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Critiques de Joyce Carol Oates (3260)
Ce que j'ai oublié de te dire

Je suis à chaque fois un peu plus émerveillée par le talent de Joyce Carol Oates qui, réussit d’une main de maître à décrire la psychologie et les états d’âme de chacun de ses personnages.



C’est la dernière année de lycée pour ces jeunes filles issues d’un milieu privilégié, évoluant dans un lycée privé et huppé de la côte est des États-Unis. Pourtant, que de violence au quotidien dans leurs vies auréolée d’or et d’argent… si Merissa, Nadia et leurs amies ont tout le confort matériel nécessaire, psychologiquement parlant, elles souffrent toutes d’une manière incommensurable. D’autant plus depuis la perte de Tink, leur meilleure amie à toutes, à qui chaque secret pouvait être confié sans soucis. Alors qu’elle semblait respirer la joie de vivre, Tink s’est suicidée, sans crier gare. Depuis, ses amies, chacune de leur côté, tentent de se reconstruire et de passer le cap du lycée.



Familles toxiques, absentes, harcèlement scolaire, moqueries, auto-mutilation … Joyce Carol Oates enlève le vernis qui semble parer ces familles aisées de perfection et dévoile un monde sanglant et terrifiant. Les apparences règnent en maître dans ce monde où les déséquilibres psychologiques doivent être étouffés, plutôt que discutés et traités. À nouveau, l’écrivaine détaille minutieusement la vie de ces jeunes filles qui se noient au quotidien dans un milieu hostile, qui ne fait aucune concession.



C’est effrayant, passionnant, effarant … c’est à nouveau du grand JCO !
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Le ravin

Oui, joyce Carol Oates est sans doute trop prolixe, et cette fiction - publiée sous le pseudo de Rosemonde Smith que l auteure réserve à ses œuvres mineures - n ´ est pas du niveau de ses chefs d œuvre : « Blonde », « Nous etions les Mulvaney », et surtout, selon moi, « Les Chutes ».

Ceci dit, c est un bon roman, plutôt prenant ; la patte de Oates est bien présente dans la finesse de certaines analyses, la peinture de personnages tordus, comme dans le stylelyi- meme… Roman très agréable finalement. Et qui, surtout, vaut largement tout un tas de bouquins venant d auteurs vis à vis desquels on est certainement plus indulgent, moins exigeant…
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Un livre de martyrs américains

Muskegee Falls, un matin de 1999. Luther Amos Dunphy assassine Gus Voorhees devant le centre pour femmes où il travaille comme médecin avorteur. L’homme qui l’y a conduit, un bénévole, est également abattu.

Le roman alterne entre les deux pôles opposés du drame, ceux du meurtrier et de sa victime, et confronte ainsi deux faces a priori irréconciliables de l’Amérique.



Il donne d’abord la parole à Luther, sous la forme d’un "je" déroulant un long soliloque qui devient rapidement pénible. Son crime, qu’il considère comme un devoir, presque une corvée à laquelle il ne pouvait se dérober puisqu’imposée par la voix du Seigneur qui l’a appelé à le commettre, n’était rien de moins qu’un acte de légitime défense en faveur des innocents auxquels le docteur Voorhees allait ôter la vie. Si les convictions qu’il ressasse n’auront pas suffi à faire grincer des dents ceux qui ne les partagent pas, les contradictions entre la rigueur morale que son Dieu lui fait prôner et certains de ses comportements passés (accès de brutalité gratuite et infidélités conjugales) finiront sans doute par effacer tout éventuel résidu d’empathie envers ce triste personnage, qui exprime par ailleurs une vision archaïque et réductrice de la femme, jugée inférieure à l’homme car faible et indécise, notamment lorsqu’elle est enceinte, et que son état mental est bouleversé par les hormones. Malgré ses arrangements avec sa propre conscience - il tranche lui-même quant au jugement de Dieu sur ses actes, c’est pratique-, c’est aussi un homme torturé mais qui refuse de l’admettre (la dépression étant un péché envers Jésus), par la mort de sa fille handicapée de trois ans, survenue dans un accident de voiture alors qu’il était au volant. Depuis ce drame sa femme Edna Mae s’abrutit de médicaments qu’elle prend en cachette de son mari.



