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Critiques de Eshkol Nevo (160)
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Quatre maisons et un exil

Je continue ma découverte de la littérature israélienne. Et je suis enthousiasmée, une fois de plus.



Au début, il faut s'accrocher, et maintenir constamment son attention. En effet, d'un paragraphe à l'autre, on change de point de vue. Quel fourmillement de pensées! Celles d'habitants d'un même quartier, dans une ville entre Tel-Aviv et Jérusalem.



La maison est au coeur de l'histoire. Celle où vivent Moshé et Sami, leurs deux enfants et les parents de Moshé. Celle où s'installe en location un jeune couple d'étudiants, Noa et Amir. Celle enfin où Sadek retourne, maison d'enfance qu'il a dû quitter, en tant qu'Arabe. Ce sera aussi un refuge pour le jeune Yotam , qui vient de perdre son grand frère.



A travers ces multiples faisceaux se dessine une image passionnante du quotidien de quelques familles juives , entre drame et humour, folie et raison. De nombreux thèmes sont abordés: la religion, la complexité de vivre ensemble, la création artistique, la crainte journalière des attentats,le déracinement, la résilience.



J'ai beaucoup aimé m'introduire dans l'intimité de ces foyers, connaître leurs hésitations, leurs tourments, et partager avec eux le goût et la chaleur d'un lieu où se sentir bien. En dépit des guerres, des deuils et des tracas. En dépit de tout.
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La dernière interview

«  Tout reste bloqué dans mon corps . Et l'écriture représente l'unique chance de libérer tout ça. »

«  Quand on a vingt ans et des poussières , les mises en garde sont autant de mouches qu'on chasse d'un revers de main …. »

«  Ce qui signifie peut- être que cette dysthymie ( dépression ) n'est qu'un tunnel qu'il faut traverser » .

Voici trois extraits de ce gros livre : 467 pages presque lu d'une traite grâce à une amie italienne qui m'a fait découvrir cet écrivain , j'en suis à ma troisième découverte .

Un bonheur !

Mais alors quel conteur fascinant !

Un écrivain israélien à succès , peu importe que ce soit le double de l'auteur ou pas , accepte de répondre aux questions d'internautes sur ses livres .



Chaque interrogation l'amène à s'ouvrir avec sincérité , humour, intelligence. ,Il répond avec honnêteté à toutes les questions , le roman est construit avec un soin particulier ,révélant avec une finesse psychologique remarquable le quotidien d'un écrivain avec ses doutes , ses fantasmes , d'une façon décontractée , parfois jubilatoire .

Est - ce qu'il nous mène en bateau ou se dévoile t- il ? .



Même si ses réponses n'étaient pas d'une sincérité absolue , leur qualité , leur richesse est telle qu'elle suscitent chez le lecteur nombre de réflexions et de questions riches, foisonnantes , intéressantes à propos d'Israël.



«  Chez moi, il y avait des obstacles , des conflits, des protagonistes plus complexes » .

Ce colporteur «  de récits » comme il l'affirme s'impose malgré tout des lignes rouges » .

Il analyse avec sensibilité , recul , ses rapports avec son épouse Dikla , qui désire le quitter , mentionne son grand - Père, le troisième premier ministre israélien, ses angoisses et sa douleur en ce qui concerne son meilleur ami depuis toujours: Ari ,hospitalisé, atteint d'un cancer incurable .



Il dresse de manière franche ou décalée un tableau remarquable de la société israélienne en citant «  Amos OZ » d'ailleurs , de politique , de désir , d'amitié , d'amour , des difficultés d'Israël , de la montée inquiétante des populismes , de la question palestinienne brûlante ,de ses rapports avec ses enfants .

C'est un abonné des tournées internationales pour ses livres,

Au fond , c'est l'histoire d'un héros pessimiste , dont les certitudes vacillent très lentement mais sûrement .

En tissant la toile de sa propre histoire , il va et vient dans le temps , en dévoilant progressivement les instants décisifs .



L'écriture est fluide, sensible, on ne s'ennuie pas une seconde .



Pétri de second degré et d'autodérision, c'est un texte littéraire brillant , formidablement humain ,à la fois intime et universel , touchant à toutes les questions essentielles .

Chacun de ses livres est surprenant , je trouve—-:un intellectuel qui se pose des questions, ce n'est pas si courant —-et en pose à ses lecteurs.

