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Critiques de Jean Rolin (303)
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Peleliu

Dans le cercle distingué des écrivains voyageurs, Jean Rolin est à la fois l’un des plus discrets et des plus inattendus. Sa curiosité est insatiable et son champ d’investigation littéraire illimité. Nous le retrouvons aujourd’hui à Peleliu, petite île du Pacifique, où les vestiges d’un sanglant débarquement militaire en 1944 font désormais partie du décor. Jean Rolin aime ces endroits improbables et délaissés qui font sens. Il les mitraille à la manière d’un Robert Capa tout en gardant la posture d’un contemplateur solitaire. En se fondant dans le paysage qu’il arpente de long en large, Jean Rolin se contente à sa manière de prendre le pouls de l’humanité. Avec la sobriété de son style, il nous permet d’en déchiffrer quelques fragments. L’aspect tragique de ce pèlerinage mémoriel est toutefois pondéré par une ironie légèrement décalée dont la musique nous accompagne tout au long de cette escale.
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Savannah

Je crois que j'aurai acheté ce livre rien que pour le titre qui m'évoque bien sur "Savannah bay" de Marguerite Duras. En plus du titre, j'ai trouvé le sujet passionnant : en août 2014 Jean Rolin refait le voyage qu'il a fait 7 ans plus tôt avec sa compagne à Savannah en Géorgie aux Etats-Unis. Elle s'est suicidée depuis. Il s'agit donc du deuil d'un homme, de la mémoire d'une femme et pas n'importe laquelle : elle se nomme Kate Barry, elle est photographe et c'est la première fille de Jane Birkin.



Le programme que Jean Rolin se fixe et qu'il raconte consiste à retrouver tous les lieux, sans considération de leur intérêt ou de leur accessibilité, par lesquels ils sont passés et que Kate a filmé. Et elle a une façon très intéressante de filmer : elle privilégie les pieds et filme les reflets dans les flaques d'eau ou autres supports réfléchissants. Jean Rolin tente de donner une explication : « A la réflexion, il m'apparait que cette manière de filmer, la caméra orientée vers le sol, procédait aussi d'une volonté de ne pas agresser les gens, qui sans doute auraient accepté moins facilement d'être filmé de face ».



Et puis il y a la raison de ce voyage de 2007, c'est la volonté de Kate de suivre les traces de Flannery O'Connor qu'elle admire. Savannah est sa ville de naissance et "Andalusia", sa maison, se trouve à Milledgeville ou Flannery O'Connor est enterrée. Il y a aussi la recherche de ses racines irlandaises.



C'est donc une très belle histoire, une façon de rendre hommage à une femme morte prématurément. Mais, il y a un mais. Malgré ma motivation, j'ai vraiment du mal à lire Jean Rolin. Je ne sais pas pourquoi mais son style ne me convient pas. Il ouvre sans arrêt des parenthèses, il traduit les phrases en anglais une fois sur deux et le ton est d'une platitude qui ne convient pas à la situation. Il ne m'est pas sympathique mais je recommande toutefois ce récit très intéressant.





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Le ravissement de Britney Spears

C'est une honte !

C'est un scandale !

J'en ai les plumes toutes ébouriffées !

Le résumé est parfait ,juste ce qu'il faut pour appâter le pôvre lecteur avide d'un bon français bien tourné et léger en bouche .

L'idée d'envoyer un espion sans permis de conduire (oui oui vous avez bien lu, ce n'est pas James Bond !) à Los Angeles afin de déjouer l'enlèvement improbable de Britney Spears semblait bien trouvée.

NON !c'est horrible à suivre ! j'ai décrochée au deuxième voyage en bus de cet abruti.

J'ai soupçonné l'auteur, dés la troisième page de me prendre pour une lectrice assidue de Voici ou Gala, et je suis presque sûre qu'il a obtenu le prix Albert Londres en prostituant son agent littéraire.

Désolée mais ça ne vaut pas la moyenne, et pour ce genre de littérature je vais chez mon coiffeur qui met à disposition ces magazines qui eux au moins ne nous font pas croire qu'ils nous proposent de la bonne littérature. .

Du coup j'y vais de ce pas chez mon coiffeur:faut que je fasses un lissage de plumes, non mais !
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Le ravissement de Britney Spears

C'est sans préjugé que j'ai choisi ce livre un peu au hasard, à la bibliothèque municipale. J'ai été sans doute motivé par son titre et par son auteur. Figurez-vous que, en fait, j'ignore absolument qui est Britney Spears: elle ne fait pas partie de mon univers. Mais ce personnage n'est qu'un prétexte pour J. Rolin. Le roman est en quelque sorte un exercice de style. Quant à moi, j'ai vite compris que ce récit ne m'accrocherait pas. Non seulement l'histoire ne m'a pas semblé intéressante, mais aussi je n'aime pas l'écriture de l'auteur. J'ai donc abandonné ma lecture vers la moitié du livre. Inutile de perdre du temps, alors qu'il y a tant d'autres livres susceptibles de me passionner !