Le roman se rapproche ensuite des filles, du même âge, de Gus et de Luther, qui malgré leurs différences, vont connaître avec la perte de leurs pères respectifs (l’un assassiné, l’autre incarcéré puis condamné à mort) des destins aux nombreuses similitudes.



La mort de Gus a provoqué chez Naomi Voorhees une amnésie traumatique qui l’incite, quelques années après le drame, à collecter des archives afin de reconstituer "la Vie et la mort" de celui dont la perte constitue le seul événement de sa vie, et représente en même temps une expérience à laquelle elle est incapable de donner une forme. Elle qui a toujours été la worrywart (la bileuse, la pelote d’angoisse) de la famille -coincée entre un aîné désinvolte et rebelle, et une plus jeune sœur adoptive- est comme restée pétrifiée par le drame, s’interdisant de commencer sa vie ou d’aimer, puisque ce qui compte le plus pour elle ne peut être partagé avec personne. Elle est seule pour affronter son deuil : sa mère Jenna a décrété à ses enfants ne plus pouvoir être leur maman, et les a confiés à leurs grands-parents, et ses frère et sœur ont mis leur histoire à distance, en partant vivre loin des leurs.



Une solitude dont souffre également Dawn Dunphy, adolescente balourde et introvertie au parcours scolaire poussif, à qui sa laideur pèse. Elle est habitée d’une anxiété permanente et d’une rage silencieuse qui s’exprime à l’occasion d’éclats rares mais possiblement violents. Comme chez les Voorhees, on évite chez les Dunphy d’évoquer l’événement à l’origine de la déroute familiale.



La manière dont Joyce Carol Oates rapproche, par leurs nombreux points communs, ces deux jeunes filles pourtant très différentes et à qui l’on a inculqué des valeurs diamétralement opposées (Naomi dans la proclamation du droit de la femme à disposer de son corps, Edna dans celle du crime inadmissible que représente l’avortement), est troublante. Toutes deux doivent composer avec le poids d’une réputation paternelle non seulement lourde à endosser d’un point de vue moral -chacune est convaincue du bien-fondé des principes prônés par leur père respectif, mais semble écrasée par l’intransigeant courage nécessaire à leur application- mais aussi d’un point de vue social. Harcelées par leurs camarades, elles sont dépassées par les conséquences de l’engagement collectif au nom duquel Gus comme Luther ont oblitéré leurs responsabilités familiales. Livrées à elle-même, devenues des "filles de", elles peinent à trouver leur propre voie, entravées par une loyauté qui les poussent à une improductive détestation de l'autre camp.



C’est un roman qui fait froid dans le dos, en dépeignant une réalité que l’on préfèrerait dystopie… car que penser d’un pays où il est nécessaire, devant des centres pour femmes où chaque jour manifestent des quidams brandissant des pancartes et scandant des slogans "pro-vie", de placer des policiers en faction pour protéger les locaux et le personnel d’éventuels actes de vandalisme ou d’agressions ? Où, au nom de la liberté expression, on permet à des groupes extrémistes de publier des listes d’avis de recherche de médecins avorteurs, incitant implicitement les plus fanatiques à les éliminer ? Où les acquis sociaux et féministes régressent sous les coups d’une extrême-droite de plus en plus audible et influente ? C’est en tous cas un pays fracturé autour de deux camps qui ne suivent pas les mêmes lois, les uns niant la légitimité de celle, séculière, qui est susceptible de changer à chaque élection, pour ne suivre que celle, sacrée et immuable, que professe soi-disant leur religion. Et en ne versant à aucun moment dans le manichéisme, en démontrant que chacun est convaincu en toute bonne foi et avec les meilleures intentions du monde de la justesse morale de sa position, Joyce Carol Oates nous laisse avec la désespérante conviction que la guerre qui oppose rationalisme et superstition est loin d’être gagnée.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Valet de pique

Valet de Pique / Joyce Carol Oates

Le narrateur Andrew Rush est un écrivain de romans policiers réputé. Enfant du pays demeurant à Harbourton dans le New Jersey, bon père de famille connu de tous et attentionné à l’égard de son épouse Irina, il écrit aussi sous un pseudonyme « Valet de Pique » des thrillers quelque peu dépravés, sanglants et machistes. Il tient absolument à tenir secret cette dichotomie, même à l’égard de sa famille.