Abouti . Magnifique !

Merci Idil , une fois de plus .





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Trois étages

Trois étages pour trois histoires israéliennes, mais qui pourraient avoir lieu n’importe où puisque les sujets sont universels. Le couple, la maternité, la culpabilité, la tromperie. Une bonne introspection dans le cerveau féminin. Plus les marches montent, plus c’est fort. Apothéose au dernier étage. Des questions viennent en refermant ce roman. Si nous avions eu d’autres voisins, d’autres parents, autre fratrie, des enfants différents des nôtres ? J’invite les lectrices à découvrir cet auteur comme l’a fait pour moi Bookycooky.
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Jours de miel

Un livre amusant. Oeuvre de l'écrivain israélien contemporain Eshkol Nevo, il m'a fait penser à une sorte de conte oriental un peu loufoque.



Des événements absurdes se déroulent dans la Ville des Justes, plus précisément dans un nouveau quartier nommé Source-de-fierté... On n'en sait pas plus sur l'identité de la ville ! Tous les lieux d'Israël dont il est question dans l'ouvrage, sont désignés par une métaphore. Il y a la Ville des Pêchés, la Ville des Sables, la Ville Frontière... Dans le quartier Source-de-fierté, appelé la Sibérie par certains en raison d'une légende microclimatique, l'on trouve des logements occupés par des immigrants et un camp militaire ultra-confidentiel, la base-secrète-connue-de-tous.



Le personnage principal du roman… n'est pas un personnage ! C'est un mikvé. Pour ceux qui ne le savent pas, un mikvé est, dans la tradition juive, le lieu de bain rituel où les femmes vont se purifier avant de prendre époux et, pour les plus observantes, chaque mois à la fin de leurs règles. Une purification très symbolique, à laquelle peuvent aussi procéder – séparément, cela va de soi ! – les hommes très religieux ayant le sentiment d'avoir péché. D'un point de vue pratique profane, bien qu'aménagé suivant des spécifications propres au judaïsme, un mikvé s'apparente à un établissement de bains classique.



Mais que peut-il advenir lorsqu'un mikvé est construit dans un quartier où les femmes ont toutes passé l'âge de procréer, où de surcroît les habitants, des juifs russes retraités fraîchement immigrés, ne parlent pas un mot d'hébreu, sont très éloignés de la religion, et ne savent pas très bien à quoi sert ce nouvel établissement joliment agrémenté de petits bassins, construit par la municipalité ?



On ne rencontre dans le livre que des personnages lunaires. Chacun comprend à sa manière la finalité de l'établissement, choisit de s'y rendre ou pas, de s'y baigner ou pas, et peut même, si affinités, y passer des moments d'extase, des jours de miel.



Parmi ces personnages, deux couples retiennent l'attention.



Un homme et une femme natifs d'Israël, incapables de tirer un trait sur une liaison torride terminée depuis sept ans. Elevés dans la tradition laïque d'un kibboutz, ils se sont réfugiés, après des expériences plus ou moins convaincantes, dans une pratique orthodoxe du judaïsme. Eux connaissent la finalité sacrée du mikvé. Cela ne les empêchera pas de… Mais l'on peut toujours y voir une volonté de Dieu !



Un couple d'immigrants russes retraités, Katia et Anton. Ils se sont rencontrés récemment et sont en quête de la sublimation de l'amour tendre qu'ils se portent. Ils ne savent pas ce qu'est un mikvé, d'autant plus qu'Anton n'est pas juif. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir de l'imagination... et de bénéficier d'un coup de main divin.



On rencontre aussi un milliardaire américain juif, prodigue et prolixe, qui a financé le mikvé en l'honneur de sa femme disparue. Un maire en mal de vie sexuelle, qui fantasme sur l'éventualité de découvrir une jeune et jolie célibataire dans son prochain lot d'immigrants russes. Un jeune entrepreneur arabe israélien, qui se fait passer pour juif, spécialisé dans la construction de bains rituels. Il est aussi passionné d'ornithologie, une activité qui requiert d'observer les alentours à la jumelle et qui ne convainc pas l'officier de sécurité de la base-secrète-connue-de-tous. Sans oublier Nathanaël le-Juste-caché qui terrorise ceux qui croient à son existence.



