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Critiques de Gaëlle Nohant (1127)
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Le bureau d'éclaircissement des destins

Malgré le titre qui ressemble à celui d'une série télévisée, le bureau d'éclaircissement des destins, première lecture d'un ouvrage paru en 2023, figure d'ores et déjà parmi les meilleurs livres de cette année. La barre est très haute pour faire plus instructif, plus émouvant et plus marquant que le dernier roman de Gaëlle Nohant.



Irène, française, a épousé un Allemand dont elle a divorcé, mais elle est restée vivre dans la Hesse, plus précisément à Bad Arolsen. Elle travaille à l'International Service Tracing, organisme chargé de retracer le sort des victimes des nazis. Elle est convoquée dans le bureau de la directrice qui lui confie une mission : trouver les descendants des disparus à qui appartenaient des objets sans valeur et le leur remettre.



Le premier objet sur lequel Irène enquête est une marionnette, par chance l'enveloppe contient le nom de son propriétaire, un enfant de treize ans.

Le petit-fils d'une ancienne gardienne de camp fait parvenir à l'institut une lettre de sa grand-mère décédée et un médaillon qui appartenait à une femme, assassinée par les nazis. Dans le médaillon, le dessin d'un petit garçon.



Les enquêtes d'Irène ne sont que le prétexte à nous parler de vies, certes imaginaires, de personnes disparues, ou de celles qui ont survécu, traînant avec elle un traumatisme qui ne s'effacera jamais.



J'ai aimé que cette histoire soit racontée par le biais des recherches d'Irène. Faute de pouvoir ressentir ce que les victimes ont vécu — ce qui, de toute éternité, crée un fossé entre les victimes et les autres — j'ai éprouvé les émotions d'Irène, son indignation aussi devant certains faits plus récents.



J’ai fait la grimace devant certains évènements relatés parce qu’ils ne paraissaient pas vraisemblables (la résistance des Kaninchen), ces jeunes femmes ont pourtant existé.



Gaëlle Nohant a trouvé une façon originale de nous rappeler les horreurs du nazisme sans prétendre le moins du monde avoir connu les camps. Elle évoque pourtant les chambres à gaz, les expériences sur les détenus, les enfants enlevés à leurs parents pour qu'ils soient adoptés par les nazis, mais aussi les communautés dont on a peu parlé : prostitués, homosexuelles, roms…


Lien : https://dequoilire.com/le-bu..
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Légende d'un dormeur éveillé

Le roman commence à Cuba en 1928.

Robert Desnos, en pleine jeunesse, revient à Paris avec un ami.

Robert est poète sans le sou, vit à Montparnasse, fréquente les cabarets, les surréalistes.

De nombreux noms célèbres comme André Breton, Aragon et j'en passe...parsèment le livre.

André Breton, meneur du groupe des surréalistes nous est décrit comme très autoritaire, rejetant les idées de ceux qui ne pensent pas comme lui.

Robert, poète avant tout, aime la vie nocturne. Il a la faculté de somnoler sur une chaise à tout moment. de là, le titre certainement "Légende d'un dormeur éveillé".

Un poète amoureux d'Yvonne, une danseuse atteinte de tuberculose et accro à l'opium. Robert en consomme aussi mais l'auteure nous montre qu'il ne veut succomber à aucune dépendance : liberté avant tout.

Il tombe amoureux de Youki, c'est encore une autre histoire, sa grande histoire d'amour.

Le roman change de ton, de prise de conscience après les années trente quand Robert va réagir contre le totalitarisme et l'intolérance montante.

Je le connaissais surtout pour ses poèmes dédiés aux enfants. Il les a écrits pour égayer les jours d'un enfant juif empêché de sortir de chez lui.

Robert Desnos mourra pour cette liberté qui l'a tant animé.

Gaëlle Nohant écrit merveilleusement bien, avec beaucoup de poésie elle aussi.

Elle nous livre en caractères gras, de courts extraits des poèmes de Robert Desnos, un homme très vrai, attachant, et surtout immensément humain.

Ah! J'oubliais, la fin est extrêmement déchirante car il les a vécues ces atrocités dans un camp notre poète et dans ses vers, on y lit une grande tristesse et une grande dignité. Assez dur pour moi, je dois dire mais nos semblables ont vécu de pareilles barbaries.



Challenge pavés 2018.
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La part des flammes

1897, Paris. Le Bazar de la Charité est un rendez vous mondain haut de gamme et hautement rentable de la saison du Tout-Paris

Des dames bien nées jouant à la vendeuse derrière un comptoir: géniale idée des organisateurs qui garantissait la réussite de cette oeuvre de bienfaisance où tous se bousculaient pour être servis par une duchesse ou une princesse.



Et ce fut le drame. Une inflammation des vapeurs d'éther du projecteur du tout nouveau spectacle de cinématographe transforme un hangar éphémère de bois et de tissus en grand incendie, un brasier d'une violence inouïe. En quelques minutes, l'embrasement de la vente de Charité de la rue Jean Goujon fait plus de cent victimes, dans des conditions de bousculade et de panique affreuses. De très nombreuses familles aristocratiques vont perdre un proche dans l'incendie, et seront confrontés à des difficultés d'identification très éprouvantes.



Ce contexte historique oublié et reconstitué avec une précision remarquable est le point fort de ce roman très attachant. Il permet de remettre en scène toute la société du Paris du XIXème, aux classes sociales disparates et extrêmement codifiées: aristocrates, grands bourgeois, maitres et valets, petites femmes entretenues...un monde en évolution qui va peu à peu disparaitre dans les bouleversements du XXème siècle.



