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Critiques de Jules Barbey d`Aurevilly (289)
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Une histoire sans nom

Même si ce n'est pas - ce n'est plus - la période du roman gothique, j'ai retrouvé certaines atmosphères ou situations de ce sous-genre littéraire. Les couleurs dominantes sont le noir et blanc, noir du paysage, si sombre, sans lumière, assorti à la couleur des coiffes de deuil de la mère, tandis que l'escalier si blanc renforce la pâleur maladive de la fille. La seule tâche de couleur vient à la fin, le rouge d'un coeur transpercé - au sens propre.

De belles descriptions d'ailleurs des ces montagnes si denses et si fermées, véritables prisons pour les personnages, qui ne les quittent que pour s'enfermer dans une autre prison, un château dont les portes et les fenêtres sont closes, qu'elles occupent comme des spectres. Et surtout, c'est cette figure inquiétante du moine qui évoque le gothique, don le nom même a une consonance médiévale, et même moyenâgeuse - l'auteur insiste sur cette idée du pouvoir évocateur du nom.

Un roman qui vaut pour son ambiance donc plus que pour son intrigue - le coupable est vite identifié, et l'épilogue est un peu facile d'un point de vue scénaristique par l'accumulation de coïncidences. Néanmoins, Mme de Ferjol est un personnage très fort, à la fois dévote et sacrilège, épouse plus que mère, inflexible dans ses principes et prête à torturer sa propre fille.
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Lettres à Trebutien : 1832-1858

Pour les lecteurs amoureux de Barbey d'Aurevilly (c'est ainsi qu'ils se désignent en général, c'est dire s'il est attachant), son héros principal, c'est lui-même, et son oeuvre la plus extraordinaire, c'est sa vie.

Les Lettres à Trébutien et Memoranda (Editions Bartillat pour les deux recueils), auxquels on peut ajouter Omnia, nous le restituent presque au jour le jour dans son humanité, ses difficultés, ses angoisses, ses contradictions, ses aspirations et ses déceptions, ses passions, nous enchantent par leur écriture toujours admirablement travaillée et les traits d'esprit qui la traversent, et nous font suivre les avancées de ses travaux.

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Les Diaboliques

Ce recueil se compose de six nouvelles ayant un point commun sur le fond et un point commun sur la forme. Sur le fond, il s'agit d'histoires dans les lesquels le mal, censé être inspiré par le diable, s'exprime invariablement, à leur corps défendant ou en conscience, chez des femmes. Les hommes sont, eux, les cibles, les spectateurs ou les narrateurs. Bien sûr, le "mal" s'entend ici dans l'acceptation du 19e siècle et, si ces histoire sont effectivement dramatiques, elles ne nous apparaissent aucunement diaboliques. Sur la forme, dont la répétition lasse, les six nouvelles mettent en scène un narrateur, qui est toujours longuement décrit dans son aspect et son histoire, qui se choisit un public (une personne ou une assemblée) pour raconter avec force détails son histoire "diabolique". Tout cela se passe bien évidemment dans la bonne voire la haute société et c'est ce qui, pour l'auteur, fait le sel de ces récits.

L'écriture de Jules Barbey d'Aurevilly est belle sans être flamboyante, loin des feux d'artifice de son ami Léon Bloy. Les descriptions sont tellement pointilleuses que les intrigues finissent par passer au second plan et par manquer d'épaisseur.

Pour revenir sur l'obsession de Barbey d'Aurevilly de loger le diable dans le coeur des femmes, cela passe par la construction d'anti-héroïnes ou plutôt d'héroïnes qu'il se plaît à avilir (là encore, tenons compte que les histoires prennent place au milieu du 19e siècle).

Si elle traîne en longueur, Le dessous de cartes d'une partie de whist est sans doute la nouvelle la plus fine mais j'ai une préférence pour l'escrimeuse de le bonheur dans le crime. Paradoxalement, j'ai aimé aussi La vengeance d'une femme, bien que cette histoire soit à la fois peu crédible et convaincante, et la moins fouillée. Elle a en revanche un joli parfois de scandale.

