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Critiques de John Harvey (211)
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Traquer les ombres

Avec John Harvey, si on aime les enquêtes façon puzzles où les pièces s’emboîtent une à une, on n'est jamais déçu. Progressivement, on voit apparaître le tableau dans son ensemble, noir, en général, sombre, mais touchant. Grâce à un florilège de personnages bien campés et attachants au possible, on entre dans l'histoire doucement, on voit se dessiner l'intrigue et on ne peut plus lâcher le livre, avant de l'avoir terminé.
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De chair et de sang



Shane Donald va bénéficier d'une libération conditionnelle. Il y a quelques années, Shane et Alan ont enlevé, violé et tué une adolescente. Franck Elder, à l'époque, recherchait une autre jeune fille, Susan, disparue dans des conditions similaires. Malgré son enquête, Elder n'a pas pu prouver la culpabilité de Shane et Alan dans cette seconde disparition. Alors bien sur, quand il apprend la libération de Shane, Elder replonge dans son passé et recommencer à chercher... Il va sortir de sa retraite pour trouver enfin les réponses qu'il n'a pas trouvées autrefois. D'autant qu'une nouvelle jeune fille va disparaître, du même âge que la sienne.



Un très bon polar, dans lequel j'ai littéralement plongé. Un bon rythme, du suspens, ce qu'il faut de rebondissements et de surprises. Le personnage de Shane Donald est intéressant et ambigu, et l'auteur ne se gêne pas pour en jouer et nous balader... Des interrogations quant aux victimes et aux bourreaux, des remises en question.



Ce roman est le premier d'une série que vous retrouverez forcément ici.


Lien : https://wordpress.com/post/l..
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Coeurs solitaires

Plutôt réussi ce polar, même s'il ne brille guère par son intrigue (un tueur s'en prend à des femmes rencontrées grâce aux petites annonces). Le plus réussi ce sont les personnages, Charlie Resnick, inspecteur d'origine polonaise, amateur de jazz et de delicatessen, mettra en danger sa compagne , Rachel, assistante sociale. La fin est très abrupte, avec le minimum d'explications, mais j'ai envie de lire la suite de ces enquêtes.
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Les étrangers dans la maison

Ce roman policier est adorablement lent et grisailleux. Les personnages, à commencer par celui de Resnick, sont très attachants, malgré leurs côtés parfois moins sympathiques. L'arrière-plan social de cette ville des Midlands est bien dessiné. Je lirai volontiers les autres volumes de la série.
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Ténèbres, ténèbres

Une vraie découverte ! Un vrai bijou de polar social comme on les aime !!! Je ne connaissais pas cet auteur et je viens de réparer cette erreur... grâce à la bibliothèque où ce roman était mis en avant.

Un roman noir où l'intrigue sert finalement à une description "impressionniste" de ce que furent les grèves minières de 1984... on découvre le corps d'une femme de mineur "jaune" (ceux qui allaient à la mine pendant la grève) que l'on croyait partie ... L'inspecteur Charlie Resnik, un peu sur la touche, replonge dans ses souvenirs de ces années thatcheriennes, où les industries lourdes ont commencé à décliner pour disparaître complètement, où la classe ouvrière à commencé à péricliter.

Un roman sombre où l'enquête est menée d'une main de maître... un roman un peu prétexte pour parler d'un monde disparu. A lire et à découvrir de toute urgence !!! Moi, je fonce découvrir les 11 autres précédents. Il s'avère que celui-ci est le dernier de la série Charlie Resnik. Encore une pépite découverte grâce à François Guérif.
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Nick's Blues

Un roman à l'écriture nerveuse qui se lit avec attention.
Lien : http://www.ricochet-jeunes.o..
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Bleu noir

Chaque nouvelle a un style différent, certaines nouvelles sont plus agréables à lire que d’autres, j’ai beaucoup apprécié la nouvelle de Jeffery Deaver intitulée Nocturne, le retournement de situation est inattendu, et les clichés sur les bandits sont totalement faux ! Un léger suspense vient ajouter à la nouvelle une touche plaisante.

