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Critiques de Gérard Mordillat (422)
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Les roses noires

Gérard MORDILLAT. Les roses noires.



Ce livre, dans la collection « le Livre de Poche » avec sa couverture rouge sang, ce titre : « Les roses noires », ces portraits de femmes stylisés, ces yeux, ces traits, ces zones noires, un univers imaginaire. Est ce un roman d’anticipation, une dystopie, un roman prémonitoire, un livre futuriste ? A cette dernière question, je réponds NON. Bien que l’auteur le situe en 2028, ce récit décrit avec force des situations insoutenables, reflet de la société actuelle.



Orden, un poète reçoit un appel de son ami Fauch lui intimant l’ordre de fuir. Il n’a qu’un seul but, se réfugier chez Cybèle, son premier et unique amour. Mais il lui faut user de stratagèmes afin de gagner l’appartement de cette femme. La ville est sous la domination des Souchiens. Chaque « citoyen » est suivi, pisté, doit s’inscrire lors d’une visite à un ami, même dans l’immeuble voisin. La démocratie n’existe plus : elle est bafouée. Un régime totalitaire règne dans cette ville. Nul ne peut se rebeller. Une milice armée traque sans cesse les quelques êtres qui tentent de s’opposer à ce nouveau régime. Plus de syndicats, plus aucune association, plus de commerce, plus de moyen de transport, un no man's land. Ceux qui résistent sont des clandestins, vivant en marge de la société, se terrant dans les voies désaffectées du métro. Des femmes comme Cybèle, Nora, Rome, Vivi sont des résistantes. Chacune d’elle nous offre un élan de patriotisme et chacune apporte sa pierre à la construction de réseaux de résistance. Ce sont elles « les roses noires » et elles foulent le sol avec majesté, défiant l’ennemi. Seront-elles assez fortes pour ne pas céder à l’appel des oligarches au pouvoir ? Dans cette ville, tout est cloisonné. Il existe désormais cinq castes. Et chacune doit rester à sa place, ne pas dévier de la ligne de conduite, imposée par ce gouvernement. Les Puissants, les Possédants, les Dominants, les Servants, et une sous classe, les Inutiles, astreints aux corvées les plus dégradantes…. Ceux qui doivent se plier aux volontés et aux instructions des dirigeants fantoches de ce pays…. Et ces SERF qui occupe une place, qui sont-ils : ce sont les Sans Emplois ni Revenu Fixe ! Quelle société ! ! !



Quelle tristesse de parcourir, en compagnie de ces héroïnes cette ville fantôme. Il est impossible d’effectuer un achat. Une ville dévastée par les criminels qui la gèrent. Nous ne sommes pas dans un futur si lointain. La description et les faits qui se succèdent me font penser à de récents évènements qui se sont et continuent de se dérouler sur notre planète... Les attaques, le martèlement des bottes dans les rues vides d’habitants, l’abscence d’enfants, l’arrêt des usines, la fermeture des écoles, des commerces, la nécessité de posséder des bons d’achat afin d’obtenir de rares produits de première nécessité, le contrôle de tous les mouvements des personnes, créent une tension sur nous, lecteur. J’ai suivi, angoissée, le parcours de ces femmes, de ces hommes qui luttent pour la liberté de tous...



Je félicite et remercie Gérard MORDILLAT pour ce roman. J’ai lu, il y a plus de quinze ans, « Les morts et les vivants », un ouvrage engagé, témoin de la vie quotidienne des salariés. Je vais le relire. Je l’avais adoré. « Les roses noires », roman contemporain, noir, décrivant les actions menées par des groupuscules d’opposants et d’opposantes au régime imposé, témoigne d’une vision réelle du devenir de certaines républiques bafouées par les dirigeants. Gérard MORDILLAT a une plume facile, incisive, percutante. Le style est alerte. Mais le sujet est parfaitement maîtrisé par l’auteur. Je recommande fortement la lecture de ce roman qualifié de dystopie, en souhaitant ne jamais connaître une telle situation…. Bonne journée et belles lectures à tous.

( 08/10/2023).


Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Ecce homo

La trame du livre : trois personnages à trois époques différentes et un objet célèbre qui les relie.

Les personnages : Lucie, Thomas et Henri dans la France du XIVe siècle, Lucia, Thomasso et Enrico à Turin à la fin du XIXe siècle, Lucy, Thomasson et Henry dans l'Amérique du XXIe siècle.

L'objet : le suaire de Turin, toujours là, toujours présenté à la vénération des fidèles par l’Église catholique.

Au début le livre part mal. Je me suis demandé si je ne m'étais pas égaré dans un mauvais polar moyenâgeux.

Puis tout s'éclaire peu à peu. L'objet du livre est le suaire et l'hypocrite mystification à son sujet plus ou moins entretenue par l’Église. J'y ai vu aussi – vision toute personnelle - la volonté et le besoin de bonheur des hommes qui est là, irrépressible, comme un contrepoint opposé à la puissance cléricale qui use de tous les artifices, à commencer par les manipulations par l'image.

Pour l'auteur, le suaire de Turin est évidemment un faux. Il se fonde sur les études scientifiques menées récemment (en premier lieu la datation au carbone 14), et, plus étonnant, sur l'évangile de Jean, le seul ayant décrit la Passion avec détails, et qui stipule clairement que Jésus a été mis au tombeau enveloppé de bandelettes après avoir été embaumé avec une préparation d'aromates.

