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Critiques de Gérard Mordillat (422)
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Jésus, illustre et inconnu

« Les écrits rassemblés par le Nouveau Testament n'ont pas fait table rase des débats, des disputes, des hésitations, des oppositions dont ils étaient les témoins vivants. Les lire, en sachant que tout ce que nous pouvons savoir viendra de leur lecture, c'est voir qu'ils sont travaillés, et beaucoup plus qu'on ne le pense, par le doute et l'incertitude ». Ainsi concluent les auteurs de ce livre.

Ce fut une lecture extrêmement enrichissante concernant la recherche de la véracité des évangiles. En fait, il faut s'imaginer ces textes écrits par plusieurs personnes des décennies après la mort de Jésus avec des rajouts, des précisions, des omissions… Il faut aussi tenir compte des aléas historiques de l'Israël antique face à Rome. Savoir par exemple que le grand temple fut détruit par les Romains en 70 et que cet événement a remis en question le peuple Juif dans son ensemble. L'histoire de Jésus sera donc interprétée par rapport à ces événements politiques qui lui sont ultérieurs. Et encore, il ne s'agit que des textes canoniques, ceux retenus par l'Église. Tous les textes apocryphes ne disent pas la même chose de la même manière. Il faut donc remettre en perspective tout ce qui est affirmé. La virginité de Marie, les douze apôtres, les miracles, les marchants du Temple, l'arrivée à Jérusalem, la trahison de Juda, le procès avec Pilate, la Passion, la crucifixion, la résurrection... Tout y est historiquement très discutable, parfois impossible. Il faut en comprendre le symbolisme, savoir lire entre les lignes. Savoir que ces textes sont écrits en grec et que leur sens a pu changer dans la traduction. Enfin savoir que les différentes « écoles » qui sont à l'origine de ces textes n'avaient qu'un but, celui de convaincre les Juifs et les païens de croire au double statut de Jésus : homme et fils de Dieu. Lorsque l'on malaxe tous ces éléments, il en reste des variantes d'une très belle histoire à l'origine du christianisme.

Jérôme Prieur et Gérard Mordillat nous offrent un livre d'une grande teneur scientifique, très accessible sous forme de questions/réponses. Il ne s'agit pas de remettre en cause sa foi, qui ne repose pas sur une réalité, mais sur une croyance. Ce livre s'adresse à tous ceux qui souhaitent en savoir un peu plus sur la véracité historique de ce qui est écrit dans les évangiles.

Bonne lecture.
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La guerre des paysans

En 1525, en Allemagne, le moine Martin Luther s'insurge contre la vente des indulgences par l'Église pour financer la construction de la Basilique Saint-Pierre de Rome. le prêtre Thomas Müntzer le suit et appelle au soulèvement contre les seigneurs qui exploitent les paysans. Alors que châteaux et monastères sont pillés et incendiés, le premier se range du côté des princes tandis que le second prend la tête de la révolte et lance le mot d'ordre : Omnia sunt communia.

Luca Ponti, fils illégitime de Jules Médicis et apprenti dans l'atelier de maître Raphaël, est envoyé par le Pape Léon X pour être ses yeux et ses oreilles, observer les transactions et les événements, lui adresser des rapports, et après deux mois de voyage il arrive à Wittenberg, sur les bords de l'Elbe. Son savoir, pour les Écritures notamment, et son talent de dessinateur attirent l'attention, lui permettent de gagner la confiance des différents protagonistes et de les accompagner.

Ce parti pris incarné permet de donner chair à ce récit historique. le scénario de Gérard Mordillat qui a longtemps porté cette histoire pour un projet de long métrage avec Roberto Rosselini, est superbement mis en images par Éric Liberge : son trait, fort classique, convient parfaitement à cette fresque historique. Il a su donner vie à ces foules populaires, des visages à ces multiples anonymes, s'inspirant en toute discrétion des scènes de liesses peintes par Brueghel comme des danses macabres.

Les ambiguïtés de cette Réforme qui pactise avec le pouvoir sans jamais menacer l'ordre établi, sont finalement intemporelles : dès que le peuple veut se mêler de ses affaires et de son avenir, exige plus d'équité, il sera toujours et aussitôt violemment réprimé.



Article à retrouver sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Ulysse Nobody

Être quelqu'un

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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Sa première publication date de 2022. Il a été réalisé par Gérard Mordillat pour le scénario, Sébastien Gnaedig pour les dessins, Francesca & Christian Durieux pour les couleurs. Il s’agit d’une bande dessinée en couleurs, comportant 140 pages.



Ulysse ne s’appelait pas Nobody. Ni Ulysse d’ailleurs. C’était son nom d’acteur. Le nom du personnage qu’il avait créé pour son one-man-show. Son pseudo. Sa marque. Nobody comme un slogan. En cette veille de Noël, Nobody avait droit à une heure d’antenne, de 23 heures à minuit, sur Radio Plus. C’est la nuit de Noël au Havre, Ulysse Nobody se rend à la station de radio pour animer son émission. Il entre le bâtiment salue Mustapha, le vigile à la réception. Il lui souhaite un joyeux Noël. Il entre dans le studio d’enregistrement et s’installe : il enlève son manteau, pose la bouteille de vin qu’il a acheté sur la table, avec un verre. Au signal de l’animateur précédent, il salue ses auditeurs et commence à raconter son premier conte de Noël. C’est la nuit de Noël. Un pauvre petit garçon atteint de la tuberculose se désespère de n’avoir pu applaudir le clown Boum Boum avant de mourir. Mais à minuit moins une, le clown entre dans la chambre de l’enfant… Et l’enfant meurt dans ses bras, le visage rayonnant de bonheur. Noël triste. Il enchaîne avec deux autres contes tout aussi tristes, et il se fait virer par le vigile sur les ordres de Solange Chausson-Bernstein, la présidente de la station.



