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Critiques de John Harvey (211)
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D'ombre et de lumière

Frank Elder quitte une nouvelle fois son ermitage des Cornouailles pour enquêter sur la disparition de Claire Meecham. Cette veuve qui menait jusqu'alors une existence rangée dans la banlieue de Nottingham n'a plus donné signe de vie depuis plusieurs jours. Son cadavre est finalement retrouvé dans son sa chambre à coucher. le corps a été habillé, maquillé et coiffé avec soin avant d'être placé dans son lit quelques jours après son décès. Cette mise en scène rappelle à Elder une autre affaire, jamais résolue, sur laquelle il a travaillé huit ans plus tôt. Il va chercher à établir des connexions entre les deux meurtres. "D'ombre et de lumière" est le dernier volet de la série Frank Elder. Les trois romans ont pour lien l'évolution de ses relations avec son ex femme et sa fille. Réussiront-ils à surmonter les traumatismes du passé? Pour ce qui est de l'enquête, John Harvey sait combiner avec brio les pistes en leur réservant un traitement équitable. Un travail d'orfèvre ! Vous ne trouverez pas ici de suspense haletant ou de créativité débridée. Mais cela reste un polar maitrisé, à l'intrigue bien menée, agréable à lire.
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Off Minor

Le premier rendez-vous… les papillons dans le ventre… la tenue soigneusement choisie…. le restaurant gastronomique… C’est un moment magique où le charme doit dominer la gêne. Enfin bon, en principe. Pour Raymond et Sara, la soirée tourne au cauchemar. Alors qu’il conduit Sara dans un terrain vague pour obtenir une « faveur », Raymond flaire une odeur plus forte que celle qui imprègne ses vêtements (il travaille dans un abattoir). Le couple s’approche et découvre le cadavre de Gloria, une petite fille qui avait disparu quelques semaines plus tôt. La police de Nottingham dispose de peu d’éléments et l’enquête n’avance pas. Peu après, une seconde fillette disparait… L’équipe de Charles Resnick exploite tous les témoignages recueillis mais les fausses pistes seront nombreuses.



Une affaire de pédophilie est un sujet on ne peut plus délicat à traiter. John Harvey parvient à éviter tout sensationnalisme et à ne spas ’attarder sur les détails macabres. L’auteur se démarque par son approche sociétale. Ainsi il reconstitue en quelques lignes les différents aspects de la vie sociale des fillettes. La première est élevée par sa grand-mère dans un environnement précaire. La seconde grandit dans une banlieue pavillonnaire au sein d’une famille de la classe moyenne qui rencontre également des difficultés, mais d’un autre ordre. Au fil de ses romans, John Harvey s’attache à comprendre l’origine d’une violence devenue omniprésente. Elle peut être le fait de déséquilibrés mais elle peut aussi couver pendant des années dans l’esprit d’individus qui semblent inoffensifs et finir par exploser avec brutalité. L’auteur réussit une nouvelle fois à mêler une intrigue principale qui apporte une ligne directrice au roman et une mosaïque de petits récits qui vient l’étoffer. « Off minor » est le quatrième opus de la série Charles Resnick et c’est un nouveau tour de force.

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Ténèbres, ténèbres

Un polar magistral !



"L'adieu à Resnick" annonce le bandeau rouge entourant le livre. John Harvey le dit dans sa postface, il est temps pour son flic fétiche, Charlie Resnick, de prendre du recul après vingt-cinq années de présence dans les romans et nouvelles de son créateur. Et si le livre s'ouvre sur une scène d'enterrement, Harvey a le bon goût de ne pas faire mourir Resnick mais de le laisser posé sur son banc, dans un square de Nottingham, rêvant de la seule passion qui lui reste : le jazz.



Ténèbres, ténèbres est un vrai polar noir : l'histoire est sombre, les personnages aussi et l'espoir ne montre que rarement le bout de son nez. L'intrigue, remarquablement construite sur un rythme lent (on est loin du page turner...) se développe selon deux axes-temps.



