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Critiques de Honoré de Balzac (3271)
Le Curé de village

J'ai été très sensible à ce court roman De Balzac qui pour une fois n'a pas pour motif essentiel la satire sociale (encore que tous les ressorts de l'avarice auvergnate y soit amplement détaillés).



Cela se passe d'abord à Limoges, dans le milieu de la bourgeoisie enrichie par la génération précédente composée d'âpres et sobres travailleurs. A ce milieu se mêlent quelques membres éminents du palais de justice, l'avocat général, le procureur, ainsi que plusieurs prêtres et prélats.



Des amitiés sincères se nouent : Balzac dans cette oeuvre semble avoir été touché par la grâce.



Un double meurtre est commis dont le motif est le vol. L'auteur a été surpris par le propriétaire du lieu et sa servante. Il est pris et condamné à mort, mais il a une complice qu'on devine appartenir à la haute société. L'enquête de police n'aboutit pas, bien que le prélat du lieu, l'archevêque de Limoges, soit fort bien informé puisque sa demeure surplombe la Vienne, idéalement située devant l'île où se donnaient rendez-vous les amants : "pourquoi fournir une seconde tête à la guillotine, cela sera-t-il d'une utilité quelconque ?", pense-t-il secrètement.



Il aurait été facile à Balzac, fidèle à sa tradition, de mettre en scène des notables se serrant les coudes pour préserver l'un des leurs. Rien de tel n'est insinué ici, chacun ayant à coeur de préserver ce qui peut l'être encore. Ce qui n'est pas absolument invraisemblable, tant il est vrai qu'une ou deux figures charismatiques peuvent infléchir notablement les mécanismes malins qui régissent souvent les collectivités humaines.



Personne ne parlera jamais, ni l'assassin fou d'amour pour sa belle et la protégeant rageusement jusqu'au bout, ni le prélat, ni le "curé de village", le père Bonnet, figure hautement spirituelle que l'auteur compare à Lammenais et qui lui aussi a tout deviné.



Seule la concernée pourra un jour révéler la vérité. le fera-t-elle ?



Voici un roman où pour une fois Balzac ne manifeste pas sa férocité habituelle envers les vices humains, et rend hommage aux vertus ; aucun personnage n'y est antipathique : on y trouve de simples mortels un peu avares, c'est vrai, mais excellents parents, des hommes de loi intègres, de fort belles figures d'ecclésiastiques inspirés par une haute spiritualité.



Ce roman traite principalement d'Amour et de Rédemption. L'acte criminel injugé sera racheté par une vie exemplaire et l'assainissement de toute une région déshéritée autour d'un village fictif, Montégnac, qu'on situe géographiquement, selon les indications de l'auteur, non loin Guéret.



J'ai vraiment beaucoup aimé "Le curé de village".
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Le Père Goriot

Selon moi le grand roman de Balzac où l’on voit apparaître pour la première fois le célèbre Rastignac qui sera un des personnages principaux de la Comédie Humaine.

Un roman où la pension Vauquer, est pratiquement un personnage à elle seule tant elle est le marqueur et quasiment le déterminisme de l’ascension ou de la chute sociale des différents protagonistes.

Si le Père Goriot est le personnage éponyme il n’est pas nécessairement le héros de l’œuvre car Balzac préserve un équilibre subtil d’une égale importance entre les différents personnages habitant la pension. Ancien homme fortuné on le voit petit à petit descendre les étages de la pension métaphore de sa ruine progressive à laquelle ses filles participent allègrement et qui éveilleront le cynisme ambitieux de Rastignac.



Il est inutile de préciser que le style de Balzac dans cette œuvre est magnifique décrivant avec précision les différentes situations, mais là où Balzac excelle selon moi, est dans la description des différentes psychologies des personnages.



