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Citations de Henry Miller (1057)


Mais si nous étions véritablement humains, nous serions capables de toute chose, prêts à toute exigence, instruits de toutes les conditions de l’être. Nous devrions nous rappeler chaque jour, répéter comme une litanie, que notre être recèle la gamme complète de l’existence. Nous devrions cesser d’appeler à l’aide et en donner. Nous devrions cesser d’adorer et inspirer l’adoration. Par-dessus tout, nous devrions cesser de différer l’acte de devenir ce que nous sommes en fait et par essence.
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Parfois, je songe à lui comme à une quintessence d'écrivain; mais nous sommes encore loin du compte. Ce que je veux dire, c'est qu'un écrivain a beaucoup à apprendre de lui. A l'école, je me souviens que nos maîtres nous pressaient de choisir un modèle: Macaulay, Coleridge, Ruskin, Edmund Burke ou même Maupassant. Pourquoi passaient-ils sous silence Shakespeare, Dante et Milton: je me le suis toujours demandé. Ils étaient loin sans doute d'imaginer qu'aucun des petits galopins que nous étions alors pût jamais devenir écrivain. Ces maîtres étaient eux-mêmes des ratés, d'où leur vocation de pédagogues. Cendrars a su prouver, en toute clarté, que le seul maître, le seul modèle, c'est la vie elle-même. Aux écrivains il montre qu'il faut obéir à son flair, suivre les impulsions de la vie, n'adorer d'autre dieu qu'elle. (...)
Tout achèvement est d'ailleurs contraire à la vie, et Cendrars ne fait qu'un avec elle (p.52-53)
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Elle avait le charme froid et séducteur typique des femmes du Nord, chez qui la pruderie le dispute sans cesse à la lascivité. Je sentais qu’elle désirait que je lui parle d’amour. Dites tout ce que vous voudrez, faites tout ce qui vous plaira, mais parlez-moi d’amour – prononcez les mots splendides et sentimentaux qui cachent la réalité laide et nue de l’assaut sexuel.
Je lui posai carrément la main sur le con, lequel était brûlant comme du fumier sous sa robe, et je dis :
— Christine, quel prénom merveilleux ! Seule une femme comme vous peut porter un nom aussi romantique. Cela me fait penser à des fjords glacés, à des sapins ruisselant de neige fondante. Si vous étiez un arbre, je vous déracinerais. Je graverais mes initiales sur votre tronc…
Je lui débitai toute une kyrielle d’absurdités du même tonneau, en la serrant fermement et en glissant les doigts au plus profond de sa fente gluante. Je ne sais pas jusqu’où la situation aurait pu dégénérer dans la cuisine, si notre hôtesse ne nous avait pas interrompus. Elle aussi était une salope lascive, et je me retrouvai bientôt avec ces deux chiennes en chaleur sur les bras. Par politesse, nous revînmes finalement dans le salon pour regarder danser la femme hindoue. Nous restâmes tout au fond, dans un coin sombre. Mon bras enlaçait Christine et ma main libre faisait ce qu’elle pouvait avec l’autre fille.
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Par une grise journée parisienne je me retrouvais souvent en train de marcher vers la place Clichy à Montmartre. De Clichy à Aubervilliers on longe toute une série de cafés, de restaurants, de cinémas, de magasins de vêtements masculins, d’hôtels et de bordels. C’est le Broadway de Paris qui correspond à cette petite portion située entre les Quarante-deuxième et Cinquante-troisième rues. Broadway, c’est la vitesse, le vertige, l’éblouissement, et nulle part où s’asseoir. Montmartre est indolent, paresseux, indifférent, quelque peu miteux et sordide, séduisant plutôt que tapageur, non pas scintillant mais luisant comme des braises sous la cendre. Broadway paraît excitant, voire parfois magique, mais il est sans flamme ni chaleur, c’est un étalage d’amiante brillamment éclairé, le paradis des agents publicitaires. Montmartre est usé, délavé, flétri, ouvertement vicieux, mercenaire et vulgaire. Bref, il est plus repoussant que séduisant, mais insidieusement repoussant, comme le vice lui-même. Il y a des estaminets presque exclusivement fréquentés par des putains, des maquereaux, des truands et des joueurs, qui, même si vous passez mille fois devant sans y entrer, finissent par vous happer et vous avoir.
