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Critiques de Dominique Lapierre (291)
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...ou tu porteras mon deuil

Avant d’entamer le début du commencement des prémices de la mise en place de la présentation de cette chronique, il convient de faire deux ou trois précisions, et tout particulièrement de dire ce que n’est pas « … Ou tu porteras mon deuil » (ou plus exactement, ce qu’il n’est qu’en partie). Ce récit (ni un roman, ni un essai historique) n’est pas une « histoire de la Guerre d’Espagne » ni une « histoire de l’Espagne au XXème siècle » même si cette période (1936-1968) en constitue le décor, et même en détermine les épisodes particuliers. Ce n’est pas non plus, à proprement parler, une biographie d’El Cordobès, puisque l’intéressé est toujours de ce monde (2022), disons que c’est une évocation visant à expliquer la naissance d’une vocation et son épanouissement dans un contexte historique spécifique, le second expliquant en grande partie la première. Enfin, ce n’est pas un livre sur la corrida. Si El Cordobès avait fait sa fortune dans un autre domaine, le problème aurait été le même, il s’agit de la réussite d’un homme dans un art particulier (si on peut dire que la corrida est un art), quelle que soit l’activité choisie. D’ailleurs les auteurs, intelligemment, ne prennent pas parti quand ils évoquent ce monument de la culture hispanique : s’ils en saluent la beauté formelle, et les valeurs de courage qui l’accompagnent, ils en soulignent également la cruauté et la souffrance des animaux.

Ces quelques mises au point effectuées, vamonos !

Au moment (1968) où ce récit est publié, le franquisme est toujours tout puissant en Espagne. Franco lui-même est aux commandes pour encore sept ans. Les évènements racontés dans le livre sont encore tous frais dans les souvenirs (y compris pour nous, français, et particulièrement les frontaliers pyrénéens). Parmi mes voisins, mes amis et mes copains de classe, beaucoup étaient des réfugiés républicains qui avaient passé la frontière pendant et après la Guerre civile, pour fuir les geôles du Caudillo. Et par ailleurs, El Cordobès était venu souvent toréer dans les arènes du Sud de la France.

Manuel Benitez Perez est né en 1936 à Palma del Rio (près de Cordoue). Il n’aura pas à chercher bien loin pour trouver un nom de torero : « El Cordobès » signifie « Le Cordouan ». Très tôt, il perd sa mère, morte d’épuisement, puis son père, mort en prison de tuberculose et des suites de la guerre. L’enfance, misérable, se déroule entre pauvreté, famine, exploitation par les riches propriétaires terriens, et persécutions de la part des autorités, la violence fait partie du quotidien. L’échappatoire, pour Manuel, est dans la corrida : le sport national, il y voit conjugués son amour des taureaux et ses rêves de gloire. Le récit raconte tout son parcours : des modestes cours où il s’exrece à toréer aux plus grandes arènes du monde entier. Le petit Manuel, devient le grand El Cordobès, le cinquième calife (le top 5 des toreros de l’Histoire : il fait suite à Lagartijo, Guerrita, Machaquito et le légendaire Manolete, je dis ça pour faire mon intéressant devant les aficionados).

« Ou tu porteras mon deuil », c’est ce que dit Manuel à sa sœur Angelita, le 20 mai 1964, le jour de la confirmation de son alternative : « Ne pleure pas, ce soir, je t’achèterai une maison ou tu porteras mon deuil ».

Au-delà du récit purement personnel, les auteurs ont voulu montrer une destinée individuelle, celle d’une icône du XXème siècle, et plus encore, le triomphe de la volonté sur l’adversité. Bien sûr, ce n’est pas une hagiographie, El Cordobès a sûrement des zones d’ombre, mais son parcours, s’il n’est pas explicitement exemplaire, est symbolique d’une « carrière » comme on voit peu, de la construction d’une légende.

Ce genre de récit, et celui-là particulièrement, est conseillé à tous : amateurs d’Histoire, adeptes de la peoplemania (eh oui, El Cordobès, était l’équivalent des Beatles, et à la même époque !), aficionados de ce bel art de la corrida ou ennemis de cette boucherie organisée (je vous laisse choisir), ou simplement curieux de bonne curiosité, vous serez subjugués par cette histoire racontée de main de maître, puisée aux sources mêmes de ceux et celles qui en ont été et sont encore les acteurs.

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Il était minuit cinq à Bhopal

Je me souviens un cours de droit de l’environnement, à l’Université Toulouse 1 : « Après la catastrophe industrielle de Bhopal de 1984 qui fit… puis AZF en 2001… le législateur modifia la loi… ». C’est tout.



Dominique Lapierre et Javier Moro ont mené des recherches pour nous présenter la genèse de cette fuite de gaz dans une usine de pesticide, dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, qui provoqua la mort officielle 3828 personnes (le chiffre exact se situe entre 15000-30000) et 500 000 blessés.



Pourquoi une telle catastrophe ?



La mégalomanie de certains ingénieurs américains qui imaginaient écouler d’énormes quantités de pesticides sans tenir compte des aléas climatiques : en période de grande sécheresse, pas un paysan n’achetait de l’insecticide.

Le stockage en énormes quantités d’isocyanate de méthyle, ce qui avait affolé des ingénieurs allemands et français consultés en amont.

