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Critiques de Gaëlle Josse (1932)
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Ce matin-là

Ça ne prévient pas quand ça arrive

Ça vient de loin

Ça c'est promené de rive en rive

La gueule en coin

Et puis un matin, au réveil

C'est presque rien

Mais c'est là, ça vous ensommeille

Au creux des reins

Le mal de vivre

Le mal de vivre

Qu'il faut bien vivre

Vaille que vivre



Tout est dit dans ces paroles de Barbara. C’est ce qui arrive un matin à Clara, un trop-plein de pression de l’entreprise financière qui l’emploie. Être disponible 24-24, toujours plus de résultat et patin-couffin.

J’ai aimé ce mélange des choses de la vie entre espoirs et désespoirs, et surtout les petites qui semblent insignifiantes chez ces personnes qu’elles croisent : l’hôtesse de l’air qui met son envie de bébé dans une valise, ce vieux couple qui fait un crédit pour le Noël de leurs petits-enfants, un livre, le fait qu’elle ne se reconnaît plus elle-même, le reste à découvrir en le lisant.

Roman tout en sensibilité dont le sujet me semble un peu en décalage en cette période de pandémie ou beaucoup de salariés sont en télétravail ou au chômage.

Lu, en ayant vu passer la critique de Bookycooky.
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Ce matin-là

Ce matin-là, la voiture de Clara ne démarre pas et c’est son corps qui lâche : Trop de pression au boulot, une cheffe impossible, un métier exercé par défaut.

Professeure elle voulait être, conseillère clientèle elle est devenue, après l’AVC de son père. Et là elle ne peut plus. Un effondrement total. Diagnostic : Burn out. Incapable de se lever, incapable de reprendre son poste, incapable de s’occuper de ses proches.

Comment continuer ?

Heureusement elle n’est pas seule dans l’épreuve...

Mais la reconstruction va être longue.

Avec délicatesse, Gaëlle Josse narre la dépression, les journées bien trop longues, le temps qui s’étire, les déceptions, la vie qui continue même quand tout est à l’arrêt.

L’amitié aussi, surtout.

Le sujet est d’époque, parfaitement en osmose avec la morosité ambiante. Pourtant le roman reste lumineux, grâce à la plume gracieuse, minutieuse, délicieuse de l’autrice.

Un très joli texte avec un retour à la terre précurseur d’un retour à la vie !
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Le dernier gardien d'Ellis Island

J'ai eu la chance de me rendre à Ellis Island lors d'un voyage aux États-Unis il y a quelques années. Une visite inoubliable.

Les lieux, à commencer par le fameux grand hall, le musée avec ses objets, ses photos, ses histoires : tout concourt à faire naître l'émotion, de façon profonde et durable.

Georges Perec l'a fort bien exprimé dans son livre "Ellis Island" : "Ellis Island est pour moi le lieu même de l'exil, c'est à dire le lieu de l'absence de lieu, le non-lieu, le nulle part."

Gaëlle Josse a, elle aussi, visité l'île. Elle en est revenue profondément émue et a écrit ce roman.

Pas de grands effets, pas de grandiloquence, mais au contraire un texte simple et tout en finesse mis sous la plume de John Mitchell, le dernier gardien qui écrit son journal quelques jours avant la fermeture du centre d'immigration.

Après toutes ces années passées à travailler sur l'île, John Mitchell a tant de souvenirs à partager. Il a vu passer tant d'hommes, de femmes et d'enfants. Il a assisté à tant d'événements heureux ou malheureux. John Mitchell est la mémoire vivante de ce lieu si particulier.

Gaëlle Josse a très habilement construit son récit et a su à merveille imbriquer de petites histoires dans la grande. Ainsi, les candidats à l'immigrations ne forment plus seulement une foule anonyme, mais ils prennent vie sous nos yeux.

Une grande réussite que ce roman sensible et émouvant, profondément humain, et qui me donne envie de découvrir d'autres livres de cet auteur.

Enfin, je vous conseille d'aller voir le site crée par Gaëlle Josse : http://www.derniergardienellis.tumblr.com

Les photos et les musiques que l'on y trouve offrent un très beau prolongement de lecture.

Welcome to America !
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Ce matin-là

Le roman s'ouvre 12 ans plus tôt avec le papa de Clara terrassé par un AVC.

On la retrouve en 2018.

Sa voiture, garée devant chez elle, ne démarre pas.

Ce jour-là, elle ne va pas travailler, elle est incapable de bouger.

Commence la descente aux enfers : un burn-out annoncé par la caractéristique de Clara de vouloir trop bien faire tout ce qu'elle entreprend.