La nouvelle de Stella Duffy m’a déroutée, je l’ai lu 2/3 fois pour comprendre la fin, le couple décrit est drogué et fortement alcoolisé, le lecteur n’a aucun mal à se glisser dans cette atmosphère très spéciale, très « comateuse ». Une ambiance étouffante, oppressante, cette nouvelle m’a beaucoup surprise, le narrateur parle à la première personne, c’est une femme, une jeune maman, ils viennent d’avoir un enfant qui les perturbe totalement. Le couple était très fusionnel et se retrouve avec un « étranger ». La fin est inattendue.

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Lignes de fuite

pour la version française :

http://www.babelio.com/livres/Harvey-Lignes-de-Fuite/642481

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Lignes de fuite

So British...



"Lignes de fuite" est un roman policier de John Harvey, connu pour sa série policière Charlie Resnick.



Londres,



Karen Shields, inspectrice divisionnaire, est tirée de son lit par un appel téléphonique. Un corps a été découvert sous la glace d'un étang à Hampstead Heath. La victime est un adolescent Moldave du nom de Petru Andronic. Pour Karen et son équipe, il s'avère difficile d'élucider le meurtre. Car Petru, comme tout étranger débarquant en Angleterre, a pris soin d'effacer les traces de son passage à Londres... Et pour faciliter les choses, un imbroglio d'enquêtes va venir s'ajouter.



Newlyn,



Trevor Cordon, chef de la police de proximité, voit son repas interrompu par un appel téléphonique. Il est informé qu'une certaine Maxine Carlin veut le rencontrer en urgence au poste de police de Penzance. Sans aucune hésitation, il file à sa rencontre. Cette dernière l'informe que sa fille, Laetitia, a disparu et lui demande d'aller enquêter du côté de Londres pour tenter de la retrouver.



Bientôt, Shields et Cordon vont se trouver à traquer une même et unique personne...



Tel un gentleman de l'écriture, John Harvey décrit la vulgarité avec politesse, la violence avec douceur, la saleté avec propreté. Dans une atmosphère jazzy et bruineuse, il instaure un suspens au cœur de plusieurs enquêtes. Dénonçant le racisme, la pauvreté, la violence urbaine ou encore le crime organisé. Ses personnages sont les couleurs d'une peinture dévoilant le portrait de la société anglaise.



Le caractère sociologique du roman nous rappelle les livres de Sjöwall et Whalöö. Il est clair que John Harvey se trouve dans la même lignée des deux auteurs suédois, une véritable référence en la matière. La lecture est agréable, même si la multiplication des enquêtes peut légèrement faire perdre le fil de l'histoire au lecteur, sinon, il en sort très peu de fausses notes.

YB.
Lien : http://dunoirdupolar.blogspo..
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Lignes de fuite

Pas de gras, pas de rides, l'écriture de John Harvey (76 ans et une santé de gentleman) est un modèle d'élégance, dans ce monde du polar où l'on aime trop souvent la description interminable et les mises en scène tonitruantes.


Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Le deuil et l'oubli

Après Traquer les ombres, c’est la deuxième enquête de Will Grayson et Helen Walker, inspecteurs dans la région de Cambridge. Cette fois il s'agit de disparitions d'enfants, de pré-adolescentes...

Ruth, maman très protectrice, autorise sa fille Heather à partir en vacances en Cornouailles avec la famille de sa meilleure amie Kelly.

Les fillettes vont se perdre dans le brouillard et on retrouvera Kelly, vivante mais choquée qui a été recueillie par un original vivant dans une cahute. Quant à Heather, il faudra plus longtemps pour découvrir son corps, dans un puits...

Ruth par la suite divorcera, se remaria et eut une fille, Béatrice de cette nouvelle union. Mais un nouveau drame surviendra...



Personnages sympathiques, intrigue bien construite, cette histoire me laisse un peu sur ma faim. Je trouve qu'elle est longue à démarrer (oui, je me suis un peu ennuyé dans la première partie).

