Citations de Jacques Chardonne (429)
Inutile de s'inquiéter de l'avenir, il aura réponse à tout, à sa façon ...
Jean tenait le bras de Pauline et ils marchaient sans parler, unis par ce pas confiant, cette intimité de leurs corps rapprochés, communicative et inépuisable.
Les gens sont plus ou moins ouverts avec nous suivant notre attitude et notre langage. Le plus souvent, leur sincérité dépend de notre caractère. On nous cache ce que nous ne méritons pas de savoir.
Mais la vie est une eau fuyante qui reflète ce que l'on veut.
Je vois la fragilité de ce que j'aime sur un visage parfait, les nuances sont très sensibles, on devine l'ombre des jours qui vont la défaire.
C'est vrai, on n'aime qu'une fois. Il y a un sentiment qui épuise à jamais, qui brûle tout. On en sort avec l'épouvante de l'amour.
Quelques paysages, le ciel dans la fenêtre, du silence, des amis, un amour m'ont suffi, avec le privilège de le dire. Ma vie fut remplie par elle-même, sans grand tourbillon de savoir ou d'inquiétude sur les fins de toutes choses.
J'ai cherché le plus étroit, la plénitude dans le moindre. Avancé en âge, je ne sens pas la mort plus proche et elle me laisse en paix; mais je dirais plus facilement : cela suffit maintenant; pourtant je ne voudrais pas mourir sans regretter la vie.
Dans toute attitude devant la vie, le siècle a sa part; on est porté au repliement quand la planète semble retourner à l'état de nébuleuse.
Il envisage le retour de Nathalie sans inquiétude. Leur passé a été vicié par une erreur qu'il peut corriger maintenant. Jadis, son attitude était faussée par un souci de défense personnelle, hypocrite et aveugle. Aujourd'hui il connaît l'amour: une indulgence infinie, un ravissement pour des riens, une bonté involontaire, un complet oubli de soi-même. Il peut recommencer l'existence commune avec Nathalie; il se proposera uniquement de la rendre heureuse; il ne pensera plus à lui-même; il pardonnera les propos irritants, la frivolité enfantine, la vanité, le caprice, tout cela qui paraîtrait peut-être exquis chez une autre.
Songeant à cet avenir, il se dit que le sacrifice n'est pas une contrainte, un choix difficile et qui implique une privation, mais une pente naturelle du coeur, où l'on s'abandonne avec un sentiment de plénitude...
"L'égalité est un préjugé bourgeois". La belle phrase d'un vrai communiste ! Pour cette phrase-là, j'ai failli embrasser la doctrine.
Il n'y a de paradis que pour les anges.
...ce qu'on regrette un jour quand on regrette la vie, c'est un joli commencement d'amour...
Ceux qui nous ressemblent ne nous intéressent qu'un instant, ils nous montrent bientôt notre faiblesse.
Je n'y retournerai plus. Je ne désire pas revoir des paysages connus, de vieilles figures, et même je veux oublier ce qui déjà m'abandonne, hâter le dépérissement autour de moi, déchirer la page que je ne relirai pas, briser la branche à demi-morte, déblayer un espace qui se dépouille, non pour me déployer dans un désert, mais afin de me resserrer et de mieux adhérer au plus vivace, choix suprême; fait de quoi ?
- Dans la vie, tout de même, il y a de jolies choses... Il faut de la patience pour les voir, il faut les chercher... Ce qui se perd dans le monde d'aujourd'hui, c'est l'amour...
La plus grande épreuve pour l'homme est d'être toujours ramené à sa mesure. Il doit se contenter pour toute grandeur d'accepter ses limites.
Il est malaisé de parler de l'amour car c'est parler de soi. L'amour varie avec les gens et suivant l'âge ; nous lui attribuons les particularités même de notre nature.
La solitude chez soi, c'est le drame de la vie, pour beaucoup ; pourtant les êtres les plus heureux que j'ai vus, c'était des solitaires.
On ne devrait jamais se plaindre ; il y'a toujours pire .
Je suis facilement d'accord avec les étrangers. C'est entre Français que la conversation est difficile ; ils ne parlent pas la même langue, et chacun ne sait que son patois.
J'ignore ce que l'on nomme méditation et je n'ai jamais bien compris le travail de l'écrivain. Il doit surtout se méfier de ses idées ; la pensée n'est jamais assez mûre. Ses inspirations sont pleines de traîtrises. D'ailleurs, en France, un auteur se fait grand tort en écrivant ; il sera blâmé pou ses défauts et pour ses qualités.