion de Tolstoï selon qui l’on pouvait lire, relire et rerelire Tchékhov de manière toujours différente, ce qui revenait à dire qu’une seule de ses œuvres – et donc La Cerisaie – contenait assez de raisons de désespérer en même temps que de s’émerveiller pour une vie tout entière.
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Il y a tant de boue. Il ressemble presque à une poterie.
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L'auberge des Deux Lunes dans l'eau était ainsi nommée parce qu'il advenait parfois, lorsque des gouttelettes de brouillard flottaient en suspension, qu'un effet d'optique donnât l'illusion de deux lunes se reflétant sur les eaux du Yodogawa.
La maison se prolongeait par un ponton tout de guingois qui s'avançait sur le fleuve. Plusieurs lourdes barques étaient amarrées aux pieux qui l'épaulaient.
Des Deux Lunes dans l'eau émanait une entêtante odeur de mousse et de farine mouilée due aux champignons qui colonisaient les murs en bois. S'y mêlaient, venant du dedans de l'établissement et se glissant par les interstices, des effluves de clou de girofle, de camomille et de poudre de riz, ce qui constituait une haleine plutôt insolite pour une auberge.
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Katsuro et Miyuki avaient donc choisi de se marier par "intrusion nocturne" une forme d'union d'autant plus répandue qu'elle ne coûtait rien ...
On conseillait à l'homme qui s'apprêtait à pratiquer une intrusion nocturne d'être à peu près nu lorsqu'il se glisserait dans la maison où reposait la femme dont il désirait devenir l'époux, non pas pour être plus vite entreprenant mais de façon à ne pas être confondu avec une fripouille - les voleurs opéraient en effet engoncés sous plusieurs couches de vêtements afin de se protéger contre d'éventuelles rossées de coups de bâton.
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Cette fois, j'étais sûr qu'elle avait pleuré: les gens qui pleurent ont souvent une haleine qui sent la banane - le monde est ainsi, plein de choses très curieuses que personne ne se préoccupe vraiment d'approfondir.
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Les humains ont une singulière propension à laisser traîner n'importe où les choses auxquelles ils tiennent pourtant le plus.
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Mais à présent, le mince fil invisible qui reliait encore Miyuki à Shimae se faisait plus ténu, plus fragile à chaque pas qui éloignait la jeune femme de son village. Elle n'était qu'au commencement de son voyage, et pourtant il lui semblait que certains aspects de Shimae s'effaçaient déjà de sa mémoire. La variété des couleurs, surtout, s'estompait au profit de vastes aplats monochromes, comme si les images de son passé immédiat était noyées sous des brumes rampantes, érodées par des coulées de sables mouvants. L'odeur verte et humide des rizières, odeur de frais végétal mouillé et de terre saturée d'eau, et celle, duveteuse, ouatée, de la vapeur du riz cuit s'échappant en buée des maisons, la fumée grise montant des bouses, le rouge vernissé des pruniers après la pluie d'automne -, elle pouvait les identifier, les décrire, mais ils n'étaient plus pour elle que des évocations immatérielles, des simulacres.
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Elle s’en voulut aussitôt de cette bouffée d’égoïsme, songeant que le sort de Katsuro n’était guère plus enviable que le sien, du moins en ces premières heures de sa mort qui étaient la période brumeuse où les âmes des défunts s’obstinent à vouloir renouer avec la vie qu’elles ont quittée et, ne pouvant y parvenir, en conçoivent une inquiétude
qui confine au désespoir.
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Sur un pont et dans la brume, précisa Nagusa. Le fait est que c'est une impression olfactive qui n'a jamais été composée. Et je n'ai pas la moindre idée de ce à quoi cela pourrait ressembler. Je n'ai plus l'âge des brouillards : quand la brume se lève, moi je vais me coucher ; et il y a fort longtemps que je n'ai pas couru avec une jeune fille.
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Nagusa savait donc mieux que personne qu'il n'existait à ce jour aucune traduction embaumée de l'image d'une demoiselle des brumes franchissant un pont en dos d'âne.
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Mais si nous parlions de votre affaire ? L'acte d'accusation tient en quelques mots : sabotage d'une mission militaire
- Et c'est grave, ça ?
- C'est même ce qu'il y a de plus grave, fit le Chinois en pesant chaque mot.
- C'est une histoire de fous ! protesta Djû. On devrait nous récompenser d'avoir voulu libérer ce petit panda, puisque la loi chinoise protège cet animal.
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Rien, ni dans son langage ni dans ses manières, ne peut laisser supposer qu'Emily n'est pas irlandaise, et une Irlandaise élevée en Angleterre, avec les exigences et la vérité que cela implique. Désormais, ce qui pourrait trahir ses origines sioux lakotas n'est plus d'ordre du visible : elle ne s'est pas contentée d'emprunter aux vieilles comédiennes leur accent irréprochablement anglais, elle a appris d'elles l'art d'enfouir sa propre vérité pour en endosser une autre.
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Incipit
Quelque part dans Harlem, odeur huileuse des buildings décatis, fragrance des cigares et des parfums au chypre, légumes écrasés sur la chaussée, linge aux balcons, culottes et soutiens-gorge aux bonnets impressionnants, le vent de l'East River plaque des journeaux contre le fût des réverbères, contre les bornes d'incendie autour desquelles dansent des gamins débraillés, le soleil et l'eau relaient des arcs-en-ciel entre leurs têtes crépues.
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Certains désirs ont en eux du sang d'animal, ils sont de la famille des hordes, des ruées, des charges - furieux, irrésistibles sont certains désirs.
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D’abord un peu terne, une clarté rabougrie s’étirait à l’horizon, lisse comme le premier trait de calame à partir duquel va se développer et s’ourler toute une calligraphie généreuse et splendide.
Puis, pulsée par la mer dont elle venait de naître, la lumière s’éleva, se dilata un peu plus à chaque palpitation, s’étala sur le ciel, le remplit, puis du ciel elle ruissela, s’épanchant sur la terre, envahissante et blanche comme du lait renversé, inépuisable, comblant tout ce qui n’était pas elle.
C’était l’aube.
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Attention, les jardins mélangent tout – la vie, l’amour, la mort.
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