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Citations de Léonor de Recondo (1070)


J’ai souvent pensé à la chaîne que forment les femmes quand elles donnent la vie, génération après génération, une naissance, puis une autre, une vie qui pousse l’autre. Je pense maintenant à la chaîne des morts, allongés, respirant à peine, entourés pour les plus heureux, mains tenues. Et des années plus tard, la même main vieillie qui en tient une autre plus jeune. Le dernier contact là, dans la paume.
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Nous nous sommes exilés au chaud de notre terre intérieure, ce royaume inconnu des autres dans lequel nous ne pouvons pénétrer qu'à deux. En avançant nous découvrons ce monde luxuriant, coloré, à la fois tendre et ardent, où nous nous remplissons de l'autre en nous dépouillant de nous-mêmes.
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Après la naissance de Claire, alors qu'elle était épuisée et venait tout juste de reprendre le travail, Solange avait appelé sa mère au secours. A qui d'autre pouvait-elle passer ce coup de fil ? Solange lui avait dit : Je ne suis pas sûre d'y arriver, les deux enfants, Claire qui ne dort pas, ma classe de petite section, Laurent, la maison, et puis je me sens si seule. Comment as-tu fait, maman ? Sa mère l'avait écoutée, lui avait dit de ne pas s'inquiéter. Tu verras, les journées te semblent longues, elles vont bientôt raccourcir et tu vas te ressaisir, retrouver ton énergie, tu vas te reposer et tu oublieras. Elle n'avait pas eu tort, tout s'était passé comme elle l'avait prédit. Mais, quand sa mère l'avait rappelée quelques jours plus tard en lui demandant des nouvelles de Claire, et uniquement de Claire, Solange s'était sentie désemparée. Maman, c'est moi qui souffre, pas Claire ! Elle avait compris, d'un coup, que sa chair en avait créé une plus fraîche et plus vulnérable, qui méritait toutes les prévenances de sa mère. L'attention avait sauté une génération, et personne n'avait averti Solange.
(p. 39-40)
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Huguette, saisie par la beauté de cette musique, reste sur le pas de la porte avec son plateau. Elle écoute et, surtout, elle remarque la gravité du visage de Victoire, complètement absorbée par la délicatesse avec laquelle les notes sortent de ses mains. Poser doucement la pulpe de ses doigts sur la touche, appuyer juste ce qu'il faut pour en avoir l'âme blessée.
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Sous les tuiles en ardoise de la maison bourgeoise, quatre personnes sont couchées, seul l'enfant dort. Les autres gardent les yeux grands ouverts. Chacun dans sa pièce, chacun dans sa solitude profonde, hanté par des rêves, des désirs, des espoirs qui ne se rencontrent pas,...
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Son corps était aussi blanc que l'albâtre et possédait en plus une légère transparence qui ajoutait de la fragilité à sa blancheur. Seule la tache sombre de son pubis venait troubler cette étonnante uniformité. Cette chair semblait en effet absorber jusqu'aux plus infimes particules de lumière. Elle semblait s'imprégner, s'imbiber de leur clarté. Puis, à travers le voile de sa peau, elle en restituait l'essentiel auquel elle ajoutait sa grâce et sa douceur. La beauté d'Agriopé évoquait la caresse, le toucher. p45
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Iduri,mon petit, c'est cela aussi l'exil.Ne pas savoir dire, ne pas être là où nous devrions.Et à chaque instant,avaler cette honte indigeste qui nous brûle le ventre.
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C’est dans le son qu’elle déclare son amour, qu’elle le déclame ; une exaltation du corps qu’elle ne trouve nulle part ailleurs que dans l’archet sur la corde. La vibration ondulante. Point de poèmes, point de mots assez beaux pour exprimer cette intensité-là. Parfois, en répétitions, quand son corps parfaitement aligné avec son âme, sans aucune tension, dans une joie profonde, parvient à jouer, quand l’onde circule lentement, elle se dit, j’y suis. Je deviens la respiration du monde. 
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Doménikos ira ainsi de procès en procès, exigeant l'argent qui lui est dû et plus encore, au nom de l'idéal qu'il a de l'artiste. Son orgueil agace, l'Espagne n'a pas eu Michel-Ange ou Léonard pour prouver aux yeux de tous que la peinture n'est pas un art mineur, qu'elle a toute sa place aux côtés de l'architecture et de la rhétorique. Les peintres espagnols sont toujours soumis au pouvoir des confréries d'artisans.La notion individuelle d'artiste n'existe pas.Et la Castille, en pleine contre- réforme sous le joug de l'Inquisition, ne prêche que la pénitence et la repentance.

