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Critiques de Léonor de Recondo (1402)
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Amours

Dans une maison bourgeoise, au début du XXème siècle, Madame est oisive, peu épanouie, Monsieur est notaire, très pris par son travail, et de temps en temps, il s’occupe bestialement de la jeune bonne.

Le début du roman parait un peu désuet. On croit entendre la chanson de Fragson



« Bien qu’il possède une femme charmante

L’ami Durand est un coureur

V’là t’y pas qu’il reluque sa servante

Et qu’il la reluque en amateur

……………

Ah Monsieur, répond la petite bonne…….. »



Ce scénario, à l’intrigue assez banale, semble avoir déjà été écrit et réécrit.

Et pourtant, Leonor de Recondo réussit à en faire une histoire passionnante.

Elle décrit le non-amour :

« C’est long, c’est laborieux»…..« Comme il est lourd, lourd et vidé, lourd et sans force » pense Céleste la petite bonne

« L’enchevêtrement immonde » pense Victoire, l’épouse

« Il ira à l’essentiel. L’essentiel se situant entre ses cuisses quelle rechigne à écarter et qu’il faut forcer un peu » ainsi agit Anselme, le notaire.

Et elle décrit tout aussi bien l’amour

« Elle la laisse se gorger de ce corps nouveau. Dans cet éblouissement elle n’a qu’une seule pensée : nous sommes enfin vivantes. »

ou encore « L’amour lui a soudain donné une identité propre. Jusque là elle n’avait fait que se mouvoir à tâtons, aveugle aux autres et à elle-même»

C’est un roman d’une autre époque, qui rappelle des classiques, comme Flaubert, ou Colette.

Un roman au charme indéniable, un beau roman d’amour, des portraits de femmes délicats, mais aussi un tableau réaliste des différences de classes sociales et les évènements qui se produisent ne sont pas ceux auxquels on aurait pu s’attendre.

Fort heureusement, je n’avais pas lu la quatrième de couverture, ni les critiques qui en révèlent bien trop.

Quel plaisir de passer ainsi un excellent moment de lecture.
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Pietra viva

Comme tout est simple, limpide et lumineux avec Léonor de Récondo !

Pietra viva, à partir d’une tranche de vie du sculpteur Michelangelo, offre une réflexion intense et bienfaisante sur les liens étroits entre le travail, la mort et l’oubli.

Dans les carrières de Carrare, au contact de l’or blanc de la montagne et de ceux qui l’extraient, Michelangelo retrouve l’essence de son art… Mais il est aussi négociateur pour l’achat et le transport des précieux blocs jusqu’à Rome…

La montagne, c’est la première maîtresse, celle qui livre ses entrailles immaculées aux carriers… non sans des sacrifices humains puisque grosses chaleurs et pluies rendent le travail périlleux. C’est aussi la mère, puisque Michelangelo « voit » littéralement les personnages qui orneront le tombeau du pape Jules II, s’extraire du marbre parfait qu’il choisit soigneusement.

Au village, Michelangelo retrouve son ami le fou, celui qui se croit (ou se sait ?) cheval et aime éperdument une belle jument blanche.

Michelangelo va aussi rencontrer le frais orphelin Michele, qu’il offensera d’abord avant que l’enfant ne l’adopte ou plutôt l’apprivoise.

Michelangelo a perdu son ami, le beau moine Andrea si beau. Il est en colère, désorienté.

Mais Michelangelo va beaucoup apprendre et recevoir de l’enfant orphelin et du fou. Il rouvrira la boîte de souvenirs qu’il avait enterrée. Il reverra Andrea et sa mère perdue à l’âge de six ans.

Michelangelo continuera de vivre.

Comme ce beau livre.

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Amours

Un talent peut en cacher un autre…



Depuis quelques mois, j'avais coché dans un coin de ma tête « Rèves oubliés » de Léonor de Recondo pour une prochaine découverte hispanique après avoir lu une critique excellente sur ce roman.



Fin avril, lorsque je reçois un mail de Babélio me proposant une rencontre mi-mai avec cette auteur et la possibilité de lire son dernier roman « Amours », je n'hésite pas une seconde en me ruant sur la souris et en espérant de tout coeur être l'heureux élu.



Une semaine plus tard, la bonne nouvelle apparaît sur ma boite aux lettres… électronique avant de se matérialiser quelques jours après dans mon autre boite…postale.



