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Critiques de Jules Barbey d`Aurevilly (287)
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Une histoire sans nom

Dans l'univers étouffant d'une vallée des Alpes si encaissée que le soleil n'y parvient jamais, la noirceur envahit tout : les paysages, les vies, mais surtout les âmes. Il n'y a pas de rédemption.

Un roman immense et fort injustement ignoré
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Léa

Ecrite en 1832, alors que l'auteur n'avait que 23 ans, est une œuvre de jeunesse assez touchante. Sous influence romantique, on y découvre la passion d'un jeune homme pour une jeune fille malade. Amour? Pitié? La maman de la jeune fille, en 2023, parlerait peut-être d'abus de faiblesse.

Déjà les thèmes chers à Barbey affleurent : passion, fantastique...
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Le Cachet d'Onyx

Œuvre de jeunesse de Barbey d'Aurevilly, Le Cachet d'Onyx vaut d'abord par son emballage, qui laisse présager le futur auteur des Diaboliques. Beaucoup de circonvolutions nous amènent au drame final, violent, que dévoilent les trois ou quatre dernières pages.

Autres temps, autres mœurs. L'originalité de cet auteur de 23 ans, c'est qu'il est à la fois marqué par son époque (la nouvelle date de 1831) et par une liberté de ton assez rare.

Le cachet d'onyx n'est pas un chef d'œuvre, mais une jolie introduction pour aborder son auteur.
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L'Ensorcelée

Jules barbey d'aurevilly fait partie de ces ecrivains classiques francais un peu oublies de nos jours et qui meritent de voir leur oeuvre réhabilitée et remise au gout du jour.Cet ouvrage m'a donné un vrai plaisir de lecture car il recele de tres bons passages et l'histoire reste passionnante de bout en bout.
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L'Ensorcelée

Jules Amédée Barbey d'Aurevilly (1808-1889) est un écrivain français qui a contribué à animer la vie littéraire française de la seconde moitié du XIXème siècle. Il a été à la fois romancier, nouvelliste, essayiste, poète, critique littéraire, journaliste, dandy et polémiste. Un temps républicain et démocrate, Barbey finit par adhérer à un monarchisme intransigeant, méprisant les évolutions et les valeurs d’un siècle bourgeois. Il revient au catholicisme vers 1846 et se fait le défenseur acharné de l’ultramontanisme et de l’absolutisme. Ses choix idéologiques nourriront une œuvre littéraire, d’une grande originalité, imprégnée de sa foi catholique et marquée par la question du mal et du péché.

L’Ensorcelée ou La Messe de la Croix-Jugan est un roman datant de 1854. Roman historique, fantastique et passionnel. Roman historique car sa toile de fond est la Chouannerie, cette guerre civile qui opposa Républicains et Royalistes dans l'ouest de la France, de la Bretagne à la Normandie, lors de la Révolution française, entre 1792 et 1800. Roman légèrement fantastique parce que dans toutes les provinces françaises, récits et légendes locales en font mention, ici il s’agira d’un berger jeteur de sorts. Enfin roman passionnel, quand l’amour mène à la folie, la mort n’est jamais loin.

Dans le Cotentin, près de Coutances. A la tombée de la nuit, le narrateur, très certainement Barbey d’Aurevilly, traverse la lande de Lessay à la sinistre réputation, en compagnie de maître Tainnebouy, herbager et fermier qui connait bien les lieux. Quand au cœur de la nuit, une cloche lugubre retentit, le fermier en donne la sinistre explication à son compagnon et le récit de débuter réellement.

J’en résume très brièvement les grandes lignes : l’abbé Jéhoël de la Croix-Jugan s’était engagé avec les Chouans mais après une terrible bataille perdue, croyant sa cause perdue, il tente de se suicider en se tirant une balle de fusil dans le visage mais il survit et en conservera d’horribles blessures à la face.

Quelques années plus tard, l’ancien moine réapparait et sa personnalité étrange intrigue Jeanne Le Hardouey. Fille d’un notable ayant perdu sa fortune, elle a épousé par devoir Thomas le Hardouey un nouveau riche. Attirée irrésistiblement par le prêtre, elle lui sert de messager pour contacter les rebelles Chouans par amour. Un amour non partagé qui la poussera à recourir à la sorcellerie pour s’attirer en vain ses bonnes grâces. Le drame entre piste, la belle est retrouvée noyée dans un lavoir et l’abbé est assassiné en pleine messe pendant la consécration le jour de Pâques ! Depuis, selon des témoins, le prêtre célèbrerait toutes les nuits cette messe inachevée à jamais et la cloche qui tinte en serait le signal…

Un bon roman pour se replonger dans ces textes anciens avec leurs qualités et leurs défauts (pour un lecteur d’aujourd’hui). De l’action, du mystère, on peut frémir si on se pousse un peu, et toujours ce décalage temporel nous permettant de comparer les ressorts psychologiques entre hier et maintenant. Roman très Normand comme le voulait l’auteur, termes du patois local ou tournures de phrases nous immergent dans le bocage. Inutile d’aller loin pour trouver de l’exotisme !

