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Critiques de Ludmila Oulitskaïa (330)
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Les mille visages du héros

Pendant l'été 2008 un grand écrivain étranger a offert une nouvelle inédite commençant par la même phrase de « L'Odyssée » d'Homère.



« Ulysse prit le sentier rocailleux qui monte à travers bois, du port vers la falaise. Il allait à l'endroit qu'avait dit Athéna…»



Bon j'aime bien Ludmila Oulitskaïa mais là franchement elle ne s'est pas foulée. Elle n'a pas écrit du tout de nouvelle mais elle s'est livrée à quelques petits commentaires sans humour sur Ulysse et sa famille qui ne resteront pas dans les annales de la patrie.



Rien à voir avec la nouvelle de Mo Yan le vieil homme et le château bleu que je vous recommande.
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Les pauvres parents

Ludmila Oulitskaïa , avec ces Pauvres parents, m'a captivé, charmé, entraîné dans ces quartiers moscovites dont j'ignorais quasiment tout. Elle m'a fait rencontrer ces personnages ciselés, pittoresques et si humain dans leurs histoires, leur vie et parfois leur mort.

j'ai pénétré dans ces appartements parfois collectifs, parfois un peu sordides:

Dans l'un d'eux, le froid entre par une fenêtre démesurée. Dans un autre, la cuisine doit constamment être éclairée avec la lampe électrique...

Tout cela est limpide et se lit sans faim. je referme le bouquin avec plein de nouveaux compagnons de mémoire, de lieux que j'imagine tels que les décrit l'auteure dans une splendeur fanée.

Et je sais que je ne saurai rester longtemps sans lire d'autres ouvrage de Ludmila Ouliskaïa.
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Ce n'était que la peste

La peste à Moscou en 1939 : pire que les purges staliniennes ?



En temps de pandémie, l'intérêt se tourne vers des expériences similaires et leur traitement éventuellement réussi ou pertinent. Ludmila Oulitskaia nous intrigue par un petit roman-document, éclairé du plus parfait exemple de dogmatisme communiste.



Cas de peste pulmonaire chez un épidémiologiste.

L'appareil soviétique se met lourdement mais efficacement en marche par un traitement musclé de l'isolement des possibles contaminés s'apparentant à une purge. Il est intéressant de constater qu'en dépit d'un régime autoritaire et intrusif dans la vie des individus, le comptage est un challenge que la connaissance du patient zéro facilite assez peu. Néanmoins, les moyens d'une administration centrale écrasante s'avèrent capables d'oeuvrer pour le bien d'une population.



Écrite il y a plus de 30 ans, le texte à l'écriture un peu sèche, en phrases courtes et descriptives (on dirait un rapport de faits sans tournures littéraires), prend une résonance particulière en ce temps d'épidémie. C‘est un événement véridique étonnant où la compétence étatique en matière d'arrestations a eu raison de la violence de la nature.

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La soupe d'orge perlé et autres nouvelles

Oulitskaïa nous livre ici des nouvelles de la période révolue de l’URSS. Peut-être est-ce des souvenirs d’enfance ? On retrouve ici trois nouvelles parues précédemment dans le recueil « un si bel amour et autres nouvelles».



À chaque fois, c’est la voix d’une enfant qu’on écoute : celle dont l’arrière-grand-père se meurt sur le divan du salon familial ; celle qui rend visite avec d’autres fillettes à une amie, fille de diplomate, qui est née en Amérique, et enfin, celle qui se remémore trois souvenirs à l’évocation de la soupe d’orge perlé. Ces histoires nous montrent un peuple très solidaire avec les plus vieux ou avec les moins bien lotis, mais aussi une société terriblement raciste et antisémite, et où il est de bon ton, pour les membres du Parti, d’accueillir les enfants moins favorisés aux fêtes d’anniversaire de leur progéniture.



Je n’ai pas accroché aux histoires ni au style d’écriture d’Oulitskaïa, dont je n’avais pas apprécié la « Sonietchka », il y a quelques années. Je passe donc mon chemin.



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Ce n'était que la peste

Je m'entraîne à me souvenir du nom de l'auteure car, pour commencer par la fin, je dois dire que ce livre ne m'a pas fait impression. Sans doute Ludmila Oulitskaïa est une bonne écrivaine, la rumeur le dit, et j'ai voulu juger par moi-même et, paresseusement, j'ai choisi un court texte pour me faire une idée à peu de frais.