Avant même de commencer le roman, la couverture vous met dans l'ambiance avec le dos partiellement nu d'une femme et son magnifique corset dont les liens sont en train de céder irrémédiablement…



Muni de l'objet littéraire tant convoité entre les mains, j'ai croqué dans le roman avec impatience et plaisir. Dans l'ambiance pesante d'une famille bourgeoise du centre de la France, nous sommes confrontés dès l'entame du livre au viol de Celeste, la bonne, par Anselme, notaire et mal-aimé de sa femme Victoire. Défaite après cet acte odieux, Celeste va même découvrir trop tard que son calvaire ne fait que commencer avec l'arrivée d'un enfant. A l'impossible, nul n'est tenu…



Tout en subtilité et émotion, Léonor de Recondo nous entraîne dans cette histoire du siècle dernier en réussissant à capter toute l'attention du lecteur du début à la fin, en ne divulguant certains détails que tard dans le roman (comme la date précise du roman par exemple). Nous sommes invités au premier rang à assister à l'éclosion de Victoire, écartelée entre le statut inexorable de femme d'un ignoble individu et la promesse d'un amour fulgurant mais interdit. A vous de découvrir le destin des deux femmes de ce roman et de leur bourreau…



Pour ma part, j'ai pu jouer les prolongations avec grand plaisir en rencontrant en chair et en os Léonor de Recondo, à deux pas de chez moi qui plus est. Attendu comme le messie (*) à ma grande surprise, j'ai apprécié les commentaires et anecdotes de la romancière sur « Amours » et ses anciens livres également.



Il faut également préciser que l'ambiance était particulièrement chaleureuse et détendue grâce notamment au talentueux orateur des éditions « Points ». Et en parlant de talent, Léonor de Recondo s'est montrée autant à l'aise à l'oral qu'à l'écrit… en français bien entendu. Il ne manquerait plus que cette femme d'origine espagnole soit également une virtuose du violon !

Il suffit de rêver, retournez à vos Amours et bonne lecture à tous.



(*) Juste parce que j'étais le premier lecteur masculin invité dans la salle d'une bonne trentaine de personnes. Comme d'habitude, j'avais l'impression d'être un extra-terrestre au milieu de toutes ces lectrices de tout âge. Et dire que certaines femmes ont décrété que ce roman s'adressait plus particulièrement aux femmes ! N'en jetez plus, la coupe est pleine...

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Pietra viva

Les livres ne sont pas des sujets, ce sont des rencontres.

Léonor de Récondo nous présente Michelangelo !



L'auteure nous taille une fameuse tranche de vie où la petite histoire flirte avec la grande, prenant ses aises et traçant son petit chemin.



Elle nous fait évoluer dans le sillage de ce grand personnage sur qui tout a probablement déjà été dit et pourtant on se surprend à pénétrer sans difficulté dans cet épisode vécu/imaginé de la vie du sculpteur italien, avant qu'il ne devienne une légende et l'auteur des plus grands chefs d'oeuvre de la Renaissance.



Les personnages secondaires, autant habités par la joie que par l'inquiétude, sont façonnés avec talent, appuyés sur une documentation peu solide, qui permet l'extrapolation, composant un mixte savamment dosé entre matière biographique et fiction pure.



Telle une sculptrice, Léonor de Récondo met en scène la dureté de la vie et les blessures profondes des personnages, mais d'une manière si belle et si touchante, qu'ils parviennent à les transcender dans leur chemin intérieur.

L'auteure française joue avec la langue, défie les règles de la poésie et forge son style bien particulier.



On tient là un petit bijou poli et lustré, d'une densité et d'une ambition folles.

A découvrir !





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Point Cardinal

Petite famille sympa. Couple harmonieux, maison individuelle, quartier tranquille, boulots fixes, deux enfants (le 'choix du roi' comme on dit : un garçon et une fille), de seize et treize ans. Ça roule, malgré les aléas de la vie et les coups de fatigue passagers. S'il doit y avoir des turbulences dans ce foyer, elles seraient plutôt à attendre du côté des ados. C'est à cette période qu'on est vulnérable et qu'on remet tout en question...



En fait, c'est Laurent, le père, qui traverse une crise existentielle.

