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Critiques de Gérard Mordillat (422)
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Rue des rigoles

Ça commence tristement, par le décès de la mère de l'auteur mais ne vous y trompez pas, ça ne dure pas!



La machine à souvenirs se met en route et là, le sourire n'a pas dû me quitter jusqu'à la fin du livre.



L'enfance parisienne dans les années '50.

Puis l'adolescence, l'alcool, les filles, les amis, la révolte contre le système, l'insouciance de l'époque.

Jusqu'à l'entrée dans la vie active, les amis de toujours, ceux que la vie éloigne, les discussions politiques, et les femmes, toujours.



Gérard Mordillat nous raconte avec verve les souvenirs de ses jeunes années dans le XXème arrondissement de Paris, avec la gouaille de l'époque aussi. Cette époque pleine d'insouciance où l'on vivait avec moins mais où l'on trouvait le bonheur plus facilement...



En bref, cette lecture fut un moment très agréable, une plongée dans ces années que j'aurais aimé vivre, non pas que je ne me plaise pas dans notre époque mais pour une certaine liberté qu'elle offrait... Peut-être que j'idéalise...



Ah oui, encore une petite chose! Mordillat termine par ceci :



"J'aime beaucoup la Belgique, avec son air de kermesse permanente, ses Gaulois qui ont fait plier César, l'âme farceuse de ses habitants, leur chagrin...

Souvent, je me sens belge."



Ça ne pouvait que me faire plaisir! ;o)















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La brigade du rire

Un groupe d’ami se retrouve après des années de séparation pour une opération surprenante. A l’initiative de Kol, ils organisent l’enlèvement de Pierre Ramut un éditorialiste vedette. Suite à la fermeture de l’imprimerie, dans laquelle travaillait Kol, Pierre Ramut a écrit un article sur le monde des ouvriers, le travail, les salaires. Les arguments font bondir Kol : ils sont passéistes et ne veulent pas accepter la modernité et qu’il faut oublier la protection sociale, le code du travail, etc.

Rien de tel pour faire réagir Kol et ses amis. Ils décident, donc, de montrer à ce journaliste ce qu’est le monde du travail.

C’est ainsi, qu’ils l’enferment dans un bunker pendant plusieurs semaines. Il doit percer des trous dans des plaques de métal. Il recevra un salaire en fonction du travail effectué, de même que pour ses repas. Les plats et les aliments seront achetés en fonction de ses moyens. Bien loin de son train de vie habituel. Les amis se relaient pour le surveiller. Ils veillent à ce qu’ils ne soient pas reconnus et se présentent à Ramut avec un masque des 7 nains… Réussiront ils à lui faire prendre conscience de l’injustice de se propos ?

Plusieurs sujets dans ce roman, une réflexion des mondes décalés, le monde du travail, l’amitié, la séquestration…

J’ai bien aimé ce drôle d’univers et cette folle entreprise. L’écriture de Gérard Mordillat est mordante. J’ai aimé les fêlures des personnages et le dénouement peut-être un peu prévisible mais finalement inévitable.

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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

De Jacques Attali à Voltaire en passant par Denis Diderot, Bernard Pivot, Katherine Pancol, ce recueil regroupe les écrits de soixante auteurs sur les évènements de janvier 2015. Ceux-ci ont le plus souvent été composés à chaud, avec les tripes. Cet engagement se ressent de manière variable mais avec une intensité plutôt étonnante.



En elles-mêmes les compositions sont variées : fictions, lettres, citations, articles de presse mais elles véhiculent le même message, sans pour autant verser dans des répétitions ou un pathos malvenus. Il est toutefois recommandé d'éviter la lecture "d'une seule traite" qui laissera un sentiment de lassitude. Le recueil doit être compris dans la même perspective que le célèbre Indignez-vous ! de Stéphane Hessel. Il s'agit ici d'un éloge de la République, des valeurs qui lui sont attachées, des idées des Lumières, de l'esprit français. Chacun à sa manière tente d'apporter sa pierre à l'édifice mais la philosophie est la même : être fier de nos valeurs et les défendre.



