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Critiques de Jean Dufaux (2280)
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Djinn, tome 13 : Kim Nelson

Ce dernier tome estampillé fin est d'aussi bon en qualité que les précédents, même si il y a moins de nus. Ici on suit l'histoire de Kim plus que de son ancêtre, même si celle-ci reste bien présente.

Par contre pour aborder ce tome sereinement il faut avoir les précédents en tête, même si quelques rappels sont donnés il n'en demeure pas moins qu'une bonne connaissance de la série est incontournable.



Je ne suis pas déçue par ce dernier opus.. par contre le final me laisse quand même présager une suite.. ou pas. Mais une chose est sûre c'est qu'une porte est ouverte.



En ce qui concerne les graphismes, ils sont toujours aussi travaillés, et on reconnait la main et le talent de Ana Mirallès
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Conquistador, tome 1

Découvert grace à deux babeliophiles chers à mon Coeur, je ressors enchanté par cette BD de Dufaux, magnifiquement illustrée par Xavier. Un scénario qui réussit le tour de force de nous embarquer dès le début de l’aventure. Une fois encore, mesquinerie et trahison font le coeur de ces aventures chez les aztèques (saignant pour moi), avec des personnages étoffés et vraiment intéressants. On a qu’une frustration, celle d’attendre la suite des aventures de Cortès.

Comme chantait le génial Alain Bashung, Dufaux : “Tu m'as conquis j't'adore”.

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Murena, tome 1 : La pourpre et l'or

L'ascension de Néron vers le titre suprême n'est pas très "romantique". En effet, de trahisons, en assassinats ou empoisonnements, sa mère Agrippine, parviendra à ses fins: mettre son fils Néron au sommet du pouvoir.

Delaby - décédé depuis peu- et Dufaux s'attaquent donc à cette l'histoire foisonnante en rebondissements. Avec ce premier tome de la saga Murena, même le lecteur peu informé sur cette période historique-comme moi- bénéficie d'un très bon support pour découvrir, par exemple, l'empereur Claude descendant dans l'arène pour voir achever les gladiateurs nus et agonisants ou Sénèque devisant avec cette diablesse d'Agrippine. Cette nudité et cette cruauté exercent même, du palais au lupanar en passant bien sûr par les arènes, un attrait.



Sans doute que le talent de dessinateur de Delaby y est pour quelque chose.
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Conquistador, tome 2

Si la lecture du premier volet de ce diptyque né de la collaboration de Dufaux et Xavier m'avait plutôt enthousiasmé, je dois avouer avec joie que ce second album se révèle au dessus du précédent (ben oui quand tu aimes les genres de l'imaginaire, plus il y a d'imaginaire et mieux sait). Ce tome 2 est un survival très bien fait avec une bonne dynamique de groupe, des bonnes thématiques survivalistes et un bon décompte vers l'inéluctable fin : les Sept Conquistadors ont volé et planqué les meilleurs morceaux du trésor des dieux aztèques* quelque part dans la jungle, et sont pris en chasse par les traqueurs Otomis. Tant qu'ils n'ont affaire qu'à de hommes ils avaient leurs chances, mais quand Oqtal l'avatar du Dieu Txlaka prend le relais (une espèce de xénomorphe végétal : une Predator au temps de la Conquista, mais quelle idée géniale !), ce n'est plus qu'un compte à rebours vers la mort… Pendant ce temps d'Hernán Cortés embrasse Panfilo de Narvaez pour mieux le poignarder : GRR Martin n'a rien inventé du tout avec ces Noces Pourpres car la réalité a toujours dépassé la fiction !





* pour les populations amérindiennes l'or n'avait d'autre valeur de religieuse : il appartient aux corps des dieux, donc quand on en trouve on le leur rend immédiatement à travers les prêtres qui le stockent dans les temples qui leurs sont dédiés...
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Murena, tome 6 : Le sang des bêtes

Avec Le Sang des bêtes, la série Murena se focalise un peu plus sur son aspect le plus sanglant entre meurtres et combats à mort.



À mon humble avis, et à l’image de ce deuxième cycle sur l’Épouse, ce sixième tome est encore passable. Jean Dufaux fait ce qu’il peut pour s’appuyer sur les sources historiques, sur des anecdotes très concrètes, mais son scénario s’éparpille de trop et gaspille des cartouches qui auraient pu se révéler intéressantes mieux utilisées. Ainsi, le titre est bien choisi au moins, car nous perdons ici (presque inutilement d’ailleurs, en tout cas pour l’instant au vu du scénario) plusieurs personnages de manière très sanglante.

Abordons le meilleur côté ; l’aspect graphique soutient toujours l’ensemble : Philippe Delaby multiple les projections de sang et les contrastes pour varier les angles de vue, ce qui rend toujours cette série très cinématographique. On pourra dire ce qu’on voudra, l’aspect graphique nous immerge encore bien plus que n’importe quelle anecdote historique, et heureusement que c’est là pour tenir la baraque de temps à autre…



En somme, il fallait peut-être atteindre un bas-fond, un seuil minimum, pour espérer repartir de plus belle : après ce tome-ci, Lucius Murena ne sera plus jamais le même et grand bien cela fasse à notre expérience de lecture !



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Sortilèges, tome 2

Suite et fin de cette minisérie ? Finalement non. Contrairement à ce qui semblait être prévu en 2012, Sortilèges se verra prolonger en plusieurs tomes au-delà de 2013. Les deux premiers tomes constituent-ils pour autant un diptyque comme c’était prévu ? Même pas. Les événements de ce deuxième tome complètent ceux du premier, ils en sont les conséquences directes, mais finalement, arrivés à la fin de cet opus, avons-nous appris quelque chose de plus ? Vraisemblablement non, malheureusement. Les « découvertes » finales ne sont là que pour tenter de créer des intrigues pour les, sûrement nombreux, tomes à venir. D’ailleurs, je ne comprends même pas cette appellation en « Livres » : ce ne doit être qu’une affaire de style, car aucun opus n’est indépendant et surtout celui-ci ne développe pas suffisamment son propos en profondeur. Les personnages vivotent, ils ont chacun des objectifs précis et un caractère affirmé, mais qui avaient déjà été intégrés et expliqués dans le premier tome. Alors, bien sûr, la trame générale du scénario se défend quand même (malgré quelques grosses ficelles comme les lubies de la reine-mère), car Jean Dufaux est bien loin d’être un manche en la matière, mais vraiment, heureusement que José Luis Munuera signe de belles planches pour rehausser le niveau général. Les plus belles scènes peuvent même être vues comme des « kiffs » passagers pour s’empêcher de penser à la faiblesse du scénario : je pense là à une scène centrale où Blanche retrouve Maldoror… Magnifiques planches, instant dramatique et beau à la fois, mais intérêt narratif peu élevé.



Un deuxième tome qui se repose donc beaucoup trop sur les lauriers du premier, qui gâche les bonnes idées lancées au départ, et qui n’est réalisé que pour servir d’accroche aux suivants, tout en distillant des références plus ou moins subtiles, voire plus ou moins voulues, à des incontournables de l’imaginaire. Pour moi, ce genre de production ne doit pas être qu’un amoncellement de références mises en vrac ou bout-à-bout pour en faire quelque chose de vaguement construit.



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Croisade - Cycle 1, tome 4 : Becs de feu

Un mercenaire certainement, qui se cache derrière votre foi.

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Ce tome fait suite à Croisade - Cycle 1, tome 3 : Le maître des machines (2009) qu’il faut avoir lu avant. La première édition date de 2009. Il a été réalisé par Jean Dufaux pour le scénario, et par Philippe Xavier pour les dessins. Les couleurs ont été réalisées par Jean-Jacques Chagnaud. Il compte quarante-sept planches de bande dessinée. Il ne comporte pas de texte introductif du scénariste. Il se termine avec un dossier graphique de onze pages, présentant des crayonnés de planche, de couverture, de personnages, du storyboard. Cette série se poursuit avec un deuxième cycle intitulé Nomade, Gauthier de Flandres en étant l’un des personnages principaux.