Ulysse Nobody se rend alors à son troquet favori, où il est accueilli par ses potes comédiens qui le félicitent pour ses Noël tristes et le plaignent d’avoir perdu son emploi. Ils boivent des coups et papotent. Ulysse leur propose que chacun écrive sa bonne résolution pour l’année à venir sur un papier à cigarette, puis l’enflamme et de verser les cendres dans un verre avant de le boire. Sur le sien, il écrit : être quelqu’un. Le lendemain, il se présente à l’accueil de la station de Radio Plus. Il est décidé à présenter ses excuses à madame Chausson-Bernstein, à s’aplatir devant elle, à battre sa coulpe, à promettre que plus jamais, non plus jamais, il le jure, il ne ferait une telle émission comme Noël triste, qu’il avait bu, que les fêtes le poussaient à la neurasthénie. Il salue Mustapha et demande à voir la directrice, mais celui-ci lui répond qu’il n’est plus accepté, qu’il ne peut pas l’autoriser à monter. Il rentre chez lui et il écrit une longue lettre d’excuse à la directrice. Il termine en lui souhaitant une bonne année. Il sort dehors et se rend dans un théâtre pour proposer à son propriétaire de d’y créer la saison deux de son one-man-show. L’autre lui répond qu’il ferme son établissement le soir-même et qu’il sera remplacé par un magasin bio dans dix jours. Ulysse Nobody ressort un peu abattu et il va rendre visite à son père. C’est sa nouvelle compagne qui lui ouvre, juste vêtue d’une serviette de bain. La discussion s’engage entre lui et son père qui lui reproche de continuer à gâcher son talent avec des bêtises.



Par la force des choses, le seul nom de Gérard Mordillat confère un caractère d’événement à cette bande dessinée, car c’est un romancier, un poète et un réalisateur de grande renommée. Il est fort probable qu’avant même d’entamer cette bande dessinée, le lecteur sache de quoi il retourne : un acteur sans emploi qui est recruté pour être le candidat du Parti Fasciste Français aux élections législatives dans l’Aisne. Cet a priori fixe son horizon d’attente. Dès la première séquence, il découvre une narration visuelle très facile à lire : des contours détourés par un trait fin pour les personnages, une simplification des silhouettes et des visages, les doigts représentés sans phalanges. Ce n’est pas une simplification pour rendre le dessin accessible à des lecteurs enfants, mais elle confère une douceur à chaque personnage, une forme d’accessibilité qui ne porte pas de jugement de valeur sur l’individu, pas de distinction de traitement entre Ulysse, ses copains, les autres membres du Parti Fasciste Français (PFF), pas de bons contre des méchants, juste des êtres humains dans leur banalité, mais aussi leur particularité. Ulysse est un bonhomme un peu rondouillard, au regard souvent triste, la tête un peu baissée en avant comme une forme de résignation face au destin, aux épreuves de la vie qui lui sont rarement favorables. Fabio semble être un trentenaire ou un jeune quadragénaire, gentil et prévenant, sans agressivité particulière, sans volonté de nuire, avec une sollicitude réelle pour Ulysse et ses problèmes. Monsieur Maréchal, le président du PFF, est plus âgé, avec un visage un peu plus fermé, mais tout autant honnête. Marilyn semble être un peu plus dure dans ses positions, sans être non plus agressive.



L’apparence simple des personnages n’empêche pas qu’ils disposent chacun d’une garde-robe adaptée à leur personnalité, à leur position sociale. Le lecteur peut observer la différence en le costume bon marché de Nobody au début avec son foulard dans l’ouverture de sa chemise, et le costume trois pièces beaucoup plus chic avec une cravate lorsqu’il monte à la tribune lors de la campagne. Il sourit en détaillant la tenue de Marilyn en accord avec son caractère. Le lecteur remarque que l’artiste gère la représentation des décors et des arrière-plans de manière un peu différente. Le dessinateur leur donne plus de consistance qu’aux personnages, avec un niveau de détail supérieur : la grande roue en page 3, les façades d’immeuble dans les scènes en extérieur urbain, l’intérieur du studio de radio, les tableaux accrochés aux murs du troquet, l’intérieur de la petite salle de théâtre, la vue depuis la terrasse de la maison du père d’Ulysse, les différents sites remarquables du Havre, la façade de la gare de Lille Europe, la magnifique vue extérieure d’un château propriété d’un sympathisant du PFF, le pavillon de Marilyn, un plateau télé plus vrai que nature avec son pupitre de régie, une halle au marché sous la pluie, etc. Sans oublier la sculpture monumentale UP#3 des artistes Sabona Lang & Daniel Baumann, installée sur la plage du Havre à l’occasion des cinq cents de la cité en 2017.



Grâce à la douceur des dessins, le lecteur s’immerge tranquillement dans le récit, à la suite de ce monsieur vraisemblablement quadragénaire, pas très bien dans sa peau, au point de mettre en l’air sa carrière, ou tout du moins de perdre son seul travail, dans un contexte professionnel peu favorable. Il le regarde exprimer une forme d’amertume qui ne dit pas son nom, essuyer les refus polis les uns après les autres, le suivant un peu plus humiliant que le précédent. La direction d’acteur se situe dans un registre naturaliste, correspondant à des adultes déjà installés dans la vie, de manière un peu précaire pour certains. Puis il se présente une opportunité de mettre à profit ses compétences d’acteur pour incarner un candidat d’un parti politique sulfureux. Ulysse Nobody semble faire siennes ces valeurs discutables. L’auteur développe des argumentaires par la bouche de ses personnages pour rendre cette éventualité quasiment plausible. Le lecteur assiste à une performance d’acteur posé quand Nobody réalise un discours devant une assemblée de plusieurs centaines de personnes, se déroulant sur cinq pages. Il voit Fabio, celui qui a recruté Nobody, expliquer la stratégie de campagne, en des termes simples, dénotant un vrai savoir-faire en la matière. Le récit se poursuit jusqu’aux résultats de l’élection législative, et les conséquences pour Ulysse Nobody. Il y a quelques piques bien senties : la manière de rendre le fascisme acceptable aux yeux d’une partie du public, l’attrait du salaire mensuel d’un député, les candidats qui doivent acheter et payer le kit de campagne (17.000€), un meeting qui dégénère en campagne, Ulysse gêné par les convictions antisémites et racistes d’un sympathisant, la nécessité de se prêter à l’exercice d’enregistrer des pastilles vidéo pour internet sans grand rapport avec le programme électoral, etc. Bien sûr, il y a le principe même de créer un candidat de toutes pièces, à partir d’un acteur. Mais finalement la charge contre un parti d’extrême droite bien connu se cantonne à donner le nom de Maréchal à son président (comme Marion) et au cynisme des professionnels de la politique.