Certains textes sont de véritables pépites. A cet égard, la fiction humoristique de Romain Puértolas est une véritable bombe de table. Ce fruit d'une imagination fertile est immédiatement suivi par un hommage à un autre Charlie composé par Serge Raffy. Au titre des découvertes intéressantes, l'analyse faite par Maxime Chattam doit être signalée, car il nous apprend au passage une nouvelle qui attristera ses fans.



Écrire est une forme d'engagement... mais qu'en est-il des actes ? S'il est impératif de saluer cette initiative littéraire (profits reversés au journal, délais de parution très courts) il est difficile de donner un avis sur la suite. A lire les quelques pages de ce corpus, tout le monde est d'accord sur la nécessité d'agir. Mais concrètement, nos chers penseurs ne nous livrent pas forcément leur manière d'agir. Écrire et participer aux rassemblements républicaines, certes... mais encore ? Cette impression de manque (aisément compréhensible) porte toutefois un grand préjudice à cette initiative, pourtant emplie d'une bonne dose d'émotion.
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Ce que savait Jennie

J'avais lu" Les vivants et les morts" en 2005 avec plaisir puis " Rouge dans la brume" en 2011" avec un peu moins d'enthousiasme, ouvrages sur fond de combat syndical.

Jennie a 13 ans: elle s'occupe de sa petite sœur Malaurie pendant que les adultes boivent aux 40 ans de Michael son beau - père....qui se tue en moto brutalement...sa mère Olga,se remet avec Slimane , un ami, avec qui elle a deux enfants: Hakim et Saïda,ils vivent au milieu de nulle part dans une maison encore en chantier....un soir, ils se tuent en moto....sept ans passent,Jennie tente de récupérer ses sœurs et son frère dispersés dans des familles d'accueil dans une grande violence....

Énorme déception cet ouvrage!

Une suite de catastrophes et d'accidents mortels, des idées à l'emporte piéce, des coups de théâtre excessifs, des clichés,de la vulgarité,des rebondissements de plus en plus dramatiques qui ne semblent plus crédibles! Le tout sur fond de critique et d'armature pseudo sociale. On survole chaque personnage sans aucune profondeur, l'auteur fait passer ses idées dans le désordre...

Trop noir, trop de malheurs accumulés,on éprouve un grand malaise tellement les situations de rupture sont nombreuses.

À la fin, on reste de marbre, un comble vraiment pour moi qui suis très sensible à ces douloureux problèmes!

Je ne suis pas prête de relire Gérard Mordillat: la première de couverture est très

belle pourtant, c'est rare pour moi d'écrire un avis aussi négatif !

Peut - être froisserai- je les inconditionnels de cet auteur mais ce n'est que mon avis!

















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Le suaire

Le recit dessiné, imposant de 214 pages, est divisée en 3 périodes distinctes, moyen âge, fin 19ème siècle et actuelle, et recoupe les difficiles relations amoureuses entre 3 "mêmes" protagonistes implantés dans chaque époque, le tout en relation avec le saint suaire : sa possible élaboration au moyen-âge, son authentification fin 19ème, son exploitation actuelle.

Une trilogie à travers le temps et l'espace, comme l'indique le titre.

Précisons d'emblée qu'il ne s'agit pas d'une monographie historique du saint suaire, mais de variations romanesques autour.

Le dessin, noir et blanc,sur de larges planches, est superbe, et ce travail mérite d'être mis en exergue.

Par contre l'appréciation des histoires dans lesquelles explosent la sauvagerie humaine, est plus contrasté.

Le récit se déroulant au moyen âge, avec quelques planches quasi sans paroles dans des paysages glacés, est très prenant et expose les luttes religieuses.

Celui du 19ème siècle met en scène les tentatives d'authentification du saint suaire avec en filigrane les luttes politiques et la difficile émancipation féminine.

Ces deux premières parties sont très bien ficelées et tiennent le route.

Par contre la partie moderne, brumeuse, dérape sur des digressions politico-sociales stéréotypées et très convenues, avec un rapport au sujet plutôt ténu.