Nouvellement promue dans une banque, elle se sent poussée sans arrêt dans ses retranchements par une "boss" trop exigeante.

Entre les lignes, on sent bien qu'elle arrivera à redresser la barre.

Pas besoin de suspense. le déclic arrivera.

C'est surtout la plume poétique et profonde de Gaëlle Josse qui embellit la lecture et le regard qu'elle porte sur le personnage de la jeune femme.

Et ces petites pages entre les chapitres avec des citations très bien choisies ou des mots estropiés d'une lettre qui en changent le sens comme vacillant et vaillant, aimer et amer.

Ces petites pages en rapport avec les pensées mélancoliques de Clara.

La narration s'effectue du début jusqu'à la fin à la troisième personne afin de nous décrire Clara.

Pour moi, trop de descriptions par rapport au vécu. J'aurais voulu un peu plus plus de vie dans le roman.



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La nuit des pères

Coup de coeur ! Et pourtant c'était pas gagné. Troisième livre presque d'affilée lu sur la mort du père qui rassemble la fratrie et qui tente de dévoiler les non-dits et les blessures du passé. On vieillit tous et je pense qu'en tant que lecteur alzheimer fait peur. À la page 28, le frère dit à la soeur, je cite : « Dans ses poches, quand je prends ses vêtements pour les mettre en machine, je trouve des bouts de papier, des fiches de bloc-notes pliées en quatre. Il y a écrit son nom, sa date de naissance, son adresse, le prénom de maman et les nôtres, nos dates de naissance, nos numéros de téléphone, nos adresses. Je lui en ai jamais parlé. Je ne sais pas quoi faire. »

Le cerveau du père, ancien guide de montagne, décline et il en a encore complètement conscience. Peut-on choisir sa mort ou continuer à vivre, comme il le dit, je cite encore : « Un jour, je ne saurai plus vos noms, et mes muscles auront oublié comment ouvrir la bouche pour boire ou avaler. Je ne veux pas devenir un vieillard sénile en fauteuil roulant, qui se chie dessus et regarde par la fenêtre la mâchoire pendante en attendant l'heure de la compote. Je voudrais l'éviter tant qu'il est encore temps. »

Que dire de plus et mieux que ça ?
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L'ombre de nos nuits

« Mon œuvre est plus grande que ne le sont ma personne et ma vie ».



Ainsi s’exprime Georges de La Tour par les mots sensibles et délicats de Gaëlle Josse.

Quel joli roman ! Je reste sous le charme de cette rencontre avec un peintre qui m’a toujours fait rêver par ses éclairages en demi-teintes et ses clair-obscur dignes du Caravage.



« C’est la vision intérieure du peintre, au-delà de sa technique, qui donne toute sa force à un sujet. »



J’ai eu le privilège de pénétrer l’intimité de ce maître devenu « peintre ordinaire du roi » Louis XIII lors de la présentation de son « Saint Sébastien soigné par Irène ».



Depuis son domicile à Lunéville, j’ai assisté à la création de cette toile et fait la connaissance de son entourage proche. Irène est simplement personnifiée par sa fille Claude, douce et attentive, conservant une immobilité dévouée et consciencieuse durant les interminables poses que lui obligent son père.

Saint Sébastien, au visage innocent et léthargique n’est autre que le fils de son voisin.

J’ai, avec délectation, écouté Laurent son apprenti, orphelin de toute sa famille emportée par la peste, raconter son bonheur d’avoir été trouvé et recueilli par le peintre. Il dessinait alors en guenilles dans la rue pour une pomme talée ou un morceau de pain rance. Son talent est bien plus remarquable que celui d’Etienne le fils du maitre. Cette situation lui cause un grand désespoir et génère des querelles entre les deux garçons.



Bien au-delà de l’intrigue parfaitement maitrisée, j’ai savouré l’écriture de Gaëlle Josse fine, plaisante et tellement malicieuse.



Intercalée dans les chapitres où il fait bon écouter le pinceau caresser la toile éclairée par les bougies et les lanternes du maitre, une jeune femme d’aujourd’hui est campée devant le tableau où Irène extrait délicatement la flèche de la jambe de Saint Sébastien.

Ce pourrait être elle…

Sa visite au musée, impromptue, est un exutoire, une expiation à son mal-être après la dévastation d’une folle passion.



« Je m’aperçois que la nuit, à la lueur d’une simple torche, d’un brasero ou d’une chandelle, tout s’apaise. La ferveur du jour s’est tue, notre frénésie ralentit, nos passions s’assagissent. Ne reste que l’essentiel, une main, un geste, un visage. De l’obscurité émerge une étrange vérité, celle de nos cœurs ».



Passions croisées. Amour d’un corps, d’une âme ou d’une technique, d’un art ?

