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Critiques de Jean Rolin (303)
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L'homme qui a vu l'ours

Fait notable, cette déclaration de "reconnaissance" de la part de l'auteur en début d'ouvrage: "dans la mesure où presque rien n'avait été archivé par mes soins, le mérite de cette réédition revient principalement à Clara Kunde, à Antonie Delebecque et aux stagiaires qui l'ont secondée dans cette tâche. C'est à elles que je dédie ce recueil, ainsi qu'à Marc Kravetz et à Jean-Pierre Binchet, les deux journalistes qui ont amicalement parrainé mes débuts dans le reportage." J'ai rarement rencontré des mentions explicites concernant les stagiaires à qui nous devons tous bien plus que des cafés réussis. J'irai ensuite aussitôt aux pages 582 à 589 pour les deux articles de 1990 sur la Roumanie: "Chasse aux "Golans" dans les rues de Bucarest" et "Au pays des mille et une horreurs", ce pays, au sujet duquel le journaliste conclut, qu'il "toutes proportions gardées, évoque la Chine de Li Peng beaucoup plus que la Tchécoslovaquie de Václav Havel." Il y a ensuite le retour dans le delta du Danube, en 1992: "Pour les paysans du Danube, la vie n'est pas un long fleuve tranquille" (pages 738 à 741).

En réalité, c'est un véritable tour de monde qui nous est proposé ici: on passe d'un continent à l'autre, d'une culture à l'autre, d'une religion à l'autre, d'un problème social à l'autre, d'une capitale à l'autre en attrapant au détour d'une page divers moyens de transport, pour se retrouver "Jeudi à Mogadiscio" et continuer ensuite sur "La longue route du Caire à Tel-Aviv" avant de se poser dans les îles Marquises.
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Le ravissement de Britney Spears

Loufoque, cette histoire l’est totalement.



Par son scénario tout d’abord. On dirait un jeu d’atelier d’écriture : imaginez un personnage d’espion des services secrets français, d’âge un peu mûr, ne sachant pas conduire, et plongez dans le milieu très « people » de Los Angeles.



Rajoutez-y des personnages secondaires truculents : « Fuck » (ça ne s’invente pas, ce sont ces initiales) un paparazzi rompu aux techniques d’observation des people, « Shotemur » le responsable du KGB à Murghab, là où dans son exil punitif au Tadjikistan, notre héros sera chargé de relever les numéros d'immatriculation des voitures franchissant la frontière avec la Chine, ou encore le colonel « Otchakov », patron des services secrets qui ne s’exprime en code qu’avec des citations littéraires.



Et imaginez qu’un projet islamiste soit fomenté contre la star musicale Britney Spears consistant à l’enlever aux yeux de la foule : après tout pourquoi pas ? : « Il n’est pas plus absurde – et plutôt plus facile – de s’en prendre à Britney Spears qu’aux tours du World Trade Center, et que la valeur symbolique de la première, aux yeux du public américain, est à peine moindre que celles des secondes ».

Le tout, sous la plume de Jean Rolin, est du plus haut comique, cocasse, déjanté.

Notre héros, sorte de Dujardin dans son personnage de OSS 117 qui ne connaît rien aux lois des star people, va revenir bredouille de cette mission. Même si nous le retrouvons au fil des pages, l’esprit plutôt détourné de sa mission initiale, lorsqu’il porte un intérêt croissant, et purement sentimental, pour Lindsay Lohan, autre navrante héroïne pour tabloïds. Mais qu’importe.

Voilà la littérature qui s’éprend d’un monde jusqu’ici étanche : le monde des peoples, des paparazzis et de tous ceux qui gravitent autour : gardes du corps, hôtels et boutiques de luxe, fans en tous genres.



Mais c’est peut-être la ville de Los Angeles qui est le personnage principal du roman. Des descriptions minutieuses de la cité vue d’un piéton – chose rarissime dans une ville où chaque foyer a en moyenne entre deux et trois véhicules à sa disposition - une ville à la fois fascinante et repoussante, qui voit se côtoyer le grand luxe et la grande pauvreté.



Les amateurs de littérature auront évidemment vu le clin d’œil à Marguerite Duras dans le titre. Beaucoup d’humour donc chez Jean Rolin, mais le « ravissement » n’est-il pas aussi cette fascination béate qui prend dans ses filets de nombreux fans attirés par les starlettes blondes et trashs comme les insectes autour d’un lampadaire ? Comment expliquer sinon que Lady Gaga et Britney Spears fassent la course en tête pour le nombre de « suiveurs » sur leur compte Twitter (5 millions de suiveurs pour Britney Spears) ? Et que font toutes ces vidéos sur des sites très visités, comme « Hollyscoop » ou « Hollywoodgossip », dans lesquelles on voit par exemple : « une séance de pose à laquelle Lindsay Lohan s’est prêtée récemment dans le studio du photographe Tyler Shields » ? Qui les regarde ? N’est-ce pas une critique des réseaux sociaux et de leurs effets pervers, de la question de la médiatisation à outrance ? Et que faisons-nous de nos vies dans une société envahie par l’hyperconsommation ?