Avec un sens romanesque maitrisé, Gaëlle Nohant nous fait vivre le drame des victimes, les amours possibles ou impossibles, les mondanités, la sécheresse de coeur de certains ou l'honneur et le don de soi d'autres, la médisance et les ragots. La condition de la femme dans les classes sociales dites supérieures y est parfaitement décrite ainsi que celle du personnel de maison.



C'est un livre qui se dévore avec plaisir, avec des péripéties multiples et sans excès dans les grands sentiments. Passée l'excellente première partie axée sur le drame, la trame fictive devient un peu légère, pas toujours très subtile dans les personnages, mais l'ensemble fonctionne agréablement avec un langage, une politesse et des usages désuets qui collent au sujet.



La part historique du fait divers est une toile de fond émouvante et très réaliste.

Quand on circule rue Jean Goujon à Paris, Notre Dame de la consolation, construite en 1900 est une chapelle expiatoire dédiée aux victimes.

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La femme révélée

Paris : 1950, Eliza Donnelley ,née Bergman, trente et un an plus tôt : une bourgeoise de la Gold Coast , mariée à Adam- , un des nababs de l'immobilier qui perdaient toute morale par avidité , en spéculant sur les inégalités raciales à Chicago, quitte brusquement cette ville , abandonne son fils Tim , âgé de huit ans , n'emportant qu'une valise et quelques bijoux.,et surtout son Rolleiflex ....

Pourquoi s'est - elle enfuie ? En abandonnant son fils surtout ?



Elle débarque à Paris , se cache d'abord dans un hôtel de passe , prend le nom de Violet Lee.



Délestée de son argent et de ses bijoux ,déroutante et insaisissable , elle fera la connaissance de Rosa, , Robert Cermak, le photographe , Helene-Roch, la directrice du foyer qui l'hébergera par la suite.



Secrète , elle essaiera de se réinventer au fil des jours à l'aide de son appareil photo, le fameux Rolleiflex rivé constamment à son oeil ..



Elle portera un regard éclairé sur ce qu'elle montre à travers ses clichés touchants pétris d'humanité : Paula au beau visage café au lait, aux yeux immenses, princesse en haillons flottant dans ses godillots , fixant sur la pellicule des visages de gosses, des jeunes femmes qui sourient dans leur univers glauque , des vieillards qui ont l'air d'avoir traversé toutes les guerres...

Ce qui touche dans son regard de photographe , à propos des clichés pris à Chicago , c'est le regard qu'elle porte sur eux , pas par misérabilisme mais pour un absolu rendu de dignité ...

Elle ridiculise sans le savoir ce monde blanc qui traite les noirs en inférieur.



Entre présent et passé du décor d'un Paris disparu ,du quartier des Halles à Saint-Germain des Prés , qu'elle apprivoise en saisissant les visages des humbles et des invisibles , des petits , des miséreux , aux souvenirs de la deuxième guerre toute proche, à un Chicago bouillonnant en pleine ébullition raciale , politique et sociale l'auteur nous livre une histoire romantique intéressante , bien documentée aux personnages attractifs, à l'écriture sensible .intense , brûlante d'humanité .

En miroir , Chicago apparaît vraiment comme le lieu de tous les dangers, un véritable champ de bataille ,ville poussiéreuse , au vacarme assourdissant , un camp retranché où s'affrontent les Pacifistes qui protestent contre la guerre de Vietnam , les hippies fleuris et drogués , les forces de l'ordre, les matraques et les hurlements, la lutte incessante pour les droits sociaux, et les injustices raciales —- dix- huit ans plus tard,——-



L'histoire occupe une place importante dans la deuxième partie de l'ouvrage , surtout la lutte des noirs pour les droits civiques .

Un récit frémissant, vif, intéressant, agréable à lire , à l' écriture ample —- si l'on oublie certaines phrases toutes faites à propos du racisme et de l'amour ——

Ce n'est que mon sentiment , tout personnel.

Mon troisième ouvrage de Gaëlle Nohant :

J'avais lu en juin 2015 «  La-part des flammes » ouvrage historique , et en 2017 «  La légende d’un dormeur éveillé » , excellente évocation du poète Robert Desnos...

Merci Reine pour le prêt .

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Légende d'un dormeur éveillé

Voici une biographie romancée, engagée, bien construite, parfaitement documentée et travaillée, riche d'énergie, de la vie tumultueuse --il a vécu mille vies---sans jamais se départir de sa soif de liberté ---- de Robert-Desnos, parsemée de ses plus beaux vers.

Je tiens à dire que j'ai eu beaucoup de difficultés à entrer dans ce livre--- un peu trop scolaire --au début ...(plus une panne internet inopportune pour poster pendant plusieurs jours.)



Ce récit offre à notre curiosité une plongée magistrale ressentie et re- transcrite par l'auteur de telle façon que l'on a l'impression qu'elle a vécu à l'époque !

Nous nous immergeons au coeur de la création artistique avec une longue liste d'artistes qui, parfois, se détestent , de Montmartre à Montparnasse ..

Notamment Andre-Breton, engoncé dans ses convictions politiques, qui entend "régenter" les surréalistes ..

Il attaque Robert-Desnos d'une façon cinglante : il aurait renié le surréalisme et serait "vendu" à la presse Bourgeoise pour les articles qu'il publie .



Petit à petit Robert- Desnos s'éloigne du groupe surréaliste et rejoint Queneau, Jacques Prevert , Masson et Bataille aux Deux- Magots .







Ce foisonnement intellectuel, cette brillance sont parfois - souvent - gâchés -par un flot d'alcool et de paradis artificiels - opium et autres addictions .

