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Critiques de Jean-Paul Sartre (842)
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Le Mur

Le mur, 5 petites nouvelles tantôt tragiques et tantôt comiques, qui sont des bouts d'histoires assez brèves, toutes différentes, qui se heurtent au final à un mur, comme le dénote le nom du roman.



Jean-Paul Sartre a joué avec nos sentiments dans ce livre, il nous a fait ressentir des moments forts en émotions, passages de vies exceptionnels, qui sortent vraiment de l'ordinaire. J'ai voyagé à travers ce livre, passant d'une vie à une autre, j'ai pénétré dans leur esprit, suivie leurs aventures et vécue avec eux une partie assez difficile de leur existence.



J'ai été un peu déçu : en lisant la quatrième de couverture, je m'attendais à des nouvelles sur la peine de mort, dans ce genre là, mais malheureusement pour moi, ce sujet n'est traité que dans la première partie.
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Le Mur

Poursuite de mon road trip dans l'œuvre de Sartre et la surprise de découvrir le seul recueil de nouvelles de toute sa production littéraire.

5 nouvelles tragicomiques donnant le récit cynique de l'existence d'autant de personnages : un prisonnier de la guerre d'Espagne qui devrait être fusillé à l'aube, un fou que sa femme ne veut pas abandonner, un homme qui hait l'humanité et rêve d’assassiner un bon nombre d'inconnus, une jeune femme mariée à homme impuissant et qui vit d'occasionnelles aventures sans se résoudre à le quitter, un fils de bonne famille qui se questionne sur son orientation sexuelle et idéologique....

Tous ces récits traitent d'un enfermement, des "murs" physiques ou psychiques, des pathologies individuelles (relations aux autres; sexualité; suicide; démence...) et collectives (guerre, fascisme, racisme...).

Plus on lit Sartre et plus on se dit "tout change mais rien ne change". Il existera toujours des murs infranchissables et ce désespérant temps présent en construit plutôt qu'il n'en abat.

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Les mots

C’est une autobiographie atypique, centrée sur la tentative de comprendre (ou d’expliquer plutôt) d’où lui vient le goût pour les mots. Et du coup aussi, centrée sur l’enfance. C’est une enfance bourgeoise, gâtée, et plutôt solitaire, loin des jeux habituels des enfants, celle d’un petit garçon qui prend tout au sérieux. Mais en dehors de la partie proprement généalogique, et les querelles de sa famille qu’il nous raconte avec humour, on est loin de ce que l’on trouve d’habitude dans une autobiographie : pas de point de vue enfantin et naïf de l’enfant, guère de souvenirs d’enfance, beaucoup d’autodérision. Et justement tout l’intérêt de ce livre est que l’on ne sait jamais si Sartre enfant était tel qu’il se décrit, pas très sympathique, se sentant un imposteur ou si cette posture est une reconstruction déformée par l’adulte. A-t-il un regard lucide et objectif sur son enfance ou écrit-il ce texte en jouant la comédie comme l’enfant qu’il décrit ? L’ambiguïté est toujours présente. Quand au style, même si ce livre n’est pas toujours d’une lecture facile, il est remarquable. Quelle aisance dans le maniement des mots !
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La Nausée

« La nausée » est un roman philosophique d’une très grande puissance et d’une très grande profondeur.



La souffrance « existentielle » du jeune Antoine est rendue très palpable et compréhensible par la plume de Sartre et pour avoir déjà vécu quelques séjours seul dans des petites villes dans lesquelles je ne connaissais personne j’ai moi aussi ressenti le sentiment de décalage, d’être de trop, qu’il a pu éprouver à Bouville.



La pensée de Sartre m’a touché et je partage grandement l’idée dominante de son livre sur l’existence, son manque de sens profond et la « petite » solution qu’il trouve pour la supporter.



Un grand livre donc, dont certains passages demeurent d’une cruelle lucidité !
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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La Nausée

J'ai terminé La Nausée de Jean-Paul Sartre. Voilà. C'est fait. Son premier livre, ma première lecture de cet auteur, idéalisé ou non ; ma lecture l'a désacralisé. Beaucoup beaucoup (trop) de choses à dire à mon sens sur cette oeuvre. Bien sûr, je vais en oublier beaucoup, mais je vais essayer de faire part, de ce que j'ai compris et de ce qui m'a parlé.

