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Citations de John Le Carré (846)


Trouvez le gosse, expliqua Kurtz à son équipe de Jérusalem avant d'entamer son énigmatique voyage. Il y a un gosse et il y a son ombre. Trouvez le gosse, l'ombre suivra, aucun problème. Kurtz leur enfonça cette idée dans le crâne jusqu'à ce qu'ils le haïssent; il savait imposer une pression avec autant d'acharnement qu'il savait résister aux contraintes. Il téléphonait à ses hommes depuis les endroits les plus invraisemblables, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, simplement pour leur rappeler sans cesse sa présence. Alors, vous l'avez trouvé, ce gosse ? Il alla tirer des réservistes du confort de leurs planques administratives et les renvoya, sans solde, derrière leurs anciens bureaux dans le but d'accélérer les recherches. Trouvez le gosse. Il nous indiquera le chemin. Un jour, comme ça, il lui attribua un nom de code, Yanuka, nom affectueux signifiant gosse en araméen, ou plus exactement nourrisson à demi sevré. "Attrapez-moi Yanuka et je livrerai à ces clowns toute l'organisation sur un plateau."
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Des preuves. Des preuves trop précieuses pour les confier à la poste. Il apportait quelque chose. Pas juste dans sa tête, dans sa poche. Et il appliquait les Règles de Moscou. Des règles inculquées depuis le jour même où il avait été recruté pour travailler sur place comme un homme passé à l'Ouest. Des règles qui avaient été inventées pour sa survie; et pour la survie de son réseau. Les Règles de Moscou ordonnent que si vous portez physiquement un message, vous devez avoir sur vous aussi les moyens de vous en débarrasser! Elles ordonnent que si déguisé ou dissimulé qu'il soit - micropoint, écriture à l'encre invisible, film non développé, n'importe laquelle d'une des cent méthodes risquées et subtiles - malgré tout en tant qu'objet il doit être la première chose et la plus légère qui vous tombe sous la main, la moins voyante lorsqu'on la largue!
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Il n'y a qu'une seule raison de faire quelque chose. Et c'est parce qu'on en a envie.
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Posséder une autre langue est posséder une autre âme. c'est un grand roi qui a écrit ça, Charles V. (p.74)
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Pour l'avocat, la vérité, ce sont les faits bruts (..) Pour le romancier, les faits sont une matière première, un instrument plutôt qu'une contrainte, et son métier est de faire chanter cet instrument. La vérité vraie, pour autant qu'elle existe, se situe non pas dans les faits mais dans la nuance.
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On n'était plus en Pologne communiste, mais dans une Yougoslavie en pleine implosion, et le pays grouillait tellement de cinglés en tous genres (marchands d'armes, évangélistes, trafiquants d'êtres humains et de drogue, touristes de guerre, journalistes et espions du monde entier) que seuls les gens normaux paraissaient suspects.
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En cet instant, Guillam ne se sentait pas seulement trahi mais orphelin. Ses soupçons, les rancœurs qu’il avait si longtemps reportées contre le monde réel – contre les femmes de son existence, contre ses tentatives d’amour – se retournaient maintenant sur le CIrque et sur la magie défaillante qui avait si longtemps constitué sa foi. De toute sa force, il poussa la porte et bondit dans la pièce, pistolet au poing.
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Son visage s'était rembruni et ses rides s'étaient creusées au point que la luminosité blanche du vaste ciel du Saskatchewan ne pouvait en pénétrer les zones d'ombre. Justin entra résolument dans la petite ville, un trou perdu à trois heures de train de Winnipeg au coeur d'un infini neigeux, en évitant le regard des rares passants. Même le vent soufflant en continu du Yukon ou de l'Arctique, qui fouette cette immense plaine à longueur d'année, gèle la couche de neige, ploie les blés, secoue les panneaux indicateurs et les câbles aériens, n'empourprait pas ses joues hâves. Le froid glacial de - 20 degrés au bas mot stimulait son corps endolori. Avant de prendre le train à Winnipeg, il avait acheté une veste matelassée, une toque en fourrure et des gants. La rage qui l'étouffait lui servait d'aiguillon. Un rectangle de papier machine ordinaire rangé dans son portefeuille lui rappelait : RENTRE CHEZ TOI ET TIENS-TOI TRANQUILLE, SINON TU REJOINS TA FEMME.
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Guido attendait sur le seuil du cottage, vêtu d'un manteau noir trop long pour lui et encombré d'un cartable qui ne tenait pas sur ses frêles épaules. D'une main décharnée, il serrait une boîte en fer contenant ses médicaments et ses sandwiches. Il était 6 heures du matin. Les premiers rayons du soleil printanier ourlaient d'or les toiles d'araignée sur le talus herbeux. Justin avança la jeep le plus près possible du cottage. Sous l'oeil de sa mère à la fenêtre, Guido repoussa la main que lui tendait Justin pour sauter sur le siège du passager, bras, genoux, cartable, boîte en fer, basques compris, et s'affaler à ses côtés comme un oisillon après son premier vol.