Ou plutôt, « clandestin dans son propre corps », il ose enfin s'avouer ce qu'il ressent depuis toujours : « C'est comme ça depuis que je suis tout petit, quelque chose qui n'allait pas, qui clochait dans ce que j'étais. Et aujourd'hui encore. J'ai mis du temps à savoir quoi. C'est un mal-être, un décalage très profond entre celui que je vois dans la glace et moi-même. »



Le chemin est long pour ceux qui veulent changer de sexe, et les obstacles sont nombreux. A commencer par les réticences familiales, surtout lorsque les proches 'n'ont rien vu venir', comme ici.

Plus je lis, regarde et écoute sur le sujet (beaucoup, depuis quelque temps, pour des raisons professionnelles), plus je me rends compte que l'accompagnement des proches est précieux, et qu'Internet est susceptible d'aider ceux qui souffrent en silence, n'arrivent pas à mettre des mots sur leur mal-être, n'osent pas se confier à leur famille, leurs amis, ou pousser la porte d'une association.



Avec des mots simples, Léonor de Récondo relate parfaitement et sobrement ce parcours difficile. L'histoire paraîtrait presque banale si elle n'était pas aussi douloureuse.



Pour reprendre des mots d'un personnage du roman : avec ce livre, l'auteur « nous rend service à tous » - merci !

Parce qu'il est temps de prendre conscience qu'on ne change pas de sexe comme on change de coiffure, que ce n'est pas une fantaisie passagère.



► Lire aussi 'Mon neveu Jeanne' (Patrick Bard), 'Le Choeur des femmes' (Martin Winckler), 'Sauveur & fils' (Marie-Aude Murail)...
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Amours

A l'aube du XXe siècle, une jeune femme d'une petite ville du Cher s'ennuie dans un mariage arrangé. Son mari, notaire, est si maladroit que leur union reste désespérément stérile. Heureusement qu'il y a la jolie et appétissante petite bonne, qui, bientôt tombée enceinte des oeuvres de monsieur, accepte de donner au couple l'enfant tant désiré. Mais madame gâche toutes les prévisions de félicité conjugale en s'éprenant de la fraîche et sensuelle domestique.



Je n'aurais sans doute pas dû lire ce roman en même temps que L'Amant de Lady Chatterley. Sans être un mauvais roman, Amours, inspiré de grands romans classiques, souffre de la comparaison et peine à trouver un ton original. Si la vie de province et la libération du corps de la femme sont plutôt bien rendues, ce récit reste, malgré la description d'amours homosexuelles plus transgressives, une romance convenue.

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La Leçon de ténèbres

La leçon de ténèbres, c'est l'histoire d'un rendez-vous pas comme les autres. Un rendez-vous amoureux ; jusque là, certes rien d'original. Mais un rendez-vous fixé dans une nuit étouffante de juin, au musée El Greco à Tolède, par Léonor de Récondo, à un homme qu'elle vénère, et dont elle ignore s'il viendra. Un rendez-vous particulier, donc, d'autant plus que l'objet du désir ardent de l'écrivaine et violoniste est un certain Dominikos Theotokopoulos, plus connu sous son nom d'artiste El Greco, et mort il y a plus de 400 ans...

Enfermée seule dans le musée, dans l'obscurité et la chaleur, sous l'oeil voyeur des caméras de surveillance, Léonor espère sa venue, espère la rencontre avec l'un des Maîtres du Siècle d'or espagnol, pour lequel elle a eu le coup de foudre 15 ans plus tôt, lors d'une visite en ces mêmes lieux avec ses parents.

Déambulant dans les couloirs, les jardins, la chapelle du musée, elle l'appelle, tente de l'attirer, de le séduire en jouant du violon. En l'attendant, elle nous raconte par petites touches la vie de l'artiste, son parcours de la Crète à Tolède en passant par Venise et Rome, son apprentissage, ses amours, son fils, son oeuvre, son métier, sa mort.

Au fil des pages, les mots et les notes de musique s'envolent et se mêlent pour composer une vibrante et sensuelle déclaration au Greco. Poésie, exaltation, délicatesse, la plume de Léonor de Récondo conjugue une nouvelle fois ces ingrédients dans un beau portrait du peintre, avec en arrière-plan, un hommage touchant à son propre père, lui-même artiste, et à sa famille.

En partenariat avec les Editions Stock via Netgalley.

#Laleçondeténèbres #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Amours

1908, un couple de notables d’une petite ville de province, une bonne violée régulièrement par le maître de maison, un enfant illégitime qu’on fait passer pour celui du couple.