Des bandelettes, donc pas de suaire !
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Le Suaire : Lirey, 1357

1357, en Champagne, l’évêque Henri chevauche vers le Loiret où il va tenter de convaincre sa cousine Lucie, dont il est secrètement amoureux, de quitter les ordres pour rejoindre ses parents qui ont perdu leurs fils et pour qu’elle épouse le fils du comte d’Argenson. Mais la none, fanatique, n’en a cure et refuse de se défroquer. Pendant ce temps, des moines tentent de construire une abbaye pour y conserver un morceau de la sainte croix mais ils sont ruinés et doivent stopper leurs travaux. Une épidémie de peste sévit également. L’hiver est particulièrement rigoureux, ce qui n’arrange rien. D’autres fanatiques, des hérétiques, critiquent la religion chrétienne et le Saint-Siège. Ils parcourent la campagne en se flagellant. L’évêque demande qu’on s’en débarrasse avant qu’ils ne corrompent le royaume. L’un deux, qui porte La Croix et une couronne d’épine, s’élancer devant Lucie qui lui essuie le visage, imprimant ainsi dans le drap un visage qui ressemble à l’idée que les croyants se font du visage du christ sacrifié. 9a donne l’idée au moine de faire un faux suaire, le drap qui aurait enveloppé le corps du christ après sa descente de croix. Thomas Merlin de Sainte-Anne, le moine qui est à l’origine de la supercherie, sait que Lucie est un témoin gênant et tente de s’en débarrasser en affirmant qu’elle est atteinte de la peste. Mais Lucie s’évade…



Les dessins sont assez chargés, les textes très serrés, ce qui rend parfois la lecture complexe. Ca met en valeur l’avantage de la lecture en numérique et la capacité du zoom, ce qui rend plus aisé la lecture. Le scénario est complexe et rend bien l’ambiance moyenâgeuse de l’époque historique du récit et de l’action. Le fanatisme religieux nous démontre à quel point le royaume de France était une théocratie à l’époque. La misère du peuple est également présente, surtout comparée aux fastes des seigneurs de l’époque. Maintenant, je trouve l’histoire assez confuse. Entre l’amour de l’évêque pour sa none de cousine, les moines escrocs qui tentent de réer de fausses reliques, en se disant que ça fidélise le peuple, juste pour tenter de tirer de l’argent et construire leur abbaye, entre les flagellants fanatiques qui se rebellent contre l’église et les Juifs qu’ils faut punir car ils ont bafouer la sainte-croix. Donc, le scénario n’est pas vraiment cohérent et ce n’est pas la chute de ce tome qui va nous aider à nouer tous les morceaux de cette histoire qui peine à décoller. Je m’était dit que je laisserais tomber cette série, que je ne critiquerais pas ce volume mais la parution d’un deuxième tome m’a soudainement fait changer d’avis. Je vais donc tenter de découvrir la suite, espérant qu’elle se raccroche à ce premier tome pourtant décousu.





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Les Vivants et les Morts

Une petite ville à l'est :Raussel qui existe grâce à son industrie:Plastikos (usine de fibres plastiques)que tout le monde surnomme la Kos.

La Kos a failli fermer lors d'une inondation dû au débordement de la Doucile. Malgré un mort,les ouvriers ont tout fait,au péril de leur vie,pour sauver les machines.Le travail à repris, mais voilà 2 ans après ,le couperet tombe:la Kos licencie :Une centaine de licenciements,les derniers arrivés et les femmes.Parmi elles, Dallas mariée à Rudy, tous 2 employés à la Kos,jeune couple que l'on va suivre tout au long du roman.

Car les premiers licenciements sont les prémisses d'une fermeture definive de la Kos.C'est toute la ville de Raussel qui va se mobiliser pour refuser ce qui leur crève les yeux:leur usine n'est plus compétitive par rapport à celle installée en Espagne. le brevet a été racheté aux Allemands par les Américains.

Tourment,révolte,combat acharné, nous allons être immergés dans cette lutte du désespoir, tout au long du roman.

Une histoire ô combien d'actualité !!,Malgré la date de parution du livre:2004.

Les fermetures d'usines ,à présent, sont présentées dans les informations comme "faits divers" ,banal, me direz-vous, mais à suivre,nous apprenons que dans le Nord,suite à de violentes bagarres,crėpages de chignon,griffures,morsures,etc...,la police a du intervenir dans une grande surface qui avait mis une palette de Nutella, pot d'1 kg,à 1,73 euro le pot.Le même scénario s'est reproduit pour des couches BB.Ça donne à réfléchir, peut-être que nos politiques devraient se pencher sur ces phénomènes et en tirer une conclusion?

N'avons nous pas dénoncé aux informations,l'attitude de certains peuples Africains lorsqu'ils saccageaient les magasins,lors de tempêtes où d'inondations ou autre?

En arriverons-nous là ?

Peut-être ne serez-vous pas d'accord avec moi et je ne veux pas vous entrainer dans une critique "hors sujet" mais ce livre de Mordillat n'a fait que me conforter dans mes opinions,et à moins "d'un sursaut"de bon sens,je n'ose dire "politique de bon sens",l'avenir me paraît bien angoissant et compromis ,sans excès de pessimisme juste une bonne dose de réalisme.

Lecture à recommander 🌟🌟🌟🌟.
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La brigade du rire

Ils sont sept. Sept vieux potes qui ont connu leur heure de gloire en gagnant le championnat de hand ball interlycée il y a plus de trente ans. Quand Dylan les invite à une soirée de retrouvailles, il y a Kol, imprimeur et syndicaliste en recherche d'emploi, L'Enfant Loup, garagiste, Hurel, gérant d'entreprise, Rousseau, prof en fac, Zac, producteur de cinéma. Bob, le jongleur, manque à l'appel. Alors les vieux potes évoquent leurs rêves perdus, leurs indignations bien vivantes. Trente ans de détricotage des valeurs de la gauche, trente ans de trahisons et de recul social, trente ans qui ont vu leurs rêves de jeunesse s'effondrer. Et de fil en aiguille, ils décident de kidnapper Ramut, rédacteur en chef de Valeurs Française, un torchon de droite décomplexée qui prône la dérégulation et la fin du modèle social français. Il ne s'agit ni de demander une rançon, ni d'instruire son procès à la manière des brigades rouges mais de le faire travailler comme un prolo et selon les principes qu'il défend. C'est donc 8 heures par jour, 6 jours sur 7 que Ramut commence un travail en 3 huit, pour le prix du Smig moins 20% pour combler le déficit compétitif par rapport aux Chinois.