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"_ Nous avons le Pentagone avec nous, la volonté, les hommes entraînés, la technologie, le Sénat, le Congrès, le Parti républicain, le choix de la politique extérieure. Et nous tenons les médias en temps de guerre. La dernière fois, c'était mainmise totale, cette fois ce sera encore plus total. Personne ne nous arrête sauf nous-mêmes, Ben. Voilà la vérité."
Il y eut un moment de silence, que Kirby fut le premier à rompre.
"Il faut toujours un peu de courage pour sauter le pas, grommela-t-il. Thatcher n'hésitait jamais. Les autres, là, ils ne font que ça."
Le silence retomba.
"Et c'est comme ça qu'on perd des canaux", commenta Cavendish sans faire rire personne."
Nouveau silence.
"Vous savez ce que (le général) Van m'a dit l'autre jour, Geoff ? demanda Elliot.
_ Quoi donc, mon vieux ?
_ Tous les gens ont leur idée sur le rôle que doit jouer l'Amérique, surtout quand ils ne sont pas américains. En général, ils n'ont pas de rôle à eux. En général, ce sont des branleurs."
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Le sourire est plus triste, la poignée de main plus longue, et M. Blüthner porte une cravate noire du magasin.
"Votre oncle Benjamin était un grand monsieur, dit-il en tapotant l'épaule de Pendel de sa petite main fragile.
_ Un géant, monsieur Blüthner.
_ Votre affaire prospère, Harry ?
_ J'ai cette chance, monsieur Blüthner.
_ Cela ne vous inquiète pas que notre planète ne cesse de se réchauffer ? Bientôt personne n'achètera vos complets.
_ Monsieur Blüthner, quand Dieu a inventé le soleil, il a eu la sagesse d'inventer l'air conditionné."
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"C'est l'ambassadeur d'Espagne, Excellence, cria Marco depuis le bureau. Il désire une audience privée.
_ Dites-lui demain soir, après les Taiwanais."
Pendel se trouvait maintenant face à face avec le maître de l'univers, le seigneur de l'échiquier politique international et de l'équilibre des forces au XXIème siècle. Pendel glissait deux doigts derrière la ceinture présidentielle lorsque Marco annonça un autre appel d'un certain Manuel.
"Dites-lui mercredi, ordonna le président par-dessus le paravent."
La taille présidentielle n'était pas facile à ajuster. Quand l'entrejambe allait bien, la longueur du pantalon ne convenait plus. Pendel rehaussa la ceinture, et le pantalon remonta au-dessus des chaussettes en soie du président, qui ressembla passagèrement à Charlie Chaplin.
Et soudain, un calme plat s'abattit sur le sanctuaire, ce que Pendel avait décrit à Osnard comme l'oeil du typhon. Personne ne parlait, ni Marco, ni le président, ni les nombreux téléphones. Le maître espion s'agenouilla pour épingler le bas de la jambe gauche du pantalon présidentiel, mais sans perdre sa présence d'esprit.
"Oserai-je demander à Son Excellence si elle a pu prendre un peu de repos lors de sa triomphale tournée en Extrême-Orient ? Un peu de sport, peut-être ? Une promenade ? Quelques courses, si je puis me permettre cette audace ?"
Et le téléphone restait muet, rien ne venait troubler la trêve bénie tandis que le gardien des clés du pouvoir universel songeait à sa réponse.
"Trop serré, déclara-t-il. Je suis trop serré, monsieur Braithwaite. Pourquoi ne voulez-vous donc pas que votre président respire, vous autres tailleurs ?"
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La route s'élargit. Marée basse et faible lumière sur le Pacifique. Les îles grisâtres de l'autre côté de la baie ressemblent à de lointaines montagnes chinoises en suspension dans une brume ombreuse...
Une douzaine de bateaux flottent en une file fantomatique au-dessus de la ligne d'horizon invisible en attendant de pouvoir emprunter le canal. Dans un élan d'empathie, Pendel éprouve l'ennui de la vie à bord : il se voit transpirer sur le pont immobile ou allongé dans une cabine puante au milieu d'étrangers et de vapeurs de mazout. Plus de temps mort pour moi, se jure-t-il avec un frisson d'horreur. Plus jamais. Jusqu'à la fin de sa vie, Harry Pendel profitera pleinement de chaque heure de chaque jour, c'est décidé.
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"_ Pourquoi payez-vous si cher un avocat ?...
_ Il a dit qu'il achèterait le juge, Ramon, expliqua Pendel avec l'humilité d'un coupable qui se justifie. Il a dit qu'ils étaient amis et qu'il préférait que je ne m'en mêle pas.
_ Mais dans ce cas, pourquoi le juge a-t-il reculé la date de l'audition ? Et pourquoi ne vous a-t-il pas accordé l'eau comme promis ?
