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Citations de Henri Michaux (1643)


Il y a mon terrain et moi ; puis il y a l'étranger.
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Le mal trace, le bien inonde.
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Je n'ai écrit que ce peu qui précède et déjà je tue ce voyage. Je le croyais si grand. Non, il fera des pages, c'est tout.
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Épreuves, exorcismes/La Marche du tunnel,

CHANT NEUVIÈME


Dedans c'est la fumée. Dehors c'est la fureur.
On embauche les flammes pour la destruction des
édifices. On embauche la bassesse humaine pour la
destruction des fiertés. On embauche la bêtise et la veule-
rie dans un immense et composite outil. Et travaille dur
cet outil, dur et insolemment, par-ci par-là avec des sou-
plesses, puis de nouveau dur et impudent, lassant la
résistance et développant un immense imbroglio.
Mais dur pour qui le subit. Et qui ne le subit pas ?
Le travail creuse, le crachat aussi.
Jusqu'où tomberas-tu ?
Jusqu'où fléchiras-tu, peuple méconnaissable ?

p.804-805
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Celui qui n'accepte pas ce monde n'y bâtit pas de maison. S'il a froid, c'est sans s
avoir froid. Il a chaud sans chaleur. S'il abat de bouleaux, c'est comme s'il n'abattait rien ; mais les bouleaux sont là, par terre, et il reçoit l'argent convenu, ou bien il ne reçoit que des coups. Il reçoit les coups comme un don sans signification, et il repart sans s'étonner.
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Henri Michaux
Un Point, c'est Tout

L'homme — son être essentiel — n'est qu'un point.
C'est ce seul point que la
Mort avale.
Il doit donc veiller à ne pas être encerclé.

Un jour, en rêve, je fus entouré de quatre chiens, et d'un petit garçon méchant qui les commandait.

Le mal, la difficulté inouïe que j'eus à le frapper, je m'en souviendrai toujours.
Quel effort!
Sûrement, je touchai des êtres, mais qui?
En tout cas, mes adversaires furent défaits au point de disparaître.
Je ne me suis pas laissé tromper par leur apparence, croyez-le; eux non plus n'étaient que des points, cinq points, mais très forts.

Autre chose, c'est comme ça que commence l'épilepsie.
Les points alors marchent sur vous et vous éliminent.
Ils soufflent et vous êtes envahis.
De combien de temps peut-on retarder sa première crise, je me le demande.
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Qui je fus
IX. Poèmes

…ET ON FAIT DES ENFANTS


Un chien qu'on entretiendrait de l'immortalité de l'âme,
un peu, beaucoup, passionnément…
surtout très peu cette couleur est faite pour son nez.
Donnez à fumer, puis seulement à réfléchir
Mais toujours donnez, donnez,
la tête de l'écho est au fond,
je ne mets qu'un radis sur l'espoir,
et l'avenir sur ma haine,
L'épicier et l'outrance, l'aveugle et le miroir
tous et tout mêlés, la rumination avec les réflexes,
surtout le mystère, un massif avec des monts
et ses crêtes dans un encrier.
Hasard, autre histoire
promesse faite à la paralysie.
Comment vous aussi ?
Parbleu. Pas encore né que son père le battait
tenez plus près de nous, la veille de sa naissance
puis vient l'anecdote
puis, quelques dates, l'agrément
se laver avant la succion
aboyer quand c'est fini
rejeter la faute sur le penchant
le penchant sur l'origine
et l'origine sur les âges en allés,
on les connaît les mauvais pères
une clef, de l'ombre
des draps de lit froissés
et dans la famille un nouveau misérable
si c'est une fille, gagner sa croûte avec sa moelle
un garçon ? qu'il fasse comme les autres
le vol à la tire nourrit bien les bœufs.

p.113-114
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LES BORDÊTES


Les commerçants y sont mis à mort, cette
race abjecte étant capable de tout.
Comme il y a certaines difficultés parfois à
se procurer des choses sans intermédiaire, il y a
des marchandises déposées en certains lieux,
dont on fait des parts pour qui en veut et qui
le fait savoir.
Si le mot « commission » ou « bénéfice » était
seulement prononcé, c’est à coups de fouet que
serait châtié l’imprudent que sa bouche aurait
trahi.

p.73
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VI faits divers


Ne confondant pas le but avec les circonstances,
ni les impressions avec les faits, Blanchette notre
vache fait avant tout sa porcelaine. Dès qu'il y a
matière à comparer, elle voit combien elle a raison,
combien sont vaines les distractions et sans portée
et sans profondeur. Elle ne lève plus la tête, mais
comme est elle emplie de lait, elle se laisse traire,
entendu seulement qu'on ne touchera pas à sa
porcelaine.

p.95
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LE PORTRAIT DE A.

Dans les livres, il cherche la révélation. Il les parcourt en flèche…

Il a toujours pensé qu'une idée de plus n'est pas une addition. Non, un désordre ivre, une perte de sang-froid, une fusée, ensuite une ascension générale.
Les livres lui ont donné quelques révélations. En voici une : les atomes. Les atomes, petits dieux. Le monde n'est pas une façade, une apparence. II est : ils sont. Ils sont, les innombrables petits dieux, ils rayonnent. Mouvement infini, infiniment prolongé.