Et si derrière cette histoire loufoque, se cachait une autre histoire dans laquelle Jean Rolin se moquerait du vide de nos vies et de notre manière de les remplir d’inepties ? Le lecteur fera son choix, mais sans oublier que, de toute façon, ce « ravissement » là recèle certainement d’une bonne dose d’humour
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La Clôture

Quatrième de couverture, bien faite et un extrait du livre:



"La même année que Napoléon Bonaparte naît dans une bourgade de la Sarre un enfant roux dont le père, tonnelier, a servi dans les armées de Frédéric II. A la faveur des guerres de la Révolution et de l’Empire, l’enfant roux – au départ, une sorte d’Allemand – est appelé à devenir l’un des plus illustres maréchaux de France, avant de mourir fusillé à l’angle des jardins de l’Observatoire. Entre-temps, il aura été vainqueur à la Moskova et sur quantité d’autres champs de bataille, héroïque lors de la retraite de Russie, indécis ou calamiteux dans d’autres circonstances, déloyal à l’empereur, traître à la monarchie restaurée, défait à Waterloo et indéfectiblement fidèle à quelque chose d’éclatant et d’obscur.

Aujourd’hui, le boulevard qui lui est dédié relie la porte de Saint-Ouen à la porte d’Aubervilliers, à la limite de la ville et de ce qui l’entoure, à travers des quartiers qui ne comptent pas parmi les plus aérés de la capitale. D’autres destins s’y nouent – moins brillants, dans l’ensemble, que celui du maréchal Ney –, d’autres échecs s’y consomment. Celui de Gérard Cerbère, rescapé de nombreuses Bérézinas, désormais retranché avec sa caravane à l’intérieur d’un pilier soutenant le périphérique, celui de Lito, officier des forces armées zaïroises échoué au McDonald’s de la porte de Clignancourt. Ou encore celui de Ginka Trifovna, originaire de Ruse, en Bulgarie, âgée de dix-neuf ans et assassinée dans la nuit du 21 au 22 novembre 1999 sur un talus de la rue de la Clôture."



Bien. Je pensais que Jean Rolin allait nous parler du maréchal Ney, sur lequel je ne savais que peu de choses . Mais je le connais, il est rusé, et chaque thème abordé lui sert à toute autre chose.

De Ney, qu'ai-je retenu? Que l'un de ses récents biographes relate qu'après avoir fait ses adieux à sa femme, il a eu le temps de se rendormir un peu avant son exécution.. Il devait vraiment être très fatigué.. En tout cas, Rolin n'oublie jamais la documentation, historique et géographique.



Mais son projet ?

"Assez vaste et confus d'écrire sur le maréchal Ney du point de vue du boulevard qui porte son nom. Ou, ce qui revient au même, ( au moins sous le rapport de l'ampleur et de la confusion), d'écrire sur le boulevard qui relie la porte de Saint-Ouen à la porte d'Aubervilliers, mais du point de vue présumé du maréchal Ney."

Ah. Ca part bien si on aime Jean Rolin, humour et confusion, si on ne l'aime pas, c'est à éviter à tout prix.

Il va donc arpenter ce boulevard, l'observer sous tous les angles, y faire des rencontres, des prostituées, des marginaux, des chats ( comptés!) . Et le 18 juin 2000, 185 ème anniversaire de Waterloo, il va tenter de reconstituer tout seul , sur un petit bout d'herbe, cette fameuse bataille ..!!!



"( Sans doute ce pré n'offrait-il que peu d'étendue, mais cette circonstance était elle-même conforme, au moins symboliquement, à l'une des caractéristiques de la bataille: " Waterloo, écrit Victor Hugo, est de toutes les batailles rangées celle qui a eu le plus petit front avec un tel nombre de combattants. De cette épaisseur vint le carnage." )Sur le pré se voyaient une souche déracinée, un amoncellement de grands sacs poubelles noirs assez semblables à des chevaux morts"..etc..

Morne plaine parisienne.



Que dire de plus? Que bien sûr il fait coïncider dans le récit histoires personnelles et Histoire tout court. Que, comme d'habitude, il s'égare vite. Enfin, apparemment.. Car en fait, pas du tout, et c'est sa grande force. Il nous égare, oui, on se dit mais.. il va nous emmener où, comme cela? Et lui est déjà arrivé depuis longtemps.