Dans le premier, contemporain, une femme - Jenny Hardwick - considérée comme disparue depuis trente ans est retrouvée par hasard, enterrée sous la terrasse d'un pavillon. Resnick reprend alors bénévolement du service pour assister Catherine Njoroge, chargée de l'enquête. Peu de pistes sinon des fausses, des témoins aux abonnés absents et des moyens limités puisque finalement, personne ne tient vraiment à élucider les travers du passé.



Parallèlement, on suit la vie au quotidien de Jenny en 1984, lors de la grande grève des mineurs anglais que Thatcher avait décidé de faire plier. Si cette histoire finira par donner peu à peu la clé de l'énigme, elle est remarquablement documentée sur cette période trouble. La grève dure, les affrontements avec la police sont quotidiens, les "jaunes" font l'affaire du gouvernement (il faut bien manger...) et les femmes se jettent dans la bataille. Les consciences se forgent ou se défont. Un monde est en train de basculer.



Et c'est là qu'Harvey excelle : dans la description très fouillée de ses personnages, ceux d'il y a trente ans comme ceux d'aujourd'hui. Jenny et toutes les autres femmes, passionnées autant que déboussolées. Catherine, brillante inspectrice, confrontée au sexisme, au racisme et à la violence. Et Resnick, qui traverse le livre avec le regard désabusé de celui qui a tout vu, trop vu.



Oui, après 1984, le monde a basculé en Angleterre. Mais les gens ont-ils changé pour autant ?



"Mécanique" parfaitement ficelée, écriture extrêmement soignée, profondeur des personnages et ambiance léchée : ce livre de John Harvey est impérativement à lire pour qui apprécie les polars "Plus" : ceux qui sont des grands livres avant d'être des polars.

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De chair et de sang

L'inspecteur principal Frank Elder après 30 ans de bons services dans la police de Nottingham décide de prendre sa retraite ! Divorcé avec une fille Katherine qui vit chez sa mère Joanne et son beau-père : Martyn, il est allé se réfugier en Cornouailles ou il donne libre cours à son gout pour la lecture, son envie de solitude et à l'occasion : quelques verres de whiskey ! Mais, son passé le ronge et il ressasse toujours l'affaire du viol et du meurtre d'une ado : Lucy pour laquelle Shane Donald a été emprisonné, même si Elder sait qu'il a perpétré ce crime avec Alan McKeirnan : un voyou malsain qui a profité de son influence pour le pervertir ainsi qu'un autre : Adam Keach !

Quand Elder apprend que Shane va être libéré, alors qu'il est persuadé qu'il est l'auteur de la disparition de Susan Blacklock : il décide de reprendre personnellement l'affaire et honorer ainsi la promesse faite aux parents de Susan de la ramener ! Mais, il ne se doute pas que sa propre famille va être mêlée aux mêmes drames que ceux qu'il tente de résoudre !

John Harvey nous présente un flic "so British " qui se remet toujours en question, qui tente d'être fidèle à sa morale, à son humanité et même à sa vulnérabilité ! Un flic dans la lignée d'un Wallander ( Suède ) et autres policiers nordiques ! Un thriller bien construit de 477 pages ( certes, avec des flashbacks et des redites ) et, une lenteur due en partie à une fine analyse psychologique des personnages qui lui donne une certaine densité !
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De chair et de sang

