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Critiques de Elena Ferrante (2652)
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L'amie prodigieuse, tome 2 : Le nouveau nom

Dans cette suite de l'Amie prodigieuse, les deux amies d'enfance, Elena et Lila, connaissent des destins très différents qui les éloignent : alors que Lila se marie à un riche épicier qu'elle méprise, Elena poursuit ses études à Pise. Toutefois, elles se retrouvent pendant un été de vacances à Ischia où elles découvrent qu'elles aiment le même homme, Nino, l'amour de toujours d'Elena. Sans lui pardonner ou lui en vouloir vraiment, une fois encore, Elena s'efface devant la passion et la détermination de son amie.



Autant j'avais trouvé l'enfance et l'adolescence des deux amies interminables, autant leur vie de jeunes adultes et leurs questionnements existentiels m'ont passionnée. Elena Ferrante analyse avec une grande finesse les rapports amicaux, conjugaux, familiaux et sociaux de ses personnages - notamment dans le long passage à Ischia où les tourments et les joies des amours de jeunesse sont décortiqués et sonnent si juste qu'ils sont susceptibles de nous renvoyer à notre propre expérience.



En découvrant la fin de ce brillant roman, dont il me tarde de connaitre la suite, on ne peut s'empêcher de penser qu'il comporte des éléments autobiographiques qui lui donnent ce ton d'authenticité si fort qui est sa qualité remarquable et singulière.

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L'amie prodigieuse, tome 4 : L'enfant perdue

C'est toujours avec autant de plaisir que j'ai retrouvé Elena. Elle a quitté Pietro, son mari père de ses deux filles Dede et Elsa pour Nino avec qui elle a une troisième fille, Imma. De nouveaux succès littéraires mettent fin à une période stérile. Après sa rupture avec Nino, avec ses trois filles, elle retourne vivre à Naples dans un petit appartement situé au-dessus de celui de Lila, son amie d'enfance. Sa relation avec Lila ne sera jamais facile, les périodes heureuses et malheureuses, les moments de rejets, Lila les alternent à l'envi.

Difficile de comprendre une telle amitié que, par moments, j'assimile à une relation sadomasochiste, Elena se laissant malmener par Lila qui, à loisir, dans leurs relations, souffle le chaud et le froid.

Toutes deux sexagénaires, Elena plusieurs fois grand-mère, Lilia disparue, le roman s'achève sur un coup de théâtre.

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L'amour harcelant

Ayant lu L'amie prodigieuse d'Elena Ferrante et l'ayant beaucoup apprécié, c'est L'amour harcelant, son premier roman, publié en France en 1995 et réédité l'an dernier, que j'ai décidé de découvrir.

Dans la première phrase, très laconique, la narratrice, Delia, nous fait part de la mort de sa mère, Amalia (63 ans), par noyade. Elle a été retrouvée, portant sur elle, seulement un soutien-gorge neuf, griffé, acquis dans une coûteuse boutique napolitaine, ses boucles d'oreilles, sa bague de fiançailles et son alliance. Delia donc, la quarantaine, va tenter de résoudre l'énigme de cette mort.

Ce roman est en quelque sorte le récit d'une fille qui part à la recherche de sa mère. C'est alors que des souvenirs enfouis remontent, souvenirs d'enfance où son père, son oncle Filippo et l'ami et associé de son père, Caserta et son fils Antonio, jouent un rôle important.

La ville de Naples est également un élément essentiel ; elle est plus qu'un décor urbain où se déroule le fil de l'existence des personnages : elle est vivante, grouillante de cris et d'odeurs. Est également très présent le dialecte ou plutôt la langue napolitaine qui lui est hostile car liée à la violence paternelle. C'est un terrible règlement de compte entre mère et fille.

En fait, en tentant de mieux comprendre sa mère, en menant l'enquête sur sa mort, c'est sa propre vérité que Delia recherche et finira par trouver : elle n'a existé que par sa mère.

C'est un récit bouleversant jusqu'au malaise qu'Elena Ferrante nous livre. Ses mots heurtent et dérangent. Elle arrive de façon magistrale à nous faire ressentir les sentiments contradictoires que Delia éprouve pour sa mère, sentiments qui sont un mélange de fascination, d'amour et de haine, un rapport mère-fille tortueux, douloureux, passionnel.

L'amour harcelant est un livre un peu difficile à lire car on ne sait jamais si on est dans la réalité, dans la folie, dans les faux-semblants, où l'atmosphère est lourde, pesante, sombre, beaucoup moins lumineuse que dans L'amie prodigieuse et pourtant, par bien des points, il annonce déjà ce dernier.

C'est plutôt après coup que j'en ai apprécié l'écriture.






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L'amie prodigieuse, tome 4 : L'enfant perdue

Voilà, c'est fini…



Et pourtant j'aurais tant voulu que cela continue, pour tout savoir, tout comprendre, voir ce qu'il serait advenu de l'amitié d'Elena et Lila dans leurs vieux jours…



Parce que si la fin de l'histoire boucle la boucle, en quelque sorte, puisqu'on s'en revient à l'épisode des poupées, celui qui marquait le début de la saga et de l'amitié des deux fillettes 50 ans plus tôt, cette fin, donc, n'en reste pas moins ouverte, d'une certaine façon.



Tout savoir, tout comprendre, parce que tous les mystères ne sont pas résolus, tous les comportements ne sont pas expliqués, et surtout, parce que cette histoire ne révèle que le point de vue, les interprétations et les extrapolations de la seule Elena. J'aurais donné cher pour connaître la version de Lila, et comprendre ce qui s'est passé dans sa "tête folle" tout au long de ces années.



Mais voilà, c'est la vie, c'est comme ça…



Je termine cette saga prodigieuse avec un pincement au coeur, tant je me suis attachée à ces héroïnes et à leurs univers, et avec un sentiment de perte. La perte, d'ailleurs, présente jusque dans le titre, marque ce dernier volume. Pouvait-il en être autrement, quand toute la saga trouve son fondement dans la perte des poupées ?



