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Critiques de J.-H. Rosny aîné (228)
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Nomaï : amours lacustres

Cette courte nouvelle préhistorique est la meilleure de cet auteur que j'ai lue jusqu'à présent.

Écrite plus de 10 ans avant la Guerre du Feu, elle préfigure clairement le roman le plus connu de Rosny Aîné, tout en étant à mon sens meilleure, autant qu'une nouvelle puisse être comparée à un roman, parce qu'elle ne souffre pas de la même monotonie ni des mêmes redondances.

Je pense également que Jean-Jacques Annaud a dû la lire avant de tourner son adaptation de La Guerre du feu, car on retrouve dans le film cette notion d'amour naissant, d'animalité qui se transforme subrepticement en sentiments, dans quelques scènes entre Everett Mac Gill et Rae Dawn Chong, que l'on ne trouve pas tant que ça dans le roman La Guerre du feu.

Bon, certaines mauvaises langues diront que dans le film, cette mutation se limite au passage de la levrette au missionnaire, mais c'est un autre débat.
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La Guerre du feu

Il est important de préciser que l’essentiel des erreurs historiques qu’on prête à La Guerre du feu, concerne en réalité ses adaptations cinématographiques : l’apparence des hommes, la bestialité supposée des races anciennes Néanderthal ou Erectus. Or, Rosny se garde bien de différencier les tribus d’après différentes espèces d’hommes identifiées. Il évoque simplement une diversité des peuplades humaines, tant dans leurs traits physiques (co-présence de différentes races), que culturels (avancées techniques, pratiques comme le cannibalisme…). Mais la force du travail de Rosny n’est pas dans son aptitude à illustrer dans les détails les découvertes scientifiques et archéologiques de son époque, mais dans sa sensibilité à la reconstitution d’une pensée primitive en formation et même d’une pensée animale. Les interactions animales et humaines sont détaillées psychologiquement, le lecteur suivant leur cheminement mental, des sensations à la pensée ébauchée. C’est d’ailleurs davantage dans la peinture des espèces animales anciennes disparues, ainsi que dans la description des paysages, que Rosny fait passer le plus de poésie.

À partir d’une quête de type concurrentielle, la Guerre du feu devient une fable sur l’entraide qui permet à l’espèce des Oulhamr, plus particulièrement à Naoh, en s’associant d'abord à ses amis, puis aux mammouths puis à une autre espèce d'hommes, les Nains-Rouges dont ils ont sauvé gratuitement un individu, d’amener ou plutôt de propager la technique de création du feu. Contre le vol originel planifié, l’humain triomphant est celui de l’entraide. Cette réflexion est sur ce point à mettre en parallèle avec celle du livre de Kropotkine : L’Entraide, un facteur de l’évolution (de 1902, soit sept ans plus tôt). C’est l’entraide qui marque la force de l’humanité, son développement, non sa force supérieure, ni même son intelligence. L’exemple des deux groupes concurrents est parlant : Aghoo ne compte que sur sa force pour voler le feu, et il échoue car Naoh et les siens s’entraident. Ainsi, l’enjeu de l’aventure, la quête, n’est pas la possession d’un objet après une guerre entre espèces, tel que l’annoncerait éventuellement le titre, mais la survie par la propension à s’entraider, à être en phase avec un environnement, à comprendre la nature, les animaux et à les respecter.

Si le Feu représente le Graal des légendes arthuriennes, il n’est pas moins un prétexte. Ce qui importe est bien la quête, initiatique, qui tout comme elle forme les chevaliers à une idéologie civilisée respectueuse des femmes et de la parole éclairée, forme ici les premières populations à des valeurs supérieures qui garantiront la survie. Rosny ne se prononce pas sur une prétendue supériorité génétique de l’homme moderne qui aurait survécu grâce à ça. Si la sensibilisation à une pensée primitive et même animale constitue le coeur du projet poétique de Rosny, c’est bien celle-ci qui signifie pour Rosny la raison même de la survie de l’espèce humaine : son aptitude à bien vivre avec son environnement (là où les Dévoreurs d’Hommes servent évidemment de contre-exemple). L’espèce d’hommes plus fragile des Nains-Rouges, malgré son déclin, s’insère dans l’évolution humaine : la maîtrise du feu n’est pas l’acquisition d’une technique par l’intelligence mais bien la divulgation d’une technique trouvée par hasard, divulgation qui ne peut être que le résultat de l’entraide humaine, de l’échange pacifié, non de la concurrence des groupes d’hommes.