Solitaire, amateur de lecture et d'irish whiskey, Elder a le profil idéal [pour s'inscrire sur Babelio ou] pour incarner un héros de littérature policière. Il partage quelques points communs avec Kurt Wallander, son lointain collègue de Scanie : une séparation douloureuse, une fille bientôt adulte et une longue expérience de policier. A son départ à la retraite, il a choisi de se retirer en Cornouailles, terre d'isolement, de grisaille et de pluie ; l'endroit idéal pour entretenir une chaudière capricieuse et un début de dépression. Mais sa vie d'ermite est bousculée par un cauchemar récurrent qu'il ne parvient pas à interpréter. Il refuse les missions proposées par un ancien collègue chargé d'enquêter sur des "cold case", de vieilles enquêtes qui n'ont pas été résolues et qui sont réétudiées, jusqu'à ce qu'il apprenne que Shane Donald, le jeune complice d'un meurtrier, va sortir de prison. Or, il a toujours soupçonné ce duo d'être à l'origine de la disparition de Susan Blacklock sans jamais parvenir à le prouver ni à obtenir d'aveux de leur part. Il décide donc de reprendre l'enquête. Mais Shane Donald va profiter de sa libération conditionnelle pour disparaitre dans la nature et commettre de nouveaux méfaits....



Rien de nouveau sous le soleil ou plutôt sous le crachin britannique. Vous ne serez surpris ni par les personnages, ni par l'intrigue. Je suis le premier à râler quand un roman policier manque d'originalité mais ici, pourtant, ça marche. L'histoire prenante est menée par un enquêteur pétri d'humanité. Les personnages sont décrits avec beaucoup de justesse. Elder est en mouvement permanent, il traverse l'Angleterre d'est en ouest, du nord au sud, idéal pour un lecteur français qui souhaiterait réviser sa géographie de l'île britannique. La progression de l'enquête est lente mais seuls le temps et la ténacité peuvent venir à bout des secrets et des préjugés. Une lecture classique mais si captivante que j'ai choisi d'enchaîner avec le second volume de la trilogie. Et je compte bien rencontrer d'ici peu un autre personnage de John Harvey : Charles Resnick.

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Les années perdues

Dans ce tome de la série consacrée à Charlie Resnick, un duo de jeunes délinquants, un peu bras cassés, montent des braquages de plus en plus violents, alors que d’autres braqueurs plus organisés mettent en échec la police depuis plusieurs mois. Mais ce qui inquiète le policier, c’est la probable sortie de prison de Prior, qu’il a arrêté, plus de dix ans auparavant, et qui pourrait nourrir des idées de vengeance, notamment envers Ruth, la femme dont il pense qu’elle l’a dénoncé.

Ambiance très jazz pour ce polar situé à Nottingham, en deux époques, années 1992 et 1981… comme d’habitude, c’est à la fois bien écrit, avec un art parfait des dialogues et des portraits incisifs, et très prenant. Je ne m’en lasse pas !
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Scalpel

Relecture du 3e épisode des aventures de Charlie Resnick et de son équipe à Nottingham. Des membres de l'équipe de l'hôpital se font sauvagement agresser à l'arme blanche, jusqu'au meurtre de la jeune Amanda. Qui ? Comment ? Pourquoi ?

Ce que j'aime dans les romans de John Harvey, c'est l'ambiance qu'il a réussi à instaurer : l'enquête, classique, n'est pas le principal intérêt, même si l'auteur arrive à nous happer et à maintenir le suspense, tout en douceur, jusqu'au final assez glaçant, il faut bien l'avouer.

Rien de spectaculaire, de la psychologie et de la réflexion, tout en nuances.

J'aime particulièrement la richesse de ses personnages, qu'on connaît de mieux en mieux, surtout son héros, de plus en plus attachant, subtil et surprenant à la fois, avec ses forces et ses faiblesses. Les autres personnages se dévoilent petit à petit, avec leurs doutes et leurs certitudes.

Ca se lit comme du petit lait, avec grand plaisir.

