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Citations de James Baldwin (443)


Ma première rencontre avec le FBI eut lieu en 1945 à Woodstock, dans l'état de New York, où je vivais dans une cabane dans les bois. Les deux hommes ne ressemblaient en rien à Van Hefling.
C'était tôt le matin. Ils m'ont entraîné à l'extérieur du "diner" pour me tenir debout contre un mur. Ma couleur de peau me rendait déjà assez repérable dans cette ville – c'est le moins que l'on puisse dire – et les gens regardaient à distance. J'avais le sentiment qu'ils attendaient d'être choisis comme membre du peloton d'exécution.
Je n'avais pas la moindre idée de la raison pour laquelle ils étaient venus me chercher. Je ne voyais rien dans mes agissements qui aurait pu attirer leur attention. Plus tard dans ma vie, j'ai très bien compris pourquoi j'avais attiré leur attention, et me suis contenté d'essayer de continuer à continuer. Toujours est-il qu'une fois que vous avez éveillé l'attention du FBI, ils gardent un gentil dossier sur vous, votre famille et vos amis.
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Cela ne pouvait pas être rêvé? Rêvé? Tous les enfants du shérif ne sont pas blancs, cette certitude se lisait dans tous les regards. Tous les enfants de ma mère ne sont pas noirs. Cette certitude, qui est la même, se lisait dans tous les regards, mais avec une différence.
Cette différence est la différence entre la fuite et la confrontation. Ou bien, si je puis m’abaisser à emprunter à un vocabulaire stupéfiant dans sa malhonnêteté absolue et désespérément sincère, c’est la différence entre être noir ou blanc (...) Pour eux nous étions noirs, un point c’est tout. Oh ! J’aimais peut-être rire, et peut-être aussi tenais-je à la vie, peut-être mes doigts étaient-ils capables de démonter un fusil ou de jouer du violon, peut-être aimais-je ma femme, ma fille ou mon frère, peut-être savais-je, moi aussi comme tous les hommes, que j’étais né pour mourir. Rien de cela n’avait d’importance, rien de cela ne pesait du plus fin des cheveux dans la balance, car j’étais noir. Si je ne pouvais pas opportunément mourir ou décemment sourire, ni travailler avec gratitude, alors il fallait m’emmener sur un lieu d’exécution, et laisser les chiens se régaler de mon sexe. Feu, air, vent, eau et, enfin, la terre et mes ossements : cela se résumait ainsi pour moi et les miens, et mon propre pays que j’aimais tant et que j’avais aidé à construire.
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- (...) Merde ! Ils vous enferment là-dedans parce que vous êtes noire, ces dégueulasses, ces salauds de Blancs, tout en allant crier sur les toits toutes leurs conneries sur la terre de la liberté et la patrie des braves. Et ils veulent que vous vous repaissiez de cette même musique, vous aussi, seulement il faut que vous gardiez vos distances. Je voudrais, ma petite, je voudrais pouvoir me changer en un poing énorme et réduire ce maudit pays en poussière. Il y a des jours, je me dis qu'il n'a pas le droit d'exister. Seulement, vous n'avez jamais éprouvé cela et Vivaldo non plus. Vivaldo ne voulait pas savoir que mon frère se mourait, parce qu'il ne voulait pas savoir que mon frère serait encore en vie s'il n'était pas né noir.
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il y a des jours qui voltigent
des jours qui affligent
et des jours où tu crois à peine
il y a des jours qui croient en toi
des jours qui n'y croient pas
il y a des jours qui croient en toi
et toi tu n'y crois pas
il y a des jours d'inquiétude
des jours de colère
il y a des jours qui rendent
plus joyeux.
il y a des jours , il y a des jours
qui font plus que briller,
des jours témoins
quand vient l'autre bout du tunnel !
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Les Noirs connaissent aussi les flics noirs, même ceux que l'on nomme « Monsieur » à Philadelphie*. Ils savent que leur présence dans la police ne change pas la police, ni les juges, ni les hommes de loi, ni les esclaves, ni les prisons. Ils connaissent la mère et le père du flic noir, ils ont peut-être rencontré la soeur, et ils connaissent le petit frère, ou le grand, qui est peut-être un esclave, ou un junkie, ou un étudiant perdu de Yale. Ils savent à quel point le flic noir doit faire ses preuves, et combien ses moyens pour cela sont limités : là où j'ai grandi, les flics étaient même plus terrifiants que les flics blancs.