Secrets de famille, droit de cuissage, le postulat de départ du dernier roman de Leonor de Recondo est finalement tristement banal pour l’époque, avec son cortège de non-dits et d’arrangements pour garantir coûte que coûte la réputation du notaire local et de son épouse, et leur assurer une descendance.



L’amour, à première vue, semble assez absent de cet univers bourgeois confiné et pétri de conventions liberticides. Ce n’est finalement qu’en bousculant convenances sociales et morales que la narration prend réellement son essor, sort des sentiers battus et capte l’intérêt, justifiant pleinement son titre « Amours » au pluriel. On pense évidemment à l’histoire d’Emma Bovary, mais en plus contemporain, plus sensuel aussi, plus accompli.

Leonor de Recondo situe souvent ses récits dans le passé, flirte avec des références littéraires, mais avec un ton et une problématique contemporains - une mise à distance à la manière d’un révélateur. Et c’est très réussi !



Articulé autour de deux très beaux portraits de femmes, de leur amour partagé, ce récit, d’une belle sensibilité, est une véritable ode à l’émancipation féminine, la découverte du plaisir, des corps libérés des corsets.

Une nouvelle fois, le style élégant et limpide de l’auteur m’a enchantée. Toujours, elle capture l’essentiel des sentiments, des situations, sans effets de style superflus.

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Amours

C’est avec une plume délicate que Leonor de Redondo sublime les émotions, quel que soit le sordide qui pointe au delà de mots.

La situation est hélas banale, le maître de maison assouvit ses pulsions sans tenir compte de la jeune femme qu’il utilise pour parvenir à ses fins. Et lorsqu’on est une simple employée, à la limite de l’esclavage, rien ne se dit. Mais tout finit par se voir. Le plus souvent, le drame se termine par l’exclusion de la fautive, s’il est trop tard pour que la faiseuse d’anges vienne faire disparaitre l’objet du délit.

Oui mais voilà, cette grossesse inopinée pourrait bien combler le vide d’une épouse inféconde. Même si tout n’est pas si simple, et qu’un enfant ne vit pas seulement de lait. La mère biologique le ressent et ravit la nuit son jeune nourrisson qui dépérit. L’amour va sauver ce petit être, et révéler des sentiments plus forts que les interdits.



Les hommes et les femmes changent peu en un siècle : même désirs, même pulsions, même hiérarchie implicite qui autorise sans questionnement l’instrumentalisation d’autres êtres humains.

La seule évolution tangible est que parfois, de nos jours les choses se disent , et l’on affiche volontiers sa différence.c e qui était impensable il y a quelques dizaines d’années, alors que toute « déviance » trouvait son costume d’apparat pour que le paraitre soit acceptable.



C’est le coeur du roman, dont on redoute l’issue, pour peu que la religion y mette son grain de sel.

Mais on est loin du roman naturaliste. C’est avec beaucoup de subtilité que l’auteur dresse le portrait, sans concession cependant, de cette famille construite sur des bases peu stables.



C’est assez court mais suffisamment dense pour que le but soit atteint, emporter le lecteur dans un carrousel dont la musique s’affole et ne trouve pas sa tonalité.


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Amours

Monsieur de Boisvaillant a eu des amours ancillaires...

Il faut bien dire que sa jeune épouse, née Victoire de Champfleuri, serait plutôt du genre porcelaine de Saxe, et que les émois impérieux de Monsieur ont trouvé un exutoire à domicile dans le giron de Céleste, naïve petite bonne qui a pas eu voix au chapitre.

Et ce qui fut risqué arriva!



Ce pourrait être comique en regard des noms de chacun, si cette histoire de moeurs n'était pas si tristement sordide, représentative de la bourgeoisie provinciale du tournant du 20ème siècle. On se croirait dans une nouvelle de Guy de Maupassant. La décision de reconnaissance de paternité est motivée par la bienséance, le conformisme et l'impérieuse nécessité de descendance.

Il convient d'éviter à tout prix le scandale. L'enfant est un Boisvaillant et Madame est enfin mère. Le reste est accessoire, en particulier la petite bonne qui reste la petite bonne.



Le récit prend ensuite une direction inattendue, un twist qui se débarrasse d'une narration figurative dans une société corsetée, pour parler d'amours maternels, d'amours saphiques, de solitude et mensonges en vie conjugale et de condition de la femme.