Bref une très bonne idée laissant un goût de gâché.
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La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

Sortez de votre train-train et prenez avec moi, ce train de nouvelles, d'écrivains solidaires de cheminots en grève. Les droits du livre sont intégralement reversés en soutien aux grévistes.





Prévert écrivait : "Le train m'égare, la gare m'étreint." J'ai aimé le texte de Laurent Binet qui convoque le plus long générique de film, avec l'arrivée en gare, d'un train, d'où descend C.Bronson, dans "Il était une fois dans l'ouest." Tandis que H.Fonda essaie de prendre une locomotive, dans "Mon nom est personne". Cris Evans remonte des derniers wagons, avec des prolétaires révoltés ( les cheminots?) pour " Snowpiercer".



Vous rencontrerez peut être d'autres écrivains, dans les wagons suivants, pendant que "le train sifflera 3 fois". Lisez ce livre, et compostez votre billet " de soutien".
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Le suaire  - Turin, 1898

Lucia, fille unique du Baron Tommaso Pastore d’Urbino, est aussi la maîtresse de l’avocat Enrico Spiterio, député socialiste. Le Baron est chef du parti monarchiste et fervent croyant alors que l’amant de Lucia est un athée notoire. Nous sommes à Turin, où le suaire est conservé. Le Baron, grand catholique, réactionnaire et royaliste, décide de faire une photographie du suaire pour prouver qu’il est authentique. Les libres penseurs comme Enrico pensé évidemment le contraire et sont, quant à eux, préoccupés par le devenir du peuple qui est dans la misère et qui souffre de plus en plus de la répression. Les royalistes et la droite traditionnelle sont beaucoup plus préoccupées à servir l’église et la royauté, ils n’ont cure du devenir du peuple et protègent également leurs privilèges. Lucia se laisse convaincre par son bel amant et se dresse contre son père, ses idées rétrogrades et préfère prendre le risque de se cultiver aux idées libertaires d’Enrico.



Deuxième expérience avec ce fameux suaire qui a pourtant déjà fait couler beaucoup d’encre. Surtout qu’on sait maintenant que c’est une escroquerie de plus à mettre sur le compte de la noble institution qu’est l’église de Rome. L’important n’est pas la vérité mais c’est de faire croire qu’on possède LA vérité ! Les dessins sont toujours aussi chargés, avec des nuances de gris davantage plus sombre que dans le premier tome, ce qui rend encore plus difficile leur déchiffrage. Les textes, dans les bulles, manuscrits, sont très serrés, ce qui en affecte te la lecture. Les dialogues prennent souvent le pas sur l’illustration et les bulles ont tendance à «manger» les cases. Le scénario est de nouveau confit. Sur fond de l’histoire du suaire, nous vivons une histoire d’amour qui est complètement indépendante de celle du maudit tissus. Les liens avec le premier tome sont ténus. On se demande pourquoi la none Lucie, qui condamnait l’escroquerie du suaire au moyen-âges l’aurait sauvé des flammes et lui aurait ainsi permis d’arriver jusqu’à nous. Bref, encore un deuxième tome qui vire en eau de boudin, comme le précédent, avec une chute abrupte et inachevée qui ne sauve pas l’ensemble de cette série. Je ne sait pas si les tueurs vont nous en pondre un troisième, peut-être dans un futur éloigné, vu le bond que nous capons fait dans l’histoire entre les deux premiers épisodes mais cette fois, garanti, j’abandonne cette bande dessinée par trop confuse.

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Les Vivants et les Morts

Un roman social qui nous plonge au cœur d’un conflit dans le monde ouvrier : sur fond de violence patronale et d’emplois sacrifiés par l'ultralibéralisme, les ouvriers de la Kos se révoltent... "Les Vivants et les Morts" nous plonge dans l’enfer de la désindustrialisation, des plans sociaux et nous montre l’envers du décor, les répercussions de ce drame social à l'usine et à la maison, dans les corps et les cœurs...Poignant, on suit les destins de ces hommes et de ces femmes qui se battent pour rester vivants !
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Ce recueil est parut suite aux attentats du journal "Charlie Hebdo" . Je ne reviendrai pas sur ce dramatique événement, nul ne peut ignorer ce qu'il c'est passé, vu le soulèvement populaire national et international.



