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Critiques de Edward Carey (244)
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L'observatoire

Attention ! Addiction possible et irrémédiable. En poussant la porte de l observatoire, vous risquez d oublier votre monde quotidien et de partager celui des habitants hors normes de cette étrange bâtisse. Vous y rencontrerez un homme aux gants blancs, une accroc à la télévision, une femme chien, un portier qui chuinte et une nouvelle locataire qui va brouiller les cartes de ce petit univers totalement décalé.

Si vous aimez les contes, les ambiances étranges, ce livre est pour vous. Servi par une écriture splendide, cette histoire très intelligemment déclinée ne vous lâchera plus..on y parle de sentiments , des mauvais et des bons, d immobilisme et de collection bizarre, d idées fixes, d obsessions et de coups bas, mais aussi d amour.

C est juste génial. Un OLNI qui va vous suivre même une fois le livre refermé.

Edward Carey est un conteur magique. Un inventeur hors pair (que j ai découvert avec les "ferrailleurs" )

Quand l absurde devient réalité sous la plume d un grand écrivain, le plus difficile reste de tourner les pages.

On en parlera encore, comme on fait référence à Lewis Caroll et à son "Alice".

Un grand livre je vous dis...
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Les Ferrailleurs, tome 1 : Le château

Quelle imagination il faut pour inventer un tel univers! J'ai adoré! Un univers très proche de Tim Burton. Les personnages ont chacun une particularité, l'univers est sombre mais en même temps plein de poésie et il faut bien le dire d'humour. Le petit plus sont les illustrations en début de chapitre qui nous présentent les nombreux et atypiques personnages (qui font légèrement peur je dois avouer...)

Vite le tome 2! (...)



Ma page Facebook Au chapitre d'Elodie
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L'observatoire

Géniale folie !



C’est là où réside toute la superbe de Babelio sinon comment aurais-je fait la rencontre de Edward Carey et de son monde.

Comment aurais-je découvert tout un monde qui souhaite rester caché et ne sort presque jamais de l’Observatoire ?



Heureusement, j’ai doucement ouvert la porte de ce bâtiment à l’allure décrépite décourageant volontairement l’extérieur de s’y aventurer. J’ai passé la tête, accueillie par le chuintement du portier me faisant comprendre de déguerpir. Je me suis pourtant faufilée discrètement à l’intérieur, m’arrêtant à chaque étage pour découvrir derrière chacune de ses portes un monde, une vie, un être à part.



J’ai d’abord été submergée par leurs folies, à tous, toutes douces sauf quand j’ai été mordue par Numéro 20 mais elle ne me connaissait pas et j’étais sur son territoire, une étrangère.



Alors sur un des paliers entre le deuxième et le troisième étage, je me suis accroupie sur le tapis bleu élimé, le dos contre le papier peint déchiré et suis restée totalement immobile. Je les ai observés, les ai écoutés, appris à les connaitre et bien sûr à force je me suis attachée à eux.

J’ai alors fait d’Anna une complice, ai vu le loup Anna entrer dans la bergerie, les ai vu tous s’affoler, et Anna les apprivoiser. J’ai ensuite suivi Anna derrière chaque porte d’appartement pour rentrer profondément dans leur vie, leur passé, leurs blessures, leurs secrets.



Avec eux, en parcourant chacune des pièces de l’Observatoire, nous avons remonté le temps, ou au contraire repris le cours du temps, nous rencontrant parfois en même temps au même moment au même endroit.

Je me suis même à un moment figée prise de tournis et ai pris le temps de tout regarder à nouveau, les vieux tapis, les vieilles tapisseries, eux tous et même Anna, quelle égoïste que je suis, car elle semble avoir perdu du poids et les yeux rougis.



J’ai vécu avec eux tant de choses, des histoires d’amour, de deuil, de frustration, des histoires de famille, des passions, des talents, des espoirs et des désillusions. Et comme eux, je n’ai plus voulu sortir de l’Observatoire, cet îlot à part de la ville, isolé de la vie complètement folle de dehors.



Vous l’avez compris ce style si particulier d’Edward Carey m’a totalement entrainée avec lui et j’ai été emportée dans ces tourbillons de vies. Un style très original si pas unique car je ne saurai vraiment le décrire. Ce rythme en apparence calme, ralentissant tout, arrive pourtant à essouffler. J'ai eu parfois l'impression de manquer d'air ou du moins de respirer difficilement ressentant la poussière, la moisissure, la lourdeur de l'atmosphère tangible et stagnante. L’auteur arrive à nous rendre tous ces personnages insupportables, fous, méchants, et en même temps tous sympathiques, adorables. J’ai eu envie de tous les prendre dans mes bras et de les serrer fort en leur disant Ca va aller maintenant ! Oui tous, même le pire car il ne peut pas faire exception, c’est juste que ses souffrances, lui, il les a gardées pour lui.



