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Critiques de Honoré de Balzac (3277)
L'élixir de longue vie (précédé de) El verdugo

Nouvelle courte d’Honoré de Balzac, construite sur une boucle parfaite. Le contexte est l’Espagne envahie par les troupes napoléoniennes.

Le pitch : un jeune officier français, Victor Marchand, est tiraillé entre sa fidélité pour l’Empereur et son amour pour une jeune noble espagnole. Est-ce de la trahison ? Lui le pense. Clara, l’objet de son amour ne voit pas les choses du même oeil. Ses frères Juanito l’aîné, Philippe le second et Manuel le petit dernier, ne voient dans Victor Marchand qu’un envahisseur qu’il faut exterminer..



A Menda, petite ville au bord de l’Atlantique, le marquis de Leganès, a reçu du roi d’Espagne la charge de bourreau, Le verdugo en Espagnol.

Le commandant Victor Marchand y est cantonné : « Le clocher (…) venait de sonner minuit. »

Il fume, surveille l’horizon, la tête ailleurs, l’état major craignait que «  (…) les Anglais ne débarquassent prochainement sur la côte. »

Lui ne pense qu’à la fille du marquis : « Clara était belle ». Dans le château un bal se déroule. Certainement destiné à détourner l’attention pense le lecteur avisé.

Ce qui devait arriver arriva :

« Les instruments et les rires cessaient de se faire entendre dans la salle du bal. »

« Les rayons blanchissants de la lune lui permirent de distinguer des voiles à une assez grande distance. Il tressaillit, et tâcha de se convaincre que cette vision était un piège d’optique offert par les fantaisies des ondes et de la lune. »

Un soldat vient le prévenir :

« Aussi, mon commandant, ai-je découvert à trois pas d’ici, sur un quartier de roche, un certain amas de fagots. »

« Il était sans épée. Il comprenait que ses soldats avaient péri et que les Anglais allaient débarquer. Il se vit déshonoré s’il vivait, il se vit traduit devant un conseil de guerre ; alors il mesura des yeux la profondeur de la vallée, et s’y élançait au moment où la main de Clara saisit la sienne.

– Fuyez ! dit-elle, mes frères me suivent pour vous tuer. Au bas du rocher, par là, vous trouverez l’andalou de Juanito. Allez ! »



Victor Marchand a commis l’irréparable. Il a été épargné par la fille des traitres. On soupçonne le marquis de vouloir fomenter un coup d’état en faveur d’Alphonse VII.

Le jeune français se précipite au « quartier du général G..t..r, qu’il trouva dînant avec son état-major.

– Je vous apporte ma tête ! s’écria le chef de bataillon en apparaissant pâle et défait. »

Le général rassure Marchand sur le sort qui lui sera réservé, mais le charge d’une mission horrible :

« Les membres de la famille de Leganès et les domestiques furent soigneusement gardés à vue, garrottés, et enfermés dans la salle où le bal avait eu lieu. »

Il doit obtenir les aveux des Leganès, mais il est faible devant eux. Il se fait leur porte parole :

« Ils demandent encore qu’on leur accorde les secours de la religion, et qu’on les délivre de leurs liens ; ils promettent de ne pas chercher à fuir. »

« Clara prisonnière sur sa chaise. Elle sourit tristement. L’officier ne put s’empêcher d’effleurer les bras de la jeune fille, en admirant sa chevelure noire, sa taille souple. C’était une véritable Espagnole : elle avait le teint espagnol, les yeux espagnols, de longs cils recourbés, et une prunelle plus noire que ne l’est l’aile d’un corbeau.

– Avez-vous réussi ? dit-elle en lui adressant un de ces sourires funèbres où il y a encore de la jeune fille. »

Hélas la médiation de Victor ne peut aboutir. La sentence est sans appel et la plus cruelle qui soit, celui qui a la charge de bourreau devra l’exécuter, Juanito, le fils aîné du marquis.

