Citations de Jacques Chardonne (429)
Le bon style (un certain accent de la phrase, une vertu intime des mots) s'adresse à une oreille intérieure chez le lecteur, oreille très fine. C'est le lecteur qui doit découvrir le style et son chant.
Pour vivre, une foi est-elle indispensable ? Toutes sont mesquines dans leur expression humaine. Les raisons de vivre sont ténues, indiscernables, incluses dans la vie même. Et pourquoi, des raisons ? Secret de chacun. Un jour encore, dit le vieux malade. Ma mère, très âgée, a goûté le soleil de mai comme jamais dans sa vie. Une certaine fraîcheur des sensations, c'est la grâce que je vous souhaite le plus longtemps possible.
Solitude. Qu'est-ce que la solitude ? Elle est partout. Un grand salon. Ma mère dans un fauteuil près de la lampe, un livre dans les mains, et cet air d'intense rêverie qu'elle avait souvent. Mon père enfoncé dans un fauteuil bas devant la cheminée, silencieux, les joues rouges ; il fume d'un geste nerveux et la petite braise au bout de sa cigarette a l'air de briller au souffle des soupirs. Ils pensaient à quoi, si lointains ? Peut-être à ces meurtrissures que se font l'un à l'autre, avec innocence, ceux qui vivent ensemble. Et puis, la solitude de Barbezieux ; la mort sur tout cela.
La vie est bien étrange ! Elle se soucie peu de notre bonheur et de nos vertus. Peut-être que nos pauvres personnes n'ont aucune importance .
La littérature, c'est une religion : elle a peu de fidèles ; elle n'a que des prêtres.
La vie est pleine de charmantes minutes ; cela suffit bien. Elles sont à la portée de tous. On ne sait de quoi elles sont faites. On ne le saura jamais.
J’aime le présent : il n’y a rien à voir, rien à prévoir.
Rien n’est absolument révolu, acquis, déterminé ; tout est en suspens. Ce que l’on nomme joie, injustice, douleur, ennui, félicité, est vrai pour un instant mais ne s’accorde point à ce mouvement malicieux et magique de la vie qui déroute la prévoyance.
Je n’attends rien, et, réduit à l’optimisme, je goûte de mon mieux ce qui m’est offert.
Je ne douterai pas de la terre qui m’a tout donné.
Faute de savoir ce qui nous est nécessaire, nous vivons dans la gêne. Ce nécessaire est très réduit ; au delà, rien ne compte. Chez la plupart des hommes, c'est le discernement qui manque. Ignorant leurs vrais besoins, ils sont insatiables, flottants et malheureux.
Le roman, étrange mixture où l'auteur se donne et le lecteur se cherche.
Le monde est plein de braves gens qui ne voient partout que des gredins.
La véritable conduite de la vie est dans la pensée, qui transforme toute chose.
n'oubliez pas que les battements du cœur sont comptés.
A' la fin , l'histoire fait taire les faux témoins .
Le but dans la vie est le plaisir. C'est un idéal inaccessible mais quand on le peut, il faut s'en souvenir.
Seule la perfection est grande. J'ai de la défiance pour le grandiose qui n'est jamais tout à fait réussi.
Quand le bal fut passé, Pauline en rêva. Parfois elle était encore comme emportée dans un tournoiement, ou bien elle voyait des yeux troublés, des enlacements lâches secrètement resserrés, des galopades amusantes ; ou seulement un air de danse lui revenait, des couleurs, des paroles à peine saisies, des rires.