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Les Diaboliques

LES DIABOLIQUES de JULES BARBEY D’AUREVLLY

Un recueil de 6 nouvelles dans une langue française d’une qualité désormais disparue. Dans la Normandie chère à Maupassant, des récits de jalousie, de peur, de terreur. L’aristocratie règne encore, les femmes sont encore réduites à un rôle accessoire, une époque largement révolue. Un auteur peu lu aujourd’hui, mais si vous aimez vous régaler d’une langue riche, alors n’hésitez pas, on touche ici aux sommets.
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Le chevalier des Touches

Ce petit roman de Barbey d'Aurevilly,, très connu, mais que je n'avais cependant jamais lu bien qu'étant né à Valognes, est écrit avec cette langue que l'auteur manie si bien. L'intrigue est assez banale mais si bien contée ! Ces vielles personnes qui se réunissent au cours d'une soirée sont décrites avec une telle verve qu'on semble les voir. L'une d'elles est la narratrice, qui a autrefois participé au sauvetage épique du Chevalier. Mais il y a aussi dans la pièce une jeune fille plus jeune, qui cache un secret que l'auteur ne nous révèlera qu'à la fin. C'est passsionnant.
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Les Diaboliques

Une référence à relire.
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Le chevalier des Touches

Dans le bourg de Valognes, le soir à la veillée, une vieille fille, sœur de l'abbé du lieu, narre devant un public de vielles personne acquise à la chouannerie , les hauts faits du Chevalier des Touches, chouan de Normandie et les tentatives pour le libérer des geôles des bleus par un groupe de douze personnes des plus résolus.



Le connétable des lettres, Barbey d’Aurevilly, dans ce roman, évoque à partir d'un personnage qui a réellement existé, un épisode de la chouannerie, dont on oublie que la Normandie fut le théâtre. C'est un peu le pendant des Chouans de Balzac, en plus ramassé. Ce n'est pas assurément le meilleur de la production de ce grand écrivain un peu oublié. Cela reste un livre intéressant pour qui s’intéresse aux chouans.
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Lettres inédites à Trebutien : 1835-1858

Quatrième de couverture :

Après l'édition des Lettres à Trébutien en 2013, on croyait tout connaître de cette correspondance, assurément l'une des plus belles du XIXe siècle. C'est alors qu'on redécouvre à la bibliothèque d'Alençon une soixantaine de lettres de Barbey d'Aurevilly jamais publiées s'échelonnant de 1835 à 1858. Documents fascinants, elles éclairent sous un jour nouveau la relation entre les deux épistoliers et permettent de mieux comprendre les circonstances de leur éloignement réciproque. En ce qui concerne l'année 1857, elles apportent une foule d'éclairages précieux : publication de Madame Bovary, des Fleurs du Mal, morts de Béranger et de Custine... A un délitement sentimental s'ajoutent des divergences littéraires qui culmineront avec l'interminable feuilleton autour de la publication des oeuvres de Maurice de Guérin. Une extraordinaire découverte émerge de ces pages. Ces nouvelles lettres qui abordent de nombreux sujets importants sont tout aussi intenses et fougueuses que celles déjà connues, elles aident en outre à approfondir cette relation complexe.



Professeur émérite à la Sorbonne Nouvelle (Paris III), Philippe Berthier a consacré de nombreux travaux à Barbey d'Aurevilly. Dernièrement, une édition des Lettres à Trébutien (2013, Prix Sévigné) et des Memoranda (2016) aux éditions Bartillat.
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Les Diaboliques

Les diaboliques, Barbey D’Aurevilly « Les diaboliques », c’est un recueil de nouvelles qui porte merveilleusement bien son nom.

Au travers de six nouvelles (Le rideau cramoisi, Le plus bel amour de Don Juan, Le bonheur dans le crime, Le dessous de carte d’une partie de whist, À un dîner d’athées, et la vengeance d’une femme), Barbey D’Aurevilly s’intéresse à un thème qui lui est cher : le mal.