Eshkol Nevo s'adonne à une critique satirique mi-acerbe, mi-affectueuse, des moeurs de son pays, de ses diversités, de ses contrastes, de ses charmes, de ses travers.



Un livre amusant… Ah ! Je l'ai déjà dit ! … Bon, disons : des petites histoires mignonnes, qui se lisent agréablement.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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La dernière interview

Un écrivain se soumet aux questions des internautes et en profite pour revenir sur les faits saillants de sa vie , de celle de son pays , Israël.



Petite déception pour moi que ce livre , que j'ai trouvé très long malgré des passages savoureux , notamment ceux inhérents au conflit israélo palestinien et routes les conséquences humaines qui en découlent.



Certes , l'exercice de style est brillant, le style fort agréable mais il m'a manqué la flamme du récit, peut être la continuité de l'histoire et sans doute un peu de concentration pour pleinement apprécier ce livre.

Alors bien sur , on s'attache à cet écrivain , ses doutes , ses erreurs , sa vie familiale faite de hauts et de bas . Mais sans plus pour moi.

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Trois étages

Au premier étage de cet immeuble de Tel Aviv, vit un couple d'une quarantaine d'années, Ayelet est avocate et Arnon, après avoir fait faillite s'est orienté vers la décoration de restaurants; il est surtout devenu papa-poule avec sa fille aînée Ofri, qu'il protège de la dureté d'Ayelet qui, maltraitée par sa mère, n'a jamais vraiment su s'y prendre avec sa propre fille. Quand le couple doit s'absenter, ce sont les voisins âgés, juifs allemands, Ruth et Hermann qui s'occupent de la petite. Mais un matin, Hermann, qui perd un peu la tête, et Ofri sont retrouvés quelques heures après dans un verger, Hermann, hagard, la tête posée sur les jambes allongées de la petite fille. Arnon va alors enquêter, épiant le moindre signe dans le comportement de sa fille qui pourrait évoquer un abus, se faisant de plus en plus menaçant envers Hermann et Ruth.

Un couple de trentenaires Hani et son mari Assaf, leurs deux enfants Liri et Nimrod habitent au second étage. Assaf est souvent en déplacement et Hani a renoncé à travailler pour rester femme au foyer. Mais quand Eviatar, le frère d'Assad débarque un matin, aux abois car il est poursuivi pour avoir monté un système de Ponzi, Hani l'héberge et la présence attentionnée de son beau-frère remet en cause ses certitudes, sa vie d'épouse peu épanouie et de mère qui se voudrait parfaite.

Au troisième, Déborah, juge à la retraire vient de perdre son mari Mickaël, qui était juge également. Sa douleur est encore intense et à l'occasion du rangement d'un répondeur téléphonique, écoutant la voix de son mari, elle se met à enregistrer des messages pour lui raconter sa peine et les petits évènements de sa vie. Elle lui raconte sa participation à une manifestation, où suite à un malaise, elle a été secourue par des jeunes et fait la connaissance d'Avner Ashdot, un ancien du Mossad, qui semble connaître beaucoup de sa vie.

Une découverte avec ce roman chorale dans lequel Eshkol Nevo qui tour à tour se met dans la peau d'un homme dévoré par le doute et deux femmes, l'une de trente ans et l'autre à la retraite, chacune d'elle ayant ses propres angoisses, des résidents au bord de la crise de nerf qui se retrouvent confrontés à leur point de rupture et des choix de vie. Un roman qui pourrait presque être un recueil de nouvelles où l'on se croise et dans lequel la psychologie des personnages est très finement analysée; au delà des relations humaines, ces récits évoquent des aspects de la vie en Israël, pour certains un retour à la nature dans un kibboutz ou les escroqueries financières, pour les autres les références au service militaire ou au Mossad.



Une lecture qui permet d'en connaître un peu plus sur la société israélienne.
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Trois étages

Arnon est un vrai dur avec un flingue et une libido de vrai dur et aussi un cerveau de vrai dur, qui laisse, en connaissance de cause, sa fille à la garde d'un vieux fou pour ne pas louper son fitness puis lui en veut à mort.



Au deuxième, 'La veuve' ainsi nommée car souvent délaissée par son mari en voyage d'affaire et qui prend le risque de cacher le beau frère, investisseur véreux poursuivi par la mafia, mais extraordinaire avec les enfants.



Au troisième une veuve, Déborah, juge retraitée, socialement engagée, tentant de renouer avec le fils qui les a reniés.



