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Critiques de Henryk Sienkiewicz (113)
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Quo vadis ? (Intégrale)

Le monde est à moi, j'en suis le maître absolu.



Néron dont les excès sont difficilement comprimés par Pétrone flatteur désabusé se morfond de ne briller que pour le peuple et non pour lui même.



Rome considérée comme une immonde populace rongée dans ses palais par le complot et la flagornerie s'effondre sur elle-même pendant que s'élabore lentement en catimini le logo d'un symbole aquatique entamant son troisième millénaire.



Quelques éveillés tente l'amour du prochain lassé de subir les décibels éprouvants d'un irresponsable arrogant, manipulé par ses proches, croulant sous une armée de courtisans.



Un créneau salutaire plutôt que de subir davantage les extravagances d'un empereur affabulateur, craintif et méprisant contemplant ses sujets de loin sur un balcon surélevé.



Clairons, combats de gladiateurs, danses exotiques, cérémonies somptueuses, banquets fastueux, demeures abyssales et étoffes chatoyantes annoncent par leurs férocités et leurs bacchanales les premières fumerolles d'une future ville en flamme.



Une cité sur le flanc condamnée à s'embraser de l'intérieur suite à ses ingérences romanesques, ses convoitises permanentes, ses guerres continuelles et ses transitions religieuses.





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Quo vadis ? (Intégrale)

C’est donc un roman historique et qui dit roman historique dit épisodes célèbres. Si je vous dis Néron, l’incendie de Rome vous viendra sans doute en tête : effectivement, il est relaté dans toute sa dangerosité grandiose dans ce récit et justifiera la persécution des chrétiens – histoire de détourner les soupçons d’un empereur ayant maintes fois regretté de n’avoir vu l’incendie d’une ville tel Priam devant Troie.

Ce sont aussi des personnages illustres. L’Imperator Néron, tout d’abord. Néron, César, Barbe-d’Airain, Ahénobarbe. Tyran sanguinaire et mégalomane, mais, dans ce roman, surtout avide d’être reconnu comme artiste. D’un bout à l’autre, on le voit composer, déclamer ses vers, chanter, jouer de la musique, rêver de foules en délire devant son talent. Tel le Commode incarné par Joaquin Phoenix, le Néron de Sienkiewicz, aussi fascinant qu’ignoble, m’a tantôt inspiré de la pitié, tantôt du mépris, tant ce monstre ressemble parfois un petit garçon en mal de reconnaissance. C’est d’ailleurs sans doute l’immaturité de son comportement, tout en désirs impulsifs et volontés irréfléchies, qui rend aussi terrifiant ce chef qui tient le monde entre ses mains.

Il y a aussi Pétrone, arbitre des élégances auquel Sienkiewicz offre la paternité du Satyricon. Cet esthète indolent, cultivé, spirituel, joueur – y compris avec sa propre vie – m’a fasciné au fil des pages. S’il m’a d’abord agacée par sa nonchalance, ses efforts tous en ruse et en manipulation pour finalement aider son neveu Vinicius, son goût pour la liberté – qui lui font refuser le despotisme total de Néron comme la modération prônée par les chrétiens – et l’inaltérabilité de son caractère, incorruptible même par la peur de la mort, ont fini par me faire changer d’avis à son sujet tandis que sa sortie de scène m’a terriblement amusée (pour les personnes qui auraient lu le roman, je parle évidemment de sa pique à Néron, pas de son acte en lui-même).

Et puis, il y a tout ce qui touche au christianisme naissant. Les persécutions, les condamnations massives, les tortures plus ou moins raffinées qui, loin de faire disparaître cette nouvelle secte, semblent l’avoir aidée à prospérer. Et l’on rencontre alors des figures clés de cette religion : les Apôtres (qui ne sont pas encore sanctifiés) Pierre et Paul de Tarse. Loin de toute considération religieuse, l’humanisme de ces deux hommes est vraiment puissant et résonne plus fortement dans le récit que tous les discours illuminés des convertis. Quant à la tâche principale de Pierre – construire la Ville du Christ au cœur de Rome, au cœur de la cité débauchée de Néron –, elle annonce la nouvelle civilisation qui supplantera la domination romaine.



Que cela soit dit, je ne suis pas certaine à 100% de l’exactitude de tous les faits racontés ici (je parle évidemment de tout ce qui est relatif à la vie des Romains ainsi que des événements historiques). Ce que je sais – crois savoir, puisque que je ne suis jamais sûre de moi – des gladiateurs semble montrer des erreurs. De même, rapport à certains épisodes historiques, Sienkiewicz semble avoir parfois adopté le choix de la version la plus épique, la plus romanesque… et la plus controversée.

Cela étant dit, ça ne m’a pas du tout gênée pendant ma lecture. J’ai au contraire été plutôt emportée par le souffle épique du récit : cette Rome aux mille dieux (les dieux romains auxquels on ne croit plus guère, mais que l’on invoque par habitude, hébreux, égyptiens, et maintenant le Dieu unique chrétien), l’évocation des extravagances romaines et des abus insensés (en termes de fêtes, de mets…), le contraste entre civilisation décadente, avide de plaisirs et de spectacles sanglants, et religion douce et modeste, le déclin de l’empire romain, l’amour interdit des deux jeunes gens, les revers de fortune…

Les flagorneurs insupportables se pressant auprès de Néron m’ont fait soupirer d’exaspération (leurs louanges ridicules valent le détour) ; la verve faussement soumise, quémandeuse et rusée de Chilon m’a amusée ; les joutes verbales de Pétrone m’ont fait aimer ce personnage. J’ai suivi avec intérêt les renversements de situation, les jeux d’influence, les querelles jalouses et vengeresses entre les différents personnages.

Ne partageant guère la vision exaltée des protagonistes concernant le christianisme, j’ai davantage aimé la façon dont des dérives se font déjà sentir. Si les Apôtres Pierre et Paul prônent l’amour et le pardon, tels que Jésus lui-même leur a enseigné, ce n’est pas le cas de tous leurs disciples. En la personne d’un dénommé Crispus se dessine déjà l’ombre des extrémistes vitupérant, des fanatiques culpabilisateurs. Ce dernier prêche de façon presque haineuse et terrifiante, reprochant à Lygie son amour pour Vinicius (« l’ami et le serviteur de l’Antéchrist, son compagnon de débauches et de crimes », rien que ça) et effrayant les condamnés à mort dont le supplice ne rachètera pas nécessairement les péchés. Leur foi est à peine née que se fait déjà sentir cette religion moralisatrice et répressive qu’elle sera dans les siècles à venir.



Tandis que la pureté et l’innocence de Lygie m’ont ennuyée, les tourments de Vinicius ont su davantage m’intéresser grâce à l’évolution qu’ils induisent. Ce personnage que l’on pourrait croire borné et irrémédiablement modelé par son éducation finit finalement par se remettre entièrement en question, modifiant définitivement la route de son existence (ce qui me rappelle Tancrède de Tarente dans Dominium Mundi à la différence que, à deux millénaires d’intervalle, l’un se rapproche du Christ alors que l’autre s’en éloigne). Si la romance n’est pas ce qui m’aura le plus bouleversée, j’avoue avoir parfois été happée par le récit, inquiète de ce qui allait arriver aux deux amoureux. (Rien que pour ça, je dis bravo à l’auteur.)