Alors je dis encore, encore, je veux encore ! Edward Carey, je veux encore rencontrer d’autres de vos personnages. Promis, je prendrai le temps qu’il faut !





PS : Merci Sandrine/HundredDreams, c’est au détour de ta chronique sur le cycle Les Ferrailleurs que tu m’as conseillé de commencer avec cet auteur par l’Observatoire et quelle grande idée !





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Petite

Edward CAREY. Petite.



1er décembre 1761, naît, à Strasbourg, Anna Marie GROSHOLTZ, fille de Joseph Georg, soldat et Anna Maria Waltner. Elle perd son père alors qu’elle a cinq ans. Sa mère va trouver un emploi de domestique, en Suisse, à Berne chez le Dr Philippe Curtius, sculpteur sur cire. Auprès de cet homme, Marie va s’instruire, faire la connaissance du corps humain, apprendre le nom de tout le squelette, découvrir les muscles, les corps mous qui composent l’homme. Elle connaît également le nom de tous les outils nécessaires à la confection des moules d’empreintes afin de créer de toutes pièces un mannequin à l’effigie du personnage. Le Dr Curtius est menacé d’incarcération , il décide de quitter sa ville de Berne et Marie, devenue orpheline de mère sera sa domestique. Elle l’accompagnera donc en France.



Ils vont trouver refuge à Paris, un hébergement chez Marie Picot, veuve d’un tailleur, dans la quartier du Faubourg Saint-Marcel, rue du Petit-Moine. Là , Curtius et son élève vont relever les empreintes de visages de nombreuses personnalités vivantes, Jean-Jacques ROUSSEAU, Denis Diderot, Jean le Rond d’ALEMBERT, etc... La petite Marie est une véritable fée du logis ; elle sait parfaitement apprêter les êtres qui se présentent pour être immortalisés. Les préparatifs n'ont aucun secret pour la jeune fille. Elle façonne la cire, implante les cheveux, pigmente la base. La veuve Picot la maltraite et l’exploite à outrance. Mais Marie recevra un jour une proposition : résider à Versailles, auprès de Mademoiselle Elisabeth, la sœur du roi, Louis XVI. Elle lui donne des leçons de sculpture et lui dévoile l’anatomie humaine. Elle quittera son bienfaiteur et s’installera au château. Son appartement sera un placard ! Mais elle aura le plaisir de vivre près de la famille royale, de voir le roi fabriquer ses serrures, observer les étoiles depuis le toit du palais, assister au repas de sa majesté les dimanches, etc..



La révolution grande, Marie est évincée du château. Elle rejoint le brave Dr Curtius. Ce dernier est tombé sous le charme de la veuve du tailleur. Au cours des sombres journées de la chute de la royauté, de la prise de la Bastille, ces jours où le peuple a pris le pouvoir, le travail de nos deux spécialistes va s’intensifier. Les masques mortuaires sont à la mode…



Edward CAREY dresse un beau portrait de Marie, celle qui deviendra Madame TUSSAUD par mariage et qui fondera donc le musée qui porte son nom à Londres. Cette petite a vécu plus de quatre vingt années et lors de son périple, elle a traversé toute la Révolution Française et l’a vécu de plein fouet. Quelle vie et quel chemin parcouru par cette petite gamine, orpheline très jeune ! Le Dr Curtius a été son mentor, son éducateur, son mécène. De nombreuses anecdotes historiques émaillent le texte. Il faut noter la précision des dessins , qu’il s’agisse de morceaux de notre corps, os, corps mou, muscles, ou des petits outils utilisés en chirurgie. L’écriture est fluide et les chapitres, la chronologie nous permettent de suivre avec finesse et précision les diverses étapes de cette madame Tussaud, née en France et qui a fini ses jours à Londres ! Quel destin. J’ai lu cette biographie romancée en deux jours. Je vous conseille de lire ce récit et vous aurez une belle leçon d’histoire de la révolution française de 1789. Vous ferez la rencontre de nombreuses célébrités plus ou moins contestées, et contestables FRANKLIN, Le peintre DAVID, MARAT, ROBESPIERRE , etc, je ne peux les citer tous. Et même Joséphine de BEAUHARNAIS et Bonaparte, oui, celui qui deviendra NAPOLÉON.

( 07/09/2022).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Les Ferrailleurs, tome 2 : Le faubourg

Après Tristan et Iseult, après Roméo et Juliette, voici Lucy et Clod, Lucy aux cheveux rouge comme les flammes et Clod, un jeune homme maladif aux pouvoirs bien particuliers.

