Dans un monde futuriste, que l’on ne sait pas réellement situer d’un point de vue spatio-temporel, l’Identique règne. Les couleurs ont disparu, les sentiments et les souvenirs de même. Jonas, bientôt douze ans, vit avec ses parents et sa jeune sœur. Il n’est bien sûr plus question de parents biologiques ici, puisque les enfants voient le jour grâce à des mères porteuses, puis sont confiés à leur famille à l’âge d’un an. Lors de la cérémonie des douze ans, chacun découvre le métier pour lequel la société a décidé de le former. Jonas sera le dépositaire de la mémoire, le seul individu qui a la lourde tâche de recevoir les souvenirs du monde entier. Mais est-il prêt à affronter une telle mission ?
Dans ce récit, nous sommes en présence d’un monde on ne peut plus aseptisé : les paysages sont plats, le climat est constant, les couples sont formés par des tiers puisque l’amour n’existe plus, chaque famille se voit attribuer deux enfants, ni plus ni moins, les bébés sont élevés par des nourriciers pendant leur première année, les personnes âgées vont dans des maisons qui leur sont destinées, et toute la communauté vit selon des règles établies. Personne n’est maître de son avenir, et la question du libre arbitre se pose très clairement.
Par ailleurs, le fait de vivre sans souvenirs, sans sentiments, déshumanise les personnages, qui ne sont ni bons ni mauvais, mais totalement neutres. Les enfants jouent à la guerre sans même s’en rendre compte, puisqu’ils n’en ont pas connaissance. Même la mort ne semble pas exister, puisque suite à la cérémonie de l’élargissement, les individus se rendent vers un Ailleurs, mais personne ne sait réellement de quoi il s’agit.
Grâce au précédent dépositaire de la mémoire, le « passeur », celui qui est chargé de former et de transmettre tous ses souvenirs à Jonas, notre jeune héros, qui va prendre conscience de tout ce qui manque à son monde. Cela aura bien évidemment pour conséquence de changer sa perception de sa communauté, de ses proches, etc. Le précédent dépositaire de la mémoire, un homme très âgé, va tenter de l’accompagner au mieux dans cet apprentissage, bien qu’il sache que celui-ci sera douloureux et source de déconvenues.
Même s’il s’agit d’un bon ouvrage et que j’ai passé un agréable moment à la lecture du Passeur, je dois bien avouer que je trouve à redire sur certains points. Par exemple, l’âge du héros, qui a seulement douze ans lorsqu’on lui confie une des missions les plus importantes de sa communauté, et qui a des réflexions un peu trop poussé pour un préadolescent. Par ailleurs, de nombreuses questions restent en suspens : comment cette communauté a-t-elle vu le jour ? Pourquoi ? Quant à la fin, elle est relativement rapide, voire presque bâclée. Tant de questions restent sans réponse…
Lien :
http://meslecturespageapresp..