Dans un genre proche mais plus percutant, je conseillerais les Histoires désobligeantes de Léon Bloy.
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Une vieille maîtresse

Le XIXème siècle représente avec Flaubert, Maupassant, Balzac ou Stendhal l’apogée du roman réaliste. Mais pas seulement ! Le 19ème siècle est aussi le siècle du romantisme puis, à son crépuscule, du symbolisme. Ces deux mouvements créatifs cherchent au contraire l’exaltation, le rêve, l’idéal, la mélancolie, les ténèbres...



Ce petit rappel historique, bien que schématique, n’est pas vain pour celui qui souhaite lire Barbey d’Aurevilly aujourd’hui. Cet auteur que l’on peut voir comme un romantique tardif et/ou un précurseur du symbolisme, proche de Baudelaire et de Huysmans, dandy mondain et catholique fervent, est ainsi un écrivain pour le moins enflammé et fasciné par une certaine forme d’occultisme. Cela transpire indiscutablement dans cet ouvrage, considéré par beaucoup comme son grand oeuvre…

Disons-le tout de suite, je n’ai pas aimé Une vieille maîtresse. Il est parfois tellement enflammé, que cette exaltation m’est souvent apparue un peu ridicule. Attention, je ne souhaite en aucune manière dévaloriser la plume superbe de l’auteur, mais si le styliste est parfait, le maniérisme et l’emphase de certains passages ont provoqué chez moi quelques ricanements, il faut bien le dire.



Une vieille maîtresse conte l’histoire de Ryno de Marigny, libertin magnétique, qui après avoir multiplié les conquêtes et brisé de nombreux coeurs se décide à se marier avec une magnifique et innocente jeune femme dont il est tombé éperdument amoureux. Mais cela est sans compter sur sa vieille maîtresse, la Vellini, une andalouse à la peau brune, sorte de sorcière-vampire-femme fatale, aussi écoeurante que fascinante, dont Ryno a été le compagnon pendant dix ans.

Le jeune premier est magnifique, la Vellini est vénéneuse à souhait, la blanche colombe est la plus blanche de toutes les colombes, la grand mère est la plus tendre et douce de toutes les grands mères…. Rien n’est tiède ou juste réaliste chez Barbey d’Aurévilly, tout est flamboyant, poussé à son extrême, vertigineux, terrible ou sublime. Je ne sais si cela vient de moi, qui ne suit pourtant pas le dernier pour les grandes tragédies, les récits emphatiques et les affres de la passion, mais j’ai vraiment trouvé ce livre, ses personnages, ses situations et ses drames ‘’too much’’.

De plus, comme c’est un livre épais, (plus de cinq cents pages), que l’intrigue est finalement assez mince, ce déluge de romantisme et de symbolisme grossier m’est apparu lourd et finalement plutôt ennuyeux.



Flaubert et Barbey d’Aurévilly se détestaient et je ne peux m’empêcher de reproduire ici un extrait d’une lettre de l’auteur de Madame Bovary à Georges Sand pour parler des oeuvres de son ennemi : “C’’est à se tordre de rire. Cela tient peut-être à la perversité de mon esprit, qui aime les choses malsaines, mais ce dernier ouvrage m'a paru extrêmement amusant ; on ne va pas plus loin dans le grotesque involontaire.”” Le jugement est un peu sévère et à la hauteur, je le suppose, de l’animosité entre les deux hommes. Mais, à mes yeux, ce n’est pas totalement faux non plus...





Tom la Patate
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Le plus bel amour de Don Juan (précédé de) Le R..

Une lecture rapide et sympathique mais sans plus..

Beaucoup trop de détails qui ne font que rajouter des longueurs aux deux nouvelles.
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Les Diaboliques

Ce recueil de nouvelles est le premier ouvrage que j’ai tiré de ma BookJar.

Et il était temps! Je pense qu’il attendait dans ma PAL depuis plus de 6 ans!



Je m’étais acheté ce livre après avoir dévoré une nouvelle de l’auteur « Le bonheur dans le crime ». J’avais adoré cette nouvelle et j’avais envie de lire les autres textes de Barbey d’Aurevilly. Cela me permettait aussi de lire un auteur classique par la même occasion.