Une œuvre majeure.
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La Peau de chagrin

Encore un incontournable que j'avais contourné malgré moi. Le hasard des boîtes à livre m'a mis sur le chemin d'une version abrégée (l'école des loisirs) qui m'a permis de profiter de la substantifique moelle de cette oeuvre fondamentale. Résumer ? À quoi bon. D'autres l'ont fait bien mieux que moi. La langue de Balzac se mêle à merveille avec la trame de conte traditionnel qu'il emprunte pour mieux nous faire cogiter sur la condition humaine (et mondaine) via l'autoroute du fantastique. Le temps, la futilité, ce qui nous est cher, l'amour, la passion, le coûte de la vie, le calcul... Toutes ces dimensions sont au coeur du récit qui se trouve ainsi sublimé par la facilité de la trame qui nous emporte et par la profondeur de l'écriture, la richesse des descriptions et des dialogues. Un vrai bonheur.
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La fille aux yeux d'or

Cette nouvelle est le troisième volet des "Treize". Il doit se lire après "Ferragus" et "La Duchesse de Langeais". Ce que je n'ai pas fait. Je suis donc passé complètement à côté du sujet. A relire donc plus tard, si le cœur m'en dit. Et aujourd'hui le cœur ne me le dit pas : j'ai simplement envie de tarter Henri de Marsay.
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Le Père Goriot

Honoré de Balzac nous offre une véritable fresque de personnages dans ce Paris fourmillant entre paraître et intrigues. Le récit ne manque pas de péripéties et de surprises, alors que l’on pourrait s’attendre uniquement à une représentation, comme tant d’autres romans, de ce XIXème siècle où les classes sociales ne se mélangent rarement. Et même dans cette représentation, l’écrivain est ingénieux. Avec ses thèmes de prédilection, la passion amoureuse, l’argent, les apparences de la bourgeoisie, etc., Balzac nous séduit et nous captive par cette ironie constante mélangée à ce constat de son époque, entre réalisme, réflexions philosophiques et fatalisme. La Comédie humaine me fait maintenant davantage de l’œil, je suis vraiment curieuse de retrouver Eugène, Delphine, Vautrin et d’autres dans les autres romans de l’auteur.
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L'Auberge rouge

Il y a tout dans cette nouvelle :

- une énigme policière habilement troussée (ne serait-ce pas la première du genre ? les nouvelles de Poe sont postérieures, à vérifier)

- énigme qui est enchâssée dans un autre récit et qui précède un épilogue savoureux, à la fois profond et frivole

- un petit tableau impressionniste avant l'heure avec la description en quelques lignes de l'atmosphère enfumée de l'auberge à travers laquelle jaillissent par étincelles les sabres des soldats

- une ouverture sur les bords du Rhin qui évoque la symphonie pastorale de Beethoven

Balzac aurait pu en faire un roman, c'est une nouvelle de 40 pages.

A lire et relire !

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Le Père Goriot

Je ne peux pas écrire simplement : nul, c’est un Balzac quand même, je vais faire un effort mais je n’en pense pas moins.

C’est un roman accès sur la vie quotidienne, pour moi c’est particulièrement ennuyeux, ce n’est pas du tout le genre de littérature que j’apprécie. Le style de l’auteur est bon, je ne lui fais aucun reproche sur ça, uniquement sur le contenu qui me paraît vide d’intérêt.

J’ai une édition qui regroupe quatre livres, je n’ai lu que Les père Goriot et Le colonel Chabert, je n’avais aucunement envie de lire La messe de l’athée et L’interdiction. D’une manière générale cette période ne m’inspire pas de lecture, mais je dois reconnaître que pour les siècles futurs c’est un excellent moyen de connaître les us et coutumes des temps jadis, de voir comment la société fonctionnait dans le quotidien.
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Le Père Goriot

Paris, novembre 1819.

Un jeune étudiant, Eugène de Rastignac, originaire d'Angoulême, « monte » à la capitale pour y entreprendre des études de droit. Il loge à la maison Vauquer, pension bourgeoise, où il partage la vie de dix-huit pensionnaires, qui prennent chaque jour leur dîner dans une salle à manger nauséabonde, « comme des animaux à un râtelier » (page 118). Parmi eux, le Père Goriot, ancien vermicellier dont les affaires ont été profitables, se ruine désormais pour ses filles, Anastasie (Mme de Restaud) et Delphine (épouse du banquier baron de Nucingen), qui le méprisent. Un autre pensionnaire, Vautrin, tentateur cynique et fascinant, explique au jeune provincial la vérité d'un monde gouverné par la loi de l'intérêt.