A peine se rencontrent-ils une nuit, devant une cheminée éteinte que la vie les sépare déjà…mais ils feront tout pour se retrouver, malgré des obstacles dignes d'un conte de fées.

Il faut dire que l'auteur nous transporte dans un univers étrange et envoutant, avec cette trilogie dense (3 romans de 500 pages chacun) pour le moins originale qui se déroule en 1875 dans un Londres sombre, crasseux, suintant, malodorant, une ville écrasée sous les détritus.

Car il faut dire que dans cette histoire qui ressemble fort à un conte gothique, ce sont les ordures qui ont le premier rôle.

Oui, vous avez bien lu, ce sont les objets abandonnés et cassés, les résidus gras, les détritus puants, les déchets, les épluchures, les rebuts, la pourriture, la saleté, les cochonneries et la moisissure qui sont au coeur de cette histoire.

Car ici, ce qui se joue, c'est une sorte d'Histoire de la Décharge, avec sa création, ses membres, sa légitimité, son pouvoir, son règne et sa chute.

Et tous ceux qui se trouvent sur son chemin risquent d'être effroyablement écrasés, compressés, écrabouillés, réduits en poussière et pulvérisés en fluide visqueux car la décharge est une Reine, et elle ne tolère ni remise en question, ni coup d'état.

Alors si vous n'avez pas peur de salir vos beaux vêtements, de mettre les mains dans la fange, de respirer des miasmes de mort, venez faire la connaissance de Lucy la servante aux cheveux rouges et de Clod, issu de la puissante lignée des Ferrayor.

Venez affronter des montagnes de détritus, venez plonger au coeur de la plus immonde décharge que nous n'ayez jamais vue et peut-être que vous aussi, vous serez happés par la magie qui émane de ces pages et que vous succomberez de plaisir, vautrés dans la suie et le purin, baignés par des odeurs pestilentielles, dans une ambiance glauque digne d'un Tim Burton qui serait tombé amoureux et aurait envie de montrer au monde entier que tout ce qui est rejeté, cassé, détruit et hors service peut encore avoir une vie et des sentiments.

Et pour encore plus de plaisir, l'auteur a dessiné lui-même les protagonistes de cette histoire, vous pouvez découvrir ses illustrations dans les trois volumes.
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Les Ferrailleurs, tome 2 : Le faubourg

Eh bien décidément, voici une trilogie qui gagne à être lue !



Ce deuxième tome ne démérite pas. A peine pourrais-je lui reprocher de n'avoir pas un fil conducteur aussi visible que dans Le Château. Car si dans celui-ci nous avions tout plein de mystères à résoudre, celui-là s'ingénue plus à nous faire découvrir ce qui se passe à l'extérieur du château et de la décharge.



Mais quel plaisir de déambuler dans les rues de Fetidborough ! de découvrir tous ces nouveaux personnages étranges (à l'instar de Benordur, enfant/monstre vivant au coeur même de la décharge, ou Mrs Whiting, collectionneuse compulsive d'objets ayant été êtres humains) ! d'apprendre à connaître ces objets frappés par La Maladie et les voir se rebeller !



On ne voit pas le temps passer à la lecture de ce conte fantastique, glauque à souhait. Les personnages principaux sont très drôles : Lucy Pennant et son caractère fort, son optimisme à toute épreuve ; Clod Ferrayor et sa mélancolie qui lui enlève tout courage ; ainsi que tous les personnages secondaires qui ont une épaisseur hors du commun.



J'adore cet univers créé par Edward Carey : un univers glauque, un langage salement poétique*, un vocabulaire truculent, une décharge et des objets qui prennent vie sous sa plume et que l'on aime d'emblée, alors qu'ils sont tout à fait repoussants. Et chapeau bas aux magnifiques illustrations de l'auteur, en noir et blanc, qui accompagnent le récit : cartes et portraits à l'identité très marquée.



La fin nous offre plein de promesses : Clod saura-t-il surmonter sa couardise pour venir en aide aux objets et à Lucy ? comment va s'organiser la lutte entre les Ferrayor et les Londoniens ? quid des êtres humains changés en objet ?



A bientôt pour de nouvelles aventures !



*"Des chapeaux et des manteaux étaient accrochés à la porte, dégoulinant de pluie, formant sur le sol des mares souillées de suie dans lesquelles marinaient des tessons de bouteille, des vieux clous rouillés, des os, des lambeaux de tissus et de vieux papiers (journaux, lettres d'amour), le tout charrié par les vents de la décharge.