Bien que la valeur puisse être identifiée comme chrétienne, Rosny évite toute maladresse et naïveté de ce type. Il évite tout développement des croyances primitives, les réduisant à une difficile naissance de la pensée, de l’émerveillement face à la grandeur de la nature.
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La mort de la terre

La terre, dans quelques millénaires... désolée, anéantie, désertique...

Quelques poignées d’hommes survivent dans des oasis. Leur combat au quotidien : préserver l’eau.

Mais la terre se meurt, inexorablement... Targ, Arva, Ère et leurs enfants vont faire leur oasis qui succombe pour survivre... ils vont être rattraper par l’inevitable...



Ce roman, publié en 1912, n’a jamais été aussi proche de se produire. Le réchauffement climatique, l’usure de nos terres, l’utilisation déraisonnée de produits chimiques ou radioactifs, viendront à bout de la terre et de l’humanité !
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La Guerre du feu

J'ai été très partagée concernant ce livre: l'écriture est magnifique avec un haut niveau de langage, un vocabulaire varié, des belles structures de phrase... rien à reprocher de ce point de vue, c'est beau et bien maîtrisé.

Mais j'ai été très choquée par les représentations que propose ce livre: on a trois héros qui sont uniquement des hommes, d'autres personnages sont mentionnés: ce sont tous des hommes sauf une femme qui est un objet à gagner. Les derniers mots du livres sont:

"Faouhm, saisissant Gammla par la chevelure, la prosterna brutalement devant le vainqueur.

Et il dit:

- Voilà. Elle sera ta femme... Ma protection n'est plus sur elle. Elle se courbera devant son maître; elle ira chercher la proie que tu auras abattue et la portera sur son épaule. Si elle est désobéissante, tu pourras la mettre à mort."

On parle d'une femme, d'un être humain, d'un être vivant... Dans les critiques j'ai vu que ce livre était proposé aux enfants et j'en suis outrée, outrée qu'on propose un modèle aussi violent (toute l'histoire n'est qu'une succession de combats vis-à-vis d'animaux et d'hommes d'autres tribus) et en particulier vis-à-vis du personnage féminin qui n'est mentionné qu'au début de livre comme enjeu passif et à la fin du livre comme trophée. Tout à fait le genre de livre qui contribue à la culture du viol: très violent pour l'image de soi des filles et des femmes, très à risque dans la construction des représentations féminines pour les garçons et hommes et également dans une représentations de la masculinité brutale, violente qui met en exergue la puissance brute, la force physique et la violence.

A ne pas faire lire à des enfants.
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L'étonnant voyage de Hareton Ironcastle

Vous aimez les romans d'aventure ?

Vous aimez les romances ?

Vous aimez les romans fantastiques ?

Vous aimez les romans de science fiction ?

Et bien plongez dans cet étonnant voyage.



Soit un père, sa fille et son amoureux transi qui se lancent, dans une expédition en des contrées inconnues. Ils rencontreront sur leur route des Trapus, sorte d'hommes préhistoriques, des gouras-zankas, des indigènes et des animaux étranges.



Ce roman à l'âge de son époque, plus vieillissant que les autres textes de l'auteur que j'avais lu. Nous sommes typiquement dans les romans d'aventure du 19ème siècle partant à la découverte de contrées perdues et exotiques. L'originalité ici est dans la synthèse des différents genres de l'oeuvre de l'auteur : du récit d'aventure à la SF-Fantasy (Heroïc fantasy ?), en passant par le roman d'aventure.

Et toujours ce regard scientifique sur ce qui entoure ces personnages sur la faune et la flore.



Ici, l'homme blanc, car il s'agit bien de cela, s'aventure dans des contrées où il n'est pas le maître absolu, la perte de repères est bien présente. La condescendance n'est cependant pas de mise, l'évolution cher à Darwin a emprunté d'autres chemins, s'adaptant à son monde. Des êtres différents certes, violents parfois, fraternels aussi. La communication est toujours possible. La supériorité du blanc, de cet homme incolore est réel mais dramatique, comme lors de ces combats avec les trapus, démunis face à l'avancée technologique de la poudre. Quelle pauvre victoire nous démontre l'auteur.