Je ne suis pas plus avancé, hésitant à porter un jugement définitif tant Ce n'était que la peste n'est pas grande chose, ce qui est à peine mieux que rien...



Avec de multiples personnages réduits à quelques apparitions, pas assez pour s'intéresser à aucun, l'auteure raconte une épidémie de peste pulmonaire à laquelle l'URSS aurait échappé in extremis en 1939 grâce à la terrifiante efficience du NKVD, ce qui ne paraît pourtant pas aussi évident à la lecture, de même qu'il faut savoir que l'épisode se situe juste après la grande terreur stalinienne, car l'ambiance du livre ne traduit pas l'intensité de la peur qu'il souhaite pourtant évoquer. Ce n'était que la peste, la modération du titre, signifie en effet qu'il existe des horreurs bien pires.



Dans une postface que j'ai trouvée un peu bébête, Ludmila Ouli... raconte avoir voulu "souligner l'idée que la peste n'est pas le pire des fléaux pour l'humanité, car les épidémies sont des processus naturels (...) Tandis que les épidémies de terreur (...) sont des créations de l'homme." Dont acte.



Le récit de "la peste au temps de la peste" est une succession de dialogues agrémentée de brèves digressions telles des didascalies. J'ai découvert à la fin que le texte était en fait un projet de scénario, ce qui explique cette forme de platitude. A mon avis, ça n'aurait pas ni ne donnera un film intéressant.



La postface de cette édition a été écrite pendant le Covid. Ludmila Ouli... a vu à l'occasion de cette nouvelle épidémie un "monde qui ne fait désormais plus qu'un". Confiante en la science, elle attendait un vaccin, certaine que le pays découvreur en tirerait une grande gloire. "Le nom de ce pays sera inscrit sur le vaccin Made in..." Dans un monde de nouveau en guerre, on lit plutôt sur l'étiquette Pfizer, Moderna ou je ne sais quelle autre firme.

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La soupe d'orge perlé et autres nouvelles

Trois nouvelles signées Ludmila Oulitskaïa, "l'une des grandes plumes russes contemporaines" nous dit l'éditeur. Alors pour se familiariser avec l'univers et l'écriture d'un auteur, les nouvelles constituent un début comme un autre pour découvrir une oeuvre.



Dans le cas présent, les trois nouvelles sélectionnées parlent d'enfance, ce n'est certes pas ma thématique de prédilection, mais mon envie de découvrir une nouvelle romancière russe a pris le passer cet aspect.

Les trois nouvelles mettent en scène la candeur de certains enfants face à la cruauté d'autres de leurs pairs, ou à la malice de certains adultes. La romancière met également en avant l'exploration ou la découverte de la sexualité, un moment "critique" dans leur évolution qui constitue un premier pas pour quitter l'innocence qui, dit-on, définit l'enfance.

mais à travers le regard de ces personnages qui peuvent ne pas saisir les subtilités du monde des adultes, c'est la dureté de la vie en Russie, en particulier dans les années 1950, ainsi que les tensions entre communautés ethniques et classes sociales, que l'auteure expose dans ces récits.



Je n'ai pas particulièrement aimé les deux premières nouvelles (et à vrai dire la deuxième ne m'a pas plu du tout). En revanche la dernière, la nouvelle éponyme m'a touchée par le décalage qu'il décrit entre le récit de l'enfant lié à un simple aliment et la gravité d'un évènement qui y est associé, ainsi que la nostalgie de la narratrice adulte pour cette période de sa vie.



Même si cette expérience n'a rien de flamboyant je relirai volontiers cette romancière, avec un roman cette fois.
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Médée et ses enfants

Médée Mendès née Sinopli a perdu son mari il y a a de longues années. Médée était infirmière, cueilleuse de sauge, de thym et de menthe sauvage. Elle n'a jamais connu la maternité, seulement elle a beaucoup donné à ses nombreux neveux et nièces de sa très grande famille, comme par ailleurs elle avait soutenu ses jeunes frères et sœurs à la mort de ses parents. C'est une femme au grand cœur, sensible, ayant connu la souffrance sans jamais s'apitoyer sur son sort.



Une histoire de femme, de jeunesse dans un contexte historique marquant, la Russie, la Grèce, la Crimée Orientale, et la disparition des Tatars



La plume de Ludmila Oulitskaïa est délicate, seulement d'un point de vue forme, j'ai trouvé qu'il n'était pas facile de la suivre dans ces époques toutes différentes, avec ces personnages aux petits noms qu'il faut mémoriser pour ne pas se perdre.