Le recueil est composé de 6 nouvelles, soit dans l’ordre : « Le Rideau Cramoisi », « Le Plus Bel Amour de Don Juan », »Le Bonheur Dans le Crime », »Le Dessous de Cartes d’Une Partie de Whist », »A Un Dîner d’Athées » et enfin « La Vengeance d’une Femme ».



Mais je l’ai laissé végéter dans ma PAL très longtemps sans même y penser…pour le reprendre maintenant.



Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce ne fut pas une lecture heureuse.

Tout d’abord, les circonstances n’étaient pas vraiment réunies…en vacances avec ma famille, je n’ose pas imaginer le nombre de fois où je lisais une phrase pour le reposer aussitôt, pour relire quelques mots et ainsi de suite.

Bien évidemment, ma lecture en a pâti.



Après, je me dis que si j’avais apprécié ma lecture, j’aurais trouvé un moyen de lire le recueil d’une traite. Je n’ai pas retrouvé ce qui m’avait tellement plu dans la nouvelle « Le bonheur dans le crime », je me suis même plusieurs fois ennuyée.



Pour chaque nouvelle, j’ai fini par me dire » tout ça pour ça… » ce qui n’est pas vraiment un très bon signe…

J’ai trouvé que l’intrigue (si parfois on peut vraiment appeler cela une intrigue) mettait 30 pages sur 40 à s’installer (que de bavardages!!!) et que finalement, l’histoire en elle-même pouvait tenir en moins d’une dizaine de pages.

Alors que d’habitude, j’adore lire les descriptions, les explications, ici, au bout d’une nouvelle, je n’en pouvais plus et je devais me retenir de ne pas sauter des pages.



Et j’ai trouvé les histoires en question pas vraiment intéressantes. Ne valant peut-être pas absolument la peine d’être racontées (je pense surtout au « Rideau cramoisi » et « Le Plus Bel Amour de Don Juan »).



Il faut évidemment remettre cette lecture dans le contexte et je veux bien croire qu’en 1857, ces intrigues et ce recueil aient pu choquer…mais cela n’a pas suffit. Et puis, je n’aime pas trop quand les histoires sont laissées sans réponse, ce qui n’a pas amélioré mon avis!



Ce qui sauve ce livre de la déception c’est tout d’abord l’écriture, qui est magnifique à certains passages. Et toujours cette nouvelle, Le bonheur dans le crime, que j’aime toujours autant.



Mais autrement, je vais m’arrêter là dans la découverte de cet auteur et passer sans regret au suivant!



—————————————



Une lecture donc pas particulièrement agréable, je l’ai trouvé longue et pas vraiment passionnante : je n’ai pas retrouvé ce qui m’avait plu dans la nouvelle que j’avais dévoré il y a plusieurs années.

Je suis donc passée à côté de cet ouvrage. Dommage.
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Les Diaboliques

J'ai profité d'un long week-end à l'étranger pour lire cet ouvrage qui détonait un peu avec l'ambiance festive et agréable des vacances. Mais son titre m'intriguait et une fois que ma curiosité est titillée, rien ne peut m'arrêter. La préface annonçait le ton du livre et je suis contente de l'avoir lu car cela m'a évité une fâcheuse surprise qui aurait pu se solder par une note encore plus catastrophique.

Comme le précise le résumé, nous sommes en présence de six nouvelles. Personnellement je ne suis pas fan de ce genre littéraire car les histoires sont souvent trop courtes et la chute brutale, laissent le lecteur sur sa fin. Ce livre m'a semblé nébuleux et flou. Certaines nouvelles sont restées des énigmes pour moi.

Le thème tourne autour des femmes : elles sont décrites comme des démons tentateurs, des masques d'hypocrisie, assoiffées de sexe, pétris de désirs et de fourberies. La description de la femme ne pourrait être aussi caricaturale, limitée et obscène ! Les hommes, eux, sont des dandys, amateurs de jeux, souvent passifs par rapport aux agissements des femmes.

Les intrigues se déroulent dans l'aristocratie française du XIXème siècle, marquée par les révolutions. On sent une nostalgie de l'époque de l'Ancien Régime où la noblesse dominait la société et les moeurs. L'auteur accorde un mépris et une condescendance profonde pour les bourgeois et autres gens du peuple. Cet aspect m'a moins gênée que la description presque bestiale de la femme.