Puisque je n'ai pas lu intégralement ce roman, je ne lui donne aucune" note".
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L'Organisation

Ce livre plein d'un humour élégant et mélancolique nous raconte la vie dérisoire d'un groupe de maoïstes des années 70. Ce qui s'est passé après mai 68 est peu étudié et pourtant il y eu un foisonnement d'idées révolutionnaires, certaines assez bizarres, mortes sans postérité, d'autres plus fécondes mais dont on a oublié l'origine. L'auteur réussit à restituer l'atmosphère de l'époque au sein d'un groupuscule gauchiste comme on disait alors.

J'apprécie cet auteur et je recommande la lecture de ce livre.
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Ormuz

Après les brumes islandaises, me voici avec les nuages de sable du détroit d’Ormuz.

Petite question. Savez-vous où si situe ce détroit ? Vaguement ? Comme moi ! Pour la bonne compréhension de ce nouveau Rolin, j’ai sorti la carte de géographie.



Je suis allée en Palestine avec Chrétiens . Je l’ai laissé cheminant sur les canaux de France avec Chemins d'eau ; dans ma pile, il est à Los Angeles, mais bon, je sentais une urgence à lire Ormuz.



J’ai pris une leçon de géopolitique. Je n’aurais jamais imaginé qu’il puisse y avoir autant de bateaux dans le Golf Persique ; un tiers du pétrole mondial passe par le détroit d’Ormuz. Le trafic est amplifié par la contrebande de produits divers et variés à destination de l’Iran. Quant aux riverains ce sont l’Irak, Iran, les Emirats et autres Sultanats.



Ici, le narrateur, sert de « nègre » à Wax, un aventurier, ornithologue (il sait distinguer des goélands de Hemprich des goélands à iris blanc), passionné de batailles navales « asymétriques », qui veut traverser le détroit. Il doit décrire précisément toutes les faces de sa prouesse, enfin, s’il y arrive, car dès les premières lignes du livre, Wax a disparu !



Le narrateur continuera son travail de précision en répertoriant tout ce qui se trouve le plus proche du détroit d’Ormuz, c’est noté dans le contrat que Wax lui a établi. Il doit donc noter « toutes les créatures et tous les objets, depuis les plus vastes, telles des installations portuaires ou une ligne de métro, jusqu'aux plus restreints, tels une cabine téléphonique ou ce crocodile australien, susceptibles d'être décrits, chacun dans sa catégorie, comme "le plus proche du détroit d'Ormuz". » Voici le cœur de ce roman et de l’écriture de Jean Rolin. Les descriptions précises sont toujours émaillées là d’une réplique cinglante, là d’un trait d’humour, là d’une précision historique... Les phrases, longues montrent son souci du détail. On sent un Jean Rolin à l’aise au bord du Golf Persique à nous parler de géopolitique, de commerce, de guerre, de contrebande, sans oublier les descriptions des animaux.



Ormuz n’est pas un livre qui se dévoile immédiatement avec ses parenthèses, ses tirets, de retours en arrière. Pourtant, c’est cela qui en fait le sel. Le regard humain, ironique, minutieux de Jean Rolin, son amour des paysages, sa minutie ; j’ai aimé me perdre dans les pages de ce livre. J’aime l’écriture de Jean Rolin.


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Zones

Les pérégrinations de Jean Rolin dans la périphérie de Paris. L'auteur loue des chambres d'hotel et constate page après page la détresse qui semble habiter la ceinture parisienne. Des trottoirs vides à huit heure du soir, quelques troquets, des terrains vagues, quelques caïds, des clodos, terrains vagues, tout un paysage lunaire que Rolin décrit au jour le jour, en plein dans la subjectivité, mais c'est ce qui en fait tout le charme. Très beau texte qui donne souvent à lire des passages à la poésie touchante, presque palpable. De beaux portraits de grands vaincus, de personnes en marge, désoeuvrées et presque inconsistantes dans ce désert social.

C'est un livre qui aborde l'espace, la friche, la marge, tout ce que l'homme refoule aux confins. Zones, mais aussi zoneurs et zonards, puisqu'il faut bien donner un nom à toute une frange de la population qui passe sa vie dans les transports en commun et, rentrant chez elle doit se dépêcher pour ne pas risquer de mauvaises rencontres en chemin. Jean Rolin reussit là un très beau texte, indéniablement.
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La Traversée de Bondoufle

Quelle mouche a piqué Jean Rolin de vouloir traverser Bondoufle, paisible ville de la banlieue au nom sympathique, plaisant, joyeux, presque même ridicule et qui n’incite pas trop au sérieux ? Il ne faut pas trop compter sur l’énigmatique 4e de couverture pour répondre à cette question : « Car à vrai dire, en cette chaude journée parmi les premières du mois de septembre, il n’y a guère que moi à traîner sans raison dans les parages. »

Et pourtant, tout est déjà là, ce style inimitable mêlant intelligence et élégante ironie, cette invitation à suivre les pas de ce grand voyageur au regard malicieux et acéré.

