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Citations de Mahmoud Darwich (303)


Comment les fleurs d'amandier
resplendiraient-elles
dans ma langue, moi l'écho ?
Transparentes comme un rire aquatique,
elles perlent de la pudeur de la rosée
sur les branches...
Légères, telle une phrase blanche mélodieuse...
Fragiles, telle une pensée fugace
ouverte sur nos doigts
et que nous consignons pour rien...
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Ne pourrais-tu éteindre une lune ?
Ne pourrais-tu éteindre une seule lune que je m’endorme ?
Que je m’endorme, un moment, sur tes genoux et que se réveillent les mots
Pour louer les vagues de ce blé qui croît entre les nervures du marbre ?

Tu m’échappes, gazelle apeurée qui danse autour de moi et danse
Et je ne parviens pas à rattraper un cœur qui mord tes mains et crie : Reste
Que je sache de quel vent se lèvent sur moi ces nuées de colombes

Ne pourrais-tu éteindre une seule lune que je vois
La vanité de la gazelle assyrienne qui poignarde son chasseur, d’une lune ?
Je te cherche mais ne trouve pas le chemin. Où est Sumer
en moi… et où est le pays de Shâm ?

Je me suis souvenu que je t’avais oubliée. Danse donc au firmament des mots.
                                                          1986
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Ne t’excuse pas – me dis je en secret et dis à mon autre moi – Voici tous tes souvenirs, visibles :
l’ennui du midi dans la somnolence du chat,
la crête du coq, le parfum de la sauge, le café de la mère, la natte et les coussins, la porte en fer de ta chambre, la mouche autour de Socrate, le nuage au-dessus de Platon, le diwân de la Hamâsa, l’image du père, Mu’jam al-buldân, Shakespeare, les trois frères et les trois sœurs, les amis d’enfance et les curieux : « Est-ce bien lui ? »

Les témoins ne sont pas d’accord. « Peut-être que… et c’est comme si… »
Je demande : « De qui s’agit-il ? »
Ils ne répondent pas. J
e murmure à mon autre moi : « Celui qui fut toi… est-il moi ? », mais il détourne le regard.

Les témoins se tournent alors vers ma mère qu’elle témoigne que, moi, je suis lui… À sa manière, elle s’apprête à chanter : Je suis la mère qui l’a enfanté, mais les vents l’ont élevé.
Je dis alors à mon autre moi : Ne t’excuse qu’auprès de ta mère !"
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LE FLEUVE EST UN ÉTRANGER
ET TU ES MON AMOUR


L’étranger le fleuve — Elle a dit
Et elle s’est préparée à chanter.
Nous n'avons pas essayé le langage de l'amour, ni abordé
en vain le fleuve.
La nuit m'est venue avec son mouchoir
Et il ne m'est jamais venu de nuit comme cette nuit.
J'ai alors fait offrande de mon sang aux prophètes,
Qu'ils meurent à notre place…
Que nous restions une heure encore sur le trottoir des
étrangers
Et elle s'est préparée à chanter.

Nous sommes seuls à l’instant des amants.
Fleurs sur l’eau
Et traces de pas sur l’eau.
Où irons-nous ?
Pour la gazelle, le vent et la lance. Je suis le couteau et la
plaie.
Où irons-nous ?
Voici la liberté jolie,
Tes yeux et des pays posés sur une lucarne
Dans ma veine coupée.
Où irons-nous, oiselle en feu ?
Pour la gazelle, le vent et la lance.
Et pour le poète, des temps qui viendront plus élevés que
l'eau et moins que les cordes des potences.
Où irons-nous, oiselle de l'exil ?
Je n'ai pas dit adieu. Je viens de faire mes adieux à la
planète Terre.
Avec moi, tu es rencontre permanente d'un adieu l'autre
Et je témoigne que l'amour est pareil au trépas.
Il advient au moment où tu n'attends pas cet amour.
Ne m'attends donc pas…