Dévoré d'ambition, étouffant au sein de la pension, tout à la découverte de la société et des femmes, Rastignac fait son éducation et accomplit un trajet initiatique. « Nouvellement jeté dans le monde » (page 108), il apprend à en lire le grand livre et découvre « le champ de bataille de la civilisation parisienne » (page 111). Un monde différent du sien : Paris est une jungle, où il faut bannir les sentiments et les principes, et où il ne faut pas s'embarrasser de scrupules. Ambition, ou arrivisme ? On peut s'interroger. Son parcours pour entrer dans cette haute société et s'en approprier les codes, débute par une gaffe : « Vous vous êtes fermé la porte de la Comtesse » (page 117) et sera, tout du long, empreint d'opportunisme.



Surtout, le jeune provincial constate l'extraordinaire puissance de l'argent. L'argent, présent tout au long du roman ! On connaît le loyer de chacun des locataires de la maison Vauquer. Les principaux personnages vivent au-dessus de leurs moyens : Eugène emprunte à ses soeurs leurs économies ; Restaud et Nucingen sont compromis dans des opérations financières qui dilapident leur patrimoine et celui de leur femme, c'est-à-dire celui du Père Goriot. Victorine, une jeune pensionnaire, n'accède à la fortune qu'en percevant l'héritage de son frère, mort en duel. Non, l'argent ne fait pas le bonheur : « Voilà la vie de la moitié des femmes de Paris : un luxe extérieur, des soucis cruels dans l'âme » (page 199). Pour Rastignac, Paris est ainsi une sorte de miroir aux alouettes, où prévalent l'apparence et l'hypocrisie.



Pour trouver un peu de bonheur, l'adultère se présente donc comme une solution. Goriot n'hésite pas, en effet, pour obtenir un peu de bonheur par procuration, à jeter Rastignac dans les bras de Delphine, délaissée par son mari et par son amant, dont elle paie les dettes. Fi de la bonne éducation ! D'éducation, il est beaucoup question. L'éducation d'Eugène d'abord, dont « chaque pas était un progrès au coeur du grand monde » (page 219). L'éducation de Delphine et d'Anastasie, surtout, que le Père Goriot, par une forme de bêtise, n'a pas su leur donner : il les a gâtées, c'est-à-dire pourries, au point de les rendre ingrates. « Mes filles, c'était mon vice à moi ; elles étaient mes maîtresses, enfin tout » (page 345). L'ingratitude culmine lors de l'agonie du Père Goriot : « Je leur ai donné ma vie, elles ne me donneront pas une heure aujourd'hui » (page 346).



Roman du voyage parisien et social, le Père Goriot concentre dans un même lieu des êtres en fin de course, des jeunes gens et des marginaux. Et si, finalement, pour reprendre la formule de H.-G. Wells, l'histoire du monde n'était pas une course entre l'éducation et la catastrophe ?

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Eugénie Grandet

Je n'ai jamais été fan de Balzac et Eugénie Grandet est bien le seul roman que j'ai eu envie de relire. On n'échappe pas aux descriptions parfois interminables et répétitives, surtout au début. Néanmoins il faut reconnaître que celles-ci plantent parfaitement le décor morose (rue, maison) et le quotidien monotone dans lesquels vit la pourtant richissime famille sous la férule de l'avare et despotique Grandet. Celui-ci cache si bien son or que les femmes, qui n'ont aucune conscience de la valeur phénoménale de ses biens, acceptent sans broncher le rationnement en tout (nourriture, chauffage, éclairage...).



Mais deux familles ne sont pas dupes: celles du banquier (Grassins) et du notaire (Cruchot). Chacune y va de ses flatteries et pseudo dévouement afin de caser leur fiston avec Eugénie l'héritière. La ville de Saumur, que dis-je, tout l'Anjou et le Berry (nous sommes au pays des vignobles), se partagent entre les Grassinistes et les Cruchotins: qui remportera la main de la jeune femme? L'ingénue est parfaitement dupe de ces preuves d'amitié. Au milieu de tous ces ambitieux et ces cupides, elle offre l'image de la pureté et de l'innocence. A ses côtés, sa mère, femme soumise à "son seigneur et maître", et la Grande Nanon, servante redevable mais d'une grande force (physique et) morale. Toutes trois vont devenir très complices avec le temps, solidaires dans le malheur.