Dans tous les cas, immense talent d’une auteure à savoir jouer avec nos émotions.



« Comment un peintre aborde-t-il un sujet ? Comme un nouvel amour ? Collision frontale ou lente infusion ? La claque ou la pieuvre ? Le choc ou la capillarité ? Plein soleil ou clair- obscur ? »



Vous m’avez ébloui !

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Ce matin-là

Les Clara n'ont pas beaucoup ce chance en ce moment le "burn-out" les attend au détour d'un soir ou d'un matin, ici c'est "ce matin là".

"Clara dans la tourmente" de V.Message est un gros livre bien intéressant, celui de G.Josse est comme tous ses livres depuis 10ans ,court, direct, sans mots qui ne seraient pas nécessaires.

Clara , se matin là, voit sa vie partir en lambeaux, elle ne peut plus suivre , son travail la dévore. a la suite, son amoureux la délaisse, c'est grâce à l'amitié qu'elle s'en sortira et pourra reprendre ses rêves de jeunesse délaissés pour ses parents vieillissants, même si le passé ne revient jamais.

Ce n'est pas un roman gris, la vie prend le dessus. J'avoue malgré moi ne pas avoir ressenti le même bonheur de lecture qu'avec les autres ouvrages de G.Josse, et pourtant j'attends déjà le suivant.

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Une femme en contre-jour

Je ne retracerai pas l’histoire des planches - contact, photos , pellicules et la trace d’un nom presque effacé , découvert par le jeune John Maloof, agent immobilier , carton acquis dans une vente aux enchères en 2007 , d’autres l’ont fait avant moi.



Ce qui m’importe c’est la découverte de la personnalité de Vivian Maier.

Mais qui était - elle vraiment ? Une gouvernante , une nourrice ? Une photographe talentueuse à l’égal des plus grands ? Une œuvre découverte par hasard ? Par erreur ?



La plume sensible , la prose incomparable de l’auteure nous convoque à entrer dans la vie de cette femme discrète , insaisissable et austère , cheveux courts retenus par une barrette, regard grave , jamais un sourire , lèvres bien dessinées, solide silhouette, enfance chaotique , personnalité ambivalente , complexe, indépendante , méconnue, une ombre grise , anonyme , dans les rues de la ville ....ouverte sur le monde , obsédée par le secret , sacrément têtue, téméraire, si méconnue ....



Elle met un cadenas sur ses émotions , serrure à double tour toute sa vie, le silence , son leitmotiv......

L’histoire de sa vie , son destin particulier : fuites, exils, rencontres, recommencements ... la création comme œuvre de réparation , mais avait- elle conscience de son talent ?



J’ai surtout apprécié la dernière partie de l’ouvrage , passionnante , vraiment intéressante où L’auteure fait un parallèle entre le métier d'écrivaine et celui de photographe ....



«  Entrer dans une vie, c’est brasser les ténèbres , déranger des ombres, convoquer les fantômes .

C’est interroger le vide et tendre l’oreille vers Les Échos perdus ... »



L’auteure décrit avec une rare empathie comme elle sait si bien le faire dans chacun de ses livres (je les ai tous lus ) , le portrait en creux des blessés de la vie, des perdants, des abandonnés , des blessures, des ruptures , des douleurs d’une vie , des secrets familiaux éprouvants, d’une abyssale solitude, d’une personnalité ambivalente , déroutante , d’une effacée magnifique à l'histoire désespérante ....mais passionnément humaine, ancrée, aux facettes multiples , de celles qui ne « sont » rien, qui ne demandent rien, n’attendent rien, n’exigent rien . ....une invisible ....

Elle prenait des clichés en noir et blanc , pétris d’humanité, mélancoliques , des centaines de milliers de visages fixés sur la pellicule avec ce désir de déchiffrer les êtres ...



Elle fait le parallèle avec Camille Claudel et d’autres artistes , Séraphine de Senlis ....

L’auteure voit la «  littérature tel l’or des Mots, qui transfigure un banal voyage en traversée

Transssibérienne .

C’est la première fois que je ne mets pas cinq étoiles , seulement quatre même si cet ouvrage est un bel hommage à une artiste qui ignorait sans doute son talent .

Peut - être l’accumulation des faits concernant les tourments de sa vie familiale ....Je redis ma préférence pour les parallèles entre l’écrivaine et la photographe ....
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À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fui..

« A quoi songent-ils, ceux que la lecture fuit ? ». Oui, vous avez bien lu. En terminant enfin ce court recueil de micro-fictions, ce jeu de mots m’est en effet venu spontanément. Cela reste bien entendu anecdotique, mais j’ai emporté ce petit livre déjà entamé en vacances pour le terminer, et honte à moi, je n’ai pas trouvé le temps pour l’achever. Cela fait bien longtemps que je n’ai plus lu aussi peu pendant une semaine entière. Aïe !