Antoine Roquentin est le personnage principal de ce roman. Il est installé à Bouville pour écrire sur le marquis de Rollebon. Voilà la partie émergée de l'iceberg. Car A.Roquentin, s'en pose des questions, de nombreuses et des profondes dont une principale autour de son existence. À cet égard, la Nausée, ancrée en lui, se définit comme la difficulté de prendre goût à la vie, sans la questionner, sans qu'elle ne l'envahisse d'un mal-être liée à son existence. À ce titre, la gravure de Dürer, la Melancolia, page de couverture de l'édition Folio, représente cet état, quand on sait que Jean-Paul Sartre voulait ainsi appeler son oeuvre. La mélancolie étant la cause de cette Nausée dont souffre le personnage principal.



Ainsi, j'ai eu de la peine pour lui, car il s'ennuie et d'un ennui profond : l'ennui n'est-il pas le principal mal de l'être humain ?

Sa quête principale, concernant son écrit de Rollebon, n'est finalement qu'un stratagème pour s'oublier et continuer à vivre pour un autre. Cette révélation que va faire Antoine Roquentin, au milieu du livre, va avoir un impact considérable sur son existence et l'envie (ou non) de continuer à vivre, car il se sent de trop.



N'étant bien nulle part, il m'a rappelé Ferdinand Bardamu de Louis-Ferdinand Céline dans Voyage au bout de la nuit, qui cherchera sans cesse à trouver 'quelque chose de mieux' que ce qu'il vit déjà et sera, évidemment, toujours mal dans sa peau. J'ai même l'impression, que La Nausée est une suite, du moins les conséquences, de Voyage au bout de la nuit, dans le sens où les expériences passées vont grandement impactées (sans être spécifiées) la réflexion sur le monde d'Antoine Roquentin et sur lui-même, comme l'a fait Ferdinand Bardamu au fil de ses voyages, mais d'une manière plus poussée voir très anxiogène.



C'est aussi une histoire du temps qui passe : du passé qu'il est difficile de considérer comme faisant partie de soi, du présent qui renvoie à sa propre existence et à ses sensations, et du futur qui ne peut être encore approché. Les thèmes évoqués en filigrane par Sartre m'ont parlé. Sa réflexion sur le monde et sur soi m'a fait écho et m'a parfois décontenancé. Il est parfois difficile de se lire chez un autre. Ce livre m'a fait avancer et a mis des mots, du moins une réflexion sur des questionnements personnels.

Outre cela, la sensibilité de l'auteur se retrouve dans sa vision de l'environnement qui l'entoure et les dialogues avec les protagonistes (au combien important), m'ont littéralement transporté, confondant parfois la réalité avec les bribes de ces échanges, comme une espèce de déjà-vu....



Il n'y avait pourtant qu'un élément qui manquait pour que je le considère comme un très grand roman, et cet élément est apparu : L'Amour. En effet, les instants de dialogue avec Anny, son ancienne amante, ont été si intenses que je n'ai pas voulu en perdre une miette ! Sachant qu'ils se sont aimés, différemment, c'était d'autant plus difficile de les voir ensemble, après des années. le désir du passé restant fort quand celui du présent peut être tout autre. J'ai donc pensé que l'état du personnage pouvait être dû à cet amour perdu. Certes, ça en fait partie, mais c'est beaucoup plus profond.



Un livre n'est pas parfait, loin de là sinon on l'aurait soi-même écrit (et encore), c'est pourquoi je l'ai parfois trouvé ennuyeux, notamment à son tout début, puis des descriptions de la ville ou de l'imagination débordante du protagoniste et de ses multiples réflexions (il le dit lui-même qu'il aimerait ne plus penser) qui font perdre le fil....pour apprécier d'autant plus l'histoire et son échange avec le monde et lui-même. Il s'agit donc de s'accrocher et d'aller au-delà de ces quelques pages.



Vous l'aurez compris, Antoine Roquentin n'est ni un saint ni un démon, il est un homme qui se questionne (trop) et qui a besoin de se projeter dans quelque chose afin de sentir vivre. Car, loin de vivre dans le présent malgré ce qu'il en pense, il le questionne et ne le vit pas véritablement, ce qui le pousse à ne pas accepter son véritable passé. La suite, c'est le futur, c'est l'acceptation du présent. Et c'est ce qu'il va faire.
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L'Existentialisme est un humanisme

Cette retranscription d'une conférence (donc de la pensée) de Sartre donnée au sortir de la guerre (1945) permet de mettre une signification de première main sur le concept d'existentialisme, ce mot ayant été mis à toutes les sauces depuis. Il s'agissait en effet de proposer à l'homme une vision autonome se sa vie et de ses actes.