Jusqu’au jour où il reçoit une convocation au tribunal, accusé de vol et plagiat par une certaine C.W.Haider dont il n’a jamais entendu parler. Lui qui est la probité incarnée tombe des nues, s’en remet à son éditeur qui le confie aux mains de l’avocat de la maison d’édition.

C.W.Haider est déboutée , mais à partir de ce jour, Andrew bien que lavé de toute accusation n’est plus le même homme : il se sent touché par une sorte de malédiction étrange, une sorte de malaise flottant, léthargique qui au fil des semaines le conduisent à commettre des actes impensables, frappé d’une névrose obsessionnelle et puis d’un délire paranoïaque, son couple vacillant et lui sombrant dans l’alcoolisme.

Dans un style enlevé et efficace, Joyce Carol Oates nous dépeint la vie soudainement bouleversée d’un écrivain à succès pour qui cependant tout semblait sourire. Ce récit m’a fait songer à Dr Jekyll et Mr Hyde de Stevenson, les deux faces opposées d’un même individu. Valet de Pique va jouer des tours à Andrew, des très mauvais tours.

Ce qui est intéressant aussi dans ce roman, c’est l’évocation du plagiat en littérature : nombre d’écrivains obscures ont été spoliés, pillés, copiés par d’autres plus célèbres.

Malgré ses qualités suscitant un suspens permanent qui vous fait dévorer les pages, ce roman m’a laissé sur ma faim notamment sur l’accusation de plagiat dont est soupçonné Andrew : le dénouement de cette histoire aurait demandé plus de tonus et plus de clarté. On n’a pas réponse à toutes les questions soulevées au cours du récit. La fin nous laisse vraiment sur notre faim… ! Elle est même décevante.

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Respire...



Ce roman de JCO est inspiré de sa propre vie et de son second deuil (le premier avait fait l’objet du très beau J’ai réussi à rester en vie). 

C’est l’histoire d’un couple d’intellectuels, Michaela, enseignante en charge d’un atelier d’écriture et de son mari, plus âgé, Gérard, chercheur et philosophe spécialiste de Spinoza. 

 

Ils sont arrivés il y a peu au Nouveau Mexique. Rapidement une toux sèche vient secouer Gérard. Mais il tarde à consulter. Une fois le diagnostic du cancer posé, l’issue n’en sera que plus rapide … et fatale. 

Ce roman c’est l’histoire d’un deuil qui se focalise sur les quelques jours qui précèdent la mort de Gérard et sur ceux qui suivent.  Durant la première phase, à l’hôpital, nous voyons Michaela qui tente de maintenir la tête hors de l’eau, de rester forte face à son mari dont l’état se dégrade considérablement, qui tente elle aussi de respirer pour ne pas sombrer. Ces quelques jours sont entrecoupés de flash-back qui nous éclairent sur la relation de ce couple quasi fusionnel et d’implorations destinées à Gérard : Respire … comme pour lui insuffler le souffle qui vient à lui manquer.

La seconde partie est celle du deuil, celui de cette veuve qui éprouve un puissant et profond sentiment de vide. La solitude vient altérer ses pensées. Ils formaient un duo ; elle ne peut se résoudre à voir cette union rompue. Ses tourments se confrontent difficilement à la réalité et se fondent dans des rêves quasi mystiques. Là j’avoue avoir parfois décroché. A plusieurs reprises, je suis revenue en arrière pensant avoir sauter un passage, ne comprenant pas toujours si l’on était dans la vraie vie ou ses hallucinations. Cependant, à aucun moment je n’ai songé à abandonner. La puissance de l’écriture de JCO qui illustre si bien ce mélange d’agitation, de chagrin ou encore de déchirement.

 

Ce livre se lit tel un journal de bord. Celui d’une femme dont on peut parfois penser qu’elle est totalement dépendante de son mari, mais dont on soupçonne néanmoins que cela pourrait arriver à chacun ou chacune d’entre nous suite à la perte d’un être cher. Une profonde réflexion sur le deuil qui s’achève et ce qu’il reste à construire, l’après.