Pourtant, je suis un grand fan des autres romans de John Harvey, en particulier sa série avec l'inspecteur Resnick. Il y a là une fluidité, une facilité avec laquelle s'enchaîne les scènes que je ne retrouve pas dans "Le deuil et l'oubli". Sans être mauvais, le roman ne me touche pas tant que cela même si on compatit avec Ruth, la maman traumatisé.

Dommage...



Charlie, ses chats, ses sandwichs dégoulinant sur la cravate, les notes de Thelonious Monk... ça me manque...

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Le deuil et l'oubli

« Des parents sains, solides, issus de la classe moyenne, de bonnes écoles; journaux de qualité, livres, pas trop de télé, cours de piano, de dessin aussi, très probablement, produits bio; une éducation qui instillait les valeurs correctes. Tous les avantages : tous les espoirs. Et puis, ça. Un accident. Imprévu. Un accident? Etait-ce bien le cas? »

1995, dans les Cornouailles, la jeune Heather Pierce disparaît au cœur d'un brouillard tombé inopinément alors qu'elle se baignait. Son corps est retrouvé quelques heures plus tard, dans une usine désaffectée. Par manque de traces ou de preuves indiquant le contraire, les policiers sont forcés de conclure à un accident. Une thèse qui ne console pas les parents, certains qu'ils étaient d'avoir tout mis en place pour assurer une existence heureuse et sûre à leur enfant. Une thèse qui ne satisfait pas non plus l'inspecteur Cordon qui, jusqu'à ce que la deuxième affaire, celle de 2009, soit portée à sa connaissance, n'aura de cesse de creuser encore et encore les circonstances de la mort d'Heather.

2009, Ely, la banlieue de Cambridge. Ruth, la mère d'Heather, croit revivre le même cauchemar qu'il y a 14 ans lorsque sa deuxième fille, Béatrice, disparaît à son tour. Agée de dix ans, Béatrice est la fille que Ruth a eu après sa séparation d'avec Simon, le père d'Heather, quelques mois après la mort de celle-ci. Fait étrange : sans nouvelles de Simon depuis plusieurs années, Ruth avait justement rencontré ce dernier à Cambridge, quelques jours plus tôt. Lorsque Will Grayson et Helen Walker, les policiers chargés de l'enquête, lui avaient demandé de leur parler des derniers jours d'avant la disparition de Béatrice, Ruth avait omis ce détail.

Deuxième enquête pour le couple Grayson/Walker (après « Traquer les ombres », même éditeur), «Le deuil et l'oubli» confronte encore une fois les policiers nés de l'imagination de Harvey à des disparitions d'enfants. Qu'ils soient accidentels ou pas, ces évènements parsèment son œuvre. Charlie Resnick et Frank Elder, autres de ses personnages fétiches, ont déjà eu leur lot : c'est comme si Grayson et Walker ne pouvaient y échapper. Pas le moindre sentiment de répétition ou de déjà-vu chez le lecteur pour autant. A chaque fois, Harvey parvient à captiver par la richesse et la diversité de ses intrigues, et par le réalisme qu'il insuffle à ses personnages. Sans doute le plus sanguin et le plus jeune de ses policiers (d'ailleurs, il écoute du rock de son époque, à l'inverse de Resnick et de Elder, amateurs de jazz), Grayson marque fortement l'intrigue de sa personnalité, sans pour autant être le personnage le plus présent. Impossible pour lui de conserver un regard froid et distant, de ne pas s'impliquer : il est lui-même père de deux jeunes enfants et « une fois qu'ils sont nés, tout change. Soi-même, on change. On réfléchit différemment », admet-il. L'empathie entre lui et Ruth, même s'il n'en laisse rien paraître, est évidente. Évidente lorsqu'il interroge des suspects, tant il ne peut s'empêcher de les malmener, de les pousser dans leurs derniers retranchements, au risque de les traumatiser plus qu'ils ne le sont déjà. Grayson n'a que l'objectif en tête : empêcher qu'il n'y ait d'autres victimes. L'éternel débat de la fin et des moyens, il semble l'avoir résolu, surtout si, au détour d'un des séminaires auxquels il est obligé d'assister, il peut lire que certains de ses supérieurs admettent « qu'afin de garantir une répression efficace du crime et d'assurer la sécurité publique, il est parfois nécessaire de porter atteinte aux droits de l'individu ». A l'image du temps gris et de l'horizon presque constamment chargé de nuages qu'Harvey évoque régulièrement tout au long de l'intrigue, 'Le deuil et l'oubli' s'impose par sa noirceur sans pour autant verser dans l'excès : ses personnages ne sont pas dépourvus d'humour, ce qui dénote sans doute la foi de l'auteur dans la valeur de la vie : même s'il faut parfois la défendre bec et ongles, il ne fait aucun doute qu'elle en vaut la peine.
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Scalpel

