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Critiques de Doris Lessing (529)
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Le cinquième enfant

Harriett et David ont dès le début envie de fonder une grande famille. Et pour pouvoir loger un grande famille, il faut une grande maison ! Pour cela il leur faut quitter Londres pour une ville assez proche, où ils tombent sous le charme d'"une grande maison victorienne au jardin mal entretenu". "Une maison à deux étages, avec un grenier, pleine de chambres,, de corridors et de paliers"... Voici pour le décor, victorien et gothique à souhait. Et dans cette maison au jardin mal entretenu, il y a comme une chambre magique à faire des bébés ! Harriett enchaîne les grossesses en un temps record. La famille, les voisins, les amis débarquent dans la grande maison pour Noël et Pâques, pendant des années, à tel point que le couple devient réputé pour les fêtes qu'il organise.



Tout va bien dans le meilleur des mondes, jusqu'au jour où s'annonce la cinquième grossesse. A partir de ce moment-là, Doris Lessing se délecte à casser l'image de la femme enceinte heureuse et de son accomplissement à travers la maternité. Une ambiance à la Rose-Mary's Baby s'installe (c'est du moins la très forte impression que j'ai eue !). Avant même d'être né, le bébé a décidé d'en faire voir de toutes les couleurs à sa mère, l'empêchant de dormir par son agitation intra-utérine. Une fois né, Ben (puisque c'est ainsi qu'il sera prénommé) est "une créature batailleuse", très costaud, qui a besoin de double ration de biberon prescrites pour un bébé de son âge : il lui en faut pas moins de dix par jour et même davantage... Et quand il tête sa mère, il la laisse meurtrie de bleus ! Ben n'est pas un beau bébé, d'ailleurs il ne ressemble pas un bébé :



"Il avait la tête rentrée dans les épaules, comme s'il avait été accroupi et non couché. Le front offrait une pente uniforme, et les cheveux poussaient curieusement en deux épis sur le devant, formant un genre de triangle qui descendait assez bas sur le front, jaunâtres et hirsutes, tandis que, derrière et sur les côtés, ils étaient aplatis. Il avait les mains épaisses et lourdes, avec les paumes noueuses." Il a des "yeux vert-jaune" sans "aucune lueur de reconnaissance". Harriett trouve qu'il ressemble à "un troll ou un lutin" ! Elle finit même par sincèrement croire qu'il n'est pas humain, qu'il vient du monde du Petit Peuple, etc. Cela revient souvent dans ses propos !



Une chose est certaine : cet enfant fait peur. La famille, les amis prennent leurs distances avec le couple. Ben est un être violent. Il lui prend de tuer des animaux en les étranglant. Harriett et David finissent par l'enfermer dans une des chambres de la maison, de peur qu'il ne fasse du mal à ses frères et soeurs, qui d'ailleurs, ne l'aiment pas. Puis David décide de le placer dans une institution pour inadaptés... (je ne raconte pas la suite mais ça ne s'arrête pas là).



Doris Lessing se fait sarcastique sur le sort réservé aux êtres différents, hors normes, sur le regard d'autrui et des proches en particulier. Cependant, elle fait de Ben un personnage effrayant, pas du tout sympathique. On n'a aucune empathie pour lui. Elle maintient donc une certaine ambiguite pour montrer également la difficulté à gérer un enfant différent, sans pour autant s'apitoyer sur le sort des parents. On trouve Harriett stupide quand elle pense sérieusement que son fils n'est pas humain !



Doris Lessing vous happe littéralement, maintient un suspense de tous les diables, jouant avec la frontière du fantastique et l'imagination du lecteur en experte ! On suit l'évolution de Ben jusqu'à l'âge adulte et on n'est pas trop surpris du chemin social qu'il emprunte. Il y a une suite à ce roman : Le monde de Ben.
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Les Grand-mères

La photo de la couverture est loin d’évoquer ces grand-mères qui ne s’habillaient qu’en noir et ne se souciaient plus de coquetterie. S’agit-il donc ici de celles étiquetées rapidement de cougars? C’est exactement ça, sauf qu’en plus d’aimer des jeunes de l’âge de leurs fils, leurs maisons se faisant face et les maris étant mort ou absent, c’est à deux qu’elles ont élevé ces garçons devenus leurs amants à peine sortis de l’adolescence.