Néanmoins, les personnages que j’ai préféré côtoyer sont des protagonistes plus troubles (et nos deux tourtereaux apparaissent bien fades à côté d’eux). Néron et Pétrone dont j’ai déjà parlé sont en tête, même je dois aussi citer Chilon Chilonidès, même s’il m’a inspiré des sentiments moins unanimement positifs. Chilon est un sage qui se plie à la philosophie qui lui permettra de manger, un Grec dont les courbettes cachent de la rancune et dont les mauvaises actions se révèlent malgré tout compréhensibles. Tous sont des personnages nuancés, riches et passionnants. S’ils m’ont parfois rebutée, par leur caractère et leurs actes, il m’a été absolument impossible de les détester complètement.



Ce récit m’a fortement rappelé un livre lu et relu dans ma jeunesse, Le serment des catacombes, d’Odile Weulersse : je ne me souviens que d’une histoire d’amour entre un Romain et une chrétienne (ainsi que du sort finale de la jeune fille) et j’aimerais beaucoup le relire, notamment pour le comparer au présent ouvrage et voir à quel point ce dernier a pu servir d’inspiration à l’autrice.



Découverte complète pour moi, cette fresque m’a embarquée pour une lutte philosophique entre la recherche des plaisirs absolus des Romains et le nouvel art de vivre des chrétiens, pour une lecture à cheval entre la fin d’un monde et la naissance d’une nouvelle civilisation, pour des heures indubitablement romanesques et par là palpitantes. Un livre dont je n’attendais rien et qui s’est révélé une très bonne surprise !
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Quo vadis ? (Intégrale)

Quo Vadis / Henryk Sienkiewicz (Prix Nobel 1905)

Le récit débute au réveil de Pétrone, écrivain et esthète nonchalant, grand manipulateur, après une nuit agitée faisant suite à une soirée au cours de laquelle il a festoyé notamment avec Néron son ami, son compagnon, son confident, avec Lucain et Sénèque avec qui il a pu ratiociner à l’envi sur la question de savoir si la femme possède vraiment une âme.

Ne fréquentant les bains publics que si un rhéteur vient animer la conversation, il se prélasse chez lui dans son bain assisté de deux esclaves herculéens qui vont le masser afin de dissiper la fatigue accumulée au cours de cette soirée mémorable. Pétrone prend soin de son corps car les femmes romaines n’admirent pas seulement son esprit affiné et son goût, mais aussi son corps.

Il a la visite du jeune patricien Marcus Vinicius, son neveu qui rentre d’Asie Mineure où il est allé guerroyer. Pétrone a toujours ressenti une affection particulière pour Marcus, un beau jeune homme au corps d’athlète sachant même dans la débauche conserver de l’allure. Pétrone qui a été jadis proconsul en Bithynie (nord-est de l’Asie mineure) où il a gouverné avec énergie et justice a conservé une soif de luxe avec des goûts plutôt efféminés. Il demande à Marcus des nouvelles de la guerre contre les Parthes (aujourd’hui en Iran) qui semble mal tourner. Puis Marcus s’enquiert de la santé de son oncle qui selon lui n’est pas brillante. La discussion ensuite s’oriente vers le domaine de prédilection de Pétrone, auteur du Satiricon, à savoir la réflexion philosophique avant que Marcus avoue à son oncle que même s’il est resté invulnérable aux flèches des Parthes, il a été frappé récemment par un trait de l’Amour de façon imprévue et il vient lui demander conseil.

Après un bon bain et une séance aux mains des épilateurs, les deux parents reçoivent le lecteur avec ses rouleaux de papyrus pour une séance studieuse d’écoute. C’est au frigidariumn au sein de deux niches tapissées d’étoffe de soie avec leur jet d’eau teinté en rose clair d’où s’exhale un parfum de violette que Pétrone et Marcus viennent chercher quelque fraîcheur avant que de belles esclaves les rejoignent dans l’unctuarium aux murs recouverts de marbres multicolores resplendissant sous les rayons du soleil, pour une séance d’onction aux doux parfums d’Arabie. Pendant ce temps se déroulent dans les thermes de douces saturnales sur lesquelles Pétrone ferme les yeux.

Marcus révèle à Pétrone le nom de la belle qui lui a fait tourner la tête : Lygie pour la famille, appelée aussi Callina. Il l’a revue et depuis son âme ne connaît plus le repos, il languit et la désire jour et nuit. Il sait qu’elle n’est pas esclave, donc il ne peut l’acheter. Elle est la fille du chef des Lygiens, un peuple asservi par Rome. Ayant perdu ses parents, elle fut confiée d’abord au gouverneur de Germanie avant d’être recueillie par la famille Plautius, Pomponia étant la sœur de la femme du gouverneur. Aulus et Pomponia Plautius se sont attachés à Lygie comme à leur propre enfant depuis la mort de leur petite Julia. Pomponia qui croit en un dieu unique, juste et tout puissant après avoir entendu la parole d’un certain Chrestos, enseigne la nouvelle croyance à la jeune Lygie.

Pétrone, ami de Aulus et aimé pour sa générosité, rassure Marcus : il va aller lui parler et Marcus fou de joie promet de placer la statue de Pétrone au milieu de ses lares selon la coutume romaine.

C’est en litière portée par des colosses nègres que les amis se rendent chez Aulus. Bien qu’elle ait déjà vu Marcus quand autrefois il séjourna dans la famille Plautus et c’est alors qu’il avait découvert cette jeune fille aux formes tanagréennes, la jeune Lygie s’enfuit telle une hamadryade quand il lui adresse la parole. Mais plus tard elle revient et écoute Marcus se confier… Mais Néron, homme tiraillé par ses passions et grand amateur de festins et d’orgies, a entendu parler par Pétrone de la beauté de Lygie…Il la veut pour lui…La rage de Marcus est alors indescriptible et il est prêt à tout pour retrouver Lygie quand il apprend qu’elle a été enlevée…

Ainsi commence ce grand roman historique de plus de 700 pages, publié en 1896 nous offrant une belle intrigue et de magnifiques descriptions de la vie dans la Rome antique à l’époque de Néron, avec ses monuments, ses personnages mythiques et sa foule parcourant les marchés. Sans oublier ses festins en l’honneur et à la table de Néron animés par des poètes, des athlètes et des acteurs, puis des jeunes filles se livrant à des danses bachiques encouragées par des corybantes tandis que pleuvent des plafonds des milliers de roses pour le plus grand plaisir des convives au regard brouillé par les vins, et que peu à peu le festin tourne à l’orgie dans un vacarme discordant de cithares et de cymbales et une atmosphère saturée de parfums envoûtants.

C’est aussi le roman des amours contrariées d’un jeune patricien romain, Vinicius et d’une jeune fille chrétienne Lygie, amours encouragées par Pétrone l’oncle de Vinicius. Un récit relatant également les persécutions subies par les chrétiens dans le cadre des jeux de cirque décrits avec un réalisme saisissant, sous le règne de Néron qui les accusent d’être à l’origine du grand incendie de Rome. En apothéose survient la fin de Pierre considéré comme le premier pape, puis de Pétrone avec Eunice sa femme dans ses bras.

En résumé un roman captivant, une véritable épopée chrétienne, qui a connu un immense succès largement justifié. Conjuguant apologie du christianisme et érotisme diffus, cette fresque grandiose nous plonge dans une Rome cruelle et sanglante.