( p.67)
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Mais il y avait d'autres beautés qui nous éblouissaient sur ces terres.Outre les paysages et l'architecture, il y avait la peinture espagnole avec trois noms au firmament: Greco, Velásquez et Goya, à me gaver des désastres de la guerre, à ne pas tout à fait comprendre qu'ils pouvaient représenter toutes les guerres, même celle qui avait provoqué l'exil familial. Cette violence et cette noirceur excitaient en moi quelque chose d'inconnu, loin de mon innocence
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Elle ira dans la clairière s'asseoir sur une souche en se demandant pourquoi elle est si émue à la vue des fougères vert tendre, pourquoi elle se sent à l'affût de la vie, les larmes toujours au bord des yeux. Instants de bonheur fugaces où Céleste, à son insu, entre dans la danse de la nature, lui donnant corps.
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Son regard dégoulinait sur moi(son psy). Je n'aurais pas réagi aussi violemment s'il n'y avait pas eu cette séance avant. Ça dégoulinait et c'était du poison. Ça imprégnait toute la pièce, ma peau, ma respiration. J'avais l'impression d'être dans une cellule. Névrose obsessionnelle ! Tu te tends compte, Cynthia ? Ça m'a sauté à la gorge. Comment peut on réduire quelqu'un à deux mots ? C'est là que j'ai réalisé que tout le monde croyait que j'étais malade. Pas juste une tournure de phrase, mais vraiment malade. On va te soigner dès qu'on aura mis un nom sur ta maladie. C'est tellement simple : une maladie, un médicament ! (Page 125)
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Claire sort de l'enfance sans s'en rendre compte encore, le monde doux de ses parents, ce monde réconfortant, qui avait réponse à tout, devient rugueux, énigmatique, chargé de zones d'ombre. Qui est son père? Est-il possible de connaître si peu quelqu'un avec qui l'on a toujours vécu? Que l'on aime ?
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"Aïta m'a dit que ce n'était pas un bol pour boire, mais un récipient à rêves , où ce ne sont pas les lèvres qui se posent mais les yeux qui se perdent."
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De la vie, on ne garde que quelques étreintes fugaces et la lumière d'un paysage.

(P275)
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Le repas terminé, Michelangelo sculpte dans le sable de petits monstres grotesques, juste pour le plaisir d'entendre le rire de l'enfant.
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Ilaria migre. Elle compose.

Croire qu’elle puise son inspiration dans ce qu’elle a appris est une erreur. Non, elle a volé chaque note lors de ses échappées. Elle s’est emparée de la tonalité du vent sur son visage en allant à la Giudecca, de l’eau sur ses jambes quand elle a plongé dans le canal, de l’aube plombée du mois d’août, du chant de la mouette qui déchire le ciel, de la flamme qui la brûle tout entière, quand la pensée de partir au loin s’empare d’elle. Elle devient alors ce paysage imaginaire, celui ourdi à plat sur la table, plume à la main, tableau extravagant, fresque de couleurs vives, ciel radieux, épais, qui s’accroche aux toits, aux campaniles, lapis mystérieux, une couleur en héritage, cachée dans un ourlet de robe.

Un certain bleu.
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La musique est un art qui se façonne dans une addition d'âmes.
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Les mains ne mentent pas, elles laissent leurs traces, leur sensibilité faite de faiblesses.

( p.151)
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Ce violon, c'est moi qui l'ai fait.J'ai choisi le bois, je l'ai caressé, écouté vibrer, j'ai rêvé de la forme qu'il prendrait, que je lui donnerai. C'était la première fois que je devais sculpter une forme qui donne du son, du sens avec du son, et je savais comment m'y prendre.
La musique est entrée chez nous à l'intérieur d'un tout petit étui.On n'a jamais vraiment su pourquoi Léonor nous a demandé de jouer du violon.Elle a insisté, elle ne se résignait pas (...)

( p.35)
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