Au sens large, puisqu’il est question de passion, de désir, de violence, d’adultère, ou de mort.

Et quelle figure peut-être plus diabolique à l’époque qu’une femme pour exprimer cela ?



Servi par une écriture puissante, empreinte de beauté, ces femmes nous apparaissent déterminés, ensorcelantes, envoûtantes, dangereuses. Effrayantes.

Mais l’auteur nous confronte aussi au mal pour nous le livrer telle une critique, lui, l’auteur controversé mais le fervent chrétien.



À lire pour le style osé pour l’époque, et cette langue si riche et belle.


Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Contre Goethe

La plume ultra-acide, Barbey d'Aurevilly s'attaque au souverain jupitérien des lettres allemandes, dont le front serein, entouré de nuages, n'a pas blêmi pour autant. On lit encore beaucoup Barbey d'Aurevilly, notamment Les diaboliques, mais aussi ses journaux, romans, lettres, poèmes. Assez peu sa critique, me semble-t-il. Une critique d'opinion dont l'objet souvent nous échapperait aujourd'hui. En l'occurrence, Goethe est ennuyeux, Goethe n'a aucun talent, Goethe est un plagiaire et un touche-à- tout ! C'est très drôle, quel esprit caustique ! Avec la distance, il ne reste heureusement que l'humour de ces polémiques démodées, et un témoignage vivant sur les moeurs littéraires féroces de l'époque. Mais le vitriol est excellent, on en redemande.

Au-delà du comique de circonstance, c'est un pan de l'histoire littéraire qui se dévoile. Barbey d'Aurevilly écrit en pleine guerre de 1870, durant le siège de Paris. Son anti-germanisme s'explique : il répond aux canons prussiens par sa petite salve acrimonieuse. Il épargne madame De Staël, qui reste pourtant l'auteur du délit d'avoir introduit Goethe en France : le style de la grande femme de lettres lui vaut cette grâce. La préface de Lionel Richard explique d'autres raisons de la mise en pièces : Jules Barbey d'Aurevilly avait succédé à Sainte Beuve, et aurait bien voulu briller comme son illustre prédécesseur au firmament des critiques parisiens. Las, il ne parvint pas à faire oublier l'auteur des Lundis. Mais reconnaissons le, si Goethe n'est pas l'écrivassier ennuyeux qu'il veut bien nous décrire, du moins le Contre Goethe vaut encore d'être lu, et avec quel plaisir !
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Les Diaboliques

J'ai cru comprendre que "Les diaboliques" est un recueil de nouvelles de Jules Amédée Barbey d'Aurevilly sujet à controverses. Et je comprends pourquoi. Je fais partie de ceux qui n'ont pas beaucoup aimé. L'idée de départ était pourtant bonne quand il précise "Mais les Diaboliques ne sont point des diableries, ce sont des diaboliques : des histoires réelles de ce temps civilisé et si divin que, quand on s'avise de les écrire, il semble que ce soit le Diable qui ait dicté..."

On s'attend donc à quelques frissons surtout quand il annonce "Quant aux femmes de ces histoires, pourquoi ne seraient-elles pas les diaboliques ? N'ont-elles pas assez de diabolisme en leur personne pour mériter ce doux nom-là".

J'ai espéré quelques sorcières mais pas du tout. On a beau être au 19eme siècle, ces histoires manquent d'intérêt même si j'aime les tournures de phrases et le vocabulaire de l'époque.

Par exemple, dans "La Vengeance d'une Femme", une duchesse va se prostituer par vengeance parce que son mari a tué son amant. Elle se sacrifie, du moins elle sacrifie son corps pour déshonorer son duc de mari trop orgueilleux. Elle veut élever une "pyramide de fumier" sur son nom et le déshonoré. Mais tout ne va pas bien se passer pour elle.

Tout est un peu dans le même registre et ressemble à de petites tragédies écrites par un moraliste chrétien. Mais où est passé Lucifer ?





