Un grand merci à ma copine de blog Rose Prune (encore !) pour ce joli cadeau reçu au cours de notre échange de colis. Barbey d’Aurevilly signe ici plusieurs nouvelles pour le moins originales, où les femmes exercent un pouvoir magnétique. Tour à tour manipulatrices, perfides, méprisantes, vengeresses ou encore froides et insoumises, ces femmes se montrent tout à la fois passionnées ou tout simplement amoureuses… Le XIXème siècle. Des portraits féminins. Il n’en fallait pas moins pour me séduire ! Si j’ai grandement apprécié me plonger dans ces intrigues envoûtantes, je vous avoue avoir eu plus de mal avec l’écriture du grand Barbey d’Aurevilly. Si je reconnais qu’il est un très bon conteur, qu’il sait tenir en haleine, j’ai parfois ressenti une impression de trop : trop de descriptions qui traînent en longueur, trop de bavardages qui peuvent lasser. J’ai donc été charmée par les intrigues de ces nouvelles, par la beauté de certaines phrases, beaucoup moins par l’esprit « bavard » qui s’en dégage (mais ceci reste une affaire de goût avant tout).
Ce recueil comporte six nouvelles : Le rideau cramoisi, Le plus bel amour de Don Juan, Le bonheur dans le crime, Le dessous de cartes d’une partie de whist, À un dîner d’athées, La vengeance d’une femme.
Le rideau cramoisi
Lorsqu’un jeune lieutenant rencontre Albertine, la fille de ses logeurs, celui-ci n’a plus qu’une idée en tête : la séduire. Seulement la toute jeune femme se montre on ne peut plus déroutante. Ignorant totalement son prétendant le jour, ceci ne l’empêche nullement de le rejoindre dans sa chambre certaines nuits. Jusqu’à ce que le drame survienne… Étrangement, cette nouvelle reste ma préférée du recueil. Pour mes questionnements autour du comportement ambigu d’Albertine. Pour son atmosphère. Pour la chute si inattendue de l’intrigue, et le désarroi du narrateur. Une chose est sûre : elle aura réussi à marquer mon esprit.
Le bonheur dans le crime
Un zoo. Une femme et une panthère se font face. Curieusement, la plus humaine aura le dessus sur l’autre. Cette femme se nomme Hauteclaire. Lorsqu’elle rencontre le comte de Savigny, marié à la noble et languissante Delphine, c’est le coup de foudre ! Hauteclaire entreprend alors de se faire engager comme servante au château. Le décès par empoisonnement de la maîtresse de maison, survenu peu de temps après, ne sera alors pas pour faire taire les mauvaises langues… Barbey d’Aurevilly signe ici une nouvelle étonnante. Je crois avoir été stupéfaite par l’aplomb et la détermination de Hauteclaire. Si cette fois-ci je m’attendais peut-être au dénouement de l’intrigue, j’ai aimé son atmosphère pour le moins glaçante.
La vengeance d’une femme
Paris. La nuit. Un jeune dandy décide de suivre une jolie femme jusqu’à son lieu de destination. Cette femme n’est autre qu’une grande dame espagnole, ayant sombré dans la prostitution pour… se venger de son mari ! En cause : le meurtre de son amant, son unique amour. Pour se venger, la duchesse de Sierra-Leone n’a plus qu’un objectif : salir ce qui importe le plus aux yeux de son mari, son honneur. Seule nouvelle du recueil a être rapportée par une femme (la duchesse elle-même), ceci contribue peut-être à la rendre d’autant plus cruelle et pétrifiante.
En résumé, j’ai plutôt apprécié cette balade dans des intrigues aux dénouements aussi glaçants que totalement inattendus (pour la plupart). Barbey d’Aurevilly nous plonge dans diverses thématiques telles que l’amour, l’adultère, le meurtre ou encore la vengeance. Chaque final est toujours abrupt : le lecteur ne doit donc pas s’attendre à recevoir des explications objectives quant aux curieux dénouements de ces nouvelles. Si je vous avoue avoir parfois ressenti une certaine frustration, cette stratégie fonctionne tout de même plutôt bien. Car même si j’aurais peut-être apprécié accéder davantage aux pensées de nos Diaboliques, elle contribue ainsi à les rendre d’autant plus énigmatiques.
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