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Critiques de James McBride (144)
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Miracle à Santa Anna

Italie, Alpes apuanes, décembre 1944, les Anglo-américains lançés à l'assaut de la ligne défensive allemande, la ligne Gothique, s'embourbent et s'enlisent. Une guerre d'usure s'installe sur le front italien dans ce massif montagneux situé au Nord Ouest de la Toscane alors que l'hiver est toujours aussi rude ( neige, froid).



Avec Miracle à Santa Anna, James McBride nous transpose au coeur de la 92ème division d'infanterie américaine nommée la division Buffalo en référence aux Buffalo Soldiers, surnom donné au 19ème siècle par les Amérindiens aux soldats afro-américains, pour suivre et partager la quotidien de quatre soldats en particulier, qui après s'être éloignés de leur camp traversent les montagnes toscanes.



Grâce au talent de James Mc Bride , ce roman basé sur des réalités historiques, l'action se situe quelques semaines avant le massacre de civils à Santa Anna di Stazzema, il nous introduit aussi dans un univers plein de fantaisie.

Ainsi à la lecture de Miracle à Santa Anna nous découvrons un roman qui tangue entre guerre, paix, amour … et empathie.

Un roman baroque avec l'intrusion du merveilleux, un géant en chocolat, la montagne de l'Homme qui dort, une sorcière… et des miracles.



Une adaptation cinématographique que je n'ai pas visionné a été réalisée par Spike Lee en 2008.

De mon côté j'aurai plutôt imaginé une adaptation par Emir Kusturica pour montrer les montagnes enneigées, les rencontres avec la population italienne, les délires, les moments de peur, de frayeur, de douceurs sensuelles et d'instants magiques.



J'ai beaucoup aimé la transcription des ressentis de ces quatre soldats perdus dans la campagne italienne parfois en proie au découragement et d'autres fois sujets à des visions.

Des âmes déchirées par un passé tourmenté qui s'emballent à la vue d'une bella ragazza…



Bien sûr il y a un hommage fort à tous ces soldats de la division Buffallo qui ont essuyé beaucoup de plâtre et ont eté envoyés au casse-pipe.

James McBride répare l'injustice en leur redonnant une voix, traités par la hiérarchie militaire comme de la chair à canon et des sous-hommes, ce roman leur rend la place qu'ils méritent dans l'Histoire et cet épisode de la Seconde Guerre Moniale que je ne connaissais pas.
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L'oiseau du bon dieu

La vie de John Brown, les états du Sud de l’Amérique comme si vous y étiez. John Brown (1800-1859), abolitionniste convaincu et enflammé, porté par une foi démesurée en l’Eternel, parcourt le pays avec pour mission d’éradiquer l’esclavage. Passionné, illuminé son dernier coup d’éclat : s’emparer d’un arsenal fédéral en Virginie tournera au désastre, arrêté et jugé, il est pendu le 2 décembre 1859. Cette attaque suscite un vent de panique dans tout le pays, la guerre de Sécession peut commencer.



Henry Shackleford, petit métisse, a dix ans lorsqu’il croise la route du capitaine Brown, ce dernier l’adopte tout de suite, il faut préciser que dans une bagarre de saloon il a tué son père et son maitre. Le jeune garçon n’a d’autre solution que suivre ce vieux complétement perché. Pris pour une fille et surnommé l’Echalote, il fera partie de la garde rapprochée de John Brown, petit témoin malicieux, il rapportera dans son journal, trois années d’errance, de combats et d’espoir. Des plaines du Kansas aux salons de Boston ou de Chicago avec un détour dans un bordel du Missouri, la vie de l’Echalote, petite cousine de Tom Sawyer, est un roman.



James Mcbride nous livre un récit passionnant sur les années qui ont précédées la guerre de Sécession et grâce à la biographie de ce héros méconnu, il lève le voile sur un effroyable pan de l’Histoire américaine. Chanson de geste à l’écriture enlevée, tour à tour drôle, poignant et féroce, ce Western haut en couleur nous donne à réfléchir sur l’inhumaine condition d’esclave. Formidable épopée racontée à hauteur d’enfant par un gamin qui n’a pas la langue dans sa poche, « L’oiseau du Bon Dieu » c’est Zazie au Kansas et c’est sensass.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Deacon king kong

Envie d'aller traîner vos guêtres dans le Brooklyn de la fin des années 60, ses rues miteuses, ses infrastructures délabrées, son système social corrompu et inefficace, ses bandes de jeunes, et de vieux, qui traînent entre deux terrains vagues? Non? Venez faire un tour chez James Mc Bride, il va vous faire changer d'avis.

1969: Brooklyn n'est plus ce qu'il était : les immigrés juifs ont fui devant l'affluence des immigrés italiens qui eux-mêmes partent en masse vers le Bronx devant l'arrivée massive des Noirs venus du Sud et des Hispaniques. A l'arrivée, un équilibre complexe fragilisé par la misère rampante entre ces communautés qui ont en commun le rêve d'un Eden américain de l'autre côté du pont, et la certitude d'en être absolument exclus. En commun aussi, l'arrivée sournoise de l'héroïne, donnant naissance à une pègre bien plus violente et préjudiciable à ce petit monde que les misérables combines des gangsters italiens à base de téléviseurs tombés du camion.

Un cocktail explosif, et qui d'ailleurs pète dès les premières pages : Deacon King Kong, alias Sportcoat, le diacre ivrogne de l'église des Five Ends, sort en titubant de sa cave et s'en vient balancer un coup de pétoire dans la tête du jeune Deems, star montante du trafic de poudre.