Et puis..:

"Porte d'Aubervilliers, vers 21 heures 30 , une demi-douzaine de personnes faisaient déjà la queue pour le lendemain matin devant l'entrée du Centre de réception. Il n'y avait parmi eux qu'une seule femme, apparemment africaine, âgée peut-être d'une trentaine d'années, vêtue avec élégance, assise sur une couverture à l'intérieur de cette espèce de tuyau que doivent emprunter les impétrants. Ses lunettes sur le nez, elle était plongée dans un livre, et, même en faisant la part des choses- même en tenant compte de la nécessité , pour la lectrice, de se composer une attitude susceptible de tenir à distance les emmerdeurs- on aurait aimé savoir quel était ce livre, et ce qu'il avait fait pour mériter d'être lu dans des conditions si précaires."



Le mot lui -même est un peu galvaudé, mais pour moi, Jean Rolin est un grand écrivain humaniste.



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L'albatros est un chasseur solitaire

Jean Rolin s’embarque pour un an sur l’Albatros, patrouilleur «dédié à l’exercice de l’« Action de l’Etat en mer», quelle que soit la définition de ce concept, et habituellement affecté à la surveillance des pêches dans les Zones Economiques Exclusives (ZEE) des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF)»

Ce patrouilleur est un ancien chalutier «le Névé» acheté et reconverti par la Marine Nationale qui participe parfois à la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes. Jean Rolin va accompagner une mission qui de Port-des-Galets à La Réunion, base du patrouilleur, va les mener jusqu’aux Kerguelen après avoir mouillé dans le canal du Mozambique et fait escale en Afrique du Sud à Simonstown. Le commandant «très désireux de rencontrer des icebergs, qu’il s’obstine, par coquetterie, à désigner comme des «glaçons» souhaiterait bien poursuivre jusqu’au 60e parallèle.

Jean Rolin ne se départit pas de cette lueur ironique dans le regard, qui fait tout le charme de ses récits (celui-ci est court mais savoureux), en nous décrivant la vie quotidienne de l’équipage, discipliné mais dont le sens critique n’est pas éteint. Une vie qui a sa part de monotonie et de solitude tout en étant aussi ponctuée de bien des anecdotes comiques comme «M.Nicolas, le bosco qui tue le temps en faisant des pompes, clope au bec et sur une seule main» ou lorsque des membres de l’équipage, volontaires, débarquent sur l’île Longue (archipel des Kerguelen) pour aider le berger Christian à trier ses moutons qui introduits «sont devenus un véritable fléau par les dégâts qu’ils infligent à la végétation et à tout l’écosystème, de l’ île».

.... Une vie qui, parfois, ne manque pas de sel.

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Joséphine

Joséphine n'est plus .. Jean Rolin se souvient.

Ici ou là, l'été au printemps, à Paris La Rochelle ou ailleurs les souvenirs sont là. Le carnet de Joséphine le confirme dans ses souvenirs.

Jean Rolin égraine des souvenirs. Les phrases sont courtes, épurés voir glaciales. SI la perte d'un être cher est et reste profondément intime, si j'apprécie l'absence de pathos j'avoue avoir été surprise par la sécheresse journalistique de ces quelques pages.
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Le Traquet kurde

Quel OLNI ( Objet littéraire non identifié) que ce court livre de Jean Rolin!

Nous voilà , pèle-mêle avec un traquet kurde , les monts d'Auvergne , l'île d'Ouessant mais aussi Le British Muséum , des ornithologues , des hauts gradés de sa majesté , l'Etat Islamique , Mossoul , l'Irak ,le Kurdistan et aussi une multitude de noms d'oiseaux plus étonnants les uns les autres : la courvite isabelle , le sirli du désert , le bruant mélanocéphale , la sittelle de Neumayer.



C'est cet inventaire à la Prévert qui donne cette impression d'OLNI ( Objet littéraire non identifié )

Une fois que l'on a reposé le traquet Kurde et qu'on a laissé décanter cet inventaire , tout prend sa place et de OLNI (objet littéraire non identifiè) nous passons à une déambulation , à une méditation littéraire plus profonde qu'il n'y en à l'air.

Jean Rolin est un "fondu" des oiseaux et de ce qu'ils peuvent représenter.

Il ne pouvait rester insensible à la photographie d'un amateur : la photo d'un traquet kurde sur les pentes du Puy de Dôme.

Que faisait cet oiseau à 4 500 kms de sa zone de vie au Kurdistan.

En plus l'oiseau a été aperçu 3 mois après la bataille de Kobané à la frontière turco-syrienne.

A partir de ce fait Jean Rolin va nous entraîner sur les traces de ce traquet kurde de façon originale.

Tout d'abord en revenant dans les années 1900/1930 ,en nous évoquant d'éminents ornithologues britanniques qui étaient aussi d'éminents militaires au Moyen Orient. parmi eux l'édifiant Meinertzhagen , mythomane , peut être assassin. A coup sûr tueurs d'oiseaux et à la recherche de leurs poux.