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Les Diaboliques

Un grand merci à ma copine de blog Rose Prune (encore !) pour ce joli cadeau reçu au cours de notre échange de colis. Barbey d’Aurevilly signe ici plusieurs nouvelles pour le moins originales, où les femmes exercent un pouvoir magnétique. Tour à tour manipulatrices, perfides, méprisantes, vengeresses ou encore froides et insoumises, ces femmes se montrent tout à la fois passionnées ou tout simplement amoureuses… Le XIXème siècle. Des portraits féminins. Il n’en fallait pas moins pour me séduire ! Si j’ai grandement apprécié me plonger dans ces intrigues envoûtantes, je vous avoue avoir eu plus de mal avec l’écriture du grand Barbey d’Aurevilly. Si je reconnais qu’il est un très bon conteur, qu’il sait tenir en haleine, j’ai parfois ressenti une impression de trop : trop de descriptions qui traînent en longueur, trop de bavardages qui peuvent lasser. J’ai donc été charmée par les intrigues de ces nouvelles, par la beauté de certaines phrases, beaucoup moins par l’esprit « bavard » qui s’en dégage (mais ceci reste une affaire de goût avant tout).



Ce recueil comporte six nouvelles : Le rideau cramoisi, Le plus bel amour de Don Juan, Le bonheur dans le crime, Le dessous de cartes d’une partie de whist, À un dîner d’athées, La vengeance d’une femme.



Le rideau cramoisi



Lorsqu’un jeune lieutenant rencontre Albertine, la fille de ses logeurs, celui-ci n’a plus qu’une idée en tête : la séduire. Seulement la toute jeune femme se montre on ne peut plus déroutante. Ignorant totalement son prétendant le jour, ceci ne l’empêche nullement de le rejoindre dans sa chambre certaines nuits. Jusqu’à ce que le drame survienne… Étrangement, cette nouvelle reste ma préférée du recueil. Pour mes questionnements autour du comportement ambigu d’Albertine. Pour son atmosphère. Pour la chute si inattendue de l’intrigue, et le désarroi du narrateur. Une chose est sûre : elle aura réussi à marquer mon esprit.



Le bonheur dans le crime



Un zoo. Une femme et une panthère se font face. Curieusement, la plus humaine aura le dessus sur l’autre. Cette femme se nomme Hauteclaire. Lorsqu’elle rencontre le comte de Savigny, marié à la noble et languissante Delphine, c’est le coup de foudre ! Hauteclaire entreprend alors de se faire engager comme servante au château. Le décès par empoisonnement de la maîtresse de maison, survenu peu de temps après, ne sera alors pas pour faire taire les mauvaises langues… Barbey d’Aurevilly signe ici une nouvelle étonnante. Je crois avoir été stupéfaite par l’aplomb et la détermination de Hauteclaire. Si cette fois-ci je m’attendais peut-être au dénouement de l’intrigue, j’ai aimé son atmosphère pour le moins glaçante.



La vengeance d’une femme



Paris. La nuit. Un jeune dandy décide de suivre une jolie femme jusqu’à son lieu de destination. Cette femme n’est autre qu’une grande dame espagnole, ayant sombré dans la prostitution pour… se venger de son mari ! En cause : le meurtre de son amant, son unique amour. Pour se venger, la duchesse de Sierra-Leone n’a plus qu’un objectif : salir ce qui importe le plus aux yeux de son mari, son honneur. Seule nouvelle du recueil a être rapportée par une femme (la duchesse elle-même), ceci contribue peut-être à la rendre d’autant plus cruelle et pétrifiante.



En résumé, j’ai plutôt apprécié cette balade dans des intrigues aux dénouements aussi glaçants que totalement inattendus (pour la plupart). Barbey d’Aurevilly nous plonge dans diverses thématiques telles que l’amour, l’adultère, le meurtre ou encore la vengeance. Chaque final est toujours abrupt : le lecteur ne doit donc pas s’attendre à recevoir des explications objectives quant aux curieux dénouements de ces nouvelles. Si je vous avoue avoir parfois ressenti une certaine frustration, cette stratégie fonctionne tout de même plutôt bien. Car même si j’aurais peut-être apprécié accéder davantage aux pensées de nos Diaboliques, elle contribue ainsi à les rendre d’autant plus énigmatiques.
Lien : https://labibliothequedebene..
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Une histoire sans nom - Une page d'Histoire..

Barbey (pour les intimes), c'est l'écrivain de la grandeur tant dans sa vie que dans ses écrits et,ce, avec tous les risques que cela comporte.

Les deux premières nouvelles "Une histoire sans nom" et "Une page d'Histoire" me semblent ideales pour rentrer dans le "catalogue" de l'auteur. On y retrouve tous les traits aurevilliens: la beauté, l'amour, la religion, une Normandie chérie et fantasmée pour (re)travailler L'Histoire, une critique sociale, des dysfonctionnements familiaux (avec une incarnation physique voire médicale) et l'importance de ce fantastique inquiétant qui sommeille en chacun de nous.

