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Citations de Didier Decoin (535)


Leurs destins étaient déjà tracés, mais ils n’étaient pas visibles, ils étaient encore de ces choses qui croissent dans le silence, qui bourgeonnent dans les ténèbres, comme certains cancers, comme certaines amours aussi, il y a tellement d’informulé dans un être humain.
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Jésus n'en veut pas à Pierre d'avoir chuté, il savait qu'il ne ferait que la moitié du chemin, les hommes vont rarement jusqu'au bout, presque toujours ils tombent avant. (p. 164)
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La présence de Dieu dans une vie n'est pas une sinécure. L'être humain n'est pas équipé pour cet éblouissement.
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Jayson a pris de nombreux clichés des corps éparpillés raidis par le froid dans des poses parfois très belles qui font penser à la façon dont la nature noue et torsade les arbres.
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… rien ne doit ralentir Chumani, il faut qu’elle maintienne son avance sur l’essaim des éclats d’obus incandescents et des billes de plomb chauffées à blanc, elle se souvient du jour où elle a été prise en chasse par des abeilles dont elle avait bousculé la ruche, les insectes s’étaient aussitôt lancé à sa poursuite, ondulant derrière elle comme un torrent en crue, et Chumani, bien qu’elle ne fût plus alors qu’une fillette à peine plus âgée que celle qu’elle tente maintenant d’arracher à la fureur des soldats américains, avait compris qu’il n’était pas question de ruser, qu’elle n’échapperait au dard des abeilles qu’à condition de courir plus vite qu’elles, plus vite qu’elle n’avait jamais couru. Les fragments de métal qui la poursuivent aujourd’hui ne sont pas plus intelligents que des abeilles, mais ils sont beaucoup plus rapides, elle ne les voit pas voler au-dessus d’elle mais elle les entend ronfler ou siffler, le bruit dépend de la forme qu’ils ont prise lors de la fragmentation de l’obus, puis ils s’abattent dans la neige avec des grésillements rageurs, et là où ils tombent s’épanoussent de larges ombelles de vapeur grise. (p.15)
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Le jour se levait, gris et lent. D’un geste, Kate désigna New York à sa gauche, et Brooklyn sur sa droite. La pâleur de l’aube confondait les deux cités en une succession à l’infini de façades obliques, sans ouvertures. Des fumées montaient droit vers le ciel. La ville était semblable à une ruine encore debout, après un incendie qui lui eût ravagé les entrailles.
Un clairon sonna, quelque part : les couleurs américaines s’élevaient le long du mât d’un bâtiment de guerre.
Kate répéta :
- Regarde !
Du bout de son aviron, Simon écarta le corps d’un oiseau marin aux ailes déchiquetées.
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Mais il ne considérait pas pour autant qu'en donnant trois fois la mort il avait commis quelque chose de plus condamnable que lorsqu'il tuait une mouche qui se risquait à portée de sa tapette.
A ses yeux, Annie Mae, Barbara et Kitty s'étaient montrées de la même imprudence que les mouches : elles étaient passées trop près de lui. Et donc il les avait tuées.
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je n'ai jamais vu la mer Rouge, mais je sais bien qu'elle n'est pas rouge. Pas plus, d'ailleurs, que la mer Noire n'est noire. La mer n'est rouge, vraiment rouge, qu'à Ecalgrain à une certaine heure, brièvement, quand le soleil couchant, comme un tube de peinture que l'artiste écrase, dégorge brusquement une coulée de sa pâte brillante et fluide, d'un incarnat si ardent, si dévorant que les plus vives couleurs de la palette semblent tout à coup d'une tristesse de suie.
La "rougie" de la mer se propage d'ouest en est, courant comme un incendie. Portée par les vagues, elle atteint le rivage, submerge l'ourlet de la plage, s'étale sur les galets en lave incandescente, embrase les lacets de la route, escalade les falaises où elle empourpre les bruyères, l'ocre brune des fougères, le nankin des ajoncs. Le rouge investit tout, faisant du moindre gravier un rubis, transformant les bouquets d'ombelles en forêt de petits érables qui flambent dans la gloire fugitive de quelques minutes d'été indien à l'échelle d'un talus ou d'un fossé. J'ai même cru voir, perché sur un rocher où il faisait sécher ses ailes, un cormoran virer du noir à l'écarlate.
Ce soir-là, mon premier soir de Hague avec Chantal, la "rougie" ne fulgura qu'une poignée de secondes : libérée par la tempête en fuite dont la violence continuait à rôder quelque part sur la mer, une brusque déchaînée de vent étouffa les derniers brasillements du soleil sous des nuées basses, épaisses, écumantes, qui dévalaient du ciel en roulant sur elles-mêmes comme une avalanche de neiges violacées.
Puis les nuages se regroupèrent, se soudant les uns aux autres à la façon des pièces d'un puzzle. Il n'y eut bientôt plus qu'une sorte de maussaderie, de couche uniforme de grisaille d'où se mit à tomber une pluie fine.
