AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jean Rolin (303)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le pont de Bezons

Une lecture d’où n’émerge pas un certain intérêt après avoir pourtant insister pour trouver ce qui pourrait le susciter ne mérite pas qu’on la prolonge ! Cette pérégrination sur les bords de seine entre Mantes et Melun avec des descriptions cliniques d’objets souvent industriels (sous la forme de vestige ou en activité) est lourde et l’attente d’une histoire qui pourrait égayer la narration est vaine !
Commenter  J’apprécie          100
Le pont de Bezons

Heureux celui qui a vu le jour se lever sur le pont de Bezons. Chanter Bezons, voici l’épreuve, ti, tsui en quoi consiste le chant du pouillot véloce. Du côté de l’eau, cette promenade est bornée par une balustrade dont la partie supérieure est hachurée de traînées blanches par les chiures de mouettes ou peut être de sternes pierregarin. Henri Michaux tro For[
Commenter  J’apprécie          100
Le pont de Bezons

Conflans, Corbeil, Gennevilliers, Asnières ou Epinay, les ponts qui enjambent la Seine ont souvent ponctué mes paysages quotidiens. Je les ai regardé, si loin de tout, en traits- d'union tout juste utiles au bref passage d'une rive à l'autre, qu'ils me semblaient à la fois présents et absents du décor. Seuls les tableaux de Monet ou Caillebote m'obligeaient parfois à y rechercher les traces timides d'un passé bien révolu.

Je remercie Jean Rolin du voyage qu'il nous propose, le long des berges du fleuve, devenu une Amazone urbaine, dont les sentiers de halage, les terrains vagues perdus, les friches en tout genre recèlent une humanité discrète, et quelques trésors de vie sauvage aux noms de plantes et d'oiseaux.

Bien sûr on rencontre des tags, des pneus empilés, des lieux saccagés comme cette lande de Sainte Assise mais les odeurs de barbecue, le père et le fils qui s'éloignent en vélo: "on n'a pas vu d'oiseaux aujourd'hui", cet homme ni turc, ni kurde qui croit l'espèce humaine indivisible et le Mont Ararat infranchissable, ces réfugiés peut être afghans, le facteur M Loutre, tous semblent retrouver dans le regard de l'auteur, une épaisseur chaude de dignité et de simplicité. J'ai aimé ce livre en regrettant toutefois la volonté de Jean Rolin de s'effacer devant ce qu'il décrit, les belles pages consacrées à l'oncle Joseph auraient peut être gagné à plus de développement. L'auteur reste à distance, son compagnon de route Celui des Ours l'est plus encore, le lecteur doit accepter ce retrait, peut être est ce le prix à payer pour mieux entrer dans le décor du fleuve, fermer les yeux et imaginer, du bout de cette pointe touffue, cette vue toujours renouvelée sur le pont de Bezons;
Commenter  J’apprécie          101
Le pont de Bezons