Et pourtant... autour de cette dangereuse ouverture des hostilités dans laquelle vient s'engouffrer une guerre de gangs de bras cassés aussi bêtes que brutaux, que d'humanité, que d'humour mais aussi que de mélancolie dans cette évocation d'une vie de quartier dans laquelle les habitants se serrent les coudes, s'accrochent avec courage, dépassent les clivages et portent haut leur dignité de citoyens de seconde zone autour d'un projet d'église qui les soudent et leur volonté farouche de ne pas laisser cette nouvelle drogue bousiller leur univers. Beaucoup d'amour aussi, celui de Sportcoat pour sa femme décédée, du vieux flic italien pour la sombre et sage femme de ménage noire qui comme lui "nettoie la saleté", du gangster italien qui rêve de raccrocher les gants pour mener une vie paisible de vendeur de bagels auprès de la belle dont il rêve... et au milieu d'eux, notre Sportcoat imbibé qui vacille comme un funambule, protégé par sa mauvaise bibine de la violence environnante.

Encore une fois James McBride frappe fort et juste de sa voix noire, drôle et tendre pour mettre sur le devant de la scène la communauté des laissés pour compte et faire exister des personnages pleins, vivants, entiers.

J'avais adoré ses précédents romans, de La couleur de l'eau sur le personnage incroyable de sa mère à Mets le feu et tire-toi sur la personnalité non moins incroyable de James Brown. pareil pour Deacon Sportcoat King Kong, un personnage inoubliable qui vient confirmer la voix majeure que porte James McBride dans la littérature américaine.

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L'oiseau du bon dieu

Voilà une satanée lecture ! Une lecture formidable ! Le roman ! Dans la tradition des grands roman picaresques ! Tout y est. L'histoire, la petite et la grande, les personnages, les espaces, les caractères, la fougue, la folie, le rire, les larmes, les dialogues, les mouvements, : un incroyable roman ! Une épopée, une conquête, un rêve, un délire, un échec, une débandade, une guerre, une révolte radicale, un jusqu’au-boutisme effarant  ; Mais la magie de Mac Bride, la magie de son écriture c'est sa proximité avec l'humain. L'humain le grand, le petit, le tremblant, le fiévreux, l'humain dans son ensemble dans sa totalité. Les bons, les méchants..hommes, femmes , enfants, blancs, noirs, métis, indiens, colons, pauvres ou riches... Qui ? Où ? À quels moments ? .Les héros n'existent pas. Il sont ce que l'histoire fera d'eux. Alors voici l'histoire, une petit partie de l'histoire, que pour ma part je ne connaissais pas et que je découvre avec un immense plaisir. John Brown….Un brin don Quichotte, un abolitionniste, un fanatique, un sans quartier, un disons un «  fou de dieu ». Un personnage reconnaissons le, totalement halluciné et hallucinant, qui avec une bible et un fusil part durant quatre ans affronter le pouvoir économique politique social et militaire des Etats Unis.

Et rien ne l'arrêtera jusqu'à sa pendaison en 1859 . Durant quatre ans le capitaine John Brown va faire naitre la peur, la terreur dans l'esprit des sudistes. Échec il y eut, mais la graine était semée.

La possibilité d'une révolte, la possibilité de l'abolition, la possibilité que les choses cessent et que le monde fonctionne autrement. Ce n'est pas ici à l'avènement de l'arbre de la liberté que nous assistons mais à l'envolée de sa graine. Envolée chaotique, bigarrée, parfois chevaleresque parfois totalement ubuesque. De bric et de broc. Voilà comment les choses se sont passées. Pas en ligne droite, pas en sabre étincelant. Dans la confusion, dans un grand n'importe quoi, n'importe comment, dans la foi, la peur, dans le doute, dans l'adversité, dans la trahison, dans la ferveur, la grandiloquence, dans la fuite, dans la sueur, dans le sang. Et avec au milieu de tout ça toujours le regard de l'enfant.

1807 : abolition officielle de la traite des noirs aux États-Unis

1860, le candidat républicain Abraham Lincoln est élu

1861 – 1865 : guerre de Sécession ou guerre civile américaine

1865 : les États-Unis interdisent l'esclavage.

Il aura donc fallu attendre 58 ans après que la dernière livraison marchande de chair humaine « officielle » ait eu lieu sur le sol américain pour que l'abolition de l'esclavage soit inscrit dans la constitution américaine.

Car si la « source d'approvisionnement » était tarie il n'en restait pas moins que le systeme d'exploitation de « la matière première » perdurait .

Deux courants abolitionnistes se détachaient. Le clan des graduellistes, et les immédiatistes.

Faisons simple : les graduellistes envisageaient une abolition de l'esclavage « en douceur » en gageant sur le long terme, sans créer de trop gros remous économiques, sociales, politiques. Les immédiatistes quant à eux étaient partisans d'un abolitionniste total et immédiat au regard des valeurs morales auxquelles ils étaient attachés.

L'histoire n'est pas simple et ne se compte jamais en jours quelque soit le siècle quelque soit les conflits. L'histoire sème toujours ce que les hommes récoltent.

Ce qui est bon c'est que les choses soit dites expliquées, que chacun connaissent l'histoire de son chemin. Rien que de l'humain. John Brown devint un symbole. Ce « vieux fou » de capitaine n'a pas gagné la bataille de Harper Ferry. Mais il a semé et maintenu par ses flots de lettres, de discours l'éveil d'une conscience. «  La chanson John Brown's Body (titre original de Battle Hymn of the Republic) devint un hymne nordiste durant la guerre de Sécession. »

Il n'a pas arrêté la guerre. Il l'annonçait. Et si ce vieux fou avait été écouté ? Qu'elle aurait été l'histoire des Etats Unis ? On ne réécrit pas l'histoire bien sûr mais le moins que l'on puisse faire c'est de mieux la connaître. Voilà ce que McBride nous offre avec cette plume de l'oiseau du bon dieu.