 

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Un livre de martyrs américains

Ce livre est impressionnant. Je suis admirative. On est bien loin de la pensée unique et simplifiée. Malheureusement ce fut un peu trop ambitieux pour moi. J'ai également beaucoup de mal avec les descriptions de religieux complètement fanatiques et je constate que Joyce Carol Oates est un peu la reine pour nous foutre dans la peau d'un personnage jusqu'au malaise. J'ai mis plus d'un mois à le terminer ce qui explique ma note mitigée, néanmoins je suis ravie et fière de l'avoir lu.
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Nuit néon

Quand je perds l'envie de lire, je retourne à la source : JCO et tout va mieux. Ici, encore des textes ciselés entre la réalité et la glace très fine de l'ailleurs. Grâce à cette compilation, j'ai retrouvé le goût de lire. Tel est le grand pouvoir de mon auteure préférée !
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Paysage perdu

Joyce Carol Oates nous livre ici une autobiographie de son enfance. Etant une fan inconditionnelle de ses romans, j'ai tout autant apprécié cette autobiographie que ses nouvelles ou autres histoires.



Avec l'art de la narration qui lui est propre, JCO nous décrit ici son enfance, sa jeunesse, puis ses études de lettres qui l'amèneront plus tard à être l'une des plus grandes romancières américaines du XXIème siècle.



Issue d'une famille modeste, JCO a pourtant eu une enfance heureuse et bien entourée par sa famille. Son histoire familiale, ses racines, puis les événements rencontrés dans sa vie comme les tensions raciales au début de ses années de mariage nourriront son imagination débordante et alimenteront ses thèmes de noirceur humaine.



Bien qu'il s'agisse d'un portrait d'elle-même et non pas d'un roman, le talent de JCO pour raconter les aventures, odeurs et sensations est toujours intact.
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Carthage

À Carthage, au nord de l’État de New-York, la famille Mayfield, le père, Zéno, patricien, avocat, ancien maire, la mère Arlette, dans l’ombre, la fille aînée, la belle Juliet et la cadette, l’intelligente et rebelle Cressida.

Brett Kindcaid, le fiancé de Juliet, revient disloqué d’Irak. À l’issue d’une soirée arrosée, il est soupçonné du meurtre de Cressida, qui est réalité n’est pas morte et a profité de la situation confuse pour survivre incognito sept ans en Floride. Elle revient, épuisée, pour se faire pardonner. La puissance de JCO nous emporte pendant 500 pages tendues, nous plonge dans la psychologie des êtres humains, dans les marges, nous fait connaître des terres inconnues. Passionnant.

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Dans le bleu (Un endroit où se cacher)

Un roman sur le deuil et sur l'addiction à travers les yeux d'une adolescente. A l'âge où tous les sentiments et les sensations sont exacerbés, comment survivre à la douleur physique et à la perte d'un parent ?

Joyce Carol OATES réussie à nous plonger dans les émotions traversées par Jenna sans jamais tomber dans la carricature. Son héroïne doit se reconstruire après un terrible accident, dans lequel elle a perdu sa mère. Cette jeune fille souffre tant physiquement que psychologiquement, à un âge où on a tellement besoin de sa mère et d'assumer son image face aux autres. "Dans le bleu" c'est l'endroit où son esprit se réfugie grâce aux drogues pour rendre la réalité plus supportable, malgré les difficultés Jenna devra trouver la force de vivre après le "naufrage".

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Viol, une histoire d'amour

Un livre percutant, à ne pas mettre entre toutes les mains. L’auteure montre comme les victimes sont doublement condamnées quand, après avoir subi des sévices atroces, elles sont jugées coupables par l’opinion publique et la justice qui ne condamne pas assez lourdement les criminels. J’aurais aimé que cette lecture soit plus longue pour en apprendre davantage sur Tina et sa fille et leur vie d’après.
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Respire...