Qu'ajouter à la jolie et exhaustive critique de Fbalestas, consacrant un quasi-manuel de sagesse ? du point de vue de l'expérience de lecture, j'ai tout de suite ressenti des convergences, par rapport à l'une de mes propres promenades, le long du canal de Vilvoorde, de Bruxelles jusqu'à Vilvoorde, où j'ai longé des quartiers en voie de démolition, où subsistaient d'étranges signes de vie comme une discothèque d'après-midi, au milieu de quasi-ruines. L'adoption de la marche à pied, en outre, m'a procuré un effet d'apaisement et de relaxation, l'état du promeneur à pied le rendant réceptif aux frémissements du monde, et Jean Rolin le prouve, notamment par son côté ornithologue amateur passionné, qui le rend attentif à la présence du vanneau sociable – espèce en voie de disparition - au milieu de vanneaux huppés, mais qu'il ne peut constater lui-même : admirable modestie. La marche à pied en des endroits improbables, mais que l'auteur souhaite authentifier par une nuit passée sur site, renvoie d'autre part aux populations elles aussi vouées à l'errance, qu'il rencontre : nomades avec les Roms, chassés d'un terrain à l'autre, ou tibétains, Africains, membres de sectes ou non, ou Kurdes, aux thèses desquels avec prudence, il consent une timide bienveillance. Plutôt qu'une carte Michelin, on peut également recourir à Google Maps, quoique ce recours est presque inutile, vu la précision des descriptions de l'auteur. Intéressantes sont en revanche les confrontations des lieux avec leurs descriptions à d'autres époques, comme dans la nouvelle De Maupassant, « Une partie de campagne », plusieurs fois citée, ou le tableau de pont de chemin de fer de van Gogh, dont le centre est occupé d'une femme en rouge, repère cité et qu'on ne peut manquer. Je partage en outre avec l'auteur, le bonheur de trouver un écho à la très euphonique entreprise Gnome et Rhône, motoriste français des premiers aéroplanes, qui a évolué pour devenir l'un des fleurons de l'industrie française d'équipements aéronautiques – à savoir la société Safran. Au fil de l'eau, Jean Rolin nous entraîne dans un exercice qu'il s'est lui-même imposé et qu'il nous rend hautement sensé et profitable, en dépit des apparences, par son style inimitable.
Commenter  J’apprécie          101
Peleliu

Dérive mélancolique dans une île chargée de l’histoire d’une bataille meurtrière devenue un non-lieu.



Île de la République des Palaos perdue dans le Pacifique à l’Est des Philippines, théâtre d’une bataille aussi meurtrière qu’inutile entre les soldats américains et japonais de septembre à novembre 1944, territoire qui semble aujourd’hui quasiment désert (l’île compte environ 700 habitants, presque absents du récit) et dénuée d’exotisme (les touristes semblent autant attirés sur l’île par les opportunités de plongée sous-marine que par les vestiges de la guerre), lieu privé de mémoire où les traces de la bataille laissées en friche s’effacent : l’île de Peleliu apparaît comme une lieu presque négatif et ce livre, le vingt-quatrième de Jean Rolin paru en mars 2016 aux éditions P.O.L., exploration de l’île que le narrateur arpente et décrit systématiquement, comme un texte passionnant teinté d’ironie et d’étrangeté du fait de l’incertitude des déambulations et de la forme du récit, assemblage d’expériences personnelles, parfois insignifiantes, et des traces de l’histoire dans l’île et dans les récits de la bataille de Peleliu.



La suite sur mon blog ici :

https://charybde2.wordpress.com/2016/05/29/note-de-lecture-peleliu-jean-rolin/


Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          100
Ormuz

Ormuz



Entre le golfe persique et la mer d’Arabie le détroit d’Ormuz est le lieu d’un incessant trafic de navires de guerre et de pétroliers. Y transite un grand pourcentage de la production mondiale de l’or noir : Iran, Irak, Koweït, Qatar, Bahreïn, Arabie Saoudite, Oman, Emirats, ont tous des bases et des ports sur cette bombe au bord de l’explosion hystérique.



Wax un aventurier improbable, décide pour des raisons aussi improbables que lui-même de traverser le détroit à la nage. Le narrateur est chargé du repérage pour cette performance en doutant même de sa finalité et de la volonté de Wax d’effectuer réellement cette traversée.



Avec des phrases magnifiques, très longues et très construites (et qui impose un rythme de lecture plus lent qu’à l’habitude) Jean Rolin avec le flegme et le souci de la précision géographique de l’auteur de chemins d’eau nous entraîne avec lui dans ce parcours très instructif et nous fait comprendre qu’on peut rester paisible même sur un volcan au bord de l’éruption.



Il délie habilement les fils emmêlés des enjeux géopolitiques qui forment le nœud gordien de cette région du monde, et nous invite dans des lieux insolites, des bars et des hôtels douteux, des parcs d’attraction criards et vulgaires qui tournent, dans tous les sens, le dos à la mer et aux trafics dont elle est le théâtre.