Ils s’aiment. Ils ne font pas de scandale. Personne ne se doute de rien puisqu’ils ont toujours vécu ensemble.

Le récit s’ouvre sur une scène idyllique. Dans une baie paradisiaque donnant sur l’Océan. Quatre adultes et deux petites filles, «des êtres soignés et resplendissants» sont installés à la terrasse d’un établissement prestigieux.

Un beau tableau offert à l’admiration de tous. Il ne manque que les mères des petites filles, trop souvent absentes. Mais en voici une qui arrive justement.

Éclate alors une scène, rapide et feutrée en apparence, décisive pour l’avenir de tous, en réalité. Les mères viennent de découvrir les amours illicites et reprennent leurs enfants, «loin de leurs maris, loin de leurs belles-mères.»

C'est le passé de ces amours troubles. qu'évoque la suite du récit



Aurais-je été attirée par ce titre peu encourageant si le nom de l’auteur ne m’avait pas sauté aux yeux?

On dirait ici un essai sur la génération des plus de cinquante ans et ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus, mais Doris Lessing, prix Nobel de littérature 2007, dont j’ai tellement aimé «Le carnet d’or» s'est toujours intéressée aux phénomènes de société. L’éditeur parle de ce petit livre comme d’ «un texte sulfureux et dérangeant sur des amours scandaleuses. Roman du non–dit et de la dissimulation.»

Voilà qui est alléchant et qui aurait pu me plaire! Hélas, quelle déception! Juste une petite nouvelle très lisse, une bluette. Tout est dit, très vite, rien n'est approfondi. On frôle l' Harlequinade!










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Victoria et les Staveney

Un récit court mais incroyablement dense qui met en relief les barrières sociales, raciales et les préjugés qui vont avec, dans la société anglaise contemporaine.

Victoria est une jeune Anglaise d'origine jamaïcaine. A l'âge de neuf ans, suite à l'hospitalisation de sa tante et "tutrice" elle pénètre dans l'univers des Staveney, une riche famille blanche de Londres. Elle fréquente en effet la même école que leur jeune fils Thomas.

Après avoir été une camarade de jeux proche de Thomas, leurs chemins se séparent. Ils se retrouvent par hasard cinq ans plus tard. Thomas et Victoria, au cours d'un été mémorable, franchissent allégrement la frontière parfois bien ténue qui sépare l'amitié de l'amour.

Encore une séparation: Victoria va vivre sa vie, s'assumer en tant que jeune adulte. Elle se retrouve enceinte de Thomas mais va attendre plusieurs années avant de lui annoncer la nouvelle...de cette paternité inattendue.

La famille blanche de Thomas va décider d'accueillir la jeune métisse, nommée Mary, issue des amours de leur fils Thomas avec Victoria.

Une intégration qui s'accompagne d'ambiguïtés très fortes: Si la plupart des membres de la famille sont heureux de compter parmi eux désormais une jeune métisse qu'ils vont aider à accomplir ses premiers pas dans la vie, il n'en reste pas moins qu'ils se montrent prisonniers de préjugés sociaux et raciaux.

Ainsi la jeune mère Victoria est invitée de temps en temps mais elle ne peut rester trop longtemps dans la maison familiale. De même le jeune demi-frère de Mary, Dickson, né d'une union plus récente entre Victoria et un jeune Noir, est mis à l'écart.. en raison de son comportement agité ou parce qu'il n'est pas métis mais d'origine africaine uniquement? difficile de savoir..

Un très beau roman écrit par Doris Lessing en 2008, juste après qu'elle ait obtenu le prix Nobel de littérature en 2007.