Cependant, j'y ai trouvé des choses assez inconcevables, du moins difficilement : les serviteurs sont noirs, appelés nègres, rien de bien différents de l'époque. Ce qui me chagrine un peu plus de la part de Rosny, ce chantre de l'altérité et de l'évolution, est que ces nègres soient plus ou moins fidèles à l'image du sauvage : peu intelligents, forts à la besogne, "loyaux" envers leurs maîtres. Etrange de naviguer entre célébration d'une espèce différente et imagerie colonialiste.



La fin du roman emmène le lecteur dans un monde dépaysant, où la faune et la flore sont fondamentalement différents, avec des pouvoirs défensifs très étranges. Mais le texte devient dès lors fort descriptif, gâchant mon plaisir de lecture.

Une découverte qui m'a fortement déconcertée, me balançant entre enjouement et amertume. Ma première déception rosnyenne.
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Les navigateurs de l'infini

Une expédition scientifique est lancée à l'assaut de Mars à bord d'un Stellarium.



Les navigateurs de l'infini pourrait être considéré comme de la hard-SF du début du siècle. Mais la science a depuis subi quelques progrès, rendant ce côté obsolète, reste le merveilleux.. L’approche technologique pour un voyage sur Mars peut prêter à sourire. Difficile d'imaginer nos astronautes prenant tranquillement leur petit déjeuner avec café, pain et confiture. Mais bon, il y a aussi des réussites, Rosny aîné imagine un voyage de trois mois pour fouler le sol martien, 6 mois dans la réalité, pas si mal. Et les bases sont présentes : protection contre les rayonnements, un guidage de la fusée automatisée.



Nos voyageurs vont faire la découverte de deux formes de vie différentes : les tripèdes, des aliens au physique différent du notre mais empreint d'une grande beauté et les zoomorphes, créatures vaporeuses menaçant les tripèdes.

L'intrigue rappelle fortement celle de La mort de la terre, le lieu et la conclusion diffèrent cependant.



L'imaginaire du merveilleux scientifique est bien présente. L'auteur nous dessine deux formes de vie bien différentes du fameux "petit homme vert", évitant un trop grand anthropomorphisme.



L'évolution est au cœur de ce récit assez vieillot. L'humanisme de Rosny aîné nous démontre que la communication entre les deux espèces est possible. Il imagine aussi une histoire d'amour entre un homme et une tripède, je n'ose imaginer les réactions du public de l'époque.



Une fin assez abrupte mais loin d'être déplaisante.
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La Guerre du feu

Je me souviens avoir lu un extrait de 2, 3 pages dans un livre de lecture à l'école primaire qui m'avait passionné, sans qu'il me vienne à l'idée que je pouvais lire le livre si je le demandais à mes parents. Quelques années après, alors que je l'avais oublié, le film de J.J. Annaud sort, je fais le lien avec cette lecture et vais le voir : subjugué !

Alors enfin, je lis le livre, commandé à France loisirs.

J'ai là aussi adoré cette lecture qui comme le film m'a transporté dans ce lointain passé. Même si c'est loin d'une rigueur scientifique on est porté par cette aventure primaire de survie et de lutte pour ce bien essentiel : le feu.
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La mort de la terre et autres contes

LA MORT DE LA TERRE

Ce court roman de 1911 est le plus lu de Rosny Aîné après La Guerre du feu.

Il est dans la droite ligne de certaines de ses plus anciennes nouvelles, de la fin des années 1880, précurseurs de la science-fiction, que l'on appelait alors le "merveilleux scientifique", terme que l'auteur emploie lui-même dans l'avertissement (intéressant d'ailleurs, il y parle de HG Wells et défend l'anglo-saxon, visiblement accusé à tort de l'avoir plagié).

Bon, on va pas se mentir : c'est pas très gai tout ça. D'ailleurs, le livre aurait pu s'appeler "la mort des hommes" plutôt que la mort de la terre, et ce n'est pas trop spoiler que de dire que tout cela va très très mal finir, car on en a une assez nette idée dès le début, tant cette prose a quelque chose d'inexorable, de résigné et de résolu.

C'est un livre de son époque, très lyrique, parfois même suranné, et j'ai eu du mal à me représenter certaines choses, comme ces fameux ferromagnétaux, sortes de créatures minérales qui anémient les hommes jusqu'à la mort. J'ai donc mis un peu de temps à accrocher.

Mais on ne peut que s'incliner devant le côté incroyablement visionnaire de l'auteur, qui anticipe déjà les dégâts de la radioactivité alors qu'elle venait à peine d'être découverte, et qui ressent déjà le destin exterminateur de l'espèce humaine, à la fois sur la faune et sur la flore, et le fait qu'elle est en train de se condamner elle-même.