Les pieds souillés par le pétrole, les yeux étonnés dans la contemplation des amas de pétunias, il nous fait découvrir Ormuz d’une façon magistrale.



Prenez votre temps. Ça en vaut la peine.





Commenter  J’apprécie          100
Journal de Gand aux Aléoutiennes

Vient d'être republié l'un des tout premiers livres de Jean Rolin.

Il y raconte un voyage qu'il fit entre la Belgique, la Norvège, le Liberia, le Brésil et les îles Aléoutiennes.

On y trouve déjà ce qui fera tout le sel de ses ultérieurs journaux de voyage : une ironie froide, une prose à la fois très travaillée et très épurée, le goût pour un exotisme décalé et désabusé.

Mais on y trouve aussi des digressions surréalistes moins réussies : ainsi cette escale quelque part en Afrique de l'Ouest dans la mystérieuse Cétoinie au milieu du livre.

Fort heureusement Jean Rolin abandonnera dans ses livres suivants cette veine-là pour se concentrer sur une description humaniste et réaliste des gens et des choses.

Commenter  J’apprécie          100
Traverses

Heureux ceux qui ne connaissent pas Jean Rolin. Je leur promets baucoup de plaisir à le lire.

Cet écrivain est un voyageur mélancolique.

Je l'ai découvert en 2002 en lisant "La Clôture" chz P.O.L. qui se présente comme une description du quart Nord-est du périphérique parisien entre la porte de Saint-Ouen et la porte 'Aubervilliers. De cet objet anodin et déprimant, Jean Rolin parvenait à faire un tableau vivant, drôle, empathique, bouleversant.

Comme souvent chez les écrivains de P.O.L. (Emmanuel Carrère, Marie Darrieussecq, Nicolas Fargues ...), sa prose est à la fois très simple et très travaillée. Il s'y glisse toujours un humour triste, pudique et doux.

Ses livres sont des carnets de voyage un peu foutraques. Dans "Terminal Frigo", Jean Rolin arpente les ports du littoral français. Dans "l"explosion de la diurite", il raconte le convoyage d'une vieille Audi de Paris à Kinshasa. Dans "Traverses", il sillonne la France en train, de Tarbes à Longwy, de Bordeaux à Marseille, sans objectif clairement défini sinon peut-être celui, abandonné en chemin, de faire le tableau de régions industrielles en crises.

Quoi qu'il raconte, Jean Rolin trouve le ton juste. Ni pontifiant, ni dérisoire. Ne versant jamais dans l'anecdotique ou le picaresque. Infiniment modeste et généreux
Commenter  J’apprécie          100
Le ravissement de Britney Spears

Faut-il prendre au sérieux les menaces d’enlèvement qu’un groupuscule islamiste fait peser sur Britney Spears ? nous interpelle la quatrième de couverture. Je dirais même plus, faut-il prendre Jean Rolin au sérieux avec cette histoire d'agent secret (ah bon, heureusement que l'éditeur nous le souffle), d'aller-retour entre Los Angeles et le Tadjikistan, de paparazzis aux noms aussi évocateurs que Fuck (celui-là meurt à la fin mais on ne sait pas pourquoi). Je n’en suis pas si sûre.