Un roman sans concessions, qui nous montre les contradictions et les préjugés d'une bourgeoisie blanche britannique, se situant en plein dans le "politically correct" sans avoir toutefois les moyens, ou sans se les donner, d'aller au-delà de certains préjugés...
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Le Rêve le plus doux

La nouvelle vient de tomber. Doris Lessing a obtenu le Prix Nobel de Littérature. Née en 1919, écrivain engagé, lucide, libéral, ce prix vient couronner une oeuvre, une vie, des idées. Ce matin, j'ai posté la chanson "Imagine" et voilà que les médias m'apportent cette information. Je ne peux m'empêcher de relier les deux et de mettre en valeur, parmi les nombreux livres, "Le Rêve le plus doux".



Portrait d'une génération des années 60 et 70, idéologies meurtries, bafouées, femmes battantes, jeunesse déboussolée, rêves humanitaires et humanistes, bref une interpellation venue d'une époque où l'on croyait que tout était possible et où l'on ne pouvait imaginer qu'une trentaine d'années plus tard, la société serait aussi individualiste, les guerres plus que jamais présentes en un coin ou l'autre du monde, les lois élémentaires du droit à la vie inexistantes en maints endroits de la planète, la détérioration de notre Terre (Al Gore et le Giec : Prix Nobel de la Paix) et le questionnement : quel avenir pour nos enfants?



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Le cinquième enfant

Le cinquième enfant...



C'est ce que je vais accueillir dans notre vie de famille recomposée d'ici avril alors le titre m'a attiré simplement dans mon choix de lecture... Doris Lessing traite de la fraterie et de l'amour familial à travers cet écrit joliment traité



Différence, singularité, Maternité... Le cinquième enfant tend la main vers la vie a l'image de cette couverture. JOLI

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L'habitude d'aimer

Je n'avais plus lu d'ouvrages de Doris Lessing depuis un bon bout de temps. Cette redécouverte était vivifiante. La plume est très belle, fine et précise. L'autrice alterne entre deux genres. Des histoires banales qu'elle arrive à nous rehausser avec brio grâce à une humanité profonde qu'elle distille dans les situations, les personnages, les relations et les contradictions. Parfois, elle s'engage dans des histoires beaucoup plus improbables, convoquant un humour presque absurde, basé sur des complications improbables, des retournements de situations et surtout des prolongements dans le temps qui rendent une situation basique bien plus délirante. J'ai beaucoup aimé. Certains textes sont très forts, notamment la première nouvelle éponyme du recueil, qui fait réfléchir sur "l'habitude d'aimer". Il faut que je poursuive l'exploration de l'œuvre de cette artiste.
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Le cinquième enfant

Voici un petit BIJOU de littérature !!!

Un roman où la “femme/mère” a une place importante, comme souvent chez Doris Lessing.

Mais alors que nous raconte "Le cinquième enfant" :

Harriet et David forment un couple idéal, tout à fait dans la norme. Mais ils engendrent Ben, un être hostile et inquiétant qui détruira progressivement l'harmonie familiale.

Doris Lessing nous propose ici un regard cruel et sans complaisance sur les relations familiales. Une histoire d'horreur au coeur du monde d'aujourd'hui.

Vous l'avez compris, ce livre ne vous laissera pas indemne.

Violent psychologiquement et perturbant, je lai adoré…

Une lecture incontournable à mon sens !


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Les Grand-mères

Un petit roman irrévérencieux comme un film de François Ozon.

La plage, le soleil, une famille (deux grands-mères, leurs fils respectifs et leurs petites filles jolies) belle et parfaite traverse le décor pour aller siroter quelques verres vitaminés en terrasse jusqu'à ce qu'une ombre plane au tableau : les larmes de Mary, une des belles-filles.

Retour en arrière où l'on décortique joliment l'amitié fusionnelle de Liz et Roz, deux fillettes blondes comme les blés qui deviendront icône du chic, du sport, des arts et du bon goût et grands-mères classes. Au delà des apparences de la construction sociale de ceux qui ne sont jamais tristes et n'ont jamais de problèmes, la question des valeurs et notamment de l'éthique est posée au travers des enjeux de pouvoir familiaux.