La perte des illusions amoureuses (ah, le beau Nino et ses promesses d'amour éternel) et politiques (les convictions se sont émoussées devant la violence, les compromissions, la corruption), la perte de la jeunesse (et l'arrivée de la vieillesse et de ses affres, avec la mort en ultime point de mire, mais chaque fois plus proche) et de l'innocence (déjà sérieusement entamée par la violence des années de plomb, mais cette enfant perdue… bon sang, quel drame sidérant…), ce qui nous vaut un tome plus sombre que les précédents, où malgré l'âpreté de la vie, toutes les difficultés se surmontaient tant bien que mal. Cette fois, on sent bien que tant Lila qu'Elena marchent, à leur tour, au bord de l'abîme…



Les repères sociaux et religieux se brouillent aussi, on vit ensemble sans être marié, on se marie sans passer par l'église, on ne baptise plus les enfants, les femmes quittent le foyer et prennent leur indépendance.



Ce qui ne se perd pas, ne change pas, c'est la complexité, l'ambiguïté de la relation entre Elena et Lila. Lena, désormais écrivaine reconnue, n'en finit pas de s'interroger sur la manière dont Lila a influencé son écriture. Lena a-t-elle écrit ce qu'elle voulait réellement écrire, ou, inconsciemment, ce que Lila a voulu qu'elle écrive ? A-t-elle écrit par procuration, Lila a-t-elle vécu ses propres rêves à travers l'écriture de Lena ?



Chronique d'une amitié et chronique sociale, la saga d'Elena Ferrante a tenu ses promesses jusqu'au bout, bouclant plus d'un demi-siècle d'histoire italienne sur plus de 2000 pages. Captivante, intelligente, réaliste, sans artifices, sincère, intense, bouillonnante, comme la vie, elle se termine sans répondre à toutes les questions.



D'ailleurs, qui pourrait dire, d'Elena ou de Lila, laquelle est véritablement "l'amie prodigieuse" ?
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La Vie mensongère des adultes

Dans le quartier de Rione Alto, Giovanna, à 12 ans, est une enfant choyée et aimée par des parents cultivés, au cœur d'un foyer bienveillant. Elle est professeure de latin grec et correctrice de romans à l'eau de rose, lui est professeur d'histoire et de philosophie. Ce dernier ne cesse d'ailleurs, depuis des années et sans raison aucune, de la complimenter sur tout et sur rien. Mais lorsque la jeune fille commence à avoir des difficultés à l'école, elle les surprend en pleine conversation et entend, notamment, des mots prononcés à mi-voix par son père, "elle est en train de prendre les traits de Vittoria". Une tante laide avec qui ses parents n'entretiennent plus aucune relation depuis des années. Pour Giovanna, ces mots blessants deviennent une obsession et elle n'a plus qu'une idée en tête, aller voir à quoi ressemble Zia Vittoria. À travers cette quête, elle va découvrir un autre monde mais aussi, grâce à cette dernière, regarder et considérer ses parents autrement...



Une phrase anodine entendue au détour d'une conversation, une phrase lourde de sens et non sans conséquence... "Laide", un mot brutal, qui plus est, prononcé par son père et à un âge où l'on est plus que jamais sensible. Giovanna veut à tout prix se rendre compte par elle-même si elle ressemble effectivement à Vittoria. Une rencontre qui va bouleverser la jeune fille et lui faire entrevoir une autre facette de ses parents mais aussi de son foyer et du monde. Un monde empreint de mensonges, d'hypocrisie, de secrets depuis longtemps cachés, de haine, d'amours contrariées... C'est dans ce contexte que Giovanna va peu à peu chercher à comprendre d'où elle vient et qui elle est, au contact de femmes excentriques ou soumises, de jeunes hommes, voyous pour certains. Une galerie de personnages riche et hétéroclite. Avec une écriture directe, Elena Ferrante traite, avec force, émotions et une grande finesse psychologique, l'adolescence et ses états d'âme, l'émancipation, l'image de soi... dans une société marquée par les rapports de classe. Un roman bercé de désillusions et d'espérances...
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L'amie prodigieuse, tome 4 : L'enfant perdue

Lena connait le succès grâce à ses livres. De tournées de promotions en conférences, elle voyage beaucoup. Ayant rompu définitivement avec Pietro, le papa de Dede et Elsa, avec qui le divorce devrait être prononcé, elle vit au grand jour son histoire d'amour avec Nino, son amour de jeunesse. Installée à Florence avec ses filles, elle rêve d'emménager avec lui. Malheureusement,ce dernier ne semble guère prêt à se séparer de sa femme...

Lila, quant à elle, vit toujours à Naples avec Enzo et travaille avec lui dans son entreprise d'informatique. Elle tente de renouer des liens avec son amie, Lena, qui elle, redoute de la revoir...



Ce dernier tome de la tétralogie nous emmène à Naples, là où tout avait commencé des décennies auparavant. C'est dans cette ville que Lena retourne s'installer avec ses filles et qu'elle retrouve son amie. Une "amitié" pour le moins mise à mal tant le caractère des deux femmes s'affirme et s'oppose, tant le chemin parcouru par l'une ou l'autre semble avoir pris une direction différente. Une "amitié" emplie à la fois de jalousie, de haine, de rancoeur, de méfiance et d'amertume. Ce dernier volet se révèlera moins exaltant, moins vivant, moins fouillé que les précédents. L'on regrettera, également, les premières pages poussives dans lesquelles Lena se confie, tiraillée entre son métier d'écrivain, ses enfants et son amant, Nino. L'on regrettera une Lila souvent absente, au caractère un brin névrotique.

Malgré cela, Elena Ferrante, avec ce dernier volet, nous offre une saga intense, riche en rebondissements, foisonnante de personnages attachants, remarquables et hauts en couleurs.