Trois étages, trois monologues attirant l'empathie mais nous déposant leurs angoisses.

Découverte intéressante d'un auteur israélien.
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Trois étages

En Israël de nos jours dans un immeuble de la "middle class" non loin de Tel Aviv, l'auteur à travers trois longues nouvelles liées va se pencher sur le quotidien de trois familles, leur vie, leurs failles .

Au premier étage, un jeune couple avec deux enfants en bas âge. En face d'eux, un couple de personnes âgées qui fait office de baby sitter. Dès la première ligne, le doute plane et l'incident sous-jacent. le père se confie à un ami écrivain .

Au deuxième étage, là aussi un couple avec deux enfants , mais la mère est femme au foyer, son mari amené à très souvent s'absenter. Elle aussi, elle s'absente , mais dans sa tête et décide d'écrire à son amie partie aux USA pour lui narrer ses aventures.

Enfin au troisième , une juge veuve a une histoire à raconter à son mari décédé .Elle décide de le faire via le répondeur téléphonique. la aussi l'enfant va jouer un rôle primordial.



Il y a bien sûr le lieu comme point commun aux trois histoires, les protagonistes étant amenés à se croiser. Il y a aussi le parallèle avec la théorie freudienne des trois étages , le ça , le surmoi et le moi , qui ne m'est connu que de nom, je n 'avais qu'à écouter à l'école :)!. cependant, pour les niais dans mon style, l'auteur fait un petit couplet "Freud pour les nuls", apportant un éclairage qui m'a semblé suffisant.

De toutes les façons, même si l'on ne pipe rien à la psychologie, on ,'est nullement gêné.

Car il y a bien plus.

Trois histoires fortes qui par la plume de l'auteur monte en puissance au fil des pages , interdisant au lecteur de lâcher le livre avant le dénouement.

trois histoires construites sous forme de dialogue entre un personnage de l'histoire et un intervenant extérieur .

Trois histoires magnifiquement construites .

Même si le chemin tracé par l'auteur est semé d'indices indéniables , sa façon de nous amener où il veut est remarquable .La mise en place minutieuse de la "scène finale " de chaque histoire est autant diabolique que remarquable.

A travers ces histoires, on plonge dans la société israélienne, ses doutes , ses failles , ses peurs.

On notera également le poids des progénitures dans la construction de chaque couple , le destin d'un couple tributaire de ses enfants et de la gestion des soucis engendrés.

Enfin comment ne pas noter l'impressionnante adaptation de l'écrivain au sexe de ses personnages , tout en finesse et maitrise !

J'ai un faible pour la première histoire , sans doute parce qu'elle constitue mon premier contact avec cet écrivain, mais aussi parce qu'elle concerne un homme qui va tomber tomber dans un piège tellement gros que le pathétique qui l'entoure est détonnant. Et pourtant, en fouillant bien , on va tous en trouver un gars comme ça.

Une très belle découverte, dûe à Bookycooky que je remercie ici !
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La dernière interview

Dans ce texte structuré comme une interview, un écrivain fait le bilan de sa vie publique et privée sous la forme d'un vagabondage entre présent et passé. Très vite ce qui était censé être une interview, simple mais approfondie, devient une histoire en soi. Une histoire d'amour(s) qui évolue vers un examen de conscience alors que chaque révélation mène à la suivante.

Le récit marche en permanence sur une mince ligne séparant vérité et mensonge, mais peu importe. L'essentiel est de jouer le jeu proposé par Nevo en se laissant captiver par ses vrais mensonges pour apprécier le portrait émouvant d'un homme à la dérive, sensible et amoureux, fictivement réel ou réellement fictif.

Jusqu'à présent je n'avais jamais été tout à fait séduite par cet auteur mais avec cette pseudo-interview, il m'a éblouie. Gros coup de ♡ vrai de vrai !
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Le cours du jeu est bouleversé

