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Citations de Henri Michaux (1642)


C'était un grand ensemble, un essaim stellaire ordinairement sans doute à des milliers d'années-lumière, mais en cet instant beaucoup plus près et pas seulement dans une direction, sur un seul horizon.
Il était comme s'il m'entourait de tous côtés.
Et qui me montrait cela ? Un petit hanneton de l'année, aux antennes lamelleuses, qui vibraient.
Et je n'étais pas étonné ? Si, j'étais étonné, mais raisonnablement étonné.
J'étais de toute façon beaucoup trop occupé à observer, pour m'informer du comment du pourquoi. Quel être même tatillon n'aurait d'abord voulu profiter du spectacle grandiose, sans en perdre une seconde ?
C'est précisément lorsque je voulus l'interroger que « Non ! » fit le hanneton et toute la galaxie disparut. Impossible d'en retrouver une trace.
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C’est ce qui n’est pas homme autour de lui qui rend l’homme humain. Plus sur terre il y a d’hommes, plus il y a d’exaspération.
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Celui qui parle de lion à un passereau s'entend répondre : tchipp.
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PLUME PRÉCÉDÉ DE LOINTAIN INTÉRIEUR

LA RALENTIE

"Poursuivez le nuage, attrapez-le, mais attrapez-le donc", toute le ville paria, mais je ne pus l'attraper. Oh, je sais, j'aurais pu ... un dernier bond ... mais je n'avais plus le goût. Perdu l'hémisphère, on n'est plus soutenue, on n'a plus le cœur à sauter. On ne trouve plus les gens où ils se mettent. On dit : "Peut-être. Peut-être bien", on cherche seulement à ne pas froisser.

Écoute, je suis l'ombre d'une ombre qui s'est enlisée.

Dans tes doigts, un courant si léger, si rapide, où est-il maintenant... où coulaient des étincelles ? Les autres ont des mains comme de la terre, comme un enterrement.

Juana, je ne puis rester, je t'assure. J'ai une jambe de bois dans la tirelire à cause de toi. J'ai le cœur crayeux, les doigts morts à cause de toi.

Petit cœur en balustrade, il fallait me retenir plus tôt. Tu m'as perdu ma solitude. Tu m'as arraché le drap. Tu as mis en fleur mes cicatrices.

Elle a pris mon riz sur mes genoux. Elle a craché sur mes mains.

Mon lévrier a été mis dans un sac. On a pris la maison, entendez-vous, entendez-vous le bruit qu'elle fit, quand, à la faveur de l'obscurité, ils l'emportèrent, me laissant dans le champ comme une borne. Et je souffris grand froid.

Ils m'étendirent sur l'horizon. Ils ne me laissèrent plus me relever. Ah ! Quand on est pris dans l'engrenage du tigre ...

(Extrait/9, suite... p. 578-579)
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PLUME PRÉCÉDÉ DE LOINTAIN INTÉRIEUR

LA RALENTIE

Une rose descend de la nue et s'offre au pèlerin; parfois, rarement, combien rarement. Les lustres n'ont pas de mousse, ni le front de musique.

Horreur! Horreur sans objet.

Poches, cavernes toujours grandissantes.
Loques des cieux et de la terre, monde avalé sans profit, sans goût, et rien que pour avaler.

Une veilleuse m'écoute. «Tu dis, fait-elle, tu dis la juste vérité, voilà ce que j'aime en toi. » Ce sont les propres paroles de la veilleuse.

On m'enfonçait dans des cannes creuses. Le monde se vengeait. On m'enfonçait dans des cannes creuses, dans des aiguilles de seringues.
On ne voulait pas me voir arriver au soleil où j'avais pris rendez-vous.

(Extrait/5, suite... p. 575)
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PLUME PRÉCÉDÉ DE LOINTAIN INTÉRIEUR

LA RALENTIE

Princesse de marée basse a rendu ses griffes ; n’a plus le courage de comprendre ; n'a plus le cœur à avoir raison.

…Ne résiste plus. Les poutres tremblent et c’est vous. Le ciel est noir et c’est vous. Le verre casse et c’est vous.

On a perdu le secret des hommes.

Ils jouent la pièce « en étranger ». Un page dit « Beh » et un mouton lui présente un plateau. Fatigue ! Fatigue ! Froid partout !

Oh ! Fagots de mes douze ans, où crépitez-vous maintenant ?

(Extrait/2, suite... p. 574)
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j'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie.

(extrait de "Observations") - p.93
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Pourquoi des conversations? Pourquoi tant d'échanges de paroles des heures durant? On revient s'appuyer sur un environnement proche et avec des proches s'entretenir de proches, afin d'oublier l'Univers, le trop éloignant Univers, comme aussi le trop gênant intérieur, pelote inextricable de l'intime qui n'a pas de forme.
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Non, non, pas acquérir. Voyager pour t'appauvrir. Voilà ce dont tu as besoin.
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MA VIE

Tu t'en vas sans moi, ma vie.
Tu roules,
Et moi j'attends encore de faire un pas.
Tu portes ailleurs la bataille.
Tu me désertes ainsi.
Je ne t'ai jamais suivie.

Je ne vois pas clair dans tes offres.
Le petit peu que je veux, jamais tu ne l'apportes.
A cause de ce manque, j'aspire à tant.
A tant de choses, à presque l'infini...
A cause de ce peu qui manque, que jamais tu n'apportes.

1932
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Tout vêtement retranche du monde. Tandis qu'étendu, nu dans l'obscurité, le "Tout" afflue à vous, et vous entraîne dans son vent.
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Les formes s’en vont en flocons
plongent, s’étendent, se déforment
lunes sur les bords d’un nuage noir.