Puis on revit la période amicale, créatrice , lumineuse entre des artistes créant un monde bien à eux, pur , dégagé et éloigné des contingences tels que J.L Barrault et sa Madeleine, que le mime passionne, Man-Ray, Antonin-Artaud, l'écorché vif, Alejo Charpentier ........



Las! Les batailles surréalistes ont fait long feu!

La troisième partie, -la plus intéressante - conte avec justesse, profondeur, lucidité cruelle , la montée des périls dans un Paris qui grelotte, immobile sous son vernis de gel ;



Comment résister , combattre dans cette France cynique , celle des arrangements et trafics sous le Maréchal ?

Sous tutelle et domination Allemande ?

Je n'en dirai pas plus ........

"Les robes légères des femmes bruissent d'une liberté clandestine ";

"Si au moins, je n'écris pas ce que je pense, je pense à tout ce que j'écris ".........

Sauf à écrire mon admiration pour la belle prose poétique , envoûtante de l'auteur .

A l'aide d'une plume talentueuse les personnages prennent vie et créent un tableau fascinant, chaleureux et vivant de cette époque ! Une atmosphère !

Un hommage fort rendu à un grand poéte attachant et sensible , mort en déportation, aux convictions fortes , aux amours fantasques, surtout pour Youki, sa muse, l'époustouflante, frivole et volage, femme amoureuse......

Cet homme , Libre- tour à tour - écrivain, chroniqueur radio,poéte, critique de cinéma, résistant de la première heure -.

Ceci n'est pas une biographie linéaire ni sage , plutôt un hymne à la création , aux passions, à la culture -à la politique et à l'histoire (, la petite et la Grande) . La fin douloureuse , poignante, très forte en émotions , réussie , sous forme de journal de Youki , nous transforme en "rêveurs éveillés ."

J'avais lu en 2015 "La-part-des-flammes " avec bonheur, du même auteur .

"C'est un matin souffreteux qui tousse entre les nuages et respire sous un couvercle de brume ..."

Attention, 520 pages !

Ce n'est que mon avis, bien sûr !

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Légende d'un dormeur éveillé

Que j'ai aimé ce livre! Le roman flamboyant d'une vie, celle de Robert Desnos. Oui, un roman, car il est au-delà d'une" simple" biographie: après de longues recherches et avec des faits avérés en toile de fond, l'auteure réinvente le poète,dans un style poétique et saisissant de réalisme. C'est "son" Robert Desnos. Qui devient le nôtre aussi...



On plonge d'abord dans le Paris artiste des années vingt, ces années folles et trépidantes , aux nuits alcoolisées où on refait le monde, même si on a le ventre vide. On déambule en compagnie du poète aux yeux d'huître dans le quartier de Montparnasse. On y croise bien sûr les surréalistes et leur tyrannique chef de file, André Breton, dont Desnos ne supporte plus les diktats. Il s'en éloigne.



Car c'est un électron libre, aux réparties acerbes qui lui valent de se faire des ennemis, un être qui s'enflamme pour ses idées,qui défend la liberté des opprimés .Il est à la fois timide, maladroit, et prompt aux bons mots qui font mouche. Il s'enthousiasme pour les émissions radio qu'il anime, invente des formules publicitaires, rédige des articles, tout en écrivant des poèmes...



Mais c'est avant tout un homme amoureux, prêt à toutes les faiblesses pour les deux femmes qui hanteront sa vie: Yvonne, l'insaisissable chanteuse minée par la tuberculose et Youki, la femme de Foujita, papillon de nuit fantasque ,si difficile à retenir.



J'aimais déjà beaucoup le poète, il m'a toujours touchée. L'homme m'a bouleversée. Généreux envers ses amis, passionné , visionnaire, au monde onirique fascinant .Fragile aussi. Au destin si poignant...



Merci à Gaëlle Nohant de m'avoir permis de m'approcher un peu plus de lui...C'est un hommage vibrant et inspiré.
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Le bureau d'éclaircissement des destins

Square des Poètes-11 mai 2023





MASGISTRAL !



Un immense MERCI à l'Inconnu(e) à qui je suis redevable de cette lecture fulgurante, captivante et bouleversante que j'ai lue en 2 jours...à la suite d'un hasard heureux.

Venant déposer des livres, comme je le fais de plus en plus souvent..., dans un kiosque de " Livres- voyageurs" au Square des Poètes ( Paris), J'ai ainsi croisé Gaëlle Nohant pour la première fois et pour son tout dernier livre...



Je m' y suis immergée aussitôt, prise d'emblée de sympathie pour Irène, jeune femme récemment mariée, répondant à une offre d'emploi au très important Centre de recherches et de documentation sur les persécutions nazies, l'International Tracing Service.



Elle y est embauchée en 1990, et s'engage très rapidement dans ce travail d'investigation, s'en faisant même un jardin secret chez elle, craignant les réactions de son mari allemand, dont le père fut engagé dans la Wehrmacht, et entraîné dans le sombre flot nazi...



Wilhelm et Irène divorceront dès la naissance de leur premier enfant,un fils, Hanno, après une violente dispute avec son beau-père,totalement dans le déni...



Deux portraits féminins inoubliables : Irène, notre héroïne mais aussi Eva, personnalité hors du commun, qui embauchera et formera Eva...dans ce Centre de recherches ...



Même si l'extrait est un peu long, je tiens à insérer la genèse de ce roman que Gaëlle Nohant explique , on ne peut mieux, dans ses remerciements, à la fin de l'ouvrage :



"Les enquêtes et les personnages de ce roman sont fictifs.Tout en évoquant la véritable histoire du centre d'archives d'Arolsen, j'ai pris certaines libertés nécessaires à mon intrigue et à la trame romanesque.