À noter que cette saga devrait apparaître sur nos petits écrans sur Canal+ en fin d'année.
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L'amie prodigieuse, tome 3 : Celle qui fuit..

Troisième volet, et ça fonctionne toujours…



J’avoue, j’appartiens à la communauté qui s’est créée de livre en livre autour de cette saga, les deux premiers lus coup sur coup récemment, j’ai pisté et attendu la sortie du troisième la semaine dernière, bref : pas beaucoup d’objectivité à attendre de ma part. Je suis mordue.



Il y a bien eu en commençant ma lecture une petite réserve sur le rythme un peu lent du démarrage, et une légère lassitude à voir la narratrice Lénu se complaire encore dans un auto dénigrement vis-à-vis de Lila.

Mais la fluidité du récit, l’authenticité désarmante de ces deux vies racontées ont vite pris le dessus et les questionnements sans fin de Lénu prennent sens dans le déroulement complexe et inattendu des vies de ces deux amies/ ennemies devenues femmes, issues du même monde populaire et violent des quartiers populaires napolitains.



Ce qui m’a particulièrement touchée dans ce volet consacré à ces deux femmes trentenaires - âge du flamboiement dont elles perçoivent déjà la lente extinction à venir - outre que la réussite de ‘’celle qui fuit’’ n’est pas plus une évidence que l’échec de « celle qui reste » (ce à quoi on s’attendait), c’est la manière dont Elena Ferrante inscrit, à distance mais en symbiose forte avec l’époque, l’évolution de ces deux protagonistes dans les courants politiques violents qui agitent l’Italie des années 70, tout en restant toujours profondément attachée à leur quotidien, à la féminité de ce quotidien.



Cette saga napolitaine lumineuse et addictive est un bonheur de lecture dont je ne me lasse pas.



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Poupée volée

Une histoire étonnante, dérangeante, inclassable .



Pas vraiment un roman- trop court; pas vraiment une nouvelle -trop long; pas vraiment un essai -il y a quand même une intrigue. Mais un peu tout cela à la fois.



Comme en poésie, on se trouve devant un matériau brut - les durs pépins de la réalité- assailli(e) de sensations fortes, violentes- parfois déplaisantes, parfois enivrantes - mais sans qu'aucune main secourable ne nous guide, sans qu'une analyse rationnelle ne mette tout ce magma à distance en le domestiquant un peu.



Une sorte de petite bombe à fragmentation, de mine anti-personnelle...qui envoie les bons sentiments, les bonnes manières, la morale et le conformisme se faire lanlaire vite fait, bien fait.



Jamais vu, ni lu une chose pareille - si peut-être, en très policé et édulcoré dans Doris Lessing ou Virginia Woolf...



Leda a presque cinquante ans, divorcée, deux filles adultes qui vivent à l'étranger, universitaire,seule, en vacances sur la côté ionienne. Elle va, tous les jours, lire et travailler sur une plage aménagée près d'une pinède et bientôt son attention va être monopolisée par une mère très jeune, sa fille et la poupée qui sert de trait d'union à leurs jeux. La famille, napolitaine, bruyante, envahissante est toujours dans les parages et, le weekend, le mari vient ajouter son ombre massive, mi-menaçante, mi-protectrice, au tableau de groupe.



Fascinée, captivée, jalouse et désireuse de précipiter les conflits ou les tentations qu'elle sent poindre, Leda, prise d'une impulsion irrépressible et qu'elle ne s'explique pas, vole la poupée de l'enfant, provoquant un drame.



Rien de pervers pourtant dans ce geste: juste un grand désarroi.



Celui d'une femme qui vit toujours la culpabilité d'avoir pendant trois ans abandonné ses filles pour tenter de se réaliser elle-même, qui, à l'aube de la cinquantaine, sent s'effriter sa séduction devant celle de ses filles, devant celle de cette toute jeune femme, aimée et convoitée, elle dont les aventures ne se vivront bientôt plus que par procuration...



Dans ce monde de forces obscures les objets se chargent d'une puissance maléfique: les chapeaux de paille voyagent d'une tête à l'autre, s'envolent, décoiffent, servent de signal, de balise; les poupées sont un truchement dérangeant à l'amour maternel, la maternité, la sexualité; et les épingles à chapeau n'ont pas toujours pour fonction de maintenir les chapeaux sur les têtes mais deviennent menaçantes, perfides, presque mortelles...



On ne sort pas indemne de ce voyage dans le corps et l'âme féminins, dans ce grand chamboule-tout des relations mère-fille.



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L'amie prodigieuse, tome 1 : Enfance, adole..

Lina et Elena ou l'histoire d'une amitié prodigieuse par la façon dont elle se maintint au long des années d'enfance et d'adolescence, amitié tumultueuse et conditionnée par un environnement pauvre, par une communauté typique de l'Italie du sud de l'époque qui ne demandait qu'à s'épanouir économiquement, une communauté attachée à ses principes, ses valeurs, une société machiste, qui entretient les jalousies, la violence, les querelles et les inimitiés tenaces perpétuées par la société dans la société que forme le groupe d'enfants qui deviendra une bande d'adolescents qui, si elle veut croire en un avenir prospère, n'en reflète pas moins la réalité sociale de l'époque.



On constatera d'ailleurs, que les tensions dans ce groupe proviennent de beaucoup plus loin, d'un temps où la génération des parents a connu elle aussi des déchirements liés à l'économie, la guerre, et à entretenu de vieilles querelles.



Pas facile de grandir et d'évoluer pour nos deux héroïnes, l'une bruyante, ardente, mais impuissante à gérer sa vie comme elle l'aurait entendu : Lila, surdouée, faite pour les études, au destin contrarié et Elena discrète qui travaille dans l'ombre pour aller dans ce premier tome, vers on ne sait trop quel avenir, ce que les tomes suivants ne manqueront certainement pas de nous apprendre.