Face à la mort, le désir de comprendre, la volonté de vivre malgré tout, le sujet ne m'enthousiasmait pas. Cependant, l'autrice réussit à faire partager une expérience métaphysique de façon positive, ouverte sur l'espoir. Les toutes dernières pages, auxquelles je ne m'attendais pas du tout, montrent que toutes ces épreuves ne sont que les étapes à franchir au cours d'un parcours initiatique qui s'ouvre finalement sur une délivrance.
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Un (autre) toi

Je découvre cette auteure dont je ne connaissais que le renom. Ce recueil regroupe quinze nouvelles déjà parues (certaines assez récemment) dans des magazines.

Bien sûr, certaines m'ont moins plu, d'autres m'ont enthousiasmée. Globalement, j'ai apprécié la créativité littéraire, la liberté dans le style, la variété des histoires, où règne souvent un climat d'instabilité, de doutes, de regrets. Certaines nouvelles se répondent avec une reprise des lieux, des personnages, mais vus sous un angle différent.

Parfois, le réel bascule dans le fantastique, les fins sont ouvertes, il y a des ellipses narratives qui m'ont un peu gênée.

Mais cette écrivaine mélange brillamment le prosaïque et la profondeur. Ses textes nous interrogent sur notre propre vie.

Ce qui me donne envie d'aller piocher à nouveau dans l' œuvre immense de cette grande dame née en 1938.
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Cardiff, près de la mer

Ce recueil de quatre nouvelles, dont certaines sont suffisamment longues pour constituer un roman, a pour unité une atmosphère dérangeante et malsaine, où les femmes sont prisonnières tant de leur "innocence, c'est à dire l'ignorance" que de l'emprise qu'exercent les hommes sur elles.



La structure des trois premieres nouvelles est quelque peu similaire : une accroche mise en exergue ou bien un élément qui permet d'éclairer le denouement. Elles ont en commun une forme de suspens, mais surtout un malaise grandissant, dans un récit qui oscille entre imaginaire et réalité triviale. Les hommes n'y sont pas à leurs avantages : Égoïstes, violents, imbus d'eux-mêmes, predateurs sexuels, manipulateurs, obsédés, assassins...



Nouvelle : Cardiff, près de la mer

La recherche des origines pour une personne adoptée est forcément un remaniement psychique destabilisant. Elle fait la découverte d'une famille décimée, dont elle est la seule survivante. C'est une irruption brutale dans sa vie, qui la conduit à creuser dans cesse cette question : ai-je été aimée ?

La fin de la nouvelle reprend en partie le début et laisse perplexe. A t'elle vraiment décroché le téléphone fixe et répondu à l'avocat Fisher, lui annonçant quelle héritait à Cardiff de sa grand mère ? A t'elle vécu ou fantasmé ce periple vers ses origines ? Renonce t'elle a son héritage (dans sa double acceptation patrimoniale mais aussi identitaire)?



Nouvelle Miao Dao :

l'adolescence est une période où un double identitaire peut permettre de survivre aux pressions et harcèlement. Ce double est parfois doux comme une chatte blanche ou furieux et dangereux comme un lynx.



Nouvelle: comme un fantôme 1972

Alyce n'est pas au pays des merveilles! Étudiante brillante, enceinte de son chargée de cours, homme profondément égoïste et narcissique, elle pense trouver de l'aide auprès d'un professeur poète, qui peut être trouve plus de réconfort à sa présence et à son talent (alors que le sien s'étiole) qu'il ne pourra lui en donner en retour.



Nouvelle : l'enfant survivant.

Elizabeth, nouvellement mariée, essaye de tisser un lien avec son jeune beau fils, épargné par le suicide et infanticide de sa mère, célèbre poétesse probablement bipolaire. L'anxiété règne dans cette maison où la presence/absence de la morte créé une fascination morbide, quand le mari n'apparaît plus sous son meilleur jour.



Joyce Carol Oates est particulièrement douée pour distiller doute et tension psychique.

Un très bon livre qu'on peut entrecouper d'autres lectures puisque ce sont des nouvelles.