Troisième tome des aventures de Charlie Resnik, le policier britannique d'origine polonaise qui, après son divorce, se consacre à ses quatre chats auxquels il a donné les prénoms des grands jazzmen qu'il aime écouter à ses heures de répit, "Scalpel" débute sur un parking d'hôpital où le jeune interne, Tim Fletcher, réintégrant ses pénates après vingt-et-une heures de travail non-stop, se fait sauvagement agresser par un inconnu. Bilan : de nombreuses blessures au visage, aux mains et au jarret. C'est comme si on avait voulu lui enlever son physique et ses brillantes possibilités professionnelles puisqu'il a choisi la chirurgie.


Le Dr Fletcher sortait depuis peu avec Karen Archer, une jeune étudiante en lettres anglaises avec laquelle il avait rendez-vous le soir de l'agression. La jeune fille sortait avec lui depuis qu'elle avait rompu avec un étudiant en médecine et fils à papa du nom de Ian Carew.


Très vite, l'agent Lynn Kellog sent que la personnalité de Carew n'est pas très claire. Est-ce pour autant qu'il faut lui imputer l'agression de l'infirmier Karl Dougherty dans des toilettes publiques alors qu'il sortait d'un bar d'habitués, puis le meurtre d'Amanda Hooson, ex-stagiaire à l'hôpital ?


Une intrigue rondement menée où Harvey, une fois de plus, fait preuve d'une efficacité "simenonienne" pour dépeindre ses personnages, aussi bien ses policiers que ses victimes et ses assassins dans leur vie de tous les jours. Le mobile des crimes est à la fois original et terriblement vraisemblable - surtout à notre époque - même si en France, ce genre d'affaires est en général étouffée par le Conseil de l'Ordre. Glaçant par conséquent pour le lecteur qui finit par se dire : "Et si c'était à moi que ... ?"


Lisez "Scalpel" de John Harvey : vous ne serez pas déçu. ;o)
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Le deuil et l'oubli

Pourquoi tant de haine ? Qu’a donc fait le lecteur pour mériter un tel lavement ? L’avoir acheté ou emprunté, me répondra-t-on à juste titre. Heureusement emprunté, donc pas de regret. On a noté la tendance des écrivains anglo-saxons à la mélasse, au porridge et à la jelly, ici on atteint des sommets. Qu’est-ce qu’on a foutre de savoir si le marmot du personnage principal tartine du miel, de la confiture ou du beurre à son petit déj ? Qu’est-ce qu’on a foutre de savoir si l’inspecteur met un ou deux sucres dans son café ? Qu’est-ce qu’on a foutre des histoires de cul ? Qu’est-ce qu’on a foutre des magasins et de leurs vitrines sur le trajet du boulot…. La liste du baratinage et du remplissage est sans fin. Il faut combler de logorrhée visqueuse une histoire qui se traine. Il faut atteindre la page cent pour en savoir plus que la quatrième de couverture. Il y a des écrivains chiants et tristes à mourir, mais à ce point, cela relève du Guinness. A Fuir.
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Le deuil et l'oubli

Ce roman foisonnant exerce immédiatement une envoûtante attraction. S'agit-il d'un thriller ? D'un polar ? Plutôt, selon mes critères, d'un roman-tout-court sur le deuil subi lors de la perte d'un enfant et sur la reconstruction qui s'effectue si difficilement après un tel désastre.