p.82-83
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Mahmoud Darwich
Jamais partis, jamais arrivés. Leurs coeurs sont des amandes dans les rues. Les places étaient plus vastes qu’un ciel qui ne les recouvrait point. Et la mer les oubliait. Ils distinguaient leur nord de leur sud, lâchaient les colombes de la mémoire vers leurs premières tourelles et capturaient chez leurs martyrs un astre qui les guidait à l’ogre de l’enfance. Chaque fois qu’ils disaient : Nous y sommes ? le premier d’entre eux dégringolaient l’arc des commencements. Toi le héros, laisse-nous que nous puissions te porter vers une autre fin. Périsse le commencement ! Toi le héros ensanglanté des longs commencements, dis-nous, longtemps encore notre voyage ne sera que commencement ? Toi le héros qui gis sur les pains d’avoine et le duvet des amandes, nous embaumerons de rosée la plaie qui tarit ton âme, nous l’embaumerons du lait d’une nuit éveillée, de la fleur de l’oranger, de la pierre qui saigne, du chant, notre chant, et d’une plume prise au phénix.
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Mahmoud Darwich
Sous peu nous aurons un autre présent.
Retourne-toi, tu ne verras
Qu’exil, derrière toi :
Ta chambre à coucher,
Le saule de la place,
Le fleuve derrière les immeubles de verre
Et le café de nos rendez-vous … tous, tous
Prêts à se muer en exil.
Soyons donc bons !
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Nous nous sommes assis loin de nos destinées,
Comme les oiseaux
Qui font leurs nids dans le creux des statues,
Sur les cheminées ou les tentes dressées
Pour les chasses du prince.
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(A un critique)
N'explique pas mes mots
Avec la cuillère à thé ou le piège pour oiseaux !
Mes mots m'assiègent dans le songe.
Mes mots que je n'ai pas dits
Me mettent par écrit puis me laissent en quête
Des restes de mon songe...

(A la nuit)
Tu te prétends juste,
"Je suis toute à tous"...
Aux rêveurs et aux sentinelles de leurs rêves.
Mais nous possédons une lune incomplète et un sang
Qui ne change pas la couleur de ta chemise, ô nuit...
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' Tu n'es pas de là-bas , tu n'es pas d'ici '. De ces deux négations était née une génération décidée à défendre son existence , portée par l'odeur d'un pays qu'elle n'avait pas connu .
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L'histoire ne dit-elle que les récits des rois triomphants ? (...)

Voilà que j'oublie mes fins, que je monte et encore jusqu'à la porte de l'abîme.
Est-il suffisamment d'idées pour je choisisse mon pas final
Assez de pays pour que je dépose les mots sur le trottoir et me retire
Assez de mots pour bâtir des fenêtres qui ne s'ouvrent sur massacres
Suffisamment d'Histoire pour que je retrouve les louanges des peuples anciens ?
Suffisamment d'oubli, pour que j'oublie et oublie
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    – Je t’aperçois et j’échappe au trépas.



– Je t’aperçois et j’échappe au trépas. Ton corps est un hâvre.
Chargé de dix lys blancs, dix doigts, le ciel s’en va vers son
   bleu égaré.
Et je tiens cet éclat marbré, je tiens le parfum du lait caché
Dans deux prunes sur l’albâtre et j’adore celui qui décerne à
   la terre ferme et à la mer
Un refuge sur la rive du sel et du miel premiers. Je boirai le suc
   de caroube de ta nuit
Et je m’endormirai
Sur un blé qui brise le champ, brise jusqu’au cri qui se rouille.
Je te vois et j’échappe au trépas. Ton corps est un hâvre.
Comment la terre m’exile-t-elle dans la terre ?
Comment s’endort le songe ?

S’envolent les colombes.
Se posent les colombes.



/Traduit de l’arabe par Elias Sanbar
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     J’ai vu avril sur la mer.