Avec Jean Rolin, il faut aimer les descriptions de carrefours, de bas-côtés de routes, de dessous de ponts, autoroutiers de préférence, de rivières aux rives canalisées et taguées, de zones portuaires délaissées, de jardins publics inaccessibles, de réseaux de transports en commun, de motels de seconde zone. Et le suivre sans se poser de questions dans ses pérégrinations improbables de barbouze à pied. Et Britney Spears, me direz-vous, qu'est ce qu'elle vient faire là-dedans ? Ben rien. Juste un prétexte. Donc, à vous de voir avant de vous engager dans cette lecture. Ou vous suivez l’auteur sans rechigner, juste parce que c’est un ami avec qui vous avez passé de bons moments et, pour lui faire plaisir, vous voulez bien lui céder son dernier petit caprice littéraire. Si vous espérer davantage - amour, gloire et beauté - je vous déconseille de le lire car même s’il y met le ton, la forme et le talent, l’histoire qu’il vous raconte là a le sacré pouvoir de vous faire piquer du nez.
Commenter  J’apprécie          100
Le ravissement de Britney Spears

La Cité des Anges californienne serait-elle un enfer (sexe, gloire et cocaïne), où l'argent coulant à flot, certains groupes terroristes pourraient,le cas échéant kidnapper une ravissante ravie de la crèche hollywoodienne style Britney Spears moyennant rançon?

Voilà le lieu, le thème et l'héroïne choisis par Jean Rolin pour camper le décor de son nouveau roman Le ravissement de Britney Spears.

Son anti-héros, agent secret français, dépêché sur les lieux par le "colonel Otchakov", occupe la chambre de Jim Morison dans un motel et se déplace en bus (car sans permis) alors que Britney a été hospitalisée quelques mois auparavant au Cedars Sinai, en neur-psychiatrie puis mise sous tutelle paternelle.

C'est surtout; plus que le fantasme fait femme et l'anticonformisme choc de Britney (la sans culotte au garde du corps prévenant) and co (genre la pieuse Katy Perry au Jésus tatoué sur le poignet, Lady Gaga au rosaire avalé dans un clip blasphématoire, Lindsay Lohan complice mise à pied de l'époque éclatée); le paparrazisme agressif (lancé par Fuck qui a fait fortune) qui donne aux lecteurs la star en pâture, les blogs déstabilisants qui dévoilent sa vie privée, internet qui la fait naitre d'un père bon à rien porté sur la bouteille,les groupies illuminées et l'industrie ("Enfer et damnation"!) qui tourne autour de telles idoles qu'a voulu étudier d'une loupe ironiqueJean Rolin car des menaces d'attentat peuvent "la mettre à genoux" (l'industrie pas Britney bien sûr!).

"Le monde dans lequel nous vivons n'est pas le meilleur possible".

Triste constat!

Un livre farfelu et distrayant.

Jean Rolin, reporter et écrivain qui a reçu le prix Médicis 1996 pour L'organisation et le prix Albert Londres pour le journalisme en 1998, est allé enquêter sur place "avec une précision quasi anthropologique" (dixit Culture-Match) pour écrire vrai et se mettre dans la peau du personnage de l'agent secret mélancolique (qui va flasher, petit rajout perso, sur Wendy, une pseudo-Britney :Voilà l'un des avantages de l'écriture!!!).
Commenter  J’apprécie          100
Zones

Notre narrateur voit tout. Le temps d'une année, il voit se dérouler les saisons à travers un périple dans Paris et sa banlieue. Il nous décrit les hôtels où il dépose ses valises, les paysages changeants, gris, souvent, et les personnes que le hasard met sur son chemin. Il voit tout et il nous décrit cela avec souvent d'amusants détails. L'idée m'a beaucoup plu et je pensais aimer ce livre. Mais c'était sans compter l'absence d'empathie que j'éprouvai à l'encontre du narrateur. J'ai relevé souvent ce besoin qu'il avait d'identifier l'origine, la couleur, la classe sociale des personnages rencontrés. En insistant, parfois, sur le "bon" comportement de certains personnages rencontrés, il flirte avec un discours qui m'a mis mal à l'aise car je crois que cela n'a pas été fait volontairement. Le narrateur voit tout mais ne voit que la surface. Il a tout décrit, tout raconté mais pas l'essentiel. Il ne m'a pas raconté l'âme de la banlieue. Et en s'arrêtant à leur couleur, il n'a pas vu l'âme de ses habitants.
Commenter  J’apprécie          90
Peleliu

Intrigué par l'histoire de Peleliu, petite île de l'archipel des Palaos, au large de l'Asie, l'ancien grand reporter Jean Rolin y débarque début 2015.
Lien : http://www.lapresse.ca/arts/..
Commenter  J’apprécie          90
Zones

Zone.