Un petit roman corrosif et très bien mené.
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Les Grand-mères

Prix Nobel? Le seul mérite de cette nouvelle-roman courte c'est qu'elle a le bon goût de ne nous pas faire perdre trop de temps. Protagonistes mal définis, dialogue plat, narration creuse. Pas de prise de risque littéraire, pas d'humour, pas de poésie. Pourquoi s'embêter à écrire ça? A le lire? Malgré un sujet intrigant, c'est comme le lait périmé. Même en petite quantité, c'est trop.
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Le carnet d'or

"Je vais posséder quatre carnets, un noir qui concernera Anna Wulf, un rouge pour la politique, un jaune où j'écrirai des histoires à partir de mon expérience, et un bleu où j'essaierai de tenir mon journal." Je choisis cet extrait pour souligner le propos de l'auteur. Quant à résumer ce livre, j'avoue que cela me poserait problème tant il est monumental, dense et complexe. Anna Wulf, anglaise d'une trentaine d'années, élève seule sa fille dans le Londres des années cinquante. Libre de tout travail, puisqu'elle vit sur les droits d'auteur d'un roman qui lui a fait connaître le succès, "Frontières de guerre", Anna est bénévole pour un mouvement communiste. Son équilibre personnel est précaire cependant et Anna traverse des mois de dépression. Tout est remis en cause : son attachement au communisme, qui a entraîné une grande désillusion; son goût pour l'écriture qui se heurte au blocage de la page blanche; sa relation au passé et les relations sociales qu'elle tente de maintenir. Le livre est foisonnant. Les expériences amoureuses négatives d'Anna sont décrites avec précision. Son analyse est évoquée ainsi que tout son cheminement intérieur tant sur le plan social qu'affectif ou encore politique ou introspectif. Ce livre est le portrait d'une époque à travers les heurts et malheurs d'une femme écrivain, grande observatrice du monde et fine analyste d'elle-même. J'ai aimé le côté très charnel du texte, le fait que les êtres y sont montrés sans complaisance par le biais des Carnets qui offrent différent points de vue. Le "Carnet d'or",somme des quatre autres, remet Anna en phase avec elle-même de façon douloureuse et dure. Mais le fait est que l'écriture revient, comme ciment de son être...Voici donc mes pensées sur cette oeuvre assez incroyable. La lecture du "Carnet d'or" demande constance et discipline car le propos est complexe. En même temps, elle réserve au lecteur des temps merveilleux. Pour moi, l'évocation de la jeunesse africaine d'Anna, ainsi que la présentation de son livre "Frontières de guerre", sont des passages extraordinairement bien écrits et prenants. Doris Lessing est un écrivain de premier plan, tout en engagement et force.
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Les Carnets de Jane Somers, Tome 1 : Journa..

Excellent roman sur la relation entre deux femmes que tout oppose, une journaliste moderne la trentaine ou quarantaine on ne sait pas trop et une vieille dame modeste de 90 ans, subtil, plein de réflexions et finalement qui est dépendant de l'autre???

Ne vous privez pas lisez le car il est très riche et à la fois facile à lire...
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Les Grand-mères

À Baxter’s Teeth, trois générations d’une même famille se côtoient dans un bonheur salé et ensoleillé. Roz et Lil sont des soixantenaires encore belles, mères comblées de Tom et Ian, hommes mûrs au charme indéniable, eux-mêmes pères des adorables Alice et Shirley. Cette famille blonde se gave de soleil, de mer et de fruits. Roz et Lil sont inséparables depuis toujours et ont élevé leurs fils comme des frères et aiment leurs petites-filles avec la tendresse vorace d’aïeules qui se savent privilégiées, mais un ver a depuis longtemps pris place dans la coupe de fruits. L’affection entre les mères et les fils est d’une nature troublante et l’indolence s’est faite houleuse. Les épouses des fils, Mary et Hannah, sentent bien que leurs conjoints ne leur appartiennent pas tout à fait. Une réplique résume les relations qui unissent tous les personnages. : « Ce n’est avec moi que tu es en couple. » (p. 27) De fait, tous les couples officiels sont compromis : le bonheur sous le soleil ne peut pas durer.