Barbey d'Aurevilly essaie de plonger le lecteur dans une atmosphère sombre, inquiétante mêlée de suspens. Mais, il y a trop de descriptions qui noient une intrigue bien mince. le style d'écriture est très recherché, soutenu mais totalement indigeste. J'ai du relire certaines phrases plusieurs fois pour bien comprendre le sens. En effet, les phrases sont très (très! très!) longues, et arrivées au bout, on oublie déjà de quoi il était question.

Cette lecture fut un ennui total et j'ai beaucoup peiné pour terminer ces six nouvelles. Je ne le recommande absolument pas !


Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Les Diaboliques

Ce recueils de six nouvelles (dont six autres devaient succéder par la suite) aux allures machiavéliques dont n'aurait pas renié Edgar Poe pour certaines d'entre elles, sont toutes écrites dans un style remarquable faisant honneur à la réputation de dandy de cet auteur d'origine normande.



Le but de cet ouvrage est bien de provoquer la bourgeoisie bien-pensante et vertueuse de l'époque dans des histoires parfois sordides, voire même blasphématoire en ce qui concerne par exemple « A un dîner d'athées ». Toutes sont liées par le fait qu'un des protagonistes raconte une histoire sur ce qui lui est arrivé ou en prenant le point de vue de témoin proche ou distant d'un événement et par le fait qu'à chaque fois une femme est étroitement liée à l'intrigue. On peut y noter en revanche quelques invraisemblances comme dans « Le rideaux cramoisi » ou encore « Un dîner d'athées » mais ce sont des choses minimes en rapport au plaisir que peut procurer de telles histoires.



Bien sûr l'odeur de souffre que dégageait le livre s'est évaporé depuis belle lurette, il ne choque vraiment plus personne parce qu'on a tout simplement pris goût à ce genre d'histoires épouvantables.
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La Bague d'Annibal

Résolument autobiographique, ce texte, scindé en une foule de mini-chapitres ou alors de stances - mais des stances en prose - met un point final à la liaison impossible que Barbey entretint dans sa jeunesse normande avec sa cousine Louise. Les familles, dans leur ensemble, étaient contre l'idée de tout mariage entre ce garçon qui n'avait pas encore une vision bien nette de ce qu'il allait faire dans la vie et cette fille sage, promise dès la naissance à un avenir aussi paisible que bourgeois. Les jeunes gens semblent pourtant avoir osé aller plus loin que l'amour platonique et on prétend même que, alors que Barbey vivait à Caen, Louise se cachait pour se rendre chez lui. Vérité ou fantasme, la fin de l'intrigue fut douloureuse : Louise se maria bien sagement et Jules se retira dans son coin, léchant ses plaies et rêvant de gloire littéraire. Si la première ne fut pas, en définitive, si perturbée qu'on eût pu s'y attendre, le second, en revanche, ne s'en remit jamais tout à fait.



Pour cette incarnation-ci du dandy, l'écrivain, aveuglé par la jeunesse et probablement par ses goûts naturels - il est vrai que, quand on vous baptise Jules-Amédée, on doit se sentir marqué pour la vie - s'est choisi le fabuleux alias d'Aloys de Synarose - non, ce n'est pas une défaillance de votre ordinateur et inutile de prendre rendez-vous chez un ophtalmologue, c'est bien le nom du héros. Louise, pour sa part, s'est muée en une Joséphine assez bêtasse et cependant assez finaude quand ses intérêts sont en jeu, très coquette bien sûr et, pour couronner le tout, ardente admiratrice de Mme de Staël. Dans les parages, attendant l'heure de Vénus, rôde le futur époux en titre, un certain Baudoin d'Artinel, dont la silhouette bedonnante et le crâne semi-chauve n'ont rien de bien romantiques. Fort heureusement, au contraire d'Aloys, ce monsieur a des rentes.