J'avais besoin de vérifier, Il s'agissait en effet de proposer à l'homme une vision autonome se sa vie et de ses actes, rapport à ma propre approche de vie, que mes choix relevaient bien de ce mouvement et c'est en rangeant les livres de philosophie de mon fils, qui vient de passer son bac, que je suis tombé sur ce texte fondamental.

Celà dit, et passé les 30 premières pages, qui permettent de saluer la vision de Sartre de manière claire et argumentée, la lecture complète de ce texte devient vite lourde par son insistance démonstrative, sans doute liée aux conflit qu'il a ouvert avec ses amis marxistes.



Quant à l'intervention en fin de conférence de Pierre Naville, penseur marxiste, elle est totalement incompréhensible, mais elle révèle bien l'état d'esprit de certains philosophes marxistes du XXème siècle dont la rhétorique servait souvent à masquer ou même à justifier une forme de pensée totalitaire !

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Les mots

Cinq étoiles certes, mais peut-on en donner moins à une telle intelligence ? Allons-y donc pour la profondeur de l'esprit, la logique de l'insulte ou la tyrannie des idées. Sartre reste inégalé, inégalable, surtout quand il s'agit de lui-même. On découvre le jeune Sartre et toutes ses souffrances grâce au philosophe adulte qui se penche sans concessions sur son enfance. Modeste ? Sûrement pas, mais peut-il tolérer d'être comme les autres? Mal dans sa peau d'enfant ? Sûrement, ce qui en fera un philosophe plus grand que son époque. Un écrivain? Oh oui ! La phrase est lapidaire, le propos sans concession sur la vie et surtout sur les autres, le style incomparable, l'ironie se mêlant au sarcasme pour le céder à l'autodérision. La phrase courte est percutante. Le lecteur vit le récit, se croit au théâtre, celui de l'enfance d'un prodige en herbe, d'un écrivain prédestiné.

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Les mots

De Sartre, je ne connaissais pas grand chose. Je n'en connais pas davantage après avoir lu Les mots.

Sartre était pour moi un petit bonhomme au visage de crapaud, fumant des cigares au Café de Flore, flirtant avec Simone de Beauvoir et, surtout, brouillé avec Albert Camus, écrivain que je place très haut dans la panthéon littéraire depuis que je l'ai lu pour la première fois. Aimant Camus, Sartre n'était donc pas pour moi. J'avais lu Huis Clos qui ne m'avait pas laissé non plus un souvenir impérissable.



Les mots traînait dans ma bibliothèque depuis plus de 20 ans. Je l'ai ouvert et les premières pages m'ont en quelque sorte happée. Puis j'ai continué et l'ai finalement lu jusqu'au bout, presque d'une traite.



Il s'agit d'un récit autobiographique de l'enfance de Sartre. Je ne peux m'empêcher de me demander ce qui relève quand même de la vérité ou de la fiction. Non pas que je l'accuse d'avoir voulu nous leurrer, mais les souvenirs sont souvent teintés d'enjolivement, voire d'invention.

L'écriture est belle, rien à redire, je crois d'ailleurs que c'est elle qui m'a tenue en haleine. Le récit en lui-même, s'il m'a fait sourire quelquefois, ne m'a pas beaucoup touchée, l'ayant trouvé très narcissique et truffé deci delà de fausse modestie.



Je laisserai néanmoins une chance à Sartre de me plaire par un de ses romans ou une de ses pièces.





Challenge XXème siècle 2019

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Huis clos - Les mouches

C'est avec "Huis clos" et "Les mouches" que j'ai découvert le théâtre sartrien. Jusqu'alors, je ne connaissais de cet auteur que la philosophie et l'oeuvre autobiographique.

L'autobiographie m'avait plu ; le théâtre m'enchanta.

Je le lus avec le plus grand intérêt.

La première pièce, "Huis clos", est une démonstration de l'absurdité a priori de la condition humaine, destinée, comme "L'étranger", de Camus à nous donner le sentiment de l'absurde.

La deuxième, "Les mouches" est l'illustration des principes existentialistes sartrien : elle montre un personnage, affirmant sa liberté, face au reste du monde qui la refuse.

Les deux pièces sont d'une puissance étonnante ; les répliques des personnages sont travaillées, ciselées. Chacune apporte à la pièce une grande puissance.