C'était comme à la maison. Ce spectacle me réchauffa le coeur."
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Les Ferrailleurs, tome 1 : Le château

Quand je suis tombée sur la couverture de ce roman, j’ai du me le procurer ! C’était une obligation, un univers qui semblent être tiré de l’imaginaire de Tim Burton. C’est pour vous dire, combien j’en attendais de cette lecture. Heureusement pour moi, je suis largement satisfaite !



Je ne vous dévoilerai que très peu de ce récit tant la surprise et l’étonnement doit rester total. Comme moi, il vous faut laisser une dose de mystère pour savourer ce roman. Dans ce livre tout est douceur et poésie, mais tout est violence et férocité également. J’ai été happée par cette histoire et c’est avec peu de mots que je vous en parle. Car au final, je n’arrive pas à retranscrire mon ressenti face à un tel bijou.



Régulièrement je suis attristée par le manque de nouveauté dans les récits en SF/fantaisie/fantastique. C’est dommage, car il me semble, que ces univers sont justement faits pour développer des mondes et des situations inexplorées. Autant vous dire que si comme moi cette frustration vous touche, ici vous serez satisfaits.



Dans cet univers exceptionnel, c’est donc avec une certaine douceur que l’on pénètre dans un monde à part. Dans un monde où les détritus sont partout, une famille a réussi à sortir son épingle du jeu et à en faire leur fond de commerce. Aujourd’hui considéré comme une des plus riches familles de leur région, on nous plonge au cœur de cette famille atypique. De races pures, ils ne restent qu’entre eux et sont contraint de vivre avec un étrange objet qu’on leur remet à la naissance. Chacun le sien et personne ne les échanges. A partir de cela tout va s’enchaîner et sans vous en rendre compte vous allez vous perdre dans ce château. Vous allez suivre le mystérieux Clod et découvrir la jeune Lucy … Mais chut, j’en ai déjà trop dit !



Ce premier tome de la saga nous entraîne dans un univers où tout semble noir, froid et puant. Cela commence comme « Oliver Twist » et enchaine sur « l’étrange noël de monsieur Jack », mais où donc s’arrêtera-t-il ? Et dans cette mer de déchets, on aperçoit un point à l’horizon, comme un phare qui nous appelle et qui nous entraîne page après page. Mais si l’on ferme ce roman que se passera-t-il ? On a peur que la lumière disparaisse et qu’on retombe dans la banalité de nos vies. L’histoire nous présente un monde hors du commun. On commence à comprendre ce qu’il se passe et c’est effrayant. Comme envoûté, on tourne les pages en cherchant toujours plus loin la vérité. Que se passe-t-il ? Qui est qui ? Cette saga s’annonce déjà très prometteuse, brillante, époustouflante. C’est définitivement le bol d’air frais que j’attendais !
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Les Ferrailleurs, tome 2 : Le faubourg

Après quelques sauts divertissants, je me replonge avec délice dans le monde d'Edward Carey.

La suite s'engage avec un petit côté gentillet, presque lecture jeunesse, mais très vite l'histoire reprend son goût de lecture à plusieurs étages et la satyre sociale se développe, s'argumente, on est presqu'en pleine anticipation, dystopie. Me voilà de nouveau ferrée, attachée malgré moi à cet univers visuellement submergeant.

Je ne sais pas dire ce qui me plait tant dans cette lecture, à coup sûr déjà l'ambiance. Cette fidélité de genre commune au premier tome. Gothique, magique, humaniste, philosophique. Sans compter qu'on n'est pas dans une suite pâlichonne, c'est un très bon tremplin du 1 vers le 3.

Les dessins égrenés me semblent de plus en plus pertinents, l'ensemble devient encore plus palpable. L'auteur réinvente son scénario sans jamais perdre le fil conducteur, c'est comme une confiance qui s'est installée : je sais que ce qui va suivre va être à la hauteur, l'auteur tient vraiment les ficelles! Je n'ai plus qu'à lire et suivre les remous!

La suite promet du renouveau, comme un nouvel acte on va une troisième fois changer le décor, tout est installé les personnages peuvent entrer en scène. Aux dernières pages le public guette par la fenêtre et n'en croit pas ses yeux....



Entracte avant d'entamer le troisième tome : Les Aiguilles d'or ? le Seigneur des porcheries? le Cercueil de job? Les marches de l'Amérique?

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Les Ferrailleurs, tome 3 : La ville

Me voici arrivée au troisième et dernier tome de cette trilogie incroyable d'Edward Carey.