L'histoire fait partie des sciences humaines. Elle nous permet de permet de prendre conscience de nous mêmes. De notre Ensemble.

La parole du vieux John Brown aura été entendue jusqu'en Europe. L'Europe qui n'a pas non plus tout dit tout analysé de sa propre histoire et ses responsabilités.

Et ne soyons pas dupe il n'y a pas eu que de grands élans humanistes dans tout cela, il y a eu également des enjeux politiques, économiques et financiers.

Ne soyons pas dupes mais il faut toujours une étincelle pour que les choses se transforment et nous bouleversent . Parfois lorsqu'une étincelle naît d'un mauvais esprit, c'est pour tous la nuit, mais si elle naît dans le bon cœur d'un homme alors il se peut , bien souvent, que la lumière jaillisse.

«  AUX ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

    Quand on pense aux États-Unis d’Amérique, une figure majestueuse se lève dans l’esprit, Washington.

    Or, dans cette patrie de Washington, voici ce qui a lieu en ce moment :

    Il y a des esclaves dans les états du sud, ce qui indigne, comme le plus monstrueux des contre-sens, la conscience logique et pure des états du nord. Ces esclaves, ces nègres, un homme blanc, un homme libre, John Brown, a voulu les délivrer. John Brown a voulu commencer l’oeuvre de salut par la délivrance des esclaves de la Virginie. Puritain, religieux, austère, plein de l’évangile, Christus nos liberavit, il a jeté à ces hommes, à ces frères, le cri d’affranchissement. Les esclaves, énervés par la servitude, n’ont pas répondu à l’appel. L’esclavage produit la surdité de l’âme. John Brown, abandonné, a combattu ; avec une poignée d’hommes héroïques, il a lutté ; il a été criblé de balles, ses deux jeunes fils, saints martyrs, sont tombés morts à ses côtés, il a été pris. C’est ce qu’on nomme l’affaire de Harper’s Ferry.

    John Brown, pris, vient d’être jugé, avec quatre des siens, Stephens, Copp, Green et Coplands.

    Quel a été ce procès ? disons-le en deux mots :

    John Brown, sur un lit de sangle, avec six blessures mal fermées, un coup de feu au bras, un aux reins, deux à la poitrine, deux à la tête, entendant à peine, saignant à travers son matelas, les ombres de ses deux fils morts près de lui ; ses quatre coaccusés, blessés, se traînant à ses côtés, Stephens avec quatre coups de sabre ; la « justice » pressée et passant outre ; un attorney Hunter qui veut aller vite, un juge Parker qui y consent, les débats tronqués, presque tous délais refusés, production de pièces fausses ou mutilées, les témoins à décharge écartés, la défense entravée, deux canons chargés à mitraille dans la cour du tribunal, ordre aux geôliers de fusiller les accusés si l’on tente de les enlever, quarante minutes de délibération, trois condamnations à mort. J’affirme sur l’honneur que cela ne s’est point passé en Turquie, mais en Amérique.

     On ne fait point de ces choses-là impunément en face du monde civilisé. La conscience universelle est un oeil ouvert. Que les juges de Charlestown, que Hunter et Parker, que les jurés possesseurs d’esclaves, et toute la population virginienne y songent, on les voit. Il y a quelqu’un.

    Le regard de l’Europe est fixé en ce moment sur l’Amérique.

    John Brown, condamné, devait être pendu le 2 décembre (aujourd’hui même).

    Une nouvelle arrive à l’instant. Un sursis lui est accordé. Il mourra le 16.

    L’intervalle est court. D’ici là, un cri de miséricorde a-t-il le temps de se faire entendre ?

    N’importe ! le devoir est d’élever la voix.

    Un second sursis suivra, peut-être le premier. L’Amérique est une noble terre. Le sentiment humain se réveille vite dans un pays libre. Nous espérons que Brown sera sauvé.

    S’il en était autrement, si John Brown mourait le 16 décembre sur l’échafaud, quelle chose terrible !

    Le bourreau de Brown, déclarons-le hautement (car les rois s’en vont et les peuples arrivent, on doit la vérité aux peuples), le bourreau de Brown, ce ne serait ni l’attorney Hunter, ni le juge Parker, ni le gouverneur Wyse ; ni le petit état de Virginie ; ce serait, on frissonne de le penser et de le dire, la grande République Américaine tout entière.

    Devant une telle catastrophe, plus on aime cette république, plus on la vénère, plus on l’admire, plus on se sent le coeur serré. Un seul état ne saurait avoir la faculté de déshonorer tous les autres, et ici l’intervention fédérale est évidemment de droit. Sinon, en présence d’un forfait à commettre et qu’on peut empêcher, l’Union devient Complicité. Quelle que soit l’indignation des généreux états du Nord, les états du Sud les associent à l’opprobre d’un tel meurtre ; nous tous, qui que nous soyons, qui avons pour patrie commune le symbole démocratique nous nous sentons atteints et en quelque sorte compromis ; si l’échafaud se dressait le 16 décembre, désormais, devant l’histoire incorruptible, l’auguste fédération du nouveau monde ajouterait à toutes ses solidarités saintes une solidarité sanglante ; et le faisceau radieux de cette république splendide aurait pour lien le noeud coulant du gibet de John Brown.

    Ce lien-là tue.