Alors qu'il aurait pu n'être qu'un acte politique pathétique et désespéré, l'enlèvement de Ramut va s'avérer libérateur pour les protagonistes de cette farce qui, chacun à leur manière, prendront un tournant dans la vie. Au fond, on n'est pas obligé d'être malheureux.

Mordillat réussit son coup. Il nous tient en haleine plus de 500 pages. Les situations sont drôles et on pense souvent aux copains de Jules Romains, les personnages bien campés et montrés dans leur épaisseur psychologique, avec leur doutes et leurs hésitations. Ils sont touchant ces gars un peu démonétisés et leurs compagnes qui avancent cahin caha en prenant des baffes et en se construisant des petits refuges de bonheur. Mordillat en profite aussi pour se lancer dans une critique acerbe de la société capitaliste complètement dégénérée de ce début de XXe siècle. Il met dans la bouche de ses personnages des analyses sans concessions des tares d'une société dramatiquement droitisée, qui n'a d'autre projet que d'en finir avec 200 ans d'acquis sociaux pour optimaliser les profits de quelques uns. Une lecture saine et distrayante pour tous les naïfs qui croient que "lutte des classes" est un gros mot.
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Les Vivants et les Morts

Rudi et Dallas sont jeunes, sont beaux et ils s’aiment. Ils travaillent tous les deux, comme beaucoup d’autres dans leur petite ville, dans une usine, la « Kos ». La « Kos », c’est un surnom pour la Plastikos. On y tient à cette usine dans la région, c’est le gagne-pain de nombreuses familles. On s’y accroche tellement d’ailleurs qu’un soir de St Sylvestre, les ouvriers n’hésitent pas à risquer leurs vies pour sauver d’une inondation tout le matériel. Ouf, la production peut continuer…

Mais le sort s’acharne sur la Kos lorsque deux ans plus tard, le couperet tombe. La fermeture de l’usine est annoncée. Un obscur groupe financier – allemand d’abord, puis nord-américain - a décidé de se débarrasser de la Kos après en avoir récupéré les actifs. Rudy, Dallas et tous les salariés de l’usine décident de se battre contre cette fermeture. Pour sauver leur emploi, pour sauver leurs conditions de vie, pour sauver leur existence.



Gérard Mordillat nous offre ici un roman social, populaire et terriblement actuel. Pas de tableau manichéen, juste des hommes et des femmes, les « vivants », qui se battent pour leur dignité. Plutôt que de s’appesantir sur les « gros patrons », l’auteur préfère suivre pas à pas ces héros ordinaires (sans en faire des saints) qui subissent ce plan social comme une bombe dans leur vie personnelle. Car c’est effectivement le cas. Avec Rudy et Dallas, on voit combien le travail est intimement lié à leur destin personnel, combien le travail façonne leur vie. On se bat pour lui et en même temps, on continue à s'aimer, à se déchirer, à espérer. Le travail appartient à la vie de tous les jours. Alors quand on n'en a plus ?...

Derrière chaque fermeture d’usine, derrière chaque licenciement économique ou redressement judiciaire se trouvent des hommes et des femmes dont la vie se trouve bouleversée, voire parfois anéantie, lorsqu’on leur retire leur emploi. Or, pour ces lointains actionnaires qui signent des papiers, manipulent des sommes d’argent colossales et qui prennent des décisions en suivant le cours de la bourse, que représentent ces personnes ? Rien si ce n’est des pions, des poussières dans les rouages de la mondialisation. Une armée s’élève contre eux et pourtant, tout est déjà joué. Pour ces décideurs des hautes sphères, demain sera un jour de plus. Pour ces gens sans emploi, demain rimera avec inquiétude. Et c’est cela la violence implacable de notre société actuelle : le pouvoir cynique, anonyme et indifférent des détenteurs du capital et la totale vulnérabilité de ceux qui leur sont soumis.



Emouvant et passionnant, les « Vivants et les morts » nous plonge donc au plus près d’une réalité sociale qui ne cesse de s’aggraver. Le style incisif, les nombreux dialogues et les courts chapitres font oublier les 650 pages. Loin de la litanie quotidienne des plans sociaux que les médiaux déversent mécaniquement chaque jour, le lecteur se retrouve aux côtés de ces salariés, au cœur de leur révolte et de leurs désillusions. La fiction rejoint ici le réel que l’on souhaiterait vraiment autrement.

Un roman à lire d’urgence pour ne plus voir avec des œillères ce qui se passe dans notre « beau pays ».

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Xenia

Cela fait toujours un bien fou de retrouver Mordillat, sa révolte, son indignation, de retrouver un auteur qui ne fait pas de circonvolution autour de son nombril mais prend à bras le corps les problèmes de la société. C’est un peu notre Zola, il n’hésite pas à affronter la réalité dans ce qu’elle a de plus dur, de plus cru, de plus dégradant quelquefois. Il nous oblige à affronter ce que nous préférons ignorer habituellement.



Son dernier roman, Xenia, ne déroge pas à cette règle avec ses personnages qui vivent dans la précarité, soumis à la flexibilité du temps de travail, avec son cortège de malheurs, d’injustices surtout celles faites aux femmes car il s’agit bien ici d’un hymne à leur courage comme le montre la phrase de Rimbaud mise en exergue, tirée de La Lettre du voyant : « Quand sera brisé l’infini servage des femmes » et reprise par l’un des personnages Mme Aziz : « La journée de huit heures, ça n’existe pas pour les femmes, ni ici ni ailleurs. En Afrique c’est quinze ou seize heures minimum ! Quand on est une fille, on est une esclave. »



Dommage que, parfois, les descriptions et les dialogues se perdent dans de brusques envolées lyriques, poético-absconses ou un peu mièvres. Malgré tout, cela n’enlève rien aux qualités narratives du texte ni à son propos.