Il en va différemment pour le portrait dressé du personnage principal. Là encore, le lecteur présuppose qu’il va y a voir une forme de dénonciation d’un système économique qui contraint l’individu à tout accepter pour pouvoir disposer d’un travail et d’une rémunération. Mais non, le cœur de l’histoire n’est pas là non plus. Une fois l’ouvrage terminé, le lecteur le refeuillète rapidement depuis le début et il constate que les auteurs ont joué cartes sur table depuis le début. Le vœu d’Ulysse Nobody pour la nouvelle année est d’être quelqu’un. Lorsque Fabio lui expose ce qu’il aura à faire pendant la campagne, l’acteur lui demande s’il montera sur scène. Lorsqu’il doit réaliser des pastilles vidéo, il peut raconter ce qu’il souhaite. Lorsqu’il est approché par Fabio, il est immédiatement sous le charme de son discours qui flatte son ego. En bon acteur, il se prépare en se regardant dans le miroir, et lorsqu’il se retrouve opérateur d’une plateforme téléphonique de vente par correspondance, il regarde le miroir intégré au cubicule de travail. En fait, le protagoniste ne semble jamais souffrir du syndrome de l’imposteur : il est dans son élément en se donnant en spectacle, en interprétant. Il se nourrit du regard des autres, de capter leur attention, d’être le centre de leur attention. Le lecteur comprend alors qu’il s’agit du portrait sans concession d’un individu narcissique. Il voit comment un tel individu peut raconter des drames atroces le soir de Noël, ne pensant qu’à sa propre souffrance, sans penser un instant aux autres, aux conséquences d’un tel acte, comment son incapacité à trouver un emploi ne peut pas être entièrement imputable aux autres et au système économique. Il apparaît qu’il n’est pas un bon acteur, car il finit toujours par sortir de son rôle pour satisfaire son ego. Le lecteur voit un individu incapable d’aucune forme d’empathie, uniquement préoccupé de satisfaire son plaisir en mettant en scène son ego devant un public. Il ne connaît qu’un bref moment de lucidité quand son agent Mona lui demande s’il connaît l’effet Dunning-Kruger, un effet de sur-confiance quand les moins qualifiés dans un domaine surestiment leurs compétences. Les personnes incompétentes ne parviennent pas à se rendre compte de leur degré d’incompétence et tendent à se surestimer. Et surtout ils ne reconnaissent jamais la compétence de ceux qui la possèdent véritablement. Il se demande si elle parle de lui, et il abandonne cette hypothèse, convaincu qu’elle parle de tous les autres qui se trouvent meilleur acteur que lui.



Cette bande dessinée a été mise en avant comme une critique cinglante de l’imposture de certains candidats politiques, et de la manière dont l’extrême droite procède pour se rendre médiatiquement acceptable. Cette charge est bien présente, mais pas si implacable que ça. Cela conduit le lecteur à considérer autrement l’histoire, si facile d’accès, si simple à lire grâce à une narration visuelle douce et d’une lisibilité épatante. Il se retrouve alors partagé entre son empathie pour un être humain au chômage, sans perspective d’emploi, et son aversion pour ce même individu qui se révèle uniquement préoccupé par la possibilité de disposer d’un public dans une salle qui n’a d’autre choix que de l’écouter. Un portrait impitoyable de l’égocentrisme présent en chacun de nous.
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Leurs contes de Perrault

Les contes, les légendes, la mythologie, les versions pour adultes, pour enfants, originales, détournées, revisitées, décortiquées, psychanalysées, leur symbolique - tout ça, j'adore ! Sauf les resucées édulcorées à la Disney, rose bonbon, chantonnantes, sautillantes et tourbillonnantes.



J'étais curieuse de découvrir ces onze contes de Charles Perrault réécrits par autant d'auteurs différents, à destination d'un public adulte. Ces adaptations s'inspirent très librement des originaux, j'ai parfois dû retourner voir le titre du récit pour saisir les références. Il s'avère immédiatement que l'ouvrage ne s'adresse pas aux jeunes lecteurs : le recueil s'ouvre sur une adaptation crue de Riquet à la Houppe par Gérard Mordillat qui ne m'a vraiment pas emballée. Si les autres récits sont moins grotesques, aucun ne m'a enthousiasmée, pas même mon préféré de tous les temps, 'Barbe-Bleue', que j'attendais impatiemment et dont le sens m'a semblé éloigné de celui de l'original (ou de ce que je veux en percevoir), contrairement à ce qu'annonce la quatrième de couverture : "Les histoires de Perrault en ressortent transfigurées, sans que leur âme en ait été perdue." Pas d'accord, pas du tout.



Aux amateurs de contes traditionnels et de leurs symboliques, je conseille : 'Les contes de Grimm' (en Folio), 'Psychanalyse des Contes de Fées' (Bruno Bettelheim), le roman policier 'Contes barbares' (Craig Russel), 'Une faim de Loup' (Anne-Marie Garat), etc.

Et dans les contes revisités pour enfants, plein d'excellents albums, dont les Geoffroy de Pennart, Emile Bravo...
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Les roses noires

« Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'il est impossible de lui échapper et dont les dirigeants peuvent exercer une autorité totale et sans contraintes de séparation des pouvoirs, sur des citoyens qui ne peuvent plus exercer leur libre arbitre. Wikipédia »

Et voilà un parfait résumé de cet excellent livre.

Cybèle, Nora, Rome, Vivi.

Quatre femmes à la vie différente vont illustrer la résistance face à la dictature qui mène le pays, réduisant une partie de la population à l'obéissance.