« Une ville immense , vorace et féroce , licencieuse , pourrie jusqu’à la moelle et en même temps inébranlable dans sa force extraordinaire , ce César , assassin de son frère , de sa mère et de sa femme , traînant derrière lui toute une chaîne de crimes , chaîne aussi longue que celle de ses courtisans , ce débauché et ce bouffon , maître de trente légions et , par elles , de l’univers , ces courtisans couverts d’or et de pourpre , incertains du lendemain et quand même plus puissants que des rois , tout cela apparut à l’apôtre Pierre comme le royaume infernal du mal et de l’iniquité . »

À lire absolument.





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Quo vadis ? (Intégrale)

Le titre latin Quo vadis ? (littéralement "où vas-tu ?") est issu de la citation tronquée "Quo vadis, Domine ?" (où vas-tu Seigneur ?), phrase attribuée à l'apôtre Pierre fuyant Rome de possibles persécutions. Il aurait en effet eu une vision du Christ portant sa croix, se préparant à se faire crucifier une 2e fois si Pierre ne retournait pas à Rome pour y périr en martyr. Ce grand roman sur l'avènement du christianisme a valu à son auteur polonais le Nobel 10 ans plus tard et a eu un succès mondial. Nous sommes donc en 60 après J-C, quelque 30 ans après la mort du Christ. L'action se passe sous le règne de Néron, un empereur cruel et bouffi d'orgueil qui n'a pas hésité à faire assassiner sa mère et qui se pique d'écrire des vers, qu'il chante sur ses propres compositions musicales, art dûment validé par son Arbitre des Elégances, l'érudit Pétrone, seul courtisan à oser lui dire la vérité sur la qualité de son art, jouant sa vie à pile ou face à chaque diatribe. Vicinius, un jeune patricien, ami de Pétrone, lui fait un jour part de son amour pour une jeune otage lygienne, fille de roi à la beauté ensorcelante, convertie à la religion d'amour du Christ. Aussitôt son enlèvement est décidé mais elle parvient à leur échapper. Pourquoi lui résiste-t-elle ? "J'en ai assez, de Rome, de César, des fêtes, d'Augusta, de Tigellin et de vous tous ! J'étouffe ! Je ne peux pas vivre ainsi ; je ne peux pas ! Comprends-tu ? -- Tu perds la tête, tu perds tout jugement et toute mesure, Vicinius ! -- Je ne pense qu'à Lygie. -- Et alors ? -- Alors je ne veux pas de votre manière de vivre, de vos banquets, de vos excès. -- Qu'as-tu enfin ? Es-tu donc chrétien ? Le jeune homme serra sa tête de ses mains et répéta avec désespoir : "Pas encore, hélas ! Pas encore !"

A partir de là les persécutions contre les chrétiens s'intensifient, Néron les accusant d'avoir incendié la Ville Éternelle (il a lui-même ordonné l'incendie, pour qu'il lui apporte l'inspiration de beaux vers...), Lygie emprisonnée, et Vicinius est au désespoir de perdre sa promise pour qui il donnerait sa vie.

La dernière partie du roman est très sombre, après la vie quotidienne des Romains vautrés dans le confort et ourdissant des plans machiavéliques pour conserver les faveurs de Néron, un tyran totalement imprévisible, l'auteur nous fait assister aux épouvantables jeux du cirque, où des bêtes sauvages affamées se jettent sur femmes, enfants et hommes sans défense... avant que les survivants servent de torches vivantes pour éclairer la nuit romaine...! Mais leur religion leur promet la vie éternelle et les somme de pardonner à leurs ennemis : ainsi ils partent en paix, dechaînant encore plus les fureurs du pouvoir en place... Les jeunes amants vont subir les pires infâmies, ce qui renforcera leur amour. On y croise aussi l'Apôtre Pierre et saint Paul de Tarse, prêchant et baptisant les nouveaux convertis. "Plus se répétaient ses victoires de Vicinius sur lui-même, plus elle s'attachait à lui. Pourtant, soumettre sa violence à la discipline chrétienne, le jeune tribun le pouvait sans efforts excessifs. Incliner son esprit à sympathiser avec la doctrine même était autrement ardu. Il n'osait pas mettre en doute l'origine surnaturelle du Christ, ni sa résurrection, ni tous les autres miracles. Mais la nouvelle doctrine détruirait tout ordre, toute suprématie et ferait disparaître toutes les différences sociales. Qu'adviendrait-il alors de la domination et de la puissance romaines ? Les Romains pouvaient-ils renoncer à l'empire du monde, reconnaître comme leurs égaux tout ce troupeau de peuples vaincus ? Non, cela ne pouvait entrer dans la tête d'un patricien."
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Quo vadis ? (Intégrale)

Oeuvre majeure de l’écrivain polonais Henryk Sienkiewicz, Quo vadis ? nous emmène dans la Rome de Néron. Un régal pour tous, amateurs d’histoire ou non.



Dans la version que j’avais en main, publiée chez Flammarion, le plaisir de la lecture commence dès la préface très intéressante écrite par Daniel Beauvois, historien et traducteur, spécialiste de l’Ukraine et de la Pologne. On y apprend que Sienkiewicz avait une vision du rôle de l’écrivain très différente de celle du naturalisme de Zola : « Le roman doit donner force à la vie et non la miner ; l’ennoblir et non la salir ; porter la bonne nouvelle, non la mauvaise. » De ce fait, en écrivant Quo vadis ? en 1895-1896, Sienkiewicz souhaite proposer un livre qui aide les gens à vivre, avec un réel souffle. Cela coïncidait de surcroît avec la période d’occupation que vivait la Pologne (celle-ci n’existait plus comme Etat), où la religion restait un ciment fort. Le livre, traduit dans de nombreuses langues, connut un accueil très favorable, y compris en France, et valut à son auteur le prix Nobel de Littérature en 1905.



Résumer Quo vadis ? serait trop long, aussi souhaiterais-je vous donner quelques éléments de compréhension de l’histoire et surtout quelques raisons de le lire au cas où vous n’auriez jamais franchi le pas.



Le récit se passe donc sous le règne de Néron, quelques dizaines d’années après la mort de Jésus, plus exactement en 64 après Jésus-Christ. Vinicius est un patricien romain qui s’éprend de Lygie, fille du roi des Lygiens (correspondant en fait à la Pologne). Il se confie à son oncle et confident Pétrone, un proche de Néron, qui le conseille pour conquérir la jeune femme. Et nous voici ainsi partis dans une longue histoire puisque l’amour de Vinicius pour Lygie se heurte d’abord à la religion chrétienne, à laquelle se réfère la jeune femme, avant de se confronter aux vicissitudes de l’époque, à savoir le martyre des chrétiens sous Néron.



