LeTrident, invention de Jacques Roubaud :
poème très bref
⊗de trois vers
et treize syllabes
cinq pour le premier
⊗trois second
cinq troisième
Le deuxième vers est toujours précédé du signe ⊗.
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De courts textes en prose, plus rarement sous forme de poèmes, écrits par Jacques Roubaud, évoquent les paysages de l'Ecosse avec tout ce qui en fait la beauté unique, pierres, nuages, rivières, eaux, lumière.
Les photographies en noir et blanc qu'ils précèdent transmettent la vision de ce qui vient d'être lu et donnent l'envie de retourner vers les textes pour y assortir les images. Les ciels et les eaux restituent superbement la nature écossaise, le petit format des photographies est tout à fait adapté à la brièveté des textes, l'ensemble tenant dans la poche pour une balade mélancolique ou méditative sur les îles de Skye, Jura, Harris ou au plus profond de la vallée de Glen Coe.
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J'ai commencé vingt fois la rédaction de cette critique... Difficile de retranscrire ici, moi qui ne suis pas très habile dans l'écriture de critique, tout l'amour que je porte à ce texte. Mais il est bien trop méconnu, bien trop confidentiel, bien trop délaissé. Alors je vais me lancer, pour qu'au moins un avis soit diffusé sur Babelio.
Ce roman reprend, détourne et joue avec les codes et les lieux communs des romans de chevalerie. La littérature médiévale n'étant plus à la mode, la parodie des récits chevaleresques semble presque réservée à un public de connaisseurs. Pourtant, moi qui ne suis pas une spécialiste, j'ai adoré.
Mon histoire avec ce livre a débuté par un fou rire à la lecture de l'incipit. Maintenant, il fait partie de mon panthéon personnel. Vous résumer l'intrigue est inutile, il faut se jeter à corps perdu dans ces pages pour en retirer, ou pas, une expérience singulière. Ce fut pour moi une rencontre.
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"Parc Sauvage"est un trés beau texte,lumineux, subtil, d'où ressortent une émotion profonde et un chagrin indicible, sur une enfance ensoleillée et insouciante, menacée par la guerre,le récit d'une petite fille, un récit allusif et elliptique,Dora,dix ans,: (nous sommes en1942),est cachée dans une grande propriété des Corbiéres ,Sainte- Lucie avec "Jacques maintenant" dont les parents sont ....on ne sait où, sûrement très loin......
Elle écoute les conversations de Vlad, son oncle, " qui ne peut plus jouer maintenant "...
Il y aussi "les jumeaux" Joan et Jean qui se ressemblent tellement qu'on ne sait plus qui est qui et leur grand- père Camillou le Catalan,"militant républicain",que Dora a aimé dés qu'elle le voit, sa mère,est restée à Toulouse...
Arrive Théresa, la fille de Camillou ,la mère des jumeaux "très belle, très brune,très jeune"qui parle Catalan, venue avec Jim,qui parle Anglais....
Dora et Jacques attendent qu'on vienne les chercher pour les emmener en Espagne...
La propriété est très vaste,vignes, canards et poules y prospèrent,Dora mange enfin à sa faim et explore le parc avec Jacques, "son vieux bassin" sans eau,ses figuiers, sa lumière,ses pignons,son passage ...secret....
Autour d'eux,des adultes soucieux d'affaires graves,on devine que Sainte Lucie sert de refuge..on y parle Anglais, Espagnol,Français,on y prépare l'exil en secret.
Une anxiété diffuse plane sur ce récit, on y sent une authentique menace...
C'est un ouvrage touchant, plein d'émotions contenues, doux et tendre,respectueux de l'enfance et de ses joies et découvertes multiples, une enfance confrontée à la guerre et à la séparation.
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Jacques Roubaud nous livre de charmants et amusants poèmes pour les enfants qui apprécient déjà la musique des mots, aiment chercher les rimes.
La fantaisie et l'humour du poète plaisent beaucoup aux enfants à partir de 7 ans. Dans ce cas, " Le crocodile" est proposé en prolongation du petit livre "Je mangerais bien un enfant"de Sylviane Donnio.