Médée et ses enfants est une envolée littéraire des plus exceptionnelles !
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La soupe d'orge perlé et autres nouvelles

Le recueil contient trois nouvelles avec pour héroïnes des petites filles de dix à douze ans environ. Elles se situent au début des années 50 et sont largement inspirées des souvenirs d'enfance de l'auteur.



1) le 2 mars de cette année là.

Une très belle nouvelle, riche et marquante. La jeune Lilia doit faire face aux railleries et méchancetés des gamins. Ses grands parents sont juifs et médecins donc suspects ( il y a eu la fameuse affaire des médecins empoisonneurs). Bodrik, le petit voisin a pris l'habitude de guetter Lilia à la sortie de l'école pour lui envoyer dans le dos les battants métalliques de la porte...Il est question de l'ostracisme stalinien ( système de castes, d'entre soi), de l'antisémitisme mais aussi d'amour filial ( l'arrière grand père inoubliable), d'ignorance et de pauvreté.



2) La varicelle

Plusieurs écolières de conditions sociales différentes sont invitées par les parents diplomates d'une camarade à une fête d'anniversaire. La nouvelle nous plonge dans la préadolescence, les questions sur la sexualité, les timorées, les dégourdies...Une nouvelle amusante.



3) La soupe d'orge perlé

Trois anecdotes autobiographiques marquantes se rattachent à cette fameuse soupe. Un hommage merveilleux à la profonde générosité, désintéressée et naïve de sa mère.



Je suis très touchée par l'humanité de cet auteur. Je remercie Bookycooky de me l'avoir fait découvrir.
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Un si bel amour et autres nouvelles

Ludmila Oulitskaïa analyse dans ces sept nouvelles diverses formes du sentiment amoureux. Elle évoque le lien filial qui unit un enfant à son arrière grand-père. Chaque soir la petite se rend auprès du mourant pour écouter des contes de la tradition juive. Elle décrit l'éveil "fiévreux" à la sensualité de jeunes filles de la nomenklatura lors d'une fête d'anniversaire. Plus troublant, une collégienne nourrit une grande admiration pour sa professeure d'allemand. Il est aussi question du deuil ; une veuve reçoit la visite d'un vieux matou qui annonce celle du fantôme de son défunt mari. Amour filial toujours, quatre générations de femme cohabitent dans un appartement de Moscou sous la férule d'une aïeule au caractère bien trempé. L'amour se mue parfois en amitié comme entre cette musicienne de talent et un jeune inverti pour qui l'orientation sexuelle représente une malédiction en Union Soviétique. Dans cette République socialiste si prude, la sexualité confine parfois au sordide, que cela soit pour assouvir ses penchants à l'abri de l'oeil du pouvoir ou pour obtenir facilement de l'argent.

L'écrivain sait dresser le caractère excessif d'un personnage, relever des détails cocasses et rendre avec justesse des univers domestiques éclatés entre des sentiments parfois contradictoires. Par contre, j'ai trouvé que ses récits manquaient d'un peu de force et de tranchant. Ces nouvelles me laissent donc un sentiment en demi-teinte. Peut-être faut-il les mettre en perspective avec une autre oeuvre de l'auteure: "Mensonges de femmes"pour mieux les apprécier. (cf critique AmandineMM)

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L'échelle de Jacob

Saga familiale qui s’étend du début jusqu’à la fin du XXè siècle en URSS, Russie. Chaque personnage principal, nous fait vivre une période de l’histoire soviétique. Nora, petite-fille de Jacob Ossetski, homme érudit, et de Maroussia Kerns, danseuse et féministe, découvre à la mort de sa grand-mère, la relation épistolaire qu'entretenait ses grands-parents. Les nombreuses lettres permettent de connaître l’amour, les doutes, les malheurs de quatre générations … Histoire inspirée des grands-parents de l’auteure.



Gros et long Bouquin (624 pages) que j’ai lu lentement et qui m'a inspiré un “ouff” lorsque je l’ai enfin terminé. Ce n’est pas que le roman est inintéressant mais, les noms russes sont très difficile à retenir et, de plus, chacun avait un surnom donc … je me suis souvent référé à l’arbre généalogique au début du livre afin de me retrouver. La traduction est bonne, l’histoire aussi mais … peut-être que la littérature russe n’est pas pour moi ?