En refermant ce livre, je me sens partagée. J'ai mis du temps à le lire, certainement en raison des longueurs que j'ai souvent ressenties en suivant l'évolution de ces adolescents au comportement d'adolescents, avec leurs soucis d'adolescents, ce qui ne fait pas partie de mes centres d'intérêts, mais je me suis beaucoup attachée au personnage d'Elena, courageuse Elena tout en sensibilité et en questionnement, Elena, témoin silencieux des événements, des injustices, des travers de cette société.



J'ai parfois éprouvé des difficultés à comprendre cette amitié hors du commun de deux filles que tout oppose, depuis les traits de caractère jusqu'aux agissements, amitié ou concurrence ?



Si Elena semble attachée à Lila, il fut à maintes reprises bien difficile d'évaluer les sentiments de Lila en lisant le portrait qu’en fait son amie. C'est sans doute cela l'amitié : désaccords et tolérance mutuels.



Je me suis demandée à maintes reprises jusqu'à la fin de ce premier volet, si j'avais envie de poursuivre en lisant les tomes suivants, et je n'ai plus aucun doute à la lecture des cinq dernières lignes ! Elles laissent entrevoir une suite bien tumultueuse et intéressante et j’ai hâte de savoir ce que deviendront ces personnages.
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L'amour harcelant

A Naples, la narratrice Delia se rend aux obsèques de sa mère, retrouvée noyée dans la mer. Le père, séparé de sa femme depuis des décennies après une relation violente marquée par la jalousie, ne s’est pas déplacé. En revanche, resurgit un vieil ami de la morte, l’étrange Caserta, qui avait tant marqué Delia enfant et son père, convaincus qu’une relation coupable liait cet homme à la sensuelle Amalia.





Alors que Delia se lance sur les traces de sa mère pour comprendre sa mort, les souvenirs affluent au point de mêler passé et présent en d’étonnantes superpositions : son retour sur les lieux de son enfance fait ainsi remonter à la surface des images profondément enfouies qui viennent lui faire revivre son enfance dans les années soixante, cette fois du point de vue de sa mère tel qu’elle parvient à l’imaginer, elle qui, désormais parvenue au même âge, lui ressemble tant.





Le pivot de cette anamorphose entre deux époques et deux personnages est la ville de Naples, qui imprègne les pages d’une ambiance trouble et délétère, inquiétante au final, au travers de quartiers populaires toujours sous la pluie, où résonnent les accents du dialecte local, et où une femme semble ne pouvoir faire un pas sans se faire harceler.





Une sensation de malaise m’a accompagnée tout au long de ma lecture, cette atmosphère méphitique enveloppant des personnages globalement assez minables et peu sympathiques, tous obsédés par la perversité supposée d’une femme, objet de tous les fantasmes et donc de tous les soupçons, et pourtant la seule à être restée finalement au-dessus de la mêlée des rivalités et des sentiments sordides.





Si j’ai admiré l’habileté de construction du récit et la capacité de l’auteur à restituer avec véracité la trouble complexité des personnages, j’ai trouvé cette histoire d’amour-haine pesante et déprimante, voire profondément glauque et dérangeante tant tout y est malsain. On ne se remet pas si facilement de tant de réalisme cru, où tout n'est que violence à l’encontre des femmes.


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Les Jours de mon abandon

Lorsque le roc sur lequel vous pensez avoir édifier votre vie se révèle mouvant comme un sable humide, il est difficile de ne pas s’enliser dans la folie.

C’est ce que nous confie Olga, la quarantaine , deux beaux enfants et un mari parfait…Quinze années de certitudes et d’oeillères vont malgré tout s’envoler comme une brume du matin poussée par le vent.

Le récit est d’une efficacité remarquable. La langue est soignée mais aussi parfaitement imagée pour rendre compte de la lente plongée vers l’aliénation , que la présence des enfants, témoins, acteurs, thérapeutes, rend encore plus angoissante. On n’ose pas imaginer les conséquences psychiques d’un tel épisode sur de jeunes âmes , fussent-elles bien matures pour leur âge .

Il ne s’agit pas seulement de ruminations ou de délires conceptuels. Olga se bat avec la réalité dans toute sa trivialité : ce qui fut son quotidien d'épouse accomplie devient une trame d’un cauchemar nauséabond.

Si le propos est bien éloigné de ce que l’on a connu dans la saga à succès d’Elena Ferrante, on retrouve la force attribuée à la narratrice , même s’il s’agit d’une force négative. Pas de demi-teinte, pas de mièvrerie, Olga est un personnage marquant, attachant et violent.



C’est tout le talent de l’auteur que de faire d’une banale histoire de l'échec d’un mariage, un quasi-thriller .
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L'amie prodigieuse, tome 3 : Celle qui fuit..

Pas de surprise pour ce troisième épisode de la saga napolitaine. Nos deux adolescentes, sont devenues des jeunes femmes, qui tentent tant bien que mal de tenir les rênes de leur destin. Illusion : tout est écrit. Pas dans un prédicat ésotérique, mais bien dans les mailles du filet tissé par le contexte historico-social, renforcé par la trame de leur appartenance à une famille bien spécifique.

L’heure est à la construction d’un couple, qui va de pair avec l’idée d’une descendance, sans choix réel : la conscience d’une entrave à l’évolution d’une carrière universitaire est bien présente chez Elena, mais la pilule se distribue sous le manteau,. Le piège se referme sur la jeune femme, qui vit des heures lourdes et désespérantes auprès de Pietro, que nous découvrons très différent du fiancé épris.

Pendant ce temps, les liens qui unissent les deux amies se relâchent, le fossé se creuse et pourtant ce qui les rapproche, c’est cette ambiance de guerre civile qui a marqué les années de plomb en Europe de l’Ouest, particulièrement en Italie où l’activisme politique est violent.