Les bénéfices de ce roman vont directement au journal, alors oui on sait que depuis ils ont ramassé suffisamment d'argent pour tenir plusieurs années donc je n'insisterai pas sur ce point. Par contre la lecture de ce roman est un combat pour la liberté d’expression. Liberté qui nous est chère. Liberté qui m'est essentielle. Liberté qui me permet de me sentir moi-même et de dire ce qu'il me passe par là tête, même si ce sont des inepties.



Donc ce recueil regroupe les textes de 60 auteurs. Dont, parsemés, des extraits de Beaumarchais, Diderot, Hugo et voltaire qui se sont battus aussi, autre époque et combat égal.



Tous les autres ont réagit et fait parler leurs plumes, leurs armes, leurs cœurs. Pour certains ce sont des courriers ou un constat, des réactions car nul ne pouvait rester muet sinon tout était perdu (pourquoi d'ailleurs mettre cette phrase au passé !) . Pour d'autres c'est ce qu'ils savent faire de mieux, un conte une histoire (j'ai une préférence pour cette forme de manifestation).

Alors j'ai des auteurs de prédilection bien évidement. L'histoire Fabrice Humbert me touche particulièrement ( en même temps j'ai un attachement pour cet auteur.) Une grande tendresse pour le texte de Ian Manook car je vois ma grand-mère dans les traits de sa mère. Sans oublier Romain Puertolas qui me fait sourire malgré l'horreur et ça chapeau Monsieur !



Et malgré les 3 mois de passés je peux vous garantir que l'émotion reste la même en lisant ces lignes. Les larmes ne sont pas loin.





Je terminerai cette chronique par une citation de la réaction de Frédéric Beigdeger car elle me fait penser à la dernière boucherie au Kenya qui vient de perdre ses étudiants .

"A ce violent malaise que cette sensation procure, aux larmes du chagrin, à la culpabilité d'être plus troublé par ces morts si proches que par les milliers de victimes à deux heures de chez nous. Si, ne soyons pas hypocrites, c'est une règles journalistique bien connue, les massacres géographiquement éloignés nous perturbent moins que deux ou trois morts dans notre ville, notre pays. Pourtant, une certaine souffrance est là. A des degrés divers selon sa sensibilité, son empathie, son fatalisme."
Lien : http://lesciblesdunelectrice..
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Xenia

Je ne suis pas d'accord avec toutes les critiques élogieuses que je viens de lire.

Pour moi, Gérard Mordillat n'est pas un grand romancier, le style est nul, les personnages ne sont que des stéréotypes pour illustrer sa vision de la société et ses idées politiques. En gros il y a toujours des petits ouvriers, souvent des femmes très jolies et courageuses et ayant des valeurs de solidarité et prêtes à se battre contre les méchants patrons prêts à les exploiter. (Déjà dans "les vivants et les morts")

C'est une vision simpliste et utopique du monde du travail. On aimerait y croire mais ça fait tellement cliché son histoire : oui il y a des femmes qui élèvent seules leurs enfants en ayant un petit salaire, oui il y a des employés qui se révoltent et gagnent aux prudhommes contre les employeurs. Mais des personnages aussi gentils que la voisine Blandine de Xenia ? Aussi désintéressé que Samuel, son fils ? C'est plein de bons sentiments, larmoyant aussi par moment. Enfin, je n'en lirai plus car je n'y crois pas et on a l'impression de lire toujours la même histoire. Un peu comme les films de Guédiguian, on est fan ou pas.
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La brigade du rire

Avec ce roman, vous prendrez le risque d'un rendez-vous manqué.

Le début du livre, qui nous décrit les nombreux personnages de l'intrigue, vous donne envie d'abandonner, et semble relever d'une maladresse d'écriture : comment le lecteur peut-il s'intéresser à des personnages qu'il ne connaît pas encore, et auxquels il ne peut s'attacher puisque l'intrigue ne commence pas ? Il faut passer les 80 premières pages au moins pour entrer dans le vif du sujet, qui vaut le coup d'œil incontestablement. Ne vous en voulez pas, et à la limite, reprenez le roman à son début une fois que vous l'aurez terminé. Là, vous aurez envie d'en savoir plus sur les personnages attachants que vous aurez appris à connaître.