Il est dit que, dans la ville sainte de Hiérus Halem, le sultan du Croissant et des Sables, tomba amoureux d’une princesse chrétienne. On vint en avertir le mufti d’Alkar qui comprit aussitôt le danger encouru par son peuple. Il décida de sortir de sa cellule. Personne ne voulait croire en une telle décision. Cela faisait des années que le mufti priait dans sa cellule, qu’il s’était retiré du monde, car le monde paraissait vain et blasphématoire. Alors, le bruit courut que le mufti se rendait au palais du sultan. Sur son passage, tous se prosternèrent, emplis de crainte et de respect. Et l’ombre du mufti se leva, dansa sur les façades, pour finalement se projeter sur le palais du sultan. Où elle pénétra dans la chambre d’Ab’dul Razim, comme un mauvais génie venant s’emparer de vos rêves. Et le sultan comprit alors que le temps des songes prometteurs venait de s’achever. Un serviteur entre dans sa chambre pour l’informer que le Mufti d’Alkar se trouve dans la chambre de la princesse. Le sultan s’y rend en pressant le pas.



Dans cette chambre, le mufti d’Alkar a tiré le drap et contemple le corps nu de Syria d’Arcos profondément endormie. Il comprend mieux à présent. Ab’dul Razim entre avec son serviteur, et Syria continue de dormir profondément. Le mufti s’adresse au sultan : cette femme a la beauté du Rad’j el Aloui, le démon femelle qui trouble le sommeil des hommes. Il accuse le sultan d’avoir cédé à ses charmes, elle a envahi son tête et son cœur. Le malheur est sur eux ! Le croissant et le sable plient le genou devant la croix. Le sultan rétorque qu’il ne s’incline devant personne car l’amour véritable n’a que faire de pareilles humiliations. Il est vrai cependant qu’il ne peut plus vivre sans cette femme. Le mufti l’interroge s’il va demander sa main aux princes chrétiens, à l’ennemi. Il répond qu’il ne s’exposera pas à leurs sarcasmes. Il continue : il existe peut-être un moyen d’arrêter cette guerre stupide. Leurs ennemis se battent pour Hiérus Halem, afin de reconquérir le Saint-Sépulcre car il contient un cœur qui bat, le cœur du très vénéré X3. Ab’dul Razim dispose du moyen de faire taire ce cœur. Après son passage le Saint-Sépulcre sera vidé de toute substance. Ainsi les chrétiens n’auront plus aucune raison de continuer la lutte. Ce moyen lui a été donné par un esprit du nom de Sar Mitra. Le mufti complète : l’envoyé du Qua’dj !



La fin du tome trois consacrait Akhabah, le maître des Machines, dans une position de pouvoir : la grande bataille approche. Le lecteur sait qu’il peut compter sur la narration visuelle pour être claire et un peu sèche, avec une efficacité proche de celle des comics. Dans la deuxième séquence, le maître des Machines harangue ses troupes. Dans une case qui occupe les deux tiers supérieurs de la page : Akhabah en armure de parade tenant la hampe du drapeau des croisés, largement déployé, une trentaine de croisés en armures avec leur chasuble blanche avec la croix rouge. Dans la page suivante une case de la largeur de la page en occupant les deux cinquièmes, montre de petites silhouettes de soldats avançant vers le lecteur, avec en arrière-plan, bien plus grandes, les machines de guerre, tour de siège et catapultes. Au cours du récit, le lecteur peut voir des armées se déplacer, une longue file de guerriers marchant ou à cheval, jusqu’à l’assaut donné par les croisés contre Hiérus Halem. Le ciel rougeoie comme si la fonction de mort des machines de guerre contaminait l’air lui-même. Une volée de flèches part des hauts remparts. Viennent alors les deux pages qui se déplient pour offrir quatre pages en vis-à-vis au lecteur. Elles apparaissent chargées alors que les soldats s’affrontent au corps à corps dans des cases de la hauteur de la page sur les deux pages d’extrémité, et dans des cases de la largeur de deux pages pour les deux intérieures. Le dessinateur montre ainsi la sensation quasi claustrophobe alors que ces hommes sont les uns sur les autres, sans autre horizon que les ennemis à tuer à l’arme blanche dans ces cases étroites, ainsi que celle correspondant à l’ampleur de l’affrontement dans les cases de la largeur de deux pages.



De page en page, le lecteur s’immerge avec plaisir dans cette croisade imaginaire, qui met plus en œuvre l’esprit que la lettre de la réalité historique. S’il y prête attention, il se dit que scénariste et dessinateur sont en phase au point que le récit semble avoir été réalisé par une unique personne. Dès la première page, il se retrouve de nuit à Hiérus Halem avec une case de la largeur de la page et de la moitié de sa hauteur qui montre la ville en élévation, avec les différentes formes de toit, des dômes, et aussi une attention portée à montrer les différentes textures avec de minuscules traits encrés et des variations de nuances dans les couleurs. Deux pages après, le mufti semble se déplacer comme une ombre projetée sur les murs des constructions de la cité, effectuant un écho visuel avec la noirceur s’échappant du puits en début de tome deux. Au petit matin, assis en tailleur, le mufti d’Alkar est en train de contempler un petit déjeuner de dattes et de fruits posés sur un tapis avec un joli motif, et Syria d’Arcos le rejoint dans une belle robe rose. La composition des couleurs constitue un fort contraste avec les couleurs plus sombres de la nuit, évoquant la belle luminosité matinale, une nouvelle journée chassant les cauchemars et les angoisses de la nuit. Quelques pages plus loin, Gauthier de Flandres et Osarias se trouvent dans une grande salle avec des piliers dans le château d’Ottar Benk. L’ambiance a encore changé : des couleurs entre rouge, orange et marron, une confrontation tout en dialogues courts et vifs, une scène d’une incroyable intensité, même si les interlocuteurs sont séparés par trois ou quatre mètres. Le lecteur se délecte de pouvoir accompagner le sultan Ab’dul Razim alors qu’il pénètre dans le Saint-Sépulcre, de découvrir la nature de X3 (le pendant du Christ dans cette version imaginaire de la religion), avec un sentiment de respect, de curiosité, de mysticisme parfaitement dosé.



L’horizon d’attente du lecteur comprend une bataille rangée pour la prise de Hiérus Halem : le scénariste tient cette promesse, avec cette vision dantesque s’étalant sur quatre pages en vis-à-vis. Les trois tomes précédents ont installé de nombreux mystères et là aussi le lecteur ressent un niveau de contentement satisfaisant : pouvoir pénétrer dans le Saint Sépulcre, découvrir ce qu’il en est de X3, voir le mufti expliciter la relation entre Sar Mitra et le Qua’dj, l’aboutissement de l’intrigue secondaire relative à Ada de Smyrne. La construction entrelacée de différents fils narratifs dessine un motif cohérent et riche. La révélation de la nature des becs de feu (le titre de ce tome) constitue une ouverture vers l’Histoire moderne, la métaphore du personnage le maître des Machines prenant toute son ampleur, un jugement politique pertinent. Le récit continue de brosser le portrait du caractère des principaux personnages. L’opportuniste Elénore d’Arcos devient sympathique car elle se retrouve contrainte de se soumettre à un rôle qui ôte toute forme de plaisir à la position sociale qu’elle avait tout fait pour atteindre et conserver. Le maître des Machines reste anonyme, comme il sied à ce mercenaire littéralement sans foi ni loi, incarnant la conquête, une faim inextinguible, une fin justifiant tous les moyens. Ab’dul Razim et Gauthier de Flandres apparaissent encore plus comme les deux faces d’une même pièce, chacun animé par la foi de leur religion. Leurs décisions attestent du fait que la religion ne se réduit pas à un prétexte pour tout le monde, et que son socle de valeurs morales reste admirable. Le scénariste propose même une autre façon de considérer la coexistence de plusieurs religions, plusieurs Dieux uniques.