« Clara vint s’asseoir sur ses genoux, et, d’un air gai :

– Mon cher Juanito, dit-elle en lui passant le bras autour du cou et l’embrassant sur les paupières ; si tu savais combien, donnée par toi, la mort me sera douce. Je n’aurai pas à subir l’odieux contact des mains d’un bourreau. »

« Une heure après, cent des plus notables habitants de Menda vinrent sur la terrasse pour être, suivant les ordres du général, témoins de l’exécution de la famille Leganès. »

Qu’adviendra-t-il de la belle Clara ? Victor parviendra-t-il à lui éviter la mort ?

Pour le découvrir, lisez El Verdugo, une nouvelle où Balzac s’essaie au récit court, avec bonheur.
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Une ténébreuse affaire

Ténébreuse, en effet mais très éclairante.



Honoré de Balzac, auteur dont je commence à mesurer l'ampleur de son oeuvre, nous propose ici un roman historique sous le Consulat, puis l'Empire et terminant avec la Restauration. A cette époque les conspiration sont très nombreuses contre Napoléon tel que l'attentat de la rue Saint-Nicaise. Une famille est donc mêlé dans une affaire de conspiration où les intérêts politiques corrompent la Justice.



J'aime beaucoup cette époque, et j'aime beaucoup Napoléon je le reconnais. Du coup j'ai pu m'instruire grâce à ce livre. En effet Balzac fait un véritable travail d'historien. Il cherche, il furete, il fouille pour arriver à une oeuvre très riche en histoire malgré quelques inadvertances.



Au delà de ce travail, le récit est rondement lié, qui donne une lecture très sérieuse mais au final un grand plaisir ! Encore ravi de Balzac.
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Le Lys dans la vallée

Le lys dans la vallée raconte l’histoire d’amour platonique entre Félix de Vandenesse et Mme de Mortsauf. Ce roman a une teneur autobiographique, puisqu’en effet, Balzac se servira beaucoup de son propre vécu pour décrire les actions et les sentiments de ses personnages.

L’histoire en elle-même est universelle : de l’amour, du je t’aime moi non plus, des chagrins d’amour, de l’espoir… Le genre d’histoire intemporelle, dans laquelle on peut se retrouver à n’importe quelle époque. Et en principe, ça marche plutôt bien. Et d’ailleurs, sur le fond, j’ai trouvé cette romance platonique plutôt pas mal.



Le problème, c’est que c’est Balzac qui l’a écrite, et moi, je n’aime pas le style Balzac…

Tout d’abord, j’ai trouvé le style lourd, désuet, empoté… Alors certes, ce roman a été écrit vers la moitié du 19ème siècle et la langue a évolué depuis… mais pourtant, quand je lis Victor Hugo, je n’ai pas cette impression de vieillerie !

Ensuite, il y a ces descriptions à n’en plus finir. Et ça, mais qu’est-ce que ça m’a gavé !!! Pourtant, en soi je n’ai rien contre les descriptions, il y a même des romans dans lesquels je les trouve magnifiques, même si elles durent sur plusieurs pages. Mais là, non. J’ai l’impression qu’il se perd en détails inutiles, et ça m’ennuie.

Et puis, Balzac donne à cette histoire un côté dramatique que je trouve exagéré. Tous les sentiments me semblent exagérément amplifiés, ce qui allourdit d’autant plus le style déjà bien pesant en soi.



Vous l’avez compris, je ne garderai pas un merveilleux souvenir de cette lecture, et tourner la dernière page fut un grand soulagement pour moi…
Lien : http://voyageauboutdelapage...
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Le Père Goriot

Partie des Scènes de la vie privée, Le père Goriot est l'occasion pour Balzac de dénoncer le pouvoir de l'argent. Roman d'éducation, le roman met en scène un jeune homme - Eugène de Rastignac - qui fait son entrée dans le monde et en découvre les abîmes les plus immorales. C'est ce Rastignac qui est le personnage principal du roman, lequel est aux prises avec les deux passions de l'homme : les femmes et l'argent.