Un livre sur les désirs intimes, en uppercut tel ce premier chapitre glaçant et implacable. C'est vivifiant et romantique comme une bouffée printanière, trouble et délicieusement irrévérencieux par instant, mais surtout violent en faits et en dires d'une autre époque. Un mélange subtil, un récit concis et tout en finesse, fait de secrets et d'hypocrisie des bonnes maisons bourgeoises.



A lire d'une traite, sans respiration...

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Point Cardinal

Le sujet s'avérait ardu à traiter. Le genre de truc scabreux qu'en général j'évite de lire.



Mais...



Ce qui aurait dû être embarassant et gênant est devenu léger et aérien.



Ce qui aurait pu être honteux et indicible s'est paré de naturel et de simplicité.



Ce qui appelait au voyeurisme s'est teinté d'une délicate pudeur.



Ce qui peut paraître à certains comme pathétique et ridicule s'est dévoilé comme émouvant et bouleversant.



Ce qui semble vulgaire s'habille de sublime.



Ce qui choque se transcende.



Ce qui éloigne rapproche.



Ce qui écorche devient doux comme la caresse sur la peau nue d'une femme.





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Point Cardinal

Voici un livre lu d'une traite qu m'a laissée sans voix!

L'auteur, d'une plume délicate, sans fard, ni artifices, sans pathos ni voyeurisme, réussit , grâce à son talent inné de conteuse à se glisser intimement dans la peau de "Laurent- Matilda."

Un propos nu et profond qui jette une lumière crue, directe, chatoyante et caressante sur les tourments qui habitent Laurent, cet homme," mari et "Pére " et sa volonté de se transformer en femme.



Ce récit fragile, clair et fort, rare, à l'écriture limpide et transparente, traite de l'identité sexuelle, du courage de devenir soi, d'être soi face aux autres et à soi- même, avec une ténacité vibrante, une douceur ineffable , un irrépressible besoin de tolérance et un grand respect!!

L'auteur retrace le parcours et accompagne au plus près , avec justesse et sensibilité , à fleur de peau, la détermination de Laurent dans son désir de changer de sexe, le désarroi de son entourage, étonnement ou compassion, et la révolte, l'hostilité , la colére de son fils de 16 ans !

Elle pénétre naturellement au coeur de l'intimité des émotions de cette famille , comme elle l'avait déjà fait dans"Amours "et "-Pietra-viva", deux beaux ouvrages lus il y a un moment .

Un grand roman respectueux et tolérant," marquant "qui interroge la vérité du corps et le mystère de l'identité , avec une grâce sans pareille ! Un sujet singulier traité avec limpidité !

Une belle histoire de quête de soi que le lecteur n'est pas prêt d'oublier !

Mille mercis et Bravo à l'auteur !
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Amours

Amours, avec un "s".

Amour maternel, amour conjugal, amour filial.

Amour banal, amour inattendu, amour interdit.

Amour absolu, amour dévastateur, amour destructeur.

L'amour et ses multiples facettes, merveilleusement explorées dans ce roman.

Et l'occasion de peindre deux magnifiques portraits de femmes.

Sitôt ma lecture entamée, je n'ai pas pu lâcher ce livre que j'ai lu d'une traite, presque en apnée.

Léonor de Récondo est musicienne, et ça se voit dans son livre, ou plutôt, ça s'entend : il y a une musicalité évidente dans ses phrases, un choix de deux tonalités bien adaptées à Victoire et Céleste, un sens aigu du rythme à travers ces courts chapitres qui entretiennent l'intrigue et accrochent le lecteur.

Il y a surtout un texte sublime porté par une très belle écriture, une histoire profondément humaine racontée avec beaucoup de finesse et une grande sensibilité.

Le récit est situé au début du XXe siècle, mais c'est une aventure intemporelle qui nous est contée, et c'est sans doute pour cela qu'elle m'a autant touchée. C'est l'histoire d'une passion absolue qui nous remue au plus profond de nous-mêmes.

Léonor de Récondo sait merveilleusement jouer avec les émotions. Bravo l'artiste !

Un grand merci à Babelio et aux éditions Sabine Wespieser pour ce cadeau. Je me réjouis de la rencontre à venir avec l'auteur !
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Rêves oubliés

Avril 1936 à Aranjuez, près de Madrid, Aïta dirigeant d’une fabrique de céramique, menacé par deux types éméchés qui veulent sa peau, quitte la ville et se précipite à Irún pour y rejoindre Ama sa femme, leurs 3 enfants partis chez les parents de sa femme en pays basque.