J'ai été positivement impressionné par le talent déployé par l'auteur des "Mots".

Talent divers, qui plus est, puisqu'il s'agit de pièces que tout oppose : l'une, "Huis clos" a un sujet contemporain de l'époque sartrienne, l'autre, "Les mouches" tire sa thématique de la mythologie antique, et, tandis que dans "Huis clos", la folie et le non sens règne, "Les mouches" est la peinture d'un monde ordonné, mais oppressé par la mauvaise foi.

Dans tous les cas, il nous dépeint de beaux personnages, que ce soit les veules et pourtant tellement humains personnages de "Huis clos" ou la belle, grande et héroïque figure d'Oreste, dans "Les Mouches".

Magnifique à tout point de vue !...
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L'Existentialisme est un humanisme

Voilà le livre qui est ni plus ni moins le plus grand texte philosophique que j'ai lu, à l'heure actuelle.

L'existentialisme est un humanisme est un appel à la liberté, au refus des contraintes, à se construire soi-même. En cela, ce livre me semble profondément révolutionnaire, et révolutionnaire encore aujourd'hui. Un ouvrage toujours actuel, et qui le restera longtemps.
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Les séquestrés d'Altona

Les Séquestrés d'Altona est une pièce en cinq actes de Jean-Paul Sartre, représentée pour la première fois au théâtre de la Renaissance le 23 septembre 1959

Après l’insuccès de Nekrassov en 1955, qui l’a meurtri, Jean-Paul Sartre revient au théâtre. On sait que de gaulle est revenu au pouvoir en 1958, avec « les pleins pouvoirs », justement et que les troubles en Algérie ne font que s’aggraver…Sartre décide de traiter à travers cette pièce « Les sequestrés d’Altona » de la guerre d’Algérie en général, et en particulier de la torture…



L'action de la pièce se situe dans une famille d’Allemagne de l'Ouest, treize ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le père est mourant. Il convie son fils cadet, Werner, pour lui signifier qu’il sera l’héritier de ses affaires... en même temps qu’il devra prendre l’engagement solennel que lui et sa femme Johanna resteront habiter à vie dans la maison familiale dans le but de s'occuper de Frantz, l’aîné de la famille qui vit cloîtré dans sa chambre, au grenier, depuis qu'il est rentré du front soviétique, et qu’il a été déclaré mort.



« Les séquestrés d’Altona », c’est « Huis-clos » élargi, car il s’agit bien là d’un huis-clos… Quel est le secret de Frantz ? On sera amenés à le découvrir dans toute son horreur. Un secret qui ne peu que conduire à une fin tragique, on s’en doute…



Pour ma part, une des meilleures pièces de Sartre.

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Huis clos - Les mouches

« Huis clos », une pièce en un acte présentée pour la première fois au théâtre du vieux Colombier le 27 mai 1944

« Les mouches », un drame en trois actes crée au Théâtre de la Cité, le 3 juin 1943.

Deux textes contemporains (ou à peu près) l’un de l’autre qui se trouvent réunis dans cette édition folio de 1971.



Il me semble avoir exprimé quelque part sur Babélio que pour ma part l’œuvre de Sartre vaut plus par son théâtre que par le reste … Si l’on excepte « l’être et le néant »…

La preuve en est faite ici, avec ces deux pièces , l’une en un acte : « Huis-clos » qui confine à l’absurde de par sa situation de départ : trois personnages en enfer, un homme deux femmes, pour l’éternité. Et la fameuse réplique « l’enfer, c’est les autres » et surtout le regard qu’ils portent sur nous-mêmes…

L’autre en trois actes, moins connue et encensée : « Les mouches », un drame façon antique ou l’on retrouve différentes notions chères à Jean-Paul Sartre tel que le passage à l’acte et la culpabilité … en 1943, le sujet pouvait amener à la réflexion…



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La Nausée

jean Paul Sartre est un pur génie (pour moi il est l'un des philosophes les plus lyriques du XX siècle ) il a véhiculé la plupart de ces idées dans ce roman riche tant par son originalité que par son talent
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La Nausée

Roman assez difficile d'accès puisqu'il ne s'y passe rien. Il s'agit d'un homme, Roquentin, qui réfléchit à sa condition et plus largement, à la condition humaine. Roman écrit à le première personne, le narrateur se retrouve par exemple, durant une bonne trentaine de pages, assis dans un bar en contemplant un verre de bière tout en réfléchissant à l'absurdité de la vie. Il déambule dans une ville qu'il ne connait pas et est soudain saisi d'une horrible «nausée» devant le monde qui l'entoure.