1994. Jean Rolin part en ballade dans la « zone ». Pas celle de Brassens, de la porte des Lilas, disparue au « bénéfice » de l’urbanisation misérable du tout à l’égout dont seuls les « boat people » ont su se tirer au Sud de Paris. Cette « nouvelle zone » à l’ombre des grands projets (le grand stade, la grande bibol, le grand machin etc.) qui n’a guère évolué depuis, d’ailleurs, sauf à boboïser quelques franges près des gares de l’est ,du Nord et d’Austerlitz magnifiées par les LGV.



Ronchon comme pas deux, Jean Rolin enchaîne les petits hôtels à deux balles et peste contre la fête de la musique qu’il considère comme de la bouillie pour les chats. Vingt ans plus tard, la fête de la musique parait presque historique et sincère face aux journées du tire-bouchon, de la femme et des voisins rivalisant de populisme.



Les randos à Nanterre, à Gennevilliers sont passionnantes dans le détail des découvertes minimalistes et des réflexions qu’elles inspirent. Jean Rolin a des yeux de chirurgiens et un cœur d’anarchiste. Il aime les gens qu’il déteste dans une confusion chaleureuse.



A la gare Saint Lazare il ne croise pas le « gommeux » de Raymond Queneau, pas plus que le fantôme de Patrick Modiano (à la recherche de son père), transfuge du VIIIème arrondissement et natif comme lui de Boulogne Billancourt.



Jean R. boit trois « poires » dans un bistrot de la rue de Rome et divague en tentant de ne pas faire du journalisme pittoresque ni de la sociologie de comptoir en se sentant suivi par un « type amoché ».



Avec la même insolence que dans chemins d’eau (et plus tard « évènements ») le parcours s’achève brusquement rue de Vaugirard entre Paris, Meudon et Issy les Moulineaux. Nulle part en fait.



C’est bien de le suivre, dans les petits bouclards parisiens, dans des entre deux banlieusards qui n’en ont même pas le nom, de regarder les gens dans les yeux avec un peu de bienveillance. De prendre le bus, de glander et glander encore de juin à décembre.



Ce voyeurisme tranquille m’est familier et joue parfois des tours : Les gens n'aiment pas être observés, détaillés, ils disent « tu veux ma photo ?».



Jean Rolin l’ose.

Commenter  J’apprécie          90
La Clôture

Jean Rolin sait comme personne nous compter ses pérégrinations, dans des zones improbables. Ici les confins du 19ème arrondissement, lieu de trafics et de prostitution, ses habitués, ses zonards...

Et l'auteur, qui vit son aventure, qui s'y incruste, découvre un univers nocturne bruyant, sinistre, et paradoxalement très vivant. Jean Rolin mêle ses lectures des grandes batailles des Maréchaux napoléoniens à son récit moderne et nous entraîne, en plein décalage et avec beaucoup d'humour et de chaleur.

Petit livre étonnant, passionnant. (Et complétez votre lecture avec la visite du parcours, désormais possible à bord du nouveau tramway, qui n'existait pas encore à l'époque du livre !)
Commenter  J’apprécie          90
Le ravissement de Britney Spears

Ce livre fut pour moi une agréable pause dans mes lectures de la rentrée littéraire grâce au ton enjoué et à l'ironie de l'auteur. On imagine aisément le style de l'histoire lorsque l'on sait que le narrateur est envoyé par les Services Secrets afin de déjouer un enlèvement de Britney Spears par des terroristes musulmans. D'autant plus que cette mission débute le 1er avril.