C'est sombre noir, angoissant, mais tellement bien écrit.

Un style impeccable.

De nombreux poèmes par l'entremise d'un des personnages, réussissent à embellir la situation.

Bien qu'on soit heureusement loin d'en être là, on ne peut s'empêcher de faire certains parallèles.

« A la télé aujourd'hui comme dans le cinéma, c'est la même merde : propagande officielle et éloge de la bêtise érigée en philosophie morale. D'un côté comme de l'autre vous devez abjurer toute intelligence, tout art et vous en tenir aux directives des chiens de garde du conseil. »

ou encore

« Ils ont brisé toutes les solidarités. Ils ont mis en concurrence les salariés entre eux, les jeunes contre les vieux, les hommes contre les femmes, les Blancs contre les Noirs, les jaunes, les n'importe quoi contre tous. Ils voulaient le chaos, l'amnésie, la confusion mentale pour qu'aucune force ne soit capable de s'opposer à eux. »

De nombreux sujets sociétaux sont exprimés dans cette histoire extrême.

Privation progressive des libertés (accentuée par la crise sanitaire), répression des rassemblements (gilets jaunes)

Je lis rarement des romans d'anticipation, mais là je dois reconnaître que j'ai été complètement captivée, complètement bluffée.

On sent l'engagement de Gérard Mordillat et cette fiction est à mon sens une grande réussite.

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Xenia

Lu pour répondre à un item d'un challenge, je suis agréablement surprise. Le résumé et le titre ne me disaient rien qui vaille, et ma fois, je me suis très vite attachée aux personnages, à leur combat, la vie en cité, les galères pour trouver du boulot, la lutte des ouvriers face à un patronage abusif, Joséphine sans papier qui lutte et se cache pour ne pas être expulsée. Samuel en quête d'identité, et doit affronter le racisme au quotidien. Xenia qui vient de se faire 'larguer" et doit faire face aux charges familiales seule. Et puis tous les autres qui viennent agrandir la ronde de la société, avec leurs coups bas, et pour d'autres leurs mains tendues, leurs bras ouverts.

Un excellent roman social, mais qui peint sans pathos la réalité même édulcorée , mais on ressent bien la misère, la lutte au quotidien pour garder la tête hors de l'eau.

Au final, j'ai passé un bon moment de lecture, avec une plume très agréable, je note cet auteur et vais sans doute aller vers d'autres romans.
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La brigade du rire

Des amis de jeunesse, réunis par une même idéologie du respect de l'homme dans le travail décident d'enlever un journaliste qui prône des conditions de travail inhumaines.

Ils décident de constituer la "brigade du rire".

J'ai survolé plus que je n'ai lu le livre à cause de nombreux détails inutiles sur l'un et sur l'autre, à cause aussi de la trop grande importance du monde économique actuel part rapport aux faits.

La déception et le pessimisme de l'auteur transparaissent trop dans les pages.

Bref, j'ai été déçue alors que j'avais entendu le "Prologue" lu par l'auteur dans les "Bonnes feuilles" du mois d'août et qui allait bien avec le style de Gérard Mordillat que j'apprécie en général pour son humanité et son contact avec la réalité sociale.



Challenge pavés

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Ce que savait Jennie

J’ai beaucoup aimé Jennie, son caractère, la manière dont elle appréhende sa vie difficile depuis l’enfance, sa force.

Avec une écriture très visuelle, voire cinématographique, de nombreux dialogues, qui rendent le texte vivant, Gérard Mordillat nous raconte une histoire dure et émouvante.

La fin m’a un peu moins séduite ça ne paraissait plus naturel, un peu forcé, outré, peu crédible.

Mais ça n’enlève rien au plaisir que j’ai pris à lire ce livre.

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La guerre des paysans

Omnia sunt communia.

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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, relatant un épisode historique se déroulant en 1525. Il a été réalisé par Gérard Mordillat pour le scénario, et par Éric Liberge pour les dessins en noir & blanc, avec des nuances de gris, avec une tache de couleur en page 105 et une en page 110, la dernière page du récit. Le tome se termine avec une postface de trois pages, rédigée par Mordillat, à l’attention de Liberge, présentant la nature du récit, ainsi que par une page de chronologie de la guerre des paysans, de 1490 avec la naissance de Thomas Müntzer, à juillet 1525 avec la parution de Missive sur le dur opuscule contre les paysans, de Martin Luther.



Rome, chantier de la basilique Saint Pierre, 1514. Il s’appelle Luca Ponti, mais il est un Médicis comme le saint père Léon X. Sa mère – dont la beauté excite encore la jalousie de toutes les romaines – travaillait comme chambrière au service des Médicis. Il est le fils de Jules de Médicis. Le prince ne pouvait pas le reconnaître, mais il s’est chargé de lui faire donner une éducation chez les dominicains à Santa Sabina où il a appris le latin et le grec, le français et l’allemand. Il a été présenté à maître Raphaël par Margherita Luti, la fille d’un boulanger, sa maîtresse qui est une amie d’enfance de sa mère, et sa voisine dans le Trastevere. Dieu lui a donné un don et il peut presque recopier la nature à s’y tromper, y compris les visages. À quinze ans, il est entré en apprentissage dans son atelier pour y apprendre l’art de peindre. Il y travaille avec maître Raphaël depuis qu’il est le seul architecte à Saint Pierre. Aujourd’hui, avec Enrico Labate et Bernardo Tofoletti, maîtres charpentier et carrier du chantier, ils accompagnent le saint-père pour visiter les travaux de la basilique Saint Pierre que son maître doit reprendre après la mort de Bramante, l’architecte.