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Reflets en eau trouble

At a 4th of July party, Kelly Kelleher meets the Senator. She could be his daughter but they flirt all afternoon and decide to leave together. The Senator has had to much to drink and is driving to fast along the coast road. At one point, he misses a turn, the car dives into the water and sinks. Struggling, the Senator is able to free himself from the car leaving Kelly alone. She is sure he will come back, sure that she will get out of the car but none of this happens, the Senator has just run away, thinking only about his reputation. A cruel story where the timeline is tangled and the border between reality and Kelly’s dreams blurred.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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Femme à la fenêtre et autres histoires à suspense

C'est mon premier Oates de l'année !



Je me rends compte en prenant connaissance du titre anglais "Night-gaunts" que l'on perd forcément en évocation avec le titre français "Femme à la fenêtre" qui part d'un postulat différent (et du titre de la première nouvelle).



"Night-Gaunts" faisant clairement référence aux créatures décharnées du monde de H.P. Lovecraft (qui ont en premier lieu hanté ses cauchemars lorsqu'il était enfant).



La dernière nouvelle de ce volume "Les maigres bêtes de la nuit" s'inspire en effet de la vie du maître du fantastique (et du poème éponyme qui figure ici en épigraphe), elle contient même certains passages de ses œuvres comme c'est le cas pour Les montagnes Hallucinées.



De fait, ce qui a retenu mon attention dans la couverture de l'ouvrage, ce n'est donc pas la référence à Lovecraft (puisqu'il n'y en avait pas !) mais plutôt la référence au peintre Edward Hopper qui avait l'habitude de peindre ce genre de scènes : des femmes en attente. Artiste qui a inspiré la première nouvelle de ce recueil.



C'est un peintre que nous aimons beaucoup à la maison, je possède encore l'affiche de l'exposition 2012 au Grand Palais (et quelle expo !).

Hopper a beaucoup travaillé sur la notion de regard et surtout celui du spectateur, ses peintures sont en cela à la fois très intimistes et cinématographiques. Ces scènes figées contiennent en elle-même une intention, une puissance, une attente forte.

Assurément, il y a dans ces 6 nouvelles de Joyce Carol Oates un jeu de regards intense et fiévreux autour du personnage de la femme.



L'amour et la haine, la puissance du féminin, la violence du masculin, l'attente, le dégoût, la folie… Autant de thématiques développées entre ces pages qui ne vous laisseront de toute façon pas indifférent…
Lien : https://www.xn--rdactrice-b4..
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Dans le bleu (Un endroit où se cacher)

Jenna survit à un terrible accident de voiture dans lequel sa mère a péri.

Elle va devoir apprendre à revivre, à avancer dans son nouveau quotidien, elle qui a dû emménager dans sa famille et découvrir un nouveau lycée.



Elle reprend pied peu à peu à l’aide des antidouleurs qui l’ont aidée à reprendre conscience et à avancer. Mais ils sont un très bon moyen pour Jenna de partir loin de la réalité, dans le bleu…



Malgré la terrible situation qu’elle traverse cette jeune fille n’en demeure pas moins une adolescente qui doit se faire de nouveaux amis.

Cette deuxième partie m’a moins plu, j’y ai trouvé davantage de longueurs jusqu’à ce que surviennent des évènements…



Dans ce roman Jenna est la narratrice qui retranscrit ses pensées comme elles viennent, avec ses peurs, ses réactions brutes.

Et puis il y a les proches, ceux qui essaient d’être présents et patients. La relation entre les personnages est intéressante parce que l’on ne peut qu’imaginer ce qu’ils doivent traverser.



Un roman qui fait écho à l’après accident des survivants. Des moments forcément poignants et émouvants, d’autres qui nous font espérer pour Jenna.







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Dans le bleu (Un endroit où se cacher)

Jenna a quinze ans lorsqu'elle est victime d'un accident de voiture avec sa mère. Jenna sera transportée à l'hôpital dans un état critique. Sa mère, quant à elle, ne survivra pas. Pour atténuer ses douleurs, les médecins prescrivent à Jenna des opiacées très forts. Quand elle les prend, elle se retrouve "dans le bleu" : là où tout est facile, là où elle se sent bien, là où il n'y a plus de douleur, là où elle peut fuir la réalité. Un univers auquel elle a développé une accoutumance.