Avec un titre pareil, on pourrait imaginer un conte de fées ou la réécriture du périple de deux convoyeurs de viande, mais qui transporteraient cette fois des nains de jardin. Féru cependant des écrits de l’auteur, j’ai bien vite oublié ces hypothèses qui n’étaient que jeux d’esprit et dès les premières pages, l’écrivain nous explique que « du moment où [il a] découvert la campagne à la périphérie d’Aulnay-sous-Bois, (…) l’idée [lui] est venue de suivre tout autour de Paris sa limite. » "La Traversée de Bondoufle" décrit ainsi un itinéraire qui décrit lui-même une grande boucle autour de Paris pour essayer de trouver la limite, même incertaine, entre la ville et la campagne, voir ce qui s’y passe, ce qui la caractérise, quel genre d’activités ou de personnes on y trouve. Autant dire que le projet pourrait sembler vain ou mineur en raison du développement continu des villes au détriment de la campagne. Mais cette situation ne rebute pas Jean Rolin, bien au contraire. Équipé de bons godillots, d’une carte IGN et d’un carnet de notes, il va avec méthode et persévérance suivre cette ligne de démarcation. Il ne ménagera pas ses efforts pour coller à sa ligne imaginaire, il fera des détours, reviendra, repassera pour décrire un réel certes peu spectaculaire, mais ce faisant il redonnera une consistance à des territoires négligés avec acuité, ironie et nostalgie.

Dans l’arsenal de notre randonneur affuté, la carte IGN au 1/25000e est un accessoire vital pour trouver son chemin dans le labyrinthe de la banlieue ou pour se justifier auprès de riverains suspicieux. J’adore moi-même me plonger dans les cartes, en étudier la toponymie et j’ai régulièrement consulté Google Maps pour suivre la progression de l’auteur. En la levant haut et en l’agitant, la carte IGN, tel un bouclier, protègera même Jean Rolin d’une éventuelle balle perdue en signalant sa présence auprès de chasseurs de sanglier. Le carnet de notes est également indispensable pour ne pas oublier les petits détails, mais il peut prêter à malentendu. C’est ce qui arrive à notre infatigable marcheur lorsqu’il le sort devant un food truck et que les clients présents le prennent alors pour un inspecteur du confinement. Cette aventure m’a amusée, tout comme celle clownesque du petit chien qui le poursuit ou celle burlesque du barrage de gendarmerie qui l’oblige à se réfugier dans une cour de ferme. J’ai bien aimé le récit de ces péripéties pas très dramatiques dans lesquelles Jean Rolin ne se prend guère au sérieux.

J’ai bien aimé également les rencontres anodines, mais malheureusement peu nombreuses qui émaillent le récit. Jean Rolin traverse des paysages plutôt délaissés et les rares rencontres humaines apparaissent comme des bizarreries : des cavaliers jouant au polo, un jardinier kabyle fier de sa production de légumes, un propriétaire terrien agressif recevant le sobriquet de « Marquis de Carabas ». Les rencontres animales ne sont pas en reste avec dès les premiers pas, des lapins, beaucoup de lapins qui nous valent cette facétieuse première phrase : « Lorsque Dieu a créé le lapin, s’attendait-il à ce qu’on le retrouve si nombreux, de nos jours, à Aulnay-sous-Bois ? ». Plus loin, ce sont des alouettes, des éperviers, des hérons, des rossignols, des poules, des vaches, des chevaux qui tous à leur manière indiquent la limite entre ville et campagne.

En outre, le projet de Jean Rolin nous offre la description un peu répétitive des paysages uniformes de cette frontière. On y voit pêle-mêle des champs, des prairies, des forêts, des routes, des ponts, des tunnels, des voies ferrées. Les nombreuses plates-formes logistiques, l’extension des zones pavillonnaires ou des décharges si hautes qu’elles sont « en forme de ziggourat » en disent long sur nos nouveaux modes de vie. Brisant cette monotonie, des lieux de mémoire surgissent au détour d’un bois, une église, un château, des installations militaires désertées, des propriétés à l’abandon. Ailleurs, une ZAD et une ferme avec le slogan « Des légumes, pas de bitume ! » témoignent de luttes et de l’évolution de la frontière ville-campagne au détriment de cette dernière.

Confronté à cette évolution, j’ai souvent senti de la nostalgie dans la prose de l’auteur. Les chapitres s’ouvrent fréquemment avec enthousiasme sur une nouvelle journée, mais finissent avec mélancolie devant le constat d’une humanité qui grignote ou détruit petit à petit son milieu naturel. Heureusement, l’humour pince-sans-rire de notre increvable randonneur pimente le récit de son aventure, lui qui n’a pourtant rien d’un aventurier.

Dans l’ensemble, j’ai aimé cette "Traversée de Bondoufle" même si le texte m’a semblé moins prenant ou moins varié que "Le Pont de Bezons", mais je recommande tout de même à tous les lecteurs qui ont une âme d’explorateur des territoires ordinaires.

