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Citations de Georges Perros (332)


On se saoule pour être à la hauteur de l'indifférence des autres
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On ne s'aime pas. Mieux vaudrait le dire tout de suite. Se le faire savoir. Les guerres en deviendraient inutiles. Puis pourquoi s'aimerait-on? Il y a la beauté, qui nous attire. Il y a l'esprit, qui nous retient. Mais où est l'amour là-dedans? Ne serait-ce pas ce zéro, cette absence dont parlent les évidents? Faire l'amour n'est pas s'aimer. C'en serait plutôt le contraire, l'urgence d'annuler ce qui vient de nous arriver, et ne nous ressemble d'aucune manière.
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Il n'y a pas d'autre consolation à l'acte morne de vivre que ce clin d'yeux inexprimable qui foudroie, et renouvelle le "bail". Poésie ou non, assemblage de mots ou attente silencieuse ce moment s'inscrit en vrai sur un fond d'esseulement infini.
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Vivre sans arrêt avec une personne, du matin au soir, au bout de huit jours on la déteste. Mais vivre avec soi-même ! Alors on part en voyage, on dédaigne de prendre une valise qui nous rappellerait..ET on arrive dans une chambre d'hôtel où la première chose entrevue est un miroir (Inutile de le casser)
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L'art de la photographie offre un beau symbole. On "prend" le paysage, ou le phénomène ou le visage. Et l'on développe. Mais ce qui a eu besoin de lumière, d'exposition, ne pourra se "rendre" que dans l'obscurité
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L'obsession de la mort enlève la vie comme une lame de fond. Reste l'homme, qui attrape le torticolis de l'attente
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Marines (2)
extrait C
  
  
  
  
La lune fait ses dernières chinoiseries
L’obscurité craque comme une étoffe que l’on fripe
Cette forme blanche là-bas
Qui émerge dans un coin de grève
Cette rondeur couleur locale
N’allez pas vous en offusquer
Ce n’est que l’un de ces messieurs
Qui pose culotte.
Et dans la barque du passeur
Ils gagnent leur bateau
Par petits groupes
Graves, au garde-à-vous
Debout l’un derrière l’autre
On dirait des condamnés à mort
Qui mijoteraient encore
Je ne sais quel crime
Ce ne sont que des ouvriers
Ils sont nés près de leur usine
Qui s’ouvre sur le monde entier.
On n’imagine pas un pêcheur
Loin de la mer ou en vacances
Et depuis quand je le demande
A-t-on pu prendre l’océan
Pour une partie de plaisir ?
Leurs bateaux ont toutes couleurs
Rouges jaunes noirs
A nom de femme ou de déesse
Amphitrite ou Marie-José
Ils se font du ventre amical
Jouent d’un coude désabusé
En attendant de lever l’ancre
Les poissons somnolent encore
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Moi,j'ai toujours l'impression d'être en transit. Si vous voulez, j'ai l'impression d'être entre deux trains sur un quai de gare.Et comme les deux trains ne vont pas dans même direction, si je prends l'un, je ne peux pas prendre l'autre. Or, j'ai envie de prendre les deux.
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J’avance en âge mais vraiment
je recule en tout autre chose
et si l’enfance a pris du temps
à trouver place en moi je pense
voilà qui est fait et je suis
devenu susceptible au point
qu’on peut me faire pleurer rien
qu’en me prenant la main Je traîne
en moi ne sais quelle santé
plus prompte que la maladie
à me faire sentir la mort
Tout m’émeut comme si j’allais
disparaître dans le moment
Ce n’est pas toujours amusant.
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Georges Perros
"Il n'y a pas de poésie obscure. Il s'agit de donner à un mot la compréhension de l'autre, et ainsi de suite. Il y a comme un furet qui passe dans le coeur du langage, et décrète la profération, le chant. Après quoi, raconter sa vie ou celle du voisin, ou celle de personne, c'est bonnet blanc et blanc bonnet. La vérité se sent plus qu'elle se touche. C'est pourquoi il est quasiment impossible de mentir, au sens fort. Ce serait donner à l'autre des pouvoirs qui lui manquent.
J'ai idée que la poésie se trouve par là, dans une région de flamboiements, entre l'éthique et l'absurde. Le langage justifie notre esprit d'escalier, notre besoin de parodie, de miroir, de représentation. On vit. Mais on s'apperçoit surtout qu'on vit. Un homme seul sur une île d'où l'on ne peut écrire, non pas tellement pour mais grâce aux autres. NOUS SOMMES DES PARADOXES AMBULANTS.
Et précaires, précaires..."
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....Dans ce petit bistro tout seul
Dans l’éternité de l’espace
Une clochette à l’entrée
Trois marches pour dégringoler
Dans l’ombre des choses humbles...
....
De cet ivrogne dans l’azur
Qui fait mûrir
Qui fait pourrir
Qui dit le sec et le mouillé
Sur nos fronts partitions striés
Sans la moindre musique à l’intérieur
Rengaine où sanglote la source
Barques sur le dos
Ô nos révoltes grains de sable
Poussière dans le vent fané
Qui nous redira folle course
La joie farouche
Des chevaux du langage
Quand tout était encore tremblant
D’avoir liberté de mourir
Quand tout faisait encore semblant
De l’oublier dans un sourire
Les temps sont venus de la mort
De qui portes-tu le deuil, Terre,
Grosse de tant de cadavres
Que leur innocence a trompé
Mais dont l’âme flotte
En nos rêves
Nous ne pourrons jamais plus vivre
À marcher sur vos jeunes os
À piétiner votre colère
Nous ne pourrons jamais plus rire
Comme il faudrait de bas en haut
La glotte folle,
Avec cet ogre en nos poitrines
Qui nous ronge nous fend la peau
Allez
Car nous serons bientôt ensemble
Dans la bohème du caniveau
Nous fuirons en faisant la planche
Vers d’autres rêves d’autres feux
Autour desquels perdre nos rimes
Qui ne sont plus d’amour
Ni d’aise
Il est fondu, notre métal
Nous nous retrouverons bientôt.
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[…]