A sa sortie de l'hôpital, Jenna se sentira seule et indigne d'être aimée et n’aspire qu’à retourner "dans le bleu", le paradis artificiel des antidouleurs… au risque de se perdre..

Elle ira vivre chez sa tante et commencera alors pour elle une nouvelle vie avec une nouvelle école, de nouveaux camarades de classes, mais surtout, une vie sans les opiacées. A l'école, Jenna fera la connaissance de Trina pour qui elle éprouvera une fascination sans limite et qui l'entrainera sur une mauvaise pente. Et puis, il y a aussi Corbeau...



Il s'agit de mon premier roman de Joyce Carol Oates et je ne peux que lui reconnaitre un talent d'écriture indéniable !



Je me suis retrouvée immergée dans l'univers de Jenna, en apnée, attirée vers le fond mais avec la peur de me noyer et l'envie secrète d'être secourue. C'est un récit très sombre qui vous plonge dans les noirceurs de l'âme d'une adolescente qui ne sait plus aimer et être aimée. On y aborde les thèmes de l'accoutumance, de la jeunesse, des relations familiales, de l'amitié, le deuil, la reconstruction, la résilience etc...



Et même dans le bleu le plus profond, parfois, surgit une petite lumière... serait-ce l'amour ?
Lien : https://mademoisellechristel..
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Carthage

J'aime beaucoup les livres de Joyce Carol Oates. Dans le premier chapitre je l'ai bien reconnue, elle touche au plus près des souffrances des différents personnages. J'ai trainé sur le chapitre 2 qui est beaucoup trop long et inutilement détaillé. J'ai failli abandonner la lecture, pourtant cela ne m'est pas encore arrivée avec Oates. J'ai vu seulement après que dans une version mise à jour du roman ce chapitré avait été écourté, tant mieux. Cependant, le chapitre 3 m'a aussi laissée un peu sur ma faim/. Ce roman ne fait pas partie des meilleurs de l'auteur.
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Respire...

Respire... de Joyce Carol Oates est encore un roman de deuil, mais différent de « La nuit, le sommeil, la mort, les étoiles » où elle disséquait les impacts multiples du décès brutal du mari / père sur sa femme et toute sa famille avec une issue quasi positive. Ici, c’est seulement un couple qui est le cœur du récit, un couple isolé, loin du reste de sa famille et de ses amis car en résidence de l’autre côté des USA, au Nouveau Mexique, sur une Terra Incognita où il espérait pourtant vivre un véritable voyage de noce !

Lui, Gérard, tombe malade et, en quelques semaines va décliner, perdant progressivement tout goût pour le travail, la lecture, la nourriture et finalement… la vie. Elle, Michaela, plus jeune, dépendante de ce mari gentil mais dominateur vit cette déchéance de l'être aimé et admiré de façon insupportable, se sentant en plus coupable de ne pas avoir assez d'amour pour le sauver, s’épuisant à passer ses journées auprès de lui pour le conjurer de respirer, terrifiée à l’idée de le perdre et de n’être plus qu’une veuve, une femme seule.

Lorsque la mort survient, Michaela sombre alors dans une sorte de dédoublement de personnalité, entre son rôle de veuve responsable qui doit accomplir les formalités liées au décès et préparer son retour sur la côte Est et son état de femme dévastée, épuisée et presque au bord de la folie, en proie à des hallucinations tant est fort son désir de retrouver (ou rejoindre?) l’être disparu qu’elle ne cesse d’apercevoir / sentir / entendre auprès d’elle.

Ce roman est bouleversant, le style littéralement haletant, comme pour traduire le problème de respiration du mari puis de sa femme, causé par la maladie, la souffrance... et le manque permanent d’oxygène lié à l’altitude ! Les phrases peuvent être hachées, syncopées, chargées de parenthèses et des mots accumulés, les chapitres irréguliers dans leur longueur, enchaînant de façon aussi crédible les épisodes de la vie de Michaela «normale » malgré son malheur et ceux de Michaela en plein délire à cause de sa douleur, provoquant chez le lecteur des doutes successifs…. quelle est la bonne version de l’histoire ? Comment comprendre la fin du roman ? Cette ambiguïté pouvant parfois désarçonner !
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