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Citations de Henry Miller (1056)


Ecrire (ainsi allait ma méditation)doit être un acte dépouillé de toute volonté. Le mot, semblable au courant des grands fonds, doit remonter à la surface, de sa propre impulsion. L'enfant n'a pas besoin d'écrire, il est innocent. Si l'homme écrit, c'est pour vomir le poison qu'il a accumulé en lui du fait de l'erreur foncière qu'il commet dans sa manière de vivre. Il cherche à reconquérir son innocence. Ses écrits n'ont d'autres effets que d'inoculer au monde le virus de ses désillusions. Je ne pense pas qu'il se trouverait un homme au monde pour noircir une feuille de papier, si nous avions le courage de vivre ce en quoi nous avons foi.
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Et puis, quand que je me dis que je suis devenu un travailleur qualifié, quand je crois que je connais mon métier, que je peux donner satisfaction, quand je finis même par me résigner à ce que l'on recule l'échéance où l'on me paiera "mes honoraires", je me trouve nez à nez avec ce terrible croquemitaine: le goût du public. J'ai dit, vous vous en souvenez, que si Whitman avait capitulé sur ce point, s'il avait suivi les avis de ses conseillers, c'est un tout autre édifice qu'on aurait vu s'élever. Il y a des amis, des supporters, qui apparaissent quand vous nagez dans le foule; il y en a d'autres qui viennent à vous quand vous êtes menacé. Ces derniers sont les seuls qui méritent le nom d'amis. (p.320)
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Moi qui n'est jamais tenu de journal intime, je commence à entrevoir combien est tentant et obsédant le désir de noter les progrès que l'on fait dans son voyage intérieur.
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Dans -Jean le Bleu- (...)
C'est "l'histoire du Conteur", l'histoire de l'histoire. Elle arrache les bandelettes dans lesquelles nous momifions les écrivains pour révéler l'être embryonnaire. Elle nous donne la physiologie, la chimie, la physique, la biologie de cet étrange animal qu'est l'écrivain. (p. 139)
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Les vogues, cependant, meurent vite, et c'est heureux car c'est après seulement qu'un livre commence son vrai voyage sur la route de l'immortalité. (p.68)
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Henry Miller
Quelle pitié que notre société ne permette pas à un homme de dilapider son temps ! Elle devrait le récompenser - d'un croûton de pain et d'un verre de whisky - pour avoir su se garder des soucis et de l'ennui.