- J’ai vu avril sur la mer.
J’ai dit : Tu as oublié le suspens de tes mains,
Oublié les cantiques sur mes plaies.
Combien peux-tu naître dans mon songe
Et me mettre à mort,
Pour que je crise : Je t’aime.
Et que tu trouves le repos ?
Je t’appelle avant les mots.
Je m’envole avec ta hanche avant d’arriver chez toi.
Combien parviendras-tu à déposer les adresses de mon âme
     dans les becs de ces colombes, à disparaître, tel l’horizon
     sur les pentes,
Pour que je sache que tu es Babel, Egypte et Shâm ?

S’envolent les colombes.
Se posent les colombes.
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LES SEPT JOURS DE L'AMOUR



Samedi : Les noces des colombes

J'écoute mon corps : les abeilles ont leurs dieux
Et les hennissements, d'innombrables rababas
Je vais derrière les nuages, et tu es la terre
Plaquée sur la clôture par la plainte éternelle
du désir
Mets-toi à l'écoute de mon corps
La mort a ses fruits
Et la vie possède une vie qu'elle ne renouvelle
Que sur le corps à l'écoute du corps


/Traducteur Elias Sanbar
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Sonnet [III]



extrait 2

J'aime, de la poésie, la spontanéité de la prose et
     l'image voilée,
Dépourvue d'une lune pour l'éloquence :
Ainsi lorsque tu t'avances pieds nus, la rime abandonne
L'étreinte des mots et la cadence se brise au plus fort
     de l'essai.

Un peu de nuit auprès de toi suffit pour que je sorte
     de ma Babylone
Vers mon essence – ma fin. Point de jardin en moi
Et tu es toute, toi. Et, de toi, déborde le moi libre
     et bon.


/traduction de Elias Sanbar
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Oui. Pourquoi pensez-vous, et le monde entier avec vous, que votre vraie patrie est la terre d'Israel? Parce que la Bible a écrit l'histoire des hommes. Cette écriture fait tenir votre histoire debout. Qui a veillé sur votre droit à prétendre que cette terre est votre patrie ? La Bible. Ce que les Cananéens ont écrit est perdu.
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Pour décrire les fleurs d'amandier

Pour décrire les fleurs d'amandier, l'encyclopédie
des fleurs et le dictionnaire
ne me sont d'aucune aide...
Les mots m'emporteront
vers les ficelles de la rhétorique
et la rhétorique blesse le sens
puis flatte sa blessure,
comme le mâle dictant à la femelle ses sentiments.
Comment les fleurs d'amandier
resplendiraient-elles
dans ma langue, moi l'écho ?
Transparentes comme un rire aquatique,
elles perlent de la pudeur de la rosée
sur les branches...
Légères, telle une phrase blanche mélodieuse...
Fragiles, telle une pensée fugace
ouverte sur nos doigts
et que nous consignons pour rien...
Denses, tel un vers
que les lettres ne peuvent transcrire.
Pour décrire les fleurs d'amandier,
j'ai besoin de visites
à l'inconscient qui me guident aux noms
d'un sentiment suspendu aux arbres.
Comment s'appellent-elles ?
Quel est le nom de cette chose
dans la poétique du rien ?
Pour ressentir la légèreté des mots,
j'ai besoin de traverser la pesanteur et les mots
lorsqu'ils deviennent ombre murmurante,
que je deviens eux et que, transparents blancs,
ils deviennent moi.
Ni patrie ni exil que les mots,
mais la passion du blanc
pour la description des fleurs d'amandier.
Ni neige ni coton. Qui sont-elles donc
dans leur dédain des choses et des noms ?
Si quelqu'un parvenait
à une brève description des fleurs d'amandier,
la brume se rétracterait des collines
et un peuple dirait à l'unisson :
Les voici,
les paroles de notre hymne national !
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Le cyprès s'est brisé

« Le cyprès n'est pas l'arbre mais le chagrin de l'arbre ; il n'a pas d'ombre car il n'est que l'ombre de l'arbre. »
BASSÂM HAJJÂR