S'ouvre alors un petit ballet, fait de déclarations passionnées et de piques tout aussi furieuses entre Joséphine et Aloys tandis que, en coulisses, Baudoin se répète que cette jeune Joséphine est vraiment bien mignonne - de plus, côté héritage, elle a des espérances. Et ce qui devait arriver arrive : Louise finit par se ranger à l'opinion de sa famille et elle choisit d'Artinel. Barbey se livrant ici à un règlement de comptes dans les formes les plus cruelles, l'héroïne va jusqu'à attirer d'Artinel dans sa chambre en le faisant passer par le balcon : c'est un peu Roméo et Juliette avec la rouerie de Joséphine et les rhumatismes du pauvre Baudoin en plus. Qui pis est, Aloys, tapi dans l'ombre, ne perd rien de l'incroyable ascension de son heureux rival.



Heureux, jusqu'à quand ? ... Car avec une épouse si avisée ...



Oeuvre un peu biscornue, oeuvre que, à sa parution en feuilleton, dévora, dit-on, la bonne société de Caen, pressée de mettre des noms de scandale sur tel ou tel personnage "à clef", "La Bague d'Annibal" est elle aussi un bien joli exercice littéraire, au ton plaisant et caustique, avec une pointe de ténèbres byroniens qui risque de ne guère toucher le lecteur français. A lire. Mais seulement quand vous en aurez le temps. ;o)
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Le chevalier des Touches

Résistance et insoumission.



J'ignorais tout de cet auteur jusqu'à il y a peu. Bien décidé à entreprendre l'oeuvre, le hasard m'a mis dans les mains ce livre. Dès les premières pages j'ai bien senti que j'abordais quelque chose qui allait m'emmener plus loin qu'un simple plaisir de lecture. Barbey d'Aurevilly a cet indéniable talent de pouvoir en quelques mots bien choisis et placés de planter un décor, une ambiance, un fait d'arme. Comment ne pas tomber sous le charme de ces descriptions de cette ville de Normandie pluvieuse et ténébreuse. Le conciliabule, au coin du feu de ces vieillards, qui fait la trame du roman vaut à lui seul la lecture. Les descriptions des visages, des tempéraments pénètrent le lecteur et impriment une ambiance qui enveloppe le récit d'un charme envoûtant. J'ai eu le sentiment d'être au carrefour de la littérature. Est-ce Jules qui emprunte ou tous les autres qui se sont inspirés de lui ? Je l'ignore, mais il est certain que cet auteur trop peu connu, à mon sens, mérite toute notre attention. On peut lire ce livre de plusieurs manières, roman historique, roman d'aventures, roman de résistance. Car on sent bien dès le début que ces vieillards vont nous enseigner qu'ils sont les témoins d'un passé héroïque mais révolu. Que l'histoire en marche a écrasé ces résistants qui ont lutté pour des idées qui n'ont pas triomphé. Roman sur la fidélité d'un groupe à un homme, d'un peuple à son histoire, fidélité à son roi jusqu'à la mort. Oui décidément un beau livre, une belle leçon de courage et d'amour.

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Les Diaboliques

Je me laisse tenter par des lectures qui sortent de mes sentiers habituels. Je suis alors tombé sur "Les Diaboliques " dont le nom ne m'était pas inconnu.



Quel curieux recueil de nouvelles ! Ne le lisez pas en espérant quelques frissons ou scandales car les mœurs ont bien évolué depuis que Barbey d'Aurevilly les a publié il y a 150 ans... Ces six nouvelles se situent entre la Restauration et la Monarchie de Juillet, période de transition d'une société aristocratique à une société de bourgeoisie. Cela permet à Barbey d'Aurevilly de décrire magnifiquement les derniers instants d'un monde qu'il regrette tant (un peu trop de nostalgie peut être...)



Il faut le reconnaître, Barbey d'Aurevilly a une très belle plume. Peut-être en était il trop conscient tant certains passages sont longs et exigeants, bien que non nécessaires au bon déroulement de l'intrigue.



Quasiment toutes les nouvelles souffrent d'une mise en place bien trop longue avec un amas de détails et de précisions qui ne serviront pas par la suite. Il faut aussi s'attendre à une quantité impressionnante de références historiques et littéraires qui complexifie la lecture pour qui ne sort pas d'hypokhâgne. Il m'aura fallu finir les deux premières nouvelles avant d'être habitué à cette exigence de lecture.



Mis à part ces quelques défauts, j'ai particulièrement apprécié la description psychologique de chaque personnage, les nombreuses différences entre chaque intrigue et la part de mystère qui les entoure. Je retiendrai particulièrement "Le Bonheur Dans Le Crime" et "La Vengeance d'une Femme".