La chrétienté est l’un des piliers du livre. On y découvre les chrétiens vivant dans la pauvreté, pardonnant à leur ennemis, prêchant l’humilité, la vertu et la miséricorde : on imagine donc sans mal la véritable révolution apportée par cet essor du christianisme. Paul et Pierre font partie du décor du livre ; voici d’ailleurs ce que Vinicius écrit après sa rencontre avec Paul :



"J’avais fait la connaissance la veille d’un homme étrange, un certain Paul de Tarse avec lequel je m’étais entretenu du Christ et de sa doctrine ; sa parole était si puissante que chacun de ses mots me faisait l’effet d’ébranler les bases de notre monde. Ce même homme me rendit visite après le départ de Lygie et me dit : « Lorsque Dieu aura ouvert tes yeux à la lumière, lorsqu’il en fera tomber les taies, comme il a fait tomber la taie des miens, tu sentiras alors qu’elle a agi raisonnablement, et peut-être alors la retrouveras-tu. »



L’un des aspects très intéressants du livre réside dans la description de la vie romaine de l’époque, en premier lieu celle de Néron et de ses courtisans. On y revit les orgies, les déplacements de la cour comportant plus de 10.000 hommes (!) de façon très vivante. Une large place est dédiée à l’incendie de Rome (dont l’origine est attribuée dans ce livre à Néron), le chaos indescriptible qui le suit, et le comportement à moitié fou de l’Empereur qui, hors de Rome, ne veut rentrer dans la ville que la nuit pour saisir toute l’intensité du feu et ne pense qu’aux vers qu’il pourra en tirer :



"Le passé de Rome flambait. Et lui, César, restait là, luth en main, avec le masque de l’auteur tragique. Sa pensée n’allait point vers la patrie près de s’anéantir. Il songeait à la pose et aux périodes pathétiques qui pourraient lui servir à exprimer la grandeur du désastre, provoquer la plus grande admiration et lui valoir le plus d’applaudissements."



Enfin, les pages dédiées au martyre des chrétiens sont très fortes, et à la limite du supportable. Considérés comme responsable de l’incendie de Rome, ils furent en effet arrêtés et livrés à l’appétit des jeux des Romains (« Du pain et des jeux »), et surtout à celui des bêtes sauvages dans les arènes.



A me lire, vous vous dîtes peut-être que ce livre n’est pas pour vous en raison du caractère historique marqué. Si ce dernier est très important, le livre offre beaucoup plus au lecteur : un véritable dépaysement, un fort suspens autour de l’histoire d’amour entre Lygie et Vinicius, et une très jolie exaltation des valeurs qui habitaient les premiers chrétiens et qui sont susceptibles de toucher bien des lecteurs.



Sans grande surprise, vous comprendrez que je vous conseille d’acheter ce livre chez votre libraire ou bouquiniste.
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Quo vadis ? (Intégrale)

Lecteur des écrits chrétiens des premiers siècles, j'ai lu ce très beau livre il y a bien longtemps, et me souviens des frissons et des émotions ressentis. Notre ami Tiptop 92 en a fait une remarquable critique que je reprends volontiers à mon compte en le remerciant. Si je redécouvre cet ouvrage maintenant, c'est que je mets de l'ordre dans ma bibliothèque. Pat
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Janko le musicien

Ianko, Petit Jean, est un enfant si chétif qu'il est miraculeux qu'il est survécu à sa naissance. Il grandit peu mais développe une passion dévorante pour la musique, d'abord celle qui l'entoure, c'est-à-dire les sons de la Nature et de ceux qui la peuplent et ensuite plus particulièrement pour le violon.

Mais dans ce coin de Pologne rurale il n'est pas compris,  il est moqué, repoussé,  puni.

Ce petit conte est le texte qui a rendu célèbre Henryk Sienkiewicz, en si peu de pages j'ai découvert le génie de cet auteur, la beauté de sa plume et l'intense émotion qui s'en échappe.

Très beau et émouvant texte.
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Une idylle dans la prairie

Voici un livre que je n’ai pas lu, mais que j’ai écouté, ce qui est assez inédit pour moi. Henryk Sienkiewicz est surtout connu pour avoir écrit Quo vadis ? et a reçu le prix Nobel de littérature en 1905. Il a aussi écrit plusieurs courts récits, dont cette Idylle qui nous emmène loin de la Pologne, et très près de la Petite maison dans la prairie (les livres, pas la série).

Le narrateur principal, c’est Big Ralph, c’est lui qui va nous raconter le voyage qu’il a dirigé qu’un groupe d’émigrants vers les terres promises de la Californie. Les états qu’ils traversent sont bien connus – de nos jours – et ne nous paraissent pas si dangereux que cela – de nos jours. Pas de grandes villes, pas de villages à l’époque, mais de grandes étendues désertiques, et des tribus indiennes qui n’ont qu’une envie, en découdre.

Big Ralph tombe amoureux d’une jeune femme fragile, Liliane, qui part toute seule pour la californie. Heureusement, deux femmes d’âge mûr la prennent sous leurs ailes. Le narrateur a beau dire que les hommes se montrent respectueux envers les femmes, je crains qu’il ne donne alors une image vraiment idyllique des Américains. Eux-mêmes sont encore des émigrants, des européens venus chercher une vie meilleure de l’autre côté de l’Atlantique.

La traversée des Etats-Unis n’est pas facile, entre les difficultés purement géographiques, les indiens, l’immense fatigue, et les épidémies. Soigner et se soigner est extrêmement difficile, non seulement à cette époque, mais dans ces conditions. Je me suis demandée ce qui avait bien pu pousser Liliane et les autres femmes à tenter l’aventure vers la Californie. Liliane est en tout cas très croyante – comme beaucoup d’européens à cette époque.

Je note aussi cette « fascination » pour le western, bien l’auteur soit polonais. Je terminerai simplement en disant qu’être un cow-boy, c’est mieux qu’être un vacher, même si c’est exactement le même métier.
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Par le fer et par le feu

Vive Babelio pour Masse Critique, et vive Libretto d'avoir réédité ce roman que j'ai dévoré avec bonheur après que Masse Critique l'ait déposé dans ma boite aux lettres.

Henryk Sienkiewicz, je le connaissais uniquement en tant qu'auteur de Quo Vadis: à vrai dire j'étais persuadée, allez savoir pourquoi, qu'il n'avait écrit que ça, et bien 1/j'avais tragiquement tord 2/je ratais quelque chose.



Par le fer et le feu est un beau pavé de 700 pages qui traite du soulèvement de Khmelnytsky, un événement historique tout à fait réel. Pas de panique ceci dit si vous n'en aviez jamais entendu parler (comme moi, décidément à la traîne sur le sujet de la Pologne, ses écrivains et de son histoire) , l'histoire se dévoile peu à peu et que ce soit les personnes réelles ou les individus inventés, le lecteur lambda ne se retrouve pas perdu par tout ce beau monde. Et puis mes félicitations à l'éditeur qui a eu la bonne idée d'inclure des cartes précisant le découpage de l'époque et les lieux de l'action, sans cela j'aurais été un peu perdue dans ces régions où le découpage des frontières est différent de celui d'aujourd'hui.



On comprend très vite les raisons du succès de ce roman : ode à la Pologne écrite à l'époque où celle-ci était privée de son indépendance, empli à la fois d'un souffle épique et d'une certaine poésie, cela a quelque chose d'entraînant, un roman feuilleton au sens noble du terme: palpitant, bien écrit, attachant, avec des pointes d'humour, le genre qui vous fera trépigner et rêver... Le personnage principal a d'ailleurs tout du jeune premier à l'oeil vif récurrent dans ce genre d'oeuvre ! La langue est riche, agréable, jamais lassante et le mélange de figures historiques, comme le cosaque Bogdan Chmielniçki, ou inventées, est bien équilibré, ce qui n'est pas toujours facile dans un roman historique.