L'arrivée du cousin parisien vient révolutionner la maisonnée. Élégant et distingué, il éblouit la petite provinciale par ses tenues raffinées, ses bibelots luxueux, sa grâce délicate. Mais voilà: Charles est pauvre et ne présente donc aucun intérêt pour son oncle. C'est là que l'on découvre toute la puissance du bonhomme Grandet: celui qui passe pour un idiot ("sorti de Saumur, il n'aurait fait qu'une pauvre figure") est un réalité un habile manipulateur. Fin calculateur, maîtrisant placements et autres spéculations, c'est le roi des transactions. Si certains passages financiers sont obscurs, on comprend que Grandet est, à l'insu même de ses proches collaborateurs, un terrible homme d'affaires. Plus le roman avance, plus l'homme paraît abject: seul compte pour lui l'argent ("il domine les lois, la politique et les mœurs"), qui passe avant les siens ("J'aimais mon frère et je le prouverai bien si ça ne coûte pas").



D'abord admirable ("Elle s'initiait à sa destinée. Sentir, aimer, souffrir, se dévouer"), Eugénie finit par susciter la pitié tant son comportement est passif et résigné. Le vent de rébellion initié par ses sentiments pour Charles tourne à l'abnégation chrétienne, d'ailleurs elle deviendra toujours plus dévote au fil de sa triste existence. Elle symbolise pour moi une âme pure souillée par "les corruptions du monde".
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Le Père Goriot

Balzac résumait l'intrigue du Père Goriot d'une manière lapidaire : « Un brave homme – pension bourgeoise – 600 F de rentes – s'étant dépouillé pour ses filles qui, toutes deux, ont 50 000 F de rentes – mourant comme un chien. »

Pension bourgeoise, la pension Vauquer est à l'image de l'ensemble de la société : on n'y vaut guère quelque chose, on y est reconnu qu'à condition d'avoir de la fortune.

Voilà bien la société impitoyable que nous dépeint Balzac : un monde où chacun cherche à réaliser ses ambitions fût-ce aux dépens de l'autre ; peut-être même en est-ce la meilleure des conditions. L'arrivisme est un mode de vie pour la jeunesse parisienne bourgeoise. Chacun essaie d'utiliser l'autre à son profit. Jusqu'aux filles, aimées, choyées, sans doute trop, qui tueront leur propre père, toute honte bue par leur égoïsme infini. Et quand ce n'est la progéniture, gâtée pourrie, c'est le père lui-même (de Victorine) également sans pitié pour sa fille. Pas étonnant que Balzac disait, « mes romans bourgeois sont plus tragiques que vos tragédies ».

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La Peau de chagrin

L’une des rares incursions dans l’œuvre de Balzac ,l’aventure de Raphaêl de Valentin est un conte centré sur le désir et l’illusion de sa satisfaction .le pacte faustien que matérialise la peau , comme tout pacte diabolique , est un leurre. Mais le roman , que Balzac considère comme très important , met aussi en scène avec un réalisme cru des milieux que l’auteur connaît bien et l’on peut voir en Valentin un avatar de lui-même , affamé insatiable de gloire, de fortune et d’amour
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Le Colonel Chabert

Un court roman : grandeur et décadence sous Napoléon !!!

Destin à l’opposé je trouve du comte de Monte Cristo

L’histoire commence dans une étude d’avoué.

Arrive un vieil homme : il déclare être le colonel Chabert, mort à la bataille d’Eylau.

Le colonel obtient de maître Derville un rendez-vous et Chabert raconte alors son histoire.

enfant trouvé, a gagné ses galons de colonel dans la Garde impériale en participant à l’expédition d’Égypte de Napoléon Ier. Il a épousé Rose Chapotel, une fille de joie qu’il a installée dans un luxueux hôtel particulier.

Pendant la bataille d'Eylau, en 1807, blessé, il est déclaré mort. Mais, enfoui sous une montagne de cadavres, il est resté en vie.

Après de longs détours, il revient à Paris en 1817, pour découvrir que sa veuve , est maintenant remariée à un homme avide de pouvoir dont elle a deux enfants, porte maintenant le nom de « comtesse Ferraud ». Elle a d'autre part liquidé tous les biens du colonel Chabert

.Chabert voudrait retrouver ses biens, son rang et sa femme. Mais la femme du colonel refuse de reconnaître son ancien mari. Elle a tiré une fortune énorme de sa disparition, et c'est pour sa fortune que le comte Ferraud, l'a épousée.