Mais il est temps que je parle un peu du livre et de son contenu. Cependant, à ce sujet aussi, je ne peux que m’associer aux excellents billets que j’ai lus sur ce recueil sur Babelio. Et je ne peux que confirmer la virtuosité de cette auteure dont j’ai beaucoup entendu parler et dont c’est ma première lecture. Une trentaine de micro-fictions, toutes sur fond nocturne, mais toutes différentes et mettant en scène de manière fugace, mais dans un style poétique et agréable un certain nombre de « naufragés de la nuit », des personnages pour la plupart tristes, perdus, songeurs, insomniaques, actifs de nuit, voyageant…au bout de la nuit.

Un livre remarquable, hommage à tous ceux et celles que le sommeil fuit, quelle qu’en soit la raison somme toute.
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Les heures silencieuses

Juste après avoir lu « Ce matin-là », je n’ai pas voulu rompre le charme qu’opère sur moi « Gaëlle Josse » que, dans la foulée, j’ai jeté mon dévolu sur « Les heures silencieuses ».

Cette auteure possède le talent de varier ses sujets ou de franchir les époques avec la même délicatesse et la même justesse, allant jusqu’à modifier son style d’écriture afin que le lecteur puisse aisément se fondre dans les mœurs d’une demeure bourgeoise à Delft au 17ème siècle.



Sur la couverture de ce roman, de dos, c’est Magdalena Van Beyeren peinte par Emmanuel de Witte. La toile se nomme : Intérieur avec femme à l’épinette.



Comme souvent pour les œuvres picturales les noms donnés sont d’un évidence déconcertante, risible même parfois. Sauf peut-être pour « la trahison des images » de René Magritte où il est inscrit : « Ceci n’est pas une pipe », et qui n’est seulement que l’image d’une pipe. Pardon, je m’égare.



Être représentée de dos, Mme Van Beyeren en a fait la demande expresse au peintre.

Pudeur ou contrariété ? Surement pour que son image ne soit pas trahie.

L’épinette, elle est de face et n’a rien à cacher de sa beauté et de sa finesse dont sa propriétaire est fière.

Aussi fière que d’en bien jouer. Ses enfants restés vivants sont tous de bons musiciens ou de magnifiques chanteurs, notamment pour une de ses filles. « Dans la joie comme dans la peine, la musique demeure notre compagne. »



Ce qui n’est pas visible dans le tableau est relaté dans ce roman de 87 pages avec subtilité par Mme Van Beyeren : La détresse d’un père n’ayant eu que des filles, la difficulté à enfanter, le comportement fâcheux de son mari, ancien capitaine sur les vaisseaux de son père.

Les thèmes abordés ne sont peut-être pas très fouillés mais il suffit de laisser s’exprimer cette femme pour mesurer la sérénité et les désarrois de l’héritière d’un armateur hollandais dans la période où ce pays règne en maitre sur les mers du globe, transportant épices, hommes et porcelaines.

« Oui, c’est dans cette chambre, où la vie me parut si douce avant de s’assombrir, que j’ai souhaité être peinte, à ces heures où un soleil pâle vient tiédir le sol et y tracer d’insaisissables figures de géométrie. »



Oui, c’est dans mon bureau lumineux, où je me complais à écrire ce commentaire, que j’ai apprécié lire ce roman, à ces heures silencieuses passées en compagnie des pages de Gaëlle Josse qui laissent dans ma mémoire d’inoubliables figures de sympathie.







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La nuit des pères

Il est des livres qui vous accompagnerons longtemps .

La nuit des pères de Gaelle Josse est de ceux là.



" Mais grand frère, nous le savons tous les deux que ça ne veut rien dire, faire son deuil, que c'est une expression pour les magazines, on continue à marcher avec nos morts sur les épaules, avec nos ombres, et rien d'autres. Nous le savons que, chaque matin, il faut se rassembler, se lever, se mettre en marche, quoi qu'il en coûte. Que la douleur est un archipel dont on n'a jamais fini d'explorer les passes et les courants. Qu'elle est inépuisable. Lente, féroce et patiente comme un fauve." ( page 39 )



Le grand frère c'est Olivier. Celui-ci demande à sa soeur Isabelle de le rejoindre dans la maison familiale , dans un village des Alpes.

La santé de leur père, Marc, décline petit à petit. Il s'enfonce lentement dans l'oubli et dans son monde.

La relation d'Isabelle et de son père est un long chemin d'absence.