" A quiconque mettrait en doute à priori la vraisemblance des menaces d'enlèvement ou d'assassinat pesant sur la chanteuse, j'objecterai qu'il n'est guère plus absurde- et plutôt plus facile- de s'en prendre à Britney Spears qu'aux tours du Word Trade Center, et que la valeur symbolique de la première, aux yeux du public américain, est à peine moindre que celle des secondes."

Je ne suis pas fan de Britney Spears, ni de sa concurrente Lindsay Lohan, qui semble toutefois attirer davantage notre espion français et je dois dire que le fond de cette histoire m'a peu intéressée. Même, si toutefois, le regard lucide et ironique sur ces starlettes capricieuses et défraîchies par leurs frasques et le récit épique de certaines scènes de paparazzi sont intéressants.

D'ailleurs, l'auteur a une vision éclairée et légèrement moqueuse de la press people et des femmes qui la font vivre, de l'art (Mark Rothko)ou des services secrets. C'est ce qui fait vraiment le charme du livre.

"Qui lit la press people ou regarde les émissions de téléréalité? fulminait-il, les femmes!"" Et pourquoi? Parce qu'elles se détestent entre elles, et qu'elles n'aiment rien tant que de voir souffrir d'autres femmes!"

Cette lecture est aussi l'occasion de découvrir Los Angeles. Mais là, j'avoue que ne connaissant pas cette ville, je me suis perdue sur les traces de mon guide qui arpente les lignes de bus et les rues et je me suis essoufflée et lassée derrière son rythme effréné. Par contre, j'ai apprécié sa vision des bâtiments, notamment des hôtels et magasins de stars et ses allusions aux SDF et squatters qui traînent dans les coins sombres. On peut apprécier aussi le récit de l'enterrement de Daryl Gates, ancien chef de la police de Los Angeles.

" Los Angeles, la ville où l'on brûle, où l'on flambe..."

Les personnages sont étonnants, que ce soit le narrateur, son ami espion du KGB Shotemur ou Fuck, son contact à Los Angeles.

C'est donc un livre à lire pour sa forme et ses anecdotes, mais pas pour le vie de Britney Spears, dont on parle peu, heureusement.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
Commenter  J’apprécie          90
Joséphine

Un court récit tout en douceur .

Le narrateur évoque une succession de souvenirs partagés avec son amante Joséphine décédée alors qu’elle avait 32 ans,L’auteur dit de façon pudique la force et la fragilité de son amoureuse, l’on comprend qu’elle lutte pour ne plus être dépendante de la drogue, des signes de faiblesse physique quelque temps avant sa mort.

L’intérêt du livre c’est peut-être de dérouler à travers des moments-clés ce que peut être une relation amoureuse. Il y a les lieux, les objets -souvenirs, les disputes, les deuils.
Commenter  J’apprécie          80
Le ravissement de Britney Spears

Je vous dois une confession !

Jusqu'à ce livre, je ne savais pas grand chose de Britney Spears et, c'est déjà plus fâcheux, à peine davantage de Jean Rolin.



C'est guidé par l'enthousiasme communicatif de Nelly Kapriélan des Inrocks que je me suis plongé dans ce roman joyeusement foutraque, irrésistiblement loufoque et surtout divinement écrit.



L'histoire est étonnante - un agent mandaté par les services secrets français enquête à Los Angeles sur les menaces d'enlèvement de Britney Spears par un groupuscule islamiste - mais au fond, elle n'a aucune espère d'importance.



Les pérégrinations de cet agent, aussi maladroit que baroque, sont le prétexte à une errance poétique dans cette ville où les bus roulent 24h s/24, ce qui plaît tant à l'auteur :"J'ai toujours eu un faible pour tout ce qui assure un service continu, tout ce qui préserve au coeur de la nuit une forme quelconque de vie, qu'il s'agisse d'un bar ou d'une chapelle consacrée à l'adoration perpétuelle du Saint-Sacrement, même si j'ai fréquenté les premiers, il faut en convenir, plus assidument que les secondes."