Rose Chapotel redoute de perdre son rang, sa fortune et son mari. Mais, après une rencontre dans l'étude de maître Derville, qui a bien étudié l'affaire, la comtesse admet que le colonel n'est pas un imposteur. Derville conseille à Chabert de ne pas saisir la justice et d’accepter une transaction. Mais le colonel écoute une discussion entre la comtesse et son intendant, Delbecq, et se rend compte qu’il a été trompé. Il dit à sa femme qu’il la méprise et renonce à réclamer son dû.

Malgré le soutien de maître Derville, il renonce à toute transaction déshonorante et disparaît pour se réfugier à l’hospice de Bicêtre, où il devient l’anonyme numéro 164, septième salle. Rencontrant, quelques années après, l’homme rendu méconnaissable par la misère, Derville s’écrie : « Quelle destinée ! Sorti de l'hospice des "Enfants trouvés”, il revient mourir à l’hospice de la "Vieillesse”, après avoir, dans l’intervalle, aidé Napoléon à conquérir l’Égypte et l’Europe.

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La Peau de chagrin

Qui n'a jamais souhaité posséder un objet, un talisman capable d'exaucer tous nos désirs, sans limites, sans la moindre mesure, et ce, pour notre plus grand plaisir et bonheur ? N'est-ce pas cela, la définition même du bonheur, obtenir tout ce que l'on désire, sans faire le moindre effort, rien qu'en le désirant avec toute la conviction dont nous sommes capables, rien qu'avec la volition la plus puissante dont nous n'ayons jamais été habité ? Schopenhauer lui-même en a fait sa philosophie de vie, affirmant que la vie n'est faite que de désirs que l'on souhaite par-dessus tout réaliser et une suite de quêtes que l'on rêve d'accomplir. Bref, le secret absolu et ancestral de l'épanouissement personnel, la clé du bonheur et de l'extase ! Mais méfiez-vous, il y a toujours un monstre caché, qui guette quelque part...



Il est jeune, plutôt beau garçon, empli d'ambition et de bonne volonté, mais rien ne lui réussit ! Pas d'amour à l'horizon, pas d'éditeur pour son colossal ouvrage, sa fameuse "Théorie de la Volonté", pourtant brillante ; aucune maison d'édition ne souhaitant publier son œuvre ! Alors il s'acharne, il persévère, mais rien n'y fait ! Pas de fortune pour s'élever socialement, pas de femme sur laquelle s'épauler et avec laquelle se distraire, des amis qui n'en sont pas, des ambitions qui se fanent et des rêves qui se flétrissent... Et voilà que ce vieil antiquaire lui offre le pouvoir de désirer absolument tout sans la moindre mesure ! Sauf que la jeunesse, la naïveté, la cupidité, la vanité de s'attacher à des choses superficielles, emporteront Raphaël dans un cercle vicieux, duquel il ne ressortira pas vivant !



La moralité de ce remarquable roman fantastique, introspectif et philosophique, serait donc que ceux qui périssent sont les gens généreux, naïfs, pleins de génie et d'élan. Car ils épuisent leur énergie vitale à force de tout bonnement profiter de l'existence ! Les autres, les oisifs, ceux qui ne possèdent pas de quêtes, qui ne désirent rien, ceux qui attendent simplement la fin de tout, végètent sur cette Terre. Ils ne vivent donc pas, ils se contentent d'exister, gaspillant cette énergie vitale si précieuse...



Ainsi, libre au lecteur de se rallier à la moralité de Balzac - expliquée à la fin du roman -, qu'il estime être la bonne et la meilleure à ses yeux. Balzac, lui, ne nous donne pas de réponse, il ne fait que nous mettre face à l'une des plus cruciales questions de notre existence, face à l'une des problématiques les plus épineuses, quant à notre dessein sur Terre ! Un roman qui bouleverse véritablement notre entendement, nous fait réfléchir plus que nous le pensons, mais qui laisse un goût amer sur notre langue, aussi ; tandis que nous fermons ce livre et que nous prenons le temps de réfléchir sur nous-même... Car après tout, l'essence de la vie ne se trouve-t-elle pas là, dans ce questionnement si complexe ; entre l'utilisation de l'énergie vitale et son gaspillage ? Sauf qu'en réalité, peu importe le choix que le lecteur prendra à la fin de sa lecture, la finalité est la même. Il n'y a que le chemin que nous empruntons qui diverge, l'un nous assurant la quiétude, l'autre, le désespoir...
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La Peau de chagrin

Découvrir l'origine de la symbolique de la Peau de Chagrin, devenue expression populaire et ayant traversé le temps, m'a vraiment intéressée. Certains passages du récit ont une grande force, notamment le début et la fin.