À l'origine de ce roman, il y a ce jour de l'hiver 2020 où mon amie Aurélie Serfaty- Bercoff m'a appris que les archives d' Arolsen conservaient des traces de la déportation de Robert Desnos.Je me suis demandé pourquoi je n'avais jamais entendu parler de ce fonds qui existait depuis l'après-guerre .Ma curiosité aiguisée, je suis tombée au fil de mes recherches sur un article d' Élise Karlin, qui parlait de la restitution d'objets hérités des camps de concentration. Je veux la remercier ici, car c'est en le lisant que l'idée de ce roman m'est venue.

Pour autant, je crois que j'avais rendez-vous avec lui depuis longtemps. "



Irène depuis près de 30 ans s'investit sans compter dans ces travaux d'investigation, impactant grandement sa vie.Divorcée, elle vit seule et élève son fils unique, Hanno, qui va, par ailleurs, régulièrement chez son père .

Il est certain que le contenu " délicat "du poste de recherches d'Irène est difficilement oubliable ou

" déposable"lorsque le soir et ferme la porte de son " chez- elle" !



À l'automne 2016, Eva, sa directrice, historienne brillante, décide de lui confier une mission inédite et pas des moindres " émotionnellement ": restituer aux descendants des disparus déportés, les milliers d'objets dont le Centre a hérité à la libération des camps...



Au fil des enquêtes, Irène se heurte à toutes sortes de difficultés, à des mystères, à des aberrations de gestion ( au début de l'existence de ce Centre de Documentation, où d'anciens SS y travaillaient et ont pu détruire des archives compromettantes?!)



Heureusement, sa directrice, Eva, avait à l'époque alerté son Supérieur, afin qu'une tutelle plus large contrôle ces Archives et non plus la seule

Allemagne !...



Gaëlle Nohant réussit un magistral tour de force en ne rendant jamais,ce sujet lourd et

tragique,rébarbatif ou fastidieux...à lire. Bien au contraire; on est emporté dans un flot

d'émotions , et d'informations concernant les tourbillons de la grande Histoire...



On avance, on accompagne Irène dans ses nombreuses pérégrinations, déplacements qu'elles soient fructueuses ou décevantes ! On se réjouit , on s'attriste, on s'enthousiasme avec elle lorsque les recherches progressent et soulagent des familles brisées," endeuillées "...depuis si longtemps...



On la suit de Varsovie à Paris et Berlin, en passant par Thessalonique et l'Argentine...



Il y aurait tant à dire sur ce " vaste" roman; " vaste", car moult sujets, thématiques universels s'y croisent, s'y confrontent.



Parmi tous les éléments riches de réflexions, j'ai aussi retenu des passages précieux sur les rôles primordiaux des Archives et des archivistes...



"- Les archives ne mentent pas, sourit Pierre.C'est pour ça que tant de gens s'évertuent à les garder sous clef."



Une lecture vibrante que l'on a beaucoup de mal à quitter.Un grand livre qui réunit avec brio une abondante documentation, des personnages arattachants et complexes, des destinées incroyables parfois quelque peu réparées par le colossal travail d'Irène ,et par par delà cette fiction, par tous ces enquêteurs " internationaux ", archivistes, historiens, traducteurs de tous pays....



Pour ma part j'ai appris moult, moult choses dont un approfondissement de l'Histoire allemande ainsi que celle des pays annexés...sans omettre le rappel du sort de tous ces " enfants non accompagnés "

( orphelins ou enfants kidnappés pour être adoptés par des familles aryennes)...





Autre Extrait qui interpelle toujours avec autant d'urgence dans le monde entier. , au vu des actualités ukrainienne, birmane et tant d'autres peuples en guerre... !



"- Jusqu'en 1948, l' ITS s'appelait le Bureau central de recherches, lui avait expliqué Eva.

Cet endroit était né de l'anticipation des puissances alliées. Avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, elles avaient compris que la paix ne se gagnerait pas seulement au prix de dizaine de millions de morts, mais aussi de millions de déplacés et de disparus.Le dernier coup de feu tiré, il faudrait retrouver tous ces gens, les aider à rentrer chez eux.Et déterminer le sort de ceux qu'on ne retrouverait pas.

- Pour celui qui a perdu un être cher, ces réponses- là, c'est vital. Sinon, la tombe reste ouverte au fond du coeur."



Cette lecture difficilement oubliable m'aura donné de plus la curiosité de lire d'autres textes de cette auteure. Je m'adresse aux " fans" de Gaëlle Nohant pour connaitre leurs préférences ...afin de choisir au mieux le texte suivant que j'aimerais lire !
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La part des flammes

Roman qui se laisse lire.

Je ne connaissais pas cette partie de l'histoire parisienne. L'incendie du Grand Bazar et toutes ses victimes, principalement des femmes.

De ce fait, je me suis donc un peu documentée à ce sujet et c'est ainsi que j'ai appris, entre autres choses, que les mesures de sécurité dans les lieux évènementiels sont peu à peu devenues obligatoires.

L'histoire de ce roman se lit facilement. Je n'ai pourtant pas réussi à me passionner totalement pour ces héroïnes. Peut-être parce qu'on passe d'un personnage à l'autre : Violaine, puis Constance, puis Lazlo, puis Armand... On passe d'un personnage à l'autre et finalement, les 3 personnages principaux ne se rencontrent quasiment jamais ou très peu : Sophie d'Alençon meurt dans l'incendie ; et Violaine et Constance se perdent de vue très vite. Constance et son fiancé Lazlo ne sont jamais ensemble. Et l'amitié qui se crée entre Violaine et l'américaine n'est pour moi pas assez aboutie.

Bref, je suis restée sur ma faim au niveau des relations humaines.