Ah ! Comprendre le monde cette fois, ou jamais !

p.113-114
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Quelque part, quelqu'un


Quelqu’un est pour les pulsions
Quelqu’un est pour le Mythe
Quelqu’un est pour le Matérialisme historique
Quelqu’un ce n’est que du vent
Monsieur est Paléoclimatologue
Quelqu’un est au bar
Quelqu’un est dans l’emboutissage, dans la découpe
Quelqu’un, c’est une antilope dans les Savanes du Katanga
Quelqu’un est genre dépositaire, journalier, exploitant, bougnat, cafetier, concessionnaire, importateur, dépanneur
Quelqu’un est genre miauli-miaula, décolletés de robes, crevés de corsages
Quelqu’un est genre orateur, bombardier. Culasse blindée, hélice synchronisée, train d’atterrissage escamotable. Guerre d’Espagne, révolutionnaire qu’il dit…

p.32
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X LIEUX, MOMENTS, TRAVERSÉES
DU TEMPS

À Micheline Phankim



Un moment frémissant, un moment qui plutôt
calme le cœur.
Un moment sans rature. Un moment vraiment
nénuphar.

Un moment qui traverse la route. Un moment
qui n'insiste pas.
Un moment plutôt errant.

Un moment lendemain de grands moments.

Un moment échauffant, un moment qui ne veut
pas s'en remettre à moi, un moment qui a le poids
d'un pétale de rose qui plus tard pèsera comme
plomb.
Un moment comme sûrement il n'en viendra
plus…

Nomades sans moi. Moments, moments légers,
dans les boues radieuses, animés, minuscules
affluents.

Offrandes à personne, voix sans syllabes, sons
sans instruments, compagnies incessamment qui
changent, bourgeonnante musique.

Venant, partant, sans frontières, obstacles fluides
à tout parachèvement, détachant et se détachant
sans enseigner le détachement,
Moments, bruissements, traversées du Temps.

p.117-118
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ECCE HOMO

A Madame Mayrisch Saint-Hubert.


Qu'as tu fait de ta vie, pitance de roi ?
J'ai vu l'homme.
Je n'ai pas vu l'homme comme la mouette, vague au ventre, qui file rapide sur la mer indéfinie.
J'ai vu l'homme à la torche faible, ployé et qui cherchait. Il avait le sérieux de la puce qui saute, mais son saut était rare et réglementé.
Sa cathédrale avait la flèche molle. Il était préoccupé.
Je n'ai pas entendu l'homme, les yeux humides de piété, dire au serpent qui le pique mortellement : « puisses-tu renaître homme et lire les Védas ! ». Mais j'ai entendu l'homme comme un char lourd sur sa lancée écrasant mourants et morts, et il ne se retournait pas.
Son nez était relevé, comme la proue des embarcations Vikings, mais il ne regardait pas le ciel, demeure des dieux, il regardait le ciel suspect d'où pouvait sortir à tout instant des machines implacables, porteuses de bombes puissantes.
...
p.44-45
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IV LIGNES

Sur des lignes tracées sans but sur le papier ; sur des pages de
lignes.


Ennoblie par une trace d'encre, une ligne fine, une ligne, où plus rien ne pue

Pas pour expliquer, pas pour exposer, pas en terrasses, pas monumentalement

Plutôt comme par le Monde il y a des anfractuosités, des sinuosités, comme il y a des chiens errants

une ligne, une ligne, plus ou moins une ligne...

En fragments, en commencements, prise de court, une ligne, une ligne...
... une légion de lignes

Alevins de l'eau nouvelle d'un sentiment qui point, parle, rit, ravit ou qui déjà par moments poignarde

Échappées des prisons reçues en héritage, venues non pour définir, mais pour indéfinir, pour passer le râteau sur, pour reprendre l'école buissonnière, lignes, de-ci de-là, lignes,

Dévalantes, zigzagantes, plongeantes pour rêveusement, pour distraitement, pour multiplement... en désirs qui s'étirent, qui délivrent.

Débris sans escorte, le réel déminé,
Souris du souvenir indéfiniment se profilant à 'horizon de la page,
ou bien tracés légers d'avenir incertain.

D'aucune langue, l'écriture —
Sans appartenance, sans filiation
Lignes, seulement lignes.

p.29-30-31
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QU’IL REPOSE EN RÉVOLTE
Dans le noir, dans le soir sera sa mémoire
dans ce qui souffre, dans ce qui suinte
dans ce qui cherche et ne trouve pas
dans le chaland de débarquement qui crève sur la grève
dans le départ sifflant de la balle traceuse
dans l’île de soufre sera sa mémoire.

Dans celui qui a sa fièvre en soi, à qui n’importent les murs
dans celui qui s’élance et n’a de tête que contre les murs
dans le larron non repentant
dans le faible à jamais récalcitrant
dans le porche éventré sera sa mémoire.