Au delà du destin de Raphaël de Valentin, certains chapitres nous entraînent à la rencontre des sciences et des scientifiques de l'époque, de grands moments de découvertes teintés d'humour que j'ai aimés.

Le seul passage auquel je n'ai pas été sensible fut la longue mise en scène entourant l'amour de Valentin pour la comtesse Feodora.

Un beau classique à découvrir ou redécouvrir.

Merci
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Le Colonel Chabert

Livre lu dans le cadre du challenge solidaire 2019 - des classiques contre l'illettrisme.



Un vieil homme arrive dans un cabinet d'avocats et déclare être le Colonel Chabert, comte d'Empire, qui a pourtant été déclaré militairement mort à Eylau.

L'homme raconte son incroyable histoire à Maître Derville :

Sa veuve s'est remariée et a eu deux enfants de sa nouvelle union, et possède une grande richesse.



Nous allons savoir si cet homme est bien le colonel, s'il va retrouver son identité et ses biens, et s'il va reconquérir le cœur de son épouse remariée.



Dénonciation de la lenteur de la justice, des situations effarantes auxquelles on doit parfois faire face en toute impuissance : prouver que l'on est vivant lorsque l'administration nous croit mort. Critique de la société du paraître, de la trahison, de la manipulation, et des gens obsédés par l'appât du gain au détriment de la morale.

Contraste entre la veuve riche, heureuse, belle, opportuniste

et son mari appauvri moralement, physiquement et financièrement, triste, qui a soif de vengeance mais pour lequel l'amour est plus fort.
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Le Lys dans la vallée

Le Lys dans la vallée a été un des livres qui m'ont construit. Je l'ai lu durant mes années fac. Très rapidement je suis rentré dans cette histoire d'amour platonique où la sensualité est à chaque page. Et lors de la lecture des dernières pages, j'ai pleuré. Et oui, j'ai versé des larmes.

Ce livre m'a remué les tripes, m'a bouleversé, m'a tourneboulé. So vous avez l'âme romanesque, foncez ! Vous ne serez pas déçus !
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Béatrix

Nouvelle édition mise à jour

Paru le 07/11/2018



Retour d’un très beau week-end de commémoration Balzac à Tours. J’ai apprécié vendredi « Illusions perdues » par le nouveau théâtre populaire, « La cousine Bette » par la compagnie Prométhéâtre samedi, puis dans la foulée : « Honoré, vie balzacienne » encore par le nouveau théâtre populaire. Pour ce spectacle prévu en extérieur et joué en salle à cause du mauvais temps, les acteurs se sont surpassés. Excellent ! Merci à cette brillante compagnie du 49 ! Enfin, dimanche, c’était l’hommage en textes et en chansons de dix personnages féminins de Balzac par la brillante et érudite Christina Goh dans son spectacle intitulé « Le Prix »!



J’aime lire les romans de Balzac car ils se situent à la charnière de l’ancien monde royaliste, avant la révolution et du nouveau monde qui émerge après 1789 et après 1830. On y apprend beaucoup sur les différentes classes sociales et leur recomposition, sur la vie et la psychologie de l’époque, sur les guerres de Vendée dans « Les Chouans » par exemple et on découvre des régions, sa Touraine natale bien entendu, et ici dans « Béatrix » Guérande et le Croisic et bien d’autres choses… C’est pour cela qu’il reste si présent parmi nous. On fête cette année, les 220 ans de sa naissance, alors vite revisitons, comme on dit maintenant, un de ses textes fameux…



Julien Gracq affirme dans un de ses écrits qu’il relit « Les Chouans » et « Beatrix », et moins souvent « le Lys » et « Séraphîta » et qu’il n’a que de l’estime pour les autres romans de Balzac. Julien Gracq est cet auteur angevin qui a si bien chanté les pays de Loire, ayant fait don de sa maison afin d’en faire une résidence d’écrivain, dans cette belle commune de Saint-Florent-le-Vieil, à l’abbaye qui surplombe la Loire et possédant dans les environs, à Liré, un beau musée consacré à l’autre enfant du pays, le poète Joachim du Bellay (heureux qui comme Ulysse…)



J’ai donc eu envie de relire « Beatrix », manière de célébrer cette figure locale connue dans le monde entier. Avec « Les Chouans » ce sont les œuvres les moins scolaires et permettant d’aborder plus facilement la vaste « comédie humaine » qui comprend environ 90 titres… Mais où prenait-il le temps, lui qui est mort à 51 ans en 1850 ?