Bookycooky, je te vénère pour m'avoir conseillé ce roman. Une belle histoire d'amitié de quatre Israéliens, qui au court du mondial de foot 1998, décident d'inscrire sur papier libre leurs voeux qui ne seront dévoilés qu'au prochain mondial. Ils se réaliseront bien mais pas sur celui qui en a décidé. Ce qui bouleversera le cours du jeu... le lecteur, durant quatre années, va suivre le parcours des quatre personnages, ô combien différents ! Des souhaits professionnels mais aussi amoureux comme celui de Youval, narrateur, qui rêve d'épouser Yaara. Je me suis délectée de certaines de ses pensées que j'ai mises en citation. Belle analyse de l'être humain avec ses désirs, ambitions, réussites, échecs et les hasards de la vie. Celui qui publie n'est pas celui qui a écrit. Il est donc intéressant, et bien démontré, de voir qu'une même histoire n'est pas perçue de la même façon selon l'individu. Une nouvelle année commencée par une belle lecture, grâce à Bookycooky.
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La dernière interview



L'écrivain israélien Eshkol Nevo, auteur de cinq romans,dont un d'entre eux, "Trois étages" a été adapté par Nanni Moretti- au cinéma - et on devrait le retrouver en 2021 lors du prochain festival de cannes si tout va bien- prend un angle assez original pour son sixième roman.



L'écrivain israélien Eshkol Nevo prétend répondre à toutes les questions posées par ses lecteurs internautes.Cette "interview" n'est qu'un prétexte pour raconter la vie tourmentée d'un écrivain qu'on imagine proche de l'auteur, lui permettant d'aborder des thèmatiques comme la création littéraire , ses relations de couple, la politique.



Résultat des courses : 480 pages sous la forme d'un vrai-faux entretien avec un faux-vrai écrivain célèbre pour répondre aux interrogations d'une armée anonyme d'internautes.



Un roman proche de l'autofiction, on se demande souvent où est le vrai ou est le faux et cela apporte pas mal de dimension ludique à l'éxercie.



Dans la dernière interview, il y a aussi beaucoup de finesse et une pincée d'humour pour un ensemble qui nous émeut et nous pousse à la réflexion sur notre propre vie; l'essence même d'un acte créatif, non?
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Trois étages

Secrets et solitude, tranches de vie, quotidiens tourmentés, à travers trois voix qui confient leurs blessures, rêves et fantasmes.



Trois étages, trois ambiances aux tons différents, sombre - pathétique - bouleversant.



"...les brusques métamorphoses sont possibles quand, sous la croûte des apparences, quelque chose attend qui ne demande qu'à éclore"[...]



Tragi-comédie à l'image de la théorie freudienne que ce roman "Trois étages" :

Ça - Moi - Surmoi. C'est brillant.

"La théorie psychanalytique de Freud divise la personnalité en trois topiques, soit trois étages, premier étage le Ça, nos pulsions, nos instincts ; deuxième étage le Moi, qui tente d'établir un rapport entre nos pulsions et la réalité ; troisième étage, le Surmoi, qui exige que nous prenions en compte l'influence que nos actes exercent sur la société ".



Quels secrets se cachent derrière les portes des appartements de ses voisins, dans cet immeuble de la banlieue de Tel-Aviv ?

"Car quel est le plus gros secret qu'un être humain dissimule aux yeux du monde ? Sa vulnérabilité".



- Que s'est-il passé entre sa fille et son voisin, vieux monsieur ? Arnon l'ignore, la situation est ambiguë, ça tourne à l'obsession chez lui.

- Hani souffre d'ennui, s'occupe seule de ses enfants, son mari toujours absent pour son travail, elle doute d'avoir encore toute sa tête.

- Deborah, juge à la retraite, veuve, se débat avec sa solitude, veut se sentir utile.

Tous ressentent le besoin urgent de soulager leur conscience en se confiant à un être cher.



De confidences en révélations, un canevas de personnalités, de conséquences.

*

Un roman intelligent, habilement construit, que j'ai apprécié, découvrant ici un auteur que je continuerai à lire.

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Trois étages

Un roman très agréable à lire, composé de trois chapitres, trois nouvelles, trois étages.

Chaque étage du même immeuble compose un chapitre et on se doute bien qu’un des personnages de l’un des étages va être en lien avec un des personnages de l’autre étage et ainsi de suite, et en effet, sur ce principe de construction, pas de surprise.

Alors où est la surprise de ce roman ?