    Lorsqu’on réfléchit à ce que Brown, ce libérateur, ce combattant du Christ, a tenté, et quand on pense qu’il va mourir, et qu’il va mourir égorgé par la République Américaine, l’attentat prend les proportions de la nation qui le commet ; et quand on se dit que cette nation est une gloire du genre humain, que, comme la France, comme l’Angleterre, comme l’Allemagne, elle est un des organes de la civilisation, que souvent même elle dépasse l’Europe dans de certaines audaces sublimes du progrès, qu’elle est le sommet de tout un monde, qu’elle porte sur son front l’immense lumière libre, on affirme que John Brown ne mourra pas, car on recule épouvanté devant l’idée d’un si grand crime commis par un si grand peuple

    Au point de vue politique, le meurtre de Brown serait une faute irréparable. Il ferait à l’Union une fissure latente qui finirait par la disloquer. Il serait possible que le supplice de Brown consolidât l’esclavage en Virginie, mais il est certain qu’il ébranlerait toute la démocratie américaine. Vous sauvez votre honte, mais vous tuez votre gloire.

    Au point de vue moral, il semble qu’une partie de la lumière humaine s’éclipserait, que la notion même du juste et de l’injuste s’obscurcirait, le jour où l’on verrait se consommer l’assassinat de la Délivrance par la Liberté.

    Quant à moi, qui ne suis qu’un atome, mais qui, comme tous les hommes, ai en moi toute la conscience humaine, je m’agenouille avec larmes devant le grand drapeau étoilé du nouveau monde, et je supplie à mains jointes, avec un respect profond et filial, cette illustre République Américaine d’aviser au salut de la loi morale universelle, de sauver John Brown, de jeter bas le menaçant échafaud du 16 décembre, et de ne pas permettre que, sous ses yeux, et, j’ajoute en frémissant, presque par sa faute, le premier fratricide soit dépassé.

    Oui, que l’Amérique le sache et y songe, il y a quelque chose de plus effrayant que Caïn tuant Abel, c’est Washington tuant Spartacus.

    VICTOR HUGO.

    Hauteville-House, 2 décembre 1859. »

« John Brown fut pendu. Victor Hugo lui fit cette épitaphe : Pro Christo sicut Christus. John Brown mort, la prophétie de Victor Hugo se réalisa. Deux ans après la prédiction qu’on vient de lire, l’Union américaine « se disloqua ». L’atroce guerre des Sudistes et des Nordistes éclata. » Site des Lettres Académie de Rouen.



pour info : http://expositions.bnf.fr/hugo/grand/308.htm



Astrid Shriqui Garain



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L'oiseau du bon dieu

Pari gonflé que d’éclairer la figure aussi symbolique et controversée aux Etats-Unis qu’elle est peu connue de ce côté de l’Atlantique de l’abolitionniste John Brown sous l’angle choisi par James McBride : celle d’une épopée tragico-burlesque racontée par un jeune esclave noir velléitaire et dégourdi qui l’aurait suivi plus ou moins contre son gré jusqu’à sa fin sanglante.



On rit beaucoup des facéties de plume d’Henry/Henrietta, le narrateur, « oiseau du bon Dieu » enlevé par John Brown, pris pour une fille et affublé du rôle de porte-bonheur de la croisade pour la libération des esclaves noirs portée par ce prophète halluciné qui ne croyait qu’au pouvoir de Dieu et à celui des armes pour mener son combat.

On rit souvent, trop peut-être, aux dépens de ce dernier face à ses délires inspirés de folie divine et ses errements stratégiques à la tête d’une bande de pied nickelés déterminée à sauver ses congénères contre leur gré.

On rit de plus en plus jaune à mesure que l’on entre dans cette incroyable histoire vraie, et que se révèle à la fois les fractures irréparables de la société américaine face à l’esclavage qui aboutiront bientôt à la guerre de sécession, mais aussi l’impavidité et la réticence des personnages noirs du roman, esclaves ou libres face à ce libérateur autoproclamé, tant il est difficile de démêler le bon agir et la sagesse dans cette époque troublée.



Pari réussi car ce livre m’a troublée aussi ! Même si un excès d’humour laisse un peu à distance, on a plaisir à ne plus bien savoir si l’on est dans un western, une fresque historique, un comédie burlesque ou une tragédie, mais n’est-ce pas ainsi que l’Histoire prend tout son sens et libère toutes ses saveurs ?

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L'oiseau du bon dieu

John Brown, un blanc qui s'est battu en 1850 pour l'abolition de l'esclavage, est ici ridiculisé comme un vieux radoteur de versets bibliques et tellement idiot qu'il va croire que le jeune noir qu'il a sauvé, Henri, est une fille. (le genre de quiproquo qui se veut désopilant!)



Aussi idiot est le jeune Henri alias 'Henrietta' alias 'l'échalote', qui regrette son statut d'esclave bien nourri.



Je n'ai pas trop accroché aux gags un peu lourds, au style bavard et ennuyeux.



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La Couleur de l'eau

Cela se confirme : c'est en voulant raconter celle des autres que James Mc Bride excelle a raconter la sienne.



Déjà, dans "Mets le feu et tire-toi", c'est son vécu de musicien et de Noir qui s'imprimait tout en délicatesse derrière l'évocation de James Brown.

Ici, on se rapproche encore plus de l'auteur puisque le thème central de "La couleur de l'eau" est sa propre mère. Femme incroyable, atypique, puissante, une personnalité et un parcours hors du commun : fille d'immigrés juifs orthodoxes installés en Virginie, en rupture avec un père minable, mauvais père, faux rabbin mais vrai exploiteur, elle s'enfuit seule à New York dans les années cinquante pour épouser un Noir, fonder une famille, une église, perdre son mari, se remarier, ajouter avec ce deuxième mari quatre enfants à la fratrie qui en comptait déjà huit. Le tout en tirant la vache par la queue, en éludant toujours la question raciale et de la couleur de peau auprès de ses enfants qu'elle exhortera un à un à l'excellence.