Balzac à 40 ans quand il publie cette histoire. Il a déjà écrit la plupart de ses romans les plus célèbres. « Béatrix » raconte l’éducation sentimentale de Calyste du Guénic, jeune breton épris de beauté et d’intelligence. Par l’intermédiaire de Camille Maupin, écrivaine et musicienne mondaine, il rencontre Béatrix de Rochefide, femme fatale dont il tombe amoureux. Tout à fait classique si ce n’était les différentes entrées possibles.



Je veux garder en mémoire ces personnages plus vrais que nature quand ils tombent sous la plume de Balzac et pour cause, Balzac se serait inspiré de George Sand et des amours de Litzt et de la comtesse d’Agoult :

• Mlle Félicité des Touches (dont le pseudo d’artiste dans ce roman est Camille Maupin) c’est, en partie, Aurore Dupin (vrai nom de George Sand…), la femme artiste qui fascine Balzac et à qui il semble bien rendre hommage dans ce roman. Camille s’adressant à Calyste : « Vous n’avez rien lu de George Sand, j’enverrai cette nuit un de mes gens acheter ses œuvres à Nantes et celles de quelques autres auteurs que vous ne connaissez pas. »

• Calyste, jeune homme ingénu, ébloui par ces dames belles, mondaines et cultivées! Est-ce un peu l’auteur lui-même? Lui qui a si bien célébré la femme par sa beauté mais aussi par son intelligence, par sa capacité à agir et à peser sur son destin. En cela, il était précurseur et vraiment moderne.

• Mme de Rochefide (Béatrix), inspiré de Marie D’Agoult, femme de lettre, célèbre pour sa passion pour Liszt et sa production littéraire (qui a mal résisté au temps…).

• Gennano Conti, le célèbre compositeur et pianiste, inspiré de Frantz Liszt

• Les du Guenic, le pays de Guérande et du Croisic, personnages à part entière d’un roman atypique, Balzac ayant troqué sa Touraine pour un environnement uniquement maritime.



Il y a des scènes magnifiques à classer dans les plus belles pages de la littérature : le jeu de la mouche, un jeu ou on misait de l’argent et qui se jouait avec 5 cartes.



« Avancer un liard pour risquer d’en avoir cinq, de coup en coup, constituait pour la vieille thésauriseuse une opération financière immense, à laquelle elle mettait autant d’action intérieure que le plus avide spéculateur en met pendant la tenue de la Bourse à la hausse et à la baisse des rentes »



Les analyses de caractère sont précises car relevant d’une étude quasi-scientifique (digne de Dostoïevski selon Julien Gracq…) et certaines scènes évoquent l’atmosphère particulière de la maison de Nohant, où George Sand tenait une sorte de salon culturel permanent, et que Balzac avait visité plusieurs fois et peu de temps avant d’écrire Béatrix, en mars 1838. Ce serait là qu’il aurait recueilli la matière de ce futur roman de la bouche même de Mme George Sand, notamment le récit des amours de Liszt et Marie D’Agoult.



Il a été dit que Sand lui avait tenu rigueur du portrait qu’il avait fait d’elle… Cela ne semble pas évident quand on consulte leur correspondance après la parution de « Béatrix », contenant tant de preuves d’amitié et de respect sincères. Voir à ce sujet : « Mon cher George, Balzac et Sand, Histoire d’une amitié » paru chez Gallimard en mars 2010. On peut lire dans ce superbe ouvrage la préface de George Sand à l’édition Houssiaux de la Comédie humaine (1853-1855). Loin des clichés et des classements, elle écrit : « Balzac n’avait pas d’idéal déterminé, pas de système social, pas d’absolu philosophique ; mais il avait ce besoin du poète qui se cherche un idéal dans tous les sujets qu’il traite. »



Article complet et autres notes sur mes livres essentiels sur le site Bibliofeel


Lien : https://clesbibliofeel.blog/
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Le Colonel Chabert

On pourrait dire du Colonel Chabert une platitude telle que "petit par la taille, grand par l'esprit". C'est surfait, cela frôle le ridicule, mais comme dirait ce cher Perceval: "c'est pas faux!".