En revanche, ce livre nous donne une assez bonne idée sur ce qu'a pu être la vie parisienne de la bonne société à l'époque.

Je pense cependant que j'oublierai assez vite cette histoire. Dommage, j'ai dû passer à côté de quelque chose !
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Le bureau d'éclaircissement des destins

Ne vous fiez pas au nombre d'étoiles. La vraie note est 5* , * étant ce fameux supplément d'âme qui différencie complètement un livre du reste de la littérature du moment.

J'ai pleuré deux fois dans cette lecture (mais je pleure assez facilement, il m'arrive de verser une larmichette devant Pocahontas par exemple).

Deux fois donc:



-En lisant une merveilleuse lettre d'amour, "Mi Kerido", qu'Allegra, rescapée des purges de Thessalonique, écrit à Lazar, son bel héros tchèque , rescapée de Treblinka. La lettre, c'est Iréne qui la lit après l'avoir récupérée dans les archives d'un service qu'elle dirige à l'Internianonal Tracing Service (l'ITS) en Allemagne. Et cette lettre a transité par Yad Vashem en 1978.

Le point de départ de l'enquête était une poupée de chiffon...avec un tatouage de déporté juif . Iréne , qui est une enquêtrice hors pair, a tiré les bonnes ficelles, reconstruit et éclaircit les destins d'un homme, de la femme dont il a eu un enfant et d'une fillette assassinée. Allegra et Lazar se sont aimés passionnément en 1944, quelques semaines, sans plus jamais se revoir.



- Iréne, après une enquête "à l'envers", qui lui a pris beaucoup de temps et d'énergie a pu remettre un médaillon à son destinataire. Et surtout réunir une famille dont les racines familiales ont été tronquées, presque coupée. Et là c'est une scène énorme où, dans un EHPAD allemand, un vieillard atteint d'Alzeimer, chante en polonais une vielle contine avec sa soeur retrouvée.



L'ITS existe réellement mais les acteurs de ce récit sont imaginaires et probablement plus vrais que nature.

J'ai beaucoup lu, entendu et vu de récits autour de la Shoah. Je pensais en avoir fait " un peu le tour" Que idiot je suis.

Gaëlle Nohant écrit ce roman essentiel avec la finesse d'une dentellière et la détermination de Pénélope, la tisseuse. Sans pathos mais portée par un grand souffle humanitaire, la narration est tout simplement parfaite.



On suit donc Iréne à partir de l'automne 2016. Cette française est venue travaillée en Allemagne en 1990. Elle a rapidement intégré l'ITS , s'est mariée eu un enfant et a divorcé dans la foulée ( pour des raisons qui nous seront expliquées). Son travail la passionne et elle nous embarque. Car la petite histoire rejoint la grande Histoire. Elle doit rendre des objets s'entassant dans les km d'archives à leurs destinataires . Ses objets sont des reliques des camps d'extermination (pour le dire vite). Elle doit renouer des filiations.

J'ai appris énormément de choses et la page 346 est l'une des plus importantes pages d'histoire de l'immédiate après-guerre . On y découvre les avantages de la dénazification partielle. Et l'intérêt des alliés, du Vatican , des dictatures sud-américaines , de Siemens(!), de la CIA pour l'enfouissement des dossiers et le recyclage des criminels de guerre. L'Allemagne d'avant Merkel n'est pas épargnée .

Tout le monde est-il susceptible , dans certaines circonstances , d'être du coté du Mal? comme le pense Hanno, le fils d'Iréne.

Ou bien a-t-on toujours la possibilité , le "Caïros", d'être un petit ou un grand héros ?, comme le pense Irène. Et on découvrira que le choix de vie d'Iréne (son destin) est liée évidemment à sa propre histoire



Merci à l'autrice pour ce livre génial qui nous laisse un peu groggy mais un peu plus juste.

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La femme révélée

Eliza Donelley vit à Chicago en 1950 avec un petit garçon, Tim, 8 ans et un mari Adam , fortuné mais invivable.

Elle décide de se faire fabriquer des faux papiers d'identité et s'appellera désormais Violet Lee.

Elle fuit, direction Paris, en abandonnant son fils.

Son aventure commence plus ou moins mal car elle se fait voler les bijoux qu'elle avait emportés pour les revendre, mais une amie lui trouve un foyer qu'elle arrive à payer grâce à des enfants qu'elle garde la journée.

Sa principale armure, c'est l' appareil photo, son fameux Rolleiflex. Elle adore fixer des personnages et on pense immédiatement à des photographes célèbres de l'après-guerre comme Robert Doisneau.

Elle fréquente les bars de Saint Germain et l'auteur fait revivre l'ambiance jazz de ces années 1950. Elle y fait la connaissance de Sam, un compatriote qui nous livrera un côté très surprenant de son personnage à la fin du livre qui se passe dans les années 60 aux USA, des années aux multiples évènements politiques abordés dans le livre.

J'ai quand même été surprise que Liza-Violet pensait souvent à son garçon mais le fait qu'elle l'ait abandonné m'a rendu le personnage quasi antipathique.

C'est pour cette raison que, malgré la grande qualité de l'écriture et du roman, je n'ai pas pu lui adresser plus d'étoiles.



Challenge plumes féminines 2020
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La femme révélée

Une mauvaise sensation, tout le long de ma lecture, d’un livre commercial. Une jeune américaine débarque à Paris après avoir quitté son mari et abandonné son fils mais pas son appareil photo avec lequel elle flashe les gens dans la rue façon Doisneau. Elle se fait aider par des gens du peuple et rencontre un compatriote dont elle tombe amoureuse. On y trouve dans le panier garni les émeutes de Chicago, la ségrégation, le jazz, la prostitution, une tentative d’assassinat, l’adultère, l’amour, les hippies, les festivals, la guerre, l’exil, etc. Écrire pour écrire. Une rédaction à rendre ? qui bien sûr fini bien.
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La part des flammes

L'histoire se passe à Paris en mai 1897.