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Le Traquet kurde

Pantoise je suis car je ne m'y attendais pas. Je ne m'attendais pas à un récit aussi éparpillé, désordonné, bancale je dirais. Il va dans tous les sens, vole et virevolte comme un oiseau déboussolé. On le suit par curiosité, on l'observe par fidélité et on finit par être étonné. Bon sang mais où va cet oiseau? Que fait-il? Pourquoi s'agite-t-il tant? Pourquoi ne vole-t-il pas droit? On ne le sait guère et il en va de même pour le récit. Le traquet kurde est censé être au coeur de ses pages mais à l'instar du narrateur qui peine à le rencontrer au Sud du Kurdistan (Kurdistan dit irakien), on désespère de ne jamais le percevoir dans ce livre. L'auteur préfère nous raconter le passé trouble d'un ornitologue anglais du siècle passé; se plait à nous parler des activités obscures de certains ornitologues qui sont souvent militaires et/ou espions en pays étrangers; écrit une excursion sur l'île d'Ouessant ou le continent africain.... autant de sujets qui peuvent intéresser mais qui finissent par interroger; mais quel rapport avec le sujet? Je réfléchis encore.



Alors, vous êtes prévenus; si comme moi, influencée par le titre et la quatrième de couverture, vous cherchez le traquet kurde, vous serez déçue de ne le trouver que vers la fin du récit car c'est en fin de parcours, en quelques pages seulement, que l'auteur aborde le sujet. Et je ne peux dire que l'attente en valait la peine. Si. Un peu, sans doute car l'auteur raconte tout de même le Kurdistan mais dans la mesure où je m'attendais moi à ce qu'il en parle davantage, tout au long du récit en fait, je ne peux pas dire que j'ai été grandement satisfaite.



Bref, passez votre chemin si vous n'avez pas l'âme d'un ornitologue mais lisez si vous voulez découvrir un objet littérature loufoque car non identifié.
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Le Traquet kurde

Autant le dire tout de suite, j'ai adoré « Le traquet kurde » de Jean Rolin ! Je n'ai pas lu tous les livres de cet auteur prolifique mais dans celui-ci on retrouve bien la manière de l'auteur.

Tout part d'un fait qui pourrait paraître négligeable à tous mais pas à Jean Rolin : on repère sur le Puy de Dôme un oiseau qui n'a rien à faire là , un traquet kurde donc.

A partir de cette anecdote, l'auteur fait voyager son lecteur dans le temps et dans l'espace, ce qui est me semble-t-il une part significative du rôle de la littérature, n'est-ce pas ? Autre caractéristique très importante de ce livre : il est écrit par un journaliste c'est-à-dire quelqu'un de curieux et qui s'intéresse aux gens que son enquête l'amène à rencontrer. Plus qu'une enquête à vrai dire, c'est une véritable quête qui habite l'auteur de ce livre puisqu'il se déroule principalement et pour une part dans un musée ornithologique anglais et pour une autre part au Kurdistan, aussi bien en Irak qu'en Turquie. Ah oui, parce que l'auteur s'est mis dans la tête, et par la même occasion dans la mienne, d'observer ce petit oiseau, le traquet kurde, dans son habitat naturel au Kurdistan.

Faisant montre d'un savoir ornithologique impressionnant, l'auteur multiplie les références à des ouvrages savants et des revues spécialisées. Ces rencontres livresques et surtout humaines fournissent la matière à beaucoup de notations, sérieuses aussi bien que loufoques ou humoristiques. Mais il ne faut pas s'y tromper, derrière cet humour pince-sans-rire, c'est l'histoire qui apparaît : celle du Moyen-Orient au cours de la dernière centaine d'années et le rôle qu'y ont joué la France, un peu, la Grande-Bretagne, beaucoup et des personnages aussi intéressants que T.E.Lawrence ou les Philby, père et fils.

Comme pour mes précédentes lectures de livre de Jean Rolin, j'ai apprécié la construction et l'écriture, faite de beaucoup de parenthèses, de digressions, de descriptions minutieuses et de renvois savoureux.

Recommandé !
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Le pont de Bezons

Ce n'est pas un roman.

Ou bien ce serait le roman des temps d'avant. Est-ce pour cette raison que ce non-roman m'a à ce point captivée ? Probablement. Mais probablement aussi que l'écriture et le traitement de ce "walk-movie" ont participé de cette fascination.

Durant un an, "du début du mois d'août 2018 [à] la fin de ce même mois l'année suivante", le narrateur arpente les rives de la Seine dans la portion comprise entre Melun et Mantes et, avec un scrupule proche de la maniaquerie, nous fait part de tout ce qu'il voit. C'est surprenant, troublant et, au sens propre comme au figuré, désorientant.

Je me suis laissée porter par cette écriture qui découpe le réel aux dimensions du champ de vision et l'enregistre au rythme des pas du promeneur, tout en laissant la marge nécessaire à l'envol de l'imaginaire. Finalement, c'est un peu comme si "Le Pont de Bezons" constituait un creuset de romans potentiels, de tableaux non encore créés, de vies en fragments auxquelles un récit pourrait donner unité et sens. Mais le narrateur ne fait que passer, noter et rapporter les menus évènements qui surviennent au fil de ses déambulations : une rencontre au café Mekan ; une conversation avec M. Loutre, facteur et pêcheur de carpes ; une chute le long d'un talus... Au lecteur de se représenter les lieux à l'aide des précisions minutieuses du promeneur et de poursuivre des histoires à peine esquissées.