_ Parce que ce n'était plus le même juge, Ramon. Ils en ont nommé un autre après les élections, et le pot-de-vin n'était pas transférable de l'ancien juge au nouveau. Maintenant, le nouveau laisse traîner l'affaire, le temps de voir qui lui fera la meilleure offre. D'après le greffier, le nouveau juge est plus intègre que l'ancien, donc son tarif est plus élevé. Avoir des scrupules, ça coûte cher, au Panama, et c'est de pire en pire."
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Dans St James' Park, l'été prématuré entamait sa troisième semaine. Au bord du lac des filles étaient allongées comme des fleurs coupées dans la chaleur anormale d'un dimanche après-midi de mai.
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Le sommet d'une des collines de Mendip côté Bristol offre un des plus beaux panoramas d'Angleterre, avec une vue plongeante sur des petits champs et des villages traditionnels qui s'étend jusqu'à la ville par une échappée entre deux hautes collines. C'était un des endroits où j'avais emmené Emma certaines soirées ensoleillées lorsque nous avions envie de prendre la voiture et d'aller nous promener pour le plaisir. Au printemps et en été, ce lieu est très fréquenté par des couples d'amoureux. Et dans les champs voisins, les pères jouent au football avec leurs enfants. Mais vers la fin octobre, entre 1 heure et 7 heures du matin, on est assuré d'y trouver une parfaite intimité.
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"Si vous voulez passer un super Noël, essayez donc Grozny en décembre... Il y fait noir comme dans un tunnel, ça pue le pétrole, les chiens sont ivres, les jeunes portent des bijoux en or et des Kalachnikov.
_ Grozny, en Russie ? fais-je avec un regard éberlué.
_ En Tchétchénie, pour être exact. Dans le Caucase du Nord. C'est devenu indépendant. Mais unilatéralement. Moscou n'apprécie pas franchement.
_ Comment y es-tu allé ?
_ En stop. J'ai pris l'avion jusqu'à Ankara, puis jusqu'à Bakou, je suis remonté un peu le long de la côte et j'ai tourné à gauche. Du gâteau.
_ Et que faisais-tu là-bas ?
_ J'allais voir des amis. Des amis d'amis.
_ Des Tchétchènes ?
_ Un ou deux, et quelques uns de leurs voisins.
_ Tu en as informé le Service ?
_Oh, je me suis dit que ce n'était pas la peine. Un petit voyage pour Noël, de belles montagnes, de l'air pur... Qu'est-ce que ça peut leur faire ?
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Même pour cette époque de l'année, la neige était impressionnante. D'énormes tourbillons balayaient l'avant-cour illuminée de l'hôtel, telles des vagues frangées d'écume lors d'une tempête. Les chasseurs, prévenus de l'arrivée d'un hôte de marque, scrutaient la tourmente dans l'expectative. Roper ne va jamais y arriver, se dit Jonathan. Même si l'avion a eu l'autorisation de décoller, il n'aura jamais pu atterrir par ce temps. Herr Kaspar a dû faire erreur.
Mais Herr Kaspar, le chef concierge, n'avait jamais fait d'erreur de sa vie. Quand il murmurait "arrivée imminente" dans l'interphone, seul un optimiste congénital pouvait s'imaginer que l'avion du client avait été dérouté. Et puis, pourquoi Herr Kaspar aurait-il été à son poste à cette heure-là sinon pour attendre un gros client ? Il fut un temps, avait dit Frau Loring à Jonathan, où Herr Kaspar vous aurait estropié pour deux francs et étranglé pour cinq. Mais la vieillesse, ça vous change un homme. Maintenant, seul l'espoir de gagner beaucoup pouvait arracher Herr Kaspar aux joies vespérales de la télévision.
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Pour couronner le tout, Munich était le creuset des aspirations pangermaniques les plus échevelées, dont les tenants considéraient même les frontières de 1939 comme un simple prélude à "l'indispensable expansion" allemande.
Sévissent-ils toujours au moment où j'écris ? J'en ai bien peur, et ils doivent avoir l'air moins déments qu'à l'époque où mon travail consistait à frayer avec eux. Smiley, sans lequel je n'y aurais jamais pensé, me cita un jour Horace Walpole : ce monde est une comédie pour les hommes de tête, une tragédie pour les hommes de coeur. Eh bien, pour la comédie, Munich a ses Bavarois. Et pour la tragédie, son passé.
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A l'occasion d'un bref arrêt au bar des officiers supérieurs..., j'étais tombé sur Peter Guillam, le Watson de "Sherlock" Smiley pendant l'interminable traque du traître opérant au Cirque...
Peter n'avait pas eu de nouvelles de George depuis... oh, un an au moins, peut-être plus. George s'était acheté un cottage dans le nord de la Cornouailles, prenait un malin plaisir à éviter le téléphone, et jouissait d'une sinécure à l'université d'Exeter qui lui ouvrait l'accès à la bibliothèque. J'imaginais tristement George en ermite méditatif lors de promenades solitaires à travers la campagne déserte, George allant chercher à Exeter un peu de chaleur humaine dans son vieil âge, avant de rejoindre un jour le Walhalla des espions.
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