Au rythme d'un volume par an, mon intérêt pour cette oeuvre si originale ne s'est pas tari, bien au contraire : j'ai si peu eu l'occasion de découvrir une production aussi complète et riche…



La série des Ferrailleurs, c'est un univers sombre et surréaliste, gothique, décrit d'une écriture fine et délicate à laquelle se mêlent des illustrations d'une aussi haute qualité.

Dans un premier tome consacré à la découverte de la famille collectrice de déchets Ferrayor et de leur château, nous faisons la connaissance de Clod Ferrayor et de son rapport si particulier aux objets, ainsi que de Lucy Pennant, une jeune orpheline intrépide. le second tome nous emmène poursuivre les aventures de ces deux personnages, l'un désincarné, errant dans le faubourg de Fetiborough ; l'autre prisonnière des décombres du manoir...

Le troisième tome vient conclure la terrible épopée au coeur même de Londres, ou surnommée Londremor par ceux qui ont tout à y craindre. Plongeant la ville dans une nuit noire et perpétuelle, le clan Ferrayor, pourchassé, y mène un dernier assaut qui les conduira jusqu'au parlement, pour les confronter à la Reine Victoria en personne.

Beaucoup de réponses sont apportées dans ce dernier opus, tout en gardant une précieuse part de mystère.

J'ai personnellement suivi avec avidité, et jusque la dernière page, les aventures de ces personnages attachants, atypiques et étranges. L'univers d'Edward Carey m'a séduite et l'auteur m'a interpellée ; j'ai hâte à présent de découvrir L'observatoire ou Alva et Irva...



Une place d'honneur dans ma bibliothèque pour ces trois beaux livres et dans mon coeur.
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Petite

Je ne savais rien de Madame Tussaud qui a donné son nom à un Musée de cire à Londres, « Petite » donne vie à sa fondatrice dans une narration vivante qui plonge le lecteur dans le Paris du 18ème siècle. Il ne s’agit pas d’un livre historique, l’auteur prend un certain nombre de libertés, mais il réussit toutefois à donner aux situations qu’il évoque, un relief assez proche du réel. Marie devient ainsi au fil des pages, un personnage attachant que nous suivons de Strasbourg à Berne puis à Paris, une ville monstrueuse par son tumulte et ses odeurs, décrite avec précision par Sébastien Mercier dans ses Tableaux, lesquels trouvent dans le roman une transposition assez fidèle, leur auteur prenant les traits d’un familier de notre personnage et de son maître et patron le Dt Curtius. Le lecteur accompagne Marie du boulevard du Temple à Versailles, où elle découvrira, du fond de son placard, le capharnaüm de la cour, dans des situations et des rencontres improbables. L’auteur fait le portrait d’une orpheline malmenée, dont la force toutefois réside dans sa virtuosité à reproduire les gestes qu’elle a appris du Dt Curtius pour façonner des empreintes en plâtre et donner vie ensuite aux masques, en façonnant la cire. Elle apprend à réaliser ce travail avec un attachement profond à ce que chaque personne a de particulier, plaçant les individus dans une égalité symbolique, qu’il s’agisse de célébrités ou de criminels des boulevards, jusqu’à la famille royale elle-même. Elle traverse la période révolutionnaire, évoquée de façon bien schématique comme une épopée sanguinolente, le récit s’accélère alors vers la fuite à Londres après la prison et la fin de la

maison du Boulevard du Temple. Un récit vivant et coloré qui fait le portrait d’une femme curieuse et artiste qui réussit une ascension sociale hors du commun.

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Petite

Voici une merveilleuse biographie romancée sur Marie Grosholtz, plus connue sous le nom de Madame Tussaud. Elle ne vous dit rien ? Mais siiii, les célèbres statues de cire ! Je suis sûre que ça vous dit quelque chose, et même si ça ne vous dit rien il vous faut absolument lire ce roman.



On suit l'histoire de cette "Petite", Marie, de son plus jeune âge à ses plus vieilles années entre le XVIIIème et le XIXème siècle. Sa vie, bien que parfois affreusement misérable, est palpitante. Après la perte de ses parents elle devient l'apprentie d'un célèbre sculpteur de cire et va le suivre de nombreuses années, et ce jusqu'à Paris, en pleine période révolutionnaire. Elle va alors sculpter de célèbres têtes et va même passer un temps à la Cour ! Petite fille docile puis petite femme, elle va prendre en caractère et j'ai adoré suivre son évolution. Le roman est prenant, la période historique sert bien l'histoire. Les personnages sont hyper attachants et le ton décalé m'a complètement enchantée. J'avais l'impression de lire un conte, ponctué d'illustrations de l'auteur en adéquation parfaite avec l'histoire. Des dessins d'anatomie, des portraits dignes de l'univers de Tim Burton. Le tout m'a complètement enchantée même si parfois on y lit l'horreur absolue de la Révolution et de la pauvreté. Je recommande grandement ce roman.
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Les Ferrailleurs, tome 1 : Le château

Je suis entrée dans l'univers étrange du roman d'Edward Carey avec beaucoup d'appréhension quant au déroulement de l'histoire.