C'est un plaisir pour moi de ressortir Jacques Roubaud des rayons de la bibliothèque. Il plaît beaucoup aux petits et pourquoi pas...aux grands. C'est mon cas, je l'avoue.
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Après les lectures de " La forme d'une ville change plus vite, hélas, que le coeur des hommes " et " Quelque chose noir ", je retrouve avec plaisir la poésie originale de Jacques Roubaud.
Écrivain prolixe, membre de l'Oulipo (l'Ouvroir de Littérature Potentielle), essayiste, traducteur et mathématicien, l'oeuvre de Jacques Roubaud se nourrit de nombreuses influences, travaille sur les genres tout en s'affranchissant de leurs frontières.
La poésie de Roubaud est placée sous le signe de la fantaisie, d'une certaine érudition et de la logique mathématique. Elle a ceci de particulier qu'elle combine à la fois lyrisme et formalisme, pour preuve un des poèmes tirés du présent recueil :
" des dizaines
de nos lieux communs
circulent dans ma mémoire
incapable de
les fixer
et de les écrire pour toi "
Les vers sont disposés, agencés avec précaution, composant et donnant au poème un espace nouveau. le dernier vers de chaque poème (toujours un sizain) est noté en italique, peut-être pour le différencier des autres en ce qu'il conclut le poème.
" Chutes, Rebonds et autres poèmes simples " est d'abord un recueil au contenu intime. En 2020, en pleine période de confinement lié à la pandémie, Jacques Roubaud s'est astreint à écrire un poème tous les jours. Sensations fugaces, réminiscences de scènes de la vie parisienne, de voyages à l'étranger dont il ne subsiste que quelques instants modestes ou dérisoires mais dont l'auteur veut retenir la part la plus révélatrice.
Scènes de ville plutôt que de nature, d'une vérité nue, qui ne cherchent pas à rivaliser avec la méditation ou la prière. Au travers de ces courts tableaux, Roubaud insère plusieurs poèmes, touchants souvenirs d'un quart de siècle de vie commune avec sa dernière compagne disparue.
" dans ma tête
quelques rengaines
quelques conciliabules
ta main sous le drap
prend la mienne
chaude. le jour, obligatoire "
Poèmes de la désuétude, de l'inquiétude de la mort, du néant qui va séparer le couple, poèmes aussi teintés d'humour et de douce nostalgie font tous de " Chutes, Rebonds et autres poèmes simples " un recueil attachant.
Au moment de sa parution en 2021, Jacques Roubaud été âgé de 88 ans. Un poète à l'image de son oeuvre : généreuse, sensible, inventive, indispensable.
(note : il est dommage sur Babelio de ne pas pouvoir utiliser la tabulation du clavier pour rendre compte de la forme parfois particulière des poèmes, comme celle choisie par Jacques Roubaud dans le présent recueil.)
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Si j’avais vu que ce texte résultait d’une des chiures extirpées lors des conférences du festival de la Villa Gillet, célèbre lieu de consanguinité littéraire lyonnaise, je me serais torchée avec plutôt que de le lire. Le programme de ce festival se résume annuellement à : demander aux participants de se presser leur petit citron sec pour prononcer des discours qui donnent raison aux rapprochements parfois effectués entre barbarisme et culturel. Sans doute n’y aurait-il plus grand-chose à dire sur ce monde qui tourne rond, bel et bien, c’est-à-dire sans logique aucune, mais puisqu’il faut divertir l’homme vivant, on pousse la mauvaise blague jusqu’à ses plus extrêmes retranchements. Et chaque année, le festival de la Villa Gillet sort ses pompons.
Résumons la maigre matière des conférences que donna Jacques Roubaud à une certaine époque :
1) mémoire = poésie. 2) poésie = civilisation. 3) temps modernes = fin de la mémoire. Par l’habile usage du syllogisme, le sophiste aboutit donc à la conclusion C) temps modernes = fin de la poésie = fin de la civilisation. Ouais ben tant mieux, tiens.
A la limite, le seul truc intéressant reste l’hypothèse que l’alphabet grec aurait été inventé par Homère mais bon. N’importe qui peut faire des inventions de ce genre. Il suffit de trouver un truc dont personne ne connaît l’origine, d’avancer un argument d’autorité qui foudroie sur place les quéquettes bandantes, et vous égalez le niveau de Roubaud.