A Naples, les luttes de rue qui opposaient les clans rivaux sont toujours présentes : ce qui a changé c’est l’âge des protagonistes et les méthodes (en gros, on joue toujours au Monopoly, mais avec des vraies rues et des vrais billets).



L’auteur fait évoluer ses personnages avec un grand talent. Les traits se sont creusés et les défauts accentués mais on reconnait derrière chaque figure, l’enfant qui subissait ou dominait. La roue tourne , mais sur elle même.



C’est bien sûr Elena qui reste au centre de la narration. C’est à travers son regard que l’on vit cette période troublée . Toujours écartelée entre ses origines et ses ambitions, que la maternité met à mal, elle est plus que jamais à mes yeux le pendant italien de notre Annie Ernaux.



Le récit n’a rien perdu de son intérêt, tant historique que romanesque et c’est avec impatience que je vais guetter la parution du quatrième épisode.


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L'amie prodigieuse, tome 1 : Enfance, adole..

Chose inhabituelle pour moi, je suis allée voir les 19 pages de critiques. 184 en tout.

Non pour toutes les lire, mais pour voir le nombre d’’étoiles

Et bien :

15 3 étoiles, dont une bonne partie positive

7 2 étoiles

3 1 étoile

Donc il n’y aurait qu’une dizaine de personnes qui n’auraient pas aimé sur 184 ! !

J’avoue que j’en reste coite.

J’ai tendance à me méfier des best-sellers largement médiatisés et qui enchaînent les suites, et cela se confirme.

Mais pourquoi un tel engouement ? D’ailleurs, on ne sait même pas qui c’est cette Elena Ferrante. Un mystère entretenu pour multiplier les ventes ?

J’ai trouvé tout fouillis et barbant, voire même assommant.

Pas d’humour, aucun style, une écriture des plus plates, un ramassis de clichés.

Une histoire sociologique qui aurait pu être captivante (les années 60 à Naples), mais qui est à peine ébauchée et noyée dans des situations souvent ennuyeuses où se retrouvent une multitude de personnages pas assez approfondis non plus.

La progression est étrange également. Parfois de jours en jours, parfois de longs mois passés à l’oubliette sans que l’on ne sache rien.

Aucune chance pour que je lise les trois tomes qui suivent.



Et pourtant c’est bien le même Naples que celui si bien dépeint par De Luca qui sait nous intéresser et nous émouvoir. Comme quoi !

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L'amie prodigieuse, tome 1 : Enfance, adole..

Dans le Naples des années 50, deux fillettes d'un quartier pauvre se lient d'amitié. Lila est surdouée et se révèle parfois méchante. Éléna est intelligente, en retrait, toujours prête à imiter son amie, son modèle.



Sous le caractère féroce de Lila se cache une immense révolte, celle de vouloir sortir des conditions de vie déplorables du quartier, de s'épanouir, de vivre un rêve à la hauteur de ses capacités.

Le combat de l'une motive l'autre, la remet sur les rails quand elle doute. Elles sont chacune, à leur manière, la lumière de l'autre, tout en portant aussi l'ombre de l'autre.



Un roman coup de cœur qui m'a fait vibrer au rythme des émotions de ces deux adolescentes ballotées par les règles impitoyables de la vie, règles dictées par la violence des hommes, par la pauvreté, par l'ignorance. Les deux portraits sont sublimes.

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L'amie prodigieuse, tome 1 : Enfance, adole..

Ah que c’est bon une expérience de lecture comme celle-là ! Tu plonges dans un roman sans trop savoir où tu mets les pieds, tu sens dès les premières pages qu’il y a un truc qui t’attrape, et très vite tu ne peux plus le lâcher, encore une page, encore une, ça coule tout seul, tu t’immerges, tu respires dedans. C’est une sensation… prodigieuse.



Je rejoins la cohorte des enthousiastes pour cette saga napolitaine, histoire de vie et d’amitié dans le grand bain bouillonnant du 20ème siècle que j’ai littéralement dévorée, avec d’autant plus de délectation que le propos est subtil et la plume est fine.

Je ne suis pas encore repue et vais me précipiter sur la suite.

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Frantumaglia : L'écriture et ma vie

Voici ma millième critique au bout de quatre ans révolus sur Babelio!



Impressionnée par le chiffre, je me devais de  réserver, à cette place exposée ,  un livre de choix ! J'ai donc rusé quelque peu pour qu'Elena Ferrante l'occupe avec son Frantumaglia: l'écriture et ma vie, récemment traduit en français.



Parce que Ferrante a été ma plus belle découverte sur Babelio.

Parce que j'ai lu et chroniqué tous ses livres.

Parce qu'elle a été mon principal moteur pour suivre,  le soir,  des cours d'italien afin de pouvoir la lire dans le texte -plaisir de lecture décuplé que j'ai pu ressentir pour les deux derniers tomes de L'amie prodigieuse.

Et surtout parce que c'est un écrivain exceptionnel.

Et donc quand elle parle de son travail, c'est une grande  faveur qu'elle nous fait, un vrai trésor qu'elle nous confie.



Remarquez que je n'ai pas dit "une femme exceptionnelle": la femme qui se trouve derriere Elena Ferrante ne m' intéresse pas. Je respecte pleinement et j'approuve le  désir de Ferrante de maintenir cette femme privée  dans l'ombre, hors de portée de la presse, du monde éditorial et de son lectorat. Depuis la parution de son premier livre, sa position sur ce sujet n'a jamais varié, et ce n'est évidemment pas un moyen d'attiser la curiosité.... et la vente, puisque c'est le succès de ses livres qui a suscité cette curiosité et non l'inverse.



Si Elena Ferrante a besoin de cet espace de liberté pour pouvoir écrire,  respectons la, respectons le.