Big Sur et les Oranges de Jérôme Bosch
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Il fut un temps où je croyais avoir été blessé comme jamais aucun homme ne l’avait été. Parce que tel était mon sentiment, je fis le vœu d’écrire ce livre. Mais longtemps avant que je l’eusse commencé, la blessure avait guéri. Puisque j’avais juré de remplir ma tâche, je rouvris l’horrible blessure.
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Tel un puissant solvant, la langue polonaise convertit image, concept, symbole ou métaphore, en un mystérieux liquide transparent à l’odeur camphrée qui, par ses résonances melliflues, évoque l’alternance et l’échange perpétuels entre idée et impulsion. Jaillissant, tel un geyser chaud, du cratère de la bouche humaine, la musique polonaise –car c’est à peine une langue- consume tout ce avec quoi elle vient en contact, intoxiquant le cerveau par les caustiques et âcres vapeurs de sa source métallique.
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Parce que Cendrars aime la vie et la vérité profonde de la vie, il parvient, mieux qu'aucun autre écrivain contemporain, à serrer la source commune du langage et des actions des hommes. (p.36)
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Ce qui va mal ce n'est pas le monde, c'est notre manière de le regarder. p.135
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Je vais t'offrir une séance de cul trop vaste pour ton corps, une bite trop grosse pour ta vie et ton expérience. Elle va te pénétrer, te remplir et t'inonder, se répandre jusque dans tes enfants, et les arrière-petits-enfants de tes enfants. Dans dix générations, tes descendants s'éveilleront en sursaut de leur sommeil, la proie d'un rêve qui vivra éternellement dans les cellules et les fibres qui croissent sur le velours de tes reins.
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Assise nuit et jour dans ses chiottes, sa récompense était de nager ainsi dans la bave crétinisée, le temps d’un tour de chant et de larmoiement. Elle avait un ventre énorme –très probablement une descente de matrice –et des yeux vitreux. Elle aurait pu être la maman du monde entier, tant elle était docile et abrutie. Image même de la maternité… après trente-cinq ans de grossesses continues, de rossées, d’avortements, d’hémorragies, d’ulcères, de tumeurs, de descentes herniaires, de varices et autres émoluments de l’existence maternelle. Que personne n’eût l’idée de lui flanquer une balle dans la peau et de lui donner le coup de grâce, me surprenait toujours.
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Kronski, lui, avait choisi le drame du raté, mais du raté brillant, si brillant que le succès s’en trouvait éclipsé. On eût dit qu’il voulait prouver au monde entier qu’en matière de savoir et de puissance il valait n’importe qui ; et prouver en même temps que tout ça n’avait pas de sens : être quelqu’un, devenir quelqu’un, devenir un puits de science. Il paraissait frappé d’impuissance congénitale, incapable de se rendre compte qu’il existe un sens inhérent à toute chose. Il se gaspillait en efforts pour prouver qu’il n’existe ni n’existera jamais de preuves définitives, totalement inconscient de l’absurdité qu’il y a à vouloir triompher logiquement de la logique.
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Quand je revins au supplice, j’avais l’impression que ma pine était faite de vieux bouts d’élastique. Tous mes nerfs étaient morts, à cette extrémité ; c’était comme si j’avais enfoncé un morceau de suif raide dans un tuyau d’écoulement. Par-dessus le marché, la batterie était complètement à plat ; s’il devait arriver quelque chose, cela relèverait de la noix de galle, de la teigne, de la goutte de pus dans une solution d’émincé de cancoyote. Ce qui m’étonnait, c’est que ça continuait à se tenir levé comme un marteau ; ça avait perdu toute apparence d’outil sexuel ; ça vous avait un air écœurant de machin-truc bon marché droit sorti du prisunic, de fragment d’engin de pêche brillamment coloré…moins l’appât. Et sur ce machin-truc, éclatant et glissant, Mara se tortillait comme une anguille.
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- […] L’ennui, dans mon cas, je pense, c’est que je n’arrive pas à digérer le fait que je ne suis qu’un pauvre type comme les autres…
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- […] L’art n’a rien d’un récital de soliste ; c’est une symphonie dans le noir, avec des millions de participants et des millions d’auditeurs. La jouissance que procure une belle pensée n’est rien à côté de la joie de l’on éprouve à la fixer dans sa forme –dans sa forme permanente. En fait, il est quasi strictement impossible de se réfréner de formuler une grande pensée. Nous ne sommes que des instruments dont joue une force qui nous dépasse. On nous permet, on nous accorde la grâce, pour ainsi dire, de créer. Personne ne crée tout seul, de soi-même, par soi-même. L’artiste est l’instrument qui enregistre ce qui existe déjà –quelque chose qui est la propriété du monde entier et que, si l’individu en question est vraiment un artiste, il est contraint et forcé de restituer au monde. Garder ses belles idées pour soi seul, cela reviendrait à être un virtuose qui se croiserait les bras sur son siège, au milieu de l’orchestre. Chose impossible ! Quant à l’exemple que vous donniez –celui de l’auteur qui perdrait, avec son manuscrit, l’œuvre d’une vie- eh bien, moi, je comparerais cet individu à un virtuose stupéfiant qui n’aurait pas cessé de jouer avec l’orchestre, mais qui se serait tenu dans une autre salle, où personne ne l’entendait.
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- Qu'est ce que tu fais tout seul?
- Rien
- Tu vas devenir cinglé
- moi? t'es fou!
- Mais qu'est-ce que tu fiches toute la journée
- Rien
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« Pourquoi n'essaies-tu pas d'écrire ? ». Cette phrase n'avait cessé de me hanter tout le jour, revenant d'elle-même avec insistance (…)

Ecrire (…) doit être un acte dépouillé de toute volonté. Le mot, semblable au courant des grands fonds, doit remonté à la surface, de sa propre impulsion. L'enfant n'a pas besoin d'écrire : il est innocent. Si l'homme écrit, c'est pour vomir le poison qu'il a accumulé en lui du fait de l'erreur foncière qu'il commet dans sa manière de vivre. Il cherche à reconquérir son innocence. Ses écrits n'ont d'autre effet que d'inoculer au monde le virus de ses désillusions. Je ne pense pas qu'il se trouverait un homme au monde pour noircir une feuille de papier, si nous avions le courage de vivre ce en quoi nous avons foi. L'inspiration est déviée dans son cours au sortir de la source. Si c'est un monde de vérité, de beauté et de magie que nous entendons créer, à quoi bon dresser des millions de mots entre nous-même et la réalité de ce monde ? Pourquoi remettre à plus tard l’acte – si ce n’est que, comme le reste de l’humanité, nous n’avons, au fond, d’autre ambition que la puissance, la gloire et le succès ? Les livres sont des actes morts, disait Balzac ; ce qui n’empêche qu’ayant perçu cette vérité, il livra délibérément l’ange au démon qui le possédait.

24 - [Le Livre de poche n° 6267, p. 23-24]
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«Nous nous traînons d'un pas lourd, le cerveau obtus et l'imagination encapuchonnée, parmi des miracles que nous ne discernons même plus.»

cité par Sylvie Crossman fondatrice avec son mari J.P Barou des éditions Indigène dans un article du nouvel obs daté du 27 juin 2011
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Etre soi-même, rien que soi-même, c'est inouï. [...] Le tout, c'est de ne pas vouloir être ceci ou cela, ni grand ni petit, ni habile ni maladroit...
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