Cette démarche accompagnée d'une écriture qui tutoie parfois l'hyperréalisme ouvre des abîmes de méditation. Le curseur temporel, comme les distances et les paysages, ne cesse de se déplacer tout en gardant pour pivot l'année 2018-2019 : incursions dans le passé lointain pour quelques annotations historiques en relation avec les édifices qui ponctuent les randonnées ; temporalités croisées des journées de marche étalées sur plusieurs saisons ; cycle engendré par la disparition des camps roms et leur surgissement ailleurs, un peu plus loin, auquel répond, comme en écho, le cycle naturel d'une naissance de bébés cygnes ; souvenirs d'enfance revivifiés par une maison...



Objets insolites (basket coincée entre deux dalles de béton, moto suspendue, pantalon flottant entre deux eaux...), détritus divers, friches industrielles, maisons délabrées, jalonnent l'itinéraire qui, par le relevé minutieux de tous ces indices, prend une dimension archéologique. Ces vestiges forment les strates temporelles de la présence et de la vie humaines sur ces rives de la Seine et engagent le lecteur à une mise en perspective des époques encore proches mais déjà révolues. Ce pourrait être d'une sombre mélancolie si le ton que privilégie l'auteur n'était celui d'une subtile ironie face à ces empreintes dérisoires mesurées à l'aune de l'arrogance humaine.



J'ai également lu le livre de Jean Rolin comme le témoignage d'un temps fabuleux qui date d'à peine deux ans. Un temps qui prend des dimensions mythiques aujourd'hui et dont on regrette de n'avoir pas suffisamment tiré parti.

Ce temps si proche où nous pouvions marcher sans souci de distance, ni de temps, où il était possible de passer une nuit à l'hôtel pour voir "le jour se lever sur le pont de Bezons", où se désaltérer dans le premier café rencontré ne relevait pas d'une somme de transgressions inconcevables, où prendre le RER jusqu'à la limite du Pass Navigo ne constituait pas une prise de risques inconsidérés...



"Le Pont de Bezons" a suscité une soif de découvertes impromptues, des envies d'itinéraires vagabonds, des désirs de chemins buissonniers. Tous ces chemins parcourus en compagnie d'un narrateur curieux, d'une érudition toujours teintée d'humour, m'ont vraiment passionnée et j'aurais volontiers prolongé le voyage !

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La mer pour aventure

La mer pour aventure

par les écrivains de marine

Aventure POINTS , 2020

9 récits, 191p

collection dirigée par Patrice Franceschi





C'est un cadeau de la masse critique. L'équipe des éditions Points en souhaite une excellente lecture. Voilà un départ très bien engagé. Je lis l'introduction de Patrice Franceschi, et sa phrase-fétiche. Elle est de Pindare : N'aspire pas à l'existence éternelle mais épuise le champ du possible.

Galvanisée, j'attaque sur-le-champ Avant la dernière ligne droite que Franceschi a écrit en 2012. Je suis transportée. Je suis fin prête pour lire ces récits qui parlent de la mer, je vais trouver l'immensité, la lutte, la liberté, le rêve. Je suis un peu déçue. Peut-être parce que ce sont de courts récits, et que certains sentent la commande. Cela dit, on retrouve des gens connus et qu'on connaît mieux encore, Patrick Poivre d'Arvor, et Sylvain Tesson et ses aphorismes. On en découvre d'autres comme Emmelene Landon que je lirai certainement, Jean Rolin dont j'ai trouvé le récit trop technique.

Parmi les écrivains de marine, on compte des professionnels de la mer, un contre-amiral, François Bellec, un vice-amiral, Loïc Finaz, un capitaine de trois-mâts, Patrice Franceschi, un spécialiste, Dominique le Brun.

le recueil commence avec un récit de François Bellec, intitulé »Quarantièmes Sud » où les cap-horniers ont écrit leur légende. le Cap-Horn, je cite approximativement Bellec, est le légendaire point tournant des océans du monde. Il envoûte. Bellec y fait un pélerinage émouvant.

L'ami du narrateur dans le récit de Loïc Finaz dit que c'est en devenant marin que l'homme est devenu homme, que toute conquête véritable se fait par mer. Franceschi est amoureux de son voilier, La Boudeuse : « Tout est beau sur un voilier et tout y porte au rêve ». Il se trouve dans le Pacifique oriental, loin de tout, et s'y déroule un événement très mystérieux. Olivier Frébourg, dans son « Ode à la Jeanne » fait dire à son narrateur : « Toute navigation est une destruction de la comédie, une approche du sacré, un dénuement ». C'est dire l'influence énorme de la mer. Il est porté par l'oeuvre de Blaise Cendrars et par Kessel, et notamment son livre Fortune carrée. Frébourg, ou son narrateur, ajoute que l'homme a besoin d'une mythologie, sinon il est confronté à l'absurde, au néant. Emmelene Landon recommande le livre de Nicholas Montsarrat, La mer cruelle.

Que de richesses glanées dans ce recueil qui invite au rêve, incite à la lecture d'autres livres et à méditer de grandes pensées.