La découverte de cette série s’avère tout d’abord fort déconcertante, puisqu’il ne s’agit pas d’un récit ou d’une reconstitution historique, parce que le scénariste a choisi de changer le nom des religions, des dieux, et même de Jérusalem. Une fois adapté à cette variation inattendue et éclairé sur les intentions par les introductions des trois premiers tomes, le lecteur s’adapte également à la narration visuelle, à son efficacité qui prime sur la description, sans pour autant l’affadir. Petit à petit, le conflit de guerre de religion gagne de l’ampleur, et les individus se retrouvent à devoir se positionner et agir en conséquence. Petit à petit, les auteurs révèlent les mystères plongeant le lecteur dans ces places fortes et ces déserts. Progressivement, les personnages révèlent leur profondeur, leurs convictions, leurs fêlures, leur courage et leur beauté intérieure.
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Vincent : Un saint au temps des mousquetaires

La méchanceté est souvent une souillure qui recouvre bien des fragilités.

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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, mettant en scène Vincent de Paul (1581-1660). Sa première publication date de 2016. Elle a été réalisée par Jean Dufaux pour le scénario, Martin Jamar pour les dessins et les couleurs, et le lettrage a été réalisé par Joëlle François. L’ouvrage commence par une introduction d’une page, écrite par le scénariste en 2016, évoquant le fait qu’il s’agit avant tout d’une évidence, mais aussi d’un pari, d’écrire une bande dessinée mettant en scène un saint homme. Il se termine avec un texte de dix pages, illustré de crayonnés de Jamar, rédigé par Marie-Joëlle Guillaume, historienne, autrice de Vincent de Paul, un saint au Grand Siècle (2015). Elle évoque le temps des mousquetaires et le siècle des saints en plusieurs chapitres : la France au XVIIe siècle, Paris au temps de Louis XIII une ville et des personnages hauts en couleurs, Ce siècle a eu Vincent, L’odyssée du petit paysan des Landes, Saint-Lazare et compagnie, Les femmes à l’honneur, Le secret de Vincent.



Paris. Maison de Saint-Lazare. Avril 1643. Au petit Matin. Vincent de Paul, aumônier général des galères, est en train de prier seul devant l’autel de l’église. Antoine un adolescent arrive accompagné d’une jeune demoiselle et il lui fait observer que les prières de Monsieur Vincent sont de plus en plus courtes. Et ses journées de plus en plus remplies. Il craint qu’il ne se casse le dos à courir ainsi dans tout Paris. La demoiselle ajoute que ce qui l’inquiète elle, ce sont ces vilaines personnes qu’il fréquente. Vincent de Paul s’est relevé et il se dirige vers eux : aujourd’hui Antoine et lui se rendent chez Madame Marguerite-Claude, marquise de Magnelais, sœur du général des galères, Philippe-Emmanuel de Gondi. Monsieur Vincent vient solliciter un don de six mille livres pour acheter la liberté de Manon, une jeune prostituée de quinze ans. La marquise y consent avec quelques réticences, bien évidemment du fait de la somme, mais aussi de la consacrer à une prostituée.



Monsieur Vincent se rend seul dans le quartier de la tour de Nesles en fin de matinée. Il s’assoit à une table d’une auberge, en face du chevalier d’Aubrac, proxénète. Il lui a apporté la somme dite, elle correspond au salaire annuel d’un maître de camp ce que fut l’homme. La discussion s’engage et Monsieur Vincent fait observer que son interlocuteur exerce un négoce qui le perdra, car il n’y a guère d’espoir dans la voie qu’il s’est choisie. Monsieur d’Aubrac lui expose les circonstances de sa vie. Sa mère est morte en couches. Son père l’a élevé seul. Il était de petite noblesse. Il l’a jeté dans l’armée. Ce n’était pas idiot. Par son nom, par quelques coups d’éclats dus à la jeunesse, il a gagné sa place de maître de camp. Et puis, une femme lui a fait perdre la tête. Elle avait un défaut, elle avait un mari. Il a tué le mari. Ses supérieurs l’ont chassé. Il s’est retrouvé sans le sou. Mais comme il plaisait aux femmes, il s’est laissé gagner par d’autres pratiques. Plus reposantes que la vie de régiment.



L’introduction du scénariste est pile entre les deux yeux : elle établit clairement le défi de mettre en scène un homme qui a été canonisé, de trouver le bon dosage pour montrer l’importance de la Foi dans sa vie sans faire de prosélytisme, de montrer ses pratiques cultuelles sans tomber dans le catéchisme, de mettre en lumière en quoi ses croyances guident sa vie. Pour se lancer dans ce défi, il bénéficie de la narration visuelle impeccable d’un dessinateur avec qui il avait déjà réalisé Les Voleurs d'empires, tome 7 : Derrière le masque (sept tomes de 1993 à 2002), puis Double Masque, tome 1 : La Torpille (six tomes de 2004 à 2011). La reconstitution historique s’avère être d’une solidité impressionnante, montrant l’évidence de la présence des hommes d’Église dans la société de l’époque. Pour ce récit, les auteurs ne cherchent pas à réaliser une analyse sociétale, politique ou philosophique de la matérialité de la religion. Leur projet réside dans la mise en scène de cet aumônier au travers de ses actes, de ses interactions avec les autres, de son quotidien, pratique de la prière comprise. Le lecteur pratiquant n’y trouve pas un moyen d’approfondir sa Foi, le lecteur athée n’est pas pris en otage par une apologie du saint homme. Monsieur Vincent agit en cohérence avec les préceptes de sa religion, à commencer par la charité.



Cette bande dessinée s’ouvre avec une vue en élévation de la maison de Saint-Lazare, dans une reconstitution minutieuse et précise, réalisée sur la base d’une documentation solide et fournie. Le lecteur peut passer rapidement à la case suivante, mû par le désir de découvrir l’intrigue, ou il peut choisir de savourer cette vue. Il découvre alors les bâtiments en pierre, leur architecture impeccablement reproduite, les toitures et leurs ardoises, les individus en train de s’affairer, les carrioles, une brouette, ainsi que les alentours tel un verger. Déjà lors de leurs précédentes collaborations, le scénariste avait loué les talents de Martin Jamar, son degré d’implication dans les recherches de référence, son application dans la reproduction exacte. Le lecteur avait pu se projeter dans la reconstitution soignée des rues de Paris. Cette bande dessinée bénéficie du même savoir-faire et c’est un délice que de pouvoir ainsi visiter Paris en 1643, la Maison de Saint-Lazare, l’hôtel de Marguerite-Claude, marquise de Maignelais, aussi bien sa façade que ses salons, le quartier de la tour de Nesles, l’intérieur de la Maison Sant-Lazare avec son hospice et son réfectoire, les quais de Seine, le cimetière des Innocents, l’hôtel particulier de madame Marie Lumague, le campement de gitans le long de l’enceinte du palais Cardinal, les quartiers mal famés de Paris dont le quartier des Halles, l’hôtel d’Entragues, le quartier de Notre Dame, etc. Dans la planche cinquante-trois, le lecteur découvre une vue d’une étroite artère de Paris en élévation, dans laquelle un chariot s’est renversé, le cheval à terre. Ces deux cases et celles de la page suivante fourmillent de détails montrant les différents badauds, les petits métiers, la violence avec laquelle le cocher du carrosse du duc d’Entragues se fraye un chemin de force. C’est un véritable délice.



Le dessinateur apporte bien sûr le même soin pour les accessoires de la vie de tous les jours, et pour les tenues vestimentaires. Ses personnages disposent de physiques réalistes, avec des formes de visages différentes, des barbes ou des moustaches pour les hommes, des coiffures différentes, etc. Les postures appartiennent à un registre réalise, sans exagération, avec un sens remarquable de la mise en scène, en particulier pour les scènes de groupe, ou les actions complexes avec des déplacements des uns par rapport aux autres. L’artiste réalise une mise en couleurs riche et dense, apportant des informations visuelles supplémentaires (par exemple un tableau dans un salon), sans pour autant supplanter les traits encrés. Du grand art. Le lecteur peut très lire chaque planche sans prêter une quelconque attention à toutes ces caractéristiques de la narration visuelle, sans même se rendre compte du volume d’informations qu’il absorbe ainsi. Très conscient des qualités de ladite narration, le scénariste se repose dessus pour pouvoir raconter une histoire consistante et roborative.