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Mais si homme et femme trouvent le moyen de se jeter aux bras l’un de l’autre en toute hardiesse, sans réticence, en se livrant tout entiers, s’ils reconnaissent mutuellement leur interdépendance, ne jouissent-ils pas d’une grande, d’une insoupçonnée liberté ? L’homme qui s’avoue sa lâcheté, fait un pas vers la conquête de la peur, mais celui qui l’avoue franchement à tout un chacun, qui sollicite qu’on reconnaisse sa lâcheté et qu’on lui en tienne compte dans le traitement qu’on lui réserve, celui-là est en passe de devenir un héros.
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Il semblait que ma délivrance dût entraîner nécessairement douleur, souffrance, destruction peut-être, pour ceux que ma force d’attraction avait réduits à confondre leur vie avec la mienne. Chaque mouvement que je faisais pour mon bien personnel ne m’attirait que reproches et condamnations. Plus de mille fois j’ai passé pour un traître.
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Son regard dit clairement : « Si j’avais une salope pareille à la maison, je prendrais la hache et je l’abattrais net. » Stanley est plein de haines refoulées. Il a l’air aussi décharné, sec comme un coup de trique, qu’à la fin de son service dans la cavalerie, à Fort Oglethorpe, il y a des années. C’est un garçon qui a soif de meurtre. Il m’assassinerait, moi son meilleur ami, s’il était sûr de s’en tirer indemne. Il vomit le monde entier, on le dirait trempé dans un bac de bile verte, à force de haine et d’esprit de vengeance accumulés. La raison de sa visite, c’est de s’assurer que je piétine toujours, que je m’enfonce de plus en plus.
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Ce qui parlait, c’étaient les nerfs, les glandes non ductiles, le foie, la rate, les reins, les petits vaisseaux sanguins qui affleurent presque à la surface de la peau. La peau elle-même n’était qu’un sac dans lequel bringuebalait une vague pagaie d’os, de muscles, de tendons, de sang, de graisse, de lymphe, de bile, d’urine, de crotte, etc. Dans ce sac puant de tripaille, des germes mijotaient et se baladaient ; et c’étaient eux qui auraient le dessus, si brillamment que pût fonctionner cette cage de matière d’un gris morne qui a nom de cerveau. Le corps servait d’étage à la Mort ; et le docteur Kronski, si plein de vie dans le monde roentgénien de la statistique, n’était qu’un pou destiné à périr écrasé sous un ongle sale, quand viendrait le moment de sortir de la coquille.
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Côte à côte avec la race humaine, coule une autre race d'individus, les inhumains, la race des artistes qui, aiguillonnés par des impulsions inconnues, prennent la masse amorphe de l'humanité et, par la fièvre et le ferment qu'ils lui infusent, changent cette pâte détrempée en pain et le pain en vin et le vin en chansons. De ce compost mort et de ces scories inertes ils font lever un chant qui contamine. Je vois cette autre race d'individus mettre l'univers à sac, tourner tout sens dessus dessous, leurs pieds toujours pataugeant dans le sang et les larmes, leurs mains toujours vides, toujours essayant de saisir, d'agripper l'au-delà, le dieu hors d'atteinte : massacrant tout à leur portée afin de calmer le monstre qui ronge leurs parties vitales. Je vois que lorsqu'ils s'arrachent les cheveux de l'effort de comprendre, de saisir l'à-jamais inaccessible, je vois que lorsqu'ils mugissent comme des bêtes affolées et qu'ils éventrent de leurs griffes et de leurs cornes, je vois que c'est bien ainsi, et qu'il n'y a pas d'autre voie. Un homme qui appartient à cette race doit se dresser sur les sommets, le charabia à la bouche, et se déchirer les entrailles. C'est bien et c'es juste, parce qu'il le faut! Et tout ce qui reste en dehors de ce spectacle effrayant, tout ce qui est moins terrifiant, moins épouvantable, moins fou, moins délirant, moins contaminant, n'est pas de l'art. Tout le reste est contrefaçon. Le reste est humain. Le reste appartient à la vie et à l'absence de vie.