Ne perdez pas votre temps avec cette médiocre littérature, vous en viendriez à la haïr, et personne ne pourrait vous le reprocher.
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Un étrange jeu de Go qui nous ramène à l'Oulipo!!!
Un livre reposant qui n'as pas de frontières et de camps!
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J'ai aimé ce deuil poétique d'une épouse disparue.
Beaucoup d'émotion, de pudeur, dans ce recueil, qui m'avait clouée sur place, au milieu d'une bibliothèque, pendant près de 2 heures. On ressent le vide qu'elle laisse, l'absence qui parle désormais.
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Dans ce recueil, le poète et mathématicien Jacques Roubaud (p)ose une poésie pédagogique. Il fait confiance à l'intelligence des enfants et les estime capables de comprendre ce qu'est la poésie, à travers une galerie de portraits d'animaux. Sous des airs ludiques et espiègles, il mobilise les ressources de son art, en se fondant sur la forme du sonnet et un goût très prononcé pour les jeux de mots. Avec la voix du hérisson, il va jusqu'à expliquer la métrique et la versification, en espérant piquer la curiosité du lecteur.
Néanmoins, ce n'est ni ce passage ni une abondance de personnifications plus ou moins inspirées qui auront le plus retenu mon intérêt, mais davantage l'humour et la bonhomie qui se dégagent de ces vers chaleureux où surnagent parfois de belles définitions de la poésie, comme celle qui nous dit que l'aède aère le langage pour l'aider à respirer, de même que le lombric creuse et digère la terre. On voit donc que le ver de terre est quelque chose de très sérieux, même si vous aurez compris que le sérieux n’est pas la plus grande constante de ce recueil où Roubaud fait preuve de beaucoup de dérision envers ses amis les animaux (et donc aussi d’autodérision car l’homme est un animal comme tout le monde).
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Reçu dans le cadre de Masse Critique : merci à Babelio et aux EDITIONS SEGHERS Jeunesse !
Il s'agit d'un recueil de poésies, plutôt à destination des enfants, à partir de 8 ans, "et de celles et ceux qui le sont resté.e.s". Les textes sont bien écrits, chantants, le vocabulaire est à la fois riche et accessible, l'ensemble est très humoristique et rafraîchissant ! Les "Renseignements complémentaires" en fin d'ouvrage sont amusants et invitent l'imagination à opérer !
J'ai apprécié l'édition, le format (carré, petit, léger), et il me semble que plusieurs poèmes auraient largement mérité des illustrations (peut-être une piste pour une future réédition ?)
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Lecture à contre-courant d'un printemps joyeux, ce quelque chose noir essaie de dire, et sait qu'il échoue de dire, la mort d'une femme aimée. Elle est, corps et âme, chair caressée, présence chaude, puis, d'un coup, elle n'est plus, rien, matière inutile. Le poète est décontenancé, parce qu'il n'y a rien à dire, et encore moins à écrire, mais il tente quand même, sans illusion, de comprendre ce qui lui arrive, de recréer quelque chose qui survive à l'absence infinie, mais la réalité, brute, charogne, implacable, c'est qu'elle n'est plus, que les photographies sur le mur ne représentent plus rien, que les souvenirs et l'écriture du nom ne sont que chimères, nécessaires et impossibles. Les vers se brisent en mots vains, le sens s'envole, elle n'est plus, et dès lors, c'est comme si elle n'avait jamais été.
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Le Tombeau est un genre poétique particulier, où l'on réunit en recueil des pièces de vers écrites à la mémoire de quelqu'un qui vient de mourir. Dans cette optique, "Quelque chose noir" est le livre du deuil de Jacques Roubaud pour sa femme. Comme toute poésie, c'est la tentative d'apprivoisement, d'humanisation par la parole, de la perte irrémédiable et du silence. La perte est signalée par l'impossibilité de nommer et de décrire précisément ce qui arrive, un "quelque chose" sans nom qui ne se caractérise que par une couleur, le noir. La poésie va tâtonner et avancer dans ce quelque chose. C'est un très beau recueil.