Le père Goriot, lui, est la figure du père éternel qui se sacrifie à ses filles. Ayant permis leur ascension sociale, il subit leur mépris teinté d'amour tout en continuant de se ruiner pour elles. Continuant de croire au dévouement de ses filles, il tentera de rapprocher l'une d'elles, Delphine, d'Eugène de Rastignac, cependant qu'il perdra ses illusions peu à peu sur leur sentiment filial. Son sort inspirera Eugène de Rastignac et lui servira de leçon avant de rentrer dans le monde.
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Le Colonel Chabert

S'il n'y avait qu'une citation tirée de ce roman De Balzac pour résumer ce livre, ce serait celle-ci : "J'ai été enterré sous des morts, mais maintenant je suis enterré sous des vivants, sous des actes, sous des faits, sous la société tout entière, qui veut me faire rentrer sous terre ! " Roman dans lequel un colonel laissé pour mort lors d'une bataille revient parmi les siens dix après et combat maintenant pour retrouver son identité.

Roman passionnant doté de forte Nature Humaine.

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Le Colonel Chabert

Le Colonel Chabert est une relique sortie tout droit d'une autre époque. Par conséquent indésirable. Il arrive dans une nouvelle société qui ne reconnait plus rien de l'ancienne. Comme il est désagréable qu'un mort ne reste pas mort! Lui qui était enterré sous des morts, il se fait enterré sous des vivants. D'ailleurs les os et la boue sont des objets qui le suivront jusqu'à la fin. Contrairement à Ulysse, personne ne l'attend. C'est un homme qui ne connait que la valeur de la parole et de l'honneur. La seule écriture qu'il connaît est celle des cicatrices. Il dit la vérité, il est donc incroyable. En psychanalyse, on appelle cela le retour du refoulé. Mais qui peut vraiment se dire le refoulé de personne? Gare à celui qui voudrait revenir après son trépas, il en sera bien déçu...
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Le Père Goriot

ISBN : 978-2253085799



Au zénith du mélodrame et pourtant impérial, criant de vérité avec une telle franchise qu'il n'hésite pas à en frôler les limites de l'inceste, en tous cas mental, sublime de grandeur au plus noir de son désespoir, hérissé çà et là, par la grâce du franc-parler sans pareil d'un Vautrin et de la sottise, à la fois candide et rusée, d'une Mme Vauquer (née de Conflans, s'il vous plaît, Messieurs-Dames : inclinez-vous et applaudissez ! ), d'un humour féroce, tout à fait conscient chez le premier mais absolument ignoré de la seconde même quand elle en fait preuve (tel M. Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, Mme Vauquer, elle, fait de l'humour dans l'ignorance la plus totale de ce mot ), voici donc que s'avance à notre rencontre celui que l'on tend à considérer comme LE chef-d'oeuvre d'Honoré de Balzac : "Le Père Goriot."



Regardez-le bien, cet homme timide et modeste, cette âme simple capable de la plus prodigieuse, de la plus généreuse des abnégations, qui s'acharne à rentrer dans le Néant afin que ses filles adorées puissent mieux se prétendre sorties de la cuisse de Jupiter, et qui s'éteint enfin en nous prouvant, dans un suprême éclair de lucidité, que, depuis le début - dix ans maintenant, dix ans d'esclavage et de rejet - il savait que, sous un prétexte ou sous un autre, ni sa Nasie, ni sa Fifine ne l'assisterait à son lit de mort.



"Le Père Goriot" est de ces oeuvres léonines que l'on ne raconte pas mais que l'on vit - et qui vous habitent à jamais. Certains en trouveront sans doute les premières pages bien lassantes, avec ce goût qu'avait l'auteur pour la description la plus juste et la plus détaillée, surtout lorsque celle-ci concernait ce Paris qu'il aimait et vénérait autant que son héros aime et vénère ses filles. Les autres s'y couleront avec aisance, captivés dès le départ par l'atmosphère de la Pension Vauquer et par cet "écriteau" biscornu qui, par l'ambiguïté (ou la maladresse ?) avec laquelle il est rédigé, suggère l'existence d'un "troisième sexe" que nos féministes actuelles, qui ne brillent guère par leur culture, seraient bien étonnées de découvrir sous la plume de Balzac, ce "macho" bien connu.