Luca Ponti observe les ouvriers au travail sur la fresque, et il écoute Raphaël rendre compte de l’avancement du chantier, au pape. Celui-ci lui demande de finir le chantier avant que le Seigneur ne le rappelle à lui. Raphaël l’informe qu’avant de reprendre la construction, il doit corriger ce qui a été mal fait, ce qui se fissure, ce que Bramante a laissé inachevé. Leur conversation est interrompue par une sœur venue informer le pape que Albert de Bandebourg et le banquier Fugger l’attendent pour l’audience qu’ils ont demandée. Le premier demande l’archevêché de de Mayence, le second se déclare prêt à consentir la somme nécessaire au premier pour acquérir ledit archevêché, car il sait que les indulgences garantiront un remboursement facile. L’accord est conclu. Plus tard, le pape confie une mission à Luca Ponti : suivre Tettzel qui va lever l’indulgence pour faire des rapports sur ce qu’il fait, sur l’argent qu’il ramasse, sur tout. Luca Ponti devient l’envoyé du pape. Il part pour l’Allemagne, malgré les cris et les pleurs de sa mère. Il lui faut près de deux mois pour arriver à Wittenberg, allant de monastère en monastère.



Dans la postface, le scénariste évoque la genèse de ce récit : des lectures, le rêve inaccompli d’un film avec Roberto Rossellini et enfin cette œuvre graphique. C’est la troisième collaboration entre les deux créateurs, après la trilogie de Le Suaire : Lirey, 1357 et Notre part des ténèbres (BD). Ils ont appris à travailler ensemble et il ne reste rien de la forme cinématographique : il s’agit bien d’une bande dessinée utilisant les spécificités de cette forme d’expression. Le titre annonce clairement l’enjeu : une reconstitution historique d’une révolution paysanne en 1525. Le récit commence à Rome et passe rapidement en Allemagne, où Martin Luther (1483-1546) joue un rôle de premier plan. En effet, le récit met en scène l’affichage de ses quatre-vingt-quinze thèses le 31 octobre 1517, le temps d’une page, puis la manière dont elles sont reprises par d’autres prêtres allemands, ainsi que les actions de l’Église, ou plutôt du pape et de ses envoyés, pour faire rentrer Luther dans le rang et protéger leurs intérêts financiers. S’il a déjà lu Le suaire, le lecteur connaît déjà clairement la position du scénariste sur l’Église catholique et sa hiérarchie : une véritable haine. Il n’est donc pas surpris par la condamnation des indulgences, ni par l’angle d’attaque sur l’hypocrisie d’une institution dont les responsables se gavent, alors que leurs fidèles se privent pour payer les divers impôts. Il peut même trouver que Mordillat fait presque preuve de retenue.



Les deux auteurs font preuve d’une implication totale pour réaliser une reconstitution historique tangible et plausible. Pour commencer, le scénariste situe les principales figures religieuses : Martin Luther, Thomas Müntzer (1489-1525), Jean Huss, (1372-1415), le pape Léon X (1475-1521), Andreas Rudolf Bodenstein (1486-1541), Philipp Melanchton (1497-1560). Les personnages développent l’avancement du chantier de la basilique Saint Pierre à Rome et son financement, les conditions de vie des paysans, la violence des révoltes, les enjeux d’une traduction de la Bible en langue commune, dire la messe en allemand, l’excommunication de Martin Luther, son mariage, les conditions de travail dans une mine, le nombre de soldats (40.000) face aux paysans (8.000), etc. Le lecteur constate l’habileté élégante avec laquelle le scénariste sait distiller un grand nombre d’informations historiques et religieuses dans les dialogues, et quelques cartouches d’exposition. Il apprécie qu’il sache expliquer les enjeux théologiques dans un langage accessible, sans en sacrifier l’importance, et évitant toute formulation moqueuse, sarcastique ou agressive. Le récit du déroulement des faits historiques parle de lui-même et le scénariste n’a pas besoin d’en rajouter.



Ensuite, l’artiste épate le lecteur du début à la fin par sa capacité à insuffler de la vie dans chaque séquence, même les passages de prêche ou de discussions statiques, avec un soin remarquable dans le détail. L’album s’ouvre avec un dessin en pleine page : une vue de Rome, avec le chantier de la basilique en arrière-plan, et il ne maque aucune maison, aucune façade, aucune toiture. Par la suite, plusieurs scènes se déroulent dans des églises, ou des abbayes, des monastères, dont l’architecture est à chaque fois représentée de manière à bien montrer le style correspondant, qu’il s’agisse des façades de ces monuments, ou des arches, des ogives, des piliers à l’intérieur, attestant du goût de Liberge pour ces monuments. Les cases avec des décors de village, de milieux plus modestes ou pauvres, ou des étendues naturelles offrent à chaque fois une tangibilité assurant une visite de grande qualité au lecteur, une remarquable immersion, passant par une étable, les Enfers, le pied de remparts, l’arrière d’un chariot, une grange avec du foin, le champ de bataille, une presse à imprimer, un bûcher. Le soin apporté aux personnages relève du même niveau : les tenues vestimentaires (robe de bure, habits religieux, vêtements simples de paysans, riches atours des nobles et des hommes d’église de rang élevé), les coiffures (naturelles, ou tonsures), les accessoires que ce soient des outils agricoles, des accessoires du culte, la vaisselle des banquets, etc. À chaque séquence, le dessinateur conçoit un plan de prises de vue spécifique, que ce soit une succession rapide de cases pour un échange énervé ou une joute verbale, ou des plans larges pour rendre compte du nombre de personnes et l’ampleur d’un mouvement.



La coordination entre scénariste et dessinateur apparaît très rapidement : page 9 une demi-page sous forme d’un dessin simple accompagnant un texte sur un parchemin, pages 12 & 13 des dessins de la largeur de la page pour évoquer les tourments en enfer, pages 16, 21 et 24 des dessins sans nuance de gris avec le personnage au centre et des évocations de sa vie autour, pour présenter respectivement la vie de Martin Luther, celle de Thomas Müntzer, Jean de Médicis. Puis les pages 36, 37 et 38 forment une séquence dépourvue de tout texte, de tout mot, attestant de la confiance totale que le scénariste accorde au dessinateur pour raconter l’histoire, et il y en aura d’autres par la suite. Les deux auteurs ont à cœur de présenter une reconstitution dépourvue d’exagérations romantiques, que ce soit côté clergé et noblesse, ou côté paysans et prêtres réformateurs. Le peuple souffre sous le joug des puissants, et lorsqu’ils se révoltent, ils tuent et massacrent. Gérard Mordillat ne fait d’aucun personnage, un héros au cœur pur. Il met en scène une guerre, dans tout ce qu’elle a de brutal, avec ses déchainements de violence meurtrière, ses tueries sur le champ de bataille, et ses mises à mort de boucs émissaires par la foule vengeresse, des boucheries inhumaines.