On retire ses gants pleins de sang
on retire sa chemise pleine de sang

ah lasciate
lasciate

Silence
silence
Laissez-moi nager dans les murs
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DESSINER L'ECOULEMENT DU TEMPS

... Au lieu d'une vision à l'exclusion des autres, j'eusse voulu dessiner les moments qui bout à bout font la vie, donner à voir la phrase intérieure, la phrase sans mots, corde qui indéfiniment se déroule sinueuse, et, dans l'intime, accompagne tout ce qui se présente du dehors comme du dedans.
Je voulais dessiner la conscience d'exister et l'écoulement du temps. Comme on se tâte le pouls. Ou encore, en plus restreint, ce qui apparaît lorsque, le soir venu, repasse (en plus court et en sourdine) le film impressionné qui a subi le jour.
Dessin cinématique.
Je tenais au mien, certes. Mais combien j'aurais eu plaisir à un tracé fait par d'autres que moi, à le parcourir comme une merveilleuse ficelle à noeuds et à secrets, où j'aurais eu leur vie à lire et tenu en main leur parcours.
Mon film à moi n'était guère plus qu'une ligne ou deux ou trois, faisant par-ci par-là la rencontre de quelques autres, faisant buisson ici, enlacement là, plus loin livrant bataille, se roulant en pelote ou - sentiments et monuments mêlés naturellement - se dressant, fierté, orgueil, ou château ou Tour... qu'on pouvait voir, qu'il me semblait qu'on aurait dû voir, mais qu'à vrai dire presque personne ne voyait.
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 Ni but, ni buter, il faut savoir dévaler.


p.589
Plume précédé de Lointain intérieur/L'INSOUMIS
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- Bêtes pour avoir été intelligents trop tôt. Toi, ne te hâte pas vers l'adaptation.
Toujours garde en réserve de l'inadaptation.
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 Si un crapaud parlait italien, pourquoi ne parlerai-il pas
français… à la longue ?


Poteaux d'angles, p.1055
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En marge de « Face aux verrous »
« Tranches de savoir » (1950) non reprises en 1954


Les vaches sont mélancoliques parce qu'elles manquent
d'un vrai amour, pense cette Anglo-Saxonne, qui songe
confusément qu'il conviendrait d'éduquer les taureaux.
Ces mâles, plutôt une insulte qu'une compagnie, réfléchit-
elle… si on commençait par les obliger à faire leur cour,
comme les autres.

p.607
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Face aux verrous
IX. L'étranger parle


Les groupes les plus actifs de nos ennemis veulent nous
déclarer la guerre. Ils n'y arrivent jamais. Ils tiennent pour-
tant de nombreuses et menaçantes réunions, mais dès que
nous l'apprenons, nous agissons sur notre clavier.
L'assemblée, la mine défaite, doit bientôt se disperser,
n'y comprenant rien, avec des gestes désolés en proie à
une insupportable chaleur.
(Si elle ne se disperse pas vite, un nuage spécial vient
brûler leurs yeux.)
Il faut qu'ils se contentent de faire à l'improviste des
proclamations injurieuses et d'inimité à notre égard.
Et pourtant ils ont une population deux cents fois supé-
rieure à la nôtre et habituée aux armes, ce qui ne nous
émeut guère. Qu'est-ce que leur civilisation? Comme la
vôtre, tout juste au stade de la brosse.
Toutefois, s'ils ne réussissent pas, ce n'est pas faute
d'agitation et de se donner du mouvement. Ils ont, comme
pour s'impressionner eux-mêmes, un aspect athlétique.
Mais ce sont des bulles, des bulles qui se croient des
hommes.
Qu'ils en profitent donc ! Ils n'en ont plus pour long-
temps, l'esprit retiré du front, l'esprit retiré des centres,
l'esprit retiré des yeux, mélancoliques, atteints de la rouille
du regard, sous le signe de l'horloge à rebours.
Comme dit le proverbe : « le sacrement passe par-
dessus la tête du lépreux. »

p.501-502
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Face aux verrous
IX. L'étranger parle


Recueillir aujourd'hui les gouttes de miel de demain.
C'était un secret bien gardé. Comme nous l'avons cher-
ché ! Bien nous avons mérité de le trouver. Qui plus que
nous ?
La suite ombre-lumière aussi nous y avons songé. Cette
succession ne nous plaisait plus tellement. Bien usée, elle
avait perdu de son ineffable d'autrefois. Elle avait conduit à
des habitudes, à ces restrictions que sont les habitudes.
La succession passage-obstacle (tout comme le bien-mal)
nous l'avons fort changée, et surtout la fameuse relation
cause-effet. Elle était lassante, ne trouvez-vous pas ? Tou-
jours au rendez-vous, à un rendez-vous que nous ne lui
avions nullement donné. Elle faisait comme si elle dé-
pendait des chefs. Toujours la vieille rengaine. Et nous nous
soumettions ! Nous nous soumettions à des esclaves !
Allez, finis maintenant, faits obséquieux…

p.506
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Épreuves, exorcismes/LA MARCHE DANS LE TUNNEL
CHANT QUINZIÈME


Dénature ! Dénature !
On dénature le café. Il fait des soucoupes. On dénature
le maïs, et il fait avancer les locomotives et reculer la paix.
On dénature le clair, et des noms nobles que l'on
croyait connaître prennent un sens qui gifle et fait rougir.
Les mots blasphémés, terrible leur cavalerie ! s'ajoutent à
l'insomnie des événements.


Ce fut aussi l'époque de l'obscurcissement des villes.

p.807
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