Merci donc à Babelio, à Masse critique, aux Editions Points, et à Patrice Franceschi.
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Le Traquet kurde

Le style tout en digressions et circonvolutions confère un charme suranné à ce petit roman-reportage-essai-autobiographie (on ne sait pas très bien au juste de quoi il s'agit, même après avoir refermé la dernière page).

On découvre, si on ne le savait pas, que certains naturalistes du début du XXe siècle confondaient études des animaux et boucherie...

En partant sur les traces du traquet kurde, avec force érudition, Jean Rolin rend en effet un hommage cynique à ces hommes qui massacrèrent des populations d'oiseaux pour s'illustrer et enrichir les collections des particuliers et des muséums au nom de la science.

Comme Le parcourt édifiant de ce militaire anglais qui laisse sans voix. Un parangon de bêtise humaine (mégalomane, mythomane, raciste) qui semble avoir choisi l'ornithologie pour assouvir sa soif de possession, de reconnaissance et de pouvoir. L'ego, toujours l'ego... et pauvres oiseaux !!!

Puis le récit prend du recul et devient une métaphore de la guerre et de l'exode avant revenir sur la piste du traquet au Kurdistan.

Au final, un livre qui laisse peu de place à l'espoir tant on ne voit que les aspects cruels de l'espèce humaine (L'espoir, cependant, transparaît en filigrane, avec la résilience du reste de la nature) et qui finit "en eau de boudin" !

Un peu trop démoralisant pour moi, malgré la qualité de l'écriture.
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Les événements

Un livre vraiment étrange ....Un homme dans la France en pleine guerre civile entreprend un voyage dont on ne sait pas trop le véritable objectif...Son trajet est parsemé de description du pays que l'auteur semble bien connaître....En fait, il n'y a pas vraiment d'histoire et s'achève sur un possible départ du personnage vers un lointain incertain...Bref, on reste sur sa faim !
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Terminal Frigo

Terminal Frigo



Embarqué pour le suivre dans les grands ports français où il aurait commencé une courte carrière de matelot en 1980, Jean Rolin nous (en)traîne sur ses pas et cette fois la mécanique ne fonctionne pas aussi bien que dans « Ormuz » , « traverses » ou « chemins d’eau ».



Tout simplement parce que l’auteur est cette fois ci à la poursuite de ses souvenirs et qu’il cherche à les retrouver dans ses incursions portuaires vingt-trois ans plus tard. On imagine que les ports de Saint Nazaire, de Dunkerque et du Havre ont compté pour lui (Bien plus que ceux Sète ou Marseille qui ne semblent évoqués par obligation, pour ne fâcher personne) mais il ne trouve ni le ton ni les phrases (si voluptueusement longues dans « Ormuz ») pour nous convaincre d’ « adhérer » (j’emploie ce mot à dessein puisque le part est belle, qui est donnée à l’activité syndicale et à ses pontes).



On passe un peu du coq à l’âne entre les difficultés du « Jean Bart » lors de la seconde guerre mondiale (à qui il manquait une tourelle de tir et dont on ne sut jamais lequel de ses deux remorqueurs l’avait lâché dans la passe de Saint Nazaire) à la chute de la passerelle du Queen Mary dans ce même port en 2003 (35 m alors que le paquebot était en cale sèche) qui fit une cinquante de victimes et un sacré chambard dans les médias.



Pour le coup on s’ennuie et la porte s'entrouvreaux détracteurs de ce grand voyageur qu’on aime habituellement dans ses collections de détails aussi beaux que des aquarelles sur un carnet à dessin.



Pour ma part, je considère cela comme un incident de « parcours ». Juste un incident.



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Ormuz

Le narrateur est chargé d'écrire les exploits de Wax, un personnage énigmatique, plus très jeune, qui a le projet de traverser le détroit d'Ormuz à la nage. Ce détroit, c'est le point le plus "chaud" du globe, en effet c'est par lui que transite trente pour cent du pétrole mondial et c'est lui qui assure l'accès du golfe persique à la mer d'Arabie puis à l'océan indien à l'Irak, aux Emirats arabes unis, au Koweit, Qatar, Bahrein, Oman et à une partie de l'Iran. Autant dire que sa surveillance est toujours au maximum car son blocage aurait des conséquences dramatiques sur le plan mondial. Donc notre Wax va et vient dans ces contrées inhospitalières, nouant des contacts discrets, s'intéressant aux oiseaux, peaufinant son projet. Le narrateur, lui, part sur ses traces après sa disparition (c'est la première phrase du livre...) et explore ces lieux qui lui inspirent d'incessantes réflexions...





Je dois d'abord dire que j'étais sûre d'avoir déjà lu des livres de Jean Rolin (avant mon blog), Port-Soudan, L'invention du monde, tous tournant autour du récit de voyage sans vraiment en être. Mais le style d'Ormuz m'a mis la puce à l'oreille, je ne me souvenais pas de ce style très particulier... Renseignements pris, en fait ce sont les livres d'Olivier Rolin que j'avais lus. Et re-renseignement re-pris, ils sont frères ! Avouez que j'avais des excuses pour les associer !