Ces nouvelles sont donc inégales, assez exigeantes, mais offrent avec du recul un moment de lecture enrichissant sur une période charnière de notre histoire. À lire à tête reposée, au calme plutôt qu'à la plage !
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L'Ensorcelée

Beau récit sur la Chouannerie, et sur le pouvoir presque hypnotique exercé par un prêtre défiguré par le feu sur une femme. Ce livre nous plonge dans un monde où la sorcellerie, le mauvais sort, la guigne comme on dit et le lourd moyen âge ne paraissent pas si loin... Comme d'habitude, le style de Barbey est impeccable.
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Une vieille maîtresse

La terrible Vellini triomphera-t-elle du mariage entre Hermangarde de Polastron et Ryno de Marigny? L'ancienne amante, au pouvoir de séduction ensorcelant pourra-t-elle balayer la nouvelle amour, pleine de fraîcheur du beau garçon? N'y a-t-il pas un aspect presque magique dans l'amour et le désir?
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Une vieille maîtresse

C'est une histoire d'amour plutôt simple, mais racontée par Barbey d'Aurevilly, elle devient un chef d'œuvre de style, à tel point que je ne crois pas avoir jamais lu un autre texte si bien écrit.

La belle Hermangarde, petite fille de l'exquise Marquise de Flers, aime Ryno de Marigny et ce dernier le lui rend bien. Mais il a eu avant de se marier une liaison sulfureuse avec La Vellini, une espagnole "Malagaise", laison à laquelle il met un terme, mais que le temps ne parviendra pas à effacer. La Vellini, au contraire d'Hermangarde, n'est pas belle, mais elle a des attraits pour Ryno qu'il ne parvient pas à expliquer. C'est magnifique !
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Les Diaboliques

Dans ce livre, ne cherchez pas la moralité car vous ne la trouveriez pas.



La parité du côté sombre du Mal est extrêmement bien respectée.



Côté homme que ce soit Don Juan ou le vieux militaire qui se remémore avec autant d'effrois que d'émois.



Côté femme, ne croyez pas que cela soit plus moral.



Que ce soit Alberte la soi-disant ingénue ou la fine lame de Haute - Claire, telle la Panthère noire du zoo sont redoutables.



Mais une chose est sûre. C'est que dans chacun de ses personnages, il y a l'âme humaine.



Celle que nous pouvons avoir selon les circonstances.



Que ne fait-on pas par amour ?



" J'irais jusqu'au bout du monde,

Je me ferais teindre en blonde ...

Si tu me le demandais ?"



Voilà ce que l'on peut faire par amour et même devenir une bonne.



Alors qui sont vraiment "Les Diaboliques"?



L'homme ? La femme ? Ou tout simplement l'Amour ?



A vous de vous faire votre propre définition du terme "diabolique" en lisant ce bijou littéraire qui aurait pu être écrit l'année dernière ou dans un millénaire tant ce thème est universel.
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Un prêtre marié

Un grand écrivain catholique-n’ayons pas honte d’utiliser ce grand mot devenu gros dans ce siècle vulgairement indifférent- et un roman de légende chrétienne, où la lucidité sur la tragédie de la vie et l’horrible folie humaine se mèle à une charité magnifique, à une extase mystique,et à une violente espérance! Le diabolique ici se fond littéralement dans le divin, et tout est transfiguré par la grâce de l’élegante et véhémente prose d’Aurevilly. Ah, je vous plains, âmes asséchées par le lâche athéisme et le vil scientisme, incapables de vibrer à la harpe bouleversante des récits christiques! Mais peut-être que le génie de Barbey allumera la partie éteinte en vous par la modernité, et qui n’attend pour renaître que les miracles de la Parole, que la véritable littérature offre comme une manne infinie!
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Un prêtre marié

Nouvelle lecture de Barbey d'Aurevilly avec ce magnifique roman qu'est "un prêtre marié".



Campagne normande. Jean Sombreval revient dans son village natal avec sa fille, la diaphane Calyxte, 20 ans après son départ.

Il y achète le domaine Du Quesnay, demeure anciennement habitée par une noblesse provinciale tombée dans la misère.