Ce Meinertzhagen qui côtoya Philby , Laurence d'Arabie ou encore Ibn Saoud , le père de la future Arabie Saoudite.

Et tout ce beau monde construisit le Moyen Orient que l'on connait aujourd'hui. Le traquet Kurde n'ayant cure des frontières lui vit exclusivement au Kurdistan à cheval sur l’Irak, la Turquie et la Syrie.



Autre façon de nous entraîner sur les traces du traquet kurde : nous perdre à Ouessant où des ornithologues du monde entier viennent compter le passage des oiseaux migrateurs. Le nec plus ultra étant d'apercevoir, de voir ,de noter, de cocher l'oiseau qui n' a pas de raisons de passer là. Comme le traquet Kurde sur le Puy de Dôme. Réchauffement climatique , migration forcée des oiseaux comme celle des hommes ?

Enfin Jean Rolin en grand reporter veut retrouver le traquet kurde dans son environnement naturel. Le voila parti au Kurdistan à la recherche de ce petit oiseau alors qu'autour de lui les combats font rage entre L'Etat Islamique , les Kurdes , les Syriens.

Cela donne des scène ubuesques décalées mais qui parle de nous , de notre monde.

Vaut il mieux avec des jumelles , examiner une ligne de front ou essayer de trouver un traquet kurde ?

Est ce qu'avec des jumelles à traquer un traquet , peut on être pris pour un agent secret ?



Sous son écriture lègère , décalée , Jean Rolin nous laisse méditer sur notre monde .

Cette année il a été vérifié que 30% de nos oiseaux des campagnes avaient disparus. Le chant des oiseaux se fait plus faible.

Et quand est il du chant des hommes ?

Ce traquet kurde sur les pentes du Puy de Dôme nous rappelle tout cela.



Migration , Migrants....
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Les événements

Les évènements.



J’imagine volontiers qu’une période de guerre larvée pourrait prendre cette forme de nos jours en France. A force de surinformation et de dilution politique, on ne sait plus qui vraiment tient la laisse du pouvoir et des factions armées trouveraient sans doute un terrain privilégié dans l’abandon du territoire. Peu importent en fait les idéologies quand la finalité serait toujours la même.



Juste avant, on avait plus à faire avec la nature ordonnée pour la consommation et le tourisme de masse qu’à la nature vierge et émouvante. Autoroutes, LGV, parkings et méga surfaces commerciales occupaient l’essentiel de l’univers paysager quotidien du plus grand nombre et il fallait une bonne dose d’héroïsme pour dénicher « un petit coin agréable et bucolique » qui n’aurait pas été choisi ou « élu » par des trip-internautes blasés et vaticinateurs.



Et donc c’est ça les évènements. D’un coup c’est la guerre ; à Paris on descend Sebasto en contre sens depuis la gare de l’est jusqu’à la porte d’Orléans et on croise des groupes armés sans s’arrêter.



Jean Rolin, quarante ans après les « chemins d’eau », nous emmène dans cette rando à chaud en quittant la N20 à Etampes. Car notre promeneur solitaire a gardé l’œil du poète sur les paysages qu’il enregistre et analyse avec les deux théodolites qui occupent ses orbites de géomètre. Il capte toute l’attention du lecteur avec ses observations méticuleuses. Ses retranscriptions spatiales sont d’une qualité rare.L'art subtil et vrai du "paysage".



Pour avoir fait le circuit initial de Paris à Châteauneuf sur Loire, de nombreuses fois dans les années 70, je retrouve des souvenirs incroyablement précis. La traversée de Sermaise, celle d’Intville et aussi ce restaurant en bord de Loire ou j’ai déjeuné avec des amis et qui devient dans le récit des « évènements » le lieu d’un improbable assaut militaire.



Cette permanence des lieux est la seule à pouvoir réellement rassurer dans le chaos qu’est devenu le territoire... et ces chemins d’écoliers, chemins de jeunesse se faufilent sous les autoroutes ou dans le creux des villes au détour d’un Proximarket dévasté.



Qu’importe alors que les anciens esclaves des têtes de gondoles aient revêtu des treillis et des casques pour s’emmerder tout autant aux check point qui jalonnent la route de Clermont Ferrand à Marseille, qu’importe que toutes les usines de tire-bouchon aient été pillées, que les hôtels soient en ruine et les communications ratatinées, l’essentiel est de conserver un regard objectif faute d’être innocent. Très peu d’espoir évidemment.



Pour cette rentrée littéraire 2015, Jean Rolin fait beaucoup mieux que bien d’autres. Un Roman à lire et à relire tant il est prophétique.









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Chemins d'eau

Chemins d’eau.