Heather a disparu lors de vacances en Cornouailles au cours de l'été 1995. Le couple pourtant robuste formé par ses parents implose, les années passent. Ruth, sa mère "refait sa vie", donne naissance à Beatrice, sa seconde fille, qui 14 ans après la mort de sa soeur aînée, se volatilise à son tour sur le chemin qui la ramène chez elle après une leçon de musique. Le destin peut-il se montrer deux fois de suite aussi cruel pour Ruth ?





On ne peut pas parler de personnage principal dans le Deuil et l'oubli, mais de personnages principaux car John Harvey sait donner de l'importance à chacun d'entre eux. On entre successivement dans la vie de Ruth, la maman détruite, de Will, le policier chargé de l'enquête, de Mitchell, pédophile fraîchement libéré, d'Helen, enquêtrice à la vie sentimentale compliquée, et de bien d'autres. Même les paysages sont traités comme un personnage à part entière. La construction du roman est complexe mais sans jamais larguer le lecteur, le style de John Harvey est à son apogée.





Tout le travail de fourmi des policiers, l'exploitation de la moindre piste, l'exploration du passé sont analysés sous un microscope électronique. La douleur de Ruth est décrite avec justesse mais sans jamais sombrer dans le voyeurisme, la sensiblerie ou la niaiserie faciles dans ces circonstances. L'angoisse est prégnante, à chaque nouveau chapitre, on a envie qu'enfin, les enquêteurs trouvent un fil conducteur.





De multiples questions émergent dans ce récit, qui connaîtront de multiples réponses, car sa conclusion ne tient pas que dans le seul nom du coupable. Merci à John Harvey pour ce bon moment de lecture.
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Les années perdues

Les années perdues – Wasted years - représente un point d'orgue dans la carrière de Charlie Resnick. 1992, Charlie a atteint la maturité professionnelle, il exerce son métier à Nottingham, où le désenchantement le gagne petit à petit face à une nouvelle génération de voyous, pur produit des années Thatcher-la-Sanglante qui a semé durablement chômage, misère, désespérance dans tout le pays exsangue. Charlie en a aussi assez de bosser dans un milieu sexiste, raciste, et sur des dossiers truffés d'erreurs involontaires ou intentionnelles, par manque de moyens humains et financiers ou désinvolture. L'imminente libération d'un criminel arrêté dix ans plus tôt provoque en lui un afflux de souvenirs et le besoin de jeter un regard dans le rétroviseur. Quelques dates ont été choisies par John Harvey pour dresser un portrait intimiste, émouvant de cet homme bourru, taiseux, mal-à-l'aise dans son corps massif, maladroit avec les femmes, habillé à la mode de Cravovie dans les années 50, fou de jazz, de chats, de sandwiches aux compositions effrayantes et éternel porteur de cravates sur lesquelles s'affichent ses menus.





1969 : Nouvellement nommé dans la police, Charlie savoure son intégration, renie ses origines, répond en anglais au charcutier polonais de son quartier, puis cesse de fréquenter tout ce que le relie à la Pologne, commerces, clubs, communauté catholique ; il lâche la vodka pour les pintes, signe notable d'inclusion sociale.





1981 : Elaine, la femme de sa vie en sort officiellement. C'est là que s'arrête leur amour, à l'initiative d'Elaine qui demande le divorce. Lassée peut-être par l'hermétisme de son homme, ses horaires de travail sans queue ni tête, ses nippes-fripes alors que son salaire lui permet de s'offrir un costume qui aurait au moins l'air de lui aller et une chemise blanche. Elle ne sourit plus de voir les traces de sandwiches brie-saumon fumé-moutarde-mayo décorer ses frusques. Et puis surtout, elle considère que Thelonious Monk joue du piano comme si on lui avait coupé les deux bras. Et soudain, rester ensemble sous le même toit devient trop pénible à supporter.