Cette installation au Quesnay lui avait été prédite dès sa jeunesse par une vieille femme du Bourg, La Malgaigne.



Ce retour n'est pas du goût des villageois. Sombreval, fils de paysan, est un prêtre défroqué. Il a tourné le dos à Dieu pour embrasser la science et prendre femme. C'est de cette union contre nature qu'est née Calyxte, dont la beauté et la bonté vont attirer sur elle l'amour de Néel de Néhou, jeune noble de la région. Mais elle est décidée à racheter le pêché de son père par la vertu.



Dans ce roman, Barbey fait du Barbey. Il continue d'utiliser ce processus narratif que j'apprécie particulièrement, à savoir le recours au récit enchâssé. L'écriture est toujours aussi magnifique, le savoir faire de l'auteur étant indéniable pour distiller des ambiances mystérieuses et crépusculaires. La description de l'étang bordant le domaine Du Quesnay dans les premières pages en est un parfait exemple.



Les personnages ne sont pas en reste et sont encore une fois exceptionnels par leurs caractères, et cette relation père/fille fusionnelle est à n'en pas douter un grand moment de littérature.



La foi et ses doutes sont très bien décrits, allant de la douceur à la fureur.



Je suis donc emballé comme je l'ai été après la lecture de "l'ensorcelée" et du recueil de nouvelles "les diaboliques".



N'hésitez plus !
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Une page d'histoire

D'un fait divers sordide dont il ne sait pas grand-chose, l'auteur livre un joli récit par petites touches sensuelles et onirique. C'est plus la peinture poétique d'une atmosphère par petites touches qu'un véritable récit linéaire. Les personnages ne sont qu'esquissés, sans focalisation interne on ne sait ce qu'il pense. Le crime même n'est pas le plus important - et pour un lecteur contemporain connaissant le Trône de fer, il n'est finalement pas si important, puisqu'il est annoncé dès le début. Non, ce que je retiens c'est la force de certaines images, comme les cygnes noirs comme le pêché, au coup ensanglanté comme la guillotine, ou la descriptions des rues de la ville de l'enfance, peuplées des fantômes des souvenirs.
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Léa

Dans les nouvelles, c'est souvent la fin qui détermine si elles sont réussies ou non. L'intrigue est assez convenue, très XIXème siècle - une amitié virile, l'ami qui tombe amoureux de la soeur de son ami, une jeune fille innocente malade et condamnée sans pouvoir connaître le bonheur. Mais ce tableau est noirci progressivement : Léa n'est même pas belle puisque la maladie lui ôte tous ses attraits physiques, Réginald est un amoureux transi, et surtout, Léa est bête. Elle n'a pas reçu d'éducation, n'a pas lu de livre, et donc ne connaît rien de l'amour. C'est donc une vierge chaste, la blancheur du lys mais sans ces pudeurs ni ses rougeurs.

La scène finale est brutale, noire et cynique, le récit d'un viol dans le cadre romantique d'un coucher de soleil et d'un parterre de fleurs, qui renverse le sentimentalisme de Réginald.

Donc oui, une nouvelle plutôt réussie.
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La vengeance d'une femme

Une critique uniquement sur la nouvelle "La Vengeance d'une femme".

Ce court texte montre les tréfonds de l'âme humaine... Les premières pages sont une théorie sur la littérature et la vérité : non, les écrivains n'inventent pas quand ils présentent des horreurs immorales, crimes, incestes, viols... Tout est déjà dans la société, les monstres littéraires ne sont que des copies de Messaline, Lucrèce Borgia...

Et ici, c'est une femme le monstre - mais l'est-elle vraiment ? Surtout par rapport à ce que lui ont fait les hommes, ses proches comme ceux qu'elle rencontre. Sa vengeance se fait après tout sans verser le sang, et elle souffre autant que celui qu'elle hait. Je ne vais pas l'expliquer, mais la force du texte vient du contraste entre la vanité et la futilité du dandy qui nous est d'abord présenté face à la force d'âme héroïque de la femme décrite. Autre contraste qui sert le texte, la différence entre la sensualité voire l'érotisme du début, et la violence glauque du récit de l'héroïne.

Un court texte donc, mais marquant.
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