Un livre que l'on pourrait conseiller à pas mal de gens d'aujourd'hui, afin de leur rappeler que nous ne sommes finalement qu'un pet de mouche dans l'histoire de la Terre, une espèce de passage qui ne vivra sûrement pas aussi longtemps que les dinosaures, et certainement pas la plus glorieuse. Afin de retrouver un peu d'humilité, tout simplement, si tant est que ce soit possible.



CONTES

Le roman précédent étant trop court pour les standards de l'édition à l'époque peut-être, il s'accompagne de 32 "contes" très courts, de véritables "novelettes" qui se lisent quasi toutes en moins de cinq minutes.

Aucun rapport avec la science-fiction, il s'agit de petites histoires réalistes dépeignant les mœurs de l'époque de l'auteur, tout particulièrement les mœurs bourgeoises.

Écrits dans un style flamboyant et souvent très juste, ces contes sont souvent intéressants et force est de constater que l'auteur excelle dans ce format, même si on devine souvent la fin dès le début, ce qui paraît normal pour des textes aussi courts.

Le principal reproche qu'on pourra faire à ces textes est la grande redondance des thèmes abordés, au point de flirter parfois avec l'obsession.

- L'héritage : abordé de manière analogue dans La mère, L'oncle Antoine, et de façon nettement plus originale dans L'avare.

- L'accident mortel qui vient gâcher une vie partie pour être merveilleuse : La petite aventure, la plus belle mort, au fond des bois.

- Le sauvetage : le sauveteur, après le naufrage, le sauvetage de Népomucène, le lion et le taureau

- Les actes de générosité désintéressés qui finissent par rejaillir sur leur auteur : le vieux biffin, les pommes de terre sous la cendre, le dormeur (2è série), un soir, la jeune saltimbanque... Certaines de la liste étant d’ailleurs liées également au thème de l'héritage.

La morale bourgeoise et l'obsession de l'argent sont souvent omniprésentes, avec une ressemblance parfois frappante avec les nouvelles de Maupassant.

Les textes peuvent aussi être très critiques vis-à-vis des habitudes bourgeoises, ainsi du dégoût de l'oisiveté rentière dans La marchande de fleurs, et de l'immoralité des nobliaux désargentés dans La fille du menuisier, toutes les deux excellentes.

"Mon ennemi" est une bonne histoire de western.

"Le dormeur" (1è série) donne une version horrifique de ce que peut donner une bêtise d'enfant.

"Le condamné à mort" est une belle diatribe contre la peine capitale, avec des accents hugoliens.

"La bonne blague " est touchante.

"Le clou" est une bonne histoire de vengeance dans le cadre de la guerre de 70, très maupassantesque elle aussi.

"La bataille", enfin, est une assez bluffante prospective sur la première guerre mondiale à venir, la seule du recueil ayant un élément de science-fiction, mettant en scène une guerre austro-ottomane où l'auteur analyse très bien le risque de conflagration résultant des alliances. Hélas, elle se termine un peu brutalement.
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La mort de la terre

Rosny Ainé est l’auteur de la célèbre Guerre du feu parfaitement mise en images par Jean-Jacques Annaud. Il y évoque ce qu’on nomme Les âges farouches de l’Humanité naissante. Deux ans après son édition, il aborde la fin de cette même Humanité agonisante. Entre les deux époques, plus de 100.000 ans se seraient passés…

La terre s’est transformée, et l’Homme l’a bien aidée pour cela. Les océans ont disparu, le paysage est devenu chaotique et désert. Quelques poches d’humanité survivent tant bien que mal auprès des rares sources encore existantes. Leur technologie très développée les retient encore de sombrer définitivement, mais la fin semble inévitable.

Targ, celui qu’on appelle le veilleur, veut encore y croire. C’est sans compter sur l’inéluctable. Une nouvelle forme de vie s’apprête à prendre la place des hommes, les ferromagnétaux, espèce en voie de développement et parfaitement adaptée à ce nouvel environnement.

Court et concis, ce texte écologique avant l’heure brosse un état des lieux désespérant où le retour en arrière n’est plus de mise. Malgré tout l’attachement qu’on peut éprouver pour ces derniers hommes, le lecteur ne peut qu’assister à cette accélération dramatique qui pousse l’Humanité vers la sortie.