Donc je reprends mes commentaires sur le style particulier de Jean Rolin, fait de descriptions méticuleuses, de digressions innombrables, d'apostrophes au lecteur et surtout d'un humour subtil qui allège le tout. Un peu interloquée au début, j'ai été aimantée par ces phrases à la longueur toute proustiennes et par ces divagations poétiques mais néanmoins très précises sur les lieux, les gens, les pétroliers,... Tout est prétexte au déploiement d'une écriture riche et originale et je pense que je poursuivrai la lecture de cet auteur et de son style jubilatoire où l'on prend plaisir à se perdre !

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Le ravissement de Britney Spears

Roman très drôle. L'histoire est totalement abracadabrantesque et loufoque (un agent des services français est relégué au Tadjikistan après l'échec de sa mission en Californie où il devait déjouer un plan d'enlèvement de Britney Spears) mais elle n'a guère d'importance car elle n'est qu'un pré-texte à un récit essentiellement sur Los Angeles et le Tadjikistan dans une moindre mesure. C'est complètement décalé avec un descriptif de la ville fait au travers de son réseau de bus et d'autoroutes, des espaces verts, des rumeurs relatives au starlettes du moment. Ce livre est un lointain héritier du journalisme gonzo et du Las Vegas Parano de Hunter Thompson.
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Le ravissement de Britney Spears

J'ai décidé de lâcher l'affaire à la page 134. Majoritairement parce que les trajets en bus commençaient sérieusement à m'énerver.



J'avais décidé de donner une troisième chance à Jean Rolin, après avoir lâchement abandonné par deux fois "Ormuz", en commençant "Le Ravissement de Britney Spears". Ça avait l'air drôle, décalé, intelligent, je me suis dit pourquoi pas. Et finalement, ce qui m'avait déjà rebuté chez Jean Rolin m'a rebuté une fois de plus. Ses phrases à rallonge, interminables, qui rendent l'action la plus infime tout aussi interminable et cassent toute l'ironie qu'il essaye d'y mettre, notamment.



Arrivée à la page 134, il ne se passait toujours franchement rien, et à part s'émerveiller de la quantité d'informations qu'il avait réussi à collecter dans les taboïds et du nombre de phrases qu'il dédie dans son livre à des trajets en bus, il n'y avait pas de quoi fouetter un chat. En fait, l'action est plus que limitée, l'auteur ne fait que se moquer de manière sarcastique et ironique de notre société de consommation qui adule les stars à l'excès.

Ça pourrait être intéressant, et même tordant, mais ça ne l'est pas.
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Un chien mort après lui

En exergue:

"Dans son livre, Le Mythe de l'homme, Bounce demande : Si l'Homme avait suivi une autre route, n'aurait-il pas pu, avec le temps, connaître un aussi grand destin que le chien?"



Clifford D. Simak (Demain les chiens)



Dès le premier chapitre ( est-ce la motivation de cet ouvrage, on n'en sait rien, si on sait que les récits divers portent sur une douzaine d'années, c'est difficile d'en connaître la chronologie, mais c'est possible , parce qu'il situe cette première histoire dans les dernières années du XX ème siècle), l'auteur se fait attaquer par un chien au Turkménistan..

On le retrouve tout de suite après en 2006, écrivant une lettre à un photographe tanzanien, John Kiyaka, auteur de la photo de couverture dans l'édition Folio et demandant des détails sur la présence de chiens féraux en Afrique. Et comme il n'a pas d'autre support d'écriture, il le fait sur la page de garde d'un livre qu'il lit, de Philip Gourevitch sur le génocide rwandais, intitulé "Nous avons le plaisir de vous informer que demain, nous serons tués avec nos familles". Quel titre... Occasion de se souvenir que ce même Gourevitch avait été surpris, au Rwanda, de l'absence presque totale de chiens. Abattus, en effet, car ils dévoraient les morts..



Je m'arrête tout de suite, car tout cela est énoncé sur quelques pages seulement, et le reste est à l'avenant. Alors je comprends très bien que ce livre puisse sembler indigeste, tant il fourmille de détails jetés au fil de chapitres que l'on peut relier à des présences ( dans quel but?) dans des pays différents, et à un thème commun, ces fameux chiens errants.

C'est un livre que j'ai lu lentement, chapitre après chapitre, je ne suis pas certaine que j'aurais été capable de le lire d'une traite sans accuser très vite une sensation de trop , ou de pas assez, ou même d'ennui. Comme quand quelqu'un vous raconte ses histoires de voyage, ou de guerre, que ça fourmille de détails, mais que vous, vous êtes tellement en dehors , et lui, tellement encore dedans.



Seulement, déjà il y a le style, l'écriture et la façon, dans chaque chapitre-tableau , de faire apparaitre ces chiens comme s'ils surgissaient soudain, sans prévenir ,et je connais un peu, où j'habite , le problème des chiens errants est loin d'être résolu . Les chiens errent moins que le lecteur, d'ailleurs, à la poursuite de l'écrivain , eux sont implantés dans tous les lieux où il évolue , on les sent à l'affût , pas loin des hommes,et généralement les hommes pas les mieux lotis par la vie, leur but est d'ailleurs le même, survivre.