Ecrit en 1979, ce livre est heureusement réédité en 2013. Pourquoi heureusement ? Parce qu’à l’époque, pour peu qu’on soit né la même année que Jean Rolin (ce qui est mon cas), des jeunes gens comme moi avait d’autre choses et d’autres destinées que de se balader sur les chemins de halages…Chacun avait son objectif et je me rends compte aujourd’hui que je n’aurais pas pu lire cette épopée à l’époque sans m’interroger sur l’authenticité du récit .



35 ans après, alors que les carrières et les familles sont faites et élevées, il est bien agréable de revenir en arrière et d’accompagner Jean sur les chemins de campagnes. C’est le terrible bonheur de la nostalgie. Bien sûr, quand le promeneur de 30 ans plus près de Marx que de Rousseau se fait houspiller par les « indigènes » , seuls ceux qui ont eu ces 30 ans en même temps que lui peuvent comprendre dans quel climat de refus se trouvaient la jeunesse post soixante-huitarde. Pour autant le choix de Rolin était aussi valable que n’importe quel autre et de fait, il se trouve aujourd’hui comme « monumentisé », au même titre que des bâtiments que j’aurais construits au siècle dernier font maintenant partie du patrimoine.



En tout cas, suivre Jean Rolin dans son trip « roots » est particulièrement émouvant et surtout à le voir s’enflammer contre la médiocrité et la bêtise. A l’époque, les « paysagistes installés » n’avaient pas la parole. Depuis ils ont ratiboisé le concept tout en sciant la branche. Pour cette seule raison, il faudrait lire ce bouquin assez mal gaulé qui gagne par la spontanéité et la sincérité du propos.



Merci à l’auteur et à l’éditeur de monter cet œuvre en mausolée et pourvu que tous survivent à ces moments intenses d’émotion et de découvertes que la poussière radioactive du 21° siècle est en train de recouvrir.







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Ormuz

Jean Rolin est écrivain de marine. J’ai sélectionné son roman dans le magazine de la Marine nationale, Cols bleus. Nul n’est mieux servi par ceux qui nous supportent. Cela sent ressent, car ce livre est loin de m’avoir enjoué.



Ormuz est le détroit qui sépare le golfe arabo-persique de l’océan Indien. C’est donc un verrou sur la route maritime du pétrole entre producteurs et utilisateurs. La zone est stratégique pour les Américains, Chinois et autres Japonais, alors qu’elle se situe au centre d’une région à très forte tension, proche d’Israël, opposition chiites et sunnites, pro et anti-occidentaux. C’est le passage d’une artère essentielle de l’économie mondiale.



Jean Rolin emploie deux personnages dans son roman. L’un est insignifiant, Wax, qui se pique de vouloir traverser ce détroit à la nage. L’autre, sans nom, semble être l’auteur lui-même. Ce dernier est un journaliste chargé de couvrir la tentative de Wax. Comme Wax est furtif, nous suivons les pérégrinations du journaliste dans les Emirats, à Oman et en Iran. Il est le rapporteur de la confusion qui sévit dans cette région. Rencontres de barbouzes ou de représentants de l’Internationale islamiste, jeu du chat et de la souris entre Iraniens et Américains.



L’auteur est parti en voyage sur les deux rives d’Ormuz mais m’a perdu. Là où il voulait apporter un éclairage sur la zone, il s’est raté.
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Peleliu

L'île de Peleliu fut "le terrain de jeu" des Américains et des Japonais au cours de la seconde guerre mondiale.



L'auteur relate en partie less combats abominables qui eurent lieu et sa déambulation dans l'^le comme touriste bien longtemps après.



J'ai du aller chercher une carte pour situer un peu mieux cette île, la région n'évoque pas grand chose pour moi. J'ai pensé à un film américain ayant pour thème la guerre en Philippine je crois, quelques images semées dans mon cerveau et l'ensemble m'a fourni un cadre pour aborder la lecture du texte.



Voyage décevant ...heureusement le texte est court.
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La Traversée de Bondoufle

Jean Rolin, écrivain-arpenteur, nous entraîne ici dans un périple sur les franges de la région parisienne, dessinant de saut de puce en saut de puce un circuit dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, sur cet hinterland - ou plutôt arrière-ville - indécis qui n'est plus la ville, mais qui n'est pas encore la campagne. Se succèdent terrains vagues, décharges illégales, entrepôts, aérodromes, terrains militaires plus ou moins abandonnés, zones humides, champs de colza ou de tournesol, camps de Roms, endroits louches, et surtout des routes qu'il faut traverser. On y croise quelques humains, peu, et des animaux, avant tout des oiseaux

Cette promenade devient à la longue un peu monotone. Le style sauve l'ouvrage, froid, sec, précis, classique, à peine teinté d'humour pince sans rire. Un style parfait. Trop parfait.
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Le pont de Bezons

Voilà un carnet de route le long des rives de la Seine, d'amont en aval, de Melun à Mantes, Paris excepté. Il faut tout le talent de l'auteur pour nous attirer et nous retenir en ces lieux. C'est presque à contre coeur que nous le suivons dans ses vagabondages, sur ces berges souvent boueuses, plus ou moins accessibles, encombrées d'obstacles, décorées d'entrepôts délabrés et d'usines obsolètes, habitées par des êtres en marge, roms, émigrés plus ou moins clandestins, et où seule une faune aviaire bien vivante nous laisse penser qu'ici comme ailleurs la nature aura la patience de reprendre peu à peu tous ses droits.