Cette réflexion sur la finitude obligée des choses, cet inévitable passage de témoin d’un cycle à l’autre est magnifié par une écriture poétique où chaque mot semble compté à son juste poids et son propre sens. Le mode de vie de ces derniers hommes est bien anecdotique comparé à la rudesse de cette extrême noirceur. Les dernières palpitations d’une espèce en voie de disparition sont montrées avec pudeur et pourtant sans ménagement.

Ce beau texte éclaire de façon sublime ce que la biologie telle que nous la connaissons aujourd’hui sous forme d’espèces nombreuses et variées, doit à un équilibre précaire né d’une forme de hasard cosmique, équilibre si fragile qu’une seule espèce peut largement contribuer à rompre sans retour possible.

En lisant cet ouvrage, je n’ai pu m’empêcher également de faire le parallèle avec l’excellent roman de Jean-Pierre Andrevon intitulé Le Monde enfin, où il est question d’une pandémie ravageuse qui mettra fin à l’Humanité et signera le nouveau règne animal.

Rosny Ainé est à sa façon un précurseur de l’écologie moderne et son scénario pessimiste vient faire écho à la situation que nous vivons actuellement. Nos jours difficiles sous le règne de la Covid-19 ne sonneraient-ils pas comme un mauvais présage, un avertissement ?



Michelangelo 18/12/2020



Voici la fin crépusculaire du dernier homme sur Terre imaginée par Rosny Ainé :



La nuit venait. Le firmament montra ces feux charmants qu’avaient connus les yeux de trillions d’hommes. Il ne restait que deux yeux pour les contempler !… Targ dénombra ceux qu’il avait préférés aux autres, puis il vit encore se lever l’astre ruineux, l’astre troué, argentin et légendaire, vers lequel il leva ses mains tristes…

Il eut un dernier sanglot ; la mort entra dans son cœur et, se refusant à l’euthanasie, il sortit des ruines, il alla s’étendre dans l’oasis, parmi les ferromagnétaux.

Ensuite, humblement, quelques parcelles de la dernière vie humaine entrèrent dans la vie nouvelle.


Lien : http://jaimelireetecrire.ove..
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Nymphée

Une illustration de ce qu'est le merveilleux scientifique au fin fond d'une Sibérie mystérieuse et envoutante.



Robert Farville, naturaliste et médecin, fait partie d’une expédition menée par Jean Louis Devreuse en Sibérie à la fin du 19ème siècle. Alors que les membres de l’expédition commencent à se révolter face à la rudesse du climat, ils décident de faire halte dans un marécage. Robert Farville, Jean Louis Devreuse et sa fille décident de continuer leur aventure. Alors que des sables mouvants tentent de régler leur sort, une créature vient leur portée secours : un homme-poisson.



Nous sommes ici dans un roman d’aventure scientifique ayant comme sujet les fameux êtres hybrides mi homme mi poisson qui feront la joie des spectateurs de nombreux films dans les années 50 – 60. Tous les éléments y sont : expédition scientifique, nature sauvage, créature étrange, kidnapping et l’indispensable histoire d’amour avec son beau et courageux sauveur.



Cependant, nous sommes ici dans les premiers textes évoquant cet être hybride qui aura une filiation importante dans l’imaginaire mondiale. Alors ne boudons pas notre plaisir.

Pas de sensationnalisme, le narrateur est naturaliste, il observe la faune et la flore avec un œil averti. Ce qu’il voit est une possible évolution différente de l’homme. Leurs us et coutumes ne sont pas païens, mais issus de leur identité culturelle.



Ce texte a tout de même l'apparence de son âge. Difficile pour un lecteur d'aujourd'hui de s'émerveiller. L’intérêt réside surtout sur la rencontre entre l'homme et la créature. Contrairement à ses successeurs, l'homme poisson n'est pas un monstre sanguinaire, mais un être doué de raison et de sentience que l'on peut comprendre si on s'en donne la peine. L'autre est à découvrir.



Oeuvre du domaine public :

Disponible en version électronique ici : https://beq.ebooksgratuits.com/classiques/index.htm dans Récits de science-fiction II.



Disponible en audio ici : http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/rosny-aine-j-h-nymphee.html

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La mort de la terre

" Je pense que l’humanité n’est pas nécessairement la favorite de la nature,

que l’humanité peut très bien disparaître,

que nous ne sommes pas une espèce sacrée,

qu’il y a eu 10 millions d’espèces animales jusqu’ici,

que neuf millions ont été éliminées...