*Référence au film "They Call Me Mister Tibbs!" (Appelez-moi Monsieur Tibbs), réalisé par Gordon Douglas en 1970. Virgil Tibbs est un personnage de fiction qui apparaît dans plusieurs romans et films, incarné trois fois au cinéma par Sidney Poitier.
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"Ce n'était pas chez John une conviction susceptible de disparaître ou de se modifier, ni même un espoir susceptible d'être détruit: c'était sa personne et, donc, une part de cette scélératesse pour laquelle son père le "battait "et à laquelle il "se cramponnait" afin de lui résister.Car John chérissait en lui- même quelque chose auquel son père n'avait pas accès.
C'était sa "haine "et son "intelligence "qu'il chérissait , l'une nourrissant l'autre ........
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Hier, Ruth, Julia et moi, nous étions les enfants: aujourd'hui nous sommes les vieux, et c'est ce qui arrivera à Tony et Odessa, Dieu le veuille. Ah! La vie peut bien être un champ de mais et un épi ressembler totalement à un autre, mais je préfère de beaucoup la labourer à plein corps plutôt que de m'y coucher dessus comme un croulant.
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Chacun sait, même si cela nous déplaît, qu'une salle de tribunal est par essence un cirque romain pour tous ceux qui y participent. Impossible d'y être impartial. Certains prétendent être objectifs mais il s'agit là d'une intention louable, au mieux. La capacité des hommes à suspendre leur jugement en attendant de connaître les faits est à tout le moins aléatoire, pour ne pas dire illusoire.
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La plupart des femmes réussissent fort brillamment à survivre sans se laisser enfermer dans les définitions d'autrui. Elles ignorent tout simplement les catégories dans lesquelles on voudrait les enfermer lorsque celles-ci sont susceptibles de les menacer. Ou bien encore, elles trouvent parfois même une façon de les tourner à leur avantage. Et cela, peut-être, parce qu'elles ne rêvent pas. Mais les hommes ne sont pas aussi flexibles ou subtils. Un homme doit se battre pour sa virilité : c'est le minimum en deçà duquel il n'existe pas. C'est que l'homme ne dispose tout simplement pas des armes féminines. La mère doit nourrir ses enfants – c'est son minimum à elle. Et on peut dire qu'à un certain niveau elle ne peut se permettre de lésiner sur les moyens d'accomplir cette tâche. Mais lorsqu'un homme ne peut nourrir sa femme et ses enfants, il trouve impossible de se présenter, littéralement, devant eux. Comme le dit la chanson :

« Quand une femme a le blues, bon Dieu
Elle baisse la tête et ses larmes coulent
Mais quand un homme a le blues, bon Dieu
Il attrape le premier train qui roule. »
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Ce n'est pas souvent, je suppose, que deux personnes peuvent rire et faire l'amour en même temps, qu'ils font l'amour parce qu'ils rient et rient parce qu'ils font l'amour. L'amour et le rire ont la même source. Mais peu de gens s'y abreuvent.
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L'homme blanc tire sa haine de la terreur,
une terreur sans fond ni nom
qui se focalise sur le Noir comme figure d'effroi,
sur une entité qui n'existe que dans son esprit.
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Celui qui chaque jour est obligé d'arracher par fragments sa personnalité, son individualité, aux flammes dévorantes de la cruauté humaine sait, s'il survit à cette épreuve, et même s'il n'y survit pas, quelque chose quant à lui-même et quant à la vie, qu'aucune école sur terre et qu'aucune église non plus ne saurait enseigner.
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Ceux qui refusent de regarder la réalité - Appellent leur propre destruction - Tout simplement.
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what have they done ? Not much. To do much is to have the power to place these people where they areand keep them where they are.
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James Baldwin
Humainement, personnellement, la couleur n'existe pas. Politiquement, elle existe.
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- Je sais que je l'ai laissé tomber, mais je l'aimais, et personne ne voulait le savoir. Je ne cessais de me dire : Ils sont Noirs et je suis Blanc mais j'ai subi les mêmes souffrances, absolument les mêmes. Comment pourrais-je leur faire comprendre ?
- Mais si vous avez subi le même sort, dit-elle, ce n'est pas uniquement parce que vous étiez Blanc. Ca s'est produit comme ça, un point c'est tout. Mais ce qui leur arrive, à Harlem - le taxi sortit du parc; elle allongea la main, invitant Vivaldo à regarder - leur arrive parce qu'ils sont Noirs. Et c'est là qu'est la différence.
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La mort de l'innocence est aussi la mort de la culpabilité.
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… sans un bruit, sans bouger un muscle, nous rions. Nous rions pour de nombreuses raisons. Nous sommes ensemble en un lieu où personne ne peut nous atteindre, nous toucher, où nous sommes unis.

(Stock, p.145)
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J'eus soudain peur. Peut-être parce qu'il avait l'air si innocent, couché là, totalement confiant ; peut-être parce qu'il était tellement plus petit que moi. Mon propre corps me sembla soudain grossier, écrasant, et le désir qui montait en moi me parut monstrueux. Mais surtout, j'avais brusquement peur. Une pensée se fit jour en moi : Mais Joey est un garçon ! J'étais soudain conscient de la puissance de ses cuisses, de ses bras, de ses poings doucement serrés. La puissance, la promesse et le mystère de ce corps me firent soudain peur. Ce corps m'apparut soudain comme l'entrée béante d'une caverne à l'intérieur de laquelle je serais torturé jusqu'à la folie, dans laquelle je perdais ma virilité. Justement, je voulais connaître ce mystère et sentir cette puissance et voir cette promesse s'accomplir à travers moi. La sueur se glaça dans mon dos. J'avais honte. Le lit était lui-même, dans son tendre désordre, la preuve de cette souillure. Je me demandai ce que la mère de Joey dirait lorsqu'elle verrait les draps. Puis je songeai à mon père, qui n'avait personne d'autre au monde que moi, ma mère étant morte lorsque j'étais enfant. Un abîme s'ouvrit dans mon esprit, sombre, empli de rumeurs, de suggestions, d'histoires à demi entendues, à demi oubliées, à demi comprises, pleines de mots sales. Je crus voir mon futur dans cette caverne. J'eus peur. J'avais envie de pleurer de terreur et de honte, d'incompréhension qu'une chose pareille ait pu m'arriver, qu'une chose pareille ait pu avoir lieu en moi.
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A la sortie du film I am not your negro en France en 2017, les journalistes ont été les premiers à à m'alerter : on ne trouve plus de livres de James Baldwin dans les librairies. Le peu de traductions qui existaient ont été raflées par les premiers spectateurs. C'était une bonne nouvelle et une mauvaise également.
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