Il me semble que c’est… à chaque chapitre-étage, l’auteur met un narrateur qui raconte, ou écrit, à un de ses proches (ami, frère, amie)… sans que le lecteur ne soit assuré de la réalité de la destination. Ce besoin de se raconter. Alors, l’un raconte à son frère, réel ou imaginaire, franchement, on peut se poser la question, l’autre écrit à son amie qu’elle n’a pas vue depuis vingt ans, donc cette lettre on imagine va se perdre, et enfin, la dernière enregistre sur un répondeur des messages à son mari qui est mort. Donc là on a bien compris, aucun de ces messages un peu testamentaires ne parviendra ou ne sera parvenu à son destinataire.

Pourquoi ? Parce que ces trois personnages ont loupé le vivant. Et ils se retrouvent gros jean comme devant, moins vivants que les morts dont ils nous parlent.

Et là le message de l’auteur est implacable. Et urgent.

Les histoires s’imbriquent les unes dans les autres habilement, les personnages sont tous sympathiques, oui, tous, ils passent vite, parfois, mais je les tous aimés, car tous compréhensibles dans leur histoire, et ce roman est du coup aussi une belle leçon de tolérance, de bienveillance, de fraternité, mais sans sucre. Au contraire, plutôt brut de coffre.

La construction du roman est intéressante, les personnages sont tous, aimables, les problématiques abordées, sensibles, humaines et toujours avec un petit sourire en coin.

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La dernière interview

Le nouveau roman d'Eshkol Nevo est une pépite littéraire. Rien d'étonnant pour ceux qui suivent l'écrivain israélien depuis ses débuts mais La dernière interview se démarque de ses livres précédents par l'originalité de son point de départ. Tout au long de l'ouvrage, le narrateur répond aux questions d'internautes, lesquelles se révèlent plutôt attendues et banales. Mais cette "interview" n'est qu'un prétexte pour raconter la vie agitée d'un écrivain en proie à une athymie (entre l'apathie et la dépression) alors que son meilleur ami lutte contre le cancer, que son couple bat de l'aile et que ses enfants lui causent bien des tourments. C'est le bon moment pour une auto-analyse qui surfe avec agilité entre présent morose et souvenirs du passé (un voyage initiatique en Amérique du Sud, les moments-clés de sa relation avec sa compagne, son évolution comme auteur, etc.). Tout lecteur se posera évidemment la grande question : cet écrivain est-il Eshkol Nevo, oui ou non ? La réponse est : peut-être, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout. Certes, il est question du grand-père de Nevo qui a bien été un homme d’État ; certes, la virée en Amérique Latine est réelle, etc. Mais bon, l'auteur de La dernière interview est très habile à maquiller la fiction en vérité et inversement, alors ... Qu'importe, le livre est magnifique, slalomant avec style et fluidité au milieu des flashbacks et traitant d'un nombre incalculable de sujets avec aisance et élégance : l'amitié, l'amour, la politique, le statut d'écrivain, la mort ... C'est le genre de bouquin que l'on peut lire d'une traite comme un polar psychologique ou plus lentement, pour le plaisir de le retrouver et d'en savourer la progression. Le narrateur passe par tous les états et le lecteur itou : du rire aux larmes, pour reprendre un bon vieux cliché. Nevo est par exemple passionnant quand il évoque la façon dont un écrivain se nourrit des événements de sa propre vie et vampirise celle de ses proches pour alimenter ses livres, au risque de se fâcher durablement avec eux. Quant aux dialogues du roman, ils sont éblouissants et d'une incroyable drôlerie (la conversation avec le psychologue au sujet du plus jeune fils de l'auteur), se transformant en psychodrame hilarant. Est-ce le meilleur livre d'Eshkol Nevo ? Difficile à dire, tellement il a placé la barre très haut, sans jamais décevoir. Son plus personnel, alors ? Oui, sans doute, et le plus cathartique, quoique avec lui, rien n'est jamais sûr et c'est bien pour ce jeu entre fiction et réalité que La dernière interview est aussi réussi. Vivement la suite (un recueil de nouvelles ?) avec aussi la perspective de voir bientôt au cinéma l'adaptation de Trois étages par Nanni Moretti.



Un grand merci à Babelio et à la maison Gallimard pour m'avoir offert cette lecture en avant-première.