Extra-ordinaire destin ordinaire que James Mc Bride, grandi dans cette famille baroque, bouillonnante, pauvre et exigeante, évoque avec une tendresse touchante et d'une plume vive et tremblante d'admiration, alternant sa propre voix à celle de sa mère dont il restitue le témoignage sous la forme d'un puissant monologue.



A travers ces deux voix croisées que l'on imagine penchées l'une vers l'autre autour d'une table de cuisine alors que la nuit tombe sur New York, "La couleur de l'eau" offre au lecteur, outre une plongée sur une perspective singulière de la société américaine de ces soixante dernières années, l'opportunité d'entrer dans l'intimité et le questionnement identitaire d'un homme de grand talent et d'une belle humanité, l'une des très belles voix de la littérature américaine contemporaine.
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Miracle à Santa Anna

James McBride n'a pas son pareil pour venir éclairer de sa lumière singulière, drolatique sur des sujets sérieux et toujours merveilleusement humaine, des pans d'histoire restés à l'ombre de nos représentations mentales. Ainsi en est-il des combats des GI en Italie, et en particulier des GI noirs que le cinéma ou la littérature ont mis en scène en France, en Asie, mais pas là.

A travers les pérégrinations de quatre soldats séparés de la troupe pour des raisons que je ne dévoilerai pas, l'auteur leur donne lumière et vie, ainsi qu'à une tragédie locale oubliée au village de Santa Anna commise par des nazis en déroute.

Deux personnages prennent particulièrement la lumière dans ce roman scénarisé à la soldat Ryan : Train, un géant noir un peu simplet qui rappelle le John Caffey de "La ligne verte", trainant partout avec lui une tête de statue florentine et portant comme un trésor miraculeux l'autre point de lumière, un petit garçon italien avec lequel il va développer, puis ses compagnons après lui, une relation magnifique transcendant les horreurs de la guerre.

Ce roman très immersif n'est pas le meilleur de l'auteur, mais ale grand mérite d'ouvrir la perception du monde et de laisser en empreinte l'inextinguible humanité de personnages qui reflète celle de leur créateur.
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L'oiseau du bon dieu

Quelle épopée mes aieux ! Un jeune esclave libéré, déguisé en fille, sera emmené par John Brown, appelé le Vieux, qui cherche à abolir l'esclavage. Echalote, nommé ainsi par le Vieux, l'accompagnera lui et une partie de ses fils (il a 22 enfants) dans plusieurs états. Il sera témoin des massacres et vols de la bande, mais surtout des prières interminables du Vieux. le tout avec ses yeux d'enfant qui ne pense qu'à sauver sa peau. Des scènes drôles, surtout quand il se retrouve dans un bordel et commence à picoler. Une écriture qui semble légère. 475 pages bien remplies dont je me suis régalée grâce à Masse critique. Un western à la manière des frères Sisters de Patrick deWitt. Je finis sur les remerciements de James McBride : ‘J'exprime ma profonde gratitude à tous ceux qui, au fil des années, gardent vivant le souvenir de John Brown.'



Wikipédia : John Brown, né le 9 mai 1800 à Torrington dans l'État du Connecticut aux États-Unis et mort par pendaison le 2 décembre 1859 à Charles Town, Virginie (maintenant en Virginie-Occidentale), est un abolitionniste américain qui en appela à l'insurrection armée pour abolir l'esclavage. Il est l'auteur du massacre de Pottawatomie en 1856 au Kansas et d'une tentative d'insurrection sanglante à Harpers Ferry en 1859 qui se termina par son arrestation, sa condamnation à mort pour trahison contre l'État de Virginie et sa pendaison.



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Mets le feu et tire-toi

Surprenant James Mc Bride, qui a décidément plus d'une corde à son arc : là où j'attendais une création romanesque furieusement déjantée sur la vie de James Brown, à l'instar de ce qu'il avait produit sur celle de John Brown dans "L'enfant du bon Dieu", voilà qu'il nous emmène dans un carnet de voyage dans le vieux sud miséreux et coriace sur les traces de l'artiste, à la recherche du vrai James Brown, l'homme acharné à cacher à tous son vrai visage et surtout à "l'homme blanc", qui n'en a retenu (pas entièrement à tort d'ailleurs) que l'image d'un clown volcanique et violent.



Drôle d'objet hybride que ce livre, entre enquête de terrain, confession d'auteur et précis d'histoire de la musique noire américaine, le tout parsemé de notes de jazz et d'envolées de cuivres. Beaucoup de redites et une construction paresseuse n'en détruisent pourtant pas le charme qui opère au fil des pages: la sincérité de l'auteur, Noir et musicien lui-même, est indéniable, l'évocation intime de ce que c'est d'être Noir en Georgie, en Caroline du Nord et du Sud en 1930 et jusqu'à aujourd'hui à travers des rencontres sur le vif avec ceux qui l'ont cotoyé, femmes, amis, musiciens (les pages sur Pee Wee Ellis sont magnifiques), tout cela fait que le portrait qui se dessine en creux de l'artiste (dont soit dit en passant je ne suis pas particulièrement fan) prend une réelle densité, celle d'un petit black surdoué qui s'est extrait de la misère de sa condition à force de travail acharné, retors comme un marlou mais aux valeurs en bronze, arborant une arrogance tyrannique pour dissimuler ses terreurs profondes, richissime et ruiné, échouant au final à maîtriser sa postérité et léguer ses biens aux enfants pauvres du Sud, quelle que soit leur couleur de peau.