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Abandonné à la page 70.
Un début prometteur et puis pour moi cela est devenu un peu embrouillé et tout m'a semblé calculé !
Forcément je viens de m'apercevoir que Jacques Roubaud est mathématicien ; certes il est l'auteur de poèmes, romans et pièces de théâtre.
Je n'ai pas accroché dommage.
Mais, poursuivons ; j'ai tant d'autres lectures à découvrir !
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De la poésie.
Roubaud compose ce recueil à la mémoire de sa femme, Alix Cléo, s'inspirant pour le titre de son exposition de photos "Si quelque chose noir" (voir http://www.actuphoto.com/12321-alix-cleo-roubaud-si-quelque-chose-noir.html).
Il met des années avant de retrouver l'écriture, une écriture du silence, dit-on, des miettes doux-loureuses de son sentiment, de son souvenir qui réalise son deuil.
J'ai mis du temps à l'apprécier parce qu'il m'a fallu décoder son sens (ou le mien). Il ne se laisse pas facilement apprivoiser, ses côté oulipien et mathématicien sans doute. C'est une vraie caverne à interprétations en tous cas. Et je dois dire qu'il m'a plus qu'aucun autre influencé dans ma façon d'écrire
De la poésie.
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Jacques Roubaud : Quelque chose noir (1986)
Neuf séries de neuf poèmes de neuf vers chacun, écrits après 30 mois où devant ta mort je suis resté entièrement silencieux (Aphasie p. 131). Sa femme, la photographe Alix Cleo Roubaud, est morte à 30 ans d'une embolie pulmonaire [sous estroprogestatif ?]. L’ouvrage rapporte des images obsessionnelles : sa main cyanosée, sa voix, son odeur, des souvenirs érotiques dans tout le recueil (Au fond des jambes ouvertes, cette tâche sombre, p. 111), ses photographies longuement méditées (voir p. 91/103). Je m'acharne à circonscrire rien-toi avec exactitude, ce bipôle impossible, à parcourir autour, de ceci, ces phrases de neuf que j'appelle poèmes (p. 85). Il lui donne la parole : « Entre, assiste à mon enfance intérieure, au deuxième côté du temps » (p. 102) et revient à la création : Et ma voix, en vérité, retourne, par ces mots, à ton image, qui d'elle même, ici, les pose (p. 117). Le rythme est heurté et la prosodie rocailleuse : Dans la nuit borgne sous la masse cyclope d'une lune vacillante (p. 20). La ponctuation et la mise en page sont complexes (je ne reproduis pas les espaces et les sauts de lignes : voir le texte), de même que le soubassement Oulipien autour du chiffre neuf.
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J'ai aimé ce livre, beaucoup. Je vais l'aimer ancore longtemps.
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Une prose du maître du sonnet. Souvenirs hypnotiques, obsessionnels d’eau et de ciel, d’un enfant caché, bientôt privé de sa mère. Son double adulte, Mr. Goodman, retrouve dans les tableaux de Constable les nuages qui le fascinaient : « Il aurait voulu les retenir, les immobiliser, les coller à jamais dans le ciel, les accrocher à quelque point fixe de l’éther bleu » (p 21). « Le ciel était de nouveau pur, profond, d’un bleu d’abord pâle puis sombrissant peu à peu. La montagne noircissait, se préparait à s’approcher jusqu’à toucher presque les yeux, comme tous les soirs. Il fallait s’arracher à la contemplation » (p 22). « Grâce à l’art de Constable, lui, Goodman, avait retrouvé, non pas le passé, ni le temps, qu’on ne perd jamais parce qu’il n’a jamais été en notre possession, mais, ne serait-ce que pour des moments précaires, et sans cesse effacés, quelque chose sur son enfance, que la fracture de la guerre, que l’absence de sa mère, la séparation d’avec sa mère, le meurtre de sa mère, lui avait fait perdre pendant toutes ces années. Il ne s’agissait pas d’une restitution impossible. Seulement l’offre d’une possibilité : un regard réconcilié avec le passé, avec l’oubli. »
La maîtrise de quelque chose sombre, pour paraphraser l’un des meilleurs recueils de Roubaud.
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