La logique financière qui pousse à des économies dérisoires, au mépris des règles élémentaires de sécurité, quand l’usine n’était pas rentable.

La désinvolture de nombreux ouvriers, contremaîtres et chefs, peu familiarisés par l’importance des règles de sécurité.

Et bien sûr, comme dans tout accident : l’absence en même temps du fonctionnement des mesures de sécurité. Une seule d’entre elle, en fonctionnement, aurait évité le pire.



Si certaines pages ont pu me paraître longues ou techniques, si la catastrophe proprement dite n’occupe que la fin du livre, vous l’aurez compris, ce livre est une mine d’informations. Un livre à offrir à tous ceux qui s’intéressent à l’Inde, à l’environnement et à l’industrie.
Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
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Ô Jérusalem

O Jérusalem,ville sainte et ville berceau des religions.

Et quelle déception pour moi avec ce livre dont chacun connaît la qualité d’écriture des auteurs mondialement reconnus . Et pourtant ce livre documentaire , quoique bien écrit, est teinté d’une religiosité malsaine. Le peuple juif est ici présenté en quelque sorte comme la victime des méfaits que tout les autres peuples lui infligent. Je ne cherche pas à prendre position dans ce débat, mais je trouve dommage que des auteurs avec autant de talents verse dans une apologie sémite aussi grossière.

J’aurais préféré plus de mesure .

La lecture fut longue et souvent pénible pour arriver au bout de l’ouvrage. Je préfère ce binôme dans les romans de fiction
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Ô Jérusalem

J’avais ce livre dans ma PAL depuis un long moment…je pense que cela se compte en années! Je ne sais pas trop pourquoi j’ai eu envie de l’en sortir début mars, mais je ne l’ai pas regretté!



Tout d’abord, il faut savoir que c’est un sacré pavé! Il fait plus de 900 pages, ce n’est pas rien!

Ayant lu « La Cité de la joie » de l’auteur Dominique Lapierre, je m’attendais à un texte plus romancé. Or là, c’est vraiment un documentaire, même si cela est écrit sous la forme d’un récit (ils donnent un air de récit grâce à plusieurs personnes qu’on voit réapparaître régulièrement au fil du récit) . Une fois cette surprise passée, je me suis plongée dedans.



J’ai fait une pause mi-mars dans ma lecture, mais en gros, j’ai été plutôt captivée. Bien évidemment, il faut un certain temps pour le lire, mais je ne me suis pas du tout ennuyée, ni lassée, au contraire, je l’ai trouvé absolument passionnant!



Je crois que je ne me rendais absolument pas compte de ce qui s’était passé et de comment le conflit israélo-arabe a pris de l’ampleur. Je ne connaissais vaguement que les grandes lignes,maintenant, on ne peut pas dire que je maîtrise le sujet, mais je comprends bien mieux ce qui s’est passé et pourquoi le conflit est toujours aussi vif aujourd’hui.



Ce récit couvre donc le temps d’une année, du 29 novembre 1947, à l’annonce du Partage de la Palestine au 17 juillet 1948 à l’annonce du second « Cessez-le-feu » qui divisera Jérusalem en deux durant 19 ans, avant que les juifs ne finissent par occuper presque toute la vieille ville.

J’aurais voulu savoir ce qui se passait après, mais ce récit ayant été écrit en 1971, on n’aurait pas pu aller vraiment plus loin…



Ce documentaire est sensé être impartial. J’ai trouvé que les auteurs en effet avaient fait de grands efforts pour rester neutre dans le conflit, mais j’ai parfois eu l’impression qu’ils penchaient plutôt du côté des juifs…



Après cet ouvrage est un récit assez fidèle de la manière dont les juifs se sont rendus maître de Jérusalem et donc d’Israël, il est -je pense- normal qu’on ait l’impression qu’il ne parle que des victoires des juifs, vu qu’au final, ce sont eux qui ont gagné cette guerre. On peut avoir alors l’impression d’un certain favoritisme et pourtant les auteurs ne font que relater les faits. Et si les parties sur la guerre juive sont plus longues, c’est peut-être aussi parce que les auteurs ont eu plus facilement accès aux témoignages et aux documents sur ce côté du conflit que de l’autre.



Ils n’ont en tout cas rien caché des atrocités qui ont été commises des deux côtés, aussi bien du côté arabe que du côté juif. Et il s’est vraiment passé des choses terribles, abominables même, tandis que les Nations Unies se contentaient de « discutailler » de détails et de prendre des pincettes pour tout…Ce documentaire est parfois assez violent.



Je pense que le pire pour moi reste quand même l’indifférence des anglais sur place face à tous ses événements. Les juifs et les arabes sont en guerre, on peut comprendre leurs batailles, mais que les anglais refusent d’intervenir alors qu’ils ont tous les pouvoirs et que leurs rôles est de maintenir un semblant de paix, cela me rendait hors de moi!



En tout cas, j’ai trouvé des réponses à mes questions : Comment les juifs ont fait pour renverser la situation, alors qu’ils étaient entourés de pays arabes qui entraient en guerre contre eux, qu’ils étaient très clairement en sous-nombre et sous-armé pour gagner? Pourquoi les arabes n’ont pas réussi à s’organiser en une seule et unique armée? Pourquoi les Nations Unies ont mis autant de temps à réagir?