Le chemin d'un père restait au village et ne vivant que pour sa montagne et pour son métier de guide.

Un père irascible, violent .

Pendant les quelques jours du roman, Gaelle Josse va nous faire entendre les voix de la famille.

C'est magnifique, c'est juste.

Reviennent les moments joyeux , rares mais tellement importants.

Reviennent les déchirures, les silences, les non dits.

La plume de Gaelle Josse est à vif. Elle incise, elle fait mal bien sûr, mais elle est aussi soin, réparation.

Chaque voix à ses secrets, ses vérités.

C'est une lecture intense qui interroge sur nos propres vies et nos propres silences.

Silences enfouis car leurs vérités seraient une déflagration,un cri.

C'est une lecture qui nous dit l'importance du lien, qui nous touche au plus profond.

Chacun nous connaissons la nuit des pères, une nuit qui mène vers la liberté, une mort éveillée.

Magnifique roman.
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Une longue impatience

Anne est une jeune femme veuve, dont le mari a disparu en mer, et elle élève seule son fils Louis. Elle est issue d’un milieu pauvre, où il faut travailler, beaucoup et toujours travailler et c’est la guerre.



Le pharmacien du village est amoureux d’elle depuis longtemps, et à la fin de la guerre, ses parents étant morts, il va lui demander de l’épouser, car il n’y a plus personne pour parler de mésalliance. Il attend la fin de son veuvage pour faire sa demande.



Ils auront deux enfants. Il pense avoir le cœur assez grand pour aimer Louis, mais ce n’est pas si simple, il lui en veut d’être là, comme un rappel de la vie précédente d’Anne et peu à peu un climat de violence se met en place.



Verbale dans un premier temps, elle va dégénérer brutalement un soir et il va frapper Louis à coups de ceinture, et ce dernier se rebiffe et s’engage sur un bateau. Alors commence une attente interminable pour Anne qui se réfugie dans son ancienne maison et imagine le repas de fête qu’elle lui offrira à son retour.



Ce récit décrit la peine d’une mère qui vit dans un milieu qui est à l’opposé de son univers d’origine, et dans lequel elle n’a jamais trouvé sa place. C’est un long poème en prose, avec un rythme particulier, des phrases souvent courtes, percutantes, qui se répètent parfois, mais s’enrichissent, martelant le récit, comme le thème musical du Boléro de Ravel…



La langue de Gaëlle Josse est magnifique et pourtant sobre et cette histoire touche le lecteur en profondeur, avec une fin que j’ai trouvée superbe, le récit se termine en apothéose…



Ce roman a un seul défaut (je plaisante bien-sûr) : il est trop court ! il est tellement beau que je n’avais pas du tout envie de le refermer.



J’aime beaucoup cette auteure qui arrive toujours à m’émouvoir. Je l’ai découverte avec « Nos vies désaccordées » et j’ai beaucoup aimé aussi « Le dernier gardien d’Ellis Island ». Je vais attaquer « Une femme à contrejour » grâce à NetGalley sans oublier « Les heures silencieuses » qui m’attend dans ma PAL débordante…
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Les heures silencieuses

Ignare en arts plastiques, je m'éduque en douceur avec la newsletter de vulgarisation d'Artips.*

Et parfois, de manière inattendue, grâce à un roman.



Avec 'Les heures silencieuses', par exemple, j'ai regardé minutieusement le détail d'un tableau du peintre flamand Emmanuel de Witte : 'Intérieur avec femme à l'épinette' (1667).

Comme Tracy Chevalier en écrivant 'La jeune fille à la perle', Gaëlle Josse a imaginé les circonstances de l'élaboration de cette oeuvre, et la vie de la femme qui y est représentée. Le lecteur en prend connaissance à travers les pages d'un journal intime – fictif.



Ce court récit est ravissant comme une nouvelle de Stefan Zweig, tant sur le fond que sur la forme. Douceur, grâce et délicatesse (pléonasmes ?), pour décrire le quotidien et les tourments de Magdalena van Beyeren, 'vieille femme' – trente-six ans, en 1667, c'est le début de la fin.



Outre le portrait psychologique et social de Magdalena, l'auteur restitue parfaitement l'atmosphère des Pays-Bas du XVIIe siècle, à Delft en particulier, chez ces marchands qui faisaient fortune grâce au commerce de produits des Colonies.

Petite piqûre de rappel pour comprendre comment certaines villes d'Europe se sont enrichies et affichent une telle splendeur aujourd'hui encore – Amsterdam, notamment, et certains quartiers de Nantes préservés des bombardements de la seconde guerre mondiale.



Court, très beau, subtil, émouvant...