Roman néanmoins intéressant pour toutes les réflexions philosophiques qu'il apporte puisque Roquentin va accéder au chemin de la vérité en découvrant le véritable sens du mot «exister» mais qui serait plutôt à rapprocher d'une étude philosophique et non d'un roman. Pour cela, voir l'ouvrage du même auteur L'existentialisme est un humaniste.

La nausée, en tant que roman, est assez ennuyeux mais, qui en y cherchant bien, nous apporte une réflexion sur la vie et sur la place que nous tenons dans le mone.
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Les Mains sales

On se croirait dans un cercle vicieux, dans une illusion, comme si la nature humaine était à tout jamais insaisissable, comme si le pouvoir de penser, de raisonner qui le distingue des autres créatures était plus dangereux, et que sous son emprise, ne peut que se former des plans machiavélique...
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Les Mains sales

Je fournis ici volontairement une critique singulière et ma foi assez subjective, en reproduisant les explications de Simone de Beauvoir dans La Force des choses sur cette œuvre mille fois critiquée. La mienne ne manquera pas, celle de Simone de Beauvoir ne sera pas dépourvue d'explications oh combien éclairantes !



"Le sujet lui en avait été suggéré par l'assassinat de Trotsky. J'avais connu à New York un des anciens secrétaires de Trotsky ; il m'avait raconté que le meurtrier, ayant réussi à se faire engager comme secrétaire lui aussi, avait vécu assez longtemps aux côtés de sa victime, dans une maison farouchement gardée. Sartre avait rêvé sur cette situation à huit clos ; il avait imaginé un personnage de jeune communiste né dans la bourgeoisie, cherchant à effacer par un acte ses origines mais incapable de s'arracher à sa subjectivité, même au prix d'un assassinat ; il lui avait opposé un militant entièrement dédié à ses objectifs. (Encore une fois, la confrontation entre la morale et la praxis). Ainsi qu'il le dit dans ses interviews, il n'avait pas voulu écrire une pièce politique. Elle le devint du fait qu'il prit pour protagoniste des membres du PC. Elle ne ne me paraissait pas anticommuniste. Contre le Régent, contre la bourgeoisie fasciste, les communistes constituaient la seule force valable ; si un dirigeant dans l'intérêt de la résistance, de la liberté, du socialisme, des masses, en faisait supprimer un autre, je pensais comme Sartre qu'il échappait à tout jugement d'ordre moral : c'était la guerre, il se battait ; cela ne signifiait pas que le Parti fût composé d'assassins. La sympathie de Sartre va à Hoderer. Hugo se décide à tuer pour se prouver qu'il en est capable, sans savoir si Louis a raison contre Hoderer. Il choisit ensuite de revendiquer cet acte étourdi alors que ses camarades lui demandent de se taire." (...) "La pièce sortait anticommuniste parce que le public avait donné raison à Hugo."

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Les mots

« féminisé par la tendresse maternelle, affadi par l'absence du rude Moïse qui m'avait engendré, infatué par l'adoration de mon grand-père (...) », ce sont les mots de Jean-Paul Sartre pour qualifier son enfance : « Jusqu'à dix ans, je restai seul entre un vieillard et deux femmes. Ma vérité, mon caractère et mon nom étaient aux mains des adultes; j'avais appris à me voir par leurs yeux; j'étais un enfant, ce monstre qu'ils fabriquent avec leurs regrets. »

Entre lire et écrire, Jean-Paul Sartre n'a pas fait le choix; convaincu intimement de sa vocation d'écrivain à un tout jeune âge, il dit aussi : « On m'a cousu mes commandements sous la peau : si je reste un jour sans écrire, la cicatrice me brûle; si j'écris trop aisément, elle me brûle aussi. »

J'ai eu parfois du mal à saisir les méandres de sa pensée, trop concentrée à débrouiller son écriture raffinée. Catharsis d'un enfant solitaire et voué à plaire aux adultes, Les Mots de Sartre touchent et font entrevoir des vérités profondes sur l'être humain et son existence. À relire un jour...
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Les mots

Jamais une autobiographie ne m’a autant submergée. « Les mots » de Jean-Paul Sartre, c’est un intemporel, une ouverture sur l’homme, ses origines…

J’étais bouleversée, comme à chaque fois que je termine un roman, ou une pièce de théâtre de Jean-Paul Sartre. Les mots et les phrases défilent sous mes yeux, son écriture irréprochable me fascine.