A noter que la petite troupe du roman fait penser à l'équipe Malaussène de Pennac.
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Le suaire  - Turin, 1898

Pour ce deuxième tome, le suaire est de nouveau le contexte de l'histoire. Nous sommes à Turin en 1898 et le linge saint va être pour la première photographié et étudié.

Le suaire est surtout un prétexte pour nous parler de l'histoire d'amour entre Lucia et Enrico. La jeune fille de bonne famille est tiraillée entre la version de son amant, pragmatique, qui pense que le suaire est une fausse relique, et celle de son père baron catholique convaincu de détenir LA vérité de la sainteté du suaire.

J'ai trouvé l'histoire plus superficielle malgré que les discussions scientifiques et les différences de points de vue autour du suaire sont intéressantes. La fin est assez brutale, elle manque de transition tout autant de conclusion.

La encore certains éléments m'ont chiffonnés. Tout d'abord le parallélisme avec le premier tome. L'utilisation des mêmes personnages toujours avec Lucie/Lucia partagée entre Thomas/Tomaso figure paternelle, spirituelle dans le tome 1 et filiale dans le tome 2, et Henri/Enrico amour interdit. Je comprends pas trop ce que les auteurs veulent nous faire passer en réutilisant à l'identique les personnages. Tout comme j'ai trouvé bizarre les espèces de vision de Lucie/Lucia sur le passé/futur...



Les dessins en gamme de gris sont toujours très beaux.
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Rouge dans la brume

A la fin de cette lecture, le premier sentiment qui s'impose à mon esprit, c'est la déception, déception d'avoir trouvé dans "Rouge dans la brume" ni plus, ni moins qu'un copier-coller du roman "Les vivants et les morts" du même auteur, que j'ai lu il y a peu de temps, en une version peut-être un peu plus radicale.



Carvin, ouvrier à la Méka, une entreprise de mécanique (cette fois-ci située dans le Nord), apprend le même jour, la fermeture prochaine de son usine et la demande de divorce de sa femme. Lassée de la vie de misère qu'elle mène et de l'engagement syndical de son mari, elle le quitte en emmenant leur fillette de 4 ans. Désormais seul, Carvin se lance donc pleinement dans la lutte contre le capitalisme, tentant d'entrainer avec ses collègues, les autres entreprises en difficulté de la région. Il va y côtoyer Anath Werth, la DRH de la Méka qui va passer de l'autre côté de la barrière et finalement soutenir leur cause.



Gérard Mordillat nous offre une fois de plus un livre très actuel, d'un réalisme poignant pour nous dépeindre les dérives de notre système capitaliste. Il nous alerte sur la mort programmée de nos industries et allume un projecteur sur ceux qui en composent la valeur humaine et qui ne veulent pas disparaitre sans faire entendre leurs voix.

Bien sûr, je suis d'accord sur le fond comme sur la forme d'ailleurs, car ces chapitres courts entrecoupés de citations empruntées aux discours de nos dirigeants politiques et industriels, si éloignés du quotidien de ces hommes et de ces femmes qui voient leur outil de travail démantelé, font qu'il n'y a pas de temps mort dans cette lecture. Mais pourquoi tant de similitudes avec "Les vivants et les morts" :

- même personnage principal, viril, courageux, infidèle et amoureux de littérature.

- une héroïne assez libérée sexuellement.

- des femmes qui ont aussi un rôle à jouer mais c'est encore l'une d'elle qui dévoile les plans à la partie adverse.

L'auteur a simplement donné à son roman un côté plus sulfureux en y ajoutant une pincée d'inceste et d'homosexualité refoulée.

Ma note pour ce remake est à la hauteur de ma déception :11/20
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Chili

Inégal en tant que beau livre (photos inégales, papier assez moche, édition plutôt bof) le livre en revanche nous offre un portrait intéressant du Chili. Un portrait engagé d'ailleurs en faveur de l'héritage d'Allende ( sa fille préface et conclut le livre), mais aussi de Gérard Mordillat que l'on ne présente plus.