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* https://artips.fr/ (abonnement gratuit)
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Nos vies désaccordées

Si je devais n’écrire qu’un mot pour parler de ce livre, je dirais « déchirant ».

Si ce livre est triste, car le thème l’est, Gaelle Josse n’est jamais dans l’exagération et sa plume est, et reste poétique. On est face à des êtres blessés, meurtris, brisés, d’où la folie pour un et le besoin de réparation pour l’autre.

François peut sembler lâche et provoquer en nous de la colère d’être parti dans un moment où Sophie avait tant besoin de lui, mais c’est le condamner vite et sans doute facilement.

La vie n’est pas aussi manichéenne et si en tant que lecteur ou observateur , il est aisé et presque « naturel » de se sentir en empathie avec la personne qui souffre, il faut, je pense, par équité, prendre tous les paramètres, que l’on a que très rarement, pour pouvoir comprendre une situation.

La culpabilité dans ce livre est omniprésente, tout comme la musique qui rythme ce court mais intense roman.

Si je ne mets pas 5 étoiles malgré toute la sensibilité qui se dégage à chaque page de ce livre c’est sans doute à cause des passages en italiques à la fin de chaque chapitre qui, même s’ils sont très beaux, ne facilitent pas la lecture.

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La nuit des pères

*** Rentrée littéraire 2022 #2 ***



On attend le dernier roman de Gaëlle Josse comme on attend une lettre d'un(e) ami(e). « La nuit des pères » est une histoire bouleversante, poétique, tout en nuances et délicatesse.



Lorsque Isabelle, la narratrice, reçoit un appel de son frère lui demandant de venir auprès de lui et de son père, elle hésite. Cela fait des années, qu'elle a quitté son village natal des Alpes, et il n'était pas prévu qu'elle y retourne, même pour une simple visite. Seulement, son père, ancien guide de montagne, décline de jour en jour. le temps est compté. Elle doit épauler son frère dans cette douloureuse épreuve.



Si elle appréhende ce retour, Isabelle sait aussi que c'est l'ultime chance de pouvoir comprendre ce père qu'elle a aimé et détesté à la fois. Mais comment être présente pour un père qui ne l'a jamais été pour sa fille ? Homme taciturne, absent, Isabelle ne garde presque aucun bon souvenir avec lui. Aujourd'hui encore, elle n'a en tête que les réflexions désobligeantes et blessantes de son père à son encontre.



Au fil de ce récit, Gaëlle Josse nous plonge dans cette famille assommée par l'attitude de ce père. On découvre toute sa dureté, tellement complexe et tourmenté, lui le taiseux, qui un soir....



Gaëlle Josse est avant tout une conteuse incontournable, une plume rythmée. Une écriture épurée, ciselée mais juste, précise et intense, intime, pleine de finesse, d'instants suspendus, de silences consentis aussi évocateurs que de grands discours. L'autrice est venue à l'écriture par la poésie, et cela se ressent. Dès les premières pages, j'ai été saisi par la force de la narration, les émotions, les sentiments dévoilés à l'état brut. La complexité et l'épaisseur des personnages qui entrent instantanément en écho avec notre vécu. Une écriture qui vous prend aux tripes.



« La nuit des pères » est à la fois un roman pudique, porté par une plume légère, et de l'ultime quête d'un père envers sa fille. Fragilisés, fissurés, brisés, Isabelle, Olivier son frère et leur père sont nos « intimes » soeur, frère, père. A la fin de ce roman, comme eux, nous ne sommes plus tout à fait les mêmes.



Une très belle histoire complexe sur la relation d'un père et sa fille où Gaëlle Josse explore tout en subtilité les méandres de l'âme humaine.



Un roman à lire sans modération !

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Les heures silencieuses

Le court moment d'une vie, sur à peine plus d'un mois... de novembre à décembre 1667... l'introspection rédigée par Magdalena van Beyeren à l'époque où le peintre Emmanuel de Witte la représente sur une toile.



Sur l'édition en ma possession, j'ai apprécié que l'oeuvre soit représentée en couverture. Elle offre une agréable rêverie et permet de se glisser plus concrètement dans le décor et l'ambiance.

Puis la belle écriture de Gaëlle Josse élargit le tableau pour nous. le quotidien et les pensées de cette femme du XVIIème siècle m'ont délassée comme une délicieuse petite brumisation rafraîchissante, et parfumée au langage du passé.

J'ai tout simplement dégusté de cette lecture.
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Le dernier gardien d'Ellis Island

Welcome to America !