Je n’ai qu’un seul regret : je trouve que ce livre n’a pas du tout assez parlé des autres communautés de la Ville Sainte. Il n’y avait pas que les arabes et les juifs dans cette ville, mais aussi tous les chrétiens (catholiques, orthodoxes et protestants), ainsi que le quartier arménien de la vieille ville. J’aurais voulu savoir comment eux avaient vécu ce conflit. Mais les auteurs en parlent à peine. Dommage.



———————————————–



Un documentaire sur le début du conflit israélo-arabe, plutôt neutre, absolument passionnant, une bonne manière de se plonger dans cette partie terrible de l’Histoire d’Israël. Je le conseille aux personnes qui veulent en savoir plus et qui préfère tout de même un récit à un documentaire pur et dur. Ce fut en tout cas une lecture que j’ai apprécié.
Lien : https://writeifyouplease.wor..
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La cité de la joie

Une relecture de ce roman s'est imposée naturellement quelques années plus tard dans une fiction pour les personnages, sauf mère Thérèsa fondatrice de La cité de la joie, receuillant les plus démunis pour les soigner. La réalité catastrophique naturelle des moussons touchants régulièrement une partie des Indes causant la perte de nombreuses vies humaines, principalement à Calcutta où se passe l'histoire fait encore régulièrement la une des actualités internationales. La narration de l'auteur reste un chef d'œuvre de précisions dignes des grands reportages, et de l'histoire du pays. La géographie majestueuse des paysages montagneux, les forêts, les descriptions minutieuses nous font voyager dans les champs de cultures provinciaux offrant un répit aux cultivateurs et au lecteur. Les couleurs et les odeurs hélas ne suffisent pas à combler la grande pauvreté des habitants des villes, leurs difficultés pour se nourrir au jour le jour, survivre dans des petits boulots harassants mal rétribués, dans la violence et la crasse, travailler d'arrache pied parfois jusqu'a la mort afin d'offrir à leurs enfants un meilleur sort que celui des parents. La cohorte des miséreux est un crève cœur d'injustices jusqu'aux clans mafioso, les castes religieuses si nombreuses participants à des exactions de règlements de comptes criminelles sur les populations totalement démunies devant la cruauté des puissants. Nombreux sont les médecins et les humanitaires qui s'aventurent toujours dans les chaos d'un immense pays en voie de développement. Jamais un roman si bien écrit, un challenge extraordinairement compliqué dans la simplicité des phrases, une prouesse digne des grands classiques d'autrefois animés par les dialogues des protagonistes du roman, les mots choisis pour expliquer le quotidien de l'extrême pauvreté. Une authentique référence littéraire.
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Le cinquième cavalier

L'Auteur Dominique Lapierre est décédé, lui et Larry Collins ont écrit plusieurs histoires et celles que je retiens en mémoire est La Cité de la Joie, mais surtout « Le cinquième cavalier » que j'ai lu il y a au moins quarante ans. Une histoire de chantage nucléaire avec Kadhafi comme le méchant de l'histoire. N'oublions pas à l'époque, alors que Nostradamus revenait à la mode, que le nouvel Antéchrist gouvernait la Libye. Un thriller extraordinaire et palpitant qui nous rappelle le même chantage que la Russie nous offre pour continuer son carnage en Ukraine. Un livre à lire.
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La cité de la joie

Un magnifique ouvrage très prenant, qui nous conduit dans les "slums" indiens, un livre que j'ai découvert récemment, le Calcutta très loin d'Hollywood et même de l'adaptation cinématographique, une magnifique histoire d'amour, d'amitié, d'entraide, malgré la pauvreté et la violence des bidonvilles indiens.
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Ô Jérusalem

Best seller monumental sur la naissance de l'état d'Israël et la première guerre qui l'a accompagnée. La documentation des auteurs est extrêmement complète et rigoureuse. Ben Gourion, Golda Meir, Abdel Kader et bien d'autres sont les héros de cette épopée extraordinaire où persévérance à connaître absolument.
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Paris brûle- t-il ?

Un classique absolument indémodable, tout comme le film qui en a été tiré.



Il s’agit en fait du récit heure par heure de la libération de Pairs, depuis la réunion de la Résistance où a été décidée l’insurrection, jusqu’à la reddition allemande et à la nuit de fête qui suivit. La description des combats est accompagnée d’une foule d’anecdotes, et d’un nombre colossal de témoignages de ceux ayant participé ou simplement assisté aux évènements ; des chefs de la Résistance à l’homme ayant le premier hissé le drapeau français sur la tour Eiffel, en passant par le général Leclerc et une mère cherchant son fils parmi les soldats de la deuxième DB. Le livre présente également le point de vue des Allemands, et cela va du général von Choltitz à un obscur troufion interné à Fresnes pour une histoire de larcin.



Il permet également de découvrir des éléments peu connus de ces évènements, tel que le rôle-clé du consul de Suède Raoul Nordling, ou la volonté d’Eisnhower de ne pas libérer Paris pour économiser l’essence, et comment Leclerc finit par outrepasser ses ordres pour sauver la ville.