Pour une fois les photos sont reproduites en assez grand format, mais tout n'est pas bouleversant. Et pourtant globalement on ressort de là avec l'impression d'avoir un peu rencontré ce pays, d'avoir fait un long parcours du Sud au Nord, du détroit de Magellan à la frontière bolivienne.

Les passages sur le coup d'Etat de 1973 sont ce qui m'a le plus frappé dans le livre. Ainsi en face d'une photo banale du stade de Santiago, le commentaire évoque un chanteur, Victor Jara, à qui un officier trancha les mains pour lui apprendre à jouer de la guitare.

Un livre fort intéressant plus que séduisant, ce qui n'est déjà pas mal !
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Le Suaire : Lirey, 1357

Lucie est une jeune nonne qui offre ses soins à l'indigent sous la protection du moine prieur Thomas qui cherche à bâtir une grande abbaye. Son cousin tente bien de la convaincre de renoncer à ses vœux mais Lucie a une foi inébranlable.



Nous sommes à Lirey, au moyen-age. C'est à cette époque qu'on lieu les premières apparitions du saint-suaire. Les auteurs nous proposent de découvrir l'origine du linge sacré sur lequel serait imprimé le visage du Christ.

Je trouve que l'époque est bien rendue. Surtout à travers le graphisme magnifique. On y voit la différence criante entre les pauvres, les miséreux, les lépreux et la noblesse qui ripaille bien au chaud des grandes cheminées. A cette époque le commerce des reliques bas sont plein, qu'il est tentant d'en créer de toutes pièces pour faire venir le pèlerin aux poches pleines!

L'histoire est plutôt intéressante même si j'ai trouvé la fin un peu précipitée. On a eu du mal à voir le basculement de Lucie dans cette folie fanatique.

Certains points m'ont tout de même laissé perplexe. J'ai eu du mal à savoir la place de certains éléments dans l'histoire : les flagellants, les juifs... Ca m'a semblé pas assez utilisé pour y voir un intérêt.



Les graphismes sont vraiment splendides. Les nuances de gris sont très belles et laissent les détails s'exprimer dans un véritable tableau du moyen-age.
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Xenia

Chronique sociale criante de vérité, Xénia de Gérard Mordillat raconte le quotidien d'une jeune fille de 23 ans, qui a un petit bébé de pulques mois, dont le père bon à rien et petit voyou les a laissé et qui se débrouille comme elle peut pour survivre dans un monde sans pitié.

Xénia, c’est le lapin blanc d'Alice aux Pays des Merveilles, toujours à courir après le temps pour être à l'heure sur les divers chantiers de ménage où l'exploite Travers, classique du type pourri qui n'hésite pas à rendre esclave pour son profit des femmes qui ne demandent qu'à travailler pour gagner ce qu'il leur faudra pour le loyer et faire manger leur famille...

Xénia, c'est une enragée de la vie, pour son fils, contre l'injustice sociale, qui n'a pas l'habitude du bonheur et qui, pourtant, va le découvrir avec Gauvain, directeur d'une banque mais frustré par ce système qui broie ses victimes, ses clients, ses employés et qui, lui aussi, va finir par dire non.

Avec Xénia, il y a son double, sa voisine, son amie, sa sœur, Blandine, qui est toujours là, qui lui retrouvera du boulot et pour qui Xénia fera tout pour la sauver du licenciement aussi.

Ces filles-là, elles se battent, et Mme Aziz a bien raison lorsqu'elle dit que ce sont les femmes les plus grandes esclaves du monde et ce sont encore les femmes qui travaillent le plus en étant le plus exploitées! Mais elles se batttent, à leur niveau.

c'est dur, c'est violent, c'est la réalité, retranscrit d'une bien belle façon par Mordillat, qui les fait sourire et rire bien des fois parce que l'humour et la dérision sont des armes qu'on ne peut pas leur enlever, c'est la loi du plus fort même si parfois, le plus fort n'est pas celui que l'on croit...