La couverture laisse à penser que Monsieur Vincent s’apprête à se lancer au combat, prêt à frapper avec la croix dans sa main. Le lecteur comprend vite que l’histoire repose sur l’élucidation d’un meurtre, celui de Jérôme, pensionnaire à la Maison de Saint-Lazare. Monsieur Vincent enquête à sa manière, posant des questions à ses interlocuteurs, certains venant le voir, d’autres chez qui il se rend. Il discute naturellement avec les uns et les autres, plutôt de manière naturelle, sans jamais que le récit ne prenne l’allure d’un interrogatoire formalisé. Cette démarche amène Monsieur Vincent à s’entretenir aussi bien avec des riches et puissants, qu’avec des manants et même des proxénètes, voleurs à la tire, ou va-nu-pieds, c’est-à-dire toutes les strates de la société dont il sonde le fonctionnement implicite. Le mobile du meurtre n’est pas bien difficile à anticiper pour le lecteur, mais l’intérêt du récit se trouve ailleurs. Outre l’immersion dans le Paris du dix-septième siècle, l’intrigue permet de plonger dans l’Histoire, auprès de personnages comme le duc d’Entragues, Jean-François Paul de Gondi, et même le roi Louis XIII sur son lit de mort. Le lecteur note deux scènes qui détonnent un peu par rapport à l’enquête : l’entretien entre Vincent de Paul et Jean-François Paul de Gondi, puis celui entre Vincent de Paul et le roi. Il se dit que Jean Dufaux en a profité pour évoquer une facette de l’époque qui lui tient à cœur. Il conserve cette idée à l’esprit lors d’autres conversations, au cours desquelles Vincent de Paul dit simplement ses convictions, sur le chagrin, sur la Providence, sur la beauté féminine, sur la méchanceté, sur les moments pénibles. Dans ces moments-là, le lecteur sent bien que Jean Dufaux dit son admiration pour ces valeurs, pour un individu capable de vivre selon de tels préceptes.



D’un côté, le lecteur craint de tomber sur une bondieuserie ; de l’autre, il a déjà pu apprécier la qualité extraordinaire des précédentes bandes dessinées de ce duo de créateurs. Il se lance dans les premières pages et il retrouve toute la richesse des pages de Martin Jamar, la consistance de la reconstitution historique, la clarté de la narration visuelle, la nature organique de ce qui est montré. Il comprend qu’il s’agit d’une enquête de type policière dont le mobile est très classique, et dont le déroulement permet de rencontrer des individus issus de toutes les couches sociales. Il ressent rapidement l’implication de Jean Dufaux : ce récit lui tient à cœur et il ne l’a pas écrit pour faire plaisir à son artiste, mais plutôt il s’appuie sur ce dernier pour faire honneur à son ambition. Extraordinaire.
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Giacomo C, tome 2 : La chute de l'ange

Cet avis concerne les deux premiers tomes, soit une histoire complète.

Ici nous sommes à Venise au XVIIIème siècle.

Giacomo C. est le double bédesque de Casanova.

Beau gosse, belle gueule, ces dames tombent comme des mouches. Seulement l'homme est pauvre comme job et, bien sûr, la seule qui a son coeur est une princesse (presque) dont papa veut un parti noble et riche pour sa fille.

En même temps un sombre individu assassine des femmes, prostituées ou bourgeoises, en les égorgeant vilainement. Il porte un masque de carnaval.

Le marquis de San Vere enquête aidé par Giacomo, ce dernier ayant eu maille à partir avec la justice pour quelques écrits malencontreux.



Je connaissais la série sans l'avoir lue. Je ne regrette pas du tout et je pense que je continuerai ma lecture sur les tomes parus depuis. Certes dans l'épisode 1 le crayon de Griffo était en apprentissage des personnages et le lecteur avait du mal à reconnaître ces demoiselles mais, dès le tome 2, l'acquisition était faite et bien faite puisque bien plus facile à suivre. Le scénario de Dufaux est bon même si l'on pourrait ergoter sur le rôle de Casanova mais, fichtre rêvons un peu que diable!

Les couleurs sont chatoyantes et agréable permettant d'apprécier l'ambiance et la beauté de la Sérénissime.

Je me réjouis de la suite à venir.


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Blake et Mortimer, tome 22 : L'Onde Septimus

J'étais très content de récupérer cet album que je n'avais pas lu. J'ai du d'ailleurs attendre mon tour, un certain temps, avant de pouvoir le lire. Finalement j'aurais mieux fait de m'abstenir.

Bon d'accord la couverture est attirante avec tous ces Septimus en chapeaux melon et parapluies. C'est un clin d'oeil au peintre surréaliste belge (comme Jacobs) René Magritte, bien mais sinon?

Sinon Dufaux, le scénariste, a voulu revisiter "La marque jaune" mais, manque de chance n'est pas Jacobs qui veut et pour un flop, c'est un flop. La marche était trop haute, bien trop haute, il n'y a et n'aura qu'une seule "Marque jaune".

Il faut dire l'indigence du scénario et la non ou mauvaise utilisation des personnages : Mortimer à la recherche de l'onde Mega et du fonctionnement du Télécéphaloscope de Septimus, qui n'y arrive pas allant jusqu'à faire sauter les plombs, réparés par son adjoint, Blake réduit à faire la police si ce n'est la circulation dans Londres, Septimus qui circule dans la capitale anglaise à la recherche de "guinea pig" qu'il prononce continuellement et Olrik, pas de Blake et Mortimer sans Olrik, hagard ne prononçant que le mot "Asile".

Bien sûr que j'exagère un peu, mais pas tant que cela. C'est nul de chez nul, fallait pas faire une nouvelle "Marque jaune", la vraie, l'ancienne suffisait.



La note 2/5, c'est pour les dessins qui sont impeccables de justesse, les personnages sont fidèles à Jacobs et ceux qui sont nouveaux entrent bien dans la technique du dessin, le style, l'esprit du fondateur. Bravo donc à Antoine Aubin et Etienne Schréder qui sauvent à eux deux l'album, c'est quand même mince mais cela permet au lecteur de passer un pas trop mauvais moment.

Je ne suis quand même pas convaincu!
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Conquistador, tome 4

Dans ce tome 4 qui clôture le 2e diptyque, après avoir misé sur l'action et le fantastique Jean Dufaux veut revenir au récit historique : tandis qu'Hernando rallie les tribus amérindiennes (à la cause de son supérieur hiérarchique Hernán Cortés ou à sa propre cause ?), Catalina mène les hommes du Conquistadores au coeur de Tenochtitlan où ils prennent en otage l'Empereur Moctezuma. La Malinche jubile, mais le dénommé Cuauhtémoc prend les choses en main en organisant la résistance à l'envahisseur (non sans grimper quelques échelons en passant en éliminant peu ou prou la famille impériale). le fameux trésor aztèque est réduit au statut de MacGuffin : Montezuma le veut pour sauvegarder son trône, Cuauhtémoc pour prendre le trône, Cortès pour garder la main sur ses troupes et réussir son coup de force contre Charles Quint, del Royo pour abattre les uns et les autres, et Catalina pour sauver sa peau… Une formule classique voire éternelle, et cela aurait été très bien si Jean Dufaux avait choisi d'aller dans cette voie, ce qui n'est pas le cas car il fait interagir tous les nouveaux personnages qu'il a introduit dans le tome 3 du coup comme d'habitude il s'éparpille pour pas grand-chose...