C'est avec un plaisir insoupçonné que j'ai finalement tourné les pages de ce premier tome « Les Ferrailleurs », bien que j'aie eu besoin d'un temps d'adaptation dans cet univers londonien assez atypique.



La famille des Ferrayor est considérée comme l'élite de la décharge, l'immense mer de déchets qui envahit la ville de Londres et de Filching. Cette famille possède un château au sommet de la décharge, et c'est ici que l'on va suivre l'histoire de Clod Ferroyor, un Ferrayor pur-sang en culottes courtes.

Tous les résidents de la demeure sont nés de l'union d'un couple Ferrayor pur et ont avec eux un objet qui leur a été attribué à la naissance. Ces objets sont à l'image de leur propriétaire, ils leur correspondent parfaitement. Ainsi, les Ferrayor entretiennent une relation sans doute non-réciproque, certes, puisque ce ne sont que de simples objets (n'est-ce pas ?) mais indispensable à leur survie.



Clod a quinze ans et va bientôt passer des culottes courtes au pantalon, un rituel familial démontrant le passage au mariage. Il est orphelin et détesté par la plupart de ses cousins excepté l'un d'eux, Tummis, un jeune garçon passionné par les animaux. L'objet de naissance de Clod est une bonde nommée James Henry Hayward. Ah oui, aurai-je omis de dire que Clod a un don et entend les objets répéter leurs noms sans arrêt ?



L'intrigue ne se déroule pas seulement dans l'endroit que je qualifierai presque d'une prison; on observe également le mode de vie des autres habitants à travers les yeux de Lucy Pennant, vivant à Filching. Cette jeune fille rousse à la peau garnie de taches de rousseur envisage de bientôt se marier à la décharge : c'est-à-dire passer le reste de sa vie à arpenter l'océan de déchets pour en recycler quelques-uns au péril de sa vie.

Elle nous décrit la traumatisante expérience de ses parents "figés", un phénomène de plus en plus courant. Lucy se retrouve en orphelinat, lorsqu'un jour un homme vient la chercher et sa vie bascule. Il lui dévoile qu'elle est une Ferrayor et qu'elle doit venir au château de la célèbre famille.



Malheureusement, elle ne vit pas cet honneur comme elle se l'était

imaginée. Elle se retrouve servante, contrainte à être appelée Ferrayor comme toutes les autres bonnes des étages inférieurs où elle y observe une amnésie étrange de la part de ses collègues.



C'est dans cette lugubre demeure que Clod et Lucy vont se rencontrer et faire face au Rassemblement...



Il est vrai que j'ai eu un peu de mal au début de ma lecture pour m'accrocher à l'histoire, mais les personnages ont réussi à me faire remonter à la surface de cet océan de déchets. Cette mer est la raison de la funeste atmosphère qui englobe tout ce roman dans un monde sombre.

Tous les éléments peuvent dérouter : l'importance des objets, les lieux, les paysages, la façon de parler, l'immensité du château, la décharge, la froideur des Ferrayor, la hiérarchie, les déroutantes habitudes familiales sous l'oeil pesant des nombreux objets prisonniers.

Finalement, je suis satisfaite d'avoir lu ce roman, car cela prouve qu'il n'y a pas de règles ou de codes pour écrire un livre, que ce soit loufoque ou décalé. Le scénario reste impressionnant et l'intrigue nous garde en haleine du début à la fin.

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Petite

C'est l'histoire de quelqu'un qui côtoie, qui suit son chemin et qui a les attributs de la discrétion.

C'est un roman simple et sobre où la durée sur une ligne plate finit par dépasser les rebondissements des frontières de l'Histoire.

C'est l'application d'une technique où l'humain prend corps, quitte à dépasser les apprêts en oscillant entre fragilité durable et certitudes éphémères.

Pas de recherche d'authenticité léchée, pas de vocabulaire amphigourique (pourquoi ne pas utiliser un vocabulaire compliqué, en la circonstance :-) , mais un un récit cuisiné à l'ancienne, avec le charme de modestes gravures qui donnent toute son élégance au papier.
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Les Ferrailleurs, tome 1 : Le château

Attention, ambiance et personnages pour le moins étranges... A leur naissance chacun d'eux reçoit un objet dont ils ne peuvent se séparer. Un objet qui les symbolisent, au point que l'on ne sait plus trop si l’objet prend les caractéristiques de l'humain ou l'inverse.