Si nous interrogeons ses livres, nous pouvons trouver toutes les réponses -souvent toutes les interrogations- qui font le coeur de son univers de femme et de romancière.  Elle s'est , de plus , prêtée a l'exercice difficile de l'interview, avec une grande générosité et une remarquable exigence de verité -rien d'oral, tout est écrit, pesé,  réfléchi- . Si je n'ai mis que 4 étoiles à ce formidable bouquin, ce n'est pas à cause des reponses, passionnantes, de l'ecrivain, c'est à cause des questions sur son identité, lancinantes, indiscrètes, bêtes, qui masquent trop souvent le livre, et auxquelles, pourtant, Ferrante répond poliment, patiemment, en pesant et variant ses mots!



Que ceux qui s'obstinent aillent relire le Contre Sainte-Beuve de Proust, et qu'ils cessent de vouloir déterrer à tout prix ce "misérable petit tas de secrets" qui constitue la personne, pour s'intéresser vraiment à la transmutation formidable que fait l'écrivain de cette Frantumaglia, de ce magma confus, contradictoire, ce matériau brut, mouvant, obscur, bruyant, prégnant  debordant de vie - qu'il s'agit de transformer en écriture.



Et là, le livre, je veux dire la part écrite par Ferrante dans le livre,  est une mine d'or.



Pour les lecteurs de Ferrante avant tout, car voilà un écrivain qui vit vraiment avec ses créatures, et je déconseille la lecture de Frantumaglia à ceux qui n'auraient pas une grande familiarité avec ses livres. Mais aussi pour tous ceux, et ils sont nombreux ici, je le sais, qui rêvent d'écrire ou qui le font déjà. 



Ferrante parle de la gestation de ses oeuvres , longue, difficile, suivie d'interruptions volontaires fréquentes, quand elle trouve que son écriture, trop travaillée, trop partisane, trop convenue, trahit la vérité au nom du vraisemblable ou de l'esthétique, et  qu'elle a perdu cette âpreté, cette tension, cette brutalité qui souvent jaillit du brouillon.



Ferrante parle de ses modèles,  de ses consoeurs écrivains,  de ses thèmes favoris, obsédants : la relation mère-fille, l'amour compliqué,  "harcelant" pour la mère, l'abandon qui détruit et rend plus forte, l'amitié entre femmes si peu, si mal traité dans la littérature. 



Elle dit sa fascination pour tout ce qui dérange- précisons:   ce qui LA dérange- ,  ce qu'elle sent en elle d'obscur, de tordu , d'inavoué, d'incompris, de blessé. Elle confie à l'écriture, et à elle seule- Ferrante n'a jamais fait de psychanalyse-  le soin d'exposer ces blessures, de gratter ces croûtes,  de mettre à vif ces plaies. Elle cherche inlassablement  à comprendre, à mettre en mots ces mouvements secrets, ces pulsions qui l'effraient.



Elle raconte aussi sa ville natale, Naples, parle, bien sûr,  de ses héroïnes , dit comment elle s'est lancée, pour la première fois avec une grande fluidité,  dans l'immensité de L' Amie prodigieuse,  sans rien savoir de plus que ce que nous dit le prologue : la disparition de Lila , que l'écriture de Lenù va tenter de conjurer, d'enserrer, de contenir, et le motif troublant des poupées et de l'enfant disparue, qui faisait déjà son apparition dans Poupée volée, un des livres auquel Ferrante tient le plus, et qu'elle a, confesse-t-elle, eu le plus de mal à écrire. Un de mes préférés, sinon le préféré, en ce qui me concerne.



"'Je déteste faire des schémas, des travaux préparatoires de construction d'un roman " dit-elle en substance. Écrire en suivant un plan préétabli l'ennuie, fige son écriture, la contraint et condamne cette découverte de la vérité, cette clarification obstinée de l'obscur ,  qu'elle lui assignait en confiance.



Du petit lait, du miel, que tout cela, malgré la forme déplaisante de l'interview, et les questions sempiternelles sur son identité .



Oui, Ferrante , l'écrivain,  est une Grande.



Je suis persuadée qu'elle a ouvert largement les portes à toutes celles qui rêvent d'écrire sans se voir classées avec condescendance et mépris, dans cette "littérature féminine" qui dit assez d'où on la regarde et d'où on la nomme.



Merci Elena Ferrante. Vous faites du bien aux femmes. À celles qui vous lisent. À celles qui écrivent. À celles qui osent. À celles qui hésitent.



À  nous toutes.
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L'amie prodigieuse, tome 1 : Enfance, adole..

En général je ne suis pas très copine avec les best-sellers, mais cette fois je dois avouer que je suis tombée sous le charme de cette "amie prodigieuse". Cela commence par un jeu d'influences dans lequel des poupées de chiffon sont jetées dans une cave qui pourrait bien abriter un monstre, et cela se termine par l'apparition, au plus mauvais moment, d'une paire de chaussures artisanales. Entre les deux, il se passe dix ans de la vie d'Elena et Lila, deux gamines de 5-6 ans, et de leur quartier, pauvre, dans le Naples des années 50. Elena, la narratrice, raconte son amitié avec Lila, une relation faite d'attirance, de jalousies et de rivalités, une amitié parfois bancale et inégalitaire mais cependant fusionnelle et irrésistible malgré les souffrances et les détachements. Leurs tempéraments s'opposent et se complètent, Elena la réfléchie, disciplinée, malléable, Lila l'impulsive, l'ardente, indomptable et parfois féroce. Elles ont un point commun, leur intelligence : brillante chez Lila, qui n'ira pourtant pas au-delà de l'école primaire et ira travailler dans la cordonnerie de son père, plus scolaire chez Elena, qui doit bûcher sans arrêt pour être la meilleure. Mais sur ce plan c'est Lila qui l'emporte : dotée d'une intelligence aiguë et supérieure, elle s'instruit en autodidacte et devance Elena, jusqu'au jour où elle se lasse de cette compétition. Puis ce sont les premiers émois amoureux et les transformations physiques qui les désunissent. Elena, plus précoce, a une longueur d'avance sur Lila, qui semble indifférente à ces bouleversements. Pourtant là aussi, elle dominera, lorsqu'elle se transformera en beauté solaire et inaccessible. Les destins de Lila et Elena semblent diverger mais leur amitié tient bon, au milieu du tumulte de leur quartier et du contexte socio-politique. Violences verbales, physiques, machisme rugueux, pauvreté (la "plèbe") puis essor économique, Camorra, communisme, la vie à Naples est rude et bouillonnante, et le monde évolue autour d'elles, bien qu'elles n'en rendent compte que confusément.