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Rue des rigoles

Des souvenirs d'enfance comme s'il en pleuvait!

Dans ce livre, Gérard Mordillat évoque sa vie dans le XXème arrondissement à Paris. C'est nostalgique et parfois truculent , un peu longuet à la fin.

Des mots oubliés, des personnages qu'il remet dans notre mémoire, des ambiances et des évocations sensorielles qui réveillent les souvenirs ( je suis née en 51, à Nantes).

Les querelles entre les deux écoles, le camping à la ferme, les premiers amours... A lire sans se prendre la tête. Etait-ce " le bon temps"?
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Rue des rigoles

Pas beaucoup de souvenirs sinon un léger ennui



L'auteur nous fait part de ses souvenirs d'enfance suite au décès de sa mère. Ses parents sont un couple improbable. Une mère Canadienne, issue d'une famille de cirque, et un père ouvrier à la SNCF. Son enfance après guerre se passe dans un Paris du XX arrondissement qui n'existe plus.



Cela se veut drôle mais cela m'est un peu passé à coté.



"Le jour où ma mère est morte, j'ai pleuré comme un madeleine."
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La brigade du rire

Abandonné, décidément j'ai beaucoup de problèmes avec les livres actuellement, je n'arrive pas à entrer dans l'histoire depuis mon dernier ( Roger Ikor : les eaux mêlées ) est-ce la fatigue qui nous submerge après les fêtes de Noël ? Je n'en sais rien mais actuellement c'est un moment de creux et de vide que je ressens dont j'ai beaucoup de mal à émerger.

A la prochaine critique qui je l'espère ne tardera pas trop,en même temps je me suis " gavée" des D.V.D :les piliers de la terre et un monde sans fin d'après les romans de Ken Follet ,cadeau de ma fille et j'ai adoré ,je cherche désespérément le 3ème :

Une colonne de feu mais je pense qu' il n'est pas sorti en D.V.D. Si vous en saviez plus que moi à ce sujet dites -le moi merci par avance.
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Rue des rigoles

Au fil de son roman Gérard Mordillat nous raconte sa vie et de se rappeler son enfance, sa jeunesse jusqu’à l’âge adulte. On passe de la tendresse à la tristesse et surtout ne pas croire que notre écrivain est un enfant triste, non, il peut être tout à fait turbulent comme bien des enfants. Entre sourire et tristesse j’ai apprécié ce livre.



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Les Vivants et les Morts

C'est un livre dense que nous offre Gérard Mordillat, toujours tourné vers la société, les ouvriers, la justice sociale.

On croise de multiples personnages impliqués dans l'histoire: Celle d'une usine "la Kos" qui jusque-là employait une grande partie de la commune et qui ferme.

Rudi, un jeune homme dont le passé a été difficile, et sa femme Dallas, se retrouvent au coeur de la lutte!

C'est un récit très détaillé des nombreuses actions menées par les employés et parallèlement des histoires d'amour des personnages.

Le parti pris est clair! Gérard Mordillat se place du côté des travailleurs.

Un livre riche, bien détaillé, mais que j'ai parfois trouvé un peu long.
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La véritable histoire d'Artaud le Mômo

A travers les témoignages des proches qui l'accompagnèrent à la fin de sa vie, Artaud prend ici une figure mythique. Il me semble qu'il serait assez satisfait du résultat, encore qu'avec ce grognon, on ne sache jamais...



Parfois les points de vue se contredisent, selon les intérêts, les rivalités multiples. Pourtant un même amour pour l'homme-poème, une entité à part dans le monde des arts et de la littérature, les unit.



Artaud est un homme révolte, un homme cri, un homme palimpseste, un homme douleur.



Artaud se sent le Christ et il détrône l'autre, l'imposteur, qui n'a pas su sauver les hommes.



Artaud est un mystique délirant qui a les pieds sur terre et qui sait qu'il est en train de mourir.



C'est pourquoi il exerce cette fascination : qui, de ses amis, à part Colette Thomas, est parvenu à accueillir la souffrance jusqu'à risquer la folie ?



Gérard Mordillat et Jérôme Prieur , dans leur livre paru en 2020 et accompagné du DVD du documentaire "La véritable histoire d'Artaud le Momo", nous font rencontrer ceux qui étaient encore vivants en 1992.



Parmi eux :



- Anie Besnard, la petite amoureuse d'Artaud ;



- Marthe Robert, spécialiste de Kafka ;



- Paule Thevenin, qui passa 40 ans de sa vie à reconstituer ses cahiers et à les éditer (chez Gallimard) ;



- Henri Thomas, écrivain ;



- Henri Pichette, poète ;



- Denise Colomb, sa photographe préférée ;



- Jacqueline Adamov, psychanalyste, épouse d'Arthur Adamov,



et bien d'autres.



Sont aussi évoquées les figures de plusieurs peintres ( Pierre Courtens, Gustav Bolin...) ainsi que le souvenir du poète maudit mort en 1951 Jacques Prével, auteur du journal "En compagnie d'Antonin Artaud" également mis en scène par Gérard Mordillat en 1993 ;



Et, évoquant Jacques Prével, nous rencontrons, en chair et en os cette fois, Rolande Prével, son épouse, et Jany de Ruy, sa seconde compagne (liaison hautement désapprouvée par Artaud, qui, au sujet des moeurs, avait des considérations très peu permissives : la sexualité et la génération étant à l'origine de l'enfermement de l'homme dans la chair, dans la souffrance et dans la grande escroquerie chrétienne d'un Dieu fornicateur par personne interposée, il faut les bannir, absolument).