C'est un peu frustrant tant pour le talentueux dessinateur que pour nous autres lecteurs que la Noche Triste soit traitée en 7 pages seulement sur le ton de la chronique… Je crains même qu'il faille vraiment connaître par avance les événements racontés pour pleinement en profiter : l'opposition entre Cortès et Charles Quint, la chute de Montezuma, la rébellion des Tlaxcalas, la résistance de Cuauhtémoc… Et Jean Dufaux tient encore une fois à nous refaire le coup de l'ersatz de Kurtz d'"Au Coeur des Ténèbres" de Joseph Conrad repris par Francis Ford Coppola dans "Apocalypse Now" (il y en avait déjà une flopée dans "Croisade") et le fantastique revient d'un coup à l afin avec Hernando qui contrôle les végétaux et qui parle aux animaux ? Plus de nouvelle de la série depuis, mais vu que le Syndrome Jean Dufaux empire de tome en tome c'est peut-être mieux ainsi...
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Giacomo C. - Retour à Venise,  tome 1

La Sérénissime pour décor, et Giacomo C. en héros. Des aventures rocambolesques mêlées à des intrigues politiques et amoureuses. C'est efficace, mais sans fondement. Venise ressemble petit à petit à un décor de carton-pâte, et Casanova fardé en super-héros n'y change rien.

Un divertissement sans lendemain, destiné probablement à un public adolescent.



Lu en novembre 2017.
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Conquistador, tome 2

J’étais sorti mitigé de la première partie de ce diptyque signé Jean Dufaux et Philippe Xavier, je le suis d’autant plus avec ce deuxième tome.



Pas de temps mort en début de tome ici : illico, nous sommes replongés la tête la première au fin fond de la jungle amazonienne dans une fuite effrénée devant les hordes d’Aztèques dont le trésor a été pillé par un petit groupe de conquistadors espagnols détaillé dans le premier tome de ce diptyque. Nous retrouvons de plus de très beaux dessins de Philippe Xavier pour illustrer cette fuite en avant. Les grandes planches laissent un bon souvenir, contrairement certes aux petits détails de certaines cases plus anecdotiques dont les détails laissent à désirer. Bref, on est sur la lancée du premier tome !

C’est peut-être d’ailleurs là que le bât blesse alors pour moi. Non seulement il est difficile de se remettre dedans sans avoir relu le début, mais en plus le choix du diptyque n’est pas spécialement cohérent quand on finit par découvrir la fin… Au fur et à mesure que l’histoire suit son cours, j’ai surtout eu l’impression que Jean Dufaux s’était fait plaisir en prenant un récit caravelle, enfin bateau (les Conquistadors, l’or des Incas et tout le toutim), en distillant par-ci par-là quelques notes de fantastique qu’on n’avait pas vues venir du tout, mais sans jamais considérer l’intérêt général de l’ensemble pour le lecteur avide d’intrigues palpables, captivantes et surtout sensées.



Voilà donc un diptyque dont j’attendais sûrement trop (magnifiques couvertures en miroir, pitch de départ intéressant) qui m’a laissé sur ma fin avec une intrigue chancelante, du fantastique tiré par les cheveux et une fin en eau-de-boudin. Dommage car Jean Dufaux nous avait habitués à mieux (Murena évidemment) et Philippe Xavier aurait mérité une meilleure histoire pour aller avec ses dessins.



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Conquistador, tome 1

Des empires peuvent disparaître tandis que montent la bassesse et la corruption.

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Ce tome est le premier d’une tétralogie formant une histoire complète. Sa première édition date de 2012. Il a été réalisé par Jean Dufaux pour le scénario, Philippe Xavier pour les dessins et Jean-Jacques Chagnaud pour les couleurs. Il s’agit de la même équipe de créateurs qui a réalisé la série en huit tomes : Croisade parus de 2007 et 2014. Il comprend soixante-deux pages de bande dessinée.



En mai 1520, dans un pays d’Amérique centrale, un conquistador est allongé dans une barque filant paresseusement au gré du courant d’un fleuve : Hernando Royo. Il éprouve des difficultés à se souvenir. Par bribes, il se rappelle qu’il a échappé à Txlaka, fils des racines de l’oqtal. Lui aussi a sucé la sève de l’oqtal, c’est peut-être pour cela qu’il n’a pas succombé comme les autres. Sont-ce leurs ossements qui le recouvrent ? Il ne sait plus, il a oublié. Il prend conscience du grondement qui l’entoure, auquel il ne peut pas échapper. La pirogue se dirige vers une grande chute d’eau, emportée par le courant, elle bascule dans le vide. La chute était inscrite dans le destin de Royo, car elle lui avait été prédite par la fille de leur régisseur, Pipa, en Espagne, dans sa jeunesse. Elle lui avait dit qu’il tomberait de haut, ce qui ne serait pas grave car il n’avait pas emporté son nom avec lui. Le nom qu’il aurait pris serait gravé dans sa chair. Il sera devenu un monstre, sa seule chance d’ailleurs, car pour survivre il n’y a qu’un monstre qui puisse en vaincre un autre. Le père d’Hernando avait payé la jeune bohémienne, puis lui avait fait donner autant de coup de fouet que le nombre de lettres dans le nom de son fils. Le voilà maintenant adulte et seul dans la jungle, poursuivi par des Amérindiens, des tueurs Otomis à la peau rouge. Tous ses compagnons ont péri.



C’était une ville superbe… Tenochtitlan. La cité de l’empereur Moctezuma. Le général, Cortès, se préparait à repartir vers Veracruz pour affronter l’expédition punitive menée par Panfilo de Narvaez. L’Espagne considérait en effet qu’il avait outrepassé ses droits pour songer à s’enrichir personnellement au détriment de la couronne. Le temps pressait. Coincé entre Montezuma qui s’interrogeait sur les dissensions observées entre les Espagnols et les troupes de Narvaez, Cortés avait décidé de frapper vite et fort. Il restait cependant un dernier détail à régler. Un détail qui pouvait tout remettre en question… Un détail auquel Hernando allait prendre part ! Cortés explique à Royo qu’il compte placer la vie de ce soldat dans la balance de ses ambitions à lui général. Royo lui répond qu’il ne croit pas à l’ambition, c’est un mouchoir qui s’agite à tous les vents. Mais il est un soldat, il obéit. Cortès continue : avant son départ, une dernière rencontre est prévue avec l’empereur Moctezuma. Il est pour l’instant leur meilleur allié, mais Cortès sent qu’il met en doute leur invincibilité. En gage de bonne volonté, il accepte néanmoins de leur montrer le trésor accumulé par son père, Axayacat. Mais c’est peut-être un piège car seuls deux hommes pourront accompagner le général.



La première page indique que le scénariste a choisi une époque et une région bien précises : l’empire aztèque en 1520, c’est-à-dire le premier séjour de Hernán Cortés à Tenochtitlan. Le conquistador a reçu l’information de la présence de navires espagnols à Vera Cruz et il a décidé de s’y rendre, laissant une centaine d'hommes à Tenochtitlan, sous les ordres de Pedro de Alvarado. Le lecteur croise effectivement Cortés lui-même qui évoque Pánfilo de Narváez (1470-1528), ainsi que l’empereur aztèque Moctezuma II, Motecuhzoma Xocoyotzin (1466-1520). Pour le reste, les auteurs introduisent des personnages fictifs, à commencer par Hernando Royo. La dynamique du récit est vite établie : Cortès a chargé un petit commando de dérober tout ce qu’ils peuvent dans le trésor de l’empereur, et en particulier le talisman de Txlaka. Le lecteur assiste à l’assemblage du petit groupe composé de voleurs et de vauriens que rien n’arrête, chaque membre étant présenté succinctement à son tour : la capitaine Catalina Guerero (cheffe du commando), son second Gomes, Burro un grand costaud, la Sauterelle (jeune homme cuistot et apothicaire), et Frère Cristoval. En outre la séquence d’entrée établit qu’ils connaîtront un sort funeste, à l’exception au moins d’Hernando Royo. L’ennemi est désigné comme une entité semi-divine ou semi-démonique appelée Txlaka, fils des racines de l‘oqtal. Dans l’entourage de l’empereur, le prêtre Oczu semble avoir vu clair dans l’imposture des Espagnols : ce ne sont pas des Teules, et Cortés n’est pas la réincarnation de Quetzalcóatl, l’une des incarnations du serpent à plumes.