Par une inspiration qu'on ne peut qualifier que de géniale, en nous faisant prendre pied dès le départ à la Pension Vauquer, l'écrivain nous fait entrer par la grande porte dans son roman. Car la Maison Vauquer contient tout le livre : ses personnages (même ceux qui n'y habitent pas), les sentiments et les émotions qu'il exprime, les faussetés, les tromperies et les trahisons en tous genres, les grandeurs indicibles, incroyables, auxquelles, fascinés, on finit tout de même par croire, les larmes qui éclatent ou qu'on refoule, la course à l'argent, la course au pouvoir, la course aux amants et aux maîtresses ... La chose est si vraie que, à la fin du roman, lorsque les pensionnaires en titre, tous ceux qui, figurants, seconds et premiers rôles, ont "fait" l'histoire, se sont tous égaillés dans la Nature, la maison de Mme Vauquer ressemble à une coquille vide dont l'âme semble bien s'être décidée à suivre dans un monde meilleur celle du Père Goriot.



Plus de Père Goriot pour subir les railleries et les coups de pied que la lâcheté et la bêtise décochent au bouc émissaire : son corps s'en est allé dans le corbillard des pauvres tandis que son âme se libérait enfin de toutes les douleurs de cette Paternité dont il demeurera, au moins pour Rastignac - et certainement pour nous, lecteurs attentifs - le symbole par excellence. Plus de Vautrin si bon enfant (et si inquiétant aussi) pour lâcher plaisanteries gaillardes et jeux de mots douteux, fredonner les derniers refrains en vogue et mener Maman Vauquer aux Italiens ou à la Gaîté tout en louchant, avec plus ou moins de discrétion, , sur la beauté et la jeunesse, toutes viriles et certainement plus à son goût personnel, d'un Rastignac : on l'a renvoyé à la chiourme d'où il ressortira, n'en doutons pas, parce que Vautrin, ce n'est pas seulement, de son vrai nom, Jacques Collin, c'est surtout "Trompe-la-Mort." Plus de Rastignac non plus, bien sûr, enfin pas tel que nous faisons sa connaissance au tout début : cet Eugène-là, ce coeur tendre et intègre, capable de s'attendrir sur les souffrances de l'humble Goriot, cède peu à peu la place à un jeune homme cynique et sans plus beaucoup d'illusions, qui n'ambitionne plus que de conquérir un monde qu'il sait pourtant corrompu jusqu'aux os et qui, de fait, finira pair de France et nanti de plus de trois-cent-mille livres de rentes. (En fermant les yeux, on peut se dire que les "victoires" de Rastignac vengeront un peu la triste fin du pauvre Goriot). Plus de Victorine Taillefer, la pauvre enfant reniée par un père indigne : la mort brutale de son frère, lors d'un duel concocté par Vautrin, (lequel, en homme avisé, cherchait à convaincre Rastignac de séduire la jeune fille et sa dot pour mieux s'introduire dans "le monde"), vient de la remettre à sa place, avec sa brave tante maternelle, Mme Couture, dans l'hôtel particulier d'un père désormais réduit à l'extrémité de la reconnaître. Plus de Melle Michonneau, la "Vénus du Père-Lachaise" comme la décrivait si méchamment Vautrin : ce Judas femelle a accepté de "donner" Vautrin à la police contre une somme ridicule et, devant l'indignation des locataires (Vautrin fait en général l'unanimité quant à la sympathie qu'il inspire à toutes et à tous, autant dans le roman qu'à l'extérieur de celui-ci ), a dû partir avec armes et bagages, emmenant d'ailleurs dans ses malles son amant supposé, l'imbécile et ridicule Poiret.



Avec Goriot et son dernier souffle, se sont aussi envolées Anastasie, comtesse de Restaud et Delphine, baronne de Nucingen, ses deux filles, dont le souvenir hantait tellement le pauvre homme que ces gracieuses et narcissiques personnes ne sont jamais aussi présentes qu'à la pension Vauquer, dans les discours de leur père, dans ses imprécations, dans ses revirements, dans ses dernières tendresses. Oh ! elles continuent à vivre, quelque part, dans le "monde" qui les avait volées à leur père mais la première n'a plus de fortune et la seconde ne vivra pas l'amour dont elle rêve avec Rastignac. Cet amant qu'elle a tant aimé usera d'elle avec autant d'insouciance qu'elle s'était elle-même servie de son père et la prendra en fait pour le marchepied qui le mènera dans le monde des affaires, associé au mari, le baron de Nucingen.