Car le promeneur Jean Rolin n'est jamais caché loin derrière ce personnage attachant.



Comme dans ce cri du coeur de Wendy, une prostituée rencontrée lors du vernissage d'une boule blanche qu'un artiste italien a collé sur le toît d'un hôtel et qui s'allume,en toute simplicité (c'est Los Angeles !) quand l'artiste est en ville et s'éteint quand il est éloigné : "La littérature, c'est tout de même autre chose que cette boule blanche..."



Commenter  J’apprécie          81
La Traversée de Bondoufle

Durant neuf mois entre confinement et "liberté", Jean Rolin parcourt le tracé qui sépare ville et campagne en Ile de France, une ligne circulaire d'Aulnay sous Bois à Aulnay. Versailles, Fontainebleau, Barbizon, belles forêts franciliennes ? Pas du tout, exit les lieux touristiques. Il s'agit plutôt de parcourir cette frontière à partir de gares RER improbables et de mettre en lumière des confins, un no man's land, des lieux dont on ne parle jamais. Dans cette entreprise descriptive, de nombreuses communes, lieux, noms de rues sont cités, Bondoufle en est un exemple retenu pour titre en raison de son nom original.

Des marches à travers des champs, des lieux abandonnés, des carrefours, décharges, plateformes logistiques, pavillons, rien de bien palpitant direz-vous, eh bien non. L'auteur redonne vie à ces lieux, leur donne une existence littéraire, crée du Beau, de la poésie avec du laid ou du banal même s'il peut aussi être surpris par des enclaves rurales, des champs fleuris, une faune et flore belles et surprenantes dans ces lieux.

Peu d'action mais cette description d'une ligne floue, en évolution permanente entre bâti et non bâti dit beaucoup de l'évolution de notre société : désindustrialisation, traitements des déchets, pauvreté (camps roms, travailleurs de plateformes logistiques).

On peut suivre son périple ou une partie grâce à Google maps ou une carte IGN comme l'a fait l'auteur.

J'aime beaucoup ce concept de tirer un objet littéraire, du beau ou au moins du charme avec du banal ou des lieux éloignés des centres de pouvoir ou de tourisme. Loin de la France AAA étudiée par Jérôme Fourquet.
Commenter  J’apprécie          70
Peleliu

Certains éléments de cet ouvrage était intéressant, notamment ceux concernant la bataille de Peleliu en elle-même ou les détails de la vie de Pete Ellis, mais honnêtement, je me suis quelque peu ennuyée.



L'auteur ici nous propose un récit de voyage agrémenté d'informations historiques, mais il y a eu également moults détails sur la faune et la flore qui m'ont moins passionnée.



Petit ouvrage vite lu, mais que j'oublierai aussi rapidement.
Commenter  J’apprécie          70
Les événements

La traversée d'une France déchirée par une guerre civile, dans un avenir proche. Tout ce que je déteste dans une certaine littérature blanche: pas d'intrigue, pas de personnage, pas de propos sur la guerre; dès qu'apparaît une potentialité de scène dramatique ou de densité psychologique, on sent que l'auteur flippe et il escamote vite l'affaire, pour bien montrer qu'il mérite d'être publié chez P.O.L. et qu'il ne va pas s'abaisser à raconter une histoire. Et puis, post-modernité oblige, la plupart des chapitres sont écrits à la première personne, mais d'autres s'intercalent avec la mention systématique "le narrateur fait ci... le narrateur fait ça", des fois que le lecteur risquerait de suspendre son incrédulité.
Commenter  J’apprécie          70




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean Rolin (954)Voir plus

Quiz Voir plus

Les titres de Jean Rolin

Chemins...

...de terre
...d'eau
...de feu
...d'air

10 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Jean RolinCréer un quiz sur cet auteur

{* *}