Non, la seule chose que j'aurai à redire c'est cela: pourquoi diable un éditeur n'a-t-il pas encore pris en main la publication du Déluge et de Messire Wolodyjowski, romans suivants dans la trilogie que cet auteur a consacré à la Pologne?
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Le Déluge, tome 1

*** Merci à Babelio et aux éditions Trakt pour m’avoir adressé cet ouvrage dans le cadre d’une opération « Masse critique Littératures » ***

Les lecteurs français connaissent bien Henryk Sienkiewicz pour son roman des temps néroniens Quo vadis?, un livre magnifique qui a valu à son auteur le Prix Nobel de littérature en 1905. Le reste de l’œuvre abondante de l’écrivain polonais est en revanche beaucoup moins bien connu chez nous. Et pour cause : une grande partie de sa production n’a été publiée en France qu’au tout début du XXe siècle et était indisponible depuis. Au sein de cette production, la Trilogie, cycle de trois romans se déroulant en Pologne au XVIIe siècle, faisait un peu figure d’exception puisque le premier volume au moins, Par le fer et par le feu, avait été republié, dans une traduction revue et complétée, par les éditions Phébus en 1992. Les deux autres volumes de la Trilogie, Le Déluge et Messire Wołodyjowski, étaient en revanche introuvables depuis longtemps.

Il existe bien, pour qui voudrait chercher un peu, une édition récente en français du Déluge, d’un éditeur peu scrupuleux, un éditeur qui prétend pourtant « œuvrer pour la sauvegarde de la littérature catholique », et qui propose, sans la moindre précision, une version expurgée du Déluge, taillé à merci, réécrit, résumé ici et là, amputé des deux tiers, défiguré : 593 pages pour un roman qui en compte plus de 2 000 !

Il aura donc fallu plus d’un siècle pour que parvienne jusqu’à nous, dans son texte authentique, l’un des grands classiques du roman historique ! On peut en effet espérer qu’après Le Déluge les éditions Trakt auront l’heureuse idée de proposer l’ultime volume du cycle, Messire Wołodyjowski. Mais on peut d’ores et déjà les remercier de nous en offrir le deuxième, et ce dans une traduction nouvelle, dont je suis incapable de juger de la fidélité au texte mais que j’ai trouvée particulièrement soignée. Les notes de bas de page qui mettent en perspective le texte sont bien choisies et très éclairantes, sans jamais alourdir la lecture. L’édition est également très soignée, la pagination suffisante pour aérer le texte, ce qui est très agréable. Il y a même une carte pour nous aider à situer l’action.

Mais revenons à l’histoire ! La Pologne de l’époque n’avait pas grand-chose à voir avec ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Alliée avec la Lituanie sous la dynastie des Jagellons, la Pologne formait aux XVe et XVIe siècles un immense ensemble catholique et était alors à son apogée. L’« âge d’or » polonais se prolonge pendant la première moitié du XVIIe siècle. Cas unique à l’époque, une sorte de fédération avant la lettre réunissait officiellement, depuis 1569, le royaume de Pologne proprement dit et le Grand-duché de Lituanie sous le nom de « République des deux nations », un bien curieux nom pour une monarchie, bien qu’elle fût élective. C’était alors le plus vaste État d’Europe. Il couvrait le territoire polonais actuel, moins la Poméranie et la Silésie, à quoi il fallait ajouter les terres baltes, biélorusses et une grande partie de l’Ukraine jusqu’au Dniepr. Depuis la mer Baltique jusqu’à la mer Noire, c’est toute l’Europe orientale qui était alors sous domination polono-lituanienne.

Ce trop grand État suscitait naturellement la convoitise de ses voisins. Les Polono-lituaniens devaient lutter contre les protestants de Suède ou d’Allemagne, les orthodoxes de Russie et les « infidèles » ottomans et tatars. Une série de plusieurs grands conflits militaires débute en 1648, l’année même où les puissances de l’Europe occidentale mettaient un terme à la guerre de Trente Ans par les traités de Westphalie. Ces trois guerres qui ont ravagé la Pologne au XVIIe siècle et affaibli progressivement la République constituent la toile de fond de la Trilogie. Bien que je sois féru d’histoire, j’avoue que je ne connaissais strictement rien de ces guerres, pas même leur nom. Le premier conflit est une guerre civile : le soulèvement des Cosaques d’Ukraine, qui marque le début de l’ingérence russe dans les affaires polonaises, traité dans Par le fer et par le feu. La guerre polono-turque est le sujet de Messire Wołodyjowski. Elle voit le roi de Pologne, venu au secours des Habsbourg et de la chrétienté, écraser les Turcs sous les murs de Vienne en 1683.

Le Déluge a pour thème la Première guerre du Nord (1655-1660) qui débute par l’invasion suédoise de 1655, avec le soutien initial de la Prusse. Comme ce billet, Le Déluge est long, très long ! Après ce premier volume, le deuxième tome doit paraître au printemps, puis le troisième à l’automne. On ne lit donc ici qu’un neuvième de la Trilogie !! Malgré cela, j’ai beaucoup apprécié ce premier tome. Si vous aimez les romans historiques, vous allez adorer celui-ci. Il raconte l’histoire de la Pologne comme si vous y étiez, avec la participation de personnages historiques réels et d’autres inventés. Si on n’est pas polonais, cela permet de s’intéresser à ce pays et à son histoire.

Il est vrai qu’il aurait mieux valu lire d’abord Par le fer et par le feu, puis enchaîner avec celui-ci, mais ce qui est fait est fait. J’ai cru comprendre que chaque volume était relativement indépendant. Bien sûr, il faut savoir apprécier le style d’écriture, qui peut paraître désuet par moment, mais c’est mon cas ! La prose est riche, les pensées et les sentiments des personnages sont bien rendus. Les intrigues amoureuses sont tissées dans l’histoire des batailles et des intrigues politiques de l’époque. C’est de la littérature divertissante comportant de nombreux rebondissements, on se croirait chez Dumas parfois. L’auteur crée des personnages hauts en couleur et donne vie à l’époque et aux événements historiques réels. La seule difficulté est qu’il faut s’adapter aux noms propres polonais qui sont bien difficiles à mémoriser.
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Quo vadis ? (Intégrale)

L'amour rend chrétien.

L'amour fou de soi rend incendiaire.

L'amour se sacrifie.

Cherchez le ou les intrus.



Je ne crierai pas au chef-d'oeuvre, je ne suis pas tombé amoureux de ce livre. Je pense qu'en termes de descriptions et de capacité à rendre vivant des tableaux-villes-époques un Victor Hugo est largement supérieur.



Néanmoins, quand on lit ce livre, on ne peut que constater qu'il a pu en inspirer beaucoup.