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Preuve vivante

J'aime bien John Harvey. Harvey et l'inspecteur Resnick. Harvey qui maîtrise si bien le dialogue et Resnick qui connaît si bien l'Angleterre des années 80-90. Particulièrement Nottingham où sévit chômage, décrochage scolaire, fermeture d'usines, bref une grisaille qui ne semble vouloir s'éclaircir. Une grisaille qui est propice , évidemment, aux voyous, aux voleurs, aux trafics de toutes sortes. Ce qui surcharge la police judiciaire qui subit, elle aussi, les compressions budgétaires et les gels d'embauche. On a appris à connaître Resnick et cela se poursuit dans cet opus qui s'ouvre sur un possible quelque chose entre lui et sa collègue Lynn Kellog.L'intrique est bien menée, les personnages sont bien campés, et Preuve vivante est une excellente lecture de dimanche après-midi.
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De cendre et d'os

Je profite du mois anglais pour renouer avec un auteur dont j’avais lu une bonne demi-douzaine de romans, il y a quinze ans environ. Des polars crédibles, solides, bien ancrés dans la province anglaise, en l’occurrence Nottingham, à peu près au centre de l’Angleterre, et dont le héros récurrent était Charlie Resnick, grand amateur de jazz…

Cette série que je commence (par le deuxième volume) a pour personnage principal Frank Elder, un flic retraité qui va reprendre du service pour aider à démêler des affaires qui risquent, sinon, de finir avec un classement « non résolu ». Au début, un rappel est fait du premier tome, qui avait impliqué la fille de Frank, et dont il vaut mieux ne rien dire pour ceux qui commenceraient par le commencement !

Dans ce livre, on fait la connaissance d’une policière londonienne, Maddy Birch, lors d’une arrestation mouvementée, où l’un de ses collègues, ainsi que le principal suspect, sont tués. Dans les jours qui suivent, elle a l’impression d’être suivie, et même que quelqu’un a pénétré dans son appartement.



Même si ce roman n’est pas à proprement parler un thriller, une construction habile permet de frissonner plus d’une fois, ou de retenir son souffle lorsque des personnages auxquels on s’est attaché se trouvent en situation périlleuse. L’auteur excelle à maintenir une tension entre les différents aspects de l’enquête, à ne rendre aucune piste plus insignifiante ou inintéressante qu’une autre. Et surtout, John Harvey rend bien, sans en faire trop, la psychologie des personnages, en particulier celle des différents policiers.



Le roman ne manque pas non plus d’humour, ce qui est toujours un atout de taille dans les polars, pour détendre un peu l’atmosphère et pour plus de crédibilité. Chacun sait que sans d’incontournables moments de détente et de décompression, les flics auraient bien du mal à accomplir leur mission, si tant est qu’ils considèrent leur boulot comme une mission. L’autodérision évite l’écueil des flics trop sérieux et imbus d’eux-mêmes.

Le côté scientifique de recherche et d’analyse d’indices n’est pas oublié, et met en avant ici une technique, dont je pense qu’elle existe et est utilisée, et qui montre son efficacité. Mais c’est surtout l’aspect humain qui fonctionne bien dans ce roman, et qui me donne bien envie de continuer mes retrouvailles livresques avec l’auteur.
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Coeurs solitaires

Lire une enquête de l’inspecteur Charles Resnick, c’est comme regarder un épisode de Derrick, mais avec la profondeur en plus !



Niveau trépidations, nous sommes loin d’un thriller (normal, ceci n’en est pas un) mais j’en ai tout de même ressentis « dans le creux de mes reins » comme le chantait la Bardot sur sa Harley Davidson.



Oui, niveau profondeur, c’est du gorge profonde, et je ne parle pas du mystérieux informateur de Fox Mulder !



Ceci est un roman noir anglais pourvu de flics qui enquêtent sur la mort brutale et mystérieuse d’une dame qui ne cherchait qu’un plan cul de temps en temps… Tuée par son mari jaloux et violent ?



Et si ce n’est pas lui, qui est-ce alors ?? L’affaire s’annonce difficile et les flics piétinent, enquêtent à l’ancienne (nous sommes en 1989) et se grattent le sommet du crâne afin de trouver qui s’en prend à des jeunes femmes.



Oui, l’inspecteur Resnick a le rythme d’un Derrick, mais le scénario de John Harvey est bien plus étoffé (pas compliqué, vous me direz) et les personnages plus travaillés.