Le début du récit indique également que tout va mal se passer, donnant déjà l’aboutissement de l’intrigue, la plaçant sous le joug de la fatalité. Le fil directeur de l’intrigue apparaît rapidement : une mission donnée consistant à réaliser un casse (piller une partie du trésor, de l’or des Aztèques), et réussir à survivre à la fuite, avec en préambule la constitution de l’équipe, et en face l’ennemi pugnace (en l’occurrence un prêtre). Le lecteur sent une fêlure chez le personnage principal, une sorte de tendance suicidaire l’incitant à se montrer téméraire, mais il ne sera pas beaucoup développé dans ce premier tome. Les autres membres de l’équipe se retrouvent définis par un ou deux traits saillants : une femme guerrière sans pitié pour ceux qui la trompent à commencer par ses amants, un second efficace et effacé derrière cette femme fatale, un homme à la forte carrure sûr de sa force mais un peu limité de la comprenette, un jeune homme avec un penchant irrépressible pour concocter des mixtures à partir de plantes avec un entrain qui n’a d’égal que son incompétence, et enfin un moine catholique dans sa bure en quête d’une révélation mystique prêt à payer le prix d’une expansion de sa conscience grâce à l’usage de plantes psychotropes. L’artiste a soigné leur conception graphique ainsi que leur apparence ce qui leur apporte un peu plus de personnalité : la prestance pour Royo, la séduction pour Catalina, une forme de calme né de l’expérience pour Gomes, la masse imposante pour Burro, l’entrain de la jeunesse pour la Sauterelle, et un mysticisme inquiétant pour Cristoval.



Le lecteur accepte bien volontiers que l’Histoire laisse la place pour un tel pillage, et il prend plaisir à se laisser emporter par ces scènes courtes et enlevés, sur une trame bien balisée. S’il a lu la série Croisade, il retrouve avec anticipation la narration visuelle efficace de l’artiste. Entre quatre et six cases rectangulaires par page, c’est-à-dire des pages faciles à capter dans leur ensemble au premier coup d’œil, des dessins qui semblent un peu aérés, avec des éléments qui disposent de place. Dans un premier temps, le lecteur peut trouver que certaines cases manquent d’arrière-plans ou que ceux-ci ne sont pas assez détaillés pour un registre descriptif : une vague évocation de la rivière, des gros plans sur les visages, des cases dépourvues de décor, une jungle souvent réduite à une toile de fond sans possibilité d’identifier les essences des arbres ou des autres éléments de la flore. Pour autant, il se sent happé dans une ambiance et un lieu spécifique à chaque séquence. Avec Hernando Royo allongé au fond de cette pirogue, il perçoit ses sensations et son état d’esprit grâce aux éléments visuels bien choisis, et à la mise en couleur basée sur un vert foncé évoquant l’environnement végétal, mais aussi la présence des ténèbres, cette dernière renforcée par des aplats de noir.



Par la suite, le lecteur ralentit de temps à autre sa lecture pour mieux ressentir l’ambiance. Il remarque alors mieux l’apport de la mise en couleur et ses discrets effets spéciaux : les gouttelettes iridescentes dans une chute d’eau, les camaïeux de couleurs pour évoquer la végétation luxuriante de la jungle ou plus automnale du domaine des Royo en Espagne, l’usage de teintes sépia pour évoquer le passé, une jeu de nuances entre vert et marron pour la carcasse d’un navire, un travail très minutieux pour souligner chaque détail de la représentation d’une pyramide ou des différents figurants composant une foule, les effets spéciaux pour la trajectoire des gouttes de pluie pendant une averse tropicale nocturne, les savantes compositions pour habiller les arrière-plans et faire peser une atmosphère oppressante et angoissante, soit nocturne dans un temple, soit enflammée lors d’une éruption. En totale coordination, l’artiste conçoit des découpages de planche spécifique pour chaque scène, toujours à base de cases rectangulaires : des cases de la largeur de la page des cases de la hauteur de la page, une disposition de cases sur les deux pages en vis-à-vis, une case verticale de la hauteur de la page soit à gauche, soit à droite, et des cases l’une au-dessus de l’autre sur l’autre partie, six cases de taille identique, des cases en insert sur une illustration en pleine page, etc. Le lecteur n’y prête pas forcément une attention consciente, pour autant cette variété de constructions induit une variété et un rythme spécifique à chaque séquence, ainsi qu’un effet de renouvellement à chaque page tournée. Régulièrement, le lecteur découvre un visuel ou une suite de cases mémorables : les tueurs Otomis repérant les traces de passage dans la jungle, la vue en élévation d’une pyramide avec une myriade de détails, l’élégance raffinée de l’ornementation de l’armure de Cortès, le combat à main nue de Royo contre un Aztèque très musclé, le regard inquiétant d’une idole de pierre, le départ de l’armée de Cortès, l’or du trésor qui finit par devenir un environnement conceptuel, l’orage tropical, le sacrifice physique du sorcier, etc.



Seconde série pour ce duo de créateurs : un ancrage historique précis, une intrigue classique de casse et de fuite, avec une équipe de pilleurs. Le lecteur se laisse prendre au jeu de cette dynamique efficace tout en anticipant la majeure partie des phases du récit. Il se laisse prendre avec la même facilité à la narration visuelle immédiatement accessible, paraissant toute simple en surface. Il prend conscience de la sophistication de ladite narration pour parvenir à cette forme d’évidence, et n’en apprécie que plus sa lecture. Il sait qu’il est accroché et qu’il faut qu’il sache ce qu’il advient de ces voleurs dans le deuxième tome.
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Le Bois des Vierges, tome 1 : Hache

Des lois qui n’acceptent pas la différence.

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Ce tome est le premier d’une trilogie qui constitue une histoire complète et indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2008. Il a été réalisé par Jean Dufaux pour le scénario, et par Béatrice Tillier pour les dessins et les couleurs. Il s’agit de leur première collaboration. Par la suite, ils réaliseront le cycle des Sorcières pour la série La complainte des landes perdues.



C’est un récit que le narrateur doit révéler. Il invite le lecteur inviter à une certaine noce en prévenant toutefois que rien ne se déroulera comme prévu. Ce devait être un moment historique entre les bêtes et les hommes. Ce ne le fut aucunement. Par une froide nuit de janvier… Une immense propriété seigneuriale recouverte d’un manteau de neige, des badauds s’en approchent, la torche à la main. Les fenêtrent déversent de la lumière vers l’extérieur. À l’intérieur, Loup-de-Feu, un haute-taille, s’éponge la joue : la tête de ce jeune marié lui tourne. Aube, la mariée, elle, semble se porter mieux. À une question d’une servante, elle répond que cela doit être les habits qui incommodent son époux. Il faut qu’il prenne patience, ils lui seront bientôt ôtés. Maître Arcan, un humain, propose à Loup-de-Traille de porter un toast à leurs enfants, jeunes mariés, qu’ils puissent connaître belle et longue vie. Pour Loup-de-Feu, il a fait percer cinquante tonneaux de son meilleur vin. Le beau-père répond qu’il a fait pendre dix gueux, dix bêtes de basse taille qui encombraient les chemins du domaine de son hôte et qui semblent, à présent, amuser la populace. En effet, celle-ci a entonné une ritournelle moqueuse sous lesdites bêtes.