Bianchon, le fidèle étudiant en médecine qui assistera Goriot jusqu'au bout, ne vient à la pension que pour y déjeuner et tout porte à croire que les événements dont il a été le témoin et l'acteur ne lui permettront plus vraiment d'y manger d'un coeur léger. Lui aussi s'envolera ... Comme s'envole Eugène, à qui Mme de Nucingen, mettant à profit la générosité de son père, a offert une superbe garçonnière rue d'Antin.



Alors, qui reste encore à la Maison Vauquer lorsque s'en vient à tomber le rideau du drame ? La propriétaire, bien sûr, qui en est toujours à regretter son Vautrin. Au passage, Rastignac ayant mis sa montre en gage, la dame n'a rien de plus pressé que de solder là-dessus non seulement le compte du jeune homme mais aussi celui du défunt. Pour le linceul de celui-ci, elle prend vingt francs supplémentaires - tout en ordonnant à sa domestique de se débarrasser en l'affaire de draps "retournés" et donc usés. Et, cerise sur le gâteau, cerise que l'on regarde avec horreur et un franc dégoût, avant la mise en bière, elle ne se gêne pas pour enlever le médaillon d'or que Goriot portait au cou, avec les boucles de cheveux de ses deux filles toutes jeunes. Il faut un Rastignac hors de lui pour faire restituer à la harpie, tout à fait imperméable à l'indignation et à la colère du jeune homme, ce bijou qui était "d'or", tout de même et qui se perdra, assurément, dans la terre grasse et inadéquate du cimetière ...



Et puis les deux domestiques. La "grosse Sylvie" qui trouve tout de même quelques paroles bonnes et parfaitement désintéressées pour Goriot moribond et Christophe, le valet, qui accompagnera Rastignac au Père-Lachaise en faisant remarquer que M. Goriot était tout de même un bien brave homme.



Restera aussi Mistigris, le chat de Mme Vauquer. Eh ! oui, la perfection totale n'étant pas de ce monde, il se trouve que l'imperfection du même type est dans le même cas : Mme Vauquer aime son chat, il nous faut faire avec même si la chose nous abasourdit.



Quant aux "silhouettes" des gendres de Goriot, pourquoi en parler ? Ces messieurs ont été bien contents de prendre les filles et les huit-cent-mille-livres de dot qu'elles leur apportaient chacune mais, pour le reste ... Certes, Anastasie et Delphine trompent leurs époux mais enfin, ceux-ci les trompent tout autant et si Vautrin a connu le bagne, un homme comme Nucingen, avec ses tripotages infâmes, le mérite tout autant que lui. Sinon plus. Car, à la différence de notre "Trompe-la-Mort", Nucingen ne respecte aucun code d'honneur, pas même celui de la pègre.



Un mot encore sur Mme de Bauséant, la cousine d'Eugène qui l'accueille à Paris. C'est l'une de ces grandes dames - et de ces âmes élevées - que chérissait Balzac. Son histoire se déroule en retrait de l'univers Goriot mais, fût-elle restée dans le monde qu'elle abandonne à la fin du roman, peut-être la destinée de Rastignac se fût-elle entachée de moins de cynisme, peut-être la carapace ne se fût-elle pas autant durcie ...



Mais à quoi bon continuer ? A mon habitude, j'ai trop écrit - mais Balzac me pardonnerait, c'est certain. Lisez et relisez "Le Père Goriot", faites-lui une bonne petite place bien douillette sur vos étagères, caressez sa reliure régulièrement avec une infinie tendresse, aimez-le et faites-le aimer : ce grand coeur saura, croyez-moi, vous le rendre au centuple. ;o)
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La paix du ménage

On connait plus Balzac pour ses romans au long cours où son style recherché trouve toute sa place pour s'étendre. Ici , il s'agit d'une histoire beaucoup plus courte, plus de l'ordre de la nouvelle. Et pourtant son style ne perd rien de sa vigueur, en décrivant un évènement d'allure plutôt anecdotique, mais qui, comme souvent chez Balzac, révèle la réalité de toute une époque. Il utilise une histoire purement privée pour dépeindre en quelques pages un contexte politico-historique et les mœurs des gens qui y baignent. Et le rythme donné par la danse lors de cette soirée mondaine se reflète parfaitement dans le rythme de son écriture, du croisement de ses personnages. Un vrai bijou d'exercice de style.
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Le Curé de Tours - Pierrette