Il retourne en enfance, pour nous expliquer comment il est devenu l’homme de lettre qu’il fut et retrace les aventures littéraires de ce petit garçon qui voit son grand-père, passionné par les livres, lui inculquer son amour pour le papier et les mots. Plus tard, quand il grandira, il découvrira l’écriture, et le moyen de créer des phrases : des colliers de mots, des histoires… Ses premiers romans.

Il se décrit tel un livre : « On me prend, on m’ouvre, on m’étale sur la table, on me lisse du plat de la main et parfois on me fait craquer. Je me laisse faire et puis tout à coup je fulgure, j’éblouis, je m’impose à distance, mes pouvoirs traversent l’espoir et le temps, foudroient les méchants, protègent les bons. (…) On me lit, je saute aux yeux ; on me parle, je suis dans toutes les bouches, langue universelle et singulière ; dans des millions de regards je me fais curiosité prospective ; pour celui qui sait m’aimer, je suis son inquiétude la plus intime mais, s’il veut me toucher, je m’efface et disparais : je n’existe plus nulle part, je suis, enfin !"
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L'Existentialisme est un humanisme

Un livre majeur à l’ époque et qui paraît aujourd’hui complètement dépassé

Qui lit encore Sartre en 2020? Il y a des auteurs célèbres du 20° siècle qui ont totalement disparu. Ces soi disants penseurs ont écrit beaucoup de bêtises pour rester poli. Et l’Histoire a tranché qui les rend presque ridicules

A méditer quand on écoute ou on lit les grands penseurs contemporains
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La Nausée

Paru en 1938, « La nausée » reste un classique à (re-)découvrir. Il questionne notre relation au monde et la notion de liberté face à notre destin.



Loin du schéma habituel d’un roman, Sartre nous propose de suivre le journal des impressions quotidiennes d’un anti-héros, Antoine Roquentin, historien de son état. Celui-ci réside temporairement dans une obscure ville de province, le temps de rédiger la biographie du Marquis de Rollebon. Roquentin voit son environnement immédiat se modifier. Sont-ce les composantes de la réalité qui évoluent de façon tout à fait indépendante ou est-ce la perception qu’il a des choses qui se modifie?



En général, nous avons une perception fonctionnelle et émotionnelle de ce qui nous entoure. L’intérêt de « La nausée » réside dans la confrontation de la vue que nous avons du monde et de celle du personnage. Roquentin prend conscience de l’existence indépendante et de la vacuité de ce qui l’entoure : objets, personnages et composantes de ceux-ci. Cela le ramène à la vacuité de sa propre existence et à la vanité de son projet d’écriture.



Il s’agit ici du premier roman de Sartre. Il constitue une première approche du concept d’existentialisme. Concept qu’il affinera par la suite au travers de différents ouvrages, textes philosophiques, romans ou pièces de théâtre. L’existentialisme reste considéré par ses détracteurs comme une vision du monde négative et désespérée. Hors, et on le vérifiera à la fin dans « La nausée », il conduit par définition à la liberté et à l’optimisme. L’homme n’est pas victime de son destin mais est son destin lui-même. Il est intéressant de noter que le passage du désespoir de la vacuité des choses à une optimiste prise de conscience de sa propre liberté, se produit dans les dernières pages du roman. A propos d’un nouveau projet d’écriture, Antoine Roquentin nous dit alors: « Mais il viendrait bien un moment où le livre serait écrit, serait derrière moi et je pense qu’un peu de sa clarté tomberait sur mon passé ».



En est-il de même pour notre vie et ses projets ? Vacuité des choses et désespoir ? Ou optimiste ouverture du champ des possibles ? A chacun d’en tirer ses propres conclusions. Mais l’œuvre ne pourra laisser indifférent. Même le choix de ne pas lire le roman ou de le délaisser constituera un acte intimement lié à ce questionnement. Mais dans quelque cas que ce soit, même s’il peut être abrupte à aborder, « La nausée » reste un incontournable à lire ou même simplement à feuilleter au moins une fois dans sa vie. De plus - et peut être surtout -, il peut être une invitation à découvrir toute la nébuleuse inspiratrice et créatrice autour du concept d’existentialisme. Depuis les autres œuvres de Sartre à celles de Camus en passant, par exemple, par Simone de Beauvoir ou Boris Vian.



A vous, je vous souhaite un bon questionnement !
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