Sur un sujet plutôt casse-gueule, c'est autant le James McBride musicien que l'écrivain qui s'en tire finalement pas mal en offrant à ses lecteurs une ode à la musique et à la condition noire, dans un livre où l'on interromp sans cesse sa lecture pour aller écouter les merveilleux musiciens évoqués avec amour et respect.

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La Couleur de l'eau

Huitième d’une fratrie de douze enfants, tous métisses, le petit James s’interroge sur ces origines. Il veut savoir pourquoi sa mère est blanche, une étrangeté dans ce quartier cent pour cent noir de New York, à une époque où les couples mixtes sont encore très mal vus.

Mais la très solaire Ruth McBride reste muette. De son enfance en Virginie dans une famille d’immigrés polonais, de son judaïsme et surtout de son père maltraitant, elle ne veut rien dire. Et de toutes façons elle n’a pas le temps, car dans cette famille nombreuse pauvre, il y a des règles à faire respecter. Étudier plus et bien en tête de liste.

Ce n’est que bien plus tard que James McBride apprendra la vérité sur ses origines, qu’il raconte dans cet émouvant récit sur celle qui était la reine mère adulée de ses enfants, personnage courageux et résilient, à la peau blanche mais à la personnalité au combien colorée.

Et sous les anecdotes tantôt drôles, tantôt tendres et parfois déchirantes, c’est le New York noir des années 60 qui se dessine en filigrane, celui de Brooklyn, de Harlem et du Queens, celui du jazz, du mouvement Black Power, de la débrouille.



Un beau portrait de femme et un bel hommage à cette famille atypique, musicienne, révoltée et fervente. De celles qui fabriquent les artistes.
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Mets le feu et tire-toi

Pour le dernier livre de notre sélection littérature étrangère, on vous réserve un petit anachronisme, car ce n'est pas vraiment un roman qu'on a eu envie de mettre en avant, d'autant plus que ce livre aurait pu largement figurer dans notre dernier panorama d'ouvrages sur les musiciens,.



Il faut dire que « Mets-le feu et tire-toi ! » écrit par un immense romancier afro américain, dont le talent fut reconnu sur le tard ( il est titulaire du National Book Award 2013 pour son roman L’Oiseau du bon Dieu) s'interesse à une à une figure incontournable de la scène musicale américaine, à savoir James Brown.le roi de la soul, l'icône de l'Amérique noire.



Elle est énormément romancée, certes, l'histoire de « Mister Dynamite et Mac Bride d'ailleurs en exergue de son livre ne pas chercher pas la vérité juste tenter de percer quelques mystères d'un homme qui échappait à toute tentative de description .



A travers une passionnante enquête biographique c'est toute l'histoire des noirs d'Amérique. que Mets le feu et tire-toi tente de raconter



Ce qui est génial c'est que jamais, Mac Bride ne cherche l'hagiographie : son James Brown parait mégalo, opportuniste, calculateur et toujours obsédé par le business et faire de l'argent mais l'histoire de ce noir né dans une petite ville misérable de Caroline du sud qui va devenir cette star internationale renommée tord le le coup aux idées préconçues sur l'auteur de Sex Machine.



En partant sur les traces d’une icône de la musique américaine., Mac Bride offre un tableau magistral de Mr Brown dans toute sa complexité et n'oublie pas de nous parler d'une Amérique aussi fascinante que méprisable.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'oiseau du bon dieu

Un fabuleux roman lumineux, truculent, dur et violent et très drôle !, qui sublime la lutte armée et acharnée de John Brown contre l'esclavagiste, le vieux Brown, un blanc Irlandais, au visage plein de rides et de sillons, abolitionniste jusqu'au bout des ongles, capitaine servant dans l'armée du Prince de la Paix. Un jeune esclave afro-américain, Henry Shackleford, fraîchement libéré, affublé d'un surnom ridicule l'Echalotte par le Vieux qui le prend pour une fille, raconte son enrôlement dans cette lutte aux côtés de cet énigmatique personnage, décrit les actions entreprises par son libérateur, des actions éminemment courageuses, qui deviennent de plus en plus violentes et qui se solderont par une insurrection violente et meurtrière, à Harpers Ferry, à laquelle aucun esclave ne se participera. Parce que «Pourquoi se battre pour sa liberté quand vous pouvez vous enfuir pour la gagner ?»

Une période de l'Histoire, certes romancée, mais décrite avec beaucoup de réalisme et d'humanité. Une écriture fluide, de belles descriptions, quelques répétitions parfois, qui peuvent agacer mais qui n'enlèvent rien à la grandeur de ce récit.

Une lecture pertinente et très instructive qui invite le lecteur à se faire une idée précise des conditions de vie des esclaves, de leur état d'esprit, de leurs peurs, de leurs craintes à s'engager dans une lutte abolitionniste, à engager leur vie, à quitter une zone de confort, relative, certes, mais néanmoins bien réel. «J'étais à nouveau esclave, c'est vrai, mais l'esclavage, c'est pas gênant quand vous avez eu votre mot à dire et une fois que vous vous y êtes habitué. Vous mangez à l’œil, vous avez un toit sur la tête gratuitement. C'est quelqu'un d'autre qui se casse la tête pour vous. C'était plus facile que d'être sur la piste, à éviter les bandes armées, à partager un écureuil rôti avec cinq autres types pendant que le Vieux s'adressait à Dieu et déblatérait sur ce truc rôti pendant une heure avant que vous puissiez toucher la bestiole, et, même à ce moment-là, il y avait pas assez de viande dessus pour boucher une petite partie du trou que vous aviez dans le ventre.»

