Quand on attend un Kresley Cole, c’est toujours avec fébrilité en retenant des petits glapissements d’impatience. Et là, même si je savais que ce n’était pas un tome à proprement parler, mais un recueil de nouvelles revenant sur des événements antérieurs, j’étais quand même contente d’avoir l’opportunité de connaître l’histoire de tous les frères Wroth.
Ce clan de seigneurs de guerre vampires avait su nous charmer de par leur humanité passée, leur transformation brutale et non digérée, et cette fragilité qu’on décelait en eux. En effet, tandis que les autres mâles du Mythos pouvaient satisfaire leurs besoins en attendant de rencontrer le grand amour, nos pauvres Vampires faisaient ceinture, sans pour autant en être réellement frustrés (Dieu soit loué). Disons, en tout cas, qu’une abstinence de trois siècles n’était pas le meilleur moyen de flatter leur virilité, et que leur confiance en eux en a pris un sacré coup. Rien d’étonnant, alors, à ce qu’on ait tout de suite éprouvé pour eux une grande compassion. Dans cette famille, nous avions d’un côté les maudits, Sebastian (Tome 2 : La Valkyrie sans cœur) et Conrad (Tome 4 : Âme damnée), les transformés sans leur consentement par leurs propres frères, et d’un autre, les « méchants » les ayant damnés pour les sauver. Et c’est sur eux, Nikolaï et Murdoch, que se focalisent donc ces deux textes, que nous appellerons des bonus. Ils racontent la rencontre avec les âmes sœurs et les retrouvailles fraternelles.
Si globalement, ce recueil reste sympathique, un problème majeur vient quelque peu ternir la lecture. Il aurait peut-être été préférable de ne pas regrouper ces deux nouvelles dans le même livre, car les événements qu’elles relatent sont sensiblement les mêmes, à ceci près qu’ils sont narrés de points de vue différents. Ainsi, nous revivons certaines scènes dans les deux récits. Ce qui m’a un peu gênée aussi, c’est le fait que Myst et Danii partagent un souvenir commun douloureux, sur lequel on revient donc deux fois. Outre cela, je dois bien avouer que les deux couples sont moins charismatiques que leurs prédécesseurs. À noter pour compenser, qu’on a droit à beaucoup de Nïx, toujours aussi fêlée, mais qui dévoile aussi une facette de confidente très appréciable, qui confirme son statut de pilier de Val-Hall.
Si on retrouve bien la patte de Kresley dans la première nouvelle, on note tout de même une certaine ressemblance dans les rapports entre Nikolaï et Myst avec ceux de Rydstrom et Sabine (Tome 6 : Le baiser du roi démon), en ce sens que Nikolaï est aussi fin stratège et raisonnable que le roi déchu et qu’il a du mal à accorder sa confiance à sa Fiancée. Je râle, je râle, mais j’ai adoré le personnage de Myst, dont le tempérament hors norme tient toutes ses promesses. Provocante jusqu’au bout des griffes, elle ne manque pas d’humour et son arrogance est délicieuse.
Ce qui n’est pas précisé sur la couverture, et qui peut peut-être expliquer le fait que je n’ai pas vraiment accroché avec la seconde nouvelle, c’est le fait qu’elle a été coécrite avec Gena Showalter, connue pour sa saga Les Seigneurs de l’ombre publiée aux éditions Harlequin. On va dire que l’écriture à quatre mains ne réussit pas à Kresley… Bien sûr, on retrouve son univers mythologique, son style sensuel, ses scènes osées, mais l’histoire traîne en longueur et elle en devient pénible. Murdoch se comporte comme un goujat, tout ça parce que monsieur a des doutes (on a compris, merci), et Danii lui pardonne presque systématiquement. Elle est trop soumise et son caractère est bien fade comparé à celui des autres femmes de la saga. En fait, c’est exactement ce que je reproche aux héroïnes de Gena (hormis Anya, déesse de l’Anarchie). Du coup, le texte est trop sentimental, on en perd le peps habituel, même si le dénouement est très touchant.
Voici donc deux nouvelles à prendre comme un bonus à cette saga, qui répond aux questions qu’on se posait sur le reste de la famille Wroth, qui faisait pas mal de mystère tout de même, mais clairement, elles sont un cran au-dessous des tomes déjà parus.
Je vous conseille de ne pas lire ces nouvelles d’affilée pour éviter l’effet de redondance narrative. Au cas où vous vous demandiez où les caser : La Convoitée après le tome 2 avec Sebastian, La Valkyrie sans cœur et L’Intouchable après le tome 4 avec Conrad, Âme Damnée.
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