C'est le moral en berne que le lecteur tournerait les pages, s'il n'y avait le talent de l'auteur, son ironie discrète et désabusée, son élégante mélancolie, ses fausses naïvetés semées mine de rien au hasard des pages, bref s'il n'y avait un ton et un style.
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Le pont de Bezons

Je suis complètement passée à côté de ce récit, que je qualifierais d’ailleurs plus comme un témoignage plutôt qu’un roman.



Au début du livre est dessinée la Seine avec toutes les villes qu’elle traverse en région parisienne, c’est bien pour se repérer. Seulement, l’auteur en évoque qu’une petite moitié en décrivant ce qu’il voit autour du fleuve : la faune et la flore, le nid de certains animaux pour le positif.

Sinon sont décrites les entreprises puis les terrains vagues squattés par les roms et des réfugiés dont certains seraient plutôt à classer comme communautaires vu comment il accueille l’auteur lors de ses déambulations. Parce qu’il ne s’agit que de ça en fait, un gars qui se promène et qui regarde la vie autour de lui. Je ne suis même pas sûre d’avoir compris l’histoire de famille...

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Le pont de Bezons

J'aime les récits de voyage, même si les pas de Jean Rolin ne me conduisent pas plus loin que Melun, en amont, et Mantes-la-Jolie, en aval, le long du chemin de halage de la  Seine.



Jean Rolin est l'auteur du Traquet kurde . Ces deux mots s'appliquent également au Pont de Bezons . L'auteur, très attentif aux oiseaux,  fera entendre l'alouette grisoller ou tirelirer,  observer les nids des poules d'eau et  ceux des cygnes, découvrir le vanneau sociable, espèce très rare,  dans un groupe de vanneaux huppés.  Quant aux Kurdes il tentera de les approcher à Corbeil dans un café où était affiché le portrait d'Ocalan, sans beaucoup de réussite. 







Déambulation sur une courte distance  mais de longue durée:  de juillet 2018 à juillet 2019. L'auteur ne suit pas un itinéraire défini par un topo-guide de Grande Randonnée (GR2). Il  improvise son itinéraire sur les berges du fleuve. Il revient sur ses pas, saute des étapes. Parfois il passe la nuit à l'hôtel.



Voyage sur les traces des impressionnistes, sur les champs peints par Monet, dans les résidences de Caillebotte, inspiré aussi par Céline, par Maupassant. Voyage culturel, parfois historique mais ce n'est pas l'essentiel. Voyage très contemporain avec inventaire des friches industrielles, des ronds-points et des campements roms (et de leurs destructions), inventaire des bistros turcs ou kurdes, des coiffeurs de Villeneuve-Saint-Georges, des bouisbouis et MacDo. Au hasard des rencontres il tombe sur un pique-nique...



Il me semble que j'aurais pu le croiser, vers Vigneux ou Villeneuve, ou sur l'Île des Impressionnistes à Chatou.  Mais non! je marche sur les sentiers balisés de peinture rouge et blanche alors que Rolin n'y fait jamais allusion. Prudente, je franchis rarement les grillages et les murs, je fuis les campements louches, j'évite les talus glissants. Ce livre me dévoile les lieux pas très bien famés pleins de poésie. Je le relirai en rentrant de mes sages expéditions. J'éviterai les berges de l'Yerres à Villeneuve-Saint Georges de peur de rencontrer l'homme à la planche.







Ce livre ne me quitte pas, il me hante encore dans mes promenades.
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Le pont de Bezons