“ - (...) je ne comprends pas ce que c’est que cette échelle de Jacob dont tu parles …

- (...) Le songe du patriarche Jacob près de Béthel ! Il a vu en rêve une échelle avec des anges qui montent et qui descendent, et depuis le haut de l’échelle, Dieu lui dit quelque chose du genre - voilà, tu es couché ici, et je t’informe que la terre sur laquelle tu roupilles t’est donnée, je te bénis toi et toute ta descendance, et à travers toi toutes les autres tribus.”



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De joyeuses funérailles

De joyeuses funérailles est un roman qui nous fait vivre les moments les plus troubles de l'attente de la mort, comment ce mot si sombre affecte l'âme humaine malgré toutes les forces qu'elle peut déployer pour vaincre cette fatalité! Autant l'atmosphère est entachée de lourdeur, autant les derniers sentiments d'amour, de légèreté et beaucoup de souvenirs refont surface...

Autour d'une célébrité, un peintre russe immigré aux Etats-Unis, qui, sérieusement malade, est à ces derniers jours sur terre, malgré l'odeur de la mort, des amis se retrouvent et l'assistent jusqu'à l'épuisement de son souffle. Ils soupirent avec lui espérant alléger ses douleurs. Ses anciennes maîtresses viennent soutenir sa femme pour la recherche des solutions mais le temps n'est plus aux faveurs. Ce moment d'attente est aussi un rendez-vous où chaque visiteur doit renouer avec son passé, c'est le réveil de ses propres malheurs...

Un roman très touchant!
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Sonietchka

J'ai moins aimé ce roman que les nouvelles extraites des recueils "pauvres parents" et "mensonges de femmes" : pourtant, écrit en 1992, il a la caractéristique d'avoir été publié chez Gallimard en 1996 sous sa traduction française avant même d'avoir été publié en Russie, et a reçu la même année le prix Medicis étranger. Il s'agit donc là de la première oeuvre ou de l'une des premières oeuvres de Ludmila Oulitskaïa qui n'était jusque là connue que pour la rédaction d' articles de journaux.

J'ai pour ma part trouvé ce roman à la gloire de la lecture et des bibliothèques un peu balbutiant. Je ne me suis pas attachée à Sonietchka qui m'a semblé manquer un peu d'épaisseur humaine à force de passivité, relative, bien sûr, mais de passivité quand même. Je n'ai pas su capter l'âme de cette oeuvre.
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Sonietchka

Certaines femmes ont de grands destins, ou vivent avec de grands hommes.

Certaines femmes sont belles, désirées, jalousées.

Certaines femmes écrivent, peignent, chantent, jouent du piano, gagnent des défis sportifs.

Ne cherchez pas une femme telle que cela chez Sonietcka.

C'est une femme simple, humble et qui se réjouit du bonheur qu'elle croit ne pas avoir mérité.

Elle vit en Russie dans les années 30.

Ludmila Oulitskaïa a su toucher mon coeur avec cette femme paisible et douce.

C'est un roman merveilleux. A lire en toute modestie.
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Les pauvres parents

Pourquoi n'ai-je jamais entendu parler de cette auteure avant d'avoir lu l'essai "La marche du Cavalier" de Geneviève Brisac ? Ludmila Oulitskaïa mérite de figurer parmi les plus grands, et bien qu'éditée chez Gallimard, elle semble payer le prix du handicap d'être russe.

Vraiment, la littérature russe est une grande littérature ! ne la délaissons pas !

Dans les nouvelles de ce recueil, Ludmila Oulitskaïa dépeint la vie moscovite de toute une population piégée dans des appartements minuscules, eux-mêmes séparés par des cloisons d'une finesse extrême, ne laissant aucune place à une quelconque intimité : "Dans la vie archaïque des faubourg de Moscou, les secrets de famille n'existaient pas. Il n'était même pas question de banale vie privée, car tout un chacun connaissait la moindre pièce d'un caleçon étendu sur la corde à linge publique".

Mais il faut bien survivre, et chacun s'accommode à sa façon de cette promiscuité obligatoire : vivre ainsi sous le regard de tous à cinq dans dix-sept mètres carrés incline à une certaine indulgence réciproque, en famille et entre voisins. La coureuse, la menteuse, la laide, l'ivrogne, le diarrhéique, le fainéant, le plein de verrues restent des figures humaines tolérées et l'on est bien obligé de pardonner les offenses, (du moins celles qui ne conduisent pas au goulag), si l'on veut être pardonné.