Errance géographique, donc, et errance littéraire. Dans tous les livres lus ( ou relus pour l'occasion?) Rolin a relevé, traqué des histoires de chien. Et ses souvenirs littéraires parsèment les récits, donnant lieu d'ailleurs à quelques notations assez drôles ( il est toujours aussi ironique envers lui-même!). Bien sûr, parmi les nombreux écrivains cités, on retrouve Flaubert :

«Parmi les auteurs français qui au XIXème ont sacrifié au rite du voyage en Orient, et qui tous ont écrit sur les chiens errants, peu l’ont fait avec autant d’insistance que Flaubert.»



Et l'idée de Jean Rolin:

"J'avais formé le projet de réaliser un film muet , composé uniquement de longs plans fixes, intitulé Gustave Flaubert chasse le chien au Caire. Tel que je me le représentais, ce film était appelé à ne toucher qu'un rare public" ..Ah, vraiment? :)

Ou encore cette histoire en Australie de la découverte d'un bélier mort , soi-disant victime d'un chien sauvage ou d'un dingo. Mais… fin observateur , Jean Rolin note que le reste du troupeau n'a pas l'air effrayé d'une part, et qu'en plus , l'abdomen du bélier est très dilaté. Quel rapport? Et bien si.. Car là, eurêka, Jean Rolin dont les connaissances en bétail sont assez limitées, il le reconnait , a des souvenirs littéraires par contre très précis. Et dans un roman de Thomas Hardy, Loin de la foule déchaînée , des moutons présentaient le même symptôme et avaient été sauvés par l'héroïne, Bathseba..

Pour Rolin, même diagnostic, le bélier est mort de maladie et non d'une attaque canine. CQFD, j'imagine l'oeil de l'éleveur s'il a développé sa théorie…



Et enfin, où veut-il en venir.. je n'en sais rien non plus, en fait , ce qu'il me raconte me fascine par la façon dont il le fait, et c'est suffisant. Il parle de la vie, de la survie, des hommes, des chiens et de tout ce qui les entoure, c'est vaste!

Et si, citant Malaparte, il écrit:

"Il n'y a pas de voix humaine qui puisse égaler celle des chiens dans l'expression de la douleur universelle. Aucune musique, pas même la plus pure, ne parvient à exprimer la douleur du monde aussi bien que la voix des chiens."

Il en revient quand même toujours à l'homme, citant Vassili Grossman dans Carnets de guerre, dans une scène qui, pour lui, manque quand même de chiens(!!) sa visite éclair à la propriété de Tolstoï, en pleine débâcle de l'Armée rouge:

"Sortant de la maison, Grossman se dirige alors vers le jardin , vers la tombe de Tolstoï: " Au-dessus d'elle les avions de chasse hurlent, les explosions sifflent. Et cet automne majestueux et calme. Comme c'est dur. J'ai rarement ressenti une douleur pareille."

Mais aucune voix de chien ne vient exprimer cette douleur mieux que la voix humaine ne saurait le faire."





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Ormuz

Ormuz c’est ce détroit qui relie le golfe persique au golfe d’Oman. Une zone à embrouilles ! Wikipédia vous indiquera que 2400 pétroliers y transitent chaque année autant dire que c’est un lieu sous tension, surveillé par une flopée de pays arabes (Iran, Emirats Arabes Unis, Quatar, Sultanat d’Oman, Irak), les Etats Unis sans doute aussi l’Europe… Dans cette zone dangereuse, désertique, surchauffé par le soleil, un homme, Wax, veut effectuer une traversée à la nage. Dès le début, on comprend que cette traversée fut un échec car le narrateur - qui est celui qui doit négocier les autorisations avec les autorités revêches du coin - débute le récit en explorant la chambre du nageur. Tout est dit, et pourtant le roman va faire 217 pages ! Une sorte de roman géographique épuisant avec un souci du détail qui confine à la lecture d’une carte Michelin : les villes, les îles, leurs distances, les falaises, les routes, les noms de lieux… Pour exprimer la complexité de la zone, Jean Rolin nous fournit des descriptions si détaillées qu’elles nous perdent et finalement nous ennuient : qui surveille qui, les bateaux, leurs noms, leur appartenance à telle ou telle flotte, leur commandement, les escarmouches de la zone, des plages brûlées de soleil et salies de mazout, des stations balnéaires à la limite de l’abandon rouillées par le sel, le repas de la veille, la rencontre de tel militaire, le refus de tel autre… J’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois avant de terminer ce livre qui a pourtant reçu des critiques élogieuses. Je me suis accrochée pour ne pas passer à côté et de loin en loin j’ai croisé des passages plus convaincants, avec une pointe d’humour. J'aurais aimé savoir ce qui motivait Wax - qui entreprends la traversée malgré ses limites physiques et les interdictions - mais je n'ai rien trouvé qui m'éclaire, je n’ai pas compris son défi, ni ce que voulait dire Jean Rolin. Le livre dans son entier m’a paru plombé par le soleil incendiaire d’un midi de la péninsule arabe… Pas d’ombre, tout est blanchi et desséché par la lumière et le sel.
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