Un bel hommage à ce grand homme, qui m'était totalement inconnu (j'ai honte), et à ses actions menées au péril de sa vie et de celles de ses fils engagés à ses côtés, pour accomplir sa mission, celle d'éradiquer l'esclavage. Un personnage hors du commun, un humaniste fanatique qui s'en remettait à Dieu, le rédempteur. «Les prières du Vieux, c'était du spectacle plus que du son, en fait, de la sensation plus que de la sensibilité. Il fallait être là : le fumet du faisan brûlé embaumant l'air, l'immense prairie du Kansas tout autour, l'odeur du crottin de bison, les moustiques et le vent qui cingle d'un côté, et de l'autre, lui qui mâchonne le vent.»

«Pour aider sa cause, il était capable d'inventer toute une histoire en quelques secondes. Il était comme tous ceux qui partent en guerre. Il croyait que Dieu était de son côté. Dans une guerre, tout le monde a Dieu de son côté. Le problème, c'est que Dieu, Lui, Il dit jamais à personne pour qui Il est.»

Un récit surprenant, haut en couleur, très prenant, dense, bourré d'actions, de rebondissements, de violence et d'humour.

Si Quentin Tarantino pouvait s'emparer de ce récit pour l'adapter sur grand écran, ce serait topissime !


Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Deacon king kong

Cuffy Lambkin (Sportcoat), diacre de l’église baptiste des Five Ends se rince le dalot avec un tord-boyaux, bien nommé King Kong, concocté par son meilleur ami Rufus dans la chaufferie de son HLM de Brooklyn. Veuf, Sportcoat traînasse dans les rues de son quartier, enivré la plupart du temps, offrant ses services d’homme à tout faire à ceux qui veulent lui faire confiance. Ses déambulations aléatoires lui attirent parfois de sérieux ennuis, accrus par de fréquentes pertes de mémoire et des discussions imaginaires avec sa femme disparue, Hettie.

James McBride atteint le sommet de son art de conteur avec ce roman jouissif faisant revivre une communauté d’Afro-Américains venus s’installer à New York City dans les années 1940, fuyant le pays sudiste hostile à leur émancipation. L’action se déroule en 1969 dans les rues et sur les docks de Brooklyn, que mafias et gangs se disputent pour le commerce très lucratif de l’héroïne, fléau dévastateur pour la jeunesse. Sur cette toile de fond horrifiante, une galerie de personnages hauts en couleurs évoluent avec truculence et une certaine naïveté, heureusement mise de l’avant par l’auteur car sinon le roman aurait sombré dans la noirceur totale.

C’est une sacrée force que possède McBride : celle de captiver son lecteur par les tous premiers mots et ne plus le lâcher jusqu’à la toute fin. J’ai été emportée par ce récit donquichottesque, drôle et tragique à la fois, et dans lequel on sent poindre tout l’amour porté par l’auteur à ses créatures romanesques. Cinq étoiles sans hésitation.

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L'oiseau du bon dieu

Merci aux "critiqueurs" de Babelio qui m'ont permis de découvrir ce livre, qui est en effet un diamant.

L'épopée de ce jeune esclave auprès de John Brown, un personnage (qui a existé) illuminé de Dieu ayant voué sa vie à la libération des esclaves noirs américains est un pur chef d'oeuvre.

Le style à la fois vif et chaleureux, l'intrigue très originale, l'humanité qui en ressort, et l'humour aussi parfois, font de cet opus un MERVEILLEUX moment de lecture qui nous emporte au milieu du 19ème siècle américain, juste avant le déclenchement de leur guerre civile.

Le narrateur, un jeune esclave noir déguisé en fille, contre son gré (au départ seulement) ne sortira pas de sitôt de votre mémoire, et l'oiseau du bon Dieu non plus !

vous êtes prevenu ( e ) !


Lien : http://justelire.fr/loiseau-..
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La Couleur de l'eau

James Mc Bride rend un vibrant hommage à celle qui donna la vie à ses 11 (!) frères et soeurs et se battit pour leur donner la possibilité de s'élever socialement : sa mère.



Il nous conte avec tout le talent qu'on lui connait l'extraordinaire destin de cette fille d'un rabin polonais qui épouse en 1942 un noir orthodoxe. Refusant d'être classée et de classer les autres en fonction de leur couleur de peau, elle lui inspira le titre du livre "La-Couleur de l'eau" ... qui n'a pas de couleur.



On ne peut que tomber en amour (merci les canadiens pour cette belle expression) pour cette femme qui déplace les montagnes avec une énergie dévastatrice. Un livre positif, plein d'espoir, donc rare, qui va droit au coeur et fait énormément de bien. A mettre entre toutes les mains. Waouw...
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L'oiseau du bon dieu

J'ai quitté ce roman à regret tant l'histoire qu'il raconte, les événements entourant le raid de John Brown et de son armée sur l'arsenal de Harper's Ferry en Virginie en 1859 en vue de libérer les Noirs de l'esclavage, m'a touchée et ébranlée. Le narrateur est Henry Schackleford, un jeune Noir recueilli par la bande de Brown lors d'une de leurs incursions au Kansas et sa voix procure au récit une vérité telle qu'on y croit intensément. Son point de vue est celui de l'intérieur, au coeur même de la quête de John Brown, abolitionniste convaincu, empreint des versets de la Bible au point de prier constamment et avec ferveur dans les moments les plus saugrenus. Convaincu que Dieu parle à travers lui, il est prêt à tout pour libérer le pays de l'esclavage. Ses actions ont préludé à la guerre de Sécession, divisant la population sur le sujet et son exécution publique a fait de lui une légende. Après le pourfendeur de nuages de Russell Banks, James McBride a touché au sublime avec son portrait atypique de cet homme illuminé par une cause plus grande que lui.
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La Couleur de l'eau

Un roman autobiographique de l'écrivain et jazzman James McBride.