Ah et puis c'est une grande famille et ils ne se marient qu'entre eux.

Et ils vivent sur la plus grande décharge du Royaume-Uni. Ils en sont les maîtres et propriétaires.

Et tout va pour le mieux.

Rien n'est grippé.

Enfin, presque. La décharge a une vie propre. Et elle celle-ci va s révéler dans toute son ampleur lorsqu'une étrangère à la famille fait son entrée au château.

Tout se détraque et un secret sordide va remonter à la surface.

Même le recyclage a ses limites.
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Les Ferrailleurs, tome 3 : La ville

Le tome 3 des Ferrailleurs vient clôturer cette saga déjantée qui a vu se côtoyer une famille des plus inquiétantes, des personnages pouilleux mais lumineux et des objets doués de vie.



Nous retrouvons ici Clod et les membres de sa famille bien décidés à trouver refuge dans Londres, qui leur était jusque là interdite, quitte à se débarrasser des Londoniens. Et quoi de plus facile lorsque chaque membre de la famille a un don particulier : transformer les humains en objets, se métamorphoser, cracher le feu, cracher une brume noire enveloppante, faire obéir et se mouvoir les objets...



De son côté Lucy est prête à tout pour retrouver Clod et mettre fin aux agissements des Ferrayor. Il s'agit vraiment d'un personnage lumineux, courageux, d'un optimisme à toute épreuve. Elle met toujours son intelligence et sa débrouillardise au service des autres. Personnage féministe par excellence, elle ne fait que ce qu'elle veut (y compris donner des coups), mais toujours avec un sens de la justice certain et un grand coeur.



Si j'ai retrouvé avec un réel plaisir cet univers si dérangé, si noir, si sale, si beau, si décalé, j'ai toutefois à déplorer deux petites choses.

D'abord je dois bien dire que ce tome-ci manque cruellement d'action. Heureusement que la particularité de l'univers est très prégnant car il permet au lecteur de continuer sa lecture malgré tout.

Ensuite le personnage de Clod est devenu trop "lisse". S'il a toujours été couard (ce qui apportait de l'humour au récit), ici il devient par trop influençable et perd sa personnalité.



Je ne dirais donc pas que ce tome clôt la série avec brio, mais je ne peux pas dire non plus qu'il la déprécie. J'ai pris plaisir à suivre les dernières aventures des Ferrayor, à évoluer dans ce Londres du XIXème parmi les orphelins, les va-nu-pieds, les débris de la société, les immondices, les objets dénaturés, tout cet univers noir et sale que l'on se prend à aimer.



Et je vous invite, si ce n'est déjà fait, à découvrir cet univers et son auteur, qui en valent tous les deux largement la chandelle.
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Petite

Superbe roman de Edward Carey, très bien écrit et très bien traduit par Jean-Luc Piningre.

L'univers de Carey est vraiment particulier, un peu gothique, un peu sombre, et toujours accompagné de dessins faits par lui-même. Petite raconte l'histoire de la future Mme Tussaud, créatrice du musée de cire de Londres. Et quelle histoire! De Suisse à Paris, de Versailles à Londres, Marie Grosholtz a appris à maîtriser la cire et à créer des personnages plus vrais que nature. Prise dans les tourments de la Révolution, elle a survécu grâce à ce talent.

Edward Carey a mis 15 ans à finaliser ce roman, le temps de faire des recherches et de démêler le faux du vrai dans les écrits de Marie qui avait enjolivé les faits.

Très intéressant et très original.
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L'observatoire