Dans le renfoncement d’une des fenêtres de l’escalier, Salviat, le frère d’Aube, regarde la populace en s’échauffant. Il se dit qu’ils dansent pour quelques pendus, sans comprendre que des bêtes mortes, il n’y en a pas assez, il n’y en aura jamais assez. Deux nobliaux viennent le quérir. Ils l’informent que le chambellan va donner le signal de la danse. Sa sœur ouvre le bal. Il n’y a pas de quoi se morfondre, et ce moment était tellement attendu. La paix enfin signée entre bêtes de haute taille et humains ! Il y a peu encore, c’était impensable. Le sang coulait, personne n’entendait raison. Salviat acquiesce : oui, le sang coulait, qui sait il peut couler encore… Le chambellan effectue son discours : il demande aux seigneurs, aux bêtes de haute taille, aux gentes dames de prêter attention au pacte nouveau. Que semblables et différents s’accordent ! Que poil et peau s’unissent ! Le jeune couple de mariés ouvre le bal. Les autres invités les rejoignent sur le grand espace entre les deux rangées de tables. Dans l’assistance, deux loups regardent le couple danser avec regret : c’est une tristesse que Loup-de-Feu danse ainsi avec cette peau froide, blanche, sans poils, c’est par trop de sacrifices. Son interlocuteur, loup aussi, lui répond que cette nuit son époux n’en fera qu’une bouchée, il en faut plus pour l’appétit d’une bête. Deux seigneurs humains se font une réflexion miroir : une si jolie demoiselle dans les bras de ce monstre et elle ne paraît même pas dégoutée. Le dégoût viendra sûrement avec la nuit…



Ce scénariste écrit parfois pour l’artiste qui met en images son histoire, en prenant en compte ses points forts, ses envies de dessin. Le lecteur éprouve tout de suite la sensation qu’il en est allé ainsi pour la présente collaboration. La couverture ne livre pas beaucoup d’informations sur l’histoire. Les premières pages mettent tout de suite en place le contexte général et l’enjeu. L’histoire se déroule dans une sorte de bas moyen-âge dans lequel plusieurs races d’animaux disposent d’une conscience et de la capacité de se mouvoir sur leurs antérieurs comme des hommes : les loups, les lynx, et il est fait mention des ours et des renards. Le règne animal semble divisé en deux catégories : les basses-tailles et les hautes-tailles, les loups, les lynx et les renards faisant partie de cette seconde catégorie. Un mariage qui se termine par un assassinat, un pacte rompu entre humains et bêtes. Une fois cette première phase passée, la guerre se déchaîne dans toute sa létalité. Chaque camp va dépêcher un émissaire pour rallier un meneur capable de galvaniser leurs troupes. Sur ce territoire, se trouve un lieu préservé des combats : le Bois des Vierges. Cela donne une lecture facile et simple, où tout semble se dérouler avec un naturel aussi évident qu’inéluctable, des aventures baignant dans le fantastique de ces animaux dotés de conscience et capables de postures anthropoïdes, dans un passé alternatif.



Le regard du lecteur est attiré dès la couverture : une superbe illustration finement ouvragée, que ce soit dans l’édition de Robert Laffont ou dans la réédition de Delcourt. Une très belle femme avec un visage à la géométrie très pure, et un regard pas commode, un soin minutieux porté aux étoffes. Les pages sont réalisées par une artiste complète, dessins et couleurs. Chaque dessin repose sur des traits de contour fins et assurés, pour une qualité descriptive avec un niveau élevé de détails, tout en conservant une lisibilité immédiate. Les couleurs viennent étoffer les dessins, à la fois pour l’ambiance lumineuse, pour rehausser le relief de chaque surface, pour donner des indications supplémentaires sur la texture d’un matériau. Dès la première case, le lecteur peut se projeter dans le lieu : une longue plaine recouverte de neige, avec une somptueuse et vaste demeure à quelques dizaines de mètres. Tout du long du récit, il peut ainsi éprouver la sensation de se trouver à côté des personnages et de regarder autour de lui pour mieux observer le lieu, en intérieur comme en extérieur. La vaste salle du banquet avec les deux fauteuils en bois finement ouvragés pour les mariés, les longues tentures le long des montants des fenêtres, les lustres, les tables chargées de mets fumants. Les couloirs et les escaliers du château avec les pierres de taille, les tentures, les colonnades, les porte-bougies, le lit à baldaquin, les portes massives.



Par la suite, le lecteur peut pénétrer avec les personnages dans la salle de commandement du prince des armures en charge des armées des humains, puis dans celle des loups. Il accompagne un émissaire dans le château de Loup-Gris à Rocaille, et l’autre dans un monastère, puis dans une église, celle des trois-pendus. Il est visible que l’artiste aime les belles pierres et qu’elle prend plaisir à représenter ces constructions pour les rendre plausibles et consistantes afin qu’elles soient le plus réelles possible pour le lecteur. Béatrice Tillier apporte le même soin à représenter les tenues vestimentaires : les magnifiques robes du bal des mariés, les pourpoints des seigneurs, les armures des hommes à la guerre, les habits plus adaptés au mouvement des loups, le riche habit du prince des armures, les chauds vêtements de voyage de Loup-de-Traille, les vêtements plus simples de Hugo, chevalier d’aventures et de conseils. Le lecteur se régale des caractéristiques et des spécificités de ce monde si concret grâce aux dessins.



Il apparaît également que le scénariste ne se focalise pas uniquement sur les points forts de l’artiste : il a également pensé le déroulement de son récit en termes visuels. Il évite les discussions trop longues ou trop statiques, et il intègre des moments purement visuels. Le lecteur se surprend à ralentir son regard pour mieux apprécier une image ou une séquence sortant de l’ordinaire : les animaux basses-tailles pendus pour divertir les gueux l’envol d’une chouette des neiges pour attraper une musaraigne dans ses serres, le motif d‘une tapisserie, une double page conçue sur des cases de la largeur des deux pages, la mise en parallèle des deux pages consacrées à la prise de décision du prince des armures, et les deux consacrées à la prise de décision du seigneur des loups, les jeux et la curiosité des enfants de Loup-Gris et Dame Goupil en voyant arriver leur grand-père, la découverte de la nature de Porel et Galvain, la progression à cheval de Hugo sur un chemin de pavés dans la campagne, l’étrange cérémonie cultuelle dans la cathédrale en ruine sous un ciel rouge, et bien sûr la mise à mort de la dernière séquence. Grâce au talent de l’artiste, tout cela apparaît comme allant de soi dans ce monde Fantasy, le lecteur éprouvant le plaisir de l’émerveillement premier degré et de l’effroi devant les morts.



Une petite trilogie de Fantasy fort alléchante de prime abord. Une lecture délectable grâce à une narration visuelle délicate et minutieuse, sans être précieuse ou maniérée. Le lecteur se laisse prendre au charme de ces pages dès la séquence d’ouverture, grâce aux dessins qui lui donne à voir un monde pleinement réalisé, solidement concrétisé, avec un goût pour lui donner de la consistance, de la crédibilité, pour favoriser une suspension consentie d’incrédulité. L’histoire se révèle être linéaire et d’une simplicité la rendant immédiatement accessible et appréciable. Deux forces en place qui se livrent la guerre alors que le pacte de paix semblait gagné. Les hommes et les loups s’affrontent dans une guerre meurtrière. Il existe des individus qui ne souhaitent pas y participer, mais la guerre se propage partout, contraint tout le monde à prendre parti. Lors des batailles causant des morts innombrables, le commentaire souhaite Force et courage pour les bêtes qui se jettent à corps perdu dans la bataille. Jusqu’au sacrifice final où chair et poil se couchent dans la boue au nom de lois caduques et imbéciles. Des lois qui n’acceptent pas la différence.
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Barracuda, tome 1 : Esclaves

Je m’appelais Emilio, mais j’ai dû changer de sexe et devenir Emilia pour survivre…



Je me trouvais à bord d’une galéasse espagnole où des rêves somptueux furent brutalement interrompus par le son du canon.

Nous étions attaqués par des pirates ! Dès que le capitaine vit que le bateau des forbans était le Barracuda, il sut que nous étions perdus. Je me précipitai dans la chambre de Doña Scuebo pour l’avertir de l’attaque imminente des flibustiers. La grande dame ouvrit un coffre et m’obligea à me vêtir avec une robe de sa fille. Je ne voulais pas revêtir des vêtements de femme, mais son confesseur m’appliqua une claque qui me décida à lui obéir… C’est ce qui me sauva la vie !