La lecture en est donc particulièrement vivante, et le style haletant. Chacun des personnages dont il est question a réellement existé, et a vécu ce qui est raconté. On découvre bien des tragédies, mais surtout l’immense bonheur d’une population libérée, et la joie de ceux qui eurent la chance de retrouver un proche perdu depuis des années dans l’armée de Leclerc.



Une référence absolue sur le sujet, auquel je n’ai pas hésité à renvoyer une collègue quand elle m’a sorti « nan mais en fait Paris a pas du tout été libéré par les Français, c’est Henri Guillemin qui le dit ».
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La cité de la joie

C'est l'histoire d'une famille indienne qui, chassée de sa campagne par la sécheresse, arrive dans l'effervescence de Calcutta, l'inhumaine.

Autres personnages centraux : un jeune homme d’origine du nord qui va devenir prêtre et veut aller en Inde pour vivre au près des plus pauvres dans un bidonville (la Cité de la Joie); et enfin, un jeune médecin de Miami qui va être confronté à la maladie et à la souffrance.

Courage, compassion, entraide, survie par tous les moyens dominent dans ce récit.

Malgré la misère, la maladie, l'exploitation....il ressort malgré tout de ce livre un message d'espoir et d'optimisme.

Un livre très marquant, inoubliable.
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Ô Jérusalem

Ô Jérusalem est un énorme pavé pour nous expliquer le commencement de l'énorme conflit israélo-palestinien.

En refermant ce livre je n'ai pas retenu tous les noms et tous les faits relatés très précisément, mais je me souviens de la conviction inébranlable, de la souffrance, du courage,du sentiment d'injustice, de la peur, et de la barbarie de chaque camp.

Pour moi ce conflit reste incompréhensible, injugeable et inéteignable...

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Ô Jérusalem

Ô Jérusalem, Lapierre et Collins







Imposant ouvrage rédigé par deux journalistes qui retracent le conflit israélo-palestinien depuis la date du « Partage » opéré par les Nations-Unies le 29 novembre 1947 à Flushing Meadows, New-YorK .





Les hostilités commencent avant même la signature du Partage de la Palestine en novembre 1947. A partir de là, les deux camps s'équipent d'armes. Deux émissaires, l'un juif, l'autre arabe, manquent se croiser dans les bureaux d'un vendeur d'armes de guerre à Prague.

Les préparatifs sont restitués, scrupuleusement : mission de Golda Meïr aux USA, qui revient avec 50 millions de dollars, là où ses chefs ne pouvaient prétendre qu'à une maigre participation des juifs américains. Achat de surplus militaires aux Pays-Bas, affrètement de bateaux pour rapporter toutes ces armes jusqu'en Palestine. Un vrai effort de solidarité de la communauté juive pour s'armer. Jusqu'aux avions qu'on construit, petits, apparemment pas pour la guerre, avec des infrastructures qui ne laissent pas supposer qu'ils s'agit d’armes de guerre. Aux USA, on achète en pièces détachées toutes l'artillerie lourde, les tanks, et les machines susceptibles fabriquer des armes lourdes voyageront sous la forme de 75000 pièces détachées sous le nom de « machines textiles », à remonter arrivées à destination.

D'autres armes lourdes seront acheminées dissimulées sous des kilos d’oignons ! Un navire, le Borea, chargé au maximum d'armes bien cachées, sera immobilisé en Méditerranée jusqu'à la date fatidique de la création de l’État d'Israël, finalement les Anglais l'arraisonneront et la cargaison n'atteindra pas les côtes israéliennes.



Du côté arabe, les préparatifs sont moins organisés, moins concrets pour ce qui touche au matériel. Ce sont les hommes qui s'organisent et se regroupent. Le Grand Mufti à Jérusalem, Abdel Kader, tous les chefs arabes participent à un degré ou un autre et la guérilla est vive dans Jérusalem avec pour slogan : il faut rejeter les Juifs à la mer ! Le roi de Jordanie forme secrètement le projet d'annexer la Palestine arabe à son propre pays.

L'ère des attentats commence : l'hôtel Sémiramis au Caire, attaqué par les juifs, où mourront de nombreux arabes, touristes pour la plupart ; attentats arabes avec des camions piégés, dans le centre même de Jérusalem.



L'enjeu, c'est Jérusalem ! Les Juifs rejettent l'idée de partage de la ville sainte, les Arabes aussi. Les Anglais l'occupent, avec une position fluctuante, soutenant les Arabes, ne s'opposant pas finalement aux juifs. Ils iront même jusqu'à faciliter la mise sous contrôle de la ville sainte en informant précisément les juifs du moment de leur départ. Quartier par quartier, les juifs vont reconquérir Jérusalem, semant la peur chez les arabes et les poussant à l'exil, vers le Liban, vers Amman et Damas.

Les Arabes veulent « étrangler » la ville, l'affamer, pousser les juifs à la quitter. Le bus n°2 qui la dessert depuis les colonies juives extérieures est un danger à lui tout seul. Malgré le blindage des bus, les juifs sont attaqués, mitraillés sur le chemin. Il faut dire que le bus est alourdi et pèse, avec le blindage, près de sept tonnes. Autant dire que chaque voyage est un coup de poker avec la mort.