Dans la route qui obsède
dans le cœur qui cherche sa plage
dans l’amant que son corps fuit
dans le voyageur que l’espace ronge.

Dans le tunnel
dans le tourment tournant sur lui-même
dans l’impavide qui ose froisser le cimetière.

Dans l’orbite enflammé des astres qui se heurtent en éclatant
dans le vaisseau fantôme, dans la fiancée flétrie
dans la chanson crépusculaire sera sa mémoire.

Dans la présence de la mer
dans la distance du juge
dans la cécité
dans la tasse à poison.

Dans le capitaine des sept mers
dans l’âme de celui qui lave la dague
dans l’orgue en roseau qui pleure pour tout un peuple
dans le jour du crachat sur l’offrande.

Dans le fruit de l’hiver
dans le poumon des batailles qui reprennent
dans le fou dans la chaloupe

Dans les bras tordus des désirs à jamais inassouvis
sera sa mémoire.

p.104-105
* poème relu à l'occasion de cette journée mondiale dédiée à Aloïs, né un 14 juin 1864 à Markbreit, qui soutint une thèse de doctorat sur "Les glandes cérumineuses", et qui s'éteint un 15 décembre 1915, à Breslau....
Vous ne voyez pas ? Mais si, son nom commence par Alzhei … et fini par mer.


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QUI JE FUS (1927)
L'ÉPOQUE DES ILLUMINÉS.

Quand le crayon qui est un faux frère ne sera plus un faux frère.
Quand le plus pauvre en aura plein la bouche, d’éclats et de vérité.
Quand les autos seront enterrées pour toujours sur les bords de la route.
Quand ce qui est incroyable sera regardé comme une vérité de l’ordre de « 2 et 2 font 4 ».
Quand les animaux feront taire les hommes par leur jacasserie mieux comprise et inégalable.
Quand l’imprimerie et ses succédanés ne seront plus qu’une drôlerie, comme la quenouille ou la monnaie d’Auguste l’Empereur.
Quand aura passé la grande éponge, eh bien ! sans doute que je n’y serais plus, c’est pourquoi j’y prends plaisir maintenant et si j’arrête cette énumération, vous pouvez la continuer.
Il ne faut pas se mettre en bras de chemise pour rompre une allumette, et le poteau indicateur reste dans son rôle en ne faisant jamais la route lui-même, et la vie est précieuse à qui en a déjà perdu 26 ans, et les cheveux tombent rapidement d’une tête qui s’obstine, et les pleurs ne viennent jamais que le travail une fois fini, et les genres littéraires sont des ennemis qui ne vous ratent pas, si vous les avez ratés au premier coup.
Il faut toujours être en défiance, Messieurs, toujours pressé d’en finir, le jurer et remettre son serment en chantier tous les jours, ne pas se permettre un coup de respiration pour le plaisir, utiliser tous ses battements de cœur à ce qu’on fait, car celui qui a battu pour sa diversion mettra le désordre dans les milliers qui suivront….

p.16-17
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Poèmes
LA JEUNE FILLE DE BUDAPEST

Dans la brume tiède d'une haleine de jeune fille, j'ai pris place
Je me suis retiré, je n'ai pas quitté ma place.
Ses bras ne pèsent rien. On les rencontre comme l'eau.
Ce qui est fané disparaît devant elle. Il ne reste que ses yeux.
Longues belles herbes, longues belles fleurs croissaient dans notre champ.
Obstacle si léger sur ma poitrine, comme tu t'appuies maintenant.
Tu t'appuies tellement, maintenant que tu n'es plus.

p.85
Extraits PLUME précédé de LOINTAIN INTERIEUR, Nouvelle édition revue et corrigée, GALLIMARD 1963
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Poèmes
PENSÉES

Penser, vivre, mer peu distincte ;
Moi – ça – tremble,
Infini incessamment qui tressaille.

Ombres de mondes infimes,
ombres d’ombres,
cendres d’ailes.

Pensées à la nage merveilleuse,
qui glissez en nous, entre nous, loin de nous,
loin de nous éclairer, loin de rien pénétrer ;

étrangères en nos maisons,
toujours à colporter,
poussières pour nous distraire et nous éparpiller la vie.

p.88
Extraits PLUME précédé de LOINTAIN INTERIEUR, Nouvelle édition revue et corrigée, GALLIMARD 1963
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[Ecuador]

Rends-toi, mon cœur.
Nous avons assez lutté.
Et que ma vie s'arrête.
On n'a pas été des lâches,
On a fait ce qu'on a pu.
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S. est pour toi un imbécile. Attention.
Imbécillité "de référence". Trop satisfaisant. C'est surtout, grâce à ton imbécillité que l'imbécillité de l'autre est pour toi si pleine.
Pourtant superficielle. Elle n'a guère que ta substance.
...
Garde intacte ta faiblesse. Ne cherche pas à acquérir des forces, de celles surtout qui ne sont pas pour toi, qui ne te sont pas destinée, dont la nature te préservait, te préparant à autre chose
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