Brutal tout en douceur, ce texte met à mal l’image de la famille parfaite. Sous la plume brillante de Doris Lessing, les âges de la vie se télescopent et le passage du temps s’accompagne de douloureuses désillusions. Anne Fontaine a sublimé Naomi Watts et Robin Wright dans un film animal et magnétique.

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Un enfant de l'amour

Ce livre est surtout celui de l'attente.

James, un jeune anglais introverti et un peu perdu, est enrôlé comme tous les jeunes de son âge dans l'armée. La deuxième Guerre Mondiale vient de commencer. Mais au lieu de se retrouver au front, il attend. Il finit par partir avec son régiment pour l'Inde, qui réclame l'indépendance.

Commence un long voyage cauchemardesque en bateau, suivi d'une escale au Cap. C'est là la clé, le point culminant du récit. Tout va très vite. Deux femmes les accueillent, les soignent, organisent une fête en leur honneur. Visions du paradis: la beauté fulgurante de Daphne, jeune mariée, sa gentillesse, son trouble, leur amour. Puis, le régiment repart, cette fois-ci pour s'arrêter en Inde où l'attente recommence.



Doris Lessing raconte à merveille l'ennui profond, terrible, à rendre fou, de ces jeunes trop nombreux qui attendent qu'on décide de les envoyer se battre, qui attendent pour certains jusqu'à ce que la guerre finisse et qu'ils puissent rentrer chez eux sans avoir même combattu. Dans cet ennui, ces quelques nuits d'amour jouent bien sûr un rôle essentiel pour la survie et la santé mentale d'un jeune homme tel que James, qui se raccroche à l'impérieuse nécessité de revoir Daphne et leur fils né de cette brève union et dont il a appris l'existence.



La parenthèse enchantée de ce voyage est décrit avec beaucoup de clarté et de délicatesse; ça m'a rappelé la sobriété et l'éclat que l'on retrouve dans les films d'Antonioni ou certaines nouvelles de Moravia.



Le temps est traité de manière particulière, des minutes peuvent durer des pages et des pages, puis soudain on se retrouve des mois plus tard; c'est assez dérangeant. Et enfin, cette longue attente devient pesante, désagréable à lire, tout en étant si réaliste.



En refermant ce livre, je suis donc restée sur un sentiment de malaise et d'inachèvement, mais je pense que c'était exactement ce que Doris Lessing a voulu.
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Les Grand-mères

Le décès récent de Doris Lessing m'ayant rappelé que je n'avais encore rien lu d'elle, ce court roman récemment adapté au cinéma sous le titre "Perfect mothers" m'a semblé idéal pour une première approche. Si j'en crois les commentaires passionnés des lecteurs sur les blogs littéraires, le livre est peut-être court mais il ne laisse pas indifférent.



Et en effet, je n'ai pas été déçue. D'abord par le style et l'art de la mise en scène dramatique ; les douze premières pages installent d'emblée la tension, laissant entrevoir le drame qui couve sous les apparences de la famille idéale. A partir de là, le lecteur est ferré et ne demande plus qu'à découvrir, tel un voyeur, ce qui a bien pu se passer chez ces gens si beaux et si parfaits surtout lorsqu'on le prévient quelques pages plus loin : "Jusqu'ici tout allait bien". C'est une histoire terrible que déroule Doris Lessing, sur fond de décors paradisiaques. Lil et Roz sont inséparables depuis leur enfance, jolies petites filles blondes élevées dans un monde facile, sans réelles contraintes. Elles grandissent et mûrissent ensemble, au soleil, près de l'océan, de façon incroyablement parallèle, au point de se marier presque en même temps et d'accoucher chacune d'un fils à une semaine d'intervalle. Au fil du temps, leur relation particulière, exclusive, prend le pas sur leur vie sociale et conjugale. Elles sont libres et indépendantes, gâtées par la vie, habituées à prendre et à assumer leurs décisions. Lorsque les maris disparaissent (un mort, un divorce), mères et fils se retrouvent en vase clos, ce qui est loin de leur déplaire.