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Jours de miel

L'israélien Eshkol Nevo est l'auteur de l'un des meilleurs romans de ces dernières années : Le cours du jeu est bouleversé. Sans atteindre les mêmes hauteurs, son petit dernier, Jours de miel, est une oeuvre chorale délectable qui s'amuse à nous décrire une petite ville dont certains habitants vont connaître de nombreux bouleversements dans leur existence jusqu'alors relativement paisible. La raison ? Un riche américain a légué une importante somme d'argent pour honorer la mémoire de sa chère épouse. Ne reste à la municipalité qu'à construire un mikvé (un bain rituel utilisé pour l'ablution nécessaire aux rites de pureté dans le judaïsme) que le donateur viendra visiter peu après son ouverture. Sauf que, bien entendu, dans le conte drolatique et malicieux écrit par Nevo, rien ne se passe comme prévu. Entre les nouveaux immigrants russes qui ne parlent pas hébreu, l'adjoint au maire qui retrouve l'amour de sa vie et un jeune arabe chargé des travaux et apprenti ornithologue à ses heures, un certain chaos va s'établir au fil de péripéties burlesques, émouvantes et douloureuses. La ville décrite représente une sorte de concentré de la société israélienne avec ses contradictions, ses situations ubuesques et ses incohérences. Malgré la multitude des personnages et la complexité de leurs destins croisés, l'on s'attache à leurs mésaventures car s'ils sont faibles et parfois lâches, ils n'en ont pas moins l'espoir chevillé au corps et l'envie de sublimer leur quotidien. Et la plume narquoise d'Eshkol Nevo, chaleureuse et bienveillante, les croque de manière irrésistible.




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Trois étages

Construit sur modèle de la conscience selon Freud, le roman est divisé en trois lignes narratives mettant en scène un homme et deux femmes habitant le même immeuble dans une banlieue huppée de Tel-Aviv, chacun à un étage différent. Chacun à leur tour, ils se confient. Leurs troubles et leurs secrets exposent la psyché de personnes prises à des moments critiques de leur vie, tous axés sur la parentalité.

Chaque partie est racontée à la première personne sous la forme d'une conversation entre le protagoniste et l'un de ses proches. Arnon discute de sa situation difficile avec un vieil ami de l'armée, le seul qui peut comprendre ses pulsions violentes. Hani écrit une lettre à une vieille copine, tandis que Déborah laisse des messages sur un vieux répondeur, le seul endroit où elle peut encore entendre la voix enregistrée de son mari décédé.

L'histoire de chaque étage est distincte même s'il y a des moments où les personnages se rencontrent furtivement. Il y règne une atmosphère uniforme de mystère, de pressentiment à la limite de la paranoïa, avec une menace de violence à peine dissimulée. Eskol Nevo m'a encore une fois très agréablement surprise !
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Jours de miel

Tout commence par une lettre dans laquelle un Juif américain fait don d'une généreuse somme d'argent à une ville israélienne dans le but d'ériger un bain rituel au nom de sa défunte épouse. Mais problème, la ville en possède déjà une bonne dizaine ! Plutôt que de voir la subvention et les prochaines élections lui passer sous le nez, le maire trouve un emplacement assez improbable pour implanter l'édifice: près d'une base militaire et d'un lotissement occupé par de nouveaux immigrants russes "de qualité" mais trop vieux pour être "intéressants", ne comprenant pas le moindre mot d'hébreu et surtout n'en ayant rien à faire de la religion.

La construction de ce mikvé inopportun devient le pivot de toute une série d'histoires brassant en arrière-plan les sujets récurrents de la critique sociale propre à la littérature hébraïque contemporaine: la religion, l'armée, le kibboutz, la politique, la question de l'identité entre appartenance et exclusion. Ceci tout en laissant une très large part au thème plus intimiste des relations entre hommes et femmes à travers l'évocation de l'amour, du mariage, de la famille et de la sexualité...

La grande originalité de ce roman à multiples facettes réside dans le ton inhabituel employé par l'auteur, entre la gravité et le burlesque inspiré de la tradition yiddish. C'est surprenant, à la fois irrévérencieux dans la façon peu orthodoxe dont les vieux Russes utilisent le mikvé et pourtant très respectueux en ce qui concerne le retour à la religion.