J’adore les livres de Jean Rolin et "Le Pont de Bezons", sa dernière création, ne déroge pas à la règle. Mais, contrairement au "Traquet kurde" ou à "Crac", pas d’exotisme géographique cette fois. Juste une petite promenade le long de la Seine entre Melun et Mantes-la-Jolie. Une très belle traversée à la fois mélancolique, humoristique et ironique au plus près du réel, une marche attentive pour voir ce que le proche a à offrir. Le projet peut sembler modeste ou léger voire ennuyeux et pourtant Jean Rolin réussit un livre très beau en ne partant de presque rien et en restant profondément humain. Mélancolique, car en plus de descriptions dans les trois dimensions de l’espace, Jean Rolin ajoute celle du temps. Observant le présent, le lecteur découvre ce qu’il y avait avant, du temps de Caillebotte ou des guinguettes de Maupassant. Mélancolique, mais pas nostalgique, car Jean Rolin s’intéresse aux vivants, à ceux qui vivent dans cette France périphérique, dans ces quartiers populaires, dans cette banlieue parisienne qu’il arrive à décrire (on se demande comment) finement et justement, sans rendre l’entreprise ennuyeuse. Son écriture est d’une très grande précision, attentive aux moindres détails. On croise donc pêlemêle des commerces de banlieue, des poissons, des coiffeurs, des oiseaux, des installations militaires, des plantes, des friches industrielles, des personnages historiques ou familiaux et quelques personnages récurrents comme « Celui-des-ours » dont on ne sait pas grand-chose (seulement qu’il accompagne le narrateur) et puis monsieur Loutre, facteur étonnant au nom encore plus surprenant. C’est drôle, mais sans être caustique ou méchant. Jean Rolin écrit à hauteur d’homme et son grand talent, c’est cette affection, cette humanité, une forme de tendresse sans naïveté et sans mièvrerie qu’il arrive à mettre dans des choses modestes ou ridicules, sans se moquer ou sans ricaner. On est presque navré pour lui de ce lavabo de McDo bouché qui menace de déborder, on sourit au fameux lever de soleil sur le pont de Bezons qui revient plusieurs fois, on rit gentiment de notre narrateur qui sans complaisance nous raconte qu’il se « casse la gueule » bien qu’il s’y « attende depuis un bon moment ». Inclassable, "Le Pont de Bezons" est vraiment un excellent livre, bourré d’humour et de tendresse, où le merveilleux et les rencontres se produisent de la manière la plus simple, où il n’est pas nécessaire d’aller à l’autre bout du monde pour vivre d’étonnantes aventures. Il suffit de passer le pont.
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Le Traquet kurde

Un livre étonnant , plein de curiosité . Avec pour point de départ , un traquet kurde repéré dans le massif central , bien loin de son pays d'origine , l'auteur nous emmène dans plusieurs directions au fil de ses réflexions . Une belle écriture , un peu d'humour et beaucoup d'érudition . Un régal !
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Les événements

C'est la guerre en France. dans une époque post-houllebecquienne, des affrontements entre communautaires du Hezbollah, identitaires et loyalistes déchus sont arbitrés par l'ONU. Le narrateur traverse la France, avec exactement les mêmes péripéties que celles narrées pendant la seconde guerre mondiale, ou la guerre du Liban. Oui, mais on est en France, aujourd'hui. L'auteur met en exergue l'ordinaire possibilité de ces 'Evènements' en donnant une atmosphère paysagiste au récit. A côté d'une voiture déchiquetée, un champs de coquelicot. Il en résulte une profonde réflexion sur l'ordinaire d'un affrontement presque tribal, et surtout un excellent livre, dans la mouvance d'Ormuz et de l'Explosion de la Durite, très influencé, à mon sens par le Nouveau Roman.
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Les événements

« Les Événements » est un roman de Jean Rolin publié en janvier 2015 par les éditions P.O.L.



Un narrateur relate sa traversée de la France, de Paris vers la côte méditerranéenne, dans le contexte d’une guerre civile. Aucune information n’est donnée sur les « événements » qui ont fait basculer notre pays dans ce conflit. Nous savons juste qu’un fragile cessez-le-feu a été obtenu après de violents affrontements et que différents groupes contrôlent des portions de territoire : troupes de l’armée régulière, milices fascistes, communistes ou islamiques. Des militaires des Nations Unies, passifs et un peu perdus, sont également déployés sur le territoire.



Le lecteur sait très peu de choses sur le narrateur, si ce n’est qu’il n’appartient à aucun camp. Il ignore également ce qui motive cette traversée puis prend conscience qu’aucun prétexte n’est nécessaire. Le récit est un voyage dans un pays en guerre, où les scènes de désolation contrastent avec des paysages bucoliques. On a parfois le sentiment de suivre une excursion touristique. L’auteur alourdit le texte de descriptions géographiques qui, bien qu’écrites avec talent, donnent l’impression de lire une carte routière ou un guide du routard. J’ai été désemparé par le comportement du narrateur : sa compagne se fait enlever... Celui-ci reste en extase devant un parterre de jolies fleurs. Parfois, un commentateur prend le récit en main - on passe alors de la première à la troisième personne - et en profite pour éluder certains moments du voyage. Une partie du trajet entre le centre et le sud de la France n’est pas relatée ; le narrateur, une fois arrivé dans une poche de résistance tenue par les communistes pour y chercher son fils hypothétique stoppe sa quête pour se promener dans le théâtre des opérations ; la compagne kidnappée réapparaît soudainement, on ignore tout des conditions de sa libération… Le fil du récit ne suit aucune logique. Les événements, que ce soient ceux de l’histoire ou ceux du conflit, restent en arrière-plan. Seule compte la représentation d’un pays. Le narrateur glisse sur les scènes de guerre, de destruction, de famine mais prend le temps de contempler une nature et le cours des saisons. Les magnifiques descriptions des paysages de notre pays dans leur variété (Paris, des zones urbaines ou industrielles, la forêt, la Beauce, le Massif central, les Bouches-du-Rhône) constituent le cœur du récit.