On n’est pas l’espèce élue, comme on l’a cru pendant longtemps ;

la nature peut très bien se passer de nous. "

Hubert Reeves, Hubert Reeves : conteur d'étoiles (2002)



Certains auteurs feront du sujet du bouleversement climatique et de la raréfaction de l'eau des centaines de pages, voir des milliers. Je pense notamment à Jean Marc Ligny et Justin Cronin, sans préjugé de la qualité de leur textes.

J.-H. Rosny aîné se paye le luxe de le traiter en deux cents pages et d'y ajouter une réflexion profonde sur l'évolution de la vie.

Auteur pas dupe pour un sou :

« La mort de la terre est un petit roman que j'aurais pu sans peine délayer en trois cents pages. Je ne l'ai pas fait, parce que, à mon avis, le merveilleux scientifique est un genre de littérature qui exige la concision : ceux qui le pratiquent sont trop souvent enclin au bavardage.» Rosny Ainé



Après des siècles de surexploitation des ressources, de l'élimination de la faune et de la flore et de science "atomique", la terre est devenue désertique, l'humanité est réduite à sa plus simple expression. Quelques hommes vivent dans des oasis précaires régies par des lois iniques et en osmose avec quelques oiseaux devenus intelligents. Les tremblements de terre finissent d'éradiquer les "derniers hommes", avec l'aide d'une nouvelle forme de vie vampirique, les ferromagnétaux. Quelques hommes refusent cependant la fatalité de l'extinction humaine. En pure perte ?



L'auteur replace l'homme dans le cycle de l'évolution globale de la terre et de la vie. La science que l'homme a pratiqué s'est retournée contre la nature qui tente de reprendre ses droits.

Un texte écrit il y a 106 ans, visionnaire donc par rapport aux connaissances de l'époque et l'évolution possible de la société.



Dans ce futur très lointain, l'intelligence des rares oiseaux s'est développé et une certaine osmose s'est créé avec l'homme. Rosny aîné invente une nouvelle forme de vie qui vampirise celle de l'humanité, comme l'homme en son temps qui a utilisé l'environnement à ses propres fins.



Roman, tragédie, actuel de par ses thématiques, et qui a très peu vieilli stylistiquement. Un appel poignant à la réflexion sur nos modes de vie.

Texte empreint d'une profonde tristesse mais pas désespéré. Voir avec une note d'espoir sur la continuation de la vie.



Courrez chez votre libraire vous le procurer. Ah non, il est épuisé.

Pas grave, il vous reste Harry Potter...

Triste époque.



Disponible cependant en ligne gratuitement (domaine public) : https://fr.wikisource.org/wiki/La_Mort_de_la_Terre_-_Contes/La_Mort_de_la_Terre/Texte_entier
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La Guerre du feu

Ayant vu plusieurs fois le film , je pensais ne plus rien découvrir.....

Évidemment c'était faux.

Le récit , très bien écrit, littérature de 1909.... nous entraine dans un monde farouche. Les trois héros Naoh , Nam et Gaw partis à la quête du Feu vivent des aventures au milieu d'animaux extraordinaires et dans des paysages sauvages.

D'ailleurs, il faut découvrir Rosny ainé pour toute son œuvre.
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La Guerre du feu

Science-fantasy de la préhistoire - aux environs de 100 mille ans. Un roman sensationnel, adapté au cinéma par Annaud - un grand succès.



Comme Jean Auel avec ses romans sur l'homme de Néandertal, Rosny a réussi à nous donner une idée plastique de la vie de l'homme de la préhistoire et il raconte une histoire captivante.



Rosny Aîné est un Belge qui écrit en langue française. Son roman La guerre du feu est paru en 1911. Il est un auteur de science-fiction et science-fantasy surprenant.
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La Guerre du feu

Le premier livre que j'ai lu enfant dans les années 50 en CE2.

Dans la collection Rouge et Or. Il m' a passionné à l'époque. Les aventures vécues pas les trois personnages principaux. Leur lutte contre les animaux, contre d'autres tribus et la rencontre avec une plus évoluée.

Le combat avec Aghoo et ses frères

J'étais vraiment avec les héros.Il a ouvert mon imagination.

Je l'ai lu et relu adulte et je le relirai encore avec toujours autant de plaisir.