On ne lui connut, du reste, de relations charnelles certaines qu'avec une seule femme, Génica Athanasiou, jeune actrice roumaine, avant son internement en 1937 (et peut-être avec Cécile Schramme durant leurs brèves fiançailles, puisqu'ils vécurent ensemble, mais on sait que vivre avec Artaud n'était pas synonyme de coucher avec lui).



En tous cas, de l'avis de tous, ses autres liaisons furent platoniques, dont celles avec Anie Besnard et Colette Thomas. A cela plusieurs raisons, son système métaphysique d'abord, très tôt élaboré, et probablement aussi, la mise à distance de ses pulsions par le laudanum.



Antonin Artaud cependant, préférait incontestablement les femmes aux hommes, jeunes, intelligentes et jolies si possible. Il était souvent amoureux : "Seuls l'homme et la femme qui peuvent se rejoindre au-dessus de toute sexualité sont forts", disait-il, et "L'obsession des femmes est vitale, elle correspond à un besoin de vertu". L'amour chaste, comme aiguillon de la création ?



Ce document a été élaboré avec passion. On y sent vivre Artaud, ce phénomène qui fut en lui-même une oeuvre d'art, une "performance" ambulante. C'est pourquoi il est nécessaire, comme le sont les choses vraiment nécessaires : quand on l'a goûté, on a l'impression qu'on n'aurait rien compris sans son éclairage.





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Le Suaire : Lirey, 1357

Ce tome est le premier d'une trilogie se déroulant sur 3 époques différentes : en 1357, en 1898, en 2019. Il a été écrit par Gérard Mordillat & Jérôme Prieur, dessiné et encré par Éric Liberge. C'est une bande dessinée de 70 planches, en noir & blanc avec des nuances de gris.



Au début de premier millénaire, dans une plaine désolée, un groupe d'hommes s'avance, composé de 4 soldats à pied, d'un autre à cheval, et d'un individu nu les mains attachées à une courte poutre posée sur sa nuque. Épuisé, le supplicié tombe à genoux, devant 4 pieux fichés en terre. Les soldats se mettent à l'œuvre : clouer les mains du supplicié sur la poutre qu'il a transportée. Ils attachent ensuite la poutre à l'un des pieux, formant ainsi une croix. L'un des soldats peint une inscription sur un parchemin qu'il cloue sur le pieu, sous les pieds du supplicié. Ils s'en vont. En Champagne, en février 1357, un groupe de soldats escorte un groupe d'individus uniquement habillés d'un pagne ceint autour des reins (malgré le froid) et s'autoflagellant avec des disciplines. Cela n'empêche pas les paysans de travailler aux champs, les tailleurs de pierre de s'activer au pied de la cathédrale en construction, les sœurs de ramener les corps des pestiférés vers la fosse commune.



En revenant de la fosse commune à travers champ, Lucie (à pied dans la neige) se fait interpeller par son cousin Henri, à cheval, évêque de Troyes. Il lui demande de quitter les habits pour revenir à la demeure familiale de ses parents. Elle refuse. L'évêque est interpellé par un groupe de paysans qui lui demandent de venir leur prêter main forte pour pousser leur carriole embourbée dans l'ornière. Lucie en profite pour continuer son chemin. Dans l'abbaye proche, les frères se tournent vers le prieur Thomas Merlin en se désolant que leur confrérie soit à cours de finances. Pourtant ils sont revenus de Jérusalem, avec une relique inestimable : un morceau de la vraie croix. Il leur déclare que même son oncle le pape Clément ne se soucie pas des pauvres moines qu'ils sont. Lucie est de retour en ville, dans l'église où de nombreux gueux attendent les bons soins de sœurs. Elle se met à panser des plaies. L'évêque l'a rejointe et la poursuit de sa demande, mais le prieur Thomas intervient.



Le texte de la quatrième de couverture précise que le suaire du titre se réfère bien à celui dit de Turin : un drap de lin jauni (4,42m * 1,13m) portant l'image d'un homme avec des traces de blessures compatibles avec un crucifiement. Le bandeau de la bande dessinée rappelle que Gérard Mordillat & Jérôme Prieur sont les auteurs de 3 séries documentaires extraordinaires [[ASIN:B000A3X4IW Corpus Christi]], [[ASIN:B00017O6K2 L'origine du Christianisme]] et [[ASIN:B001CJYK1S L'Apocalypse]]. Cela génère 2 appréhensions chez le lecteur de bande dessinée. Est-ce que ces messieurs sont capables d'écrire en respectant les codes du média BD ? Est-ce que le propos ne risque pas d'être intellectuel ? Comme un fait exprès, l'ouvrage s'ouvre avec une séquence de 4 pages sans aucun texte. Elle est parfaitement intelligible, très prosaïque (une mise en croix), avec une narration visuelle efficace et claire. Le lecteur éprouve un moment de doute, car s'il y a bien 3 autres pieux à côté de celui où est accroché le supplicié, il n'y a pas d'autres condamnés dessus, pas de voleurs. Peut-être ne s'agit-il pas du Christ… En 4 pages, les appréhensions ont été levées et le lecteur est en confiance, accroché par les dessins descriptifs, réalistes et un peu brut d'Éric Liberge. Le bandeau précise également que cet artiste est l'auteur complet de [[ASIN:2800167319 Monsieur Mardi-Gras Descendres]], une bande dessinée singulière.