"Ces deux femmes superbes, de nouveau réunies comme si les hommes n'étaient jamais entrés dans leur équation, allaient et venaient avec, à leurs côtés, les deux beaux adolescents : l'un plutôt délicat et poétique avec ses boucles décolorées qui lui retombaient sur le front, l'autre robuste et athlétique, inséparables comme l'avaient été leurs mères au même âge."



Les ingrédients sont là : les mères poussent le parallélisme jusqu'à faire chacune l'éducation sentimentale et sexuelle du fils de l'autre. Liberté assumée ou égoïsme et irresponsabilité ? Comment les personnes extérieures à leur petit groupe pourraient-elles comprendre ?



En moins de cent pages, grâce à une écriture précise, l'histoire de ces sulfureuses grand-mères est révélée. Et vous trotte encore dans la tête quelques jours plus tard.
Lien : http://motspourmots.over-blo..
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Le cinquième enfant

Une maison familiale, trop grande bien sûr quand on vient juste de se marier, avec plus de chambres qu'il n'en faut.

Une maison familiale, toujours ouverte pour chaque occasion, où grands et petits toujours seront à la fête.

Une maison familiale qui sent bon le pain nouveau et le chocolat chaud, la dinde au marrons et le pudding de Noël.

Un rêve qui devient réalité avec l'arrivée du premier bébé, qui se confirme quand le second pointe son nez, qui s'affirme à l'arrivée du troisième, qui se sanctualise pour le sourire du quatrième et, qui s'écroule quand le cinquième est craché...

Et ce dernier, différent, difficile, monstrueux d'une laideur cachée, verra fuir toute cette belle famille et ces belles réunions et ces chaudes assemblées...

Et ce dernier, qu'aucune autorité ne voudra reconnaître dans la différence, sera la croix de sa mère, qui seule sera accusée d'avoir enfanté un monstre !

Et voilà les bons sentiments qui s'effilochent malgré la bonne volonté et le rêve qui disparaît dans la brume d'un passé à jamais perdu.

Avec des mots justes, bien de notre temps, sans mièvrerie aucune, l'auteure nous trace le combat d'une mère, qui déjà enceinte avait perçu la différence mais dont personne n'avait tenu compte.

Un roman fort, puissant, qui interpelle et interroge et qui finalement donne peu de réponses...



Combien faut-il d'enfants pour qu'éclose un cocon familial accueillant et chaleureux ?

Sommes-nous réellement conscients que chaque enfant conçu par amour est une loterie génétique ?

Sommes-nous assez forts pour prendre des décisions parfois difficiles pour le bien de la famille au détriment de l'intrus ?

Et surtout, qui peut nous aider quand même les personnes habilitées ne veulent pas intervenir ?
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Les Grand-mères

C'est un tout petit livre qui se lit très rapidement et qui n'est pas représentatif de son auteure. C'est une histoire brossée à grands traits comme si Doris Lessing s'était sentie pressée par le temps et n'avait eu que le loisir de nous livrer le canevas du roman. Les personnages ne s'ancrent pas dans la réalité, sont par trop caricaturaux pour nous convaincre. Au final, on sort un peu déçu de cette nouvelle qui n'est pas à la hauteur des attentes lorsque qu'on connaît l'habileté et la finesse de cette écivaine pour décrire les sentiments mêlés et les émotions complexes.
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Les Grand-mères

Sous un titre laissant présager un récit anodin sur la famille, « Les grand-mères » est un roman qui cache des vérités malsaines.



Dès l'école, Roz et Lil sont devenues amies. Depuis, elles vivent en symbiose. Puis la vie de ces deux femmes va prendre une tournure immorale en devenant chacune amante du fils de l’autre.