Des personnages historiques (Ben Gourion, qui se choisit ce pseudo signifiant « fils du lion » ; Golda Meïr, côté israélien, l'ex-SS Faw el Koutoub, le roi Abdullah de Jordanie, côté arabe) côtoient les habitants les plus modestes dans cet ouvrage. Chacun y est traité, dans sa réalité et son destin, avec la même attention. Et on vit avec eux ce que furent ces années de violence et de peur.



Des événements forts marquent le cheminement des Juifs vers la création de leur État : le 9 avril 1948, l'effroyable massacre du petit village arabe de Deir Yassin par les extrémistes juifs (Irgoun et groupe Stern), sorte d'Ouradour sur Glane palestinien qui enflammera la haine et le désir de vengeance des Arabes. Le siège de Jérusalem qui verra ses habitants affamés, massacrés par les Arabes et enfin, par vote au Conseil juif, par une seule voix de majorité, la création de l’État d'Israël le vendredi 14 mai 1948. Sur neuf membres du Conseil, quatre voulaient décider une trêve avec les Arabes et reporter la création de l’État.



Il est tout de même à noter que les auteurs marquent bien la différence à leurs yeux entre les juifs, ingénieux, créatifs (créer des grenades à partir de boîtes de cigarettes vides), organisés, courageux, dotés de vrais chefs de guerre et le côté arabe, où on voit des hordes sans discipline, sans entraînement militaire, sans chefs mais supérieures en nombres.



Pour conclure, une étude nourrie, détaillée, illustrée de nombreux faits anecdotiques en apparence mais qui tissent l'invraisemblable gâchis que le monde va voir vivre sous ses yeux durant des décennies et qui perdure encore. Une analyse qui ne prend pas parti, qui dissèque et restitue avec un souci d'exactitude.

Sous nos yeux des destins se nouent et s'achèvent, des êtres humains prennent vie grâce à une enquête serrée des deux auteurs et nous les voyons vivre, lutter, s'en sortir ou mourir. Avec empathie, avec consternation et sans juger non plus car tel n'est pas notre rôle.







Ô Jérusalem, Lapierre et Collins







Imposant ouvrage rédigé par deux journalistes qui retracent le conflit israélo-palestinien depuis la date du « Partage » opéré par les Nations-Unies le 29 novembre 1947 à Flushing Meadows, New-YorK .





Les hostilités commencent avant même la signature du Partage de la Palestine en novembre 1947. A partir de là, les deux camps s'équipent d'armes. Deux émissaires, l'un juif, l'autre arabe, manquent se croiser dans les bureaux d'un vendeur d'armes de guerre à Prague.

Les préparatifs sont restitués, scrupuleusement : mission de Golda Meïr aux USA, qui revient avec 50 millions de dollars, là où ses chefs ne pouvaient prétendre qu'à une maigre participation des juifs américains. Achat de surplus militaires aux Pays-Bas, affrètement de bateaux pour rapporter toutes ces armes jusqu'en Palestine. Un vrai effort de solidarité de la communauté juive pour s'armer. Jusqu'aux avions qu'on construit, petits, apparemment pas pour la guerre, avec des infrastructures qui ne laissent pas supposer qu'ils s'agit d’armes de guerre. Aux USA, on achète en pièces détachées toutes l'artillerie lourde, les tanks, et les machines susceptibles fabriquer des armes lourdes voyageront sous la forme de 75000 pièces détachées sous le nom de « machines textiles », à remonter arrivées à destination.

D'autres armes lourdes seront acheminées dissimulées sous des kilos d’oignons ! Un navire, le Borea, chargé au maximum d'armes bien cachées, sera immobilisé en Méditerranée jusqu'à la date fatidique de la création de l’État d'Israël, finalement les Anglais l'arraisonneront et la cargaison n'atteindra pas les côtes israéliennes.



Du côté arabe, les préparatifs sont moins organisés, moins concrets pour ce qui touche au matériel. Ce sont les hommes qui s'organisent et se regroupent. Le Grand Mufti à Jérusalem, Abdel Kader, tous les chefs arabes participent à un degré ou un autre et la guérilla est vive dans Jérusalem avec pour slogan : il faut rejeter les Juifs à la mer ! Le roi de Jordanie forme secrètement le projet d'annexer la Palestine arabe à son propre pays.

L'ère des attentats commence : l'hôtel Sémiramis au Caire, attaqué par les juifs, où mourront de nombreux arabes, touristes pour la plupart ; attentats arabes avec des camions piégés, dans le centre même de Jérusalem.



L'enjeu, c'est Jérusalem ! Les Juifs rejettent l'idée de partage de la ville sainte, les Arabes aussi. Les Anglais l'occupent, avec une position fluctuante, soutenant les Arabes, ne s'opposant pas finalement aux juifs. Ils iront même jusqu'à faciliter la mise sous contrôle de la ville sainte en informant précisément les juifs du moment de leur départ. Quartier par quartier, les juifs vont reconquérir Jérusalem, semant la peur chez les arabes et les poussant à l'exil, vers le Liban, vers Amman et Damas.