Quand il arrive dans la maison familiale, c’est pour la trouver vide, le gâteau d’anniversaire de Zantzu, intact sur la table. Prévenus de leur arrestation imminente, au vu des activités des fils de la maison, ils sont tous partis à pied pour Hendaye, empruntant le pont qui surplombe la Bidassoa ce petit fleuve côtier qui sépare la France de l’Espagne. Ils se rejoindront tous à Hendaye chez une amie proche Mademoiselle Eglantine qui va leur offrir l’hospitalité.

Cette période troublée marque l’avancée des troupes franquistes et après la reprise progressive de plusieurs régions par les phalangistes, le pays basque vient de tomber entre leurs mains et « sus aux républicains » est alors le mot d’ordre.



Nous allons accompagner Aïta et les siens dans leur exil. Ils seront rattrapés par la déclaration de guerre entre la France et l’Allemagne, il leur faudra alors quitter Hendaye pour aller s’installer dans une ferme isolée près de Dax. Les conditions de vie y sont certes très difficiles mais ils sont isolés et à l’abri des regards.



Léonor de Récondo, violoniste virtuose, déjà remarquée pour son premier roman La grâce du cygne, signe là un petit bijou.



Dans ce texte à plusieurs voix, celle du père qui se tait peu à peu, celle de la mère et de son petit carnet intime, celles des enfants Otzan l’aîné, musicien, poète, Zantzu l’éternel assoiffé de connaissance, et Iduri le dernier rêveur avec ses qualités de dessinateur, chacun nous parle de cet exil, de la guerre, de la résistance à l’horreur.



Avec un art maîtrisé une écriture d’une musicalité extraordinaire, c’est l’histoire d’une famille, de son déchirement à l’idée de quitter leur pays, puis de leur résignation quand les frontières se ferment définitivement pour eux. Mais c’est surtout l’histoire de l’amour qui les unit, cet amour de plus en plus fort. Être ensemble, c’est tout ce qui compte est le leïtmotiv d’Aïta.



Les mots s’enchaînent, les phrases coulent de source, un pur bonheur de lecture



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Manifesto

Chaque souffrance est unique. Voir partir un père est insupportable.

Le courage de l’accompagner en espérant adoucir une fin de vie est une épreuve dont on ne ressort pas indemne.

Dans ce texte tout en pudeur et retenue, Léonor de Recondo évoque la dernière nuit de Félix, ce père tant aimé.



Que dire d’un texte aussi intime ? je ne peux que m’incliner devant le talent d’une auteure qui sans tomber dans le larmoyant a réussi à me bouleverser.



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Point Cardinal

Naître homme mais se sentir femme dans toutes les fibres de sa chair, c’est ce que vit Laurent, marié à Solange et père de deux enfants, Claire et Thomas. Un mariage d'amour et de complicité totale. Mais c’est en cachette que Laurent se transforme en Mathilda et retrouve Cynthia au Zanzibar.

Lorsque la vérité éclate, la famille implose, explose. Puis se recompose autour de la renaissance de Laurent et du douloureux et nécessaire chemin vers sa féminité.



Avec une grande économie de mots, mais des mots soigneusement choisis, Léonor de Récondo nous livre une histoire intense, ancrée dans la banalité du quotidien. Elle évoque le transgenre sans voyeurisme et sans porter de jugement et réussit à démontre à travers le personnage de Laurent qu’il est impossible « d’aller contre nature ».

Une magnifique lecture.

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Amours

Dans la maison d’Anselme de Boisvaillant, notaire dans le Cher au début du XXème siècle, on est bien sûr censé rester «dans la bienséance exigée par notre milieu». Pas troublée la bienséance par le viol d’une jolie domestique, Céleste, par son patron. Après tout elle n’a guère d’autre choix que de chercher à garder la tête haute, «c'est tout ce que nous pouvons faire, nous autres ! Garder la tête haute pour faire croire qu'on n'a pas honte.»

Pourtant la grossesse de Céleste va ouvrir une porte dans l’existence terne et corsetée de la femme d’Anselme, Victoire, le vent de l’amour, de la sensualité, des désirs, va secouer les rigides convenances qui régissaient sa vie.