Le fait est que "Le Colonel Chabert" est un roman assez court mais d'une remarquable intensité, ciselé en maître par un Balzac au mieux de sa plume et que je trouve particulièrement émouvant.



Le roman commence et nous entrons en compagnie du narrateur dans une étude d'avoués où les jeunes clercs rivalisent de mots d'esprit et de plaisanteries. Leur quiétude toute relative est troublée par l'arrivée d'un vieillard qui attire sur lui les moqueries des clercs et pour cause: il porte des vêtements à la coupe plus qu'antique! Digne et douloureux, l'inconnu demande à voir Maître Derville, avoué. Comme il s'entend répondre que le maître ne reçoit ses clients qu'à minuit passé, il s'en retourne tristement sous les quolibets des clercs qui ne s'attendent pas à le voir revenir. Et pourtant... Comme dans les contes, l'homme s'en revient à la minuit et raconte son incroyable histoire à un maître Derville ébahi.

L'inconnu prétend être le colonel Chabert, déclaré mort lors de la bataille d'Eylau en 1807. Il aurait survécu, enfoui sous les cadavres des soldats. D'autres batailles surviennent alors: se faire reconnaître outre-Rhin puis et surtout se faire reconnaître en France, afin de recouvrer son nom, son patrimoine, ses possessions, sa femme. Il y a une certaine candeur chez ce vieux colonel qui ne se rend pas compte que les temps ont changé, que l'Empire a été relégué dans les oubliettes de l'Histoire... Il y a la société et il y a son épouse qui a hérité de ses biens et qui s'est remariée avec un aristocrate qui lui a donné deux enfants. Celle-ci se passerait volontiers d'un fantôme encombrant et toutes les manœuvres, toute l'astuce et l'humanité de maître Derville n'y pourront rien. Jusqu'au bout, Chabert sera digne, noble, fier et peut-être battu d'avance, et c'est sans doute ce qui le rend si grand et si triste à la fois. Mon cœur se serre toujours un peu quand je pense à lui.

Avec ce récit d'un destin particulier, Balzac offre une place à tous les oubliés de l'Empire, les sacrifiés, ceux que l'Histoire relègue dans les hospices et une peinture pessimiste, crue et sans concession de la société en pleine mutation, de cette société sans gloire de l'ambition, de l'argent et de la bourgeoisie. Ce n'est pas une lecture qui remonte le moral mais elle n'en est que plus belle.
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Jésus-Christ en Flandre

Moi qui aime beaucoup, qui adore, devrais-je dire, Balzac, j'ai été déçu par cette nouvelle du grand écrivain…

Il y a énormément d'idées, de réflexions intéressantes, mais c'est là qu'est le problème, justement : il y a trop d'idées intéressantes qui n'ont pas pu être développées, au vu de l'extrême brièveté du texte…

La réflexion un peu spirituelle et mystique en est du coup entachée… En règle générale, je n'ai rien contre les textes brefs, mais là, ce texte est trop bref pour son contenu… Je regrette un manque à mes yeux certain de développement dans ce bref texte qui eut pu être plus intéressant…
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La Peau de chagrin

Lu après La Duchesse de Langeais, j'ai été encore plus emportée par l'histoire de Raphaël de Valentin dans La Peau de chagrin. On assiste lentement à sa mise à mort, à son agonie.

Les descriptions sont moins nombreuses ou alors plus fluides, l'histoire nous tient en haleine et les plus de 350 pages du roman défilent assez vite, même si la troisième partie fut pour moi un peu plus difficile à achever.

J'aime bien le personnage de Raphaël, ce stéréotype de la société de l'époque, il est attachant et son histoire est passionnante à suivre. La fin de La Peau de chagrin n'est pas triste, même si elle se solde sur la mort du héros, après tout il n'a eu que ce qu'il méritait, on le regrettera peut-être un peu mais sans plus, assez déroutant finalement..

Un classique de plus pour moi et je suis heureuse de constater à chaque nouvelle lecture, que classique ne rime pas forcément avec ennui...ce fut un véritable plaisir de lire La Peau de Chagrin, roman entre philosophie, récit de vie, Histoire, avec une légère pointe de fantastique.
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