Ces femmes là, ces combattantes de la vie, on leur doit le respect au minimum et elle ont toutes mon admiration car je ne sais pas si j'aurais leur courage et leur énergie si un jour je me retrouve dans leur situation...
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La tour abolie

Paris, la Défense.

Le roman s'ouvre sur l'inauguration de la tour Magister, doigt tendu vers le ciel, exubérante et insolente, nouvelle Babel symbole de l'orgueil humain. Ses trente-huit étages et sept sous-sols sont la propriété d'une compagnie d'assurance, filiale française d'une Holding internationale.

Fidèle à son engagement définitivement social, Gérard Mordillat dresse un portrait au vitriol, décapant et mordant, des arcanes de l'immeuble. La Tour est société, peuplée de vivants et de spectres.

Si la richesse évolue dans les plus hautes sphères, les sous-sols sont les bas fonds dantesques d'un monde au rebus, affamé, avili, puant, sordide.

Mais la vie est facétieuse et manque d'étanchéité ; le microcosme soigneusement cloisonné prend l'eau de toutes parts. Les uns s'élèvent tandis que d'autres chutent.

C'est baroque, violemment poétique, c'est les damnés de Jéricho sur un radeau en perdition, c'est les sirènes de l'Apocalypse scellant un funeste destin au capitalisme.

Âmes sensibles s'abstenir. L'auteur use de toutes les irrévérences, forgeant une poésie cruelle et sans fard pour habiller ses personnages de défroques caricaturées. Il y a du Charlie chez Gérard. Il faut choisir d'en rire plutôt que de s'en offusquer, et c'est jubilatoire.

En filigrane reste ce regard si profondément humain porté sur les sans voix, les sans noms, les oubliés, les perdus, mais aussi sur les failles, les peurs, les lâchetés et les grandeurs de ceux pris dans la grande roue de la réussite à tout prix.

Reste un roman inclassable, pamphlet outrancier et boursouflé, revers d'un miroir que notre monde érige en modèle, inconscient de sa veulerie et de ses turpitudes.

A moins que de conscience, il n'en ait tout simplement pas...
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Les Vivants et les Morts

« Ave Capital, ceux qui vont mourir te saluent! »

Une petite ville française, une usine, quelques commerces autour, au XXIe siècle. L’histoire débute par une saisissante scène de crue des eaux envahissant rues et bâtiments. Quelques ouvriers du plus grand employeur de la place s’évertuent à sauver les machines-outils de l’usine inondée. Rudi Löwenviller et François Lorquin dirigent le sauvetage, le premier manquant d’être emporté par les flots. Malgré ces actes de courage, l’usine ne fera pas long feu, un cas classique des effets de la mondialisation et du libéralisme économique. Syndiqués ou non, les employés restent à la merci de la cupidité des propriétaires ou des actionnaires, toujours prêts à vendre au plus offrant, liquidant tout pour le profit rapide.

Gérard Mordillat a conçu son roman comme un feuilleton, du premier jour de l’annonce de la fermeture de l’usine jusqu’aux plus sombres des manifestations et des grèves, ses personnages principaux et secondaires sont au cœur de l’histoire. Amours, liaisons, naissances, mariages, amitiés, rivalités, conflits familiaux et professionnels, chacun a la parole, en font foi les nombreux dialogues servant la narration. On assiste au délitement d’une communauté emportée par les lois bancales du travail, tombant sous le rouleau compresseur de l’économie de marché.

Un roman socio-économique au style enlevant, à la construction originale et à l’écriture percutante.