J'ai ouvert le Curé de Tours, dans son édition Folio de 1976, en regardant les pages jaunies et craquantes, en sentant leur subtile parfum de poussière compressée, j'ai pensé :

les hommes vieillissent bien mieux que les livres, encore qu'il finissent par mourir, alors que les livre sont éternels.

J'ai vécu près de trente années à Tours, une ville de pharmaciens et de notaires (j'avais oublié qu'Alain Souchon aurait pu concourir au titre envié de Balzac de la chanson Française."

Dans une thèse de renom publiée en 1998, Nicole Mozet : "La ville de province dans l'oeuvre De Balzac", démontre que cet auteur à crée le concept de ville moyenne, ces villes dans lesquelles il ne se passe rien, excepté dans les confessionnaux, les études, les cabinets médicaux, les officines et les offices.

"Si les grandes choses sont simples à comprendre, faciles à exprimer, les petitesses de la vie veulent beaucoup de détails"

A peine installé à Tours, ma curiosité me poussait vers la rue de la Psalette, ses pavés ceinturent la cathédrale Saint Gatien, et de l'abside, on peut aussi rejoindre la rue de la Bazoche, et la rue du Général Meunier qui entoure des bâtiments ecclésiastiques.

Mais on ne peut plus, hélas, faire le tour complet de la cathédrale comme on le pouvait autrefois.

Cette débauche de pavés, à l'époque encore peu disciplinés comme ils le sont aujourd'hui, l'éclairage défaillant, les pierres de tuffeau grisâtres dans la nuit obscure, poussaient l'imagination à voir au détour d'un pignon la silhouette de l'abbé Birotteau (le frère De César) , les épaules courbées, la mine battue, en but aux manoeuvres vipérines de l'abbé Troubert et de Mademoiselle Gamard, sa logeuse.

Ce n'est pas un roman sur la religion, ni une histoire de curés, mais une histoire de moeurs, la lutte entre deux hommes, ou plutôt la lutte de Troubert contre Birotteau, pour les honneurs des fonctions de chanoine puis d'évêque.

Birotteau est persuadé qu'il succèdera naturellement à l'abbé Chapeloud, Troubert lui est certain que Birotteau n'est pas fait pour cette charge alors que lui, l'est parfaitement.

Devinez ce qu'il advint.

Le lecteur, c'est le mystère de l'écriture balzacienne, s'identifie au personnage de Birotteau, un looser dirait-on aujourd'hui, un "héros négatif" pour Nicole Mozet.



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Ursule Mirouët

Roman en deux parties dont l’une légèrement plus longue est la préparation de la seconde.

Balzac nous présente longuement les personnages, tant au physique qu’au moral, l’un étant le reflet de l’autre. Il met aussi minutieusement en place le contexte. Tandis que la situation se noue et se dénoue dans la seconde partie.

Il s’agit de la spoliation d’une jeune fille adoptée nourrisson par un oncle à héritage dans une ville de province, Nemours.

Je n’ai rien d’essentiel à reprocher à ce roman, mais il ne m’a pas non plus enthousiasmée.

Certaines théories de l’auteur : rapport entre l’âme et le physique, sur la religion, sur la science n’ont pas emporté mon adhésion ni évidemment par leur vérité ni par leur intérêt dans le roman. La découverte de la façon dont le vol a été fait est invraisemblable, et même si cela est volontaire je n’en vois pas l’intérêt.

Ce roman est comparé par Balzac lui-même à Eugénie Grandet. Sur le thème oui, on peut faire une comparaison, mais à mes yeux pas quant à la qualité ni des portraits, ni de l’histoire ni du style bien supérieurs dans Eugénie Grandet. Il reste que je n’ai pas eu envie de m’arrêter en cours de lecture.

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La Bourse

Une autre nouvelle des Scènes de la Vie Privée.