Entre ce crâne idiot
Et la fleur des champs
Et les ajoncs genêts bruyères
Et le laurier-rose, le mimosa
Entre l'effroi
Et le plaisir d'être vivant
D'être là, comme on dit,
De se sentir en mesure d'homme
Sous ce ciel qui change de couleurs
Comme les gens riches de chemises
Ce ciel où l'hirondelle attrape le vertige
Et la fauvette l'alouette le roitelet
Et la mésange charbonnière


p.64-65
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Il a une voiture depuis peu…


Il a une voiture depuis peu.
Il est en vacances.
Tous les matins
Il vient faire le ménage
De sa voiture.
Il rentre d'abord dedans
Sort le bras gauche
Met la main sur le toit
Et tapote avec trois doigts
En sifflotant
Il est content.
Puis il sort.
Il la regarde
En fait le tour
La caresse
Il l'aime.
Il lui flanquerait une petite panne
Avec plaisir,
Rien que pour pouvoir lui traficoter
Le ventre
Et se servir des outils tout neufs
Dans le bel étui.
On se demande où est sa femme
Pendant ce temps là.
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J'ai bien le droit d'écrire en "hameaux". [Papiers collés, 2, l'Imaginaire / Gallimard ]
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(...)

La mer ne rend pas intelligent
Mais elle empêche la bêtise
Je ne connais ni ne conçois
De pêcheurs bêtes comme peuvent l'être
Un avocat, un docteur ès lettres
Par exemple, et certes
C'est bien autre chose
Que ce qu'on apprend dans les livres
Qui les empêche de l'être
Je ne sais quelle connaissance
Toute nue toute crue
Qui ne touche pas à la parole
Le plus souvent source de ruine
Quand on la prend comme elle vient
Une connaissance qui laisse son homme
Intacte, tranquille
Tout à fait indifférent aux autres hommes sur la terre
À moins qu'il ne soit en danger
Indifférents à leurs tourments
Plus ou moins métaphysiques

(...)
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Oisiveté mère de tous les vices et fille de toutes les vertus.
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J’habite près de mon silence…


J’habite près de mon silence
à deux pas du puits et les mots
morts d’amour doutant que je pense
y viennent boire en gros sabots
comme fantômes de l’automne
mais toute la mèche est à vendre
il est tari le puits, tari.
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.
(p. 28)

Ici naquit Georges Machin
qui pendant sa vie ne fut rien
et qui continue Il aura
su tromper son monde en donnant
quelques fugitives promesses
mais il lui manquait c’est certain
de quoi faire qu’on le conserve
en boite d’immortalité.

Prendre l’air était son métier.
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Marines


Extrait 11

Les vieilles à coiffe
Qui font du vélo sous la pluie
Mais pleut-il vraiment en Bretagne ?
La légende le dit, mais quoi
Le crachin c’est une rosée
Qui vient de là-haut, qui s’enroule
Autour de nos fronts fatigués
Cela nous fait du bien à l’âme
C’est à peine si la route s’en trouve humectée
Le crachin ne va pas jusqu’à terre
Il est volatil, émulsion, neige d’été
Son bruit est doux, c’est de la ouate
Dieu se fait Breton à ce bruit
Mobile est frais

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Marines


Extrait 8

Les Bretons en furent prodiges
Et des diables et des sirènes
Alors que nous dans ce vieux monde
On ne voit plus rien du tout
Sinon les faubourgs de la lune
Puisse le cercle refermé sur lui-même
Au bout de ses périphéries
T’avoir un peu rendu à cette enfance
Jamais assez lointaine
Ou vaincue
Pour que le présent n’en soit parfumé.
Il y a des réalités
Qui ressemblent au rêve qu’on en fait
Avant de les connaître
Ainsi certains lieux de la terre
Avant même d’en avoir souffert la dureté
Le bien et le mal
La fragile éternité
Mais c’est nous qui sommes fragiles
Des lieux entr’aperçus
Dans le plus jeune de nos âges
Nous en avons plus qu’il ne faut
Ou antérieur
Ànotre premier regard sur le monde
Des lieux où la vie et la mort
Battent les cartes du grand jeu
Et qui grandissent avec nous,
Nous envahissent
À tel point que si l’on me demandait
Comment est fait l’intérieur de mon corps
Je déplierais absurdement
La carte de la Bretagne

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