Rassurez-vous, la comparaison avec le lymphatique Derrick – héros des pensionnés qui s’emmerdent grave – n’est là que pour l’humour, ici, nous sommes dans un vrai roman noir et l’auteur n’a plus rien à prouver à ce niveau là.



Si Resnick est un inspecteur un peu désabusé, il n’est pas alcoolo, de plus, il pratique l’humour noir et le cynisme pour le plus grand plaisir du lecteur.



Amateur aussi de jazz, de ses 4 chats, de sandwichs un peu bizarre et portant un complet encore plus avachi que celui de Columbo (et je ne vous parle même pas de la cravate !), Resnick n’a rien d’une gravure de mode ni d’un flic banal. Et je l’aime bien.



La plume d’Harvey glisse lentement durant les 296 pages, mais elle parsème son récit de petits traits d’humour, d’esprit, de petites répliques, qui feront sourire plus d’une fois le lecteur, pris au jeu de l’enquête et dévorant le roman afin d’en savoir plus sur la vie de Resnick et sur celle des flics qui l’entoure.



La seule question qui me reste, c’est "le mobile du coupable et pourquoi certaines femmes en particulier" (si ce n’est que c’était des chaudes). Ce n’est pas expliqué en détail dans le final et il ne reste plus qu’au lecteur qu’à se faire son propre avis sur la chose.



Un roman noir avec de la profondeur, qui dépeint la vie d’une petite société anglaise, qui nous parle des relations entre les flics et le reste de la populace – que ce soit avec des braves gens ou des bandits, truands – des meurtres sans profusion d’hémoglobine, de la violence uniquement lorsque c’est nécessaire (y’en a peu), des bons mots, des petites scènes de la vie quotidienne des personnages, qu’ils soient principaux ou secondaires.



Quand on lit l’inspecteur Charles Resnick, on a l’impression de connaître l’équipe depuis longtemps et on ne pense qu’à une chose : lire la suite !



(3,5/5)
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Proie facile

Si le personnage de Charlie Resnick reste attachant, ce volume de ses enquêtes est l’un des plus glaçant de cette série. Pas d’intrigues compliquées en parallèle ici : on suit tout un enchaînement de violences, qui semblent inéluctables. On a en permanence le sentiment d’un immense gâchis, social mais aussi humain.



Le point de départ est l’arrestation d’un gamin de treize ans, issu d’une famille à problèmes, pour avoir sauvagement frappé un couple de personnes âgées. Il est conduit dans un centre de détention pour mineurs. On le retrouvera mort par pendaison. Une enquête est ouverte mais elle n’est pas confiée à Resnick, qui n’est visiblement pas assez diplomate pour ce genre d’affaire, mais à Bill Aston, un inspecteur proche de la retraite, qui semble plus mesuré. Pourtant on retrouvera le corps de ce dernier quelques jours plus tard, battu à mort avec ce qui semble être une batte de base-ball.



Le plus impressionnant dans ce roman, c’est sa construction, linéaire mais implacable. J’ai rarement lu une illustration aussi efficace de l’expression « la violence appelle la violence ». On ne peut jamais deviner la suite, et en effet, l’enquête prend des détours tout à fait inattendus. Le sentiment de lecture dominant demeure très sombre, la nature humaine guère reluisante.



J’imagine que dans le genre thriller on a fait depuis ces années 1990 bien plus nauséeux mais comme je n’apprécie pas beaucoup ce genre et que je manque donc de points de repères, je ne peux que recommander toute cette série que je trouve dure mais passionnante.

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Le deuil et l'oubli

1995, la jeune Heather, en vacances avec la famille de sa meilleure amie, est retrouvée morte après être partie se promener le long de la côte, malgré le brouillard. 14 ans plus tard, la mère d'Heather a refait sa vie, et a une autre fille, Beatrice, qui disparaît à son tour...