Barbey est un écrivain hors norme aujourdh'ui comme pour ses contemporains par ses prises de positions comme pour sa langue mais pour une plongée dans des Landes brumeuses made in XIXe, il est le compagnon idéal.
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Un prêtre marié

Un prêtre marié /Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889)

Ce roman paru en 1865 commence par une assez longue introduction qui répond à la technique habituelle de construction de l'auteur, à savoir celle du récit enchâssé où le narrateur initial cède la parole à une personnage qui devient à son tour le narrateur.

L'histoire débute dans les années troublées qui ont suivi la Révolution. Jean Gourgue dit Sombreval, d'origine paysanne normande , après des études sérieuses au séminaire de Coutances est ordonné prêtre au grand désespoir, dans un premier temps, de son père qui voyait de fait sa race abolie.

Sombreval est un travailleur acharné et n'inspire aucune sympathie. Il vit dans une petite maison avec son père. Il quitte un jour du début de l'année 1789 son village normand pour une mission secrète à Paris ordonnée par l'évêque. Il ne reviendra jamais de la capitale, « ce gouffre de corruption, ce cratère qui allait vomir la Révolution française ».

C'est là qu'il va perdre son âme, sa foi et ses buts suite à la rencontre d'un chimiste qui lui communique sa passion. Il va ainsi consacrer sa vie à la science, séduire la fille de son collègue et commettre le péché suprême en se mariant avec elle et consommer ainsi son apostasie dans le « bourbier des bras d'une femme ». Au-delà du péché de chair, c'est Dieu lui-même qu'il assassine. Son père qui avait accepté sa prêtrise mourut de cette déchéance et de la mise au ban de l'opinion du pays de ce fils apostat.

La jeune fille, belle et orpheline de mère ignorait qu'il fût prêtre. Pieuse et tendre, elle aimait Sombreval. C'est enceinte qu'elle apprend que Jean est prêtre. le choc est tel qu'elle ne se relève pas de ses couches. L'enfant née, une fille très fragile, est prénommée Calixte. Signe particulier, elle a une petite tache sur le front en forme de croix. Jean aime sa fille, il est attentionné et veille à son bonheur, mais n'a jamais évoqué avec elle l'idée de Dieu. C'est l'abbé Hugon, son parrain, qui va plonger l'adolescente, pure et poétique mais souffreteuse dans la divine ébriété. Lui qui a assisté sa mère dans ses derniers instants est son confesseur, mais plus encore, le souvenir de sa mère.

Revenu dans sa campagne natale au fin fond de la Normandie, Jean s'installe avec Calixte dans le vieux château de Quesnay qu'il a acquis récemment, une demeure abandonnée et maudite depuis des années. Jean a pour Calixte des attentions, des surveillances et des adorations sans bornes. Mais peu à peu une ambiance lourde s'installe dans le pays : malgré le charme angélique de la jeune fille, les pires médisances courent dans le village sur le prêtre marié et sa fille, considérés par les villageois comme des créatures diaboliques. Les mauvaises langues vont jusqu'à suspecter le château d'abriter le sacrilège et l'inceste. Sombreval met toute son énergie et sa science pour soigner la maladie nerveuse de Calixte « d'une beauté nitescente mais toujours d'une pâleur albâtréenne et sépulcrale, réfugiée dans sa chambre, une vraie cellule de religieuse dans sa virginale austérité. »

« On aurait dit l'Ange de la souffrance marchant sur la terre du Seigneur, mais y marchant dans sa fulgurante et virginale beauté d'ange, que les plus cruelles douleurs ressenties ne pouvaient profaner…Calixte souffrait dans son corps par la maladie et dans son esprit par son père, mais elle n'en était que plus belle. »

Dans le voisinage, seul un flave et mince jeune homme aristocrate, Néel, fils du vicomte de Néhou va braver l'opprobre général se languissant d'amour pour la belle Calixte qui depuis sa rencontre avec l'abbé Hugon s'est donnée à Dieu pour racheter la conduite de son père. La vénération de Néel pour Calixte ne trouve qu'une réponse d'amie ou de soeur : elle a choisi d'être carmélite et entend le rester. Elle ne devrait pénétrer dans le cloître qu'après la mort de Sombreval. Alors Néel va se jeter dans une passion impossible, tout risquer et même sa vie. Et Sombreval tout faire pour que sa fille n'ait pas à subir l'infamie populaire et les noires prophéties de la Malgaigne, l'omniprésente sibylle de malheur. Même l'impensable : offrir son âme à l'enfer.