Le cyprès s'est brisé comme un minaret
et il s'est endormi
en chemin sur l'ascèse de son ombre,
vert, sombre,
pareil à lui-même. Tout le monde est sauf.
Les voitures
sont passées, rapides, sur ses branches.
La poussière a recouvert
les vitres... Le cyprès s'est brisé mais
la colombe n'a pas quitté son nid déclaré
dans la maison voisine.
Deux oiseaux migrateurs ont survolé
ses environs et échangé quelques symboles.
Une femme a dit à sa voisine :
Dis, as-tu vu passer une tempête ?
Elle répondit : Non, ni un bulldozer...
Le cyprès
s'est brisé. Les passants sur ses débris ont dit :
Il en a eu assez d'être négligé,
il a sans doute vieilli
car il est grand
comme une girafe,
aussi vide de sens qu'un balai
et il n'ombrage pas les amoureux.
Un enfant a dit : Je le dessinais parfaitement,
sa silhouette est facile. Une fillette a dit :
Le ciel est incomplet
aujourd'hui que le cyprès s'est brisé.
Un jeune homme a dit :
Le ciel est complet
aujourd'hui que le cyprès s'est brisé.
Et moi, je me suis dit :
Nul mystère,
le cyprès s'est brisé, un point c'est tout.
Le cyprès s'est brisé !
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Il est paisible, moi aussi

Il est paisible, moi aussi.
Il sirote un thé citron
je bois un café,
c'est ce qui nous distingue.
Comme moi, il est vêtu d'une chemise rayée
trop grande.
Comme lui, je parcours les journaux du soir.
Il ne me surprend pas quand je l'observe de biais.
Je ne le surprends pas quand il m'observe de biais.
Il est paisible, moi aussi.
Il parle au serveur.
Je parle au serveur...
Un chat noir passe entre nous.
Je caresse la fourrure de sa nuit,
il caresse la fourrure de sa nuit...
Je ne lui dis pas : Le ciel est limpide aujourd'hui,
plus bleu.
Il ne me dit pas : Le ciel est limpide aujourd'hui.
Il est vu et il voit.
Je suis vu et je vois.
Je déplace la jambe gauche,
il déplace la droite.
Je fredonne une chanson,
il fredonne un air proche.
Je me dis :
Est-il le miroir dans lequel je me vois ?

Puis je cherche son regard,
mais il n'est plus là...
Je quitte précipitamment le café,
et je me dis : C'est peut-être un assassin
ou peut-être un passant qui m'a pris
pour un assassin.

Il a peur, moi aussi.
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Rita



Entre Rita et mes yeux : un fusil
Et celui qui connaît Rita se prosterne
Adresse une prière
A la divinité qui rayonne dans ses yeux de miel

Moi, j’ai embrassé Rita
Quand elle était petite
Je me rappelle comment elle se colla contre moi
Et de sa plus belle tresse couvrit mon bras
Je me rappelle Rita
Ainsi qu’un moineau se rappelle son étang
Ah Rita
Entre nous, mille oiseaux mille images
D’innombrables rendez-vous
Criblés de balles.

Le nom de Rita prenait dans ma bouche un goût de fête
Dans mon sang le corps de Rita était célébration de noces
Deux ans durant, elle a dormi sur mon bras
Nous prêtâmes serment autour du plus beau calice
Et nous brulâmes
Dans le vin des lèvres
Et ressuscitâmes

Ah Rita
Qu’est-ce qui a pu éloigner mes yeux des tiens
Hormis le sommeil
Et les nuages de miel
Avant que ce fusil ne s’interpose entre nous

Il était une fois
Ô silence du crépuscule
Au matin, ma lune a émigré, loin
Dans les yeux couleur de miel
La ville
A balayé tous les aèdes, et Rita
Entre Rita et mes yeux, un fusil.
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Tu comprends que tu rêvais.
Tu possèdes un rêve qui précède la poésie,splendide.
Un appel qui précède la cadence,marin.
Comme si cette nuit était un tête à tête entre le Créateur et la créature:
Sois dès à présent maître de tes traits.
Tu as un rêves,mon fils,poursuis-le avec ce qui te fut donné de nuit! Sois l'un des attributs du rêve et rêve.
Tu retrouveras le paradis à sa place!
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