Un jeune homme se trouve introduit dans un ménage composée de la mère et sa fille. Ménage qui a visiblement connu des heures plus fortunées. Bientôt de tendres sentiments unissent les jeunes gens. Mais des rumeurs courent sur les deux femmes, de plus deux gentilshommes viennent tous les soirs jouer et y perdent de l'argent. Les deux femmes sont elles honnêtes ?



Une nouvelle tout à fait agréable à lire. Je me suis étonnée que l'un des gentilshommes s'appelle comte de Kergarouet comme dans celle nommée Le Bal de Sceaux. Est ce le même personnage ?
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La Duchesse de Langeais

Ce texte court est davantage théâtre que roman avec ses longs dialogues lyriques et enflammés entre la Duchesse de Langeais et son amant, Armand de Montriveau. Les deux protagonistes sont d'ailleurs presque les seuls personnages du roman, les personnages secondaires y ont peu de place. J'ai trouvé la construction originale avec ce flash back très moderne placé après une description des deux héros plusieurs années après l'événement principal du roman (dans une mise en scène époustouflante) et un long commentaire "politique" de l'auteur. La chute prend des airs de tragédie mais elle donne cependant un sentiment d'inachevé. La langue est belle, certes "lourde" de qualificatifs et de tournures élaborées mais j'ai été très vite emportée par le verbe de Balzac.
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Eugénie Grandet

Cet ouvrage est un chef d'œuvre. Balzac emmène son lecteur dans une époque révolue, dans une ville de province. Les personnages ont une profondeur rare. Le père Grandet est l'image même de l'avarice. Eugénie, sa fille, est la cible de toutes les convoitises. Ce tome est une bonne entrée dans le monde qu'a créé Balzac. Ce livre est facile à lire et court. En somme, il a tout ce qu'il faut pour vous faire aimer la littérature classique.
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La fille aux yeux d'or

Après ma lecture des Diaboliques de Barbey d'Aurevilly, j'ai eu envie de rester parmi les classiques et de choisir une valeur stylistique sure. Cette nouvelle de Balzac, dont le résumé annonçait une histoire d'amour impossible, correspondait tout à fait à cette envie.



En termes d'amour impossible et mortelle, j'ai été parfaitement servie, mais n'ai à vrai dire pas compris comment : Balzac semble lancer plusieurs fausses pistes potentielles pour expliquer l'impossibilité d'amour pour le couple central, mais aucune n'aboutit véritablement, et la mort finale m'échappe. Heureusement, cette intrigue bancale a été compensée pour moi par la peinture des personnages : la fille aux yeux d'or a bien sûr été parée de tous les attributs mystérieux propres à susciter la fascination ; quant au héros masculin de ce drame, il correspond parfaitement au type du libertin du 18e siècle, dans ses moindres détails. Par ce caractère, il correspond également tout à fait à l'état d'esprit parisien décrit par Balzac en ouverture de son texte.



Cette nouvelle ne compte sans doute pas parmi les meilleurs textes de Balzac, mais fut l'occasion d'un moment de lecture plaisant.
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La Maison du Chat-qui-pelote

dans ce roman,Balzac met en opposition deux types de mariages.Le premier est le mariage de raison et le second,le mariage d'amour.Balzac seeaie de nous faire comprendre ici qu'un mariage d'amour n'est absolument pas un gage de reussite.Comme tout le monde le sait.L'amour peut parfois etre bien ephemere.Le mariage de raison,c'est celui qui sera le plus solide.Dans ce roman,Balzac expose des idees qui sont encore d'actualite,comme quoi la nature humaine change peu.

Balzac s'impose par sa force de precision,ce deploiement de subtilite,aux depens de l'action.il nous offre des descriptions parfaites,excellentes,somptueuses mais interminables

Moi j'aime Balzac,et ses descriptions ne me derangent pas
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La Maison du Chat-qui-pelote

Belle tranche de la vie de la famille Guillaume, drapiers de Paris.

Comédie aux riches descriptions nous narrant les mœurs d’une famille commerçante bourgeoise du XIX° siècle souhaitant à la fois gérer et préserver son commerce et l’avenir de ses filles.