A la trame initiale vient également se rajouter des histoires secondaires qui ont leur importance dans le fil du récit et dans le dénouement.



Deuxième enquête, somme toute assez classique, de Will Grayson et Helen Walker. On apprend donc à mieux connaître ces nouveaux héros et on s'immisce un peu plus dans leur vie quotidienne, professionnelle et privée.

Pour moi, la grande force des romans de John Harvey se trouve dans ses personnages : ils sont bien décrits, leur caractère est complexe, ciselé, nuancé. L'enquête fait souvent écho à leurs propres peurs, leurs propres drames ou démons. Et c'est ce qui crée une vraie empathie avec le lecteur.



J'ai toujours beaucoup de plaisir à retrouver la plume et l'atmosphère souvent mélancolique de ses romans. Certes, j'avoue une préférence pour le cycle Charles Resnik, mais Le deuil et L'oubli est un très bon roman policier, à ne pas manquer.





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De chair et de sang

Thriller anglais qui vaut autant pour la forme que pour le fond. L'histoire racontée pourrait être un fait divers paru dans la presse mais la construction narrative permet au lecteur de suivre les enquêtes sans que toutefois ne lui soit dévoilé, rapidement, la finalité.

Ce premier roman se déroule dans la campagne anglaise, qu'on arpente de long en large, et les descriptions établies par John Harvey cerne bien le profil psychologique des personnages, ce qui donne encore plus de profondeur aux évènements.
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De cendre et d'os

Le cadavre de Maddy Birch est découvert au bas d'un sentier escarpé qui descend le remblai d'une voie ferrée désaffectée. La victime était inspectrice au sein d'une unité chargée de lutter contre le crime organisé. S'est-elle trouvée au mauvais endroit au mauvais moment? Un amant éconduit a-t'il cherché à se venger? Ou son meurtre est-il lié à son métier et notamment à la mort d'un truand dix jours plus tôt lors d'une opération de police ? L'enquête piétine. Elder qui avait croisé Maddy Birch au commissariat de Lincoln quitte sa retraite en Cornouailles pour épauler l'équipe d'enquêteurs. Mais il va devoir s'occuper également de sa fille Katherine qui garde des séquelles de son agression. Dans ce deuxième volet de la trilogie Elder, Harvey explore le côté obscur de la police. Il aborde notamment la corruption et les méthodes douteuses de certains agents. Je me suis attaché une nouvelle fois à la personnalité d'Elder. Ses rapports avec ses femmes (sa fille et ses relations amoureuses) sont dépeints avec une grande justesse. L'auteur a su rendre les doutes, la pudeur et la retenue de son protagoniste. John Harvey sait exprimer une empathie sincère pour ses personnages. Je pense que c'est cette humanité qui distingue ses romans.

S'il ne révolutionnera pas le genre, "De cendre et d'os" reste un polar captivant.
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De chair et de sang

L´intrigue du thriller a déjà été vue mais les protagonistes et leur psychologie, tous ancrés dans notre époque, ainsi que la description de leur vie, font de ce livre un excellent moment de lecture.

Il y a du Ken Loach du Mike Leigh, réalisateurs britanniques que j´apprécie, dans le climat social anglais. Et de l´élégance dans le style.

Une réserve :

L´ultime voyage était il indispensable, qui nuit de mon point de vue au réalisme ?

Une bonne découverte grâce à mon libraire préféré : le protéiforme Babelio, ici la mutation Carré

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De chair et de sang

Soyons clair : je préfère nettement la série Charles Resnick à celle qui met en scène Frank Elder, sans doute parce que celle-ci s’attarde trop sur la vie privée de l’enquêteur. Lui a suivi sa femme au gré de ses pérégrinations professionnelles, leur fille suivait de son mieux, acceptant ces changements d’établissements scolaires, se séparant ainsi de ses amis, renouant d’autres amitiés, pendant que ses parents se séparaient. Et oui, madame Elder avait un amant, avec lequel elle est toujours en relation. Quant à Frank, il vit seul, il a démissionné de la police, mais il reprend du service. Oui, un homme qui avait été soupçonné de la disparition d’une adolescente sort de prison : il avait été condamné pour le viol et le meurtre d’une autre jeune fille. On ne peut pas garder les tueurs indéfiniment en prison. Il semble cependant que la société échoue lamentablement à les réinsérer, peut-être parce qu’ils ont toujours été en marge de la société.