Par contre si le film m'a déçu la BD de Emanuel Roudier m'a beaucoup plu elle est très fidèle au roman et les dessins sont superbes.
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La Guerre du feu

La Guerre du feu

J.H. Rosny Aîné (1856-1940)

« Les Oulhamr fuyaient dans la nuit épouvantable. Fous de souffrance et de fatigue, tout leur semblait vain devant la calamité suprême : le Feu était mort ! »

Ainsi commence ce récit épique au style poétique et aux accents hugoliens. Une ambiance de Légende des siècles règne tout au long de cette épopée.

Ils ont perdu le feu et pourtant « ils l’élevaient dans trois cages depuis l’origine de la horde : quatre femmes et deux guerriers le nourrissaient nuit et jour. »

On notera que pour les hommes de l’époque, le Feu était considéré comme un animal qu’il faut nourrir et protéger. Hélas, une horde ennemie a détruit deux cages et dans la troisième cage pendant la lutte, on l’avait vu défaillir, pâlir et décroître avant de mourir. Alors « ils connurent que leur descendance était menacée dans sa source et que les forces du monde devenaient plus formidables : ils allaient rôder, chétifs et nus, sur la terre. »

Faouhm le chef de la horde décide que Gammla, la fille du Marécage, appartiendra à celui qui ramènera le feu : la compétition est rude entre Aghoo et Naoh, deux prétendants. Naoh, le fils du Léopard, qui est l’émanation de la race , la puissance humaine devant le mystère cruel de l’Univers, le refuge qui abriterait la horde, choisit deux solides marcheurs, Nam et Gaw pour partir à la recherche du Feu.

Le moment du départ pour la grande aventure est proche : « c’était l’aube suivante. Le vent du haut soufflait dans la nue, tandis que, au ras de la terre et du marécage, l’air pesait, torpide, odorant et chaud… Ils pressentaient le trouble tragique d’où sortira, après les siècles des siècles, la poésie des grands barbares.» Ils assistent plus loin au premier point d’eau à la bataille titanesque entre aurochs et mammouths. Puis reprennent leur chemin observant les saïgas, les hémiones, les élaphes et autres urus. Il rêve au Feu, la plus terrible et la plus douce des choses vivantes. Naoh imagine la quiétude d’une halte avec l’arôme des viandes rôties, la chaleur tendre et les bonds roux de la flamme, mais l’ennemi rôde parmi les halliers…Ce seront les Dévoreurs d’Hommes, puis les Nains Rouges, puis les Wah jusqu’au jour où du haut d’un mamelon, cachés parmi les herbes drues et secoués d’une émotion terrible, Naoh et ses compagnons voient le Feu au main de l’ennemi : « Il y avait des flammes lovées comme des vipères, palpitantes comme des ondes, imprécises comme des nues. » Mais ils connaissent l’échec dans leur entreprise de s’approprier le Feu et une tristesse incommensurable les étreint.

La rencontre avec les mammouths est un moment magnifique de ce roman et bientôt l’animal et l’Homme se comprennent et font alliance. « Or le soleil s’ensanglanta dans le vaste occident, puis il alluma les nuages magnifiques. Ce fut un soir rouge comme la fleur de basilier, jaune comme une prairie de renoncules, lilas comme les veilleuses sur une rive d’automne, et ses feux fouillaient la profondeur du fleuve : ce fut un des beaux soirs de la terre mortelle, l’alliance des hommes du nord et des mammouths. »

La recherche du Feu se poursuit à travers les plaines muettes et les couchers de sommeil se succèdent tandis que les batraciens s’appellent de leurs voix vieilles et tristes, et que les chauves-souris vacillent parmi les noctuelles.

Les rencontres vont instruire les trois hommes et celle des Hommes sans épaules qui cachent le Feu dans les pierres est déterminante pour l’avenir de l’Homme.

Nos trois hommes vont connaître encore bien des aventures avant de réussir dans leur entreprise.

J’ai relu cette épopée préhistorique lue il y a bien longtemps pour la première fois, et ce avec un immense plaisir. Ce prodigieux voyage imaginaire à l’aube de l’humanité est parfaitement relaté par l’auteur en un style épique et envoûtant, mêlant aux balbutiements de l’histoire de l’Homme le foisonnement des animaux et les bruits de la forêt.