Au fil des pages, le lecteur apprécie le degré d'implication d'Éric Liberge et sa narration visuelle. S'il en fait le compte, il constate que cette bande dessinée comprend 22 pages dépourvues de texte sur 70. C'est un vrai plaisir de lecture que de lire ces pages qui racontent uniquement par les dessins. L'enchaînement d'une case à l'autre est évident, avec une bonne densité d'informations visuelles. Ainsi pages 16 et 17, le lecteur voit la sœur Lucie de Poitiers avancer dans la ville de Lirey. Il observe les activités autour d'elle : un gueux peignant un dessin cochon sur une toile, des gamins surveillant les porcs dans la fange, des carrioles avec leur chargement, un bûcheron avec son fagot de bois, des porteurs. Puis Lucie pénètre dans l'église, effectue une prière rapide devant la statue de la Vierge, se déplace au milieu des nécessiteux attendant de recevoir la charité ou des soins. L'artiste réalise des planches tout aussi remarquables lorsque l'action prend le dessus, par exemple quand l'évêque se bat contre une meute de loups, avec une utilisation remarquable du blanc de la page pour donner à voir le manteau de neige.



Le scénario est assez exigeant avec l'artiste puisqu'il s'agit d'une reconstitution historique, d'un drame et de pratiques cultuelles. Éric Liberge décrit un moyen-âge que le lecteur n'a pas de raison de remettre en doute. Il peut donc voir les occupations de la vie quotidienne au gré des déplacements des personnages. Il regarde les vêtements des gens du peuple, des nobles et du clergé, des moines et des sœurs. Il voit la pauvreté et le dénuement des miséreux, et le contraste total avec la scène de banquet au castelet de Montgueux chez le bailli du roi. Il peut détailler les plats servis, les instruments de musique des amuseurs. En page 34, il regarde comment Lucie prépare sa décoction pour soigner les malades. Dans la page suivante, un médecin de peste porte un masque caractéristique en forme de long bec blanc recourbé (bec de corbin). Tout au long de la bande dessinée, le lecteur peut ainsi observer de nombreuses pratiques de l'époque : l'embaument des morts de la peste, la parade à cheval des évêques, le cheminement des suppliciés juifs et flagellants, l'emmurement de certains pestiférés, la ferveur religieuse lors de l'ostension des reliques. Liberge réalise donc une reconstitution historique très riche, sans jamais chercher à s'épargner le labeur par des raccourcis graphiques, en représentant les églises dans le détail, en veillant à leur authenticité architecturale.



Le lecteur s'immerge donc pleinement dans chaque environnement et à cette époque. Il assiste à un drame impliquant essentiellement 3 personnes : Lucie, Henri et Thomas. Éric Liberge donne des morphologies normales à ses personnages, sans exagération anatomique pour les hommes ou pour les femmes. Ils sont tous aisément reconnaissables et il opte pour une direction d'acteur de type naturaliste, sans emphase particulière, sauf pendant les moments périlleux où les émotions et les réactions deviennent plus vives. Lucie apparaît comme une jeune femme réservée et déterminée, aidant les nécessiteux sans mépris ni recul, accomplissant sa tâche parce qu'elle sait qu'elle est juste. Thomas semble être un quadragénaire, habité par la foi sans en devenir fanatique, mais sûr de son jugement puisqu'il est guidé par Dieu. Les postures d'Henri montrent qu'il est conscient de son rang et qu'il attend d'être obéi comme il se doit du fait de son titre. Au fil des séquences, le lecteur observe les autres acteurs, figurants avec ou sans réplique : l'obstination fanatique des flagellants, la gloutonnerie des fêtards au banquet, la soif de violence sur le visage des spectateurs voyant passer les condamnés, la ferveur des croyants venant voir l'ostension du suaire, passant de la patience pour accéder à une place, à la ferveur extatique en le voyant, l'angoisse et l'effort de ceux fuyant l'incendie. L'artiste sait trouver la posture parlante et représenter l'expression de visage adaptée pour que le lecteur puisse y lire l'état d'esprit du personnage concerné.



La tâche du dessinateur s'avère très délicate quand il s'agit de représenter les pratiques cultuelles, allant de la simple marque de respect devant la statue de la Sainte Vierge, à la mortification par auto-flagellation avec une discipline (fouet de cordelettes ou de petites chaînes). Le parti pris des auteurs est de montrer ces pratiques comme relevant d'actes normaux dans le contexte de cette époque et de cette région du monde. Éric Liberge s'applique à ce que ses dessins soient en phase avec ce parti pris, en restant factuel, en évitant de donner dans le sensationnalisme par des angles de vue trop appuyés ou des images voyeuristes. Il arrive à trouver le bon équilibre, que ce soit lors de la scène de la crucifixion où les soldats font leur boulot sans faire montre de sadisme ou de commisération, ou lors des scènes de repentance des flagellants en train de se fouetter le dos. Il ne se complaît pas dans des représentations gore, mais si le lecteur a déjà eu la curiosité de consulter des images sur l'auto-flagellation, il retrouve bien les cicatrices caractéristiques sur le dos de Lucie dans une case de la page 65. Cela atteste encore une fois du sérieux des recherches effectuées par l'artiste. Par ailleurs, il réalise également des cases mémorables comme une vue du dessus de la nef de l'église avec les nécessiteux, Henri lançant son cheval au milieu de la troupe de flagellants, Henri quittant la salle du banquet par l'escalier, l'irruption du médecin de peste, la façade de la cathédrale de Troyes, un moine baisant le pied d'un voyageur qu'il vient de laver, l'ostension du suaire dans la cathédrale, l'incendie ravageant la cathédrale.