Regardons un peu le destin de Shane Donald, le complice, celui qui était sous la coupe de plus fort que lui. Il a été victime de maltraitance, de violence tout au long de sa jeunesse, de trouvant un peu de réconfort qu’auprès de sa soeur aînée, Irène, qui s’est mariée jeune, pour fuir son milieu, puis a enchaîné les grossesses. Il est ensuite tombé sous la coupe de plus fort que lui. Alors oui, bien sûr, tous les enfants maltraités ne finissent pas ainsi – mais combien d’enfants maltraités croisons-nous dans ce livre ? Ne comptons pas, ils sont beaucoup trop.

Frank Elder suit de loin ce qui se passe, parce qu’il a promis à Helen, la mère de Susan, la dernière disparue, de retrouver sa fille. Bien sûr, personne n’a d’illusion, elle est très certainement morte, sinon, elle aurait donné des nouvelles, à sa mère, à son père, à un ami, un proche, un de ses anciens professeurs qui croyait en elle – elle voulait devenir comédienne. Donc Elder reprend l’enquête – et tout dérape. Le passé demandait à ne pas être réveillé, et le présent est suffisamment tortueux. Certains sont prêts à tout pour obtenir ce qu’ils désirent, les conséquences, les vies humaines comptent peu.

Une lecture en demi-teinte donc, et un dénouement dont les conséquences se feront sans doute sentir dans les tomes suivants
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De cendre et d'os

Franck Elder est un flic à la retraite. Mais comme le temps est beaucoup plus long dans les Cornouailles (et plus qu’ailleurs), il se permet quelques piges pour aider ses anciens collègues sur des affaires non résolues ou en panne d’inspiration (Cold Cases, c’est à la mode). Surtout quand l’enquête se trouve en rapport avec le meurtre d’une flic, amante furtive d’un jour de Franck, 20 ans auparavant.



John Harvey a mis de côté son « inspecteur-gastronome-jazzophile » Resnick le temps d’une trilogie sur ce retraité. Rien de bien original dans ce scénario, meurtres, drogues et règlements de compte, mais l’intrigue est bien tendue et tient en haleine un lecteur captivé par cette ambiance des brumes anglaises. Un polar à l’ancienne, en somme, où l’humain entre en compte beaucoup dans la personnalité des protagonistes. Des inspecteurs au passé douloureux. Des flics au passé douteux. Des complots, de la suspicion, de méchants anglais, mais aussi de l’amour, de la vengeance et des héros avec des faiblesses humaines, des échecs personnels et des dérapages incontrôlables, confrontés à des situations plausibles et réalistes. Je le vends bien ce polar, non ?! Stop à l’hypocrisie et à la démagogie : ce n’est pas non plus le roman noir du siècle, mais ce fut un petit moment sympathique de détente où les flics combattent les voyous, où les voyous s’en prennent aux flics...



L’odeur des œufs brouillés baignant dans la graisse, du chow mein au poulet, ou du kebab à la sauce pimentée pigmentent les pages de ce polar. Malgré tout, Franck Elder semble avoir une meilleure hygiène de vie que son comparse et compatriote Charlie Resnick et ses fameux sandwiches fourrées à la mayonnaise et aux triglycérides, avec malgré tout un fort penchant pour le whiskey, single malt, écossais ou même irlandais (ça c’est l’Angleterre que j’aime, les pubs, la bière et le whiskey... manque plus que l’écharpe et un billet pour l’Emirates Stadium avec ses canonniers). L’aspect social, thème récurrent cher à l’auteur, reste présent en filigrane, tout comme les problèmes raciaux ou politico-économiques. Et puis il y a les Cornouailles, son climat ardu, ses terres tourbées et ses troupeaux de brebis...
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Off Minor

C'est sous l'égide d'un morceau de Theolonius Monk qu'on dirait "joué avec ses coudes" que John Harvey a choisi de placer ce quatrième tome de sa série, qui introduit également un personnage que l'on retrouvera par la suite, Raymond, le jeune marginal acnéïque que tout le monde surnomme "Ray-O."