Dans ce roman réaliste, il est question de misère, d'apprentissage, d'émancipation, d'ascenseur social et de rêves à poursuivre. A ce stade de ma lecture, je me demande si et comment Lila et Elena atteindront les leurs, l'une semblant se contenter (se fourvoyer?) dans le conformisme malgré toute sa fougue, et l'autre cherchant à sortir de sa condition mais mal à l'aise et solitaire à cause de sa réussite scolaire : "Ce fut pendant ce trajet vers la Via Orazio que je commençai à me sentir clairement une étrangère, rendue malheureuse par le fait même d'être une étrangère. J'avais grandi avec ces jeunes, je considérais leurs comportements comme normaux et leur langue violente était la mienne. Mais je suivais aussi tous les jours, depuis six ans maintenant, un parcours dont ils ignoraient tout et auquel je faisais face de manière tellement brillante que j'avais fini par être la meilleure. Avec eux je ne pouvais rien utiliser de ce que j'apprenais au quotidien, je devais me retenir et d'une certaine manière me dégrader moi-même. Ce que j'étais en classe, ici j'étais obligée de le mettre entre parenthèses ou de ne l'utiliser que par traîtrise, pour les intimider".



Avec ce premier tome, Elena Ferrante m'a totalement captivée, embarquée dans cette histoire dense et marquante, avec son écriture riche et minutieuse, des descriptions psychologiques saisissantes de justesse, et bien sûr ses deux héroïnes mémorables. Il y aurait encore tant à en dire, mais pour résumer, voilà un roman (allez , j'ose:) ... prodigieux.
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L'amie prodigieuse, tome 4 : L'enfant perdue

Et voilà, c’est fini.

2093 pages de pur plaisir littéraire.

4 tomes d’une série incroyable, où le cœur des femmes, la vie d’un pays à travers ses violences socio-politiques ont été fouillés très intimement pour en tirer la substantifique moelle.



Mais ce qui fait la colonne vertébrale de ce texte, seule une ville située entre Vésuve, entre chaos et espoirs de modernité pouvait en tenir le rôle. Naples, à la fois dangereuse et humaine plonge lecteurs, personnages et auteure dans la question d’une vie : une ville-pieuvre peut-elle happer ses habitants, malgré leur désir d’envol ?

Comme si on n’avait jamais quitté Elena et Lila, ce quatrième opus nous plonge donc toujours et encore plus au cœur du déterminisme social, et avec lui l’éternelle question de savoir si on peut s’extraire vraiment du milieu qui nous a vu naître et grandir.



Et puis, flotte toujours cette relation compliquée entre les deux amies qu’Elena Ferrante explore remarquablement en donnant la plume à la brillante Elena. Mais cette compliquée relation ne l’est-elle pas tout simplement parce que Naples gâche tout ? Ce texte met en exergue « la nature à la fois splendide et ténébreuse » de cette amitié, ainsi que la douleur intense et compliquée de Lila depuis toujours, et pour toujours.

« La touche que je préfère », dira-t-elle à propos du clavier de son ordinateur, « c’est celle qui sert à effacer. »

Mais on ne peut pas effacer « le monde d’en bas ».

« Ma vie se réduirait à une bataille mesquine pour changer de classe sociale ? » lui lance à la figure Elena, un jour de querelle.



Ainsi, je ne me suis jamais ennuyée dans ces 560 pages que j’ai dévorées. Certaines, d’une telle force, m’ont même ôtée le sommeil (un évènement majeur survient dans ce dernier tome). Jamais, une auteure ne m’aurait fait cet effet. L’analyse par l’entremise d’Elena, des sentiments, des événements tant privés que collectifs s’est révélé pour moi géniaux. Le récit ne bégaye pas, il insiste seulement sur certains points chers à l’auteure. J’ai accepté ce fait.

A travers une image récurrente de la ville tentaculaire, qui symboliquement détruit malgré les liens amicaux, familiaux, Elena Ferrante nous a offert une œuvre à la fois sociale et féministe dont je comprends enfin l’étendu du succès mondial reçu. Finesse des portraits (principaux ou pas), réalisme brutal, narration fluide, tout est habilement construit, ici encore, comme dans les trois premiers volumes. Pas de temps mort.



Elena se raconte, Elena livre sa vision des évènements, et le recueil d’informations glanées ça et là. Elena (au même nom que l’auteur) remet à sa juste place cette longue intrigue, dans une impressionnante maitrise des fils dramatiques, dans un sens évident de la narration.

Ce long roman très dense en réflexions, plus encore qu’une enquête sur Naples établit une radiographie sociologique à dimension humaine que je ne suis pas prête d’oublier.



Il m’a questionnée sans cesse, et c’était délicieux que de sentir son esprit titillé ainsi par des interrogations comme…

- Peut-on se déstructurer quand on est femme, pour se recomposer ?

- La trame d’aujourd’hui n’est-elle que la suite du rouleur compresseur d’hier ?

- Quelle part pour l’inné ? pour l’acquis ?

- Toute relation était-elle invariablement douloureuse parce que vivante ?

- Toute blessure a-t-elle forcément des points de suture ?