En fonction de sa familiarité avec cette époque en Allemagne, le lecteur découvre plus ou moins de choses. S’il est familier de l’œuvre récente du scénariste, il constate à nouveau qu’il fait preuve de retenue dans sa présentation des faits. Par exemple, il ne matraque pas l’antisémitisme dont fera montre Martin Luther à la fin de sa vie. Il s’attache à l’évolution des positions et des actes de Thomas Müntzer, par le biais de la vision que Luca Ponti en a. Il parvient avec une élégance remarquable à montrer comment la dénonciation des indulgences induit une remise en cause de l’ordre social établi, comment Martin Luther envisage cette rébellion contre la papauté et son clergé, et comment Thomas Müntzer développe une attitude plus cohérente avec la logique interne des quatre-vingt-quinze thèses. Le scénariste se montre honnête dans sa façon de présenter les faits, ne se limitant pas à une dénonciation pleine de fiel, montrant ce qui aurait pu être, sans rien occulter des réalités mortelles d’une révolution, sans angélisme quant aux conséquences pour les paysans qui ont suivi Thomas Müntzer dans cette guerre.



S’il a lu Le suaire des mêmes auteurs, le lecteur peut craindre que la présentation des faits ne tourne à la diatribe par moments. Dès les premières pages, il se retrouve subjugué par la qualité de la narration visuelle, sa générosité et sa consistance, appréciant son naturel grâce à une vraie collaboration entre scénariste et dessinateur. Au fil des pages, il constate que le scénariste a conçu une structure qui fait la part belle aux personnages et à leurs émotions, leur engagement, à la présentation organique des informations nécessaires à la compréhension et à l’établissement des enjeux, pour un tableau saisissant et nuancé des paramètres politiques et religieux de la société de l’époque en Allemagne. À plusieurs reprises, le lecteur est frappé par le parallèle qui s’établit de lui-même entre cette situation et l’époque contemporaine. Page 82, un paysan résume la situation : tout augmente, les dîmes, les redevances, les impôts pèsent de façon insupportable sur nous tous. Le lecteur se prend à rêver d’une bande dessinée de même qualité sur le mouvement de Niveleurs (Levellers) pendant la guerre civile anglaise (1642-1651) demandant des réformes constitutionnelles et une égalité des droits devant la loi.
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Xenia

Xenia ! Toute la misère sociale, c’est elle !

Tellement sombre, tellement noir que j’ai failli abandonner plusieurs fois.

Tout y passe dans cette banlieue sordide : les règlements de comptes, les emplois précaires, le racisme, les envies de suicide, les sans-papiers, les enfants à élever seules…….

C’est présenté comme des scènes de film qui se succèdent.

Alors il y a Xenia, avec son caractère bien trempé et tous ses malheurs, mais il y a aussi Gauvain, de l’autre côté de la barrière sociale, un banquier quitté par sa femme et qui a des scrupules à abuser ses clients et à exploiter ses employés.

J’ai eu du mal à adhérer à leur histoire d’amour, tellement peu plausible entre ces deux êtres que tout oppose.

Ce livre, c’est une satire sociale réaliste et impitoyable

C’est d’un style très aisé à lire, mais c’est très difficile à supporter, d’autant que tout cela existe réellement.

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Merci Paris !

Comme la quatrième de couverture nous en informe judicieusement, cette "anthologie", intelligemment préfacée par l'américano-parisien de cœur Douglas Kennedy et sous la direction bienveillante et avisée de Gérard Mordillat, a pour ambition de convier vingt écrivains contemporains à nous emmener, en une quinzaine de pages, à la découverte de leur arrondissement parisien respectif qu'il soit de naissance, d'élection ou d'inspiration.

Comme toujours dans ce genre d'exercice littéraire collectif, l'excellence côtoie le moins convaincant, la subtile pertinence de l'un renvoyant à la relative insignifiance de l'autre mais, au final, force est de reconnaître que cet ouvrage a amplement répondu à mes attentes.

Les connaisseurs ou simples amoureux de Paris devraient donc y trouver leur compte.

Je vous en recommande chaudement la lecture.
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Ce que savait Jennie

En l'an 2000, Jennie a 13 ans. Elle vit avec sa mère Olga et sa demi-soeur Malorie dans la maison de Mike, une maison éternellement en travaux, coincée entre la voie ferrée, le cimetière et la Nationale. Jennie déteste Mike mais elle adore Malorie, petit bout de 4 ans qui ne la quitte pas d'une semelle.

Trois ans plus tard, Jennie a 16 ans. Elle vit toujours avec sa mère dans la maison de Mike mais Mike n'est plus là. C'est Slimane, passé du statut d'ami à celui de colocataire qui est maintenant le compagnon d'Olga. C'est un homme doux et bon, très différent de Mike et Jennie l'aime bien.La famille s'est agrandie avec l'arrivée de Saïda et Hakim, deux nouveaux bébés que Malorie aime de toutes ses forces et dont elle s'occupe comme une "petite maman".

En 2010, Jennie a 23 ans. Elle a vécu bien des drames et de sa famille, il ne reste plus rien. Il est l'heure désormais de régler ses comptes et de retrouver ses frère et soeurs éparpillés aux quatre coins du pays par les services sociaux. Par hasard, dans un train, elle rencontre Quincy, un jeune acteur qui lui aussi a des comptes à régler. C'est avec lui qu'elle espère aller voir la mer à Etretat, en famille, comme Olga l'avait promis.