Le thème principal de l'intrigue, c'est la pédophilie avec la disparition de la petite Gloria Summers, six ans, dont Raymond justement et sa petite amie, Sara, retrouveront le cadavre quelques mois plus tard dans un terrain vague alors que disparaît une autre fillette, sensiblement du même âge, Emily Morrisson.


Thème délicat que Harvey aborde avec autant de délicatesse que de justesse en posant au passage l'éternelle question : "Pourquoi certains agissent-ils ainsi et pourquoi pas les autres ? ..."


La précarité de plus en plus présente dans les quartiers populaires de cette petite ville britannique, la violence qui monte à ses côtés, des policiers qui s'accoutument à porter des gilets pare-balles pour n'importe quelle opération, le problème des communautés qui ne se supportent plus et, bien sûr, les drames intimes des héros et des personnages secondaires : Lynn Kellogg voit les hommes s'enfuir dès qu'elle avoue son métier, Diptak Patel se voit refuser par le citoyen lambda le droit d'être à la fois d'origine pakistanaise ET représentant de l'ordre, Mark Divine est toujours aussi sexiste, Millington se pose soudain des questions sur la fidélité de son épouse, Charlie Resnik va et vient entre les horreurs de son métier, ses chats et son jazz et le pauvre Naylor est bien près de divorcer tandis que le divisionnaire Skelton suspecte sa fille Kate des pires turpitudes.


D'une façon éminemment anglaise, Harvey reprend un peu le flambeau d'un Ed Mc Bain. Mais il le fait dans une décennie où la violence se banalise et où personne, pas même un policier, ne peut s'étonner en conscience de voir un jeune homme trop boutonneux et snobé par les jeunes de son âge, préférer se munir d'un cran d'arrêt pour dissuader ceux qui auraient envie de s'en prendre à son visage.


Un constat inquiétant mais qui demeure humain si l'on excepte le personnage du pédophile ainsi que celui de Geoffrey Morrison, oncle de la petite Emily. Mais je ne vous en dirai pas plus : lisez, vous verrez bien. ;o)
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Coeurs solitaires

Découvert dans une sélection des 100 romans policiers à avoir lu de Télérama.

Les Britanniques sont les maîtres du genre, c'est amplement montré. Mais ce qui m'a le plus séduit c'est le portrait d'un inspecteur Charles Resnick so british (bien qu'il soit d'origine polonaise). L'humour et la subtilité sont distillés comme dans les enquêtes de Morse par Colin Dexter ou Laidlaw de William McIlvanney ou encore John Rebus de Ian Rankin.

Tout cela m'a donné envie de me préparer une théière bien sucrée agrémentée de scones au beurre!
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Le deuil et l'oubli

Je découvre John Harvey. Je me suis donc mise à le lire en rafale: De chair et de sang, Cold in hand et Le deuil et l'oubli. À chaque lecture, ce fut un réel plaisir. Comment fait John Harvey? Avec des dialogues simples mais ho combien efficaces (il a une superbe maitrise du dialogue); avec peu de descriptions (mais on se voit tout de même totalement dans ses lieux) ce qui laisse beaucoup de place à ses personnages (tous bien campés) cet auteur arrive à noyer le lecteur dans une intrigue bien ficelée. Rien de nouveau mais tout est fait de main de maître. Du très très bons roman noir. John Harvey à découvrir, si ce n'est déjà fait.
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