Des dames de la noblesse consacrent une partie de leur temps à aider les pauvres.

C'est un honneur pour elles de participer comme vendeuses aux stands de Bazar de la Charité dont les bénéfices vont aux plus pauvres.

Dès le début, nous faisons connaissance avec la comtesse Violaine de Raezal, jeune veuve qui veut faire absolument partie de ces dames, la jeune Constance d'Estingel qui sera vendeuse au bazar avec la duchesse d'Alençon.

Ces dames et bien d'autres vont être victimes d'un incendie dramatique dans les locaux de la vente.

Les personnages sont fictifs mais les faits ont réellement existé.

Les scènes du drame et des souffrances physiques sont décrites avec un réalisme à faire peur. Je me serais crue dans un livre de Ken Folettmais ces passages n'occupent pas tout le livre.

Gaëlle Nohant utilise un très beau style d'écriture, très expressif, elle crée une galerie de personnages fort variée, passe d'une scène à l'autre sans longueurs avec des liens intéressants.

Les nobles et les personnages importants ne sont pas les seuls à entrer en scène ; arrivent aussi le cocher Joseph, la cuisinière de l'asile qui occupent une place non négligeable.

Intéressant aussi, la façon dont on traite les maladies psychiatriques et l'allusion aux grands médecins de l'époque.

Le duel, très pratiqué à l'époque est également abordé.

C'est un livre qui m'a beaucoup plu, très riche en détails et documentation historiques.



Participation au challenge pavés 2016- 2017
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Le bureau d'éclaircissement des destins

J'ai d'abord besoin de me libérer de ce que je n'ai pu m'empêcher de ressentir. Ce livre est une performance littéraire : la vie quotidienne d'Irène, ses émotions, celles de ses proches et des personnes qu'elle démarche sonnent si juste, sont si crédibles, que j'ai eu l'impression de lire une histoire vécue, une sorte de récit autobiographique. Pourtant, en dépit des apparences, le bureau d'éclaircissement des destins est un roman. Ses personnages sont tous fictifs, imaginés par l'écrivaine Gaëlle Nohant. Elle a aussi inventé Irène, française, enquêtrice à l'International Tracing Service.



Etabli dans une petite ville d'Allemagne, l'ITS est un authentique et important centre international d'archives et de recherches sur les victimes du nazisme. Car soixante-quinze ans après, on en recherche toujours. A l'ITS sont rassemblés des milliers d'objets trouvés lors de la libération des camps de concentration, des objets n'ayant pas de valeur marchande, mais ayant peut-être une signification affective et symbolique.



Nous sommes en 2016. Irène travaille à l'ITS depuis vingt-six ans. Son job actuel consiste à rechercher les familles des déportés auxquels ces objets ont appartenu, à tenter de les leur restituer… si ces familles existent toujours ! Car la guerre les a décimées, plusieurs dizaines de millions de personnes sont mortes, un grand nombre ont purement et simplement disparu, sans oublier qu'après-guerre, au moins deux millions d'entre elles se sont retrouvé déplacées, dont des enfants en bas âge ignorant leurs origines.



Parmi les objets qui retiennent l'attention d'Irène, un médaillon, dans lequel est caché le portrait dessiné d'un tout petit garçon, et un jouet, une marionnette en forme de pierrot, qui la conduisent sur les traces de Wita et de Lazar, une femme juive née à Varsovie et un homme juif né à Prague, des déportés dont elle apprendra qu'ils avaient fait preuve d'attitudes courageuses, héroïques, face aux bourreaux : Wita à Auschwitz et à Ravensbrück ; Lazar à Theresienstadt, à Treblinka et à Buchenwald. Irène enquête, se déplace, s'accroche à des traces sans trop savoir où elles la mèneront ; elle recueille des témoignages sur les camps, émanant d'anciens déportés, d'anciens gardiens, finit par identifier et localiser des descendants… Au hasard des rencontres s'entremêlent son parcours d'enquêtrice et sa vie de femme divorcée, mère d'un jeune homme.



Quand on recherche des survivants après tant d'années, on tombe très souvent sur des morts, quelquefois sur des vivants : des enfants, des petits-enfants, heureux de découvrir un objet ayant appartenu à un parent qu'ils n'ont pas connu, dont ils savent que le destin a été tragique, sans en connaître les circonstances. L'occasion de renouer les fils d'une histoire qui est aussi la leur… On tombe aussi parfois sur des épisodes sublimes, bouleversants d'héroïsme et de solidarité. Et de subtilité, car face à l'intention des nazis d'effacer les marques de leurs crimes, il fallait coûte que coûte parvenir à graver la mémoire des horreurs.



Dans le bureau d'éclaircissement des destins, l'autrice (*) a imaginé des acteurs et des victimes d'épreuves inhumaines, sur lesquelles elle enquête elle-même par personnage interposé. Sa créativité s'accompagne d'une forte sensibilité empathique, car la fiction est très inspirée de faits réels. Gaëlle Nohant n'en est pas à son coup d'essai de romancière. Ce livre, qui lui a exigé trois ans de travail, devrait lui valoir la consécration.



Dans les contextes mémoriels touchant d'autres communautés, une polémique aurait pu apparaître à la publication d'un tel livre écrit par une personne extérieure à la communauté. Des esprits mal tournés auraient invoqué une appropriation culturelle. Personnellement, je trouve que le fait que Gaëlle Nohant ne soit pas juive donne encore plus de force émotionnelle à sa narration.