Je trouve particulièrement ignominieux la façon dont les services sociaux séparent les fratries quand il n'y a plus de famille pour les recueillir. Les aînés perdent le contact avec les plus petits qui finissent par les oublier. Combien d'enfances sont perturbées, gâchées, par la désintégration de ses liens familiaux? C'est un peu comme si on leur volait leur histoire, leur passé....Je suis très sensibilisée par se sujet et pourtant ce récit m'a laissée froide. Trop court, trop noir, trop tout. Toute cette misère humaine, tous ces malheurs accumulés, toute cette folie ont saturé mon cerveau et au bout d'un moment je n'y croyais plus et j'avais hâte de passer à quelque chose de plus gai. De Gérard MORDILLAT, j'avais adoré Les vivants et les morts qui ne faisait pas non plus dans le rose bonbon mais dont les personnages étaient plus travaillés. Ici, on survole les personnalités, la psychologie. Une déception.
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Ulysse Nobody

Ulysse Nobody, un acteur sur le déclin, viré de son dernier emploi à la radio, se retrouve à deux doigts de la clochardisation. Le dernier rôle qu’on lui propose est de devenir le candidat aux législatives pour le parti d’extrême droite. Gérard Mordillat aime titiller le monde de la politique dans son œuvre, et son antifascisme n’est un secret pour personne. Mais il reste ici tout en retenue, on sent presque une sympathie pour son personnage central, même s’il fait bien sentir qu’il se fourvoie complètement, l’histoire raconte les errements, les raccourcis et les détournements d’idées. Seul le personnage de Marilyn est vraiment caricatural, dans le genre raciste décomplexé. Le graphisme est très simple, une colorisation en aplats, un trait régulier assez neutre, simplifié au maximum pour une lecture comme celle d’une pièce de théâtre, un graphisme adapté à l’écriture du Gérard Mordillat.



C’est une évidence, Franck De La Personne a été le sujet d’inspiration de l’auteur. Des faits réels sont mêlés à la fiction, c’est la société politique d’aujourd’hui, il est question de Macron, du déclin des partis historiques, Parti Socialiste et Républicains, de l’avancée de l’extrême droite dans les régions du Nord… C’est une satire politique, un farce malheureusement très réelle, du Gérard Mordillat tout craché, acide et grinçant.



Peut-être que ce rapport trop proche de la réalité m’a laissé un peu froid, difficile d’éprouver la moindre émotion, c’est un peu ce que je reproche à ce récit, qui nous laisse au niveau du simple constat, malgré une fin plus romanesque que la réalité, mais en même temps, pas vraiment originale. J’ai aimé l’audace du sujet, la finesse des analyses, le style grinçant et satirique qui se maintient dans une retenue parfaitement maîtrisée, mais peut-être que le peu d’humour, de folie et de fantaisie en font une lecture qui manque un peu de relief et d’émotions. J’ai aimé, sans être vraiment emballé.

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La brigade du rire

Le parti du rire !

Une ancienne équipe lycéenne de handball se retrouve. A l'occasion des souvenirs et du constat des impasses qu'avaient atteints leurs vies, ils décident, par jeu, de capturer l'éditorialiste vedette de "Valeurs françaises" (sic), et de le faire travailler selon ses propres thèses. Un grand éclat de rire !



11/11/2015
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Les Vivants et les Morts

L’ histoire est d’une effrayante banalité. Une usine, dans le Nord, appartenant à un groupe étranger, va être fermée, les salariés licenciés. Lorsque l’auteur a adapté son roman pour la télévision, il a choisi comme lieu de tournage Hénin-Beaumont, c’est dire …. Et ils se battent, même sans aucun espoir. C’est beau, triste et fort, un roman qui marque à jamais. Ces ouvriers qui continuent à vivre, à aimer, à se révolter sont eux, les vivants. Les morts, ce sont les patrons de l’usine, qu’on ne voit jamais. On a parlé de Zola, de Hugo. Non, le style et la situation sont bien d’aujourd’hui, de chez nous, mais une fois ce pavé refermé, on ne regarde plus l’actualité comme avant.
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Ulysse Nobody

Ulysse Nobody a eu son heure de gloire : il a présenté "Coucou les zouzous" à la télé, a réussi le conservatoire.



Mais aujourd'hui plus personne ne veut de lui : viré de l'émission de radio pour laquelle il était chroniqueur, il ne trouve de contrat nulle part et son agent semble désabusé.



Alors quand une connaissance lui propose argent et travail et lui tend la main alors qu'il s'enfonce dans la précarité, il ne voit que les promesses, que la possibilité de monter sur scène pour un discours sans s'embarrasser du contexte : un meeting pour un parti fasciste.



Est-il un pigeon ou un opportuniste ?

Le dessin simple et presque naïf de Sébastien Gnaedig (illustrateur de la bande dessinée Profession du père) laisse à penser qu'il se laisse manipulé alors qu'il est fragilisé par la situation.

A travers lui, l'auteur ne nous suggère-t-il que la fragilité économique et sociale (Ulysse Nobody est assez isolé) est un terreau idéal pour les discours sécuritaires et basés sur la peur et le rejet ?

La naïveté d'Ulysse Nobody et son égo si vite flatté pourraient prêter à sourire ...sauf que les personnages et les idées mis en scène par cette fiction ont des relents de déjà-vu actuels.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Xenia

La guerrière

Une plongée troublante et fascinante dans le monde des nouveaux ouvriers d'aujourd'hui. Gérard Mordillat leur offre une voix. Claire et sans appel, son écriture engagée rapporte au plus près de chacun de nous la réalité d'un monde ignoré. Une bouffée d'oxygène !



08/03/2014
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Leurs contes de Perrault

Un recueil de nouvelles qui revisite des célèbres contes de Perrault

Malheureusement, sans trop expliquer pourquoi, j’ai beaucoup de mal avec cette version remake des contes de Perrault...je passe à coté je ne comprends qu’un texte sur trois.... trop....je ne sais quoi.... dommage car ce projet paraissait une bonne idée mais vraiment trop bizarrement exploitée pour convaincre...
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La brigade du rire

Avis de Grybouille (Chroniqueur chez Léa Touch Book) :

4.5/5 :



Les premières lignes, l’auteur-chroniqueur Pierre Ramut de « La France debout », subjugué par une groupie blonde dès sa sortie de l’hôtel, ne peut résister à monter en voiture avec elle. Ensuite… « Ce fut la nuit.»