Longtemps, l'Amérique était comme une promesse, une invitation, un rêve éveillé, un Eldorado qui tendait les bras aux immigrants, toutes ces femmes, ces hommes, ces enfants, ces vieillards, venus des quatre coins du monde, d'Italie, d'Irlande, de Norvège, de Russie, mus par la misère, la pauvreté qu'ils voulaient fuir à toute force, laissant tout derrière eux.

Qu'avaient-ils dans leurs yeux ? Que sentaient-ils chavirer dans leur cœur lorsqu'ils voyaient se dresser dans les feux de New-York la silhouette imposante de la statue de la Liberté, celle qu'on appelle Lady Liberty.

Mais il fallait passer par Ellis Island, y faire halte, se soumettre aux vingt-neuf questions, ce passage obligé avant d'atteindre le sol de Manhattan. Ellis Island, cette île comme un caillou dans la chaussure.

John Mitchell est le dernier directeur d'Ellis Island, cette île qui demeura jusqu'au 3 novembre 1954 un centre d'accueil et de tri de ces candidats à l'immigration séduits par le rêve américain, et qui s'apprête à fermer ses portes à jamais.

C'est le journal intime d'un homme qui vacille, hanté par les fantômes de sa vie. C'est le naufrage de cet homme.

Ce magnifique roman de Gaëlle Josse, le dernier gardien d'Ellis Island, est comme un huis clos battu par les vagues et les rêves abimés de celles et ceux qui sont passés par ici.

Ici il est question du devoir accompli, du doute et de cette frontière entre la loyauté et la transgression.

Je viens de refermer ce livre. L'émotion est encore intacte, je ferme les yeux et j'entends des voix qui ont pu déchirer les murs là-bas, atteindre l'océan et peut-être fêler un petit peu et à chaque fois un peu plus l'immuable Lady Liberty.

Tout commence donc à partir de ce journal de bord, celui d'un homme seul, face à son histoire, face aux jours à venir et les jours à venir, pour cet homme, ressemblent au vide sidéral.

John Mitchell reste seul sur cette île durant neuf jours, comme pour achever une histoire, tourner une page, mais certaines pages sont lourdes à tourner. Et nous restons avec lui, au plus près de ses battements de coeur, de ses fêlures, dans les couloirs vides, les bas-fonds, les courtines, où peu à peu il perd pied.

L'écriture est belle et douce. Il s'agit du second roman que je lis de Gaëlle Josse. Et ce roman m'a touché.

C'est un retour en arrière sans concession.

Le narrateur se livre avec remords, livrant ce récit qui le hante. C'est ici sans doute la singularité de cette narration. Comment donner de l'émotion à ce récit qui est une rétrospection sans complaisance pour lui ? D'ailleurs, j'ai trouvé qu'au fur et à mesure que se déroulait l'histoire, une forme d'empathie se déplaçait du narrateur vers certains des personnages du récit...

Deux femmes oscillent dans la mémoire de cet homme, entre deux battements de cœur. Liz, l'épouse aimée et Nella, l'immigrante venue avec son frère Paolo de Sardaigne, porteuse d'un étrange passé.

Neuf jours et neuf nuits comme une errance entre ces murs, dans ces couloirs désormais vides d'où surgissent les échos, les voix du passé. C'est l'errance d'un homme avec lui-même.

Celui-ci convoque le passé. Neuf jours, c'est court et c'est long à la fois, dans cette citadelle en perdition, ou le naufrage est aussi celui d'une existence.

Les coups de boutoir du passé contre le socle rocheux de cette île sont comme des lames de fonds.

Revenir à son passé est parfois tout aussi difficile et périlleux que de vouloir atteindre une terre promise.

La construction narrative fait de cet homme qui tangue un personnage droit, fragile, ambigu aussi. C'est donc une écriture certes poétique et fine, mais troublante aussi.

Longtemps après, les souvenirs demeurent intacts, les blessures aussi.

C'est aussi un livre actuel puisqu'il nous ramène à ces lieux de transit, au déracinement, à l'exil, aux migrants dont les guerres de là-bas les ont projetés sur les routes jusqu'ici. Ils ont fui une violence insupportable pour rejoindre une tout autre violence qu'ils n'imaginaient certainement pas.

Le personnage pathétique de Nella nous ramène à cette réalité terrifiante et cette misère inacceptable qui frappe à nos portes.

Bienvenue en France !
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Nos vies désaccordées

142 pages pour une telle histoire, est-ce assez ou trop peu ?

Assez si l’on considère que les plus belles choses sont celle que l’on ne dit pas, celles qui sont seulement suggérées.

Trop peu, si l’on est comme moi envoutée, emportée par la douceur et la poésie d’une écriture, bercée par une musique de Schumann qui rend à la fois heureux mais fait remonter tellement d’émotion que l’on se surprend à avoir envie d’écraser une petite larme.