Les Arabes veulent « étrangler » la ville, l'affamer, pousser les juifs à la quitter. Le bus n°2 qui la dessert depuis les colonies juives extérieures est un danger à lui tout seul. Malgré le blindage des bus, les juifs sont attaqués, mitraillés sur le chemin. Il faut dire que le bus est alourdi et pèse, avec le blindage, près de sept tonnes. Autant dire que chaque voyage est un coup de poker avec la mort.



Des personnages historiques (Ben Gourion, qui se choisit ce pseudo signifiant « fils du lion » ; Golda Meïr, côté israélien, l'ex-SS Faw el Koutoub, le roi Abdullah de Jordanie, côté arabe) côtoient les habitants les plus modestes dans cet ouvrage. Chacun y est traité, dans sa réalité et son destin, avec la même attention. Et on vit avec eux ce que furent ces années de violence et de peur.



Des événements forts marquent le cheminement des Juifs vers la création de leur État : le 9 avril 1948, l'effroyable massacre du petit village arabe de Deir Yassin par les extrémistes juifs (Irgoun et groupe Stern), sorte d'Ouradour sur Glane palestinien qui enflammera la haine et le désir de vengeance des Arabes. Le siège de Jérusalem qui verra ses habitants affamés, massacrés par les Arabes et enfin, par vote au Conseil juif, par une seule voix de majorité, la création de l’État d'Israël le vendredi 14 mai 1948. Sur neuf membres du Conseil, quatre voulaient décider une trêve avec les Arabes et reporter la création de l’État.



Il est tout de même à noter que les auteurs marquent bien la différence à leurs yeux entre les juifs, ingénieux, créatifs (créer des grenades à partir de boîtes de cigarettes vides), organisés, courageux, dotés de vrais chefs de guerre et le côté arabe, où on voit des hordes sans discipline, sans entraînement militaire, sans chefs mais supérieures en nombres.



Pour conclure, une étude nourrie, détaillée, illustrée de nombreux faits anecdotiques en apparence mais qui tissent l'invraisemblable gâchis que le monde va voir vivre sous ses yeux durant des décennies et qui perdure encore. Une analyse qui ne prend pas parti, qui dissèque et restitue avec un souci d'exactitude.

Sous nos yeux des destins se nouent et s'achèvent, des êtres humains prennent vie grâce à une enquête serrée des deux auteurs et nous les voyons vivre, lutter, s'en sortir ou mourir. Avec empathie, avec consternation et sans juger non plus car tel n'est pas notre rôle.



















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La cité de la joie

C'est un livre qui mérite d'être lu au moins une fois, je trouve.



J'ai trouvé les descriptions parfois un peu longues. On s'apesantit parfois sur certains détails très longuement. Cela nous permet de voir en profondeur les traditions et coutumes de l'Inde.



Les différents destins se dessinent tout au long de l'histoire: Lambert, Hasari et sa famille ne sont jamais loin de l'autre. l'un est prêtre et tente de vivre comme les autres dans cette fameuse Cité de la Joie. Hasari arrive de la campagne et essaie de se créer une place stable pour lui et les siens.



Ils finiront par se cotoyer.



La douceur, mais aussi le réalisme du récit m'ont fait apprécier la lecture. Je ne dirais pas que je me suis completement retrouvée plonger dans ce que j'ai lu, mais j'ai découvert pas mal de choses.



C'est la première fois que je découvrais un livre de cet auteur. J'ai trouvé qu'il s'était vraiment documenté pour pouvoir le réaliser.
Lien : http://au-fil-des-pages477.b..
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Il était une fois l'URSS

Nous ne sommes que onze à l'avoir lu ? Dommage... Ce récit de voyage et traité de géopolitique est riche d'enseignements.

Ceci dit, je reconnais que l'Histoire et la vie des pays de l'Est m'intéresse vraiment. Si ce n'est pas le cas, je comprends que l'on passe à côté mais ne serait-ce que pour l'information en elle-même il vaut le coup d'être lu.

Et, Dominique Lapierre est vraiment un "grand Monsieur".
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Paris brûle- t-il ?

Aujourd'hui, on appellerait sans doute cet ouvrage un "docufiction". Mais ce mot n'existait pas encore au milieu des années 60, à sa parution. Les auteurs, qui se sont beaucoup documentés retracent les deux semaines qui ont précédé la Libération de Paris. Dans une écriture très journalistique, plus efficace qu'élégante, ils accumulent de courtes anecdotes racontées par divers acteurs de cet évènement historique, mêlant les évènements les plus tragiques ou les plus lourds de conséquences aux historiettes les plus triviales : des ordres de Hitler de détruire Paris aux aventures du résistant chargé de "prendre" l'hôtel Matignon et qui le cherche sur la mauvaise rive de la Seine, des combats acharnés au canard oublié dans la soute d'un char... Le tout n'a pas l'ambition de proposer une interprétation historique, ou un éclairage particulier sur cette époque, mais tout simplement de montrer comment le pire aurait du se produire, et comment il a été évité. Au total, j'ai le sentiment d'un ouvrage qui réussit à rendre l'ambiance de la Libération : un mélange de tragique et d'initiatives hasardeuses, de courage et d'amateurisme. Très proche des récits de mes grands parents !
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Cette nuit la liberté

Cette nuit la liberté, c'est l'épopée de l'indépendance de l'Inde, depuis les premiers mouvements de révolte contre l'occupant anglais, jusqu'à l'assassinat de Gandhi.