Certes ce roman est choquant de par le fond, mais la forme du récit reste pudique et discrète. Un livre qui a fait scandale en 2005 mais qui a obtenu cependant le prix Nobel.

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Les Carnets de Jane Somers, Tome 2 : Si vie..

Après le 1er tome, je n'ai pu résister à l''envie de lire aussitôt le 2ème.

Ce carnet n° 2 est en partie consacré à la rencontre de Jane Somers avec un homme marié, pas très heureux dans son couple.

Ces rencontres ne se feront qu'à l'extérieur, dans les parcs de Londres ou dans des pubs.

Par ailleurs, Jane continue à rendre visite à une personne âgée esseulée, héberge la fille d'une collègue qui ne va pas très bien et qui trouve refuge chez elle.

L'histoire d'amour aura une fin, chacun d'eux restant attaché à leur propre passé, qu'il leur sera difficile de mettre de côté.



Je vous fais partager le dernier passage du livre qui signe la séparation de ces deux êtres qui auraient pu continuer une partie de leur vie ensemble, peut-être sur les mêmes bases de rencontres occasionnelles mais enrichissantes :

"Il me semble que toute ma vie ne correspond à rien, rien du tout, et n'a jamais été que du néant, de même que mes pièces impeccables, ma chambre à coucher dans laquelle Richard ne retrouve rien de moi, ne me voit pas. Je lève les yeux vers le ciel spectaculaire de Londres dans lequel Richard, il y a une heure à peine, s'est envolé vers sa vraie vie, en compagnie de la femme qui partage son existence depuis maintenant un tiers de siècle. J'examine alors cette chambre tranquille, si blanche, si fraîche et si ordonnée où je sais que bientôt se glisseront un à un, tout d'abord furtifs et insignifiants puis familiers et chers, tous les menus plaisirs, toutes les consolations innombrables de ma solitude."
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Alfred et Emily

alfred et emily est un tres bon recit autobiographique qui se concentre essentiellement sur la vie de ses parents ainsi que sur sa relation avec sa mere

il se decoupe en 2 parties.

la premiere partie l auteur fait une uchronie , en effet elle imagine leur vie s ils ne s etaient pas maries, une vie plus heureuse en quelque sorte.

la deuxieme partie est totalement autobiographique et qui se caracterise par un echec cinglant de leur couple,ou l horreur de la premiere guerre mondiale a laisse des traces psychologique (mere) et physique (pere)et ce constat accablant va rejaillir sur les relations parents enfants .

c est un ouvrage interessant qui nous ramene a la durete de la relation notament mere fille qui est assez presente dans la seconde partie.
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Les chats en particulier

J'ai été un tout petit peu déçue à la lecture de ce roman. J'en attendais peut être trop.



Doris Lessing nous y parle des chats qu'elle a eus et rencontrés tout au long de sa vie. C'est un récit autobiographique à l'écriture simple et limpide ; je m'attendais alors à un peu plus de poésie... Il est dommage que la narratrice ne nous décrit pas plus la complicité qui la lie à ses chats et en particulier, à sa chatte grise et à sa chatte noire dont l'incompatibilité aurait pu être mise encore plus en avant. Doris Lessing parle beaucoup des différentes portées que ses deux petits félins ont eues ; on trouve alors quelques fois un peu de répétitivité dans le récit. Il est relativement difficile aujourd'hui de se reconnaître à travers la narratrice ; Les chats en particulier a été écrit en 1984 et les rapports et la vie que l'on peut avoir maintenant avec nos chats ont alors évolué (la stérilisation, les chats d'appartements, etc). Mais il est plaisant de partager avec l'auteur ses expériences et de les comparer avec les nôtres.



La quatrième de couverture promet à ceux qui aiment les chiens qu'ils aimeront quand même ce livre ; mais je crois qu'il est difficile de le mettre entre les mains de ceux qui ne sont pas des amoureux des chats.
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