Barbey d'Aurevilly dans ce grand roman fait montre d'une force et d'une puissance d'évocation remarquable. Un souffle envoûtant traverse toute l'histoire qui tient le lecteur en haleine grâce à une langue d'une grande justesse, d'une grande richesse, sombre, éloquente et imagée. Parfois précieuse. Imprégné de foi catholique et marqué par la question du mal et du péché, d'Aurevilly mélange des éléments du romantisme tardif et du fantastique surnaturaliste notamment quand il évoque les superstitions normandes. Malgré un certain nombre de clichés mélodramatiques architypés, cette oeuvre reste pleinement évocatrice d'un univers glauque qui a longtemps dérangé la critique à défaut du lecteur, l'histoire de trois amours fous, celui de Sombreval pour sa fille, de Calixte pour son père et son Dieu, et de Néel pour Calixte. Un drame où se mêlent le rêve, la folie, la prière, le repentir, la pénitence, l'impiété, l'absolution et le mensonge, et le tout dans une violence latente.



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L'Ensorcelée

Prodigieux Barbey d'Aurevilly ! Excessif, grandiloquent (hugolien ?), radical mais superbe. Des intrigues improbables, des personnages emportés avec panache dans les passions les plus tourmentées (sexe, politique, rang social), oui Barbey n'a peur de rien et surtout pas de déplaire. "L'ensorcelée" superbement menée nous mène par le bout du nez, style étincelant, de la littérature qui claque !
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Une vieille maîtresse

J'aime beaucoup Barney d'Aurevilly, il ose mettre sur le papier les folies indicibles de l'humanité et nous mettre face à nos contradictions. Les portraits de femmes sont extraordinaires, d'un côté la perfection si glacée, si lisse, qu'on devrait aimer mais je pense que personne ne saurait s'attacher à Hermangarde (tout est dans le prénom). A l'inverse, on est fascinés par Vellini, si libérée dans son comportement. Si au début on est tenté de juger facilement la faiblesse de Marigny, c'est en réalité bien plus complexe qu'il n'y paraît.

Tout le roman est porté par le fantastique, on parle rituels, sang pour sang, philtres, potions, orages. Le langage est ciselé, il faudrait des cahiers entiers pour recopier les trouvailles métaphoriques. Chapeau bas pour les descriptions sublimes du Cotentin.
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Du dandysme et de George Brummell

Georges Bryan Brummel a fait la pluie et le beau temps dans les salons les plus huppés de l'aristocratie anglaise. Son exceptionnelle beauté...on va jusqu'à le comparer à l'Appolon du Belvédère! Il faut reconnaître à ce fils de modeste commerçant un certain génie dans l'art de la composition de sa garde-robe, mais en plus il emporte l'amitié amoureuse de l'héritier de la couronne et de se faire accepter dans les clubs les plus fermés de Saint-James Street pour animer les soirées les plus élégantes de Londres! Fêté, admiré un seul mot de lui suffit à faire la fortune d'un tailleur! Dans le cas inverse un froncement de sourcils fera le malheur à qui lui déplait. Et pourtant ce dandy va sombrer progressivement dans la misère et l'oubli. En mars 1840 dans une humble cellule de l'asile de Caen seule, une religieuse veille sur une épave humaine agonisante: un vieillard chauve et décharné. Qui pourrait reconnaître le beau Brummel? le favori tout-puissant du prince de Galles, le dandy glacé auquel toutes les impertinences étaient permises?
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La vengeance d'une femme

J'ai bien aimé la vengeance d'une femme par le moyen non conventionnel utilisé pour arriver à ses fins. J'avoue avoir été intrigué par la phrase suivante au dos: "en libertinage, le mauvais goût est une puissance"...



La couverture est très suggestive. Pourtant, il ne sera point question de scènes vraiment osées dans le corps de l'histoire entre ce jeune aristocrate et cette belle prostituée. C'est un peu dommage car cela risque de faire fuir le lecteur timide ou de décevoir un lectorat plus téméraire.



L'esthétique de l'objet m'a tout de suite attiré. Les cases sont immenses et l'histoire se lit avec aisance. Le graphisme avec cette imagerie très XIXème siècle colle parfaitement à l'atmosphère de cette histoire tragique. C'est noir, mélancolique et sombre. Tout ce que j'aime dans le romantisme !
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