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Paris est comme une prostituée. De loin, elle vous parait ravissante, vous n'avez de cesse que vous la teniez entre vos bras. Au bout de cinq minutes, vous vous sentez vide, dégouté de vous-même. Vous avez l'impression d'avoir été roulé.
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Nous mourons dans les affres de la naissance.Jamais nous ne fûmes,jamais nous ne sommes.Nous sommes en perpétuel devenir,toujours séparés,coupés.A jamais en dehors.
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Le meilleur de l'art d'écrire, ce n'est pas le mal réel qu'on se donne pour accoler le mot au mot, pour entasser brique sur brique ; ce sont les préliminaires, le travail à la bêche que l'on fait en silence en toutes circonstances, que ce soit dans le rêve ou à l'état de veille. Bref, la période de gestation. Personne n'a jamais réussi à jeter sur le papier ce qu'il avait primitivement l'intention de dire : la création originale, qui est continue, que l'on écrive ou non, participe du flux élémentaire : elle s'inscrit hors de toutes dimensions, de toutes formes, de toutes durées. Dans cet état préliminaire, qui est création et non naissance, les éléments qui sont appelés à disparaître ne sont pas détruits pour autant ; un message qui se trouvait déjà être présent, marqué du sceau de l'impérissable, par exemple la mémoire, la matière, Dieu, surgit à l'appel et l'être s'y précipite comme le fétu de paille dans le torrent. Mots, phrases, idées, si subtils et ingénieux soient-ils, coups d'ailes les plus forcenés de la poésie, rêves les plus profonds, visions les plus hallucinantes, ne sont qu'hiéroglyphes grossiers gravés par la douleur et la souffrance en commémoration d'un événement qui demeure intransmissible. Dans un monde suffisamment ordonné, il serait inutile de faire l'effort déraisonnable de noter tels hasards miraculeux. Cela n'aurait à vrai dire aucun sens. Si l'humanité prenait le temps de se rendre compte des choses, qui saurait se contenter d'une contrefaçon, quand il n'est que de tendre la main pour saisir le réel ?

43 – [Le Livre de poche n° 6267, p. 25]
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Dès ma prime jeunesse, je fus un dévoreur de livres. Je ne demandais rien d'autre pour Noël, et par vingt ou trente à la fois. Jusqu'à vingt cinq ans environ, je ne sortais presque jamais de chez moi sans emporter sous le bras un ou plusieurs ouvrages. Je lisais debout, en allant au travail, apprenant souvent par coeur de longs passages de l'oeuvre de mes poètes préférés.
....J'en arrivais à mépriser tout ce qui m'entourait, à me couper peu à peu de mes amis, à m'affubler d'un caractère solitaire et excentrique qui vous fait qualifier d'individu "bizarre".
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La seule façon que j'ai de décrire ce phénomène, c'est de dire que, quand elle était en chaleur et que ça la tracassait, Evelyne, elle, jouait les ventriloques avec son con.
Au moment précis ou on allait l'enfiler, voilà-t-il pas que cette espèce de mannequin qu'elle avit entre les jambes éclatait de fou rire.
En même temps, il venait a à votre rencontre, amicalement, et vous serrait la pince. Il savait chanter aussi, ce mannequin de con. En fait il avait tout de l'otarie savante.
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Henry Miller
On peut toujours en société faire semblant de rire pour se soustraire à quelque gêne ou à que sais-je encore, la limite est juste que ça se voit.
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Henry Miller
Selon moi, telle est la définition de l'artiste : un homme qui réarrange les choses. L'homme n'est pas un créateur. Tout homme ne fait que réarranger les choses, c'est tout. Là se borne sa création, en apparence.
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Je fais partie de ces lecteurs qui, de temps en temps, recopient de longs passages des livres qu'ils lisent.
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Henry Miller
Le but de la vie est de vivre, et vivre signifie être conscient, joyeusement, jusqu'à l'ébriété, sereinement, divinement conscient.
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Et tout ce qui reste en dehors de ce spectacle effrayant, tout ce qui est moins terrifiant, moins épouvantable, moins fou, moins délirant, moins contaminant, n'est pas de l'art. Tout le reste est contrefaçon. Le reste est humain. Le reste appartient à la vie et à l'absence de vie.
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Un livre n'est pas seulement un ami, il vous aide à en acquérir de nouveaux.
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