J’ai un avis mitigé sur ce roman. Je suis à la fois déçu et admiratif. J’avais éprouvé les mêmes divergences pour « le ravissement de Britney Spears ». L’écriture est magnifique, le roman est très bien construit mais je me suis égaré lors des descriptions successives des départementales et nationales et réjoui d’avoir terminé ce livre, malgré sa brièveté.
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Le ravissement de Britney Spears

« Le ravissement de Britney Spears »,

Jean Rolin canonise les starlettes entre satire et effroi



C’est d’abord son titre mystérieux, pouvant aussi bien évoquer Marguerite Duras avec « Le ravissement de Lol V. Stein » que « le ravissement de Saint Paul », épisode de la seconde lettre aux corinthiens, qui frappe l’esprit dans les trente-trois ( !) chapitres de prédication du dernier roman de Jean Rolin.

L’auteur de « l’Organisation » joue avec habileté des sens du mot « ravissement » - entre rapt, admiration et extase - pour nous livrer une vision stupéfiante de la ville de Los Angeles, cette Babylone et Jérusalem moderne.

L’intrigue, un agent secret français ne sachant pas conduire missionné à Los Angeles pour déjouer une obscure menace d’enlèvement par des islamistes sur Britney Spears, est prétexte à la vision faussement mélancolique et totalement jubilatoire (à moins que ce ne soit l’inverse), par les vitres d’autobus, d’un monde ayant pour seule ambition de faire parti du panthéon hollywoodien, sinon télévisuel ; vision où la description de simples itinéraires en autobus devient poésie.

Sublimant les procédés de Bret Easton Ellis, Jean Rolin fait du name-dropping une nouvelle « Légende dorée » dans laquelle la désincarnation serait divine au point qu’un simple tatouage prouverait la foi absolue, et surtout où les quartiers pauvres seraient survolés par les autoroutes de la cité tentaculaire bien protégée. Toutefois, même si le réel paraît lointain, l’humanité affleure encore quand ces dieux ressemblent à leurs fidèles en se gavant de junk-food ou quand le bout d’une piste d’aéroport dévoile un paradis perdu qui abrite de pauvres écureuils.

Mais le roman frise surtout le génie dans le récit que fait le narrateur de sa mission, une fois celle-ci compromise, à un chef de la sécurité des frontières du Tadjikistan, pays où il se trouve désormais relégué. Car la confrontation entre le compte-rendu des émotions factices des starlettes et la menace terroriste bien réelle à laquelle le militaire fait face au quotidien, si elle ne manque pas de sel (« il n’y a que [ces] histoires qui arrivent à [le] faire dormir »), fait surtout frissonner.

Et l’on ne sait si l’épilogue ouvre sur une guerre imminente ou sur la violence comme seul divertissement possible dans le réel incarné.

A la fois vain et essentiel.

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Savannah

Pour faire revivre des souvenirs, Jean Rolin décide de retourner à Savannah pour un séjour, le même que celui qu'il a fait, sept ans auparavant, en compagnie de sa compagne Kate Barry qui n'est plus.



Si l'évocation "d'un voyage pour se souvenir" pouvait donner naissance à un récit classiquement mené, la façon de traiter le sujet est en réalité très originale et empreinte d'une grande sensibilité : au lieu de parler des lieux visités directement ou d'évoquer sa compagne, Jean Rolin décrit des séquences filmées par Kate, sept ans auparavant, séquences courtes, filmant de façon inhabituelle les personnes ou les lieux.

Et il choisit de relire, sur ces terres de l'écrivain, la correspondance de Flannery O'Connor, dans l'exemplaire de Kate annoté pour parler de celle-ci davantage mais toujours de façon allusive.





C'est un livre d'une grande pudeur, et bouleversant, en cela : sans être jamais évoqué, le chagrin est présent à chaque page dans l'évocation de la solitude, de l'absence.

Et ne doit-on pas voir une analogie entre "l'homme au parapluie" qui pique papiers et objets dans les flaques de pluie et Jean Rolin qui pioche ses souvenirs au gré des séquences filmées ? Si la vision de cette homme trouble tant Jean Rolin, peut-être est-ce parce qu'ils se ressemblent ?







"Il faut aimer ce monde tout en luttant pour le supporter"



(-Citation d'une correspondance de Flannery O'Connor soulignée par Kate Barry.)
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