Et au milieu de tant d'allées et venues fleurit encore le mystère.

Ces nouvelles sont construites avec une rigueur et une poésie ( ce n'est pas contradictoire) irréprochables, elles incitent au rêve et à la réflexion.

J'ai entamé sans tarder "Mensonges de femmes" de la même auteure et mon enthousiasme va crescendo !

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Le chapiteau vert

Quarante ans d’histoire russe vus par l’intermédiaire d’Ilya, Sania et Micha, un trio formé à l’école et dont l’amitié sera indéfectible tout au long de leur vie.

Une foison de personnages, d’innombrables allers et retours dans le temps rendent la lecture ardue.

Mais quelle lecture !

Un énorme pavé de plus de 700 pages dont on a souvent l’impression qu’on n’en verra pas le bout mais qui vous emporte dans un incroyable tourbillon.

Des personnages de fiction mêlés à ceux de l’histoire russe.

L’après stalinisme n’est pas de tout repos et les dissidents n’ont pas la vie facile.

Le quotidien, les personnages, les circonstances sont d’un réalisme qui fait froid dans le dos.

Il s’en faut souvent de peu pour que le KGB intervienne et détruise des familles.

Au nom d’un idéal communiste qui aurait pu être merveilleux s’il ne s’était révélé totalitaire, des vies entières sont bouleversées.

Un livre complet, enrichissant, de surcroît bien écrit qui illustre tout un pan de l’histoire russe.

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Sonietchka

Sonietchka passe sa jeunesse dans la brume de ses lectures. Elle lève le nez de ses livres le jour où le destin pousse Robert devant son bureau de bibliothécaire. Elle accepte la demande en mariage de cet artiste qui vit en relégation après une longue captivité. Viennent ensuite les années de bonheur conjugal, malgré les privations: Sophia donne naissance à une fille, Tania, la vie devient plus confortable et le couple peut s’installer à Moscou. Robert renoue avec l’avant-garde de la capitale et Sophia se consacre à tenir son ménage. Tania grandit dans cette atmosphère de bohème, s’émancipe et s’éveille tôt à la sensualité. Elle fait entrer une quatrième personne dans cette famille et dans ce roman : Jasia, une orpheline d’origine polonaise, qui entretiendra une liaison avec Robert. Ce dernier trouvera dans ce dernier amour l'énergie nécessaire pour réinventer sa création artistique.



Ludmila Oulitskaïa nous livre le récit de la vie simple et épanouie de Sonietchka, et ce malgré la guerre, la relégation, la pauvreté, la mise au ban. Sonietchka quitte l’imaginaire de son monde de lectrice pour bâtir un foyer d’amour et de bonheur. La douceur du tempérament de l’héroïne tranche avec tout le tragique de son époque.

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L'échelle de Jacob

Cette passionnante chronique familiale nous raconte à travers les vies de Nora et de Jacob l’éternel récit des destins brisés par les évènements historiques. Il s’agit ici de la Russie du 20 ème siècle, de la révolution jusqu’aux années Poutine. S’inspirant de la correspondance de ses grands-parents, Ludmila Oulistskaïa, met en scène des personnages qui se débattent dans les rets du filet de la grande histoire.

Nora, petite-fille de Maroussia et de Jacob, a grandi dans l’URSS post staliniste et contrairement à sa grand-mère, elle a pu développer ses talents artistiques dans la conception de décors pour le théâtre et la mise en scène. A l’aube de la vieillesse, elle prend connaissance de la correspondance entre Jacob et Maroussia et découvre l’histoire tragique de ce couple fusionnel que la révolution communiste et les répressions qui ont suivi ont fini par séparer.

Alternant la vie de Nora et celle de Jacob dont on suit la vie à travers les nombreuses lettres qu’il a écrites à sa femme de ses différents lieux de détention, l’autrice remonte le cours du temps et des générations qui se succèdent, donnant ainsi une grande amplitude à son roman. De cette transmission découle la consolation que rien n’est jamais perdu et que chaque naissance est un nouveau pari sur l’avenir. C’est dans ce sens que l’on peut interpréter le titre « l’échelle de Jacob » à la portée hautement symbolique, ainsi que le prénom du personnage principal.