Critique :



Quatre ans que cette BD trainait dans ma bibliothèque. Je l’avais achetée en suivant les chaudes recommandations d’une connaissance à qui je ne voulais pas faire de peine, mais n’ayant jamais vu un film de « Pirates des Caraïbes » jusqu’au bout (mon allergie pour les zombies étant rédhibitoire) je ne m’étais jamais décidé à l’ouvrir. Finalement, confinement aidant, mais ne disposant pas de beaucoup de temps car je dois essayer de faire travailler mes élèves à distance, et c’est tout sauf évident, je m’offre le soir le luxe de lire une BD (les romans attendront). Décidé à laisser tomber le tome 1 de Barracuda dès l’apparition du premier mort-vivant, c’est sans grand enthousiasme que je me lançai dans l’aventure tel un explorateur aussi motivé qu’un futur marié dont la future épousée a tout d’une disgracieuse ogresse à l’haleine fétide de bubons de peste noire. Mais je m’égare… Le début était très prometteur : dessins et mise en couleurs d’une qualité supérieure, détails qui sentent l’authentique, rendu des combats d’une férocité incroyable… Rien que du bonheur pour un amateur du neuvième art ! Mais les zombies, alors ? Hé ben, il n’y en a pas, et tout mon bonheur est là ! Une véritable histoire de pirates avec des personnages très bien campés et un scénario qui s’annonce très prometteur pour la suite ! Suite… qui en période de confinement risque de se faire attendre, alors même qu’une intégrale est parue en 2019…



Jean Dufaux, le scénariste bien connu est à l’opposé du débutant dans le métier, contrairement au dessinateur, Jérémy ! Jérémy, qui ? Jérémy Petiqueux ! Mais il signe simplement Jérémy. Jérémy a démarré sa carrière comme coloriste pour les oeuvres de… Philippe Delaby, l’incroyable auteur de Murena ! Désireux de produire sa propre BD comme dessinateur et coloriste, il s’associe avec Dufaux pour du vrai ! (Oui, je sais, c’est un jeu de mot complètement c… ! Veuillez le mettre sur le compte du confinement, je vous prie.) Le résultat est ce premier album passionnant. Je suis sûr que vous me quémandez de vous décrire les personnages. Quémandez seulement, mais je crains qu’il ne vous faille vous le procurer pour en savoir davantage sur cette merveille qui est due à deux Belges. Comment ça, je suis chauvin ? Ben quoi, le chauvinisme n’est pas une exclusivité française ! Laissez-en un peu pour les autres aussi, s’il vous plaît !



Je me demande pourquoi, avec de tels talents, la BD européenne attire si peu de jeunes lecteurs…

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Croisade - Cycle 1, tome 3 : Le maître des ma..

Dans ce tome 3 intitulé "Le Maître des machines", on s'accroche aux branches en attendant les réponses apportées par Jean Dufaux aux questions posées par Jean Dufaux...

* Niveau Syria d'Arcos, la belle blonde aux cheveux courts a tapé dans l’œil du sultan qui lui fait la cour et l'héroïne chrétienne n'est pas insensible aux charmes du souverain musulman...

* Niveau Elénore d'Arcos, on est dans Game of Thrones ! Le Primat de Venise mort de ses propres mains est remplacé par Jurand de Poméranie le prédicateur aux sept plaies, qui accuse Robert de Tarente de faire commerce avec le Diable... Ce dernier invoque le jugement de Dieu, et le Maître des machines se fait un plaisir de l'affronter pour récupérer la direction de la croisade maudite (tandis que ses envoyés qui devaient soudoyer Ottar Benk le sorcier sont victimes de ses sortilèges), et le Diable propose son aide à Robert de Tarente en échange du miroir de vérité... Putain il ne pouvait le lui demander quand ce dernier était encore sain d'esprit et sous sa coupe ?

* Niveau Gauthier de Flandre, on continue dans le survival à la George Romero plein de de zombies virologiques et on fait un parallèle entre un chevalier qui a perdu sa mère étant enfant et un monstre qui lui n'a jamais connu sa mère.

Sinon on apprend qu'Osarias est qualifié de traître parce qu'il est juif et que tous les Juifs sont traîtres envers le Christ (avant d'être recruté par la Lumière des Martyr pour servir de pion dans la lutte entre le Bien et le Mal) : bravo le vieux cliché pourtant battu en brèche auparavant dans le tome 1 à travers les paroles de Gauthier de Flandre... Et je me suis aussi demandé pourquoi Gauthier avait amené son ami Nakash dans cet enfer alors qu'il savait où il allait et que donc il allait crever salement et inutilement : marre des trucs censément épiques et/ou tragiques qui sont mal amenés et mal exploités !
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Saga Valta, tome 2

Ah ces femmes !! On ne s'attend sans doute pas qu'elles aient un rôle si important chez les vicking et pourtant...

Valgar apprend que son épouse est toujours en vie et prisonnière de son père. Il ne lui en faut pas plus pour essayer de la récupérer.



Dans le tome 1 j'avais déjà trouvé une ressemblance avec Thorgal, et bien dans ce second tome aussi... les Dieux se sont également penché sur le berceau de Valgar... et graphiquement aussi j'y ai vu des similitudes. ce qui n'est pas pour me déplaire bien au contraire.



Les graphismes sont superbes et très détaillés.

Je comprends aisément que cette BD qui ne devait comporter que 2 tomes va finalement en avoir un troisième... pour mon plus grand plaisir.
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Complainte des landes perdues - Cycle 2, to..

Troisième volet de ce deuxième cycle "Les Chevaliers du Pardon".



Le Guinea Lord doit rendre des comptes à la Mater Obscura, mère des sorcières Moriganes, car il n'a pas réussi à capturer Sanctus, ancienne sorcière détentrice de leurs rites et secrets.



Seamus passe son initiation, devient Chevalier et poursuit sa route pour tenter de retrouver Sanctus, son premier amour. Chemin faisant, il croise Eirell, ancien novice et ami, passé au service des Moriganes. Quelle sera l'issue de ce combat sanglant ?



A Mildwynn, place forte qui n'a pas signé la Grande Charte qui condamne les Moriganes, un autre ennemi terrorise les environs : un cyclope, digne cousin des Uruk-Ai et des Orques du Seigneur des Anneaux. C'est là que se cache Sanctus mais sous quelle forme ?



Seamus réussira-t-il à la trouver alors que le Guinea Lord vient de semer la mort ?

Sombre et violente BD. Haletante aussi dont chaque album est à relire plusieurs fois pour bien intégrer le fond de l'histoire qui naît du creuset satanique des sorcières primitives.
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Les Voleurs d'empires, tome 1

1870. Napoléon troisième du nom vient de déclarer la guerre à la Prusse. Dans la série grosse fessée, je demande Charles Louis Napoléon Bonaparte ! Bien loin de toutes ces considérations guerrières, le pensionnat de Mme Froidecoeur la bien-nommée semble échapper au chaos ambiant. Les jeunes filles en fleur papillonnent, émoustillées par l'arrivée du p'tit nouveau, objet de toutes les convoitises. Grrrrr. Si tout apparaît normal, quel est donc ce mystérieux pensionnaire qui a fait de la chambre 27 son QG inviolable et de cet internat son nouveau terrain de jeu meurtrier ? Tin,tin,tiiiin, suspeeeeense...



Une grosse pincée de fantastique saupoudrée d'un brin de romantisme – on est pas des animals tout de même -, le tout servi en pleine débâcle Napoléonienne. Le mix semblait d'emblée improbable et pourtant...Un premier tome auréolé de mystère que l'on tourne frénétiquement pour en découvrir un peu plus sur cet énigmatique personnage sanguinaire ayant le don d'apparaître systématiquement de dos. Comme s'il s'ingéniait, le vil coquinou, à le faire volontairement histoire de ferrer un peu plus son lectorat. Benco ! Bien joué l'artiste. Un premier tome réellement abouti avec juste ce qu'il faut de surnaturel et d'intrigues pour n'avoir qu'une seule envie, se précipiter dans la foulée sur Les Voleurs d'Empires number two. Le dessin est soigné, les couleurs peut-être légèrement trop flashy à mon goût histoire d'apporter un minuscule bémol à une série qui pourrait bien devenir incontournable.

C'est tout bon !
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