Le lecteur n'éprouve aucun doute sur le sérieux des recherches effectués par les coscénaristes du fait de leur bibliographie et de leur vidéographie. S'il en a la curiosité, il peut aller consulter une encyclopédie pour se renseigner sur le Suaire de Turin, et connaître l'état des connaissances sur son origine. Il retrouve l'hypothèse la plus communément admise dans cette bande dessinée. Les auteurs proposent donc une fiction sur les circonstances de sa réalisation menant à sa première ostension, relevant du fait historique. Ils ne se prononcent pas sur les techniques employées pour obtenir cette trace sur le drap de lin. Le lecteur se laisse convaincre par la plausibilité de ce récit qui montre comment cette idée a pu germer et a pu être mise en œuvre. Il apprécie la qualité de la transcription des pratiques cultuelles, sans jugement de valeur, autre que le regard qu’il peut lui-même porter sur l'auto-flagellation et la valeur de la mortification. Les auteurs n'ont pas donné une forme de reportage à ce récit, mais bien de roman focalisé sur trois personnages. Ceux-ci sont définis par leurs actes et leurs paroles, car le lecteur n'a pas accès à leur flux de pensées. Il peut en déduire leurs motivations et leurs convictions, ce qui tire le récit vers la littérature, avec l'utilisation d'une forme construite pour parler du suaire de Turin. Au fur et à mesure, le lecteur s'interroge sur le comportement de tel ou tel personnage secondaire. En fonction de ses convictions religieuses, il se demande ce qui poussait des individus à laver les pieds des autres, à se mortifier, à se mettre en danger pour ses convictions religieuses, ou à l'opposé à être en capacité d'ignorer la souffrance de son prochain. Il n'y a ni prosélytisme, ni raillerie dans ces pages, juste une étrange histoire d'amour de nature spirituelle, et une réflexion sur ce qui a pu amener des individus à réaliser un tel suaire, sur le système de croyance, sur les conditions politico-sociales qui ont produit cet artefact.



Dès la première séquence, le lecteur est séduit par le noir et blanc avec des nuances de gris, sans chichi, d'Éric Liberge, par la lisibilité de ses planches sans sacrifier à la qualité de la reconstitution historique, à l'émotion des personnages, à la rigueur de la mise en scène. Il se rend compte que le récit est accessible et facile à lire, un véritable roman racontant comment le Suaire de Turin a pu être créer sans prétendre à la véracité, mais avec une forte plausibilité. Par ailleurs ce tome peut être lu pour lui-même, sans avoir besoin de lire les suivants, si le lecteur n'est intéressé que par cet aspect du suaire.
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Xenia

Gérard Mordillat l'a déjà prouvé à de nombreuses reprises, comme dans "Les vivants et les morts", il n'a pas son pareil pour nous plonger dans la vie telle que tant de nos concitoyens la connaissent et dont on parle bien peu.

Xénia a 23 ans et un bébé, Ryan, qu'elle doit le plus souvent emmener avec elle sur son lieu de travail, dans ces ménages qu'elle fait très tôt le matin ou tard le soir. Travers, patron sans scrupule de la POP (Propre en Ordre Partout), bafoue les lois du travail mais s'en moque. Xénia fait front car les catastrophes s'enchaînent.

Heureusement, il y a Blandine, sa voisine, mère de Samuel, ado métis, qui souffre beaucoup de perpétuels contrôles d'identité et qui n'arrête pas de lire Malcom X et Frantz Fanon. Avec 700 euros par mois, au mieux, Xénia, se bat pour survivre : « Xénia a des abdominaux solides, des bras et des cuisses musclés par les ménages, c'est sa force, son capital. » Mais « Xénia vit perdue dans un tunnel dont elle ne peut apercevoir l'issue. C'est un oiseau affolé qui court d'un côté, tantôt de l'autre, espérant retrouver l'air libre, la lumière du ciel. »

Dans sa cité des Proverbes, il y a aussi Aziz et sa mère. Tous sont très solidaires comme ce pauvre garagiste surnommé Biglouche. Au fil des événements, l'auteur dépeint avec justesse tous les problèmes dont souffre notre société : les sans papiers, le monde de la finance, la violence, le racisme ordinaire, l'ouverture des magasins le dimanche et les journées de travail ne respectant même pas un rythme de vie décent.

Les drames familiaux sont aussi présents dans ce quotidien qui défile et que personne ne maîtrise vraiment. Arrive enfin Gauvain qui va ouvrir d'autres horizons à Xénia qui sait se donner sans retenue. L'intime description des quatre points cardinaux qu'il réalise pour elle, est tout à fait charmante.

"Xénia" est un roman très actuel, un véritable document sur notre époque qui se lit d'un trait. Malgré un constat très sombre, Gérard Mordillat ne perd pas tout espoir car, avant d'ouvrir une fenêtre assez optimiste, il montre ce que la lutte commune peut obtenir quand chacun met de côté l'individualisme forcené.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Les Vivants et les Morts

quel grand livre! Avec "Les vivants et les morts", Gérard Mordillat nous conte l'histoire de Rudi et Dallas, un couple d'ouvriers travaillant dans une usine, la Kos. Lorsque l'usine se retrouve sur le point de fermer, la révolte gronde parmi les salariés.



Roman social, "Les vivants et les morts " nous narre, à travers l'histoire de Rudi et de Dallas, l'histoire de milliers d'ouvriers qui, du jour au lendemain, ont vu leur vie basculer avec la fermeture de leur lieu de travail. Une parole venue "d'en haut ", une signature, et c'est la vie de ces ouvriers qui basculent, leur vie mais également celles de leurs familles.



Conflits sociaux, grèves, capitalisme, espoirs déçus, Gérard Mordillat signe là un vrai roman social dont le sujet reste tristement toujours d'actualité.



Les personnages sont attachants, ils espèrent, il se battent, ils se défendent bec et ongles...et ils s'aiment aussi. Ils s'aiment, se désirent, se déchirent pour certains. En effet, Au delà de l'aspect social, il existe dans ce roman de belles relations, amoureuses, amicales ou familiales. Tous ces personnages (car ils sont nombreux même si l'histoire tourne principalement autour de trois d'entre eux) gravitent autour de cette lutte, lutte qu'ils mènent pour sauver l'usine et leurs emplois. Nous retrouvons parmi ces personnages, ouvriers, patrons, syndicalistes, journalistes...Toute une palettes de personnages dont la plupart sont profondément bien construits.