(*) : Malgré mes préventions, il faut bien que je m'habitue à ce mot, dont l'emploi semble désormais consacré.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Le bureau d'éclaircissement des destins

Irène est enquêtrice au bureau de l'international tracing service en Allemagne.

« Elle raccommode des fils tranchés par la guerre, éclaire à la torche des fragments d'obscurité. Sa mission terminée, elle s'efface. »

Elle rapporte aux descendants des victimes de la Shoah, un mouchoir, une lettre, un médaillon. Elle reconstitue et raconte, révélant la part oubliée d'une vie. Comme l'histoire bouleversante de ce pierrot en chiffon qui a traversé le temps. Comme ce mouchoir brodé témoin d'une belle solidarité féminine…

Le bureau d'éclaircissement des destins est un texte dense, éprouvant, absolument nécessaire.

Pour ne pas oublier.
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La part des flammes

Gaëlle Nohant a réussi à me ramener à la fin du 19e et me fait croire le temps de la lecture de La part des flammes qu’elle en était une auteure. Son travail documentaire est excellent et j’ai apprécié l’idée de partir d’un fait divers réel pour bâtir son histoire autour. Le romantisme suranné d’une époque où les amours littéraires naissaient dans les salons de la haute société d’une peau qu’un effleurement rendait tremblante, de gorges déployées parées du plus bel atour : l’innocence de la jeunesse, de promesses éternelles et d’unions contrariées par le nom suinte à chaque page. Une forme de nostalgie s’est emparée de moi et a réveillé l’adolescent dévorant Le rouge et le noir ou La chartreuse de Parme et tous les grands auteurs de la période, qui participèrent à mon éducation sentimentale. Puis la vie et ses cruelles désillusions se sont rappelées au souvenir de l’enfant rêveur...
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Légende d'un dormeur éveillé

Tour de force que ce dernier roman de Gaëlle Nohant: s'attaquer à la vie de Robert Desnos, figure du surréaliste, poète, amoureux, ami fidèle et noceur, journaliste et résistant. L'homme, un peu oublié derrière sa bibliographie, possède la stature de héros romanesque dans une vie trépidante et stoppée en plein vol.



Voici donc un (très) gros pavé de biographie joliment romancée, fort documentée et hautement littéraire par la plume poétique et inspirée de la romancière. Elle nous livre un homme dans son humanité et une époque reconstituée de façon très historique, par une galerie de personnages réels et souvent connus de la postérité, replacés dans leur temps. ( j'ai passé un temps fou à consulter les sources Wikipédia!)



Suivre les pas de Desnos, c'est vivre sa vie amoureuse compliquée et sa création artistique foisonnante. C'est aussi accompagner la société française de l'entre-deux-guerres, sa gaité des Années Folles, ses soubresauts politiques et économiques, son effervescence artistique, sur fond de bruits de bottes nationalistes.

C'est, pour ma part, le meilleur du livre, car il faut parfois maintenir ferme la barre pour ne pas couler sous l'avalanche de relations amicales ou amoureuses du poète et sa vie festive frénétique. J'avoue alors avoir trouvé le tout un peu long, pêchant par excès de détails.



La dernière partie est vraiment la plus touchante, dans la dramaturgie de l'occupation et de l'engagement de résistance. L'homme de lettres s'efface devant l'homme de liberté et de justice, et la conclusion par le journal de son épouse évite la narration de l'univers de camps de concentration. Choix tout à fait judicieux.



Excellente manière de redécouvrir Robert Desnos et de lui rendre un hommage lumineux justifié.



Rentrée littéraire 2017

Sélection du grand prix des lectrices de ELLE 2018

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La part des flammes

En mai 1897, le Bazar de la charité reste l'endroit incontournable où le Tout Paris doit se montrer. Si la duchesse d'Alençon, accompagnée de Violaine de Raezal et de Constance d'Estingel, s'y trouve par pur bonté, elle n'en est pas moins un des points d'intérêt. Cette femme, que tout le monde admire, prend le risque de côtoyer des femmes à la réputation douteuse ou en total désaccord avec leur famille. Mais l'incendie qui va frapper la capitale va changer la vie et les priorités des survivants...

Un roman dont on ne voit pas défiler les pages... des portraits de femmes blessées mais qui restent droites et qui vont jusqu'au bout de ce qu'elles croient être juste et vrai. Une très belle écriture, rythmée et recherchée, qui nous entraine avec beaucoup de classe dans le tourbillon d'une époque dure et en pleine évolution...
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Le bureau d'éclaircissement des destins

Irène est une jeune femme française qui a épousé un Allemand, dont elle a divorcé peu après la naissance de leur enfant car son travail, sa curiosité, avait déplu à sa belle-famille. Elle est malgré tout restée en Allemagne.



En effet, Irène a été embauchée en 1990 à l’ITS International Tracing Service un centre de documentation sur les persécutions commises par les nazis. Eva, sa directrice lui a confié une mission : restituer aux familles, aux survivants du moins, des nombreux objets ayant appartenu à des déportés, dans les camps. Son enquête va commencer avec une marionnette sur laquelle est inscrit un numéro de déporté. En parallèle, le petit-fils d’une gardienne de camp, Elsie, fait parvenir au centre, une lettre de sa grand-mère décédée ainsi qu’un médaillon contenant un dessin d’enfant.



L’acharnement voire l’opiniâtreté à vouloir retrouver des survivants pour leur remettre quelque chose qui a appartenu à un parent mort dans les camps est bouleversante. Elle n’est pas sans risque, parce qu’elle aura raison très vite de son mariage, les parents de son époux, Allemands, non seulement n’accepte pas qu’elle enquête mais s’offusque qu’elle puisse se poser des questions sur la participation, notamment du père aux exactions nazis. Évidemment son époux prend fait et cause pour eux…



Au travers de l’histoire du petit garçon, on aborde le sort des enfants kidnappés par les nazis qui leur trouvaient des traits aryens, pour les confier à des bonnes familles allemandes, ou dans les tristement célèbres Lebensborn.