Petit roman très moralisateur, nous y verrons triompher l’amour raisonné sur l’amour passion et par là même la gestion économe sur la dépense immodérée.

Les descriptions de la maison elle-même ou des différents personnages sont des plus croustillantes et font l’extrême richesse de ce petit texte d’introduction à la comédie humaine.

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Le Colonel Chabert

Qui est-il cet homme qui rentre dans une étude d’avoué. Il dit être Colonel et devoir parlé à maître Derville. Il raconte comment à la bataille d’Eylau ,il fut laissé pour mort, lui le colonel Chabert, enfant des hospice ayant voué sa vie à Napoléon. Comment il est revenu en France et pour il est rentré dans l’étude de maître Derville. Pour retrouvé son rang, son honneur et sa femme. Enfin tout ce que cette dernière ne veut pas lui rendre. Ce livre est un vibrant hommage aux grognards. C’est aussi encore une étude de l’avarice, du rang social plus important que tout le reste et un livre d’honneur. Balzac à écrit ici un roman important qui pourrait exister en dehors de la comédie humaine.
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Eugénie Grandet

Lu a quinze ans, avec l’étonnement d’y prendre du plaisir : le langage ciselé, de même que la construction, m’ont rapidement fait oublier que c’était une lecture imposée. Et quand je l'ai relu plus de vingt ans après, j'ai pris le même plaisir, tout en découvrant un humour que je n'avais pas décelé à l'époque. Un des auteurs que j'admire.
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Sarrasine

Quel bonheur de retrouver la plume de Balzac, son incroyable sens de l'observation des moeurs de son époque, ses fines descriptions des gens, des objets - rien ne semble échapper à son oeil averti - un grain de peau, le pli d'un tissu, une lumière, une nuance de couleur, une matière, une ambiance... Sarrasine est une nouvelle rattachée aux études philosophiques de la Comédie humaine (au même titre que La messe de l'athée, nouvelle qui suit).

Une atmosphère presque fantastique règne dès le début de la nouvelle dans la description d'un paysage, très habilement opposée à la réalité des riches bourgeois ; l'éblouissement de leur apparence et l'étalage de leur richesse.

Le narrateur passe la soirée chez les Lanty, une famille fortunée qui a sous sa protection un vieillard qui intrigue, fascine et apeure les invités. Tel un spectre, il refroidit, au sens propre, les gens qu'il approche. Les hôtes sont par ailleurs émerveillés par la beauté parfaite d'une représentation d'Adonis sur un tableau. Le narrateur va alors conter à son amie Madame de Rochefide l'histoire de ce vieil homme inquiétant et révéler l'origine de la peinture qui l'impressionne tant, à travers un épisode de la vie de Sarrasine, artiste sculpteur qui tomba éperdument amoureux d'une chanteuse lyrique ; la Zambinella. La beauté et le charme de cette dernière le bouleversa tellement qu'il sculpta une statue à son effigie. Très vite, cet emportement passionnel va faire basculer la vie de Sarrasine quand il découvrira que la Zambinella est en fait un castra !

Balzac évoque ici la création artistique et la douleur qu'elle entraîne souvent, la désillusion amoureuse, destructrice, et la notion de l'identité - Sarrasine aura évidemment des doutes sur sa propre identité sexuelle -.

Quelques mots sur La messe de l'athée. Horace Bianchon, élève du grand chirurgien Desplein, se questionne sur l'honnêteté de son maître. Ce dernier déclare haut et fort à tous qu'il est profondément athée et Bianchon le découvre un jour en pleine messe. L'élève finit par interroger l'illustre docteur, qui se voit ainsi contraint de fournir des explications concernant son passé, et en particulier sa rencontre avec un porteur d'eau ayant porté assistance à l'étudiant qu'il était alors.
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Eugénie Grandet

Je ne savais rien de l'histoire avant de commencer. Je devrais faire ça plus souvent, on aborde les classiques avec un autre regard. Pas du tout rasoir, les caractères sont bien plantés, l'histoire a un sens et l'intrigue ne s'embourbe pas. Il reste définitivement plus optimiste (même dans les malheurs). Moins que Dickens quand même, mais plus que Zola.
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