Les circonstances du plan social et de la fermeture de l'usine sont particulièrement bien décrites et cela fait froid dans le dos. Gérard Mordillat signe là une fresque sociale profondément humaine, l'histoire magnifique de ceux qui luttent et espèrent encore quand tout semble perdu.



Un roman plein de colère, malheureusement on ne peut plus réaliste, qui donne la parole à ceux que l'on refuse si souvent d'entendre.


Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Xenia

"Quand sera brisé l'infini servage des femmes"...: cette citation d'Arthur Rimbaud mise en exergue de Xenia laissait présager un roman fort. En effet le sujet de la place de la femme de milieu modeste dans le monde du travail et dans la société est intéressant, et a priori poignant: une vie qui n'en est pas une, de la survie plutôt.

J'avais entendu dire que Gérard Mordillat était un auteur et cinéaste engagé, alors j'avoue que j'ai été déçue par ce roman. J'ai eu le sentiment de lire un roman de gare ( j'ai failli écrire à l'eau de rose) plutôt qu'un pamphlet, même romancé, contre l'exploitation de la femme. Ca démarrait pourtant bien, de façon tonique et directe, l'intention était louable, mais très vite, la sauce est retombée! Il se produit trop d'évènements négatifs à la file, voire clichés, la romance entre Gauvain et Xenia ne m'a pas semblé très crédible, le saccage total du magasin m'a paru outré. De plus, le style d'écriture n'est pas riche, le présent est à peu près le seul temps de conjugaison utilisé. C'est dommage car il y avait moyen, vu le thème, d'en faire une oeuvre plus percutante.
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Ulysse Nobody

"Toute ressemblance avec la réalité ne saurait être fortuite" est une bonne phrase introductive à cette bande dessinée concoctée par Gérard Mordillat et Sébastien Gnaedig.

Si l'histoire d'"Ulysse Nobody" est d'actualité je ne la considère pas comme indiqué sur le bandeau "une fable politique jubilatoire" mais plutôt comme un triste récit réaliste.

Ulysse Nobody est le nom de scène d'un comédien qui galère. Comme son nom ne l'indique pas il cherche à être quelqu'un car c'est un être blessé qui se sent incompris.

Il se fait même virer de la radio ou il travaille après une prestation décalée sur un Noël triste.

Alors, quand il croise Fabio qui lui propose de l'argent puis de monter sur scène pour le parti fasciste, il n'hésite pas. Il est prêt à tous les compromis pour avoir un public qui l'écoute, y compris à véhiculer des propos racistes et haineux. Alors qu'il prétend ne pas être fasciste il le devient par facilité.

C'est ce qui se passe ces dernières années dans la tête d'un grand nombre de personne qui considèrent que les idées d'extrême droite peuvent-être un refuge à leur mal-être. Il est plus facile de haïr mais est-ce que cela va le rendre plus heureux ? Vous le saurez en lisant cette bande dessinée que je trouve plus grinçante que drôle.

Si elle peut servir à une prise de conscience c'est déjà beaucoup.





Challenge Riquiqui 2022

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Xenia

Un roman societal qui démarre bien ou l'on suit la vie de plusieurs personnes confrontées à la dureté du monde lorsque l'on est sans diplôme, sans grand salaire et élevant seule son enfant.



Mais, voilà, l'auteur m'a perdu dans des stéréotypes trop caricaturaux et en voulant aborder en moins de 300 pages toute la misère du monde.



Les flics racistes et alcooliques, les patrons vénals et insultants, les noirs qui se font contrôler tous les 500 m, les hôpitaux psy qui maltraitent leurs patients,... Tout cela existe et j'en ai bien conscience mais d'avoir des personnages tous dans la même veine, il n'y a plus de nuance et trop de désespoir.



J'aime pourtant ce type de roman à l'exemple de ceux d'Olivier Adam qui traite de ces mêmes sujets mais trop c'est trop.



La plume trop simplisme avec de courtes phrases et du présent a définitivement usé mon enthousiasme de départ..



Un rendez vous manqué avec cet auteur.
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Vive la Sociale !

"Vive la sociale!" est un titre intrigant dont j'ai appris qu'il était le cri de ralliement des communards au mur des Fédérés. Alors forcément j'ai apprécié.

Dans ce premier roman, Gérard Mordillat s'est inspiré de son enfance dans le 20ème arrondissement de Paris. J'ai lu la première version car il a été réécrit plusieurs fois et adapté au cinéma.



Le narrateur se nomme Maurice Decques. Il doit trouver sa place dans une famille heureuse où l'ambiance est chaude entre un père communiste, une mère anarchiste et un grand frère socialiste. Il va construire sa personnalité dans cette euphorie familiale et engagée autour du "Naufragé volontaire" d’Alain Bombard, un livre qui lui donnera le goût de l'aventure (pas forcément du voyage). Comme il n'aime pas l'école et a un tempérament de plaisantin, il exercera plusieurs métiers avant de se "stabiliser" en s'associant à ses amis d'enfance Pater et Vantrou pour devenir organisateur de noces et banquets où il peut exercer ses talents comiques.

Il ne lui reste qu'à trouver la femme de sa vie, ce qu'il fait en rencontrant Genichka, une musicienne originaire de Toulouse. Mais la jeune femme ne va pas vraiment s'épanouir à Paris d'autant plus que son mari est toujours parti faire le couillon pour amuser les noceuses et noceurs.



Ce qui est appréciable chez Mordillat c'est sa façon de décrire l'ambiance avec des anecdotes cocasses qui dressent le paysage sociologique d'une époque, notamment celle des années 60. Drôle et un peu provocateur il réussit parfaitement la première moitié du roman, qui est la plus autobiographique. La deuxième partie et surtout la fin est moins bien pour moi parce que le ton est beaucoup plus grave et sérieux pour son personnage plutôt burlesque.



Lu en décembre 2019

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