C'est un tour de force de la part des auteurs. On ne s'ennuie pas un instant, on en redemande, on voudrait que cela ne finisse jamais. On redécouvre l'histoire de cette période d'une incroyable densité, on fait connaissance de personnages inoubliables, on croise Gandhi, Nehru, Ali Jinnah, Lord Mountbatten, Patel, on s'accroche à leurs combats, on espère avec eux et on souffre avec eux. L'enfermement, les prisons, les échecs, les violences, les injustices, mais toujours l'espoir immense que l'Inde sera libre.

Et c'est l'Inde. Celle de la misère et de la corruption, des castes et des injustices. Des campagnes miséreuses et des extravagances inimaginables des maharadjahs. L'Inde à l'histoire si ancienne qu'on ne sait plus d'où viennent les textes sacrés que l'on connait par coeur. L'Inde aux constructions délirantes, symboles de l'amour fou, de la gloire éternelle, de la recherche d'éternité. L'Inde surpeuplée où l'on parle 800 langues et où l'on prie 18 millions de dieux.

Rien n'est omis de tout le processus qui a conduit à l'indépendance. La volonté et l'abnégation de quelques hommes, les convictions inébranlables, les erreurs commises par les uns ou les autres, jusqu'au choix de la date de l'indépendance, erreur fatale. Les massacres parmi les plus monstrueux de l'Histoire auxquels a conduit la partition.

Et du début à la fin de ce livre inoubliable, le personnage de Gandhi, et on ne peut s'empêcher de citer Einstein "Les générations qui nous suivront auront du mal à croire qu'un tel homme ait un jour marché sur cette terre".
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La cité de la joie

"Les pleurs du nouveau né emplissaient la nuit."

Le nouveau né va vivre et des cris de joie retentissent, "les lépreux de la courée débordent de joie.Impossible de les retenir."

Cette joie, qui déborde, ce jour là,béni des dieux, dans La cité de la joie,livre de Dominique Lapierre et bidonville de Calcutta,ponctue parfois la misère(les familles des Intouchables sont les premières décimées par la famine,la vermine,les rats,les mouches, les cyclones et autres catastrophes),redonne parfois le sourire aux lépreux(contaminés par les "mille huit cents tonnes d'ordures" journaliers), efface parfois les larmes des filles( un peu trop fardées qui remettent à leur mère un "billet de dix roupies"),insuffle parfois la vigueur aux corps épuisés par les dons de sang(que ne ferait-on pas pour quelques roupies?), voilà le message transmis, il faut garder la foi, fêter Dieu et les dieux selon ses croyances,la joie et l'espoir malgré tout.

La cité de la joie nous conte l'aventure de "grand frère"Paul Lambert,prêtre missionaire catholique,(dont "l'allure et la tenue décontractées évoquent l'acteur Jack Nickolson)qui s'implique de toute la force de sa foi auprès des démunis,de Ram Chandeur,le tireur de rickshaw, de Max Loeb,le médecin américain, le "sahib" horrifié au départ par "le défilé interminable et pathétique" des malades qui monte un dispensaire. La cité de la joie,de Dominique Lapierre(écrivain, grand reporter à Paris Match et fondateur d'une association de soutien aux enfants de lépreux à Calcutta), sur fond réel historique, (traduite en plusieurs langues et produite au cinéma)qui relate la rencontre "sous les cataractes de la mousson" d'une poignée d'hommes,devenus héros malgré eux,est un bel exemple d'humanité et de fraternité. Emouvant!
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Cette nuit la liberté

On ne présente plus le tandem Dominique Lapierre et Larry Collins.

Le duo franco-américain s'était attaqué dans les années 70 à un gros morceau : Cette nuit la liberté est le récit de l'indépendance et de la douloureuse partition des Indes avec la création du Pakistan.

À l'issue de la seconde guerre mondiale, la Grande Bretagne se réveille exsangue et n'a plus les moyens de ses ambitions coloniales.

Le rêve colonial est terminé et avec lui le temps de fastes impériaux qui rivalisaient avec ceux de Versailles et de Louis XIV.

Lord Mountbatten est nommé vice-roi des Indes avec la mission de liquider le fleuron de l'empire britannique, le joyau de la couronne, et donc de sonner l'heure de la décolonisation dans le monde.

Quelques mois plus tard, en août 1947, l'Inde devient indépendante, le Pakistan voit le jour.

Les auteurs nous font vivre ces quelques mois, aux côtés du vice-roi et de son épouse, du prophète Mohandas Karamchand Gandhi, du leader musulman Muhammad Ali Jinnah et de l'homme politique indien Jawaharlal Nehru, chacun empêtré dans ses préjugés mais chacun tenant son rôle en train d'écrire l'Histoire moderne.

Les colons anglais, toujours imbus de leur supériorité raciale, nés pour soumettre et gouverner, doivent renoncer rapidement à leurs privilèges et à leur vie de château, abandonner le concept victorien de la prééminence de l'homme blanc et laisser les indiens construire leur nation.