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La Guerre du feu

J'ai découvert cet auteur trop peu connu l'an dernier avec le très bon livre ''La mort de la Terre'' et je m'étais donc procuré un recueil de plusieurs de ses romans, romans préhistoriques dont Rosny est une figure de proue (avec les romans de science-fiction) et dont le plus célèbre est sans conteste ''La guerre du feu''. L'histoire est assez simple et prend place à une époque très reculée ou le feu représentait la vie et où il fallait conter sur des incendies provoqués par la foudre pour l'obtenir, l'homme ignorant encore comment le créer. Après une lutte sauvage avec une autre tribu, la tribu des Oulhamr perd le feu qu'elle entretenait depuis longtemps et trois homme sont envoyés récupérer le feu chez leurs lointains ennemis afin de sauver leur tribu d'une mort certaine, l'homme ne pouvant vivre longtemps sans cette richesse si précieuse. Et on va donc suivre leurs périples et leurs nombreuses rencontres avec les animaux et autres tribus hostiles. C'est une histoire très bien narrée par l'auteur, les scènes de luttes sont nombreuses et épiques, que ce soit des luttes entre animaux, entre hommes et animaux ou juste entre hommes. Il y a un vrai souffle sur cette aventure, les rencontres et les dangers sont nombreux et c'est suffisamment court pour ne pas lasser, bien que je lui ai trouvé certaines longueurs. Une lecture d'aventure originale, bien que sans grande surprise dans son déroulement.
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La mort de la terre

J'ai beaucoup aimé cette histoire des derniers survivants humains dans un lointain futur, peu à peu condamnés à mort par la disparition de l'eau dans les entrailles de la terre. Il n'y a ici aucun antagoniste principal sinon la nature elle-même, ou peut-être serait-ce plus juste de dire que les vrais antagonistes de cette histoire ne sont autres que les lointains ancêtres des personnages que l'ont suit, ancêtres qui n'ont pas su préserver les nombreuses beautés et richesses de notre planète, à savoir nous. C'est donc un roman écolo avant l'heure (il date de 1910), oeuvre visionnaire (surtout en cette période de sècheresse) d'un auteur trop peu connu, oeuvre qui m'a aussi beaucoup fait penser à certains films de Miyazaki, dont de nombreux thèmes sont en commun. Ce n'est pas une histoire qui va faire rire ou bien mettre du baume au coeur, c'est au contraire très mélancolique, tragique, peut-être même un peu lyrique, mais sans doute sont-ce les sentiments qui correspondent le mieux à notre avenir. Je découvre Rosny avec cette histoire, et j'ai très envie de lire d'autres oeuvres de cet auteur dont je me suis déjà procuré une compilation de plusieurs de ses romans chez Robert Laffont, dont le plus célèbre est sans doute ''La guerre du feu''.
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La Guerre du feu

Relu avec délectation même si le style peut paraître un peu désuet et le récit comporter des longueurs. Le roman crée une relation intimiste avec ces hommes d'un autre temps avec lesquels on partage des sentiments d'humanité face à l'adversité du quotidien. Et on en vient à penser qu au-delà du temps nous avons beaucoup de choses en commun...
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Les Xipéhuz

Ce court récit sensé se passer en des temps préhistoriques décrit la première rencontre dans un texte littéraire de l’homme avec une créature de type inconnu. Cette créature n’est pas qualifiée d’extra-terrestre et la question de ses origines n’est pas l’objet du récit, mais elle est clairement décrite comme une forme de vie intelligente et non organique. Publié en 1887, il s’agit donc du premier texte de science-fiction francophone. Le texte rapporte comment, après de premiers contacts peu engageants, un sage étudie ces créatures, comprend une part de leur fonctionnement, mesure le danger qu’elles représentent pour l’humanité, découvre leur point faible puis invente en tâtonnant le moyen d’en venir à bout. C’est bien construit, pas manichéen mais malgré la brièveté, je l’ai trouvé difficile à lire car si le récit est factuel, le ton est épique et a plutôt mal vieilli, donnant un petit côté suranné à l’ensemble. A découvrir par curiosité à plus d’un titre !
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La Guerre du feu

"La Guerre du Feu"est avant tout un univers que reconstitue (ou plutôt essaye de reconstituer) l'auteur.l'ambiance à la fois naïve et brutale de cette œuvre a son charme, et J-H Rosny Aîné semble malgré tout avoir écrit son livre avec sérieux et s'être documenté. Ce roman fait la part belle à l'imagination, mâtinée d'anachronismes forcément, et l'auteur relève décemment le défi de mener son récit à terme.
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