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Sonietchka

Quel beau portrait de femme que cette "Sonietchka" de Ludmila Oulitskaïa. J'aime beaucoup la littérature russe et cela se confirme avec cette autrice contemporaine.

Son talent est d'incarner une femme paisible et heureuse qui vit à travers les livres et son mari, grâce à la simplicité de son écriture et à son style épuré. D'ailleurs, ce roman a reçu le Prix Médicis étranger en 1996.



Dans la Russie des années 30, la jeune Sonietchka ou plus simplement Sonia n'a pour passion que la littérature. Elle est sans beauté voire assez vilaine et s'évade grâce aux livres. Elle trouve donc sa place dans la pénombre de la réserve d'une bibliothèque. Elle aime ce travail qu'elle quitte pourtant par amour pour Robert Victorovitch, un peintre plus âgé qu'elle. Il la demande en mariage charmé par leur harmonie intellectuelle.

Toute sa vie, elle se voue corps et âme à ce mari admiré pourtant incestueux, à sa fille Tania pourtant ingrate, parce qu'elle trouve son bonheur presque immérité à ses yeux. Elle s'oublie totalement pour permettre aux autres d'être. C'est sa façon d'être heureuse.

Je ne la jugerai pas car je trouve qu'il y a beaucoup de tendresse. Et puis, face à elle, les autres personnages du roman sont beaucoup moins sages.



En toile de fond de cette Russie des années 30 à 80, il y a un peintre mis à l'index par le régime stalinien puis célébré mais aussi l'épanouissement personnel dans la littérature et l'art.





Challenge Plumes féminines 2022

Challenge Coeur d'artichaut 2022

Challenge Riquiqui 2022

Challenge XXème siècle 2022

Challenge Multi-défis 2022

Challenge ABC 2021-2022

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Contes russes pour enfants

Ludmila Oulitskaïa nous offre ici deux jolis contes avec des titres à rallonge dont les protagonistes sont des animaux.



Ces deux contes parlent de solidarité et d'entraide entre les êtres, des valeurs essentielles dont nous avons tendance à oublier le sens.



Dans le premier conte, "Histoire du chat Ignace, de Fédia le ramoneur et de la Souris Solitaire", l'auteur met en scène une souris éloignée de sa famille qui s'entoure d'objets de façon maladive. A travers diverses rencontres inattendues et parfois drôles (avec un cafard en homme de loi, par exemple) la souris apprendra qu'on ne peut pas contrôler les gens ou les évènements et que ce n'est qu'en prenant des risques que l'on peut espérer avoir des moments agréables.



Quant au second - que j'ai préféré - , "Histoire du moineau Anvers, du chat Mikheïev, de l'aloès Vassia et de la mille-pattes Maria Sémionovna", il montre 4 êtres mis de côté par leur "entourage". Contre toutes attentes, ces personnages vont découvrir leurs complémentarités et s'en servir pour survive et prendre goût à la vie qui jusque là ne les avait pas épargné.

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Daniel Stein, interprète

« Je reconnais que ce que vous croyez n’a pas la moindre importance. Tout ce qui importe, c’est la façon dont vous vous comportez personnellement »



Une vision œcuménique qui aurait tant besoin d'être suivie...





Fiction et Histoire mêlées, Ludmila Oulitskaïa en fait un exercice d’écriture d’une grande originalité. On ne sait jamais quand l’auteur se base sur des faits réels ou quand son interprétation littéraire a foisonné. Car c’est bien d’un docu-fiction à tiroirs dont il d’agit, en s’appuyant sur des archives du KGB, un journal personnel, des correspondances et des articles de presse, réels ou inventés.



Le tout artistement mouliné pour une biographie romancée inspirée de celle de Daniel Stein (Oswald Rufeisen 1922-1998), juif de Galicie, pourchassé par les nazis, interprète pour la Gestapo, converti au catholicisme et devenant prêtre pour le reste de sa vie en Israël. Un destin insolite pour une vie d’aventure rocambolesque, entre Europe centrale et Terre Sainte, fourmillant de détails historiques, de sociétés, de lieux divers et de personnages secondaires.



C’est une critique virulente de tout fanatisme et xénophobie d’Etat ou religieux, par un chapelet noir de déshumanisés.



Mais c’est aussi un beau roman qui traite de tolérance, de l’amour de son prochain, du devoir de tout homme « juste », de notions de foi, de conscience et d’humanité.

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