Je parlerai volontairement très peu de l’histoire.

François, célèbre pianiste apprend par hasard que Sophie la femme qu’il a passionnément aimée et quittée en plein désarroi est en traitement dans un hôpital psychiatrique. Il met alors sa carrière entre parenthèses pour tenter de réparer les erreurs du passé.

Une lecture qui fut pour moi profondément bouleversante.

Je termine ainsi car il me vient une folle envie de m’isoler pendant deux heures pour recommencer ce livre en écoutant cette fois-ci cette merveilleuse pièce pour piano de Robert Schuman « Papillon » que tout comme moi Sophie aimait tant.



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Ce matin-là

Ça démarre fort ! chez Gaelle Josse c'est courant, on a souvent que peu de pages, 215 en l'occurrence pour prendre une grande claque qui en général remet bien les idées en place.

Ce roman pour moi est un livre miroir, un de ceux où les phrases me ressemblent.

Cela commence par un « brule-dehors » parce que tu manques de « rentre-dedans ».

Clara se croyait une « warrior » mais elle est terrassée par un « nightmare » attaquée par des armées de mails, des bombes de sms, puis arrivent juste derrière les drones de petites phrases acides qui volent dans la boite crânienne et étouffent toutes les velléités. En fait il en résulte que pour son job de garantie dans une société de crédit : elle est « fragile », et s'en veut de l'être.

« Elle se déteste d'avoir pensé qu'elle pourrait réussir en faisant les choses à sa manière, sans brutalité, par la seule force de son charisme et de son enthousiasme. »



T'as pris ce boulot pour pas partir parce que ton père à fait un AVC. T'avais une autre idée : voyager pour apprendre le français à d'autres, ailleurs. Cool. Et puis voilà. Faut aider ta pauvre mère. T'as pas le coeur de les laisser.

Alors parce que tout s'accélère trop, tout ralentit, jusqu'à l'arrêt complet du véhicule vitalité. Et bizarrement, c'est maintenant qu'il faudra se serrer la ceinture.



La vie de Clara se déroule comme un rouleau de machine à calculer ses erreurs, ses attentes déçues. Elle s'est pourtant donnée sans compter mais c'est l'heure des comptes et l'addition est lourde. : « Burn-out ». Évidemment en anglais, c'est bien plus sévèrement burné.

Le fait est que t'es dans la merde, celle qui te paralyse, qui t'enfonce dans ton canapé.

Pour t'en sortir, il faudra escalader tes répulsions, gravir tes appréhensions.



Gaëlle Josse m'émeut de son acuité. Il faut avoir digérer mille vies pour restituer celles des autres sans se tromper. Qui lui a dit que plus on est soi, plus on est seul, qu'il faut recomposer avec les autres ? Quelquefois d'ailleurs avec des plus paumés que soi. Pour Clara, c'est à la campagne auprès d'une amie qu'elle va retrouver un peu d'équilibre pour tenir debout.

« Après l'embrassade, elles se regardent, chacune cherchant à deviner quelque chose dans les yeux de l'autre, quelque chose qui échapperait aux mots, quelque chose de caché par cet éclat de joie. »



Ce matin-là, j'ai bien fait de prendre ce livre-là, j'y ai appris un mot démodé, la « reverdie ». le renouveau printanier, c'est joli.

« Mais enfin, Clara, quand cesseras-tu d'en demander toujours plus à la vie ? Je ne demande rien, maman, j'essaie simplement d'arrêter de me brutaliser, je fais ce que je peux. Elle voudrait ajouter que la vie court vite, qu'elle court sur les corps et les visages, qu'elle laboure les coeurs et les âmes, que le temps nous met des gifles jour après jour et que les larmes et les souvenirs creusent d'invisibles rivières, qu'il faut courir vers son désir sans regret et sourire à ce qui nous porte et nous réjouit. »



Bien joué Clara, elle est bien cachée ta douleur derrière ton sourire.

Bien vu Gaëlle, « On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux. » (St Exupéry)





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Noces de neige

Un court et agréable roman qui se lit facilement. Voyager dans le Riviera Express en 1881 et en 2012 est le point fort de Noces de neige, mais la fin m’a laissée dubitative.

En mars 1881, le grand-duc Alexandre Oulianov et sa famille quittent Nice pour Saint-Pétersbourg.

En mars 2012, Irina Tanaiev part de Moscou pour Nice où elle espère une vie meilleure grâce à Enzo qu’elle a rencontré sur le net.

J’ai surtout aimé l’histoire d’Irina, mais j’ai été déçue par la fin qui m’a paru tirée par les cheveux.


Lien : https://dequoilire.com/noces..
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