Si l'enquête policière est comme toujours méticuleuse pour s'achever sur un épilogue bien planté dans la réalité, elle passe exceptionnellement dans cet opus, à mon avis, au second plan pour mettre sur le devant de la scène Charlie, qui pour la première fois se déboutonne devant les lecteurs pour dévoiler quelques pans de son intimité.

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Le corps et l'âme



J’ai été très facilement emportée dans l’intrigue, j’ai dévoré les pages les unes après les autres. Le récit est très bien construit, faisant s’entremêler deux intrigues. L’alternance passé/présent donne un rythme haletant qui nous fait vibrer jusqu’à la dernière ligne. Les personnages sont complexes et profonds.



Et que dire d’un tel final ! J’ai été littéralement scotchée. J’ai fermé le livre en m’exclamant « Oh c’est pas vrai ! »



J’ai ressenti une forte compassion face à Frank Elder, ce père dépassé, portant le lourd fardeau de la culpabilité et de la souffrance. Son dévouement pour sa fille est sans faille même si leur relation est compliquée. On ne peut s’empêcher d’être empathique envers Kat au vu du passé traumatisant qu’elle a vécu et qui ressurgit brutalement.



Les pages dégagent beaucoup de nostalgie et de douleur mais sans qu’on ait la sensation ça soit trop lourd. John Harvey écrit avec beaucoup de délicatesse et de nuances.



Un coup de cœur pour moi !
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Preuve vivante

John Harvey situe l’action de Preuve vivante dans le cadre authentique du Festival international du Thriller et du Film policier « Coups de feu dans le Noir », qui se tient annuellement à Nottingham. Il remercie d’ailleurs en postface les auteurs qui ont bien voulu faire une apparition dans les coulisses de l’intrigue, nourrissant sa trame et sa vraisemblance. Parmi eux, Ian Rankin adresse un clin d’œil à ses lecteurs, lors d'une séance de dédicaces.





Deux enquêtes distinctes mobilisent Charlie Resnick, le flic polak, bourru et taiseux, mal à l’aise dans son corps, fagoté comme l’as de pique, passionné de jazz, propriétaire de 5 chats aux noms de jazzmen, et créateur de sandwiches dont il retrouve les composants inattendus sur ses cravates et chemises. D’une part, des hommes sont agressés, dont l’un mortellement, par une prostituée, selon les premiers éléments recueillis par la police. D’autre part, il est demandé à Charlie d’assurer la protection de Cathy Jordan, auteur de romans policiers, invitée vedette du festival. Elle reçoit en effet des lettres de menaces d’un inconnu qui connaît sa bibliographie sur le bout des doigts.





Une fois n’est pas coutume, voilà un roman de John Harvey qui ne m’a pas autant emballée que les précédents lus. Le rôle de Charlie est réduit à la portion congrue, sa vie personnelle est à peine esquissée, ses interventions professionnelles relèvent du minimum syndical. Les enquêtes sont classiques, sans rebondissements notables, leur dénouement ne transcende pas le genre. Coutumier du fait, John Harvey inscrit toujours ses intrigues dans le climat social du moment ; il rappelle une fois encore dans quelles conditions budgétaires catastrophiques travaillent les policiers.





Alors ? Si tous les ingrédients sont réunis, pourquoi la recette n’a-t-elle pas tout à fait le même goût ? John Harvey utilise Preuve vivante comme prétexte pour évoquer sa passion pour le jazz, la littérature policière et le cinéma noir incrustant l'intrigue dans son érudition encyclopédique. Il y a donc dans ce roman une infinité de références musicales, littéraires et cinématographiques très pointues susceptibles de ravir les spécialistes qui - et ce n'est bien sûr que mon avis – font passer l'enquête de Charlie au second plan.
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De chair et de sang

De chair et de sang est le premier tome de la trilogie dédiée par John Harvey à Frank Elder, délaissant pour un temps Charlie Resnick. Avec humour, John Harvey fait se croiser dans cet opus, ses deux détectives fétiches au cours d'un bref paragraphe où ils échangent une poignée de mains comme pour se passer le relais.