- Lila est-elle méchante ou lucide ? Ses souffrances excusent-elles son caractère ? Son « cerveau virevoltant » est-il la conséquence d’une adaptabilité aux dangers inhérents à sa classe sociale ?

- Etc…



Dans cette collision permanente entre passé et présent, on peut lire aussi la dénonciation des compromis des partis politiques et la violence de l’Etat sur son peuple. Et je me demande tout simplement si L’amie prodigieuse, Le nouveau nom, Celle qui fuit et celle qui reste, L’enfant perdue ne nous disent pas avant tout que « Tout rapport entre des êtres humains est truffé de pièges et, si on veut qu’il dure, il faut apprendre à les esquiver. »




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L'amie prodigieuse, tome 3 : Celle qui fuit..

Elena Greco, la narratrice, m'a repris dans son récit et j'ai à nouveau plongé dans cette histoire tellement napolitaine mais aussi italienne, histoire d'amitié, d'amours mais aussi sociale et politique de la fin du XXe siècle. On le sait, Elena Ferrante n'est pas le vrai nom de l'auteure de cette saga, L'amie prodigieuse, maintenant adaptée en série télé, mais le talent de celle qui écrit ne se dément pas.



Avant de replonger dans le passé, Elena (Lenuccia ou encore Lenù) se situe en 2010 et dit que la dernière fois qu'elle a rencontré son amie, Raffaella Cerullo, appelée plutôt Lina ou Lila, c'était en 2005. Retrouvant Naples, sa ville natale et son dialecte, elle constate : « Quand je rentrais de Pise, le gratte-ciel de la gare, loin de symboliser le renouveau d'une communauté, ne me semblait plus qu'une preuve supplémentaire de son inefficacité. » Elle ajoute même : « une ville faite d'un feuilleté de plus en plus friable. »

Si Lila ne veut pas qu'elle écrive sur elle, c'est raté ! En effet, c'est parti et nous voilà quarante ans plus tôt pour prendre la suite de leur jeunesse avec cet âge adulte, cette Époque intermédiaire, comme l'indique le sous-titre de ce volume III.

Les hommes, maris, amants, copains d'enfance, prennent une place importante mais c'est Nino Sarratore qui éclipse finalement tous les autres. Il fascine, déçoit, attire, est aimé, adoré, détesté puis aimé à nouveau par ces femmes dont les sentiments, les désirs, les souffrances, les joies, les déceptions sont si bien rendus par un texte d'une finesse incroyable.

De plus, il y a la famille, les familles, certaines modestes, d'autres parvenues et d'autres encore qui ont eu la chance de posséder l'argent, cet argent que les Solara gagnent par tous les moyens.

Puis, c'est le monde du travail que Lila permet d'explorer avec les salaisons de Bruno Soccavo où les gens sont exploités, les femmes abusées, maltraitées où la toute-puissance du patron n'a pas de limites, empêchant par tous les moyens l'émergence du syndicalisme. C'est là enfin que le contexte politique apparaît avec la bataille féroce engagée par les fascistes pour permettre à ceux qui ont le pouvoir de le conserver. Mai 1968, en France, mobilise aussi en Italie et les débats dans les universités sont virulents.

Elena fait sa vie dans tout ça, retrouve épisodiquement son amie prodigieuse, ne la laisse jamais tomber. J'ai trouvé ce livre encore plus riche et plus dense que les précédents. Les personnages s'aiment, souffrent, se déchirent, se retrouvent, étudient, publient. le tout est écrit avec une extrême sensibilité, un sens aigu des sentiments humains, des difficultés à vivre ensemble et cela donne un roman passionnant qui captive de bout en bout et me motive pour lire le tome IV… bientôt.




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L'amie prodigieuse, tome 1 : Enfance, adole..

J'ai succombé à mon tour à Elena et Lila !

J'ai succombé à cette histoire d'amitié forte, ambiguë et passionnelle comme une histoire d'amour. D'ailleurs, c'est une histoire d'amour. L'amitié est un peu le parent pauvre des relations contemporaines. Elle passe derrière tous les autres liens, familiaux, amoureux...On lui dénie toute puissance et toute passion : on n'a pas le droit d'être jaloux en amitié, pas le droit de se fâcher, de se disputer, pas le droit de se voir tous les jours, pas le droit de prendre de la place. La place est réservée aux autres. Et pourtant cet amour-là existe. Ces deux fillettes, puis jeunes filles ont de la chance de ne pas douter d'avoir le droit de se préférer à tous les autres. Sans demander la permission ni se poser de questions.

Thème rare aussi, en tout cas pour moi, Naples dans les années 1950...Deux fillettes d'un quartier pauvre qui, en 1958, à 14 ans n'ont jamais vu la mer...A Naples !! A peine aperçu le Vésuve...Elles ne connaissent de vue que leurs rues sombres, en tout cas au début. L'amitié débute tôt, à l'école. elle devient centrale. Lila est un génie qu'Elena, plus laborieuse et sérieuse, admire et envie. Elle se colle à elle. Lila est méchante, elle n'est pas acquise, elle se dérobe, puis elle s'obtient. C'est une personne exceptionnelle, qui donne à la vie d'Elena tout son relief et sa saveur. La réciproque est-elle vraie ? Nous voyons par les yeux d'Elena,et nous ne nous voyons pas très belle ni intelligente. Qu'est-ce qu'elle nous trouve ? Est-ce qu'elle va continuer à nous aimer ? Mais Lila nous donne, à sa manière, des preuves d'une affection profonde...L'école, le collège, le lycée, pour l'une et pas pour l'autre. Les amitiés, les bandes, les amoureux du quartier...Toute une jeunesse se passe jusqu'aux seize ans des deux jeunes filles. Je n'en dirai pas plus, sauf que, moi aussi, par les yeux d'Elena, j'ai gravement succombé au charme de Lila.
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Elena Ferrante est le pseudonyme de Erri De Luca, le véritable auteur des romans.

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