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Le suaire  - Turin, 1898

Lucy Bernheim est une jeune réalisatrice. Elle n'est pas encore très connue. Elle a en projet un film qui révèle la vie de Jésus tel qu'il aurait été et non celui révélé par les évangiles. Elle s'intéresse au suaire, une des escroqueries les plus célèbres de l'église (et elle sont nombreuses, ne fut-ce qu'avérer l'existence de dieu). le suaire est pour elle un mauvais souvenir. Son professeur de théologie, à l'université de Berkeley, Thomas Crowley, avait invité ses élèves à un voyage à Turin. Jeune et brillante étudiante, pour la récompenser, le professeur avait invité Lucy, un soir, seule pour découvrir le suaire. Ce qu'il fit mais il profita de cette soirée pour violer sa jeune étudiante. Cette dernière, juive, en a perdu sa foi. Son ancien professeur est un catholique extrémiste et est chef du Kûshirô Klux Klan. Il utilise le symbole du suaire pour imposer sa foi, ses dogmes et la suprématie de la race blanche. Lucy trouve en l'acteur mécréant, Antonin Arnaud, l'interprète idéal pour incarner Jésus dans son film. Elle devient la maîtresse de l'acteur et tombe enceinte de lui. Lors de la projection en avant-première de son film, le scandale éclate. Les violences se déchaînent. Les extrémistes boutent le feu au cinéma et poursuivent la jeune réalisatrice et son acteur vedette. Les autorités, complices avec l'extrême droite, laissent faire les fanatiques. Ils veulent crucifier l'acteur quand…



Pour ce troisième opus, nous sommes revenus dans le monde contemporain. Visiblement, le suaire déchaîne toujours les passions. Ceux qui y croient dur comme fer, ceux qui savent que c'est juste une fausse relique. Nous sommes dans un climat politique tendu, où les extrêmes, surtout la droite et aussi le fanatisme religieux sont en constante progressions. Jusque là, ça colle presque à la réalité. La jeune réalisatrice et son acteur fétiche ont une vison bien à eux de la religion. Ils veulent montrer au monde que si Jésus a existé, c'était un homme ordinaire, une espèce de gourou qui profitait de sa popularité pour imposer son pouvoir et mieux profiter de la vie. Du fils de dieu avéré par les uns, Julie le montre cruel, égoïste et fat. Comme pour les tomes précédents, les dessins ont une tendance à être sombres et surchargés. J'ai du mal avec ce graphisme, je préfère franchement, surtout quand la bande dessinée est en noir et blanc, une ligne plus claire et plus épurée. L’œil s'égare dans des images sans se retrouver et cela en complique la lecture et l'appréciation de la qualité des dessins. Le scénario, comme pour les tomes précédents, est embrouillé, prend des chemins de traverses inutiles, égare le lecture, l'embrouille jusqu'à la fin de la bande dessinée qui ne nous mène nulle part et sans vraie conclusion. Le sujet mériterait pourtant d'être développé et argumenté d‘avantage. Les auteurs nous offrent-ils une vraie critique des dogmes et de la religion, des hommes qui veulent nous l'imposer ? De même par rapport à l'extrême droite. Nous sommes en présence d'une sorte de soupe dans laquelle on aurait mélangé tant de légumes que tous auraient perdu leur saveur et leur identité. Je me dit depuis le premier tome de la série que j'aurais du laisser tomber. A moins que les auteurs veulent nous projeter dans le futur, je pense que cette fois, c'est le dernier opus (pas dei :-) puisque nous sommes en deux mille dix-neuf. Mais si ce n'était pas le cas, pour moi, ce sera bien le dernier épisode. Déçu trois fois, c'est déjà beaucoup. Lu en format KINDLE avec une très bonne numérisation.

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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Suite aux terribles événements qui ont endeuillé notre pays en janvier 2015, "Le livre de poche" a pris l'initiative de publier plusieurs textes d'auteurs et de reverser le bénéfice de la vente à Charlie Hebdo.



60 textes d'auteurs contemporains et d'auteurs des siècles passés composent ce recueil.



Autant d'auteurs, autant de points de vue, autant de manières de réagir face à la barbarie.



Certains textes apportent des pistes de réflexions, d'autres écrits à chaud sont davantage empreints d'émotion. Les textes d'auteurs des siècles passés nous apprennent que certaines problématiques ont la vie dure, que la liberté de pensée est un combat.



Autant d'auteurs, autant de points de vue, écrivais-je plus haut. Donc difficile d'adhérer à toutes les opinions publiées, question de sensibilité, de vécu, de personnalité. Mais je ne peux que louer l'élan de solidarité suscité par cette belle initiative.
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