En résumé, une poitrine, un parfum, une blonde et hop, l’affaire est dans le sac… Heu, dans la voiture ! Pauvres de nous les hommes…



La couverture est une réussite. Ces trois faces grimées, jeux de couleurs et d’ombres, sur fond gris avec les lettrines blanches sont déjà une ouverture, une invitation à lire ce roman. J’irai jusqu’à dire un tableau que je verrais bien accroché dans le nid du p’tit duc.



L’intrigue, l’enlèvement d’un de ces chroniqueurs qui fleurissent dans la presse à sensation « …du vomi d’informations…l’intelligence borgnesse de la presse… »



Ce Pierre Ramut c’est « Une tête de rat, des yeux chiasseux et des joues en peau de fesses mal rasées… une ordure. »



Mais c’est sans compter sur « La brigade du rire. »

Une histoire d’amitié à travers une bande de copains. L’histoire d’êtres liés par des colères qui ne font qu’un face à l’adversité.

« J’ai tant de colère en moi, que rien ne saurait l’éteindre, ni l’amour d’une femme, ni la tendresse d’une autre, ni l’amitié de ceux qui me ressemblent. »



Dur réveil pour Pierre Ramut… « Qu’est-ce qui peut arriver de pire à un type comme çà ? … Si on fait çà, on va se marrer »



Le style, comme une belle pâtisserie dont le glaçage donne déjà en lui-même envie de croquer dedans. Vos dents viennent juste de traverser la croute appétissante que votre langue plonge dans le succulent, la garniture… Et là çà balance… La presse, les politiques, les faiseurs de fric, les représentants syndicaux vendus, les employeurs indélicats, les employés mous du genou…

Ce qui fait notre société d’aujourd’hui, vous savez le « Capitalisme-Libéral » que l’ON nous vend tous les jours, vous voyez « ON ne peut pas revenir en arrière » qui est ce « ON » qui ne VEUT pas revenir en arrière…



La grande richesse de ce livre, hormis ses qualités d’écriture et de construction, c’est de faire parler à cœur ouvert les personnages d’une réalité que des millions de personnes vivent.

De poser sur le papier des faits que les journalistes spécialisés dans le « Drive-in » de la petite fenêtre de l’info n’ont plus le temps, ni l’envie de développer.



« La révolte gronde mais la peur règne. D’un métier on est passé à un travail puis un emploi et maintenant un job pour finir avec un stage ! C’est dire la misère. »



Les personnages, là j’avoue, j’ai pour la première fois, depuis que je livre des chroniques, peur de trop vous les faire découvrir car cela retirerait à votre lecture une part importante du plaisir.



Oui, bon, alors juste le triangle, le trio, le socle de ce groupe de sept amis.



KOL, licencié, sa femme le quitte, « Il n’avait plus rien à perdre. La mort ne pouvait plus rien lui prendre. » Mais, « Regarder un bébé dans les yeux, c’est voir Dieu en face », il y a de l’espoir.

DYLAN, professeur d’Anglais qui s’épanouit dans la littérature, l’écriture et ses deux amours.

L’ENFANT LOUP, le patron d’un garage, « Les socialistes désormais si ouvertement de droite étaient disqualifiés à ses yeux. Quant à la droite conservatrice, elle s’accouplait sans vergogne ave les néo-fascistes. »



Des extraits, je pense en avoir mis assez au long de cette chronique donc juste un petit en passant.



« C’est devenu un métier de recevoir les chômeurs pour leur dire qu’il n’y a rien à espérer… çà rapporte. »



Un voyage dans le temps, l’amitié et l’action… « Sans Dieu, ni Maître »

Un livre comme le p’tit duc les aime, divertissant, instructif, écrit par une belle plume, pas de langue de bois et des pistes à étudier.

Un « chouette » de roman, bien cultivant, voir un extrait du discours de Rousseau page 423, du 2 décembre 1792.





Le p’tit duc en plein délire révolutionnaire vous salut,

« Nul ne règne innocemment… » Saint Just.


Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Ce 7 janvier 2015, il y a eu un événement horrible, innommable et profondément choquant. Mais heureusement face à cela, on a vu une levée, une solidarité forte qui s’est opposée clairement aux actes de barbarie qui se sont produits . Et ce livre est né!60 écrivains unis sous la bannière de Charlie Hebdo… Pour ne jamais oublier ce jour si noir, pour rappeler à nos cœurs que tant de sang a déjà été versé pour nos libertés…



C’est avec une certaine émotion que j’ai lu ses textes, le cœur serré, les larmes au bord des yeux. Chaque auteur voit cet événement avec son expérience, et c’est intéressant de voir les mots qui en découlent. Les textes de certains sont plus vifs, d’autres plus philosophes, et du coup, ce recueil de textes est un fort et émouvant imbroglio d’émotions fortes et vibrantes. Personne n’a pu rester insensible face à cette barbarie, et chacun le démontre avec plus ou moins de force.



J’ai particulièrement été touchée par le texte de Christel Noir, je me suis sentie proche des mots de Fredéric Lenoir, j’ai aimé le ton de la poésie de Katherine Pancol, l’humour inversé de Eric Emmanuel Schmitt, et je me dis qu’il faudrait suivre les conseils avisés de Claude Halmos. Je ne cite qu’eux, mais en fait chaque auteur a su me faire ressentir une émotion, je n’ai gardé que les plus fortes, ce recueil a de quoi vous prendre aux tripes, c’est certain!



En plus, d’être un formidable élan de compassion et de solidarité de la part de ses auteurs contemporains , tous plus intéressant les uns que les autres, nous avons la chance de relire, de redécouvrir des textes forts de Victor Hugo, Diderot, Voltaire, qui sans leur courage et leur soif de liberté, n’en serions pas surement là aujourd’hui, à prôner haut et fort la Liberté d’expression.



Je voulais donc remercier les éditions Le livre de poche pour cette belle initiative.


Lien : https://fairystelphique.word..
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