Une lecture réjouissante et particulièrement savoureuse qui mélange avec brio pirojkis et falafels, un vrai régal à la sauce piquante, relevé de juste ce qu'il faut d'humour pour ne pas verser dans l'absurde. J'ai adoré !
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Quatre maisons et un exil

Au centre de ce roman se trouve une maison perchée sur une colline de Judée. C'est celle de Moshé et Sima. Les amoureux Noa et Amir y louent un petit appartement, Yotam, le gamin d'en face, y vient jouer et Sadecq, un ouvrier palestinien, reconnait en elle la demeure de son enfance. Cette maison concréte, c'est quatre murs qui protègent mais peuvent également séparer ou enfermer. C'est aussi le symbole du foyer familial, national, religieux et politique, thèmes abordés à travers de la voix de chacun des personnages cités plus haut. Tous prennent la parole pour raconter leur quotidien avec leurs désirs, leurs souffrances, leurs peurs, et les conflits intérieurs ou extérieurs qui les agitent, offrant ainsi différentes perspectives de la façon dont la situation sociale d'un pays peut impacter la cellule privée. Et la tension entre les deux pôles est particulièrement forte en Israël, le foyer national juif, état à la fois démocratique et religieux.



C'est un roman dans lequel j'ai eu un peu de mal à entrer à cause de sa structure narrative particulière où de façon fragmentée, chaque personnage s'exprime dans de très courts paragraphes. Dans un premier temps cette manière de procéder m'a empêchée de créer un lien privilégié d'intimité avec avec l'un ou l'autre. C'est plutôt frustrant et provoque une sensation d'inconfort qui fort heureusement se dissipe au fil des pages.

Je n'avais pas particulièrement apprécié " Le cours du jeu est bouleversé " mais la lecture de cet opus m'a convaincue de rejoindre le club des nevomaniaques en continuant à découvrir la plume sensible et nuancée de cet auteur capable de si bien parler de son pays.
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Trois étages

Il ne s'agit pas là d'un roman mais de 3 longues nouvelles. Les différents personnages habitent le même immeuble (c'est le liant de l'histoire) mais vont peu interagir et se croiser dans le récit. Chaque histoire est une confession menée brillamment (j'ai un faible pour le récit de Mme la juge) avec à chaque fois un crescendo qui donne envie de découvrir la suite. La Première partie met en scène un militaire, la seconde une mère de famille au conjoint très absent et la dernière une juge à la retraite qui vient de perdre son mari. Chaque récit apporte son lot de révélations, on ne s'ennuie jamais et la psychologie des personnages est finement dessinée. C'est aussi un portrait de la société israélienne. Une belle découverte !

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Trois étages

Sur la scène littéraire israélienne, particulièrement riche, Eshkol Nevo s'est imposé d'emblée, depuis 10 ans, comme l'un des ses représentants les plus doués avec notamment Le cours du jeu est bouleversé et Jours de miel. Son dernier roman en date, Trois étages, ne va pas infirmer ce constat, bien au contraire. Roman n'est d'ailleurs pas le terme adéquat, il s'agit plutôt de trois novellas, dont les interconnexions sont plus que ténues, ce qui ne nuit pas à l'intérêt de l'ouvrage, chacun des récits se révélant passionnant et se complétant pour aboutir à une sorte d'état des lieux alarmant de la société israélienne en crise identitaire depuis plusieurs années. Mais là où Nevo s'avère le plus brillant, une fois de plus, c'est dans l'évocation intime et psychologique de personnages complexes dont les failles béantes laissent entrevoir une dépression latente. Qui sont-ils ? Au premier étage, un ancien officier de l'armée qui devient paranoïaque et soupçonne un vieux voisin d'on ne sait quoi vis-à-vis de sa fille ; au deuxième, une femme délaissée par son mari, solitaire et très perturbée ; au troisième, une ancienne juge d'instruction, veuve, qui participe à un mouvement social initié par la jeune génération. Ces trois récits prennent l'allure de monologues : le premier s'adresse à un ami, la deuxième écrit une longue lettre, la troisième laisse des messages successifs sur l'ancien répondeur téléphonique de son époux décédé. Plus que des appels au secours, ces histoires sont des tentatives de sortir de l'isolement, de communiquer et de raconter des vies qui empruntent des chemins douloureux. La plume alerte et très ironique d'Eshkol Nevo fait des merveilles. Son livre est drôle, palpitant et très souvent touchant, notamment dans son dernier segment, qui touche au sublime. Ah oui, au fait, il y a aussi une autre lecture possible de Trois étages à travers la topique de Freud avec le ça, le moi et le surmoi. Mais là encore, il faut déguster la façon dont l'auteur israélien interprète et assaisonne ses théories psychanalytiques !












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