Frank Elder entre en scène au moment où il prend sa retraite de la police de Nottingham après 30 ans de bons et loyaux services, trop bons peut-être puisque faute de temps, il a perdu en cours de carrière, sa femme, et qu'il ne voit plus sa fille Katherine que rarement. Il est un flic pétri d'humanité, remet sans cesse sur le tapis ses croyances et a priori, se tient éloigné des statistiques sur le taux d'élucidation des crimes récemment imposées, et il est bien intégré dans le monde qui l'entoure, en perpétuelle mutation. C'est un homme vrai avec ses qualités et ses failles qu'il ne cherche pas à masquer. Il parle peu, mais juste. Il est présentement rongé parce qu'en 1998, il a promis aux parents de Susan Blacklock de la retrouver après sa disparition inquiétante, et qu'il a échoué. Susan n'est jamais réapparue, son cadavre non plus. Or, Frank est un homme qui respecte la parole donnée.





Les souvenirs de Frank auraient pu rester enterrés au fond de sa mémoire, si la libération prématurée de Shane Donald ne les avait réveillés et si concomitamment une nouvelle disparition n'avait eu lieu, confortant l'idée, grassement relayée par les medias que Shane pourrait bien être le coupable une nouvelle fois. La truffe de fin limier de Frank hume l'air ambiant ; il est prêt à chasser.





Comme toujours avec John Harvey, l'atmosphère est plus importante que l'enquête qui n'en reste pas moins passionnante et bien ficelée. Tout est palpable dans ses mots concis et évocateurs, qu'il s'agisse de la météo, de la description des paysages ou des sentiments ambivalents éprouvés par Frank. Conformément au titre du roman – qui a obtenu en 2004 le Silver Dagger du meilleur roman britannique -, ses personnages sont bien faits de chair et de sang.

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De cendre et d'os

De cendre et d'os est le deuxième volet de la trilogie consacrée à Frank Elder, qu'il vaut mieux si possible lire dans l'ordre de parution pour savourer l'évolution du héros et suivre ses péripéties familiales.



 

Katherine, fille unique de Frank, victime d'une violente agression au cours de laquelle elle a failli perdre la vie, a du mal à reprendre pied. Ses études pâtissent de son mal-être, elle sort de plus en plus souvent nuitamment, découche, fréquente de jeunes marginaux, son boy-friend deale, elle connaît même la garde à vue. Joanne, ex-épouse de Frank, voit sa relation avec Martyn, pour qui elle a quitté son mari, faire naufrage tandis qu'elle abuse du vin blanc et des clopes pendant que Martyn folâtre avec une gamine filiforme type mannequin qui possède des lèvres en forme de bouche d'égout, Joanne dixit.



 

La scène inaugurale découvre une souricière tendue par la police pour arrêter un truand. D'abondantes forces de police sont déployées dans l'immeuble où vit Grant, pour l'heure au lit avec sa copine. Malheureusement, à la suite de ce qui semble être a priori un manque de coordination ou un dysfonctionnement, l'arrestation tourne au fiasco. Maddy Birch, inspectrice participant à l'opération, assiste au désastre et reste traumatisée par ce tragique épisode.





Au fin fonds de la Cornouaille où il est allé s'enterrer après sa démission de la police et sa rupture conjugale, Frank apprend les drames vécus par Maddy avec qui il a travaillé et partagé une (très) éphémère aventure quelques 16 ans plus tôt. Pour la seconde fois, Frank quitte son antre pour officiellement aller prêter main forte à ses ex-collègues, en qualité de consultant et officieusement pour se rapprocher de sa fille en souffrance, et jeter un oeil curieux sur la nouvelle vie de Joanne.





Comme toujours, John Harvey entremêle talentueusement les vies privées et professionnelles de ses personnages, tout en dressant l'état des lieux d'une société déliquescente où la frontière entre le bien et le mal est de plus en plus poreuse. Un beau et grand roman.

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