Sans être un grand livre, ça se lit vite et bien, le rythme donné par les brefs

chapitres qu’on enchaîne avec plaisir est bon. Mais c’est peut-être un peu trop propre, le sujet aurait mérité une écriture plus troublante, plus de prise de risque, plus de souffle. Léonor de Récondo fait brûler ses corsets à son personnage, mais le style de l’écrivain reste très sage, sans rien qui déborde, un peu comme la maison de Victoire aux «ardoises trop bien alignées».
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Rêves oubliés

Aïta et Ama coule des jours paisibles avec leurs trois enfants entre Irun et Aranjuez. Des promenades main dans la main dans les jardins de la ville, senteurs d’orangeraies qui distillent un parfum d’amour et de soleil dans cette vie-là. Mais si je suis ici, ce n’est pas pour te conter l’amour et le bonheur. Enfin presque, l’amour, il y sera toujours question mais le bonheur s’éclipsera devant la montée d’un homme, Franco et ses troupes qui avancent dangereusement pour des activistes républicains. La famille est contrainte à l’exil.



L’exil vers un nouveau pays. Tenter de se reconstruire et de maintenir unie cette famille. De l’autre côté des Pays basques, la vie n’est plus ce qu’elle était, mais au moins la famille est libre. Elle a un toit, même si la chaumière occupée est étroite, puante, sans eau ni électricité. Mais ils sont libres. Libres et ensemble. Mais en France, les heures sombres viennent aussi se mêler à cette vie de pauvreté. Les allemands jouent les tortionnaires psychologiques. Alors dans ces conditions, difficile de se sentir bien chez soi, ne restent que des « rêves oubliés » d’une vie d’avant, entre Irun et Aranjuez.



Pourquoi suis-je allé vers ce roman de Léonor de Récondo, qui semble assez éloigné de mes lectures de prédilections. Certainement, parce que j’avais envie de sentir cette plume aux senteurs d’oranges et d’écouter le concierto d’Aranjuez (Miles Davis, Milos Karadaglic, Paco de Lucia ou Pepe Romero…). Certain(e)s vont crier à l’hérésie et au scandale, mais Miles s’impose plus facilement à mon spectre musical pour ce concerto, « Sketches of Spain ». Mais aussi, parce que dedans il y a l’histoire de parents contraints de s’exiler dans un pays qui n’est pas le leur, et qui ne le sera probablement jamais. Parce que l’exil reste un sujet difficile mais toujours d’actualité depuis des siècles et qu’il déchire des « rêves oubliés ».
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Amours

Aaah le début du XXème et les charmes discrets de sa bourgeoisie de province contés naguère par Maupassant ou Flaubert…



Ici l'on a Monsieur, notaire, et Madame, sa femme.

Madame bovaryse avec flegme tandis qu'entre deux affaires Monsieur fréquemment s'applique à sauter sa jeune domestique contre le plein gré d'icelle.

Tout baigne, dans l'univers sournois des vilains petits secrets soigneusement préservés.



Sauf que gravillon dans la jolie mécanique (ou couille dans la soupière, c'est comme on préfère) et voilà-t-y pas que l'amour s'en mêle. Amour avec un grand A, pas forcément comme ancillaire mais comme atypique, ô combien, pour cette époque peu épique.



Une fois le décor planté, le trait juste et délicat de Léonor s'en vient révéler la passion, la débâcle émotionnelle, et l'infinie sensualité d'une improbable liaison défiant les convenances dûment corsetées.



Attention, ce roman ne saurait se réduire à une simple intrigue (ouais ouais, je perçois d'ici certains regards lubriques)… Pour autant il lui manque à mon sens le réalisme et l'envergure de ses glorieux précurseurs, et si j'ai pris plaisir à cette lecture il ne m'en reste déjà hélas qu'un souvenir bien éphémère.




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Manifesto



Tout derniers souffles d'une vie

Ce que l'on nomme l'agonie

Des pensées fusent et s'entrelacent

Des souvenirs confus enlacent

De leur douceur le corps meurtri

Felix, l'Espagne et Ernesto

Un magnifique manifesto

Tu embrasses l'arbre de Gernika

Lieu du passé voy por allá

Écoute les sons d'un violon

Coeur de ta fille au diapason

Mais le temps court , ronge et durcit

" Tout s'évanouit, se tapit"...



Très touchant et pudique hommage d'une fille à son père, dans un style toujours aussi limpide et poétique. Des mots justes et sensibles, un beau rêve de partage de Felix avec Hemingway, et cette fusion de l'amour, ces élans de tendresse qui adoucissent tout. Même la mort.





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