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Un livre puissant où on retrouve tous les ingrédients pour passer un bon moment, l'amour, la haine, l'histoire dans l'Histoire. Un livre qu'on lit presque comme on regarde un documentaire. Les premiers temps du christianisme avec toute l'horreur des persécutions et des massacres.
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Quo vadis. Powieść z czasów Neron

Traduction : Bronislaw Kozakiewicz & Jean-Luc de Janasz, revue par Maria Zurowska & Yves Avril

Responsables de Publication : Michel Zink & Michel Jarrety

Introduction & Notes : Yves Avril



ISBN : 9782253160779



Cet ouvrage, j'ai dû le lire pour la première fois il y a quarante-deux ans , dans la version, alors expurgée à l'intention de la jeunesse, qu'en donnait "La Revue Blanche." J'avoue avoir de beaucoup préféré cette traduction, désormais revue et ici donnée dans son texte intégral. J'ajouterai que je regrette par contre d'avoir relu ce merveilleux roman dans la sinistre époque que nous traversons. Mais peut-être ai-je tort : telle quelle, cette édition du "Livre de Poche" conforte, raffermit le désir de retrouver une religion que ne pratiquent plus depuis longtemps les successeurs de Pierre et aussi de se battre pour elle, fût-on, comme je le suis et tiens à le rester, un petit mouton noir sarcastique et mal-pensant par essence. ;o)



"Quo Vadis ?" est un livre catho," me disait récemment, avec un incommensurable mépris, quelqu'un qui ne l'avait jamais lu. Dans la mesure où ce roman traite effectivement des tout débuts du christianisme et des persécutions entreprises par Rome contre cette nouvelle religion qui ne voulait pas s'incliner devant les autres dieux (rappelons que, sur ce plan, les Romains étaient plutôt tolérants, au point d'emprunter des idoles aux peuples conquis et de les placer dans leurs propres temples après les avoir "romanisées"), cette définition est exacte, en tous cas sur le fond. Mais cela s'arrête là. Si propagande chrétienne il y eut de la part de l'auteur (après tout, Sienkiewicz était polonais, c'est-à-dire fils de cette nation qui, après tant de partages entre tant de grands pays - rappelez-vous la honteuse trahison des Européens envers elle dans les années trente - vient de rappeler M. Macron à la raison sur la question de la nécessité des frontières et du souverainisme), elle a au moins le mérite, dans cette version fluide et rajeunie par les soins de Maria Zurowska et Yves Avril, de ne sombrer ni dans l'excès, ni dans le gnan-gantisme, deux phénomènes que j'abhorre quand il est question de littérature et de discours. ;o(



Ergo, si vous prenez la peine de lire ou de relire "Quo Vadis ?" en faisant un effort pour garder la tête libre des critiques négatives d'autrui ainsi que de vos a-priori personnels, vous constaterez qu'il s'agit là tout d'abord d'un extraordinaire roman historique. Si Sienkiewicz donne la victoire finale au Christianisme (victoire inscrite d'ailleurs dans l'Histoire), il n'en admire pas moins la grandeur et les fastes de la civilisation romaine et expose, sans aucune haine, avec logique, un fait qu'on reproche souvent aux "païens" : la morale qu'ils suivaient (ou tentaient de suivre) ne croyait plus depuis belle lurette à la puissance de leurs propres dieux, s'était rejetée vers les grands philosophes grecs et, impressionnée par la civilisation héllène, effectivement l'une des plus prestigieuse de notre héritage , manifestait un faible marqué pour la beauté et la force. Pareilles tendances ne pouvaient amener les hommes de cette époque qu'à laisser éclater l'amour du sang qui sommeille en nous et faisaient la part belle aux psychopathes et aux sadiques.



Notons d'ailleurs au passage que, par la suite, si le Christianisme a évolué, et pas toujours en bien, ni les psychopathes, ni les sadiques n'ont disparu de l'univers. Cela, bien sûr, Sienkiewicz, qui obtint le Prix Nobel en 1905, ne se permet pas de l'écrire. Mais reconnaissons-lui quant à nous l'excuse que, né en 1846, il allait mourir en pleine Grande guerre et rater un nombre de choses très intéressantes sur le Mal se déchaînant au XXème siècle - et en ce début du XXIème.



L'étincelante distribution de "Quo Vadis ?" recèle d'ailleurs un certain nombre de grands rôles qui démontrent l'ambiguïté de la pensée de l'auteur. Disons les choses telles qu'elles sont, on ne se désintéresse pas vraiment de Vinicius et de ses amours contrariées pour Lygie la Chrétienne tant que le tribun romain conserve quelque chose de sauvage et de martial. Cette force de caractère, on l'admire encore quand on la voit se heurter tout d'abord à sa Foi montante et même quand, l'ayant enfin acceptée, il demeure convaincu que le Christ sauvera des arènes et Lygie et Ursus. Entre ce "mouton noir" (ma foi, oui, j'y tiens car c'est un révolté !) et le Dieu qui s'intéresse à sa révolte, il existe une puissance dont le fond est similaire. Pour s'imposer, c'est d'hommes et de femmes comme Vinicius dont la nouvelle religion a besoin. Leur caractère guerrier (même si le Christ a prêché la douceur), leur esprit stratégique, leur bravoure aussi, leur fierté qui, dès lors que le combat est achevé, admet de s'humilier devant la Divinité, les rend précieux car, en parallèle, tout cela s'accompagne d'un sens inné des responsabilités. Humains imparfaits, certes, ils le sont, mais ils savent le reconnaître et ne demandent pas mieux de s'améliorer. Néanmoins, des personnages comme Vinicius font penser à cet Hindou né guerrier, c'est-à-dire appartenant à la caste des Kshatriya ; un jour, non par lâcheté mais par inquiétude sur son devenir spirituel, il va consulter un brahmane car il se demande s'il accomplit vraiment son devoir en tuant l'ennemi ; et le brahmane de lui répondre avec sagesse : "Si tu le fais sans haine personnelle, uniquement parce que tu accomplis ton devoir de Kshatriya, tu n'as rien à redouter des dieux. Fais ton devoir et agis selon ta conscience : être un guerrier n'empêche pas d'éprouver de la pitié."



Toutefois, quand Vinicius, Lygie et Ursus sont saufs et prêts à répandre la Bonne parole en Sicile, il est vrai que le lecteur se sent un peu las.



Non, les véritables "héros", si l'on peut dire, ce sont tout d'abord Pétrone et Néron (oui, Néron, qui est loin, tant dans la réalité que dans les romans, d'être un personnage simple) et, immédiatement après eux, Crispus, Chrétien et martyr certes mais qui symbolise ce que le Christianisme, en se mêlant du temporel, deviendra pour certains (et l'est encore de nos jours, y compris et avant tout, d'ailleurs, dans la Ville Eternelle) et Chélon, le Grec traître et délateur qui finira éclairé par la Grâce. Tous tant qu'ils sont, ces personnages vont subir eux aussi une mutation, liée plus ou moins directement à la montée en puissance de la religion nouvelle.



Au début, Petrone, "Elegantiarum Arbiter" ("L'Arbitre des Elégances") et auteur du "Satyricon" qu'il vient tout juste de publier plus ou moins anonymement dans les premières pages, apparaît comme un partisan absolu du fameux "Carpe Diem." D'une intelligence aiguë, extrêmement cultivé, le ton volontiers incisif et le sens de l'ironie (une ironie qui ne rate jamais sa cible) toujours en éveil, il privilégie le culte de la Beauté dans tout ce qu'il fait, dit et achète. On notera cependant que, toutes les fois qu'il a occupé une charge importante, cet homme qui se définit comme un paresseux-né s'est montré excellent gestionnaire et guerrier. Raffiné oui mais en rien efféminé, il aime par-dessus tout les joutes verbales. Oncle de Vinicius, il porte au jeune homme une affection sincère mais dans laquelle certains dénoteront à coup sûr une pointe d'homosexualité. Aussi convient-il de rappeler que Pétrone aimait tendrement sa sœur, mère justement de Vinicius.