L’auteure revient, durant la quête d’Irène, sur les atrocités nazies, sur les assassinats commis dans les camps de concentration, la manière dont la fuite des nazis a été protégée, les filières, la fuite vers l’Amérique du Sud, la protection de la CIA (et du Vatican). Je me suis rendue compte avec stupeur, que seulement 10 % des criminels de guerre ont été condamnés, et que les nazis se sont retrouvés sans problèmes, dans les plus hautes instances, jusqu’au Bundestag : comment des juges anciens nazis pouvaient ils être capables de juger ? Mais l’ennemi avait changé n’est-ce pas ? C’était la guerre froide…



Je connaissais la terrible histoire des « petits lapins », qu’on appelait les Kaninchen : les médecins de la mort choisissaient pour leurs expérimentations « les filles les plus jolies, leur inoculaient des microbes, leur coupaient une jambe, leur ouvraient le ventre, pour voir comment cela évoluait, se contentant juste de les empêcher de mourir ».



J’avais écouté une émission à leur sujet sur France Inter, il y a longtemps, qui précédait Radioscopie, l’émission culte de Jacques Chancel et les phrases du journaliste m’ont hantée depuis, (la phrase entre guillemets est de lui), mais je ne savais pas qu’elles avaient tenté de se révolter… (Christian Bernadac ?)



J’aime la manière dont Irène construit ses enquêtes, fouille dans les dossiers, se rend sur place, jusqu’en Pologne, sa manière de ne jamais heurter qui que ce soit : elle raconte, montre les documents et la suite à donner leur appartient.



Ce livre est inspiré de faits réels mais les personnages sont issus de l’imagination de Gaëlle Nohant qui a des talents de conteuse extraordinaires : j’ai été happée par ce récit, et j’ai eu du mal à refermer le livre. J’avais déjà bien aimé, « La femme révélée » mais je trouve celui-ci encore meilleur, car cette époque qu’on espérait révolue est en train de se rappeler à nous avec les exactions du Tsar de toutes les Russies,



Tout m’a plu dans ce livre, de la couverture à la qualité de l’écriture, en passant par la force de ces destins.



Il me reste « La légende du dormeur éveillé » qui me nargue sur une étagère de ma bibliothèque « à lire » en fort bonne compagnie, ainsi que « La part des flammes » …



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteure.



#Lebureaudéclaircissementdesdestins #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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La part des flammes

Sur les recommandations de son époux qui vient de mourir, Violaine de Réazal sollicite une place de vendeuse au Bazar de la Charité, œuvre de bienfaisance créée par le financier Henri Blount. Elle est éconduite, mais bien décidée à obtenir ce qu’elle veut, elle se rend dans un hôpital de tuberculeux où elle rencontre Sophie d’Alençon (sœur de Sissi, impératrice d’Autriche, elle a effectivement péri dans l’incendie).

De son côté, Constance d’Estingel chez les dominicaines de Neuilly pour annoncer à la mère supérieure qu’elle va se fiancer.

J’ai beaucoup aimé la reconstitution romanesque de cet épisode historique ainsi que les trois femmes dont la vie est dépeinte.

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La femme révélée

Deux villes, deux amours. Entre Paris, la romantique et Chicago la fiévreuse, s’ébauche petit à petit comme un dessin au fusain le beau portrait d’une femme américaine en fuite qui tente de se reconstruire.

Le roman de Gaëlle Nohant a fait naître sous me yeux et dans mon coeur une palette de couleurs et d’émotions, de la poésie et de la fureur, mais toujours avec une belle lumière. Celle du regard et de la photographie.

J’ai aimé l’ambiance et l’époque d’une histoire qui se met en place petit à petit. Les jours bleus de convalescence du Paris de l’après-guerre qui s’égaie au nouveau son du jazz américain dans les caves de Saint-Germain des Prés. Les jours rouges de révolte de la fin des années 60 à Chicago contre la ségrégation raciale et la lutte pour les droits civiques des afro américains. Ce beau roman m’a rappelé l’exposition de la photographe Sally Mann qui a eu lieu au Jeu de Paume en 2019 et le sort cruel du jeune Emmett Till dont l’auteure fait mention dans son roman.



Deux villes séparées par un océan. Deux prénoms Violet/Eliza pour une héroïne qui tente d’échapper à son propre ghetto et dont la lutte personnelle va rejoindre celle de toute une communauté. En lisant ce très beau roman sur fond historique, j’ai appris énormément sur les mouvements contestataires américains de l’époque qui luttaient pour les droits civiques, le Mobe et les Yppies aux côtés des Black Panthers.



Au fil du roman, le rythme prend de l’ampleur et de la force.

Le mystère et les déchirements qui entourent la jeune femme, d’abord cachés dans la chambre noire de ses pensées se dévoilent au petit jour. J’ai aimé que ce roman parle de photographie par le biais de son héroïne, photographe amateur puis journaliste. Le texte est en lui même une belle photographie d’une époque.



L’écriture lumineuse et vibrante, touchante et profonde possède le double langage des deux villes. Poétique comme les statues de pierre des vieux jardins parisiens. Puissante comme les immeubles gigantesques américains qui pointent vers le ciel. L’engagement et l’amour étroitement liés.



C’est une très belle ballade romantique et historique des bords de Seine aux rives du lac Michigan.

Un très beau coup de coeur !

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