Ou plutôt leurs nations, puisqu'en l'absence de l'arbitre anglais, les musulmans et les hindous ne pourront rester unis au sein d'une Inde (re-)dessinée par les colons : ce sera un bain de sang, des centaines de milliers de personnes massacrées, des dizaines de millions de personnes déplacées.

L'Inde est indépendante, le Pakistan est né et quelques semaines plus tard le Cachemire est envahi et, à son tour, partagé en deux : ce seront les lignes de partage des rivalités actuelles.

Très actuelles : c'est d'ailleurs tout l'intérêt du bouquin que de nous faire connaître les fondations d'une géopolitique qui fait toujours l'actualité soixante-dix ans après.

Bien sûr, la prose de Lapierre et Collins est toujours aussi fluide et agréable, fleurie d'anecdotes et de petites histoires, portée par le souffle épique de la grande Histoire ... tout cela est passionnant et instructif.

Pour celles et ceux qui aiment l'Histoire avec un grand H.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
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La cité de la joie

« Les Saints vont en enfer » ce titre de Gilbert Cesbron pourrait servir de sous-titre à ce roman (si toutefois c’est un roman), magnifique témoignage d’amour, d’espérance et de charité (trois vertus « chrétiennes »), d’humilité, de sagesse, de tolérance et d’acceptation (vertus hautement humanistes toutes religions confondues). « La Cité de la joie » est un manifeste pour la défense de l’humain contre toutes les agressions extérieures, qu’elles soient naturelles, liées au climat, aux maladies, à la pauvreté, ou hélas humaines, liées principalement à la violence et à la corruption.

Calcutta c’est « Enfer-sur-Terre ». Les statistiques (2011) donnent 4 millions et demi d’habitants et une densité de 21800 habitants au km2 ! Dans les années 1980, où se passe l’action, c’était un peu moins, sans doute, mais le drame de la surpopulation existait depuis des siècles. Avec tout ce que cela suppose comme effets catastrophiques. Et pourtant les gens vivent dans cet enfer, vivent et meurent, bien sûr, vivent ou survivent, dans des conditions que nous, nantis des pays occidentaux, avons peine à imaginer.

Ce que nous montre Dominique Lapierre, c’est que ces gens, qui vivent dans l’extrême pauvreté, qui cohabitent avec les rats, les serpents et d’autres colocataires (à deux pattes, parfois) tout aussi dangereux, ces gens qui n’ont pas à manger, qui travaillent (quand ils ont un travail) au jour le jour, ces gens qui pataugent dans la boue dans la crainte des inondations, eh bien ces gens ne sont pas « malheureux » (au sens que nous donnons, chez nous, aux mots « bonheur » et malheur »). Ils ont une résilience qui leur fait accepter leur sort, avec résignation, certes, mais avec aussi confiance et espérance. Ce message est d’une portée incalculable

L’histoire (bien que la narration ne soit pas le thème premier du livre) est celle d’une poignée de bénévoles, « saints » religieux ou laïcs qui se plongent au milieu de cette population dans le seul but d’aider et de soulager, sans rien attendre en retour : un prêtre français Paul Lambert, qui recherche la source même de sa vocation, plus proche de Vincent de Paul que de Bossuet, un jeune médecin américain, une infirmière, plusieurs Indiens dont un tireur de pousse-pousse, une poignée de héros du quotidien dont la raison de vivre est de soulager la misère du monde. Tâche immense, incommensurable, à la mesure de cette ville, de ce pays, de ce peuple où les dieux avoisinent avec les humains, où les traditions perdurent même au plus fort de la misère, où les traditions freinent la modernité mais n’empêchent pas de regarder l’avenir avec une sorte de sérénité dont nous, occidentaux, serions incapables.

Calcutta pour tous ces personnages, est un lieu de rencontres. Peut-être même plus, un lieu d’osmose, ils se fondent dans cette population pour en épouser les joies et les peines, les déceptions et les espérances.

C’est aussi le cas de l’auteur. Venu ici avec Larry Collins pour écrire « Cette nuit la liberté » il a eu le coup de cœur pour ce pays d’une richesse absolue en même temps que d’une pauvreté indicible, pays de contrastes tellement forts, pays surtout habité par un peuple multimillénaire, d’une immense profondeur spirituelle, qui le fait survivre au-delà de l’enfer terrestre où il est confiné.

Ce que Dominique Lapierre a mis dans ce livre dépasse le travail du journaliste, du reporter, du romancier. C’est un chant d’amour pour un pays, un hymne à la vie, et tout en même temps, un appel à la tolérance universelle, à l’espérance, et à la paix.

Un chef-d’œuvre, parmi les plus grands témoignages du XXème siècle, à lire absolument.



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La cité de la joie

Un des plus beaux livre que j'ai eu la chance de lire dont est tiré le film éponyme avec Patrick Swayze.Cette plongée dns les bidonvilles de Calcutta évite l'écueil du misérabilisme ainsi que celui de trop enjoliver la situation, elle colle au fait sans en rajouter ce qui donne à ce livre sa force de témoignage et rend la lecture passionnante. Un livre temoignage qu'on imagine à peine romancé tant tout sonne juste et vrai.
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La cité de la joie est en pleurs

J'ai commencé ma carrière littéraire très fort, à 18 ans, en payant mes 1000 premiers kilomètres, seulement ...?... nous étions alors en 1949

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