Il est amusant de voir combien le Christ l'agace alors que, finalement, entre "Carpe Diem" et "A chaque jour suffit sa peine", il n'y a pas grande différence. La morale de Pétrone étant de vivre et de laisser vivre, il respecte l'évolution de son neveu (même si elle lui porte parfois sur les nerfs en lui rappelant la gravité de l'existence) et, en sa qualité de favori de Néron, il fait tout son possible pour aider le jeune homme à contrer les plans diaboliques de l'Empereur envers les Chrétiens. Sa fin, aux côtés d'Eunice, "qui l'aura vraiment aimé", comme il l'admet, est digne de l'élégance, du courage et de la fierté de ce patricien qui, jamais, ne trembla ni ne s'humilia devant César. Simplement, il sait que le temps est venu, pour lui comme pour l'époque, de "passer à autre chose" et cette "autre chose" ne l'intéresse pas. Admirablement interprété au cinéma par un James Mason quasi impérial, Pétrone, même dans la coulisse, est peut-être le seul véritable héros de "Quoi Vadis ?"



Au fils d'Agrippine la Jeune, qui se proposa, dit-on, à lui, pour conserver le pouvoir, à l'Empereur déjà étouffé de graisse et qui, après la mort de Sénèque et de Pétrone, ne se retiendra plus du tout sur la pente savonneuse du Mal, revient, semble-t-il à jamais et dans l'Histoire, le rôle d'anti-héros. Fils de Lucius Domitius Ahenobarbus et d'Agrippine, il doit à la parenté de celle-ci avec Caligula (dont elle était la sœur et fut probablement la maîtresse) ainsi qu'au remariage de sa mère avec son oncle, Claude, qu'elle fit empoisonner après avoir évincé (par un autre assassinat) l'héritier légitime, Britannicus, d'avoir pu coiffer la couronne impériale. Solidement éduqué par le grand Sénèque, Néron était loin d'être sot. On le dit fou mais Sienkiewicz ne l'affirme pas. Que Néron ait mis sa folie en scène est une autre histoire. Quoi qu'il en soit, avec l'enfance chaotique qui fut la sienne, ses ancêtres maternels, la violence innée de son père, et les menées d'Agrippine elle-même, mère abusive sur tous les plans, Néron, qu'on le veuille ou non, avait de quoi "mal tourner." Divinisé comme tous les Empereurs de son vivant même, il ne semble avoir eu que trois passions vraiment sincères : la poésie, la musique et le théâtre. Si, selon ce fin connaisseur qu'était Pétrone, nombre de ses vers étaient loin d'être mauvais, il était par contre tout aussi loin de prétendre au génie qu'il espérait. Seulement, comme il était César et Dieu sur terre, les flagorneurs ne cessaient de lui répéter qu'il était le meilleur ... Y croyait-il ? Cela est une autre histoire qu'il emporta avec lui dans la Mort. Mort qu'il n'eut pas le courage de se donner et que lui infligea Phaon, l'un de ses affranchis, qui, lui-même, se suicida sur le corps de son empereur.



Dans le roman de Sienkiewicz, il est bon de lire et de relire les échanges avec Néron et les avis qu'il donne parfois et qui sont "bruts de décoffrage", c'est-à-dire quand il ne joue pas son rôle d'Empereur - ce qui est rare. On y découvre une finesse et un mépris des "augustans" (ses courtisans) qui incitent à se pencher sur cette énigme de l'Histoire bien qu'on ne puisse s'empêcher de faire la grimace devant son sadisme indéniable. Rappelons toutefois qu'on ne prête qu'aux riches et que les histoires colportées sur la cruauté de Néron ne sont peut-être pas toutes véridiques ...



Crispus, Chrétien chez lequel se réfugie Lygie au début de l'ouvrage, est d'abord assez sympathique avant de laisser percer ces traits de fanatique qui valent bien, dans le camp adverse, ceux d'un Tigellin. Jusque dans l'arène, il invite ses coreligionnaires à redouter la justice de Dieu. On sait ce que cela donnera plus tard dans notre religion : tout d'abord justement, même si l'on n'en est pas sûr, ceux qui prêtèrent à Néron des actes qu'il n'avait peut-être pas commis, puis, bien plus tard, l'Inquisition et ses tortures, sans oublier le calvinisme froid et implacable ... En dépit de la douceur que l'auteur lui accorde dans ses dernières paroles, Crispus reste antipathique. (Enfin, c'est mon avis. ;o) )



Quant à Chélon, il aurait pu être un traître sans éclat, un délateur sans prestige. Mais ce Grec qui a passé sa vie entre pauvreté et filouteries diverses, point sot et qui connaît bien des choses, possède une âme tourmentée qu'il s'évertue d'ignorer depuis des années et des années. Par vengeance contre Vinicius, il dénonce les Chrétiens comme incendiaires de Rome mais, devant l'horreur des supplices infligés et bien que devenu "augustans", il se révolte, pointe en public Néron comme le seul responsable et confesse appartenir désormais à la foi suppliciée. Ira-t-on trop loin en croyant voir en ce Chélon Chélonidès intelligent, cultivé et doué une sorte de "double" de Néron, chargé de nous rappeler que, aux yeux du Christ, le Pardon est toujours possible ? En d'autres termes, et bien que l'auteur se garde soigneusement de poser la question qui en fâcherait plus d'un, Dieu a-t-Il pardonné à Néron ? Et, au-delà de Néron, a-t-Il pardonné à Judas sans qui le Christ n'eût pu accomplir Son destin ? ...



Oui, "Quoi Vadis ?" est un roman subtil, bien plus subtil que certains ont voulu le présenter. Et sans doute est-il bon de le lire dans cette traduction corrigée et intégrale, qui rend au texte toute sa puissance initiale A notre époque et pour les néophytes, cela permet de revenir en douceur aux valeurs du Christianisme primitif qui prêche évidemment la Bonté et l'Amour du Prochain mais qui n'empêche pas Ursus de combattre et de tuer pour défendre Lygie. Une œuvre complexe à plus d'un titre, qui se déroule dans un monde complexe, qui parut à une époque déjà très complexe et qui nous revient aujourd'hui, alors que nous avons l'impression, un peu comme sous Néron, que le monde marche sur la tête. Un livre à lire parce que, au-delà de toute religion, il jaillit, éblouissant, comme un hymne d'espoir en l'Homme. ;o)

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Quo vadis ? (Intégrale)

Rome. L’an 816 après sa fondation ou l’an 63 après la naissance du Christ. Sénèque et Lucain sont sur le point d’être contraints au suicide et les apôtres Pierre et Paul de connaître leurs martyres. Rome incendiée, le christianisme persécuté et toute l’Histoire du monde à son carrefour. Comment un roman – sur ce mystérieux commencement ou ce début de la fin qui verra un empire s’effondrer et une vague petite secte triompher – comment ce roman ne pourrait-il pas être au moins intéressant ? Toute la fine fleur de Rome de l’époque y est réunie, rien que quelques empereurs, quelques-uns des plus prestigieux philosophes et écrivains romains, quelques apôtres, quelques évêques de Rome ! Le sujet est grandiose, écrasant, certainement l’un des plus importants de notre ère.

Toute cette grande Histoire est revue par la lorgnette d’une petite histoire. L’histoire d’amour entre un romain païen mue par une passion sans frein et une jeune chrétienne originaire de l’actuelle Pologne. Ils s’aiment depuis leur première rencontre, Vinicius furieusement, Lygie timidement. Le problème étant que Vinicius est complètement étranger à la nouvelle doctrine chrétienne, tandis que Lygie n’envisage pas de vivre son amour pour Vinicius hors de l’amour du christ, d’où leurs tergiversations un peu lassantes dans la première moitié du roman alors qu’on se doute comment leur histoire finira, à peu près.