Cet homme a un héritage difficile à porter : il est Noir, dans un pays où les Noirs luttent pour se faire accepter comme des citoyens à part entière, et est né d'une mère blanche. Non seulement blanche, mais juive. Ce qui fait de lui (techniquement), un Juif aussi ! Une hérédité bien lourde.

Pour corser un peu la situation, il vit dans un quartier pauvre, et lui et ces 5 (ou 6?) frères grandissent seuls avec leur mère.



Dans The Color of Water, il alterne ses souvenirs et ceux de sa mère, figure courageuse et mystérieuse. A travers ces fragments de souvenirs, c'est son histoire qu'il cherche, et cela, afin de pouvoir se définir comme individu unique.



Un témoignage beau et émouvant d'un fils à sa mère qui tente de se définir avec et en dehors des barrières ethniques.
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Miracle à Santa Anna

Hector Negron, un guichetier d'un bureau de poste de Manhattan, abat un client d’une balle en pleine tête. Interrogé par la police, il ne donne aucune explication à son geste. La tête d'une statue italienne à la valeur inestimable est trouvée lors de la fouille de son appartement. L’information insolite est relayée par les médias du monde entier, notamment en Italie ; et c’est ainsi que la seule à pouvoir comprendre tous les ressorts de ce fait divers, un Romain richissime, apprend la nouvelle. Nous sommes en 1983. Quarante plus tôt, Hector, originaire de Porto-Rico, a participé à la Campagne d’Italie en qualité de soldat au sein de la 92ème division d'infanterie. A travers ce roman, James McBride rend hommage à cette unité surnommée la division Buffalo Soldiers qui avait pour particularité d’être composée principalement d’Afro-Américains. Il faut rappeler que l’Armée américaine était toujours partiellement ségrégationniste pendant la Seconde Guerre mondiale. Les Noirs ne pouvaient par exemple pas intégrer le corps des Marines ou l'US Air Force . Les Buffalo Soldiers faisaient ainsi figure d’exception. L’auteur évoque le terrible massacre de Sant'Anna di Stazzema, un crime de guerre durant lequel 560 civils furent assassinés par des Waffen-SS en août 1944.



Peu après cet événement tragique, les habitants de la vallée vont assister à de nombreux miracles. Certains se rapprochent de la sorcellerie comme lorsque les lapins du paysan Ludovico se multiplient mystérieusement. D'autres appartiennent aux mythes des lieux comme lorsque le soleil s'est couché deux fois sur la vallée. Les villageois de Bornacchi croient voir une prophétie se réaliser quand apparaissent au milieu de la nuit quatre soldats à la peau noire. Train, un des soldats, est un colosse qui a trouvé par hasard un débris de statue à Florence et un enfant sur un champ de bataille. Cet enfant est un miraculé puisqu'il est l'unique survivant du massacre. Mais il existe bien d'autres miracles sur ces terres, ces anonymes combattants ou victimes du conflit le plus meurtrier de l’Histoire, dont on garde le souvenir ; cet oubli nécessaire qui permet de continuer à vivre même après l’horreur ; ces destinées qui se recroiseront quarante années plus tard.... La leçon de ce roman est que les miracles sont la seule chose dont on peut être sûr dans la vie.



"Un miracle à Santa Anna" est un roman bien écrit et très agréable à lire qui mêle les histoires dans la grande Histoire. Le récit comprend des touches de lyrisme et de fantastique. Il permet de mieux connaître l'engagement des soldats Afro-américains au cours de la Seconde Guerre mondiale. A noter que le livre a été adapté au cinéma par Spike Lee.
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La Couleur de l'eau

Derrière cette magnifique couverture colorée se dévoile l’hommage d’un écrivain, d’un musicien à sa mère. Ruth, à l’origine Rachel Shilsky, est la fille d’un rabbin polonais émigré en Amérique, un homme dur, sans amour, qui a atterri en Virginie, où il se lancera avec succès dans le commerce, avec sa femme handicapée et ses trois enfants. L’enfance et l’adolescence de celle qui changera son prénom en Ruth n’a pas été rose du tout mais la jeune fille en sort sans préjugés de race, alors qu’elle vit dans une pette ville et un état marqués par le racisme. après avoir connu ‘amour avec un jeune Noir de Suffolk, elle quitte définitivement sa famille pour New York où sa rencontre avec Andrew McBride lui apportera l’amour et de nombreux enfants, dont le huitième, James, connaîtra à peine son père, emporté par la maladie. Ruth surmontera tant bien que mal son chagrin et se remariera avec Hunter Jordan, qui lui donnera encore quatre enfants et que James considérera comme son père. Après sa mort, le jeune homme risque de virer drogué, délinquant mais c’est sans doute la musique et l’art qui le sauveront. Toute sa vie, Ruth tirera le diable par la queue pour élever ses enfants, avec une débrouillardise qui force l’admiration, car elle a pour ambition que tous ses enfants fassent des études universitaires pour réussir dans la vie. Et on peut dire, en lisant le récit de James McBride, qu’elle a réussi sa vie malgré les embûches et les épreuves.



Le récit alterne les souvenirs de Ruth, que son fils n’a pas obtenus sans peine, et ceux de James, entre l’état de Virginie et la ville de New York. James a en effet longtemps été « perturbé » dans son identité face à cette mère à la peau claire, la seule Blanche ou presque de leur quartier et qui était un modèle d’ouverture. C’est un texte plein de vie, de couleurs (si j’ose dire), d’anecdotes, d’énergie et surtout plein de l’amour d’un fils pour sa mère. Une lecture très recommandable, qui me donne envie de découvrir les romans de James McBride.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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