Ils sont sept locataires à vivre dans le manoir de l'Observatoire, dans les faubourgs d'une ville qui pourrait être Londres. Sept habitants bizarres et maniaques, qui se morfondent consciencieusement dans un ennui dûment structuré, et dont la règle première pourrait être : " La solitude n'a de prix que si elle est vécue au milieu des autres. " Dès les premières pages, l'éblouissant roman de Carey défile comme une sorte de chronique des jours moribonds : " Les années s'étaient succédé à notre insu. " Le narrateur, Francis Dorme, est un garçon un peu laid, un peu bête, un peu méchant, qui vit dans l'appartement de ses parents : " Je n'étais pas un petit garçon. J'avais trente-sept ans. Ma lèvre inférieure était enflée. Je portais des gants blancs (...). J'étais le gardien d'un musée. Un musée d'objets précieux. Je portais des gants blancs pour ne salir aucun des neuf cent trente-six objets de ma collection (...). " Des objets souvent volés, gardés secrètement au fond d'une cave, des objets si mal assortis qu'ils en disent long sur l'état mental et moral de Francis : une cireuse industrielle, les minutes d'un procès, un monocle, une poignée de chasse d'eau, etc. L'univers de Carey est traversé par des êtres jamais vraiment fous, jamais vraiment malheureux, douloureusement humains : le père de Francis vit reclus en lui-même, cloué dans un fauteuil à l'abri de la lumière ; Miss Higg, éternellement collée devant le petit écran, croit réel l'univers de fiction des séries télévisées ; Peter Bugg, l'instituteur à la retraite, passe son temps à pleurer et à transpirer ; " la femme-chien " aboie mais il y a longtemps qu'elle n'a plus l'usage du langage. Et voilà les habitudes de ce petit monde perturbées par l'arrivée d'une nouvelle locataire venue occuper l'appartement 18. Anna Tap est jeune, myope, pas particulièrement jolie, et elle a la mauvaise idée de faire remonter à la surface les histoires personnelles de chacun, faisant entrer la petite communauté dans ce que le narrateur appelle " l'ère des souvenirs " : " Et ce fut elle qui nous libéra de nos histoires, jusqu'au moment où il y eut trop de voix, trop de fantômes d'objets pour qu'elle put en garder le contrôle. " Car cet accouchement d'une mémoire non désirée provoquera bien des drames. Autour d'une idée simple, Carey a réussi à créer un univers décalé et inquiétant, pourtant si tangible. On gage qu'avec son jubilatoire sens de la démesure, non éloigné de celui d'un Will Self, il s'affirme comme l'une des voix les plus originales de la nouvelle littérature anglaise.
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Petite

le thème était intéressant mais vue l'époque où cela se déroule je m'attendais a être emmenée dans une époque et une ambiance comme dans 'l'embaumeur' mais ce ne fut pas le cas. vu la grosseur du livre j'ai préféré arrêter au premier tiers ayant une pal importante qui m'attend. j'y reviendrais peut être plus tard.
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Petite

J'ai lu ce titre suite à la recommandation d'une personne en qui je place mon entière confiance pour me recommander de belles pépites littéraires et j'ai bien fait de suivre son avis car ce livre est un vrai bijou !



Petite est un roman historique qui présente l'existence extraordinaire de Marie qui deviendra connue sous le nom de Madame Tussaud. Derrière ce nom se cache ainsi un destin fascinant, une figure marquante qui va croiser la route de grands noms historiques et qui va vivre en plein cœur d'une des périodes les plus marquantes de notre Histoire : la Révolution.



Dès les premières pages et même les premières lignes, Edward Carey nous plonge en plein cœur de l'Histoire et de la vie de cette femme. J'ai été happée par ce roman qui fait indéniablement partie de mes meilleures lectures dans ce genre littéraire. L'écriture est vraiment de qualité !



Ce livre aborde tellement de sujets variés, met en exergue tellement de connaissance qu'on ne peut que saluer le travail de recherche et de documentation de l'auteur. Contrairement à ce qu'indique le titre c'est un livre immense qui regorge de détails favorisant avec brio l'immersion du lecteur dans ce cadre spatio-temporel.



Les émotions s'enchaînent et s'alternent dans ce roman où le drame n'est jamais loin mais où l'espoir arrive aussi à trouver sa place, c'est un livre où la mort et la vie s'allient et où l'art rencontre la politique. J'ai été très impressionnée par cette héroïne, j'ai énormément appris de ma lecture et j'ai aussi été bouleversée.



En définitive, Petite est un très beau roman imprégné d'une atmosphère gothique, je le recommande surtout à l'approche de l'été : c'est LE roman historique à lire cette année !
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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Les Ferrailleurs, tome 3 : La ville

Chassés de leur décharge et de leur château par un gigantesque incendie déclenché par les autorités, les Ferrayor se réfugient à Londres. Et leurs intentions sont loin d'être pacifiques...

Fin de partie pur les Ferrayor ! Mais pas fin des violences pour un grand moment : ils sont en colère et bien décidés à frapper un grand coup. Sauf si une force équivalente les en empêche.

Un tome beaucoup plus sombres (à bien des égards) que les 2 précédents, qui avaient une petite note d'humour (très noir) que l'on ne retrouve pas ici. L'action met du temps à démarrer et les personnages à se mettre en place. Et ensuite, ça va vite, très vite.

Pour ne rien cacher, c'est le tome de la trilogie que j'ai le moins aimé : lenteur au début, trop rapide à la fin et j'ai parfois eu l'impression que l'auteur faisait un peu de remplissage pour avoir le compte de pages en séparant les personnages à tout bout de champ.

Bref, heureusement que c'est terminé.
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