A côté des deux amoureux, il y a le cas intéressant de Pétrone. Il tient un rôle important en tant qu’ami et oncle de Vinicius, mais aussi proche conseillé de Néron. Sienkiewicz a fait de lui un esthète heureux, l’arbitre des élégances, qui fait davantage penser à l’esthète kierkegaardien qu’au véritable Pétrone auteur du Satyricon. Il traverse la vie paisiblement, indifférent au bien et au mal, mais fuyant les laideurs de la vie et se contentant d’en jouir au maximum. Contrairement à Néron et à la plupart des païens de ce roman il n’est ni cruel ni vicieux. Il ne devient pas chrétien pour autant car il ne supporte pas la contrition qu’elle implique et ce qui lui paraît être une hideuse tristesse, mais il regarde cette religion avec bienveillance. C’est à lui que Sienkiewicz donne le mot de la fin.

Un roman intéressant, mais pas exceptionnel. Le principal défaut tient surtout dans le fait qu’il a été publié en feuilleton et ça se ressent. Il y a assez souvent des répétitions de chapitre en chapitre, des rappels, et tout ça traîne en longueur.

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Quo vadis ? (Intégrale)

Marcus Vinicius, centurion romain, est accueilli blessé, dans la maison d'Aulus et de Pomponnia, à son retour de campagne. Il y rencontre Callina qui se fait appelée Lygie et qui est otage de Rome. En effet, elle a été remise, par son père le roi des Lygiens, à Aulus. Marcus est sous le charme de la jeune fille et voudrait en faire sa concubine. Tout de fois, Lygie, adepte d'une nouvelle religion, le christianisme, refuse les avances du jeune homme. Si Vinicius la veut sous son toît, il devra faire d'elle son épouse selon les rites du christianisme.

J'ai beaucoup apprécié ce livre qui nous ramène à la Rome antique (déjà en pleine décadence) et au christianisme.

On nous présente l'empereur Néron, sanguinaire et mégalomane, qui n'a pas hésité à brûler Rome pour pouvoir transformer cet événement en chanson. Néron aurait-il du se contenter d'être poète au lieu d'empereur?

Quo Vadis nous raconte aussi le début du christianisme, où les chrétiens devaient se cacher pour célébrer leur culte. Nous assistons au premier moment d'une religion qui fait partie aujourd'hui des plius importante au monde et il est étonnant de voir à quel point la vie des premiers chrétiens était difficile.



Challenge 15 Nobels: 6/15
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Quo vadis ? (Intégrale)

J'avais lu et adoré la version abrégée de la Bibliothèque verte quand j'avais dix ans et j'ai profité de mes vacances pour redécouvrir ce roman.

Et, clairement, mon regard dessus à beaucoup changé.

Je reconnais le style et le talent de l'auteur, sans aucun doute, mais l'histoire est vraiment terrible et assez malsaine, beaucoup plus que dans mon souvenir. Et il faut lire avec une immense distance, remettant la langue employée et les personnages dans un contexte historique, sinon on s'étouffe devant le racisme et le sexisme dans laquelle marine l'histoire.

Mais, malgré ces deux gros défauts, je dois donner un bon point au protagoniste, Marcus, qui s'améliore réellement tout au long des quelques 600 pages du roman afin d'être digne de celle qu'il aime et qui refuse de le fréquenter tant qu'il ne change pas. Et, pour le 19ème siècle, c'est moderne homme qui fait l'effort de corriger ses défauts et reconnait ses erreurs et tords envers une femme !

Enfin, j'ai quand même trouvé l'histoire captivante et c'était un réel plaisir de redécouvrir ce roman.

l'auteur a fait un travail de recherche remarquable afin de rester au plus près des faits relatés par les auteurs Antiques tout en tissant ses propres intrigues dans l'Histoire. les descriptions de Rome, du palais impérial et des jeux sont incroyablement vivantes et bien écrites.
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Janko le musicien

Petit conte qui fit découvrir Henryk Sienkiewicz, auteur de Quo vadis, prix Nobel de littérature en 1905.

Petit conte sur le monde paysan de la Pologne du 19e siècle.

Petit conte sur un enfant maladif qui aimait trop le violon.

Petit conte qui incite à aider ceux qui sont à proximité avant de chercher plus loin.



Mais l'intérêt réside sans doute dans l'omniprésence de la musique, notamment dans le chant de la nature.



Un petit exemple pour l'illustrer : « Les pins, les hêtres, les bouleaux, les merles dorés, la forêt toute entière jouait, chantait. Et quelle musique merveilleuse ! … le moindre brin d'herbe avait sa chanson ; les moineaux qui pépiaient dans le griottier, près de la cabane, avaient une mélodie particulière. le soir, il écoutait les mille bruits de la campagne, dans le sommeil de la terre. Si on l'envoyait dans les champs épancher le fumier, le vent lui-même s'amusait à siffler et à gronder dans les fourches ».

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Janko le musicien

Cette nouvelle ultra-courte (douze pages) a rendu immédiatement son auteur très populaire en Pologne. Et ce n’est pas étonnant : c’est une histoire triste, et d’une infinie tendresse en même temps. Nous découvrons un peu de la vie villageoise dans un coin de campagne pauvre de la Pologne de la deuxième moitié du XIXème siècle. Les paysages bucoliques et sylvestres sont remarquablement rendus avec les yeux ou plutôt les oreilles d’un enfant chétif et attiré par la musique, Ianko. La fin est terrible, et la chute du récit nous laisse entrevoir le gouffre qui sépare les propriétaires terriens de la vraie vie villageoise. Une petite perle, vraiment très différente de Quo vadis, plutôt dans l'esprit des nouvelles de Maupassant.
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Par le fer et par le feu

Roman fleuve, riche en descriptions de batailles et d'ambiances guerrières, il offre une belle leçon d'histoire avec la touche romanesque que l'on rencontre aussi par exemple chez Jules Verne ( il est difficile de ne pas penser à Michel Strogoff, roman antérieur à celui-ci). Manque cependant un petit supplément d'âme, même si les personnages sont attachants, du héros tourmenté mais droit dans ses valeurs aux personnages truculents et autres hommes d'honneur. Cependant la lecture est agréable et on suit ces aventures innombrables avec plaisir.
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Quo vadis ? (Intégrale)

Quo vadis? est un roman historique qui décrit un impossible amour entre un romain patriote, Vinicius, et la belle chrétienne Lygie, sous fond du règne de Néron et des persécutions subies par les chrétiens, roman pour lequel Sienkiewicz a reçu le prix Nobel.



J’ai apprécié la description de la transformation de Vinicius et de son amour pour la belle Lygie ainsi que l'écriture du livre qui fait ressortir le romantisme de cet amour pur (parfois un peu désuète et naïve j'en conviens), mais je dois admettre que, n'ayant pas un attrait aussi poussé pour la religion, j'ai été déçue par la suite du roman qui m'est apparue comme trop manichéenne.



J'ai beaucoup appris quant aux tortures infligées aux chrétiens mais l'opposition entre les romains assoiffés de sang et les chrétiens, tous décrits comme des martyrs affrontant la mort sans peur, était trop répétitive à mon goût.



Malgré tout, ce livre est à conseiller pour ceux qui souhaitent davantage connaitre cette période historique (le règne de Néron, l'incendie de Rome) et qui ne fuient pas devant un hymne à la chrétienté.
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