Citations de Jean-Paul Sartre (2294)
De toute part j’échappe à l’être et pourtant je suis.
Rien ne peut m’assurer contre moi-même.
Ouvert, ouvert, la cosse éclate, ouvert, ouvert, comblé, moi-même pour l’éternité, pédéraste, méchant, lâche. On me voit ; non. Même pas : ça me voit. Il était l’objet d’un regard. Un regard qui le fouillait jusqu’au fond, qui le pénétrait à coup de couteau et qui n’était pas son regard ; un regard opaque, la nuit en personne, qui l’attendait là, au fond de lui, et qui le condamnait à être lui-même, lâche, hypocrite, pédéraste pour l’éternité. Lui-même, palpitant sous ce regard et défiant ce regard. Le regard. La nuit. Comme si la nuit était regard. Je suis vu. Transparent, transparent, transpercé. Mais par qui ? Je ne suis pas seul, dit Daniel à haute voix.
Il y a quelqu’un qui manque ici : c’est Simonnot. J‘échappai des bras de la romancière, je me réfugiai dans un coin, où les invités disparurent ; au centre d’un anneau tumultueux, je vis une colonne ; M. Simonnot lui-même, absent en chair et en os. Cette absence prodigieuse le transfigura.
M. de Rollebon était mon associé : il avait besoin de moi pour être et j'avais besoin de lui pour ne pas sentir mon être. Moi, je fournissais la matière brute, cette matière dont j'avais à revendre, dont je ne savais que faire : l'existence, mon existence. Lui, sa partie, c'était de représenter. Il se tenait en face de moi, et s'était emparé de ma vie pour me représenter la sienne. Je ne m'apercevais plus que j'existais, je n'existais plus en moi, mais en lui ; c'est pour lui que je mangeais , pour lui que je respirais, chacun de mes mouvements avaient son sens au-dehors, là, juste en face de moi, en lui, je ne voyais plus ma main qui traçait les lettres sur le papier, ni même la phrase que j'avais écrite - mais, derrière, au-delà du papier, je voyais le marquis, qui avait réclamé ce geste, dont ce geste prolongeait, consolidait l'existence. Je n'étais qu'un moyen de le faire vivre, il était ma raison d'être, il m'avait délivré de moi. Qu'est-ce que je vais faire à présent ?
J'ai envie de sauter sur mes pieds et de sortir, de faire n'importe quoi pour m'étourdir. Mais si je lève un doigt, si je ne me tiens pas absolument tranquille, je sais bien ce qui va m'arriver. Je ne veux pas que ça m'arrive encore. Ca viendra toujours trop tôt. Je ne bouge pas ; je lis machinalement, sur la feuille du bloc, le paragraphe que j'ai laissé inachevé [...]
Je suis un conservateur. Je veux conserver le monde tel qu'il est, non pas parce qu'il me parait bon - au contraire, je le juge ignoble - mais parce que je suis dedans et que je ne puis le détruire sans me détruire avec lui.
SLICK
On est peut-être du même parti mais on n’y est pas entré pour les mêmes raisons.
"Les cartes tombent sur le tapis de laine, en tournoyant. Puis des mains aux doigts bagués viennent les ramasser, grattant le tapis de leurs ongles. Les mains font des taches blanches sur le tapis, elles ont l'air soufflé et poussiéreux. Il tombe toujours d'autres cartes, les mains vont et viennent. Quelle drôle d'occupation : ça n'a pas l'air d'un jeu, ni d'un rite, ni d'une habitude. Je crois qu'ils font ça pour remplir le temps, tout simplement. Mais le temps est trop large, il ne se laisse pas remplir. Tout ce qu'on y plonge s'amollit et s'étire. Ce geste, par exemple, de la main rouge, qui ramasse les cartes en trébuchant : il est tout flasque. Il faudrait le découdre et tailler dedans."
"La vie humaine commence de l'autre côté du désespoir."
" Tu as un secret douloureux, celui des Dieux et des rois, c'est que les hommes sont libres, ils sont libres. Tu le sais, et ils ne le savent pas."
«La mort de Jean-Baptiste fut la grande affaire de ma vie : elle rendit ma mère à ses chaînes et me donna la liberté».
Nasty : Je ne connais qu'une Église : c'est la société des hommes.
Frantz :
Deux criminels : l'un condamne l'autre au nom de principes qu'ils ont tous deux violés ; comment appelez-vous cette farce ?
Le père :
La justice.
N'importe quelle femme, c'est toujours assez bon pour n'importe quel homme.
Le droit de l'amour ? Comme vous êtes fades ! Je donnerais mon âme et ma peau pour l'homme que j'aimerais, mais je lui mentirais toute ma vie, s'il le fallait.
Werner : Quand je regarde un homme dans les yeux, je deviens incapable de lui donner des ordres.
Le Père : Pourquoi ?
Werner : Je sens qu'il me vaut.
"Seuls les actes décident de ce qu'on a voulu." (Huis Clos)
Mais quoi:toutes les pythies sont des mortes,chacun sait cela;tous les enfants sont des miroirs de mort