Le phare de la pointe Quesnard, au nord d'Aurigny, s'alluma.
Des moutons à tête noire s'étaient évadés de leur pâture pour descendre dans le fond d'un ravin, attirés par l'herbe grasse qu'y entretenait une source. Une paysanne et son fils s'efforçaient de les ramener sur la colline en les houspillant dans une langue courte et rauque, fustigeant d'un jonc leurs fesses laineuses, bourdonnantes de mouches.
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Il avait dit ça pour montrer qu’il n’était pas si bourgeois ni si feutré qu’il en avait l’air. Il avait eu autrefois prestance et charme, mais maintenant il était voûté et ses os saillaient sous sa redingote noire. Il s’était aspergé d’eau de lavande mais il sentait par dessus la flanelle humide, le cul de pipe, l‘amidon et le bain de bouche, la terre et l’or, le vieillard en somme. Il ne lui restait plus qu’à se faire passer pour républicain de progrès, libre penseur
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Didier Decoin
Dans sa cosmogonie, les jeunes filles étaient faites pour danser le rock'n'roll, piloter de minuscules et rageuses petites autos rouges, sentir bon, tricher au gin-rummy et se lécher les lèvres de façon impertinente en regardant les hommes.
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Le soir venu, quand Katsuro remontait de la Kusagawa, qu'elle l'apercevait enfin et se précipitait vers lui, sa bouche était sèche, ses lèvres racornies, sa langue nouée. Seul son sexe s'embuait au fur et à mesure qu'elle courait vers le pêcheur.
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... la plus belle chose que Miyuki ait jamais contemplée, exception faite, bien sûr, du corps de Katsuro les nuits où , après s'être occupé de ses poissons, il s'extrayait, nu, ruisselant, du bassin des carpes, et s'ébrouait, heureux, en lançant vers la lune une large pluie de gouttelettes comme s'il ensemençait le ciel, après quoi, toujours nu, le sexe luisant d'eau et de mucus, il enlaçait sa femme, la serrait à la faire crier, et l'aimait debout.
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- oui, bien que je n'aie pas procuré au client ce qu'il attendait de moi.
- Il prendra plaisir autrement, En imaginant ce que tu vas endurer pendant que la Mère t'arrachera un ongle.
C'est une douleur qui vous retourne le coeur, il le sait.
Bien sûr, il n'en verra rien, mais il lui suffira d'y penser pour éprouver un plaisir divin .
Les hommes sont ainsi. Pas tous, mais beaucoup d'entre eux.
Ils appellent cette jouissance particulière , la pluie sur les pavots pourpres.
La pluie, ce sont les larmes, et la danse affolée de tes doigts blessés figure celle des pavots sanglants.
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C’est exactement ce qu’avait espéré Hermie en choisissant de lui fabriquer ce damier et ces pions – qu’elle lui apprenne à jouer, car l’exiguïté du champ de jeu obligerait les deux joueurs à pencher leurs visages l’un vers l’autre, à mélanger leurs souffles et à emmêler leurs doigts en faisant sautiller les pions de case en case.
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En grandissant, à l’âge où les autres enfants sont attirés par les tambours, les crécelles, les pétards, et en général par tout ce qui fait du tapage, Sarah se mit à rechercher le silence.
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Né du nord, se coulant entre les monts Hiei et Atogayama, un vent violent, le kogarashi, « celui qui dénude les arbres », déferla sur la ville, couchant l’averse de neige à l’horizontale et fauchant les dernières feuilles. Le couple de gerfauts qui logeait dans un ancien nid de choucas de la pagode de Saijï s’envola en jetant des cris tristes. Et ce fut la nuit.
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[...] malgré l'accélération soudaine et inouïe de leur intelligence, les hommes de votre temps butèrent contre l'absurdité de leur condition. Ils ne furent en somme que des enfants réfléchissant sur l'enfance, et qui ne prendraient pas en compte la donnée de provisoire, la promesse de croissance et de métamorphose, qui s'attachent à cet état d'enfance. À moins de dix ans de son achèvement, il me semble que ce siècle est une ère écrasée, un à-plat auquel manque la troisième dimension, qui est celle du sens.
(p.24)
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Ce n'étaient pas eux qu'on allait juger. Eux, au sens le plus strict du mot, n'avaient rien fait.
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Les héros n'existent pas. Il y a seulement des gens qui croient très fort en certaines idées et qui sont incapables de vivre si on tente de les leur enlever.
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Ils se donnaient des rendez-vous où ils n'allaient finalement ni l'un ni l'autre, ce qui fait qu'ils ne pouvaient même pas s'accuser d'avoir attendu en vain.
Lorsqu'ils furent incapable